HISTOIRE DE LA GRÈCE

CINQUIÈME VOLUME

CHAPITRE V — COLONIES GRECQUES EN ÉPIRE ET DANS LE VOISINAGE.

 

 

Sur le côté oriental de la mer Ionienne étaient situées les colonies grecques de Korkyra, de Leukas, d’Anaktorion, d’Ambrakia, d’Apollonia et d’Epidamnos.

De ce nombre, de beaucoup la plus distinguée pour la situation, la richesse et la puissance, était Korkyra, — aujourd’hui connue sous le nom de Corfou, le même nom appartenant, comme dans l’antiquité, et à la ville et à file, qui est séparée de la côte de l’Epire par un détroit variant de deux à sept milles (de 3 kil. 200 m. à 11 kil. 260 m.) de large. Korkyra fut fondée par les Corinthiens, à la même époque (à ce que l’on nous dit) que Syracuse. Chersikratês, un Bacchiade, accompagna ; dit-on, Archias dans son voyage de Corinthe à Syracuse, et fut laissé avec une troupe d’émigrants dans l’île de Korkyra, où il fondai un établissement[1]. Quels habitants y trouva-t-il, ou comment furent-ils traités, c’est ce que nous ne pouvons établir clairement. L’île était en général considérée dans l’antiquité comme la résidence des Phæakiens homériques, et c’est à ce fait que Thucydide attribue en partie la supériorité de la marine korkyræenne[2]. Selon un autre récit, quelques Erétriens d’Eubœa s’y étaient établis, et furent forcés de se retirer. Un troisième renseignement représente les Liburniens[3] comme les premiers habitants, — et ceci est peut-être le plus probable, puisque les Liburniens étaient une race entreprenante, maritime, adonnée à la piraterie, qui continua longtemps a occuper les îles situées plus au nord dans l’Adriatique, le long de la côte de l’Illyrie et de la Dalmatie. Cette activité maritime et ce nombre de vaisseaux de guerre et de navires de commerce que nous trouvons à une date reculée chez les Korkyræens, et qui les distinguent des Grecs d’Italie et de Sicile, peuvent être attribués d’une manière plausible à leur fusion partielle avec des Liburniens préexistants ; car les indigènes antéhelléniques de la Grande Grèce et de la Sicile (comme nous l’avons déjà signalé) étaient aussi peu habitués à la mer que les Liburniens y étaient habiles.

A l’époque où les Corinthiens étaient sur le point de coloniser la Sicile, il était naturel qu’ils désirassent aussi établir une colonie à Korkyra, qui était un poste d’une grande importance pour faciliter le voyage du Péloponnèse en Italie, et qui de plus était commode pour un trafic avec l’Epire, à cette période complètement non hellénique. Le choix qu’ils firent d’un emplacement fut pleinement justifié par la’ prospérité et la puissance de la colonie, qui cependant, bien que parfois elle agit de concert avec la mère patrie, était plus souvent séparée d’elle et lui était hostile, et continua de l’être pendant la plus grande partie des trois siècles de 700 à 400 ans avant J.-C.[4] Peut-être aussi Molykreia et Chalkis[5], sur la côte sud-ouest de l’Ætolia, non loin de l’entrée du golfe Corinthien, furent-elles fondées par Corinthe à une date presque aussi reculée que Korkyra.

Ce fut à Corinthe que furent introduites les plus anciennes améliorations dans l’art de construire des navires en Grèce, et la première construction de la trirème ou vaisseau de guerre à trois rangs de rainés. Ce fût probablement de Corinthe que ce perfectionnement passa à Korkyra, comme il le fit à Samos. A une époque reculée, la marine korkyræenne était en état de lutter avec- la marine corinthienne ; et la plus ancienne bataille navale connue de Thucydide[6] est une bataille livrée entre ces deux États, en 664 avant J.-C. Autant que nous pouvons le reconnaître, il paraît que Korkyra conserva son indépendance non seulement pendant le gouvernement des Bacchiades à Corinthe, mais aussi pendant tout le règne du despote Kypselos, et une partie du règne de son fils Périandre. Mais, vers la fin de ce dernier règne, nous trouvons Korkyra sujette de Corinthe. Nous avons déjà raconté dans un chapitre précédent le traitement barbare infligé par Périandre à trois cents jeunes gens korkyræens, comme vengeance de la mort de son fils[7]. Après la mort de Périandre, l’île semble avoir reconquis son indépendance ; mais nous restons sans aucun détail relativement à elle depuis environ 585 avant J.-C. jusqu’à la période qui précède de peu l’invasion de la Grèce par Xerxès, — près d’un siècle. A cette dernière époque les Korkyræens possédaient dés forces navales qui ne le cédaient guère à celles d’aucun État en Grèce. L’expulsion des Kypselides de Corinthe, et le rétablissement de l’ancienne oligarchie ou de quelque chose de tel, ne semblent pas avoir réconcilié les Korkyræens avec leur mère patrie. Car ce fut immédiatement avant la guerre du Péloponnèse que les Corinthiens firent entendre les plaintes les plus amères contre eux[8], disant qu’ils ne faisaient aucun cas de ces obligations que, dans la pensée générale, une colonie était tenue de remplir. Aucune place d’honneur n’était réservée dans les fêtes publiques de Korkyra pour les visiteurs corinthiens ; ce n’était pas non plus l’usage d’offrir à ces derniers de goûter les premiers aux victimes sacrifiées, — devoirs qui sans doute étaient respectueusement remplis à Ambrakia et à Leukas. Néanmoins les Korkyræens avaient, conjointement avec les Corinthiens, pris parti en faveur de. Syracuse, quand cette ville fut dans un danger imminent d’être conquise et asservie par Hippokratês[9], despote de Gela (vers 492 av. J.-C.), — incident qui montre qu’ils n’étaient pas dépourvus de sympathie généreuse pour les cités sœurs, et qui nous amène à croire que leur éloignement de Corinthe était autant la faute de la mère patrie que la lear.

Les motifs de la querelle furent probablement des jalousies de commerce, — spécialement pour le commerce avec les tribus épirotiques et illyriennes, où les deux États étaient rivaux à un haut degré. Tranquilles chez eux et assidus à la culture de leur île fertile, les Korkyræens pouvaient fournir du -vin et de l’huile aux Epirotes de la terre ferme, en échange du bétail, des moutons, des peaux et de la laine fournis par ces derniers, — plus facilement et à meilleur compte que le marchand corinthien. Et en vue de ce commerce, ils s’étaient emparés d’une Peræa ou bande de la terre ferme située immédiatement de l’autre côté du détroit qui les en séparait, et ils y fortifièrent divers postes pour protéger leur propriété[10]. Les Corinthiens étaient, personnellement plus populaires chez les Epirotes que les Korkyræens[11] ; mais ce ne fut que longtemps après la fondation de Korkyra qu’ils établirent leur première colonie sur la terre ferme, — Anibrakia, sur le côté septentrional du golfe de ce nom, près de l’embouchure du fleuve Arachthos. Ce fut pendant le règne de Kypselos, et sous la conduite de son fils Gorgos, que fut établie cette colonie, qui plus tard devint populeuse et considérable. Nous ne savons rien relativement à son développement, et nous entendons seulement parler d’un despote nommé Périandre comme y régnant, probablement parent du despote du même nom à Corinthe[12]. Périandre d’Ambrakia fut renversé par une conspiration privée, provoquée par sa propre brutalité et chaudement secondée par les citoyens, qui vécurent constamment dans la suite sous un gouvernement populaire.

Nonobstant les dissensions longtemps prolongées entre Korkyra et Corinthe, il paraît qu’elles formèrent toutes deux de concert quatre établissements considérables sur cette même ligne ale côte, — Leukas et Anaktorion, au sud de l’entrée du golfe d’Ambrakia, — et Apollonia et Epidamnos, toutes deux dans le territoire des Illyriens, à quelque distance au nord du promontoire Akrokéraunien. Dans l’établissement des deux dernières colonies, les Korkyræens semblent avoir eu la part principale ; — dans celui des deux autres, ils ne furent qu’auxiliaires. Il ne convenait probablement pas à leur politique de favoriser l’établissement de quelque nouvelle colonie sur la côte intermédiaire vis-à-vis de leur propre île, entre le promontoire et le golfe mentionnés plus haut. Leukas, Anaktorion et Ambrakia sont toutes rapportées à l’influence de Kypselos le Corinthien. La tranquillité qui, selon Aristote, distingua son règne, peut être en partie attribuée aux nouvelles demeures fournies ainsi aux citoyens corinthiens pauvres ou mécontents[13]. Leukas était située près de la moderne Sainte-Maure : l’île actuelle était une péninsule dans l’origine, et continua à l’être jusqu’à l’époque de Thucydide ; mais, dans le demi-siècle suivant, les Leukadiens coupèrent l’isthme d’un bout à l’autre, et élevèrent en travers du détroit resserré un pont les rattachant à la terre ferme. C’était jadis un établissement akarnanien, nommé Epileukadii, dont les habitants, déchirés par des discordes civiles, invitèrent mille colons corinthiens à se joindre à eux. Les nouveaux venus, choisissant un bon moment pour l’attaque, tuèrent ou chassèrent ceux qui les avaient appelés, se rendirent maîtres de la colonie et de ses terres, et transformèrent ainsi un village akarnanien en une ville grecque[14]. La cité d’Anaktorion était située à une petite distance en deçà de l’entrée du golfe Ambrakien, fondée, comme Leukas, sur le sol akarnanien et avec un mélange d’habitants akarnaniens, par des colons venus sous les auspices de Kypselos ou de Périandre. Des colons korkyræens eurent part à ces deux établissements[15] ; dans tous les deux aussi, les sentiments religieux ordinaires se rattachant à une émigration grecque se manifestèrent parole voisinage d’un temple vénéré d’Apollon qui dominait la mer, — d’Apollon Aktios près d’Anaktorion, et d’Apollon Leukatas près de Leukas[16].

Entre ces trois colonies, — Ambrakia, Anaktorion et Leukas, — et la population akarnanienne de l’intérieur, il existait des sentiments constants d’hostilité ; naissant peut-être de la violence qui avait signalé la première fondation de Leukas. Les Corinthiens, bien que populaires chez les Épirotes, ne s’étaient pas occupés de se concilier les Akarnaniens ou n’y avaient pas réussi. Il semble plutôt, en effet, que les Akarnaniens étaient opposés à la présence ou au voisinage d’un puissant port de mer ; car, malgré leur haine pour les Ambrakiotes, ils craignaient plus de voir Ambrakia dans les mains des Athéniens que dans celles de ses propres citoyens indigènes[17].

Les deus colonies au nord du promontoire Akrokéraunien et sur le pays de la côte habité par des tribus illyriennes, — Apollonia et Epidamnos, — furent établies surtout par les Korkyræens, cependant avec quelque aide fournie par Corinthe aussi hier que par d’autres cités dôriennes, et avec une portion de leurs colons. Nous devons faire remarquer particulièrement que l’œkiste était un Corinthien et un Hêraklide, Phalios, fils d’Eratokleidês ; car, suivant l’usage habituel en Grèce, toutes les fois qu’une cité, étant elle-même une colonie, fondait une sous colonie, l’œkiste de la dernière était empruntée à la mère patrie de la première[18]. De là les Corinthiens acquirent un droit partiel de contrôle et d’intervention dans les affaires d’Epidamnos, qui, ainsi que nous le verrons ci-après, amènera d’importantes conséquences pratiques. Epidamnos (mieux connue par le nom de Dyrrachium qu’elle eut plus tard) était située sur un isthme, sur le territoire de la tribu illyrienne appelée Taulantii, ou clans son voisinage, et fut fondée, dit-on, vers 627 avant J.-C. Apollonia, dont le dieu Apollon lui-même semble avoir été reconnu comme œkiste[19], fut établie dans des circonstances semblables, pendant le règne de Périandre de Corinthe, dans une plaine maritime à la fois étendue et fertile, près du fleuve Aôos, à deux jours de marche au sud d’Epidamnos.

L’une et l’autre de ces deux cités semblent avoir fleuri et reçu à la fois un accroissement d’habitants venus de la Triphylia clans le Péloponnèse, lorsque ce pays fut soumis par les Eleiens. Relativement à Epidamnos particulièrement, on nous dit qu’elle acquit de grandes richesses et une grande population pendant le siècle qui précéda la guerre du Péloponnèse[20]. Un petit nombre d’allusions que nous trouvons clans Aristote, trop brèves pour nous instruire beaucoup, nous mènent à supposer que les gouvernements des deux villes commencèrent par être des oligarchies exclusives sous l’administration des chefs primitifs de la colonie, — que, dans Epidamnos, les artisans et les commerçants de la ville étaient considérés comme des esclaves appartenant au public, — mais qu’avec le progrès du temps (vraisemblablement quelque peu avant la guerre du Péloponnèse) des dissensions intestines détruisirent cette oligarchie[21], substituèrent un sénat périodique, avec des assemblées publiques réunies par occasion, à la place de phylarques on chefs (le tribus permanents, et introduisirent ainsi une forme plus on moins démocratique, conservant cependant encore l’unique archonte primitif. Le gouvernement épidamnien admettait libéralement les Metœki ou étrangers résidants, — circonstance qui fait supposer que le prétendu esclavage public des artisans dans cette ville était un état qui n’entraînait avec soi aucune des misères de l’esclavage réel. C’était au moyen d’un agent commercial autorisé, ou polêtês, que se faisait tout le trafic entre Epidamnos et les Illyriens voisins, — des affaires individuelles avec eux étant interdites[22]. Apollonia se distinguait formellement sous un seul rapport d’Epidamnos, puisqu’elle excluait les 1leteeki ou étrangers résidants avec une rigueur qui ne le cédait guère à Sparte. Ce petit nombre de faits est tout ce que nous pouvons savoir relativement à des colonies à la fois importantes en elles-mêmes et intéressantes en ce qu’elles mettaient les Grecs en rapport avec des régions et des peuples éloignés.

Les six colonies qui viennent d’être nommées, — Korkyra, Ambrakia, Anaktorion, Leukas, Apollonia et Epidamnos, — forment un agrégat situé séparément du reste du nom hellénique ; et elles sont rattachées les unes aux autres, bien que non toujours maintenues en bonne intelligence, par une analogie de race et de position, aussi bien que par leur origine commune qu’elles doivent à Corinthe. Nous ne pouvons douter que le commerce que les marchands corinthiens faisaient avec elles et par leur entremise avec les tribus de l’intérieur, ne fut lucratif ; et Leukas et Ambrakia continuèrent longtemps, non seulement d’être les alliées fidèles de leur métropole, mais encore de l’imiter servilement. On représente aussi le commerce de Korkyra comme très étendu, et porté même jusqu’à l’extrémité méridionale du golfe Ionien. Il semblerait qu’ils furent les premiers Grecs qui ouvrirent au commerce et fondèrent divers établissements sur les côtes illyriennes et dalmates, comme les Phokæens furent les premiers qui firent leur trafic le long de la côte adriatique de l’Italie. Les jarres et la poterie dé Korkyra jouissaient d’une grande réputation dans toutes les parties du golfe[23]. Le commerce général de l’île et l’encouragement donné à sa navigation doivent probablement avoir été plus grands dans le sixième siècle avant J.-C., pendant que les cités de la Magna Græcia étaient à l’apogée de leur prospérité, que dans le siècle suivant, où elles avaient comparativement décliné. Nous ne pouvons pas douter non plus que le trafic des Korkyræens n’ait dit beaucoup de son accroissement aux visiteurs de l’oracle de Dôdônê en Épire et aux présents qu’ils lui faisaient, oracle qui n’était éloigné que de deux jours de marche quand on débarquait en venant de Korkyra, et dont l’importance se fit surtout sentir aux premières époques de l’histoire grecque.

Il est digne de remarque que le système monétaire, établi à Korkyra était entièrement grec, et corinthien, gradué d’après l’échelle ordinaire d’oboles, de drachmes, de mines et de talents, sans renfermer aucun de ces éléments italiens ou siciliens indigènes qui furent adoptés par les cités de la Magna Græcia et de la Sicile. Le type des monnaies corinthiennes semble aussi avoir passé à celles de Leukas et d’Ambrakia[24].

Nous apprenons très peu de choses au sujet des îles de Zakinthos et de Kephallenia (Zante et Céphalonie) ; quant à Ithakê, si intéressante par le récit de l’Odyssée, nous n’avons sur elle aucun renseignement historique. Les habitants de Zakinthos étaient des Achæens venus du Péloponnèse ; Kephallenia était partagée entre quatre gouvernements municipaux séparés[25]. Aucune de ces îles ne joue de rôle dans l’histoire grecque jusqu’à l’époque de l’empire maritime d’Athènes, après la guerre des Perses.

 

 

 



[1] Strabon, IV, p. 269 ; cf. Timée, Fragm. 49, éd. Goeller ; Fragm. 53, éd. Didot.

[2] Thucydide, I, 25.

[3] Strabon, l. c. ; Plutarque, Quæst. Græc., c. 11 ; une fable différente dans Conon, Narrat., 3, ap. Photium Cod., 86.

[4] Hérodote, III, 49.

[5] Thucydide, I, 108 ; III, 102.

[6] Thucydide, I, 13.

[7] Hérodote, III, 49-51 ; voir t. IV, ch. 2.

[8] Thucydide, I, 25-37.

[9] Hérodote, VII, 155.

[10] Thucydide, III, 85. Il est probablement aussi fait allusion à ces fortifications, I, 45-54.

[11] Thucydide, I, 47.

[12] Strabon, VII, p. 325 ; X, p. 452 ; Skymnus de  Chios, 453 ; Raoul Rochette, Hist. des colonies grecques, vol. III, p. 294.

[13] Aristote, Politique, V, 3, 5 ; V, 8, 9.

[14] Sur Leukas, v. Strabon, X, p. 452 ; Skylax, p. 34 ; Steph. Byz., v. Έπιλευκάδιοι.

Strabon semble attribuer la coupure faite à l’isthme aux colons primitifs. Mais Thucydide parle de cet isthme de la manière la plus claire (III, 81), et des vaisseaux de guerre corinthiens qui étaient transportés à travers. Le Dioryktos, ou canal factice qui fut fait ensuite, fut toujours peu profond, assez seulement pour des bateaux, de sorte que des vaisseaux de guerre avaient encore à être traînés à bras ou par machine d’un bout à l’autre (Polybe, V, 5). Plutarque (De Serâ Num. Vind., p. 552) et Pline (H. N., IV, 1), considèrent tous deux Leukadia comme étant redevenue une péninsule, par suite de l’accumulation du sable. Cf. Tite-Live, XXXIII, 17.

Mannert (Geograph. der Grund Roem., part. VIII, b. 1, p. 72) admet l’assertion de Strabon, et pense que le Dioryktos avait déjà été creusé avant le temps de Thucydide. Nais il semble plus raisonnable de supposer que Strabon fat mal renseigné au sujet de la date, et que l’isthme fut coupé à quelque moment entre l’époque de Thucydide et celle de Skylax.

Bœckh (ad Corp. Inscript. Gr., t. I, p. 58) et N. C. Miller (De Corcyræor. Republ., Goetting, 1835, p. 18) sont de l’opinion de Mannert.

[15] Skymnus de Chios, 458 ; Thucydide, I, 55 ; Plutarque, Themistoklês, c. 24.

[16] Thucydide, I, 46 ; Strabon, X, p. 452. Antérieurement à 220 avant J.-C., le temple d’Apollon Aktios, qui, à l’époque de Thucydide, appartenait à Anaktorion, avait fini par appartenir aux Akarnaniens ; il semble aussi que la ville elle-même avait été absorbée dans la ligne akarnanienne, car Polybe ne la mentionne pas séparément (Polybe IV, 63).

[17] Thucydide, III, 94, 95, 115.

[18] Thucydide, I, 24-26.

[19] Le rhéteur Aristide fait un compliment semblable à Kyzikos, dans son discours sous forme de panégyrique en l’honneur de cette cité, — le dieu Apollon l’avait fondée personnellement et directement lui-même, et non au moyen d’aucun œkiste humain, comme c’était le cas pour d’autres colonies (Aristeidês, Λόγος περί Κυζίκου, Or. XVI, p. 414 ; vol. I, p. 384, Dindorf.

[20] Thucydide, I, 24. Έγένετο μεγάλη καί πολυάνθρωπος ; Strabon, VII, p. 316 ; VIII, p. 257 ; Steph. Byz., v. Άπολλωνία ; Plutarque, De Serâ Numin. Vind., p. 553 ; Pausanias, V. 22, 2.

Relativement à la plaine voisine de l’emplacement de l’ancienne Apollonia, le- colonel Leake fait observer : La culture de cette magnifique plaine, capable de fournir des grains à toute l’Illyria et à toute l’Épire, avec une quantité d’autres productions, se borne à un petit nombre de pièces de mais près du village. (Travels in Northern Greece, vol. I, eh. 7, p. 367). Cf. c. 2, p. 70.

La contrée qui entoure Durazzo (l’ancienne Epidamnos) est représentée par un autre observateur excellent comme très séduisante, bien qu’elle soit insalubre aujourd’hui. V. l’important ouvrage topographique Albanien, Rumelien und die Oesterreichisch-Montenegrinische Graenze, von Dr Joseph Müller (Prague, 1844), p. 62.

[21] Thucydide, I, 25 ; Aristote, Politique, II, 4, 13 ; III, 11, 1 ; IV, 3, 8 ; V, 1, 6 ; V, 3, 4.

Les allusions du philosophe sont si brèves, qu’elles n’apprennent que rien ou peu de chose. V. O. Müller, Dorians, b. III, 9, 6 ; Tittmann, Griech. Staatsverfass., p. 491.

[22] Plutarque, Quæst. Græc., p. 297, c. 19 ; Élien, H. V., XIII, 16.

[23] W. C. Müller, De Coreyræor. Republicâ, c. 3, p. 60-63 ; Aristote, Mirab. Ausc., c. 104 ; Hesychius, v. Κερκυραϊοι άμφορεϊς ; Hérodote, I, 45.

L’histoire donnée dans le passage du Pseudo-Aristote cité plus haut doit être rattachée au chapitre suivant du même ouvrage (105), où se trouve l’assertion (qui jouissait d’un grand crédit dans l’antiquité), à savoir que le Danube se bifurquait, à un certain point de son cours, en deux courants, l’un coulant dans l’Adriatique, l’autre dans le Pont-Euxin.

[24] V. les inscriptions n° 1838 et n° 1845, dans la collection de Bœckh et Métrologie de Bœckh, VII, 8, p. 97. Relativement aux monnaies corinthiennes, ce que nous savons est confus et imparfait.

[25] Thucydide, II, 30-66.