HÉRODE ATTICUS ET SA FAMILLE

 

CHAPITRE PREMIER. — LES ANCÊTRES D'HÉRODE ATTICUS.

 

 

A l'époque impériale, sous la pression de Rome, la constitution des cités grecques, même libres, avait tourné à l'aristocratie. A Athènes, l'Aréopage avait repris la première place, l'assemblée du Peuple ne jouait plus qu'un rôle effacé. Une oligarchie, composée de quelques familles très fortunées, détenait le privilège, d'ailleurs coûteux, de fournir à la cité ses principaux magistrats. Cette oligarchie où dominaient les représentants des grandes familles sacerdotales, surtout celles des cultes éleusiniens, formait une noblesse locale qui se réclamait souvent avec orgueil des illustrations de la démocratie des grands siècles et remontait volontiers chercher des ancêtres jusque chez les rois de l'Attique, les héros de l'époque mythique et même les dieux. L'une de ces familles se complaît à rappeler, vers le milieu du IIe siècle de notre ère, qu'elle descendait de Thémistocle dont dix-neuf générations la séparaient[1]. Une hiérophantide de Korê s'enorgueillit d'être la fille d'un Périclès, qui aurait eu pour ancêtre son illustre homonyme[2], tandis qu'un autre de ses compatriotes se flatte de compter parmi ses ascendants Périclès, Conon et Alexandre le Grand[3].

A cette époque, les Athéniens n'étaient pas les seuls à se chercher des quartiers de noblesse. Vers l'époque de Claude ou Néron, lors de la mort du jeune T. Statilius Lamprias, d'Épidaure, l'Aréopage, la Boulé et le Peuple athénien s'empressèrent d'adresser leurs condoléances au parents sous forme de pompeux décrets, qui vantent la gloire d'une famille nommant parmi ses aïeux Persée, Phoronée, Proitos, Héraklès et Lysandre[4].

Hérode Atticus n'avait rien à envier à Lamprias : de complaisantes généalogies l'autorisaient à se dire descendant des Aeacides d'Égine, des Érechthéides et de Thésée, d'Héraklès peut-être, et même d'Hermès, en sa qualité de membre de la famille des Kèrykès[5]. Avec de pareils ascendants, Hérode ne devait pas trop s'étonner d'entendre ses contemporains vanter l'excellence de race, la plus royale de toutes en Grèce[6].

Ce qui est sûr, c'est que la famille d'Hérode appartenait au dème de Marathon et par lui à la tribu Aiantis, dont Ajax était le héros éponyme. Miltiade et Cimon, qui passaient également pour des descendants des Aeacides d'Égine, n'étaient pas de la même tribu. S'il existait bien, comme l'affirme Philostrate[7], une parenté entre Hérode et les héros des guerres médiques, c'était non pas par la ligne masculine, la différence de tribu s'y oppose, mais par alliance. Un souvenir de cette parenté s'est, semble-t-il, conservé dans le nom d'Elpinikè donné par Hérode à l'une de ses filles, peut-être en mémoire de la sœur de Cimon. La fille de Miltiade avait, on le sait, épousé le riche Kallias, dont la fortune considérable avait même donné prétexte à des légendes[8]. Il faudra se souvenir de cette lointaine ascendance lorsqu'on essayera de remonter aux origines de la richesse de la famille d'Hérode.

Quant à l'épithète d'Alkaïdès donnée au sophiste par une épigramme de Marathon[9] elle doit s'expliquer par le nom de sa mère Alcia que les généalogistes avaient sans doute dû rattacher à Héraklès.

Pour ses origines divines, Hérode les tenait de son appartenance à la famille des Kèrykès, dont le héros éponyme, Kèryx, était, dit-on, fils d'Hermès et d'une des filles de Cécrops, Hersé, selon l'inscription du Triopion, dont la version doit être préférée[10], puisqu'elle est inspirée probablement par Hérode lui-même.

Par là, Hérode se rattachait en même temps aux Érechthéides. Mais ce n'était probablement pas sa seule parenté lointaine avec Hersé qui l'autorisait à se dire descendant d'Égée, comme l'affirme l'épigramme de Marathon, et de Thésée, comme le prétend l'inscription du Triopion. Qu'Hérode affectionnât tout particulièrement le séjour de Képhissia, dème de la tribu Érechthéis, ne tient pas à ce qu'il prétendait descendre des Érechthéides mais bien à qu'il possédait à cet endroit une de ses plus somptueuses villas.

D'autre part, il n'est pas sûr qu'un archonte Hérode, qui se rattacherait à la famille du sophiste, ait bien été fils de Pittheus, nom qui fut, dit la légende, celui du grand-père maternel de Thésée[11].

Si nous avons insisté sur des détails, qui nous semblent de médiocre importance, c'est surtout parce qu'ils sont caractéristiques d'une époque et d'une société où l'on faisait la course aux titres de noblesse, en partie sans doute pour rivaliser avec l'aristocratie romaine, si fière de son patriciat. Les Romains eux-mêmes suivaient à l'occasion l'exemple des Grecs, à commencer par la famille impériale : les Julii ne se prétendaient-ils pas descendants d'Énée et d'Aphrodite et n'affirmait-on pas qu'Auguste lui-même était fils d'Apollon ?

A partir du IIe siècle avant notre ère, nous pouvons, grâce aux documents épigraphiques, reconstituer la généalogie de la famille d'Hérode[12] :

[Euklès I] ?

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Hérode I

Euklès II

I

I

Euklès III

Euklès IV

pylarque en 106/5

 

I

 

Hérode II

 

archonte en 60/59

 

I

 

Euklès V

 

Un Hérode (I) du dème de Marathon, devait vivre vers le second tiers du IIe siècle. Nous n'en connaissons rien, sauf qu'il était le père d'un Euklès de la tribu Aiantis, à laquelle appartient le dème de Marathon[13], et probablement le fils d'un autre Euklès (I) qu'il faudrait alors faire remonter jusqu'à la première moitié du IIe siècle. L'existence de ce dernier peut être déduite du fait que le fils d'Hérode (I) devait, conformément à l'usage grec, porter le nom de son grand-père et, en second lieu, de ce qu'un personnage, vraisemblablement le frère d'Hérode, se nomme Euklès (II) : ce dernier ne nous est d'ailleurs connu que comme le père d'un Euklès (IV) de Marathon, cousin germain d'Hérode (I), semble-t-il[14].

Euklès (III) était, sous l'archontat d'Agathoklès (106/5), phylarque ou commandant de la cavalerie de la tribu Aiantis[15].

Le dème, les noms de ces personnages, qui reviennent fréquemment dans la famille d'Hérode, ne permettent pas de douter qu'ils doivent y être rattachés.

Le fils d'Euklès (III) est, selon toute vraisemblance, un Hérode (II) père d'un autre Euklès (V), de Marathon qui vivait, nous allons le voir, dans la seconde moitié du Ier siècle[16]. Cet Hérode (II) doit très probablement être identifié avec l'archonte du même nom qui fut en fonctions en 60/59 : les dates concordent très bien mais, pour avoir une certitude complète, il nous faudrait connaître le dème de l'archonte[17]. En tout cas, c'est le père d'Euklès (V) qui était épimélète des travaux de l'agora romaine d'Athènes lorsqu'on commença la construction de ce nouveau marché, sous César, avec les fonds donnés par le dictateur. Ces détails nous sont connus par la dédicace de la porte de ce marché, dite Porte de l'Agora[18]. Nous en reproduisons le texte avec une traduction : il n'a pas été correctement interprété jusqu'ici, du moins sur un point qui nous intéresse tout particulièrement, à savoir le rôle joué par Euklès et son père dans la construction de cet édifice :

Le Peuple avec les dons du divin C. Julius César et de l'empereur Auguste, fils du divin César, (a dédié cet édifice) à Athéna Archègétis, étant stratège des hoplites Euklès de Marathon, qui avait succédé, comme épimélète, à son père Euklès et lui s'était chargé de l'ambassade. Sous l'archontat de Nikias, fils de Sarapion, Athmoneus.

N'insistons pas sur l'erreur, plusieurs fois commise et que nous avons eu l'occasion de rectifier ailleurs[19], erreur qui consistait à identifier avec C. César, fils adoptif d'Auguste, qui n'a jamais reçu es honneurs de l'apothéose, le personnage dont les libéralités ont permis de commencer le marché : il n'est pas douteux qu'il s'agit de Jules César.

Depuis Bœckh, on admet que c'est le père d'Euklès qui s'est chargé de l'ambassade[20]. Mais Bœckh lui-même sentait si bien que le doute était permis qu'à propos des mots τοΰ καί πρεσβεξαμέσαντος, il commente : manifeste de Herode dicta sunt, sans chercher à justifier cette affirmation.

Nous estimons cette interprétation inadmissible. Si elle était exacte, on attendrait Ήρώδου τοΰ πρεσβεύσαντος, au lieu τοΰ καί πρεσβεύσαντος. Le τοΰ καί reprend évidemment le τοΰ καί διαδεξαμένον τήν έπιμέλειαν. Ce qu'on veut énumérer ici, ce ne sont pas les titres d'Hérode, déjà mort, mais ceux de son fils, stratège lors de la dédicace du nouveau marché. Si l'on fait allusion à Hérode, c'est uniquement parce qu'il avait été le premier épimélète de l'édifice et qu'il n'eût été ni exact ni juste de réserver ce titre au seul Euklès.

Autre difficulté : à qui l'ambassade a-t-elle été envoyée ? Est-ce à César ou à Auguste ? Nous croyons que l'hésitation n'est pas permise[21].

Après Pharsale, César avait pardonné à Athènes d'avoir pris parti contre lui et il s'arrêtera dans cette ville[22], en 47, à son retour de l'expédition contre Pharnace. C'est alors, semble-t-il, qu'il dut donner aux Athéniens les fonds nécessaires pour construire leur marché. Ii était dans son caractère de se montrer clément et généreux pour ses adversaires une fois vaincus. Sans doute aussi tenait-il à rivaliser de générosité avec Pompée qui avait gratifié les Athéniens de cinquante talents destinés à la restauration de leurs édifices[23].

Par contre, Auguste loin de pardonner aux Athéniens leur enleva une partie de leurs privilèges et leur tint longtemps rigueur[24]. Même, en 31, pour ne pas séjourner à Athènes, il s'installa à Égine d'où il écrivit aux Athéniens pour leur manifester son ressentiment[25]. Ce n'est pas avant 20 qu'il se décidera à venir à Athènes. C'est, à n'en pas douter, à lui qu'il fallut envoyer une ambassade pour obtenir les crédits nécessaires à la continuation des travaux soit que les prévisions eussent été dépassées, soit que la somme accordée par le dictateur n'eût pas encore été complètement versée au moment de sa mort parce que l'édifice n'était pas achevé.

Ce n'est, en effet, qu'en 10 au plus tôt, avant notre ère, que le marché put être terminé[26]. La lenteur même des travaux semble une raison de plus de supposer que c'est bien à Auguste que les Athéniens durent députer un de leurs concitoyens les plus éminents pour prier l'empereur de leur donner les moyens de mener à terme une œuvre entreprise grâce à la munificence de son père adoptif[27].

Si même, par invraisemblable, l'ambassade avait été envoyée sous César, il. est fort improbable que ce soit Hérode qui en ait été chargé. Il devait être fort âgé déjà du temps de César : son fils Euklès fut en effet archonte entre 47/6 et 43/2, selon Kolbe, vers 46/5, d'après Kirchner, vers 41/0, selon Roussel[28] et il exerçait déjà en 42/1 ou en 38/7 les fonctions de prêtre d'Apollon Pythien, sacerdoce dont il était encore titulaire tout au début de notre ère[29].

Quant a la date ou il fut stratège des hoplites, nous n'y reviendrons pas : nous avons eu, à plusieurs reprises déjà, l'occasion de montrer que l'archontat de Nikias, fils de Sarapion, qui est de la même année, doit être placé vers 10 avant notre ère, et de rejeter l'hypothèse récente suivant laquelle la porte seule du marché serait du temps de César et d'Auguste et le reste de l'édifice un gymnase construit sous Hadrien[30].

Il va de soi que l'on n'avait envoyé auprès de César ou d'Auguste qu'un personnage bien vu du dictateur ou de son fils adoptif et l'on doit sans doute en conclure que la famille d'Hérode n'était pas de celles qui s'étaient compromises parmi les partisans de Pompée et d'Antoine.

Euklès V

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?

Polycharmos

Simarion

I

 

 

Hérode III[31]

 

 

I

 

 

Tib. Claudius Hipparchos

 

 

(suite de la généalogie commencée plus haut).

A l'époque de Tibère, dont il était le grand-prêtre à Athènes, vivait un Polycharmos, de Marathon, fils d'un Euklès qui doit certainement être identifié avec le stratège en fonctions l'année où le marché fut achevé. Les dates des textes qui mentionnent les deux personnages ne laissent aucun doute à cet égard. De plus, ce Polycharmos était prêtre d'Apollon Patrôos, sacerdoce avait dû hériter de son père Euklès (V)[32].

Ce Polycharmos fut héraut de l'Aréopage, autrement dit président de la plus haute assemblée de la cité[33]. On restitue avec la plus grande vraisemblance son nom dans une liste où il aurait figuré à titre d'archonte éponyme[34].

Dans la généalogie que nous avons dressée ailleurs famille[35], nous avons supposé qu'outre une fille, Simarion[36], Euklès avait eu un second fils du nom d'Hérode (III). Nous n'en sommes plus aussi sûr aujourd'hui : il vaut mieux admettre, semble-t-il, que cet Hérode eut pour père Polycharmos et pour fils Hipparchos, grand-père d'Hérode Atticus. Ceci pour deux raisons : d'abord pour éviter de supposer une longévité trop grande à cet Hérode (III) qui aurait, suivant notre première hypothèse, vécu vers le début de notre ère et aurait eu pour fils un Athénien condamné sous Domitien. Ensuite, il paraît bien qu'il faut identifier cet Hérode (III) avec un Tiberius Claudius Hérode mentionné dans un décret trouvé à Smyrne[37]. Si l'on hésite, pour ce texte, entre l'époque de Néron et d'Hadrien, c'est uniquement parce qu'on ce cru que notre personnage pourrait être identifié avec le sophiste. Mais alors on ne s'explique plus pourquoi on voit apparaître le nom de Néron dans cette inscription, d'ailleurs fort mutilée.

On observera aussi que cet Hérode est citoyen romain : il porte le gentilice de Claudius. Or, il est sûr que la famille d'Hérode Atticus ne reçut la civitas romaine que sous Néron. Cela résulte à la fois de son gentilice et du fait qu'elle était inscrite, nous le savons depuis peu, dans la tribu Quirina[38]. Cette tribu, il est vrai, est celle de Claude mais tous les nouveaux citoyens créés par cet empereur ; à l'exception de ceux de Maurétanie, ne sont pas rangés dans la Quirina mais dans la Claudia, tribu des ancêtres de Claude. Par contre, la Quirina est la tribu où Néron et les Flaviens inscrivent ceux qui leur doivent la civitas[39]. Mais, comme la gentilice de Claudius interdit de descendre jusqu'à l'époque des Flaviens, il est sûr que la famille d'Hérode a reçu le droit de cité sous Néron. Et c'est une raison de plus de rattacher à la famille du sophiste l'Hérode du décret de Smyrne et e dater celui-ci du règne de Néron.

Ce texte est un décret du zoiv6v des Grecs d'Asie, c'est-à-dire qu'il émane de l'assemblée provinciale. Il a été voté sur la proposition de Tib. Claudius Hérode : [Γνώμη] Τιβερίον Κλαυδίου Ήρώ[δου —] καί σεβαστοφάντου καί [άρχιερέως] Θεάς 'Ρώμης καί Θεοΰ [Σεβαστοΰ Καίσαρος]. Dans la lacune qui suit le nom d'Hérode, Brandis[40] croit qu'il faut laisser place pour le nom de la patrie de l'auteur de la proposition. C'est impossible : le καί σεβαστοφάντου, qui suit immédiatement, devait sûrement être précédé d'un autre titre. Sans quoi, le καί ne s'explique pas. Ce titre ne peut guère être que celui d'άρχιερέως ou d'άσιάρχης, de flamen provincialis, ou prêtre du culte de la famille impériale pour la province d'Asie[41]. C'est lui qui avait la présidence de l'assemblée provinciale et c'est sans doute comme président que Claudius Hérode a présenté sa proposition. Cette prêtrise était l'apanage des personnages les plus considérables et surtout les plus riches : elle imposait au titulaire des charges très lourdes ne fût-ce que pour les jeux dont il était obligé de faire le frais[42]. Aussi cherche-t-on parfois à éviter cet honneur ruineux[43]. On ne s'étonnerait pas trop de voir cette fonction détenue par l'un des membres d'une des familles les plus riches du temps, si cette famille n'était étrangère à l'Asie. Sans doute l'Athénien qui en était alors titulaire, possédait-il sinon de gros intérêts dans la province, tout au moins des attaches avec les familles du pays et avait-il reçu le droit de cité d'une des villes asiatiques. C'est peut-être pour cela qu'Hérode Atticus sera plus tard nommé corrector des cités libres d'Asie.

Ce qui est sûr, c'est que notre Hérode fut σεβαστοφάνιης (flamen Augustalis) et άρχιερεύς Θεάς 'Ρώμης καί Θεοΰ [σεβαστοΰ Καίσαρος], c'est-à-dire prêtre d'Auguste et de Rome.

Ce n'est qu'avec le fils d'Hérode, Hipparchos, que la famille sort de la pénombre et tend à prendre figure de dynastie. Nous n'en sommes plus réduits maintenant à quelques vains titres pour tenter de dégager la personnalité des ascendants d'Hérode Atticus : celle d'Hipparchos peut être mise beaucoup mieux en relief. Même nous possédons un renseignement précis sur sa fortune[44].

Le témoignage le plus ancien qui le concerne paraît se trouver dans une dédicace d'Éleusis[45] : on ne lui donne encore aucun titre : il doit être encore jeune bien que père d'une fillette à qui était échu l'honneur, fort envié, d'être choisie comme initiée d'autel, dans les Mystères. L'Aréopage décernait des couronnes à ces initiés privilégiés, qui devaient, par certains rites, apaiser la divinité au nom des mystes, ou bien leurs parents obtenaient de la haute assemblée le droit de commémorer par une statue une distinction dont la famille était fière.

Mais l'effigie de la jeune Alcia ne se dressa pas longtemps dans l'enceinte sacrée de Déméter : après la condamnation de son père, dont il sera question plus loin, sa statue aurait été renversée. En effet, la base porte, sur une face contiguë à la dédicace à Alcia, une seconde dédicace à Hérode Atticus[46]. Comme la base est trop petite pour avoir porté à la fois deux statues, il faut supposer que celle d'Hérode a remplacé celle de sa tante. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que les deux dédicaces ne sont pas gravées sur la même face comme on s'y attendrait si les deux statues avaient été érigées en même temps[47].

Comme ses ancêtres, Hipparchos fut prêtre d'Apollon Pythien et grand-prêtre du culte impérial[48].

Ce qui nous intéresse davantage, c'est d'apprendre par Philostrate que les biens d'Hipparchos furent confisqués έπί τυραννικαΐς αίτίαις άς Άθηναΐοι μέν ούκ έπήγον, ό δέ αύτοκράτωρ ούκ ήγνόησεν[49].

Les termes employés par Philostrate ne sont pas clairs en ce qui concerne le motif de la condamnation. Rien d'étonnant si on leur a donné plusieurs interprétations. Vidal-Lablache élude la difficulté en traduisant par mauvais desseins[50]. D'autres interprètent par menées dangereuses pour la sécurité de l'état[51], par haute trahison[52] ou lèse-majesté[53]. Ces traductions ont le tort d'être ou trop vagues ou inexactes.

Pour nous, l'expression τυραννικαΐς αίτίαις n'est susceptible que de deux interprétations. Ou bien Hipparchos tenta de se créer, dans la ville libre d'Athènes, une situation semblable à celle des Euryclides à Sparte[54] et d'y exercer une tyrannie comme celle dont on accusera plus tard son petit-fils Hérode Atticus dans un procès fameux[55]. Ou bien Hipparchos fut mêlé au mouvement antidynastique provoqué par le despotisme de Domitien et fut une des nombreuses victimes de la période de terreur qui marque la seconde partie de son règne. Les mots τυραννικαΐς αίτίαις pourraient en effet, être l'équivalent des termes que le biographe d'Hadrien emploie à propos de la condamnation de Palma et de Celsus, inimicis semper suis et quos postea ipse (Hadrianus scil.) insecutus est, in suspicionem adfec < ta > tae tyrannidis lapsis[56]. De plus, Philostrate qualifie quelque part, par la bouche d'Apollonios de Tyane, Domitien de τύραννος[57]. Or, il n'est plus douteux aujourd'hui que c'est bien sous Domitien et non sous Néron[58] que se place la condamnation d'Hipparchos : les inscriptions des dodécades, à Delphes, ne laissent aucun doute à cet égard. Hipparchos était toujours à Athènes sous l'archontat de Domitien et de Trebellius Rufus, c'est-à-dire entre 84/5 environ et 94/5 et y exerçait encore à ce moment les fonctions de prêtre d'Apollon et de grand-prêtre des empereurs[59]. D'autre part, il était déjà mort du temps de Nerva, sous le règne duquel son fils Hérode écrira à l'empereur pour lui demander l'autorisation de garder un trésor qu'il avait trouvé dans une de ses maisons : le texte qui mentionne le fait ajoute qu'à ce moment Atticus était devenu pauvre par suite de la condamnation de son père[60].

On placerait volontiers cette condamnation en 92/3, année où, selon Eusèbe, Domitien multos nobilium perdidit quosdam et in exilium mittit[61].

Toutefois, nous estimons faut renoncer à l'hypothèse de la condamnation d'Hipparchos pour lèse-majesté. Malgré toutes les bonnes raisons qu'on peut invoquer en sa faveur, elle semble nettement condamnée par le texte de Philostrate. Il y est dit que les Athéniens ne songèrent pas à inquiéter Hipparchos mais que l'empereur, qui n'ignorait pas ses menées. se chargea de l'en punir.

Il s'agissait donc d'une affaire où les Athéniens étaient directement intéressés mais où ils n'usèrent pas du droit qu'ils avaient d'intervenir, droit qu'ils tee possédaient sûrement pas s'il était question de lèse-majesté.

Nous estimons donc qu'Hipparchos fut victime de ses aspirations à la tyrannie dans une cité libre comme l'était Athènes.

Ce n'est pas par sympathie pour les Athéniens que Domitien se chargea de les défendre contre un concitoyen trop ambitieux mais dont ils ne songeaient même pas à se plaindre. Le zèle de l'empereur avait d'autres mobiles : la condamnation d'Hipparchos lui fournissait une occasion de plus d'enrichir la caisse impériale, détriment du plus riche de ses sujets.

Les biens du condamné furent en effet confisqués. : nous le savons par Philostrate et par l'extrait d'une loi d'Hadrien relative à l'exportation de l'huile de l'Attique[62]. il y est stipulé que les agriculteurs doivent réserver pour l'état le tiers de leur production d'huile. Exception est faite pour ceux qui ont acquis du fisc les terres d'Hipparchos : pour eux, le droit d'achat d'Athènes est réduit à un huitième.

De cette loi, Rostowzew a tiré des conclusions inadmissibles[63].

La vente des biens d'Hipparchos n'aurait eu lieu que sous Trajan ou Hadrien ; en réduisant la quotité exigible à un huitième, on aurait voulu favoriser les petits propriétaires acquéreurs de ces biens.

D'abord, rien n'autorise à supposer que la vente ait été retardée. La loi d'Athènes date d'Hadrien mais l'empereur se borne à reconnaître un droit préexistant, en ce qui concerne la quotité d'un huitième grevant les anciennes terres d'Hipparchos car, ce sont les seules à posséder ce droit, nous dit-il[64]. Il est invraisemblable qu'un empereur aussi cupide que Domitien ait retardé la vente des propriétés d'un personnage aussi riche qu'Hipparchos, qui fut condamné plus peut-être parce qu'il avait le dangereux bonheur d'être, nous le verrons, l'homme le plus riche de son temps, que parce qu'il avait aspiré à la tyrannie. Le privilège reconnu aux acquéreurs des terres du condamné avait certainement été accordé pour assurer une vente plus rémunératrice des immenses biens fonciers du grand-père d'Hérode[65]. Le fisc au profit duquel ils furent vendus était, l'oublions pas, la caisse de l'empereur. En droit, le produit de confiscation aurait dû être versé dans l'ærarium, le trésor de l'état romain[66]. Cet ærarium en reçut-il au moins une partie, suivant les usages en vigueur au Ier siècle de notre ère ? Rien ne permet de le supposer et c'est une raison de plus de croire que c'est surtout la fortune d'Hipparchos qui provoqua sa condamnation.

Cette fortune, nous en connaissons approximativement l'importance grâce à Groag qui a eu l'heureuse idée de mettre en rapport avec Hipparchos un texte de la Vie de Vespasien par Suétone : au cours d'un procès où il défendait un riche accusé, l'avocat Salvius Libéralis se serait écrié : Qu'importe à César si Hipparchos possède 100.000.000 de sesterces[67]. Cette fortune, légendaire à Rome même, ne peut être que celle de l'Hipparchos victime des convoitises d'un empereur moins respectueux que Vespasien de la vie et des biens de ses sujets. On ne peut guère supposer qu'à la même époque, il y ait eu deux personnages du même nom possédant une aussi grosse fortune. Or, celle du grand-père d'Hérode Atticus était si considérable que, rien qu'en Attique, ses terres constituaient une catégorie spéciale, privilégiée par le fisc, parce qu'elles étaient trop nombreuses et trop étendues pour pouvoir être vendues d'une façon rémunératrice lorsqu'elles furent confisquées[68].

Hipparchos possédait donc une fortune évaluée à cent fois le cens sénatorial. Mais rien n'autorise à supposer qu'il ait fait partie du Sénat romain où son fils, plus heureux, sera admis lorsqu'il aura recouvré la fortune perdue par son père.

La confiscation n'allait jamais seule : c'était une aggravation de peine, de la peine de mort, de l'exil ou de la déportation. Mais nous ignorons laquelle fut appliquée à Hipparchos. Sans doute fut-il condamné à mort. Nous n'en entendons plus parler dans la suite. Mais son petit-fils conservera pieusement son souvenir. Dans une de ses propriétés du Péloponnèse, en Cynurie, on a retrouvé un fragment d'architrave avec inscription appartenant saris doute à un grand monument élevé en l'honneur des membres de la famille par un personnage qui ne peut être qu'Hérode lui-même : la brièveté voulue, la rédaction de la seule dédicace conservée, qui évite les formules usuelles, trahit immédiatement la manière du célèbre sophiste. On y a simplement gravé : Hipparchos, père d'Atticus[69].

Il est regrettable que nous ne possédions point de renseignements sur les origines de la fortune d'Hipparchos : on ne pourrait émettre à ce sujet que des hypothèses dénuées de fondement, faute de textes. Heureusement, nous sommes un pets mieux renseignés en ce qui concerne Atticus, son fils.

 

 

 



[1] IG, III, 677.

[2] BCH, 1895, XIX, p. 113.

[3] IG, III, 915. Cf. DITTENBERGER, Hermes, XX, p. 6, qui fait remarquer que ce n'est pas seulement par la ligne masculine que cette Athénienne pouvait compter ces personnages parmi ces ancêtres, Périclès étant Cholargeus et Conon Anaphlystios. Dans la dédicace Έφ άρχ., 1885, p. 147, n° 25, figure aussi  une descendante de Conon et de Callimaque.

[4] IG, IV, 936-938 ; SIG3, 796. Cf. notre Chronologie des archontes athéniens sous l'Empire, p. 71, n° 41 bis.

[5] SUID., s. v. Ήρώδης (Aeacides). Musée belge, 1912, p. 71, v. 21 (cf. BCH, L, 1927, p. 528 ; WILAMOWITZ, Marcellus von Side, p. 29) ; IGR, I, 194, v. 34 ; WILAMOWITZ, ibid., p. 15, croit à tort que Θησηιάδης ne signifie rien d'autre qu'athénien : mais il est affirmé trois vers plus loin que la famille d'Hérode est la plus royale de toutes en Grèce. Musée belge, l. l., v. 2 (= BCH, l. l. et WILAMOWITZ, p.27) : Hérode est qualifié d'Alkaïdès, patronymique qui évoque non seulement le nom de sa mère Alcia mais aussi celui de l'Άλκείδης Héraklès (cf. toutefois WILAMOWITZ, o. l., p. 27). IGR, 1, 194, v. 33. — WILAMOWITZ, p. 9 : (Hermès-Hersé).

[6] IGR, l. l., y. 37 (WILAMOWITZ, ibid.).

[7] PHILOSTR., II, 1, 1 (p. 138 W.).

[8] Sur ce nom d'Elpinikè qui est très rare et ne se rencontre guère, en Attique, en dehors de la famille d'Hérode et de Cimon, cf. PA, I, p. 311, n° 4677 et 4678 (sœur de Cimon).

[9] Musée belge, 1912, p. 70, v. 2 ; BCH, L, 1926, p. 528.

[10] IGR, 1, 194, vv. 33-34 (WILAMOWITZ, Marcellus, p. 9). Cf. DITTENBERGER, Hermes, XX, p. 2, n. 2 ; A. MOMMSEN, Feste der Stadt Athen, p. 266 ; TÖPFFER, Attische Genealogie, p. 81.

[11] IG, III, 226 : έπί άρχοντος Ήρώδου Π[ι]τθέως (correction pour ΠΥΤΘΕΩΣ). DITTENBERGER, (IG, III, 2, indices) pense que cet archonte doit peut-être être identifié avec celui de 60/59. KIRCHNER (RE, VIII, p. 916, n° 1) semble partager cette opinion. Il se pourrait aussi que ce soit le nom du dème de cet archonte qui se cache sous cette lecture erronée (Πιθέως ?) d'un texte connu seulement par la copie de Pittakis ou même que ce qui suit le nom d'Hérode ne doive pas y être rattaché l'inscription est incomplète et ne compte que les cinq mots que nous avons transcrits. Il vaut mieux ne pas attacher trop d'importance à ce texte suspect.

[12] Cf. la généalogie que nous avons dressée dans le BCH, XXXVIII, 1914, p. 439.

[13] P. ROUSSEL, Les Athéniens dans les inscriptions de Délos, BCH, XXXII, 1908, p. 333, n° 246.

[14] BCH, XXXII, 1908, p. 333, n° 245.

[15] Pour la date, cf. IG, II2, pars 4, fasc. 1, p. 22.

[16] Sur cet Euklès (V), cf. PA, n° 5726 ; ROUSSEL, l. l., n° 247.

[17] IG, III, 1015. Sur les archontes cités dans cette liste, cf. en dernier lieu notre Chronologie, p. 45, n. 1.

[18] IG, III, 65. C'est ce même Hérode (II) qu'il faut identifier avec le stratège mentionné dans IG, II, 488 = IG, II2, 1051 à et probablement aussi avec le rhéteur athénien du même nom, qui fut le maître du fils de Cicéron, en 44. Sur ce dernier, cf. RE, Suppl. III, p. 1130, n° 7a.

[19] GARDTHAUSEN, Augustus und seine Zeit, I, p. 1135 ; II, p. 746 ; RE, X, p. 426. Cf. nos observations BCH, XXXVIII, 1914, p. 436, n. 4 et Athènes sous Auguste, p. 51.

[20] CIG, 477 ; SCHULTESS, o. l., p. 1 ; MÜNSCHER, RE, VIII, p. 922.

[21] Pour Bœckh, l'ambassade aurait été envoyée à Auguste. Schultess et Münscher, l. l., hésitent entre César et Auguste, sans apporter d'arguments en faveur de l'une ou de l'autre de ces hypothèses.

[22] CAS. DIO, XLII, 14, 1 ; APP., BC, II, 8.

[23] PLUT., Pomp., 42.

[24] Cf. pour ce qui suit, notre Athènes sous Auguste, pp. 13 sqq.

[25] PLUT., Ant., 68 ; Reg. et imper. Apophthegm., p. 207 F.

[26] Cf. notre Chronologie, p. 48, n° 15.

[27] Sur ce marché, cf. en dernier lieu notre Athènes sous Auguste, pp. 184 sqq.

[28] KOLBE, Die attischen Archonten von 293/2- 31/0, Abhandlungen der Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Phil.-hist. Kl., Neue Folge. X, 4, 1908, p. 143 ; KIRCHNER, IG, II2, pars IV, fasc. 1, p. 26 ; ROUSSEL, Délos colonie athénienne, p. 381. Cf. aussi GRAINDOR, BCH, XXXVIII, 1914, pp. 437 sqq. (vers le début de l'Empire ?).

[29] ROUSSEL, BCH, XXXII, 1908, p. 333, n° 247. Pour les dates (archontats d'Euthydomos et le Nikostratos), cf. notre Chronologie, p. 52, n° 18 ; KOLBE, o. l., p. 141 ; KIRCHNER, l. l., p. 25 ; ROUSSEL, Délos, p. 381.

[30] Chronologie, p. 48 n° 15 ; Musée belge, 1924, pp. 109 sqq. ; Athènes sous Auguste, pp. 191 sqq.

[31] Il nous a échappé, comme à tous nos prédécesseurs, que PLUT., Quæst. conviv., VIII, 4, 1 ; IX, 14, 1 et 2, mentionne, parmi ses contemporains, un rhéteur Hérode qui, d'après son nom, l'époque où il vécut, doit peut-être être identifié avec Hérode III (omis dans RE).

[32] IG, III, 647. Euklès, il est vrai, était prêtre d'Apollon Pythien et Patrôos (Fouilles de Delphes, Épigr., III, 2, n° 61-63), tandis que Polycharmos l'était d'Apollon Patrôos. Mais COLIN, Le culte d'Apollon Pythien à Athènes, pp. 8 sq., a montré qu'il s'agit là d'une seule et même prêtrise.

[33] IG, III, 1007.

[34] Δελτίον, 1888, p. 136, n° 1. Cf. notre Chronologie, p. 64, n° 28.

[35] BCH, XXXVIII, 1914, p. 439.

[36] IG, III, 1844 ; PA, 5726. La brève inscription funéraire de cette Simarion (Σιμάριον Εύκλέους Μαραθεννίου θυγάτηρ) ne permet toutefois pas d'affirmer avec une entière certitude qu'elle fut la fille de cet Euklès plutôt que d'un de ses homonymes de la même famille.

[37] CIG, 3187 ; LE BAS-WADDINGTON, p. 700, n° 28 ; WADDINGTON, Fastes proconsulaires de la province d'Asie, p. 133 ; VIDAL-LABLACHE, o. l., p. 27 ; SCHULTESS, o. l., p. 7 et n. 19 ; BRANDIS, RE, II, p. 479 ; MÜNSCHER, l. l., p. 926 ; PIR, I, p. 11, n° 95. Le nom de Néron apparaît à la l. 10 : Νέρωνος Καίσαρος. Il y est aussi question d'un proconsul Aefulanus, par ailleurs inconnu ; BOECKH, SCHULTESS, MÜNSCHER et BOULANGER (Ælius Aristide, p. 99, n. 3), placent le décret sous Hadrien ; VON ROHDEN (RE, I, p. 476) préfère l'époque de Néron, tandis que V. CHAPOT, La province romaine proconsulaire d'Asie (Bibl. de l'École des Hautes Études, 150), p.304 ne se prononce pas. Mais les partisans de l'époque d'Hadrien oublient que le nom de Néron est suivi du titre de Cæsar, qui prouve que l'empereur était encore en vie. (C'est à tort que WADDINGTON, l. l., restitue άρχιερέως Θεάς 'Ρώμης καί Θεοΰ [Νέρωνος Κλαυδίον] restitution qui supposerait que Néron était mort à cette époque. BRANDIS, l. l., a montré que cette restitution était impossible : c'est toujours Auguste qui est associé au culte de la déesse Rome, bien longtemps encore après sa mort, jusqu'au temps de Titus au moins).

[38] AJA, XXIII, 1919, p. 173, n° 16 (CAGNAT, Année épigr., 1919, n° 8, RA, 1919, X, p. 400) : dédicace dont le bénéficiaire a été identifié par nous avec le père d'Hérode Atticus. Cf. nos Marbres et textes, p. 86, n° 2. La tribu d'Hérode est également donné par la dédicace latine publiée dans SIG3, 863, n. 1.

[39] Pour tous ces détails, cf. Cagnat, Cours d'épigraphie latine4, p. 78, n. 1.

[40] RE, II, p. 479.

[41] Pour ces titres et les longs débats auxquels ils ont donné lieu, cf. V. CHAPOT, o. l., pp. 468 sqq. ; Dict. des ant. gr. et rom., IV, pp. 946 sqq. L'édit de Valens, Jahresh. oest. Inst., IX, 1906, p. 62, l. 7 (cf. p. 66), a donné raison à MONCEAUX, De communi Asiæ provinciæ, Thèse, Paris, 1885, p. 58, suivant qui l'άσιάρχης désignait l'άρχιερεύς Άσίας chargé, tous les quatre ans de donner et de présider des jeux qui intéressaient toute la province d'Asie.

[42] PHILOSTR., Vit. soph., I, 21, 2 (p. 72 W.).

[43] PHILOSTR., Vit. soph., I, 8, 2 (p. 24 W.).

[44] Sur ce personnage, cf. GROAG, RE, III, p. 2725, n° 179 ; SCHULTESS, p. 2 et n. 3 ; MÜNSCHER, p. 923 ; SIG3, 853 (SKIAS, Έφ. άρχ., 1894, p. 206 ; FOUCART, Rev. de Phil., 1901, p. 89) ; STEIN, RE, IV, p. 152 ; GRAINDOR, BCH, XXXVIII, 1914, p. 440 i ; RA., 1917, VI, p. 19 ; Marbres et textes, pp. 81, 83. Peut-être est-ce aussi le nom d'Hipparchos qui figure dans le fragment de dédicace que nous avons publié BCH, LI, 1917, p. 276, n° 44.

[45] SIG3, 853.

[46] SIG3, 854.

[47] Cf. SKIAS, l. l. ; SIG3, 853, n. 1 ; FOUCART, Rev. de Phil., 1901, p. 89.

[48] Fouilles de Delphes, Épigr., III, 2, n° 65-66. Remarquons que si la prêtrise d'Apollon était héréditaire dans la famille, il n'en était pas le même du titre d'άρχιερεύς (il faut entendre άρχιερεύς τών Σεβαστών. Cf. notre restitution du texte de Delphes, RA, 1917, VI, p. 18) : en 61 de notre ère, c'est Tib. Claudius Novius qui est άρχιερεύς τοΰ οϊκον τών Σεβαστών (IG, III, 1085).

[49] PHILOSTR., II, I, 3 (p. 140 W.).

[50] O. l., p. 13.

[51] SCHULTESS, p. 2. Cf. aussi ABBOTT et JOHNSON, Municipal administration, in the Roman Empire, Princeton, 1926, p. 412.

[52] MÜNSCHER, p. 923.

[53] GROAG, RE, l. l. Cf. aussi la traduction de WESTERMANN, Philostratorum et Callistrati opera, p. 226 (éd. DIDOT).

[54] Sur ces Euryclides, cf. en dernier lieu AJA, XXX, pp. 389 sqq. ; S. KOUGÉAS, Έλληνικά, Ίστορικόν περιοδικόν δημοσίευμα, I, 1928, fasc. 1 ; E. KORNEMANN, Neue Dokumente zum lakonischen Kaiserkult, Abhandl. der Schles. Gesellsch. f. vaterl. Cultur, Geisteswiss. Reihe, fasc. 1, Breslau, 1929.

[55] PHILOSTR., II, 1, 25 (p. 166 W.). C'est l'opinion de WRIGHT, p. 141 de sa traduction de Philostrate.

[56] SPART., Vit. Hadr., 4, 3 (p. 6, HOHL).

[57] PHILOSTR., Vit. Apol., VIII, 16 (p. 333, KAYSER).

[58] Faute d'avoir utilisé les textes de Delphes, MÜNSCHER, RE, VIII, p. 92, hésite encore entre l'époque de ces deux empereurs. WRIGHT, p. 140 n. 3, faute de connaître nos observations à ce sujet (RA, 1917, VI, p. 19 et Chronologie, p. 101) admet qu'Hipparchos avait déjà été condamné sous Vespasien.

[59] Cf. Fouilles de Delphes, Epigr., III, 2, n° 65, 66. Cf. pour la date notre Chronologie, pp. 93, n° 65 et 100, n° 67.

[60] PHILOSTR., II, 1, 3 (p. 140 W.).

[61] EUSEB., ab Abr. 2109. Cf. RE, VI, p. 2576.

[62] IG, III, 38 = IG, II2, 1100, II, 3, 4, 30.

[63] ROSTOWZEW, Studien zur Geschichte des römischen Kolonales, Leipzig, 1910, p. 386 ; ABBOTT et JOHNSON, Municipal administration, p. 413, n'ont pas connaissance de l'hypothèse de Rostowzew ni de la nôtre. Ils ne proposent pas d'explication nouvelle, croient que les terres d'Hipparchos constituaient un domaine impérial et rapprochent la vente de ces propriétés du cas de Thisbé (SIG3, 884), qui est cependant tout différent.

[64] IG, II2, 1100, l. 5.

[65] Cf. nos observations à ce sujet. Rev. des Études grecques, XXXI, 1918, p. 232, n° 3.

[66] O. HIRSCHFELD, Die kaiserlichen Verwaltungsbeamten bis auf Diokletian2, p. 45, n° 2.

[67] SUET., Vesp., 13. Cf. GROAG, RE, III, p. 2725, n° 179.

[68] On pourrait supposer aussi que les Athéniens avaient accordé à Hipparchos ou à l'un de ses ascendants, un dégrèvement en ce qui concernait la quotité d'huile exigible, en reconnaissance de services rendus à l'état. Mais cette hypothèse doit être rejetée dans ce cas, on ne s'expliquerait pas pourquoi le privilège aurait pu être transmis aux acquéreurs des biens d'Hipparchos.

[69] RÔMAIOS, Άθηνά, 1906, p. 439 : Ίππαρχος Άττικοΰ πατήρ.