HISTOIRE DE LA SECONDE RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

1848 - 1852

TOME PREMIER

 

PAR PIERRE DE LA GORCE

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

PARIS - PLON ET NOURRIT ET Cie - 1914.

 

 

LIVRE PREMIER. — LES BANQUETS RÉFORMISTES

SOMMAIRE

I. — La royauté de Juillet, en 1847, semble assurée d'un long avenir : impuissance des partis républicain, légitimiste, bonapartiste ; dans le Parlement, majorité ministérielle compacte et fidèle. — A l'extérieur, aucune crainte de guerre. — Sagesse du Roi, popularité des princes, prospérité générale.
II. — Le Gouvernement, si fort en apparence, renferme cependant, dans son sein, divers germes de dissolution. — Il ne repose pas sur un principe défini. — Les fondateurs de la royauté de 1830 se sont attachés à l'amoindrir plutôt qu'à la pourvoir des attributs nécessaires. — Symptômes d'anarchie intellectuelle et morale ; cours publics tumultueux ; romans-feuilletons ; publications historiques dangereuses ; goût des spéculations ; faits de corruption ; grands procès et grands crimes. — La nation, lasse de son propre bien-être, est avide de nouveautés.
III. — La question de la réforme électorale et parlementaire fournit aux mécontents le prétexte cherché. — Propositions de M. Duvergier de Hauranne et de M. de Rémusat pendant la session de 1847 : leur rejet par la Chambre. Les députés de la gauche dynastique et ceux de l'extrême gauche s'unissent pour propager dans le pays l'agitation réformiste : réunions chez M. Barrot : on décide d'organiser des banquets à Paris et dans les départements. — Alliance apparente des députés radicaux et des dynastiques, mais divergence réelle de leurs desseins. — Banquet du Château-Rouge (9 juillet 1847) ; banquets dans les départements ; l'opinion publique, d'abord indifférente, s'émeut peu à peu ; intervention de M. Ledru-Rollin ; premières inquiétudes des députés dynastiques : ils ne peuvent ni ne veulent reculer. — Ouverture de la session parlementaire de 1848 : le discours du Trône flétrit les passions ennemies ou aveugles. — Malgré la prospérité générale, l'année 1848 débute assez tristement : vagues inquiétudes parmi les familiers du château ; mort de Madame Adélaïde : tristes pressentiments ; quelques signes de désaffection : discours de M. de Montalembert et de M. de Tocqueville. — Discussion à la Chambre des députés du paragraphe de l'adresse relatif aux banquets réformistes : amendements Darblay, Desmousseaux de Givré, Sallandrouze : intervention de M. de Morny ; déclaration de M. Guizot ; rejet des amendements. — Réunion des députés de l'opposition : on décide de protester par un nouveau banquet contre le vote de la Chambre ; ce banquet fixé au 22 février ; négociations entre le ministère et l'opposition ; compromis proposé et accepté. — Programme de la manifestation rédigé par M. Armand Marrast ; le gouvernement interdit le banquet et prescrit des mesures de défense ; séance parlementaire du 21 février ; inquiétude de M. Barrot : ses déclarations ambiguës ; après de vifs débats, les chefs de l'opposition contremandent eux-mêmes le banquet ; la nouvelle de cette résolution parvient aux Tuileries dans la soirée du 21 : l'ordre public parait assuré pour le lendemain.

 

LIVRE DEUXIÈME. — LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER

SOMMAIRE

I. — Le 22 février. — Au lever du jour, aucun signe d'effervescence populaire. — Vers dix heures, premiers rassemblements sur la place de la Madeleine et sur la place de la Concorde ; les groupes se portent vers le Palais-Bourbon encore désert ; ils sont dispersés, mais se reforment bientôt ; premières escarmouches ; le peuple s'essaye à la sédition. — Séance parlementaire ; le palais législatif est entouré de troupes ; M. Barrot dépose l'acte d'accusation du ministère. — Pendant l'après-midi la sédition grandit ; essais de barricades : l'autorité militaire fait occuper les points stratégiques ; devant ce déploiement de forces, l'émeute se dissimule, mais ne désarme pas, elle se replie dans les quartiers du centre. — État des esprits le 22 février au soir ; dans les régions officielles, quelques Inquiétudes, mais entière confiance du Roi ; dans le parti démocratique, aucun espoir de triomphe prochain.
II. — Le 23 février. — Le 23 février, au matin, l'insurrection, plus menaçante que la veille, se retranche dans les quartiers Saint-Denis et Saint-Martin : cependant, les forces militaires, réunies à Paris, semblent assurer le triomphe de l'ordre. — L'attitude de la garde nationale encourage l'émeute : elle réclame la réforme ; manifestations des 2e, 3e, 4e, 7e, 10e légions ; déplorable effet de ces manifestations. — Inquiétudes du Roi : son entrevue avec M. Duchâtel et M. Guizot ; il provoque leur démission et fait appeler M. Molé. — Séance parlementaire : M. Guizot annonce sa retraite : joie indécente de l'opposition ; vive irritation de la majorité ; anxiétés des députés les plus éclairés. — La nouvelle de la chute de M. Guizot est accueillie avec dédain dans les quartiers populaires et est impuissante à faire cesser complètement les hostilités : au contraire, dans les quartiers riches, l'apaisement se produit : illuminations : manifestations joyeuses. — La catastrophe du boulevard des Capucines détruit les chances de pacification : panique au sein de la foule et dans les rangs de la troupe ; promenade des cadavres ; irritation populaire. — La nouvelle de la catastrophe est portée au château ; M. Molé renonce à former un ministère. — Le Roi confie au maréchal Bugeaud le commandement des troupes ; il fait appeler M. Thiers Son entrevue avec lui, il le charge de former un cabinet.
III. — Le 24 février. — Progrès extraordinaire de l'insurrection pendant la nuit du 23 au 24 ; dispositions militaires formidables prises par le maréchal Bugeaud — Erreur du Roi, qui veut à la fois négocier et combattre. — Démarches de M. Thiers pour former un ministère ; à huit heures du matin, il arrive aux Tuileries avec M. Barrot, accueil du Roi ; le commandement de la garde nationale confié au général Lamoricière. Essais de pacification tentés par M. Odilon Barrot et par Lamoricière, leur échec ; on commence à prononcer le mot d'abdication. — En même temps que les essais de conciliation échouent, l'action militaire est paralysée. Retraite de la colonne du général Bedeau incidents lamentables de cette retraite. — Les insurgés se rapprochent des Tuileries. Le Roi passe la revue des troupes au Carrousel. Cris séditieux d'une portion de la garde nationale. — M. Crémieux au château ; arrivée de M. de Girardin ; il demande avec instance l'abdication ; stupeur et effarement parmi les amis de la royauté ; résistance héroïque d'une compagnie du 14e de ligne sur la place du Palais-Royal ; aucun effort n'est tenté pour la dégager et pour briser le cercle de l'insurrection ; arrivée du maréchal Gérard ; le Roi rédige l'acte d'abdication. — L'émeute se rapproche ; la fuite est décidée ; le Roi et la Reine quittent le palais et traversent le jardin des Tuileries ; attente pleine d'anxiété sur la place de la Concorde ; départ pour Saint-Cloud.
IV. — La Régence. — La duchesse d'Orléans, régente ; elle est restée aux Tuileries, ainsi que le duc de Nemours. M. Dupin survient : sur son conseil, elle se rend à la Chambre des députés. — Pendant ce temps, réunion aux bureaux du National ; délégués du parti démocratique envoyés au Palais-Bourbon ; leur entrevue avec M. de Lamartine. — République et Régence devant la Chambre des députés. — La séance de la Chambre s'ouvre à une heure : arrivée de la duchesse d'Orléans ; discours de MM. Dupin, Marie, Crémieux ; intervention de M. Barrot ; âpres paroles de M. de La Rochejaquelein. — Une première bande populaire envahit la salle ; discours de Ledru-Rollin ; Lamartine monte à la tribune ; attente et émotion générales ; il conclut à la formation d'un gouvernement provisoire ; nouvelle invasion de la Chambre ; scènes de désordre ; le président lève la séance ; la duchesse d'Orléans et le duc de Nemours quittent l'Assemblée. — Quelques députés de l'opposition restés seuls dans la salle imaginent de créer un gouvernement provisoire. — Listes préparées d'avance et acclamées par les émeutiers ; les membres du nouveau gouvernement partent pour l'Hôtel de ville.

 

LIVRE TROISIÈME. — LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE

SOMMAIRE

I. — Du Palais-Bourbon à l'Hôtel de ville : acclamations et murmures ; les membres du Gouvernement, fendant avec peine la foule, parviennent à s'introduire dans le Palais ; leurs premières délibérations ; constitution du ministère, nomination aux grandes charges publiques ; rédaction d'une proclamation. Tumulte populaire à la salle Saint-Jean, apaisé par Lamartine. Arrivée de Louis Blanc, Marrast, Flocon, élus, ainsi qu'Albert, membres du Gouvernement provisoire, dans un conciliabule tenu aux bureaux de la Reforme ; discussion orageuse ; intervention de M. Garnier-Pagès : conciliation. Les nouveaux membres du Gouvernement ; Dupont de l'Eure, Arago, Marie, Crémieux, Garnier-Pagès, Marrast, représentent la République bourgeoise ; Ledru-Rollin et Flocon, la République jacobine ; Louis Blanc et Albert, la République sociale : Lamartine sert de trait d'union entre eux tous.
II. — Impuissance du parti monarchique ; le Roi à Dreux ; il cherche à gagner l'Angleterre ; fuite de la duchesse d'Orléans. Découragement et désorganisation de l'armée. — Le Gouvernement provisoire est menacé par ses propres complices : nuit du 24 au 25 février : aspect de Paris le 25 février ; barricades ; groupes tumultueux ; dévastations aux environs de la capitale ; attitude ambiguë du préfet de police. — Le Gouvernement hésite entre la résistance et les concessions : création de la garde mobile : proclamation â l'armée ; le droit au travail reconnu. — Dans l'après-midi les rassemblements populaires se portent vers l'Hôtel de ville : le drapeau rouge apparaît courageuse éloquence de M. de Lamartine ; les manifestants se retirent ; les amis de l'ordre reprennent courage ; décret abolissant la peine de mort en matière politique. — A de sages mesures succèdent des mesures funestes ; création des Ateliers nationaux (26 février) ; influence grandissante de M. Louis Blanc ; organisation de la Commission des travailleurs (28 février).
III. — Le Gouvernement provisoire, malgré ses fautes, ne rencontre à ses débuts aucune opposition. — Adhésion des chefs militaires et des fonctionnaires civils ; noble attitude du duc d'Aulnaie et du prince de Joinville. — Le parti religieux, ses déclarations. — Le parti légitimiste. — Les amis de la royauté de Juillet. — Dans les niasses, bonne volonté générale. — A l'extérieur, paix presque assurée ; circulaire et manifeste de Lamartine. — Étrange aspect de la capitale ; clubs, journaux, affiches, députations envoyées à l'Hôtel de ville, manifestations de toute sorte. — Généreuses illusions des premiers jours.
IV. — Cette trêve des parti dura peu. — Les Républicains de la veille craignent les élections plutôt qu'ils ne les souhaitent ; ils songent à les ajourner, ou au moins à les influencer : ils trouvent dans M. Ledru-Rollin un organe de leurs vœux. — Circulaire de M. Ledru-Rollin aux commissaires (12 mars) ; étrangeté de cette circulaire : son effet sur l'opinion. — Forces du parti radical. Préfecture de police ; rôle de Caussidière ; le Gouvernement, ne pouvant le destituer, se résigne à le subir ; Commission des travailleurs : premières déceptions de 31. Louis Blanc ; ne pouvant réaliser son programme, il tourne vers la politique l'activité des ouvriers ; clubs ; Barbès, Blanqui, Vilain, Raspail, Cabet ; le Bulletin de la République : ses attaches officielles ; article en faveur de l'ajournement des élections. — La majorité du Gouvernement provisoire ne cède pas à ce courant ; influence de Lamartine : ses déclarations. — Deux partis en présence ; indices d'une prochaine manifestation.
V. — Arrêté du ministre de l'intérieur licenciant les compagnies d'élite de la garde nationale ; mécontentement de ces compagnies ; elles organisent une démonstration ; cris hostiles à Ledru-Rollin (16 mars). — Cette démonstration devient le prétexte d'une manifestation contraire ; nuit du 16 au 17 mars, agitation dans les clubs, à la préfecture de police, parmi les délégués du Luxembourg ; inquiétudes de Lamartine et de ses collègues. — Le 17 mars, immense rassemblement sur la place de la Concorde ; on se dirige vers l'Hôtel de ville : arrivée sur la place : moment d'anxiété ; délégués introduits. — Lecture d'une pétition demandant l'éloignement des troupes et l'ajournement des élections ; influence modératrice de Cabet ; irritation des partisans de Blanqui ; allocutions de Louis Blanc, de Ledru-Rollin, de Lamartine — Les membres du Gouvernement se montrent au peuple ; discours de Louis Blanc ; la manifestation se disperse. — Satisfaction affectée de Lamartine et de ses amis ; ces témoignages de satisfaction ne trompent personne ; inquiétudes des hommes d'ordre.
VI. — État général du pays ; causes d'embarras de toute sorte. — Finances. Pendant les dernières années du régime de Juillet, l'avenir avait été engagé dans la prévision d'une longue paix ; contrecoup terrible de la révolution de Février ; M. Goudchaux est nommé ministre des finances ; son découragement ; Garnier-Pagès lui succède. — Encaisse du Trésor : toutes les sources de revenue sont taries, charges énormes ; le crédit privé n'est pas moins atteint que celui de l'État : baisse des valeurs Je Bourse ; fermeture des usines ; détresse du commerce, panique parmi les propriétaires et les rentiers. — Le Gouvernement essaye d'abord de voiler le péril ; naïveté ou impudence de ses affirmations. — Les donneurs de conseils affluent. — Mesures prises par le Gouvernement ; création de Comptoirs d'escompte et des Magasins généraux ; décrets relatifs aux dépôts des caisses d'épargne et aux bons du Trésor ; cours forcé des billets de la Banque de France. — Impôt des 45 centimes.
VII. — État général du pays (suite). — A la détresse financière se joignent les inquiétudes causées par l'état de la capitale. — Manifestations quotidiennes ; plantations des arbres de la liberté ; menaces contre les propriétaires ; irritation des ouvriers ; démonstrations contre les bureaux de certains journaux (29 mars) ; affiches excitant aux troubles ; sédition aux Invalides.
VIII. — État général du pays (suite). — Les départements ne sont pas moins agités que la capitale. — Attaques contre les personnes et les propriétés. Insuffisance des commissaires nommés par Ledru-Rollin ; véritable anarchie administrative. — Limoges : Société populaire ; ses prétentions ; on craint que les élections ne soient le signal de troubles sanglants. — Rouen : irritation des ouvriers ; mécontentement des patrons ; les ateliers nationaux fournissent un personnel pour les manifestations ; les armes manquent ; les ouvriers s'adressent au ministre de l'intérieur pour avoir des fusils ; lettre de Ledru-Rollin. — Lyon : émotion produite dans cette ville par la révolution de Février : dévastations, incendies, destructions de machines. — Arrivée de M. Emmanuel Arago ; il se flatte de calmer le peuple par ses concessions ; étranges décrets. — Anarchie : pillage de convois d'armes ; enlèvements de munitions dans les forts ; tentatives d'embauchage dans la garnison ; le sous-officier Gigoux ; la foule se porte au pénitencier militaire ; le fort Lamothe ; domination des Voraces.
IX. — État général du pays (suite). — Menées des réfugiés étrangers. — Députations envoyées à l'Hôtel de ville ; Belges ; Hongrois ; Irlandais ; Italiens ; Polonais ; langage pacifique de Lamartine. — Sur ces entrefaites, révolution à Milan ; à Venise ; insurrections à Vienne, à Berlin, à Munich. — Ces événements inattendus exaltent encore les espérances des réfugiés. — Des bandes de Savoisiens pénètrent dans Chambéry ; un corps de démocrates allemands franchit le Rhin ; misérable échec de ces tentatives. — Les réfugiés belges songent à envahir leur pays et à en changer la Constitution ; leurs conciliabules ; complicité de Caussidière et de Ledru-Rollin. Départ de l'expédition en deux colonnes ; désarmement de la première colonne à Quiévrain ; la seconde colonne cantonnée à Seclin ; étrange attitude de Delescluze ; invasion du territoire belge ; combat de Risquons-Tout.
X. — La désorganisation générale favorise les desseins du parti démagogique ; la manifestation du 17 mars ayant échoué, on songe à en préparer une nouvelle ; le parti du désordre ; clubs ; commission du Luxembourg ; Caussidière et Sobrier. — Le Gouvernement provisoire se dispose à la résistance ; mesures prises par Lamartine, Armand Marrast, Marie ; incertitude sur les dispositions de Ledru-Rollin. — Prétexte de la manifestation ; le peuple est convoqué pour le 16 avril au Champ de Mars, afin de se rendre, de là, à l'Hôtel de ville. — Conseil de Gouvernement ; Louis Blanc annonce la manifestation ; Bulletin de la République. — Nuit du 15 au 16 avril ; résolutions concertées par Lamartine et ses collègues ; derniers préparatifs des manifestants ; Ledru-Rollin se rallie au parti de l'ordre et se rend chez Lamartine. — Réunion ait Champ de Mars ; aspect des rassemblements. — Ordre de battre le rappel donné par Lamartine et par Ledru-Rollin. — Le général Changarnier à l'Hôtel de ville : ses dispositions militaires. — Moment d'attente anxieuse. — Arrivée de la garde nationale qui cerne et coupe la manifestation. — Colère de Louis Blanc et de ses amis ; irritation entre les communistes. — Après la manifestation du 16 avril, singulière attitude de Lamartine et de ses collègues ; gages donnés à la démagogie. — Fête de la Fraternité (20 avril). — On touche à l'époque des élections.

 

LIVRE QUATRIÈME. — LES ÉLECTIONS A L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE

SOMMAIRE

I. — Établissement du suffrage universel. — Élections fixées au 23 avril. — Sentiment des masses ; comment, après avoir accueilli avec faveur le nouveau régime, elles s'en étaient détachées. — Efforts du parti radical pour surprendre ou ajourner le vote ; échec de ces tentatives. — On cherche dans la candidature officielle une dernière chance de succès. — Candidature officielle dans les départements : pression exercée à Paris sur le corps électoral : agissements de Louis Blanc, d'Armand Marrast, de Ledru-Rollin. — Ces manœuvres se perdent dans l'agitation générale. — Tableau de la période électorale ; les candidats démocrates ; les candidats conservateurs.
II. — Journée du 23 avril ; résultat des élections ; élections de la plupart des anciens parlementaires. — Succès éclatant de Lamartine ; tout annonce que la majorité sera républicaine, mais animée de sentiments modérés. — Colères dans le parti radical. — Sédition à Limoges : violation du scrutin. Émeute à Rouen : répression sanglante.
III. — Ouverture des travaux de l'Assemblée (4 mai) ; les membres du Gouvernement provisoire se rendent au Palais-Bourbon ; physionomie de la salle des séances. — Discours de Dupont de l'Eure. — Acclamation de la République ; vérification des pouvoirs ; élection du bureau : M. Buchez, nommé président. — Rapport de Lamartine ; comment il idéalise la République du 24 février ; rapports de chacun des ministres ; leur empressement à se glorifier ; l'Assemblée décide que le Gouvernement provisoire a bien mérité de la patrie.
IV. — Nécessité de nommer un pouvoir exécutif qui fonctionnera jusqu'au vote de la Constitution ; deux combinaisons : l'une créant un président du conseil et des ministres nommés par l'Assemblée ; l'autre établissant une Commission exécutive investie d'un pouvoir propre ; Lamartine, contre toute attente, se rallie à la seconde combinaison. — Proposition Dornès : elle est repoussée par la Commission ; sur l'intervention de Lamartine, elle est adoptée par l'Assemblée. — Nomination de la Commission exécutive : Arago, Garnier-Pagès, Marie, Lamartine, Ledru-Rollin ; dangereuse victoire de Lamartine ; formation du ministère. La Commission exécutive n'est que le Gouvernement provisoire continué.

 

LIVRE CINQUIÈME. — L'ATTENTAT DU 15 MAI

SOMMAIRE

I. — Irritation du parti démagogique contre l'Assemblée ; on songe à la détruire ou à l'asservir. On cherche une occasion de troubles ; question de l'organisation du travail ; question polonaise. — Conciliabules chez Sobrier et à la salle Dourlans ; on décide une manifestation dont la Pologne sera le prétexte ; date du 15 mai adoptée ; dispositions des chefs de clubs et forces de l'émeute ; le 13 ruai : — Mesures de défense arrêtées par le président de l'Assemblée et par la Commission exécutive ; commandement supérieur confié au général de Courtais ; le général de Courtais à l'état-major ; ses instructions, leur défaut de précision ; trompeuse sécurité.
II. — Organisation de la manifestation ; elle part de la place de la Bastille ; le cortège suit la ligne des boulevards : les dispositions hostiles s'accentuent ; des rapports inquiétants parviennent à la Commission exécutive : elle compte sur le général de Courtais. — Insuffisance du général ; incertitude de ses ordres ; son immobilité à l'état-major ; il est surpris par la manifestation ; il se porte au-devant d'elle pour l'arrêter ; insuccès de sa tentative ; par suite de quel malentendu la première légion est restée à la mairie ; faibles forces qui lardent le pont de la Concorde ; incroyable attitude de M. de Courtais ; il fait dégager la chaussée du pont, désarme la résistance, fait ouvrir les grilles ; le palais est envahi.
III. — Séance parlementaire ; interpellations sur la Pologne. Discours de M. Wolowski ; tumulte au dehors ; cri d'alarme de M. Degousée ; les émeutiers dans la salle des séances ; intervention de Louis Blanc ; Raspail lit la pétition, Barbès ; Blanqui ; tumulte croissant ; menaces contre plusieurs représentants ; en entend le bruit du rappel, indescriptible désordre ; proposition de Barbès ; Huber déclare l'Assemblée dissoute ; le président Buchez sort de la salle ; les représentants se dispersent ; leur consternation ; aspect de la salle de l'Assemblée après le départ des représentants ; Barbès et Albert partent pour l'Hôtel de ville. — Arrivée de la garde mobile et de la garde nationale ; la séance est reprise.
IV. — Lamartine et Ledru-Rollin partent pour l'Hôtel de ville ; de quelle façon étrange Barbès, Albert et leurs amis s'y étaient installés ; quels décrets ils avaient rendus. — Leur arrestation. — Arrestation ou fuite de tous les fauteurs de la sédition.
V. — Soirée du 15 mai ; physionomie de l'Assemblée ; mesures de fermeté impérieusement réclamées par les représentants ; colère contre Louis Blanc. La Commission exécutive se décide à quelques actes d'énergie ; destitutions ; Caussidière mandé au Petit-Luxembourg ; singularité de son attitude ; sa proclamation ; son discours le 16 mai à l'Assemblée ; sa retraite. — Caractère de la journée du 15 mai. — Ses conséquences.

 

LIVRE SIXIÈME. — LES ATELIERS NATIONAUX

SOMMAIRE

I. — Époque qui précède l'insurrection de Juin ; faiblesse de l'autorité ; anxiétés de tonte sorte ; signes d'une prochaine guerre civile.
II — Les ateliers nationaux, sujet dominant de préoccupation pour le gouvernement et l'Assemblée ; coup d'œil rétrospectif ; création des ateliers nationaux ; premier embarras ; plan de M. Émile Thomas ; réglementation minutieuse ; impuissance des règlements ; nombre croissant des inscriptions ; impossibilité d'employer les bras inoccupés ; dépenses ruineuses. — Cependant l'opinion publique est d'abord peu effrayée ; mais bientôt le péril apparait ; immense armée qu'il faut dissoudre ou désagréger. — Mesures proposées par l'Assemblée nationale ; elles sont renvoyées au comité du travail. — Mesures imaginées par la Commission exécutive ; elle s'efforce de se montrer ferme ; sa maladresse : arrestation de M. Émile Thomas.
III. — En dehors de la question des ateliers nationaux, la situation de la Commission exécutive devient de plus en plus difficile ; méfiance de l'Assemblée ; indifférence dédaigneuse de la bourgeoisie ; irritation du peuple ; quelques désordres dans les provinces ; vains efforts du pouvoir pour reconquérir un peu de prestige ; fête de la Fraternité ; décret de bannissement des princes de la maison d'Orléans. — Évolution d'une portion du parti républicain ; langage de MM. Marrast, J. Favre, Sénard ; le général Cavaignac. — On cherche un prétexte d'attaque contre la Commission ; demande de poursuites contre Louis Blanc ; but réel de cette demande ; artificieux rapport de Jules Favre ; les débats parlementaires affaiblissent les charges accumulées contre Louis Blanc. — Rejet de la demande de poursuites. — Le vote met en pleine lumière l'anarchie qui règne dans le gouvernement.
IV. — Au milieu de cette anarchie surgit Louis-Napoléon Bonaparte ; Louis Bonaparte ; son enfance ; comment il devient un prétendant ; indifférence de l'Europe ; indifférence presque aussi grande en France ; tentatives de Strasbourg et de Boulogne ; captivité de Ham ; comment cette captivité sert la cause du prince ; évasion ; révolution de Février ; le gouvernement croit les héritiers de Napoléon peu à craindre ; sa tolérance vis-à-vis d'eux. — Sur ces entrefaites, élections du 4 juin : Louis Bonaparte élu dans quatre départements. Propagande bonapartiste très active. — Revirement dans les dispositions de la Commission ; elle se décide à voir le péril et à appliquer au prince les lois de proscription ; l'Assemblée, dans la séance du 12 juin, parait approuver cette résolution, puis, le lendemain, change de sentiments et prononce l'admission de Louis Bonaparte comme représentant. — Quelle était pendant ce temps l'attitude du prétendant ; ses lettres : leur habileté ; lettre hautaine du 14 juin ; émotion dans l'Assemblée, le prince donne sa démission ; l'Assemblée passe à l'ordre du jour.
V. — La question des ateliers nationaux de plus en plus redoutable. M. de Falloux ; son langage ferme et vraiment politique ; les mesures qu'il propose ; en quoi elles diffèrent de celles imaginées par le gouvernement ; elles demeurent inexécutées, incapacité du ministre des travaux publics, M. Trélat. État des ateliers nationaux ; esprit qui les anime. Nouvelle demande de crédits ; M. de Falloux et M. Trélat. — Le problème des ateliers nationaux absorbe toutes les pensées ; M. Pierre Leroux ; M. Goudchaux ; l'Assemblée anxieuse demande à tous un moyen de salut. — Dénouement imminent. Il faut en finir. M. de Falloux n'est pas responsable de la crise ; décret du 21 juin ; irritation des ouvriers ; journée du 22 juin ; entrevue des délégués des ateliers nationaux avec M. Marie ; agitation croissante ; excitations des journaux ; réunion le soir sur la place du Panthéon ; rendez-vous pris pour le lendemain.

 

LIVRE SEPTIÈME. — L'INSURRECTION DE JUIN

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I. — Le 23 juin. — Rassemblements sur la place du Panthéon. Premiers avis donnés ans membres de la Commission exécutive ; sécurité qui fait bientôt place à l'inquiétude. — Incroyables progrès de l'insurrection de huit à dix heures dit matin ; vaste demi-cercle où les émeutiers dominent en maitres. — Mesures prises par la Commission exécutive ; commandement de toutes les forces militaires confié au général Cavaignac, état numérique des troupes ; plan du général ; objections ; ce plan est adopté. — Quartier général au palais de l'Assemblée. — Troupes divisées en trois corps : corps du général Lamoricière, destiné à opérer sur les boulevards ; corps du général Bedeau, ayant son centre à l'Hôtel de ville ; corps du général Damesme, appelé à couvrir la rive gauche. — Malgré les ressources dont il dispose, le général Cavaignac est inquiet ; son inexpérience des guerres de rues ; attitude douteuse ou hostile de la garde nationale dans les quartiers populaires ; incertitudes sur les dispositions de la garde mobile. — Vers midi, premier combat à la porte Saint-Denis. A partir de ce moment, la bataille devient générale. — Quartier du Panthéon ; dispositions des habitants de ce quartier ; reconnaissance tentée par M. Buchère ; tentative de conciliation essayée par M. Arago ; échec de cette tentative ; prise. des barricades de la Sorbonne, de la place Cambrai, de la rue des Mathurins. Quartier de l'Hôtel de ville ; le général Bedeau ; forces importantes dont il dispose ; ces forces sont cependant insuffisantes ; barricades formidables à l'entrée du pont Saint-Michel, au bas de la rue de la Harpe, à l'entrée du Petit-Pont ; combats acharnés ; le général Bedeau blessé. — Quartier des boulevards ; le général Lamoricière ; étendue du champ de bataille ; esprit des faubourgs ; la Villette, la Chapelle, Belleville ; la première, la deuxième, la troisième légion ; leur zèle pour l'ordre. Série de combats sanglants et non décisifs ; demande de renforts. — Cavaignac, qui était à l'Assemblée, se porte de sa personne dans le faubourg du Temple ; attaque de la barricade de la rue Saint-Maur ; vers neuf heures, Cavaignac revient au Palais-Bourbon. — Dispositions de l'Assemblée ; trompeuse sécurité suivie d'extrêmes appréhensions. — Commission exécutive, Ledru-Rollin reste seul avec Marie au palais de la présidence de l'Assemblée pendant l'absence de Cavaignac ; ses anxiétés ; demande d'ordres et de renforts ; mesures ordonnées par lui. — Vers dix heures, Cavaignac quitte de nouveau le palais de la présidence ; sa visite au général Bedeau blessé, qu'il remplace par le général Duvivier ; son entrevue avec Damesme ; à minuit, il revient au quartier général.
II. — Le 24 juin. — Nuit du 23 au 2 juin ; dans les quartiers insurgés, menées des émeutiers pour recruter des partisans. — Dans les quartiers dévoués à l'ordre, vives inquiétudes ; Assemblée ; les députés demeurés en grand nombre au Palais-Bourbon ; leurs entretiens ; craintes et espérances ; un sentiment domine, c'est celui de l'insuffisance de la Commission exécutive ; quelles démarches ont déjà été faites en vue de la remplacer. — A la pointe du jour, les hostilités reprennent ; position menaçante des insurgés, surtout du côté de l'Hôtel de ville ; prise des huitième et neuvième mairies. — A huit heures, reprise de la séance parlementaire, discours de M. Sénard ; vote de l'état de siège ; tous les pouvoirs concentrés entre les mains du général Cavaignac ; démission de la Commission exécutive. — Proclamation du nouveau chef du pouvoir exécutif à la garde nationale, à l'armée, aux insurgés. — Combats au faubourg Poissonnière, au clos Saint-Lazare, au faubourg du Temple. — Combats dans le quartier de l'Hôtel de ville. — Rive gauche ; succès du général Damesme ; combats de la place Maubert ; reprise du Panthéon par les troupes ; barricades de la rue de la Vieille-Estrapade : Damesme blessé ; il est remplacé par le général Bréa. — Situation générale à la fin de la seconde journée de lutte. — Les gardes nationales des départements commencent à arriver.
III. — Le 25 juin. — Au nord de la ville, combats barrière Rochechouart, prise du clos Saint-Lazare ; la commune de la Chapelle retombe au pouvoir du parti de l'ordre ; suite de la lutte au faubourg du Temple. — Quartier de l'Hôtel de ville ; préparatifs d'attaque du faubourg Saint-Antoine ; difficultés de cette attaque ; état du faubourg ; deux colonnes formées : colonne du général Regnault, succès chèrement achetés et mort du général ; colonne du général Duvivier ; Duvivier blessé ; marche offensive le long des quais : combats sanglants. Les deux colonnes se réunissent place de la Bastille ; quel aspect formidable présente l'entrée du faubourg Saint-Antoine ; mort du général Négrier, du représentant Charbonne'. — Emotion que ces nouvelles causent à l'Assemblée. Rive gauche ; succès du général de Bréa ; il se flatte d'achever sans effusion de sang la pacification du quartier ; il se rend successivement à la barrière Saint-Jacques, à la barrière d'Enfer, à la barrière de la Santé ; arrivée à la barrière de Fontainebleau ; dispositions hostiles ; malgré les avis contraires, le général de Bréa franchit la barrière ; cris de mort ; le général et ses compagnons conduits à l'estaminet du Grand-Salon, puis au Grand-Poste ; violences et insultes ; assassinat de M. de Bréa et du capitaine Mangin ; les troupes franchissent la barrière ; jactance des assassins. — Mgr Affre : son caractère ; son projet d'offrir sa médiation aux deux parties ; il se rend d'abord au palais de l'Assemblée ; son entretien avec Cavaignac ; départ du prélat pour les quartiers insurgés ; arrivée sur la place de la Bastille ; sorte de trêve tacite ; l'archevêque est mortellement blessé.
IV. — Le 26 juin. — État du faubourg Saint-Antoine dans la soirée du 25 juin ; nouvelles décourageantes pour l'insurrection ; premiers pourparlers. Nouvelles négociations pendant la nuit du 25 au 26 ; les représentants Druet-Desvaux, Larabit, Galy-Cazalat ; démarche des délégués du faubourg auprès de Cavaignac et de M. Sénard : on ne parvient pas à s'entendre ; trêve prolongée jusqu'à dix heures ; sentiments contradictoires parmi les insurgés ; les troupes sur la place de la Bastille. — Attaque du faubourg : les barricades ne sont pas défendues ; la troupe arrive jusqu'à la place du Trône. — Lamoricière ; combat rue Saint-Sébastien. — Dernières barricades à la Villette. — L'insurrection est vaincue ; joie qui éclate à l'Assemblée ; proclamations de Cavaignac ; Mgr Affre ramené à l'archevêché ; ses derniers moments.
V. — Véritable caractère de l'insurrection de Juin. — Quelles furent de part et d'autre les forces engagées ; nombre des morts et des blessés. — Nombre considérable des prisonniers ; collision sanglante ; décret de transportation. Attitude patriotique et courageuse de la garde nationale, de la garde mobile, de l'armée, des représentants. — Cavaignac dépose ses pouvoirs : l'Assemblée les lui continue.
VI. — Pendant l'insurrection parisienne, les départements sont tranquilles : Marseille seule fait exception. — Situation de Marseille : arrivée des volontaires parisiens ; agitation. — L'émeute éclate le 22 juin et devient bientôt générale. — Attitude de l'autorité. — La place Jauguin ; plusieurs attaques infructueuses. — La place Castellane ; attaque commandée, puis différée. — Le 23, l'ordre est rétabli à Marseille.

 

LIVRE HUITIÈME. — LA RÉACTION

SOMMAIRE

I. — Aspect de la capitale au lendemain de l'insurrection ; sentiment de la bourgeoisie parisienne ; frayeurs ; dénonciations ; bruits de complots ; sollicitude pour les blessés ; pieux empressement à honorer les morts. — Un sentiment domine tous les autres, c'est le désir d'une réaction énergique ; déchainement contre les socialistes et les communistes de toute nuance ; le Gouvernement et l'Assemblée sont disposés à obéir à ce vœu.
II. — Le général Cavaignac ; composition du ministère ; attitude de la droites M. Carnot remplacé par M. Vaulabelle. — Mesures d'ordre général. — Mesures économiques ; le pouvoir exécutif supprime les ateliers nationaux ; divers décrets rendus pour aider la classe ouvrière. — Décrets relatifs à la presse et aux clubs ; état de siège ; importance que Cavaignac y attache. — Mesures financières ; les bons du Trésor ; les dépôts des caisses d'épargne ; les membres de la droite dans le comité des finances ; comment ils favorisent le retour aux saines traditions ; M. Thiers ; proposition Proudhon ; M. Goudchaux et l'impôt sur les créances hypothécaires : réforme postale.
III. — Commission d'enquête ; caractère étrange et extraordinaire de ses investigations ; présomptions qui s'élèvent contre Louis Blanc et Caussidière ; entrevue des membres de la commission avec M. Corne, procureur général. — Rapport de M. Quentin-Bauchart ; effet produit ; M. Ledru-Rollin ; impression des pièces à l'appui du rapport. — Discussion du rapport de la commission d'enquête (25 août) ; Ledru-Rollin, Louis Blanc, Caussidière ; demande d'autorisation de poursuites contre Louis Blanc et Caussidière ; poursuites votées ; fuite de ces deux représentants.
IV. — Situation du général Cavaignac ; deux tendances contraires le sollicitent ; politique d'équilibre ; influence des hommes du National ; longanimité de la droite ; incidents divers ; commencement de désunion entre Cavaignac et les conservateurs.

 

LIVRE NEUVIÈME. — LA CONSTITUTION

SOMMAIRE

I. — Nomination de la commission de constitution : ses membres. — Proposition de M. Barrot ; elle n'est pas accueillie. — Le projet est rédigé et est soumis à l'examen des délégués des bureaux. — Exposé général ; déclaration des droits ; pouvoir législatif ; pouvoir exécutif ; pouvoir judiciaire ; révision. — La discussion publique s'ouvre ; incident relatif à l'état de siège ; trois points surtout soulèvent un solennel débat : droit au travail ; organisation du pouvoir législatif ; mode d'élection du président.
II. — Droit au travail ; ses défenseurs ; M. Mathieu de la Drôme ; le représentant Peltier ; M. Crémieux ; M. Ledru-Rollin ; M. de Lamartine ; M. Billault. — Mémorable discours de M. Thiers. — Le droit au travail repoussé. — Déclaration du gouvernement en faveur de l'impôt proportionnel.
III. — Organisation du pouvoir législatif. Y aura-t-il deux Chambres ? Discours de M. Duvergier de Hauranne et de M. Barrot ; l'Assemblée décide qu'il n'y aura qu'une seule Chambre. — Arrière-pensée d'un grand nombre de représentants ; plusieurs se flattent de trouver, soit dans le Conseil d'État, soit dans la nécessité des trois lectures, une influence modératrice. — Véritable explication du vote.
IV. — Élection du président de la République. — Au sein de la commission, l'élection par le suffrage universel est admise presque sans contradiction. Scrutin du 17 septembre ; nouveau triomphe de Louis Bonaparte. — Réaction contre le système de l'élection directe. — Amendement Grévy. — Amendement Leblond ; discours de M. de Parieu. — Lamartine se fait le champion de l'élection directe. — Adoption du projet de la commission. — Craintes tardives de l'Assemblée ; efforts pour limiter le pouvoir présidentiel ; vanité de ces efforts.
V. — Vote sur l'ensemble de la Constitution. — Fête du 12 novembre ; impression générale. — L'élection présidentielle fixée au 10 décembre.

 

LIVRE DIXIÈME. — L'ÉLECTION À LA PRÉSIDENCE

SOMMAIRE

I. — Personnages divers qui pouvaient briguer la présidence : M. Molé, M. Thiers, M. de Lamartine, le maréchal Bugeaud, le général Changarnier. — Comment ces diverses candidatures furent désavouées ou abandonnées ; sauf Ledru-Rollin et Raspail, soutenus par les démagogues et les socialistes, deux candidats demeurent seuls en présence : Cavaignac et Louis Bonaparte.
II. — Cavaignac : sa conduite vacillante le discrédite ; incidents divers ; banquets du 22 septembre à Toulouse et à Bourges ; M. Ledru-Rollin ; débats relatifs à l'état de siège ; MM. Dufaure, Freslon, Vivien entrent au ministère ; comment cette concession au parti de l'ordre est bientôt paralysée par des nomination, contraires. — Efforts en faveur de la candidature du général ; M. Dufaure, sa circulaire aux préfets et sa lettre à M. Odier ; manifeste du général ; ses démarches ; insuccès de cette propagande.
III. — Louis Bonaparte : son apparente réserve ; activité réelle de son parti ; avantages du prince sur son concurrent ; propagande active ; promesses ; attaques ou railleries contre Cavaignac ; M. de Girardin et le journal la Presse. — Attitude des anciens chefs parlementaires ; leur hésitation ; le langage plus rassurant de Louis Bonaparte les amène à le patronner. — Force immense que le prince puise dans son nom.
IV. — Publication du Fragment d'histoire ; nature de l'accusation qu'il renferme ; Cavaignac provoque un débat public à l'Assemblée ; ce débat fixé au 25 novembre ; séance parlementaire mémorable ; justification de la conduite de Cavaignac pendant l'insurrection de Juin ; approbation presque unanime de la représentation nationale.
V. — La séance du 25 novembre produisit plus d'effet dans le Parlement que dans le pays. — Manifeste du prince ; promesses prodiguées à tous les partis —Sur ces entrefaites, révolution à Rome ; assassinat (le Rossi ; dangers du Saint-Père ; mission confiée à M. de Corcelles ; troupes réunies à Toulon et prèles à être embarquées ; Pie IX se réfugie, non en France, mais à Gaëte ; les adversaires du général raillent ses offres d'hospitalité devenues inutiles. — Affaire des récompenses nationales ; elle devient un texte d'accusations nouvelles contre Cavaignac.
VI. — Élections du 10 décembre ; résultat du scrutin ; la popularité de Cavaignac usée en quelques mois comme celle de Lamartine. — Services rendus par le chef du pouvoir exécutif. — Cavaignac dépose ses pouvoirs ; discours de Louis Bonaparte ; il s'installe à l'Élysée.