HISTOIRE DE VERCINGÉTORIX

Roi des Arvernes

 

CHAPITRE XIII.

 

An de R. 700. — Av. J.-C. 52.

On a reproché à Vercingétorix de s’être renfermé dans Alésia lorsqu’il avait encore une armée si considérable et que la Gaule pouvait lui fournir de nombreuses recrues. Ce reproche, au premier coup d’œil, ne semble pas dépourvu de fondement ; mais, si l’on considère que les troupes gauloises étaient profondément découragées depuis la défaite de leur cavalerie, il est douteux que devant un ennemi tel que César, qui les aurait poursuivies à outrance, leur retraite n’eût pas dégénéré en une complète déroute. Les mouvements rétrogrades, en présence d’un général victorieux et rempli d’audace comme César, sont les opérations les plus délicates de la guerre ; et, pour les exécuter heureusement, il faut avoir sous ses ordres une armée disciplinée et manœuvrière, qualités dont les soldats gaulois, outre leurs autres désavantages, étaient dépourvus. La cavalerie de César, ayant acquis la supériorité sur celle de Vercingétorix, l’aurait harcelé, retardé dans sa marche ; les légions romaines seraient accourues ; une bataille devenant alors inévitable, Vercingétorix l’aurait infailliblement perdue, parce qu’il ne commandait qu’à des milices levées, à la hâte et sans choix, dans les campagnes. Les légions romaines, au contraire, n’étaient composées que de vétérans, la onzième exceptée, qui ne comptait néanmoins dans ses rangs que des soldats ayant tous huit années de service. La résolution, adoptée par Vercingétorix, d’occuper Alésia et de traîner la guerre en longueur, pour donner à la Gaule le temps de voler tout entière aux armes et d’écraser l’armée romaine sous le poids de trois cent mille combattants, .quoiqu’elle n’ait pas réussi, n’est donc pas condamnable en ce général, puisque la nécessité l’y contraignait : car l’infortuné, ignorant toute la puissance de l’art des ingénieurs romains, ne prévoyait pas quels prodigieux travaux, afin de se couvrir et contre ses attaques et contre celles de l’armée de secours, César ferait exécuter autour d’Alésia : Ces ouvrages, d’une si vaste étendue et si nombreux, excitèrent une telle admiration dans Rome que, plus de soixante ans après, sous le règne de Tibère, Valerius Paterculus ne craignit pas d’écrire que si un homme les avait entrepris, un Dieu seul avait pu les terminer.

Alésia, où seraient venus se briser les efforts de César si Vercingétorix eût possédé assez de vivres pour soutenir un long siège, était située sur une colline très élevée, en sorte que le proconsul désespéra de s’en rendre maître autrement que par la famine. Deux rivières[1], coulant de l’est au couchant, serpentaient au pied des versants du sud et du nord de la hauteur. Une plaine, d’environ trois mille pas de longueur, s’étendait, à l’ouest, en face de la ville, entourée, sur tous les autres points, de collines médiocrement éloignées et d’une élévation égale à celle d’Alésia. Vercingétorix, campé à l’orient et aux pieds des murs de la place, avait couvert sa position par un fossé et, comme à Gergovia, par un mur en pierres sèches de six pieds de haut. Le soir même de son arrivée devant Alésia, César en commença l’investissement. Ces premiers travaux devaient embrasser une circonférence de onze mille pas[2]. Les camps des légions, établis dans des lieux favorables à leur défense[3], étaient protégés par vingt-deux redoutes, occupées le jour par des gardes, et, la nuit, par de forts détachements, à la sûreté desquels veillaient des sentinelles.

Vercingétorix comprenant le but des travaux des Romains résolut’ de s’y opposer. Il engagea donc un combat de cavalerie dans la plaine dont nous avons parlé, qui s’ouvrait entre deux chaînes de collines. De part et d’autre, on se battit avec une véritable fureur ; mais les Romains étaient sur le point d’être renversés lorsque César lança contre les Gaulois une réserve de cavaliers germains, et rangea en même temps ses légions devant leurs retranchements, dans la crainte d’une attaque de l’infanterie de Vercingétorix. La cavalerie du proconsul, ainsi appuyée, sentit renaître son courage et redoubla d’efforts. Les Gaulois sont enfoncés et s’embarrassent, par leur multitude, à des portes trop étroites ; les Germains s’acharnent à les poursuivre, et quelques cavaliers gaulois, pour franchir le fossé et la muraille de leur camp, sautent à bas de leurs chevaux. La terreur gagne même les assiégés que leurs fortifications protégeaient contre le péril ; ils croient que l’armée romaine marche à eux et s’empressent de crier aux armes ; car César, afin d’augmenter le désordre, avait porté ses légions un peu en avant. Vercingétorix voyant que l’excès de l’épouvante en pousse quelques-uns à se jeter dans la place, ordonne aussitôt d’en fermer les portes, de peur que le camp ne soit abandonné. Les Germains ne se retirèrent qu’après avoir tué un grand nombre de leurs adversaires et s’être emparés de beaucoup de chevaux.

Vercingétorix, n’osant pas exécuter une retraite qui aurait infailliblement amené la destruction de son armée, résolut de renvoyer ses cavaliers, qui, dans un siège, ne pouvaient lui être d’aucune utilité. Il leur ordonne de se rendre chacun dans son pays, d’y appeler aux armes tous les hommes en état de faire la guerre, et revenir avec eux le délivrer. Il leur rappelle les services qu’il leur a rendus, et les conjure de ne pas abandonner à la vengeance implacable de César un général qui a si bien mérité de la patrie commune. Après leur avoir déclaré qu’il possède à peine des vivres pour trente jours, mais qu’en les ménageant extrêmement il prolongera sa défense un peu au delà, et que le moindre retard sera la cause de la perte de quatre-vingt mille hommes[4] d’élite, il fait partir sa cavalerie à neuf heures du soir, par un endroit où les lignes des Romains n’étaient pas achevées. Il décrète que le blé renfermé dans Alésia sera déposé dans un magasin général, et distribué successivement par faibles mesures ; il établit la peine de mort contre ceux qui s’en réserveront une partie, et fait partager, par portions égales entre les Gaulois, le bétail dont les Mandubiens avaient introduit une grande quantité dans la place. Vercingétorix quitta ensuite le camp qu’il occupait sous les murs d’Alésia et entra dans la ville avec son armée. Dans cette nouvelle position, il se tint prêt à repousser vigoureusement les attaques de César jusqu’à l’arrivée des secours de la Gaule.

Qui n’admirerait la magnanimité de ce héros ? Rien ne s’opposait à ce qu’il confiât la défense d’Alésia au plus brave et au plus habile de ses lieutenants, et à ce qu’il en sortit en même temps que ses cavaliers. Mais il aurait rougi de séparer son sort de celui de ses compagnons d’infortune, et son trop de grandeur d’âme lut peut-être la cause de la défaite des Gaulois : en effet, si Vercingétorix eût commandé l’armée de secours, ses attaques eussent été dirigées avec plus d’ensemble et d’énergie, et si, malgré le peu d’entente des généraux gaulois, les lignes des Romains furent forcées sur un point, qui oserait dire que, dans cette lutte suprême, César n’aurait pas fini par succomber ? Un autre motif put aussi influer sur la résolution de Vercingétorix : car il avait à craindre que le chef qui le remplacerait, ébranlé par la famine dont la garnison était menacée, ne proposât une capitulation aux Romains. Ainsi il fut victime de son dévouement à son armée et à la liberté de la Gaule.

Informé par des prisonniers et par des transfuges des projets de Vercingétorix, César résolut d’établir des retranchements plus formidables. Afin de protéger sa ligne de contrevallation, qui, à cause de sa grandeur, aurait exigé pour sa défense de trop nombreuses troupes ; il fit ouvrir, à fond de cuve, un fossé profond de vingt pieds et d’une largeur égale. Il se procurait par là les moyens de garantir ses légions des attaques de nuit des Gaulois, dont les traits, durant le jour, ne pourraient plus atteindre les travailleurs employés à la contrevallation qu’il fit construite de la manière suivante, à quatre cents pieds[5] en arrière de ce fossé. On en creusa deux nouveaux, larges de quinze pieds et d’autant de profondeur ; le second, du côté de la plaine, et dans les autres endroits où le terrain le permettait, fut rempli des eaux d’une des rivières qui coulent le long des flancs du mont Auxois. Derrière ce fossé intérieur, on éleva un terre-plein palissé, surmonté d’un parapet crénelé ; ce retranchement avait douze pieds de hauteur. À la jonction du rempart et du parapet étaient plantés de grands pieux en saillie pour arrêter l’escalade ; et la contrevallation entière fut couronnée de tours, séparées par une distance de quatre-vingts pieds. Vercingétorix ne laissait pas les Romains exécuter paisiblement leurs travaux : parfois il faisait sortir ses troupes, par plusieurs portes de la ville, et livrait les combats[6] les plus acharnés. Le proconsul, obligé de détacher beaucoup de monde afin d’aller chercher des vivres et le bois nécessaire à l’établissement de ses ouvrages, jugea alors qu’il fallait leur donner plus de force, ce qui lui procurerait la facilité de les défendre en y employant moins de soldats.

Il ordonna donc de pratiquer partout, en avant de la contrevallation, des fosses de cinq pieds de profondeur, dans lesquelles on planta des troncs ou de grosses branches d’arbres, aiguisées à leur extrémité supérieure. On les assujettit solidement à leur base, de manière qu’on ne pût les arracher à l’aide de leurs rameaux qui s’élevaient hors de terre. Ceux qui osaient y pénétrer s’embarrassaient dans leurs branches, excessivement pointues, liées ensemble et entrelacées les unes dans les autres. Il y avait cinq rangs de ces troncs d’arbres ; les soldats les appelaient des ceps. Devant ces fosses, on en creusa d’autres, rangées en échiquier, plus étroites en haut qu’en bas et profondes de trois pieds. On y enfonça des pieux arrondis, de la grosseur de la cuisse, dont la pointe, durcie au feu, ne sortait au-dessus du sol que de quatre doigts. Pour les rendre inébranlables, on foula fortement la terre à leur extrémité inférieure, et le piège fut dissimulé sous des ronces et des broussailles. Les rangs de ces fosses, à trois pieds les unes des autres, étaient au nombre de huit ; les légionnaires les nommaient des lis, à cause de leur ressemblance avec cette fleur. Plus en avant encore, on cacha dans le terrain des hameçons en fer, de la longueur d’un pied, séparés par une faible distance, et dispersés de tous côtés. On les avait surnommés des aiguillons. Tels sont les redoutables ouvrages que César crut devoir opposer à l’armée renfermée dans Alésia. La contrevallation terminée, le proconsul en suivant, autant que possible, des surfaces planes, fit exécuter, en sens inverse, des fortifications absolument semblables pour repousser les attaques de l’armée de secours lorsqu’elle se présenterait. Le contour de cette circonvallation était de quatorze mille pas. Afin que ses légions ne fussent pas obligées de sortir de leurs retranchements, après l’arrivée de la grande armée gauloise, César leur ordonna de se pourvoir de trente jours de fourrages et de vivres.

Pendant ces opérations du proconsul devant Alésia, les chefs des Gaulois, s’étant réunis en conseil, rejetèrent le projet de Vercingétorix d’appeler sous les drapeaux tous les hommes en âge de porter les armes. Ils craignirent la difficulté de maintenir l’ordre et la discipline dans un mélange confus de tant de nations, et de se procurer assez de subsistances pour les nourrir. Ils fièrent donc ainsi le contingent de chaque État confédéré[7] : les Éduens et leurs clients, les Ségusiens, les Ambivarétiens, les Aulerques Brannovices, les Brannoviens trente-cinq mille hommes ; le même nombre les Arvernes réunis aux Cadurques Eleuthères, aux Gahals et aux Vélauniens qui avaient l’habitude à leur obéir ; douze mille, les Sénonais, les Séquaniens, les Bituriges, les Santons, les Ruténiens et les Carnutes. Les Bellovaques dix mille ; autant les Lémovices ; huit mille les Pictons, les Turons, les Parisii et les Helviens ; les Suessoniens, les Ambians, les Médiomatriciens, les Pétrocoriens, les Nerviens, les Moriniens, les Nitiobriges et les Aulerques Cénomans cinq mille ; les Atrébates quatre mille ; trois mille les Vélocasses, les Lexoviens et les Aulerques Éburons ; les Rauraques et les Boïens trente mille. Les peuples de la contrée appelée Armorique en langue gauloise, et qui habitaient près de l’Océan, tels que les Curiosolites, les Rhedons, les Ambibariens, les Calètes, les Osismiens, les Lémovices, les Vénètes et les Unelliens furent taxés à six mille hommes. Les Bellovaques, désirant n’obéir à personne et faire la guerre aux Romains sans secours étrangers, et comme ils l’entendraient, refusèrent leur contingent. Cependant, à la prière de l’Atrébate Comius, qui jouissait chez eux du droit d’hospitalité, ils consentirent à donner deux mille soldats à la Confédération.

Comius, dans les années précédentes, lors des expéditions de César en Bretagne[8] lui avait rendu de fidèles et utiles services. Jaloux de lui en témoigner sa reconnaissance, le proconsul l’investit du gouvernement des Moriniens, affranchit sa patrie de tout tribut, et lui conserva la liberté. Mais tel fut le concert des Gaulois pour reconquérir leur indépendance et l’ancienne gloire de leurs armes, que le souvenir des bienfaits et de l’amitié de César ne put ébranler leur résolution unanime de consacrer leur fortune et toutes les puissances de leurs armes, à la continuation d’une guerre dont Comius, dans l’intérêt de la Gaule, devint un des zélés partisans. Les troupes confédérées se réunirent chez les Eduens ; elles s’élevaient à deux cent quarante mille fantassins et à huit mille cavaliers. Quatre chefs furent désignés pour les commander : Comius, l’Atrébate ; les Eduens, Eporédorix et Viridomar, et l’Arverne Vergasillaunus, cousin germain de Vercingétorix. Un conseil choisi parmi les Etats de la ligue, lotir fut adjoint ; et tous, remplis d’ardeur et de confiance, se mirent en marche sur Alésia. Aucun d’eux, dit César, ne doutait que les Romains, obligés de livrer un double combat, l’un du côté de la ville contre Vercingétorix, et l’autre, en sens inverse, du côté de la campagne, contre des masses d’infanterie et de cavalerie , n’oseraient soutenir un instant l’aspect d’une aussi immense multitude. Les Gaulois allaient bientôt éprouver encore qu’à la guerre ce n’est pas le nombre des troupes, mais leur judicieux emploi, leur instruction, l’excellence de leurs armes et leur discipline qui assurent le succès. D’ailleurs, la faute qu’ils avaient commise, en se donnant quatre généraux en chef, ce qui détruisait l’unité de commandement dans leur armée, assurait d’avance leur défaite.

 

 

 



[1] L’Ose et l’Oserain, qui se jettent dans la Brenne, à l’ouest d’Alise.

[2] 10.291 mètres.

[3] Sur les hauteurs autour d’Alésia : au nord, ce sont celles qui existent entre Menestreux-le-Pitois et Bussy-le-Grand ; au sud, c’est le mont Draux ; à l’est, la hauteur près de Darcey et le mont Pévenelle. La position de l’ancienne Alésia n’a jamais été douteuse pour les savants. Le géographe d’Anville a fait un excellent travail sur ce sujet.

[4] Mais est-il vrai que Vercingétorix s’était renfermé avec quatre-vingt mille hommes dans la ville, qui était d’une médiocre étendue ? Lorsqu’il renvoie sa cavalerie, pourquoi ne pas renvoyer les trois quarts de son infanterie ? Vingt mille hommes étaient plus que suffisants pour renforcer la garnison d’Alise, qui est un mamelon élevé qui a trois mille toises de pourtour, et qui contenait d’ailleurs une population nombreuse et aguerrie. Il n’y avait dans la place de vivres que pour trente jours ; comment donc enfermer tant d’hommes inutiles à la défense, mais qui devaient hâter la reddition ? Alise était une place forte par sa position ; elle n’avait à craindre que la famine. Si, au lieu de quatre-vingt mille hommes, Vercingétorix n’eût eu que vingt mille hommes, il eût eu pour cent vingt jours de vivres, tandis que soixante mille hommes tenant la campagne eussent inquiétés les assiégeants : il fallait plus de cinquante jours pour réunir une nouvelle armée gauloise, et pour qu’elle fût arriver au secours de la place. Enfin, si Vercingétorix eût eu quatre-vingt mille hommes, peut-on croire qu’il se fût enfermé dans les murs de la ville ? Il eût tenu les dehors à mi-côte et fût resté campé, se couvrant de retranchements, prêt à déboucher et à attaquer César (Mémoires de Napoléon ; extrait textuel).

[5] On prétendu que le texte est altéré, et qu’il faut lire quatre cents pas ; mais l’espace de quatre cents pieds était suffisant pour garantir les Romains des traits des Gaulois, qui ne faisaient pas usage de machines de guerre. Nous citerons à l’appui de notre assertion ce passage du sixième livre de Polybe : Du retranchement aux tentes les Romains observent deux cents pieds de distance, ce qui leur procuré un avantage considérable ; dans les attaques de nuit, il n’y a ni feu ni trait qui puissent être jetés jusqu’à eux ; ou, si cela arrive, ce n’est que très rarement, et encore qu’en peuvent-ils souffrir étant si éloignés et à couvert sous leurs tentes ? Or, César avait laissé le double de cette distance entre le fossé situé en avant de la contrevallation et la contrevallation elle-même : donc le texte n’est pas altéré. César dit que toutes les fortifications de la contrevallation furent ramenées (reduxit. Com. de Bell. Gal., lib. VII, c. LXXII) à quatre cents pieds de ce fossé, ce qui semble indiquer que la ligne de contrevallation, de onze mille pas de circonférence, fut abandonnée, et qu’on en construisit une autre plus en arrière ; mais, comme le proconsul ne donne pas la circonférence de cette nouvelle ligne, il est probable que le fossé, de vingt pieds de profondeur et de largeur, fut creusé à quatre cents pieds en avant de l’ancienne, qui aurait été conservée et fortifiée par les ouvrages dont César nous a laissé la description. Dans ce passage, le proconsul ne s’est pas exprimé avec se clarté habituelle.

[6] Summa vi (Com. de Bell. Gal., lib. VII, c. LXXIII).

[7] Le contingent attribué à chaque peuple par César ne concorde pas avec l’effectif général de l’armée gauloise. On voit de plus qu’il fait figurer dans son énumération des nations, telles que celle des Nerviens, qu’il prétend avoir exterminées précédemment. Mais ce qu’il y a de presque aussi choquant dans sa liste, c’est qu’il évalue à trente mille le chiffre des combattants des Rauraques et des Boïens, dont la population, selon lui, ne s’élevait cinq ans auparavant qu’à cinquante-cinq mille âmes, et il ne fait pas la déduction des pertes que ces peuples éprouvèrent à la bataille qu’il gagna sur eux et sur les Helvétiens. Nous allons indiquer sommairement la position géographique des tribus gauloises que nous n’avons pas encore nommées : les Brannovii habitaient près de Mâcon (Saône-et-Loire) ; Ambivarati, tribu du Brabant ; d’autres croient que ce sont les mêmes que les Ambarri qui étaient situés dans le département de l’Ain ; Eleutheri Cadurci : leur territoire n’est pas fixé d’une manière précise ; ils appartenaient probablement aux Cadurques du Quercy ; Parisii, les Parisiens, occupaient les départements de la Seine et de Seine-et-Oise ; Suessiones, leur capitale était Soissons (Aisne) ; Ambiani, les peuples d’Amiens (Somme) ; Mediomatrici, ceux de Metz (Moselle) ; Petrocorii, habitants du Périgord (Dordogne) ; Nervii, ceux de Namur et de Cambray ; Morini, ceux du nord-ouest et de l’ouest du Pas-de-Calais ; les Velocasses étaient situés dans l’Eure, la Seine-Inférieure et dans le département de Seine-et-Oise ; Rauraci, dans le Haut-Rhin et dans le canton suisse de Bâle ; Boii, au sud du département de l’Yonne, et au nord de celui de la Nièvre ; Curiosolites, peuples du département des Côtes-du-Nord ; Rhedones, ceux de Rennes (llle-et-Vilaine) ; les Ambibari étaient au nord-est des Rhedones ; Caletes, les peuples du pays de Caux (Seine-Inférieure) ; les Osismii étaient ceux des parties centrales du Finistère ; Lemovices (Armorici), les habitants des arrondissements actuels de Paimbœuf et de Nantes (Loire-Inférieure) ; Veneti, les peuples de Vannes (Morbihan) ; Unelli, ceux du Cotentin (Manche) ; Bellovaci, ceux du Beauvoisis (Oise) ; Turones, ceux du département d’Indre-et-Loire. (Com. de Bell. Gal., lib. VII, c. LXXV.)

[8] Angleterre.