HISTOIRE DE VERCINGÉTORIX

Roi des Arvernes

 

CHAPITRE X.

 

An de R. 700. — Av. J.-C. 52.

Cependant Vercingétorix poursuivait le cours de ses négociations avec les chefs des nations gauloises : ses députés leur représentaient que le moment était venu où la Gaule devait faire un effort suprême pour briser le joug des Romains ; et les Éduens étaient surtout ceux que le roi des Arvernes, au nom de la patrie commune, sollicitait de déclarer la guerre à César. Ces peuples en effet, jouissant d’une grande autorité parmi les Gaulois, pouvaient, en s’alliant avec Vercingétorix, les décider à unir leurs armes aux siennes.

Riais de nombreuses difficultés s’opposaient au succès de cette négociation : d’abord le proconsul, eu délivrant les Éduens de l’invasion des Helvétiens, et du tribut que leur avait imposé Arioviste, s’était acquis des droits à leur reconnaissance ; et de plus, comme il avait certainement rempli le sénat de Bibracte de ses pensionnaires et de ses créatures, il ne semblait pas possible d’amener le conseil public des Éduens à renoncer à l’alliance de Rome. Il est bien vrai que César ne s’était pas armé contre les Helvétiens uniquement pour les punir des ravages qu’ils exerçaient dans le pays des Éduens ; mais parce qu’ils l’avaient attaqué à Genève, et afin de les empêcher d’aller à établir en Saintonge, contrée voisine de Toulouse, alors soumis aux Romains. Carle proconsul pensait que la proximité d’un peuple aussi belliqueux que les Helvétiens des établissements de Rome dans la Gaule, constituerait le plus grave danger pour leur avenir[1]. De même, lorsque César marcha contre Arioviste, il était principalement animé par le désir d’expulser de la Transalpine les Germains, nation guerrière et farouche, qui pourraient un jour, imitant les Teutons et les Cimbres[2], en disputer la possession aux Romains. Aussi quand, après la défaite des Helvétiens, le proconsul reçut les députés ; de presque toutes les nations gauloises, ils lui firent judicieusement observer que, quoique sa victoire leur fût avantageuse, ils n’ignoraient cependant pas que son premier objet, en entreprenant cette guerre, avait été de venger la honte de l’armée romaine, que les Helvétiens avaient autrefois forcée de passer sous le joug[3]. Mais quelles que fussent alors les vues du proconsul, s’il eût toujours employé la puissance de son génie à protéger les alliés de sa patrie, injustement opprimés, à la réputation du plus habile capitaine de tous les siècles, il aurait joint celle du plus grand et du plus généraux des hommes. Malheureusement, il n’en fut pas ainsi ; et, comme il est facile de s’en convaincre par l’étude des événements qui suivirent, il ne songea jamais qu’aux intérêts de sa gloire et de son ambition , et nullement au bonheur de la Gaule, qui devait souffrir de sa part des maux plus cruels que ceux qu’elle avait éprouvés d’Arioviste et de ses Germains : les rapines du proconsul, et la barbarie qu’il déploya envers les peuples gaulois firent naître la ligue dont Vercingétorix reçut la direction suprême ; mais les Éduens, paralysés par la crainte des armes romaines, ou par ceux de leurs principaux citoyens qui s’étaient dévoués à la politique de César, continuèrent à lui fournir des troupes et des vivres.

Enfin Convictolitan, auquel, ainsi que nous l’avons précédemment rapporté, le proconsul avait déféré la souveraine magistrature des Éduens, prêta l’oreille aux propositions de Vercingétorix, et résolut de rompre avec les Romains. Eclairé sur l’ambition de César qui, avant son départ pour Gergovia, ne s’était nullement mis en peine de dissimuler sa résolution d’asservir entièrement la Gaule[4], il jugea qu’il n’e fallait pas perdre de temps pour s’opposer à ses desseins : car de quel peuple les Romains de ce siècle respectaient-ils l’indépendance ? De quel outrage s’étaient rendus coupables envers le proconsul les Armoricains[5] et tant d’autres peuples gaulois, auxquels il avait ravi la liberté ? Convictolitan pouvait-il douter que la chute de la Gaule n’entraînât immédiatement celle des Éduens ? Enclavés au milieu des immenses possessions des Romains dans la Transalpine, ne seraient-ils pas devenus leurs vassaux ? Si Convictolitan devait sa dignité à César, qui cependant n’avait fait que lui rendre justice, en était-il moins obligé de veiller à l’avenir de sa patrie ? Aujourd’hui que le système de maintenir un équilibre général, en s’opposant à l’oppression des faibles par les forts, est entré dans les mœurs des nations, on applaudirait à la généreuse initiative de Convictolitan. Toutefois, par les raisons que nous avons déjà énoncées, il était difficile de faire naître des prétextes immédiats de rupture entre les deux peuples ; et Convictolitan, pour y réussir, crut devoir recourir à la ruse.

César avait demandé aux Éduens toute leur cavalerie et dix mille fantassins comme auxiliaires dans sa guerre contre les Arvernes. Les cavaliers partirent en même temps que le proconsul ; mais l’infanterie, qui devait lui amener un grand convoi de vivres, ne s’était pas encore mise en marche. Si l’on en croit les Commentaires, Convictolitan, après avoir reçu de Vercingétorix une somme d’argent, l’aurait partagée avec Litavicus et plusieurs autres jeunes hommes des plus illustres familles des Éduens. Ce fait semble peu probable, parce que le roi des Arvernes, obligé d’entretenir une nombreuse armée et de ravager le territoire de sa patrie pour affamer l’armée romaine, n’avait pas de trésors à répandre, tandis que César, ayant pillé les villes les plus riches et les plus florissantes des Gaules, était bien plus en état que son adversaire d’acheter, au poids de l’or, l’amitié de Convictolitan. D’ailleurs, la guerre de barbare que le proconsul faisait aux Gaulois suffisait pour les animer tous contre lui d’une profonde haine, Le premier magistrat des Éduens, en cette circonstance, dut être guidé par son patriotisme, et il ne dut associer à ses desseins que des hommes dont le dévouement à la gloire et à la liberté de la Gaule lui était connu. Ils étaient nombreux à Bibracte, puisque nous avons vu que, malgré la crainte qu’inspirait l’armée romaine, les Éduens la laissèrent toujours manquer de vivres dans ses opérations, ou ne lui en fournirent que d’insuffisants et à contrecœur.

Convictolitan ayant donc réuni ses confidents, leur adressa la parole en ces termes : Souvenez-vous que vous appartenez à une nation libre et faite pour commander[6]. Les Éduens seuls, par l’influence de tour exemple, retiennent les autres peuples dans l’alliance des Romains et retardent la victoire assurée de leurs compatriotes. Mais que notre république change de parti, et l’armée romaine n’aura plus aucun lieu de refuge dans la Gaule. Si je suis redevable de quelque reconnaissance à César, qui cependant n’a fait que rendre justice à la légitimité plus qu’évidente de mes droits, je dois encore davantage à la patrie commune ; car pourquoi les Éduens recevraient-ils des lois de César plutôt que les Romains des Éduens ?

Ce discours du premier magistral des Éduens comparé aux circonstances dans lesquelles il le prononça, alors que les Arvernes, sur le triomphe desquels reposait toute l’espérance de la liberté de la Gaule, étaient peut-être sur le point de succomber sous les armes de César ; et le soin avec lequel Convictolitan rappela à ses compatriotes l’oppression que les Romains faisaient peser sur eux, nous semblent prouver, d’une manière positive, qu’il n’était mil que par l’intérêt de la grandeur et de l’indépendance de sa patrie. Après avoir donné ses instructions à Litavicus, il lui ordonna de prendre le commandement des dix mille fantassins que les Éduens devaient fournir à César. Les frères de Litavicus se rendirent de suite auprès du proconsul dans le but apparent de lui annoncer l’arrivée de ses alliés, mais en réalité afin d’éviter d’éveiller ses soupçons sur la révolution qui se préparait. Les troupes éduennes se mirent en marche pour Gergovie, escortant le convoi destiné à l’armée romaine ; mais à trente mille pas de la ville (un peu plus de dix lieues), Litavicus arrête sa colonne et lui tient ce langage : Soldats, où allons-nous ? Notre cavalerie, notre noblesse, Eporédorix et Viridomar, nos plus illustres citoyens, ont péri, accusés de trahison par César. Apprenez ce triste événement de la bouche de ceux qui ont échappé à la mort par la fuite : la douleur que me cause la porte de mes frères et de mes parents m’empêche de vous en dire davantage. Il produit en même temps des hommes qu’il avait instruits d’avance des paroles qu’ils devaient prononcer. Ils confirmèrent aux troupes éduennes la vérité des affirmations de leur général : qu’un grand nombre de leurs cavaliers avaient été égorgés par ordre de César, sous prétexte de conférences avec les Arvernes ; et nous n’avons, ajoutèrent-ils, évité un sort pareil, qu’en nous cachant au milieu de la multitude et en nous dérobant à la hâte au carnage.

Les soldats éduens poussent des cris d’indignation et supplient leur commandant d’adopter une résolution. Mais il n’y a pas à délibérer, reprend Litavicus, et il ne nous reste d’autre ressource que de nous rendre à Gergovia et de nous réunir aux Arvernes : car il est indubitable que, après s’être souillés d’un si noir forfait, les Romains ne tarderont pas à paraître pour nous égorger nous-mêmes. S’il reste quelque courage dans nos âmes, vengeons, sur des brigands, l’indigne assassinat de nos concitoyens. Litavicus montre en même temps à ses soldats les Romains qui voyageaient sous l’escorte du convoi et les fait mettre à mort dans les plus cruels supplices. Il envoie aussitôt des messagers à toutes les villes des Éduens, afin de leur annoncer la fausse nouvelle du massacre de leur cavalerie et de leur noblesse, et il les exhorte à l’imiter dans la vengeance qu’il en a tirée.

Il est impossible d’approuver le moyen, contraire à la morale, dont se servirent Convictolitan et Litavicus pour amener une rupture entre leur patrie et les Romains. Mais, d’autre part, il faut considérer que si Convictolitan eût mis en délibération dans le sénat de Bibracte la proposition de leur déclarer la guerre, il aurait éprouvé d’extrêmes difficultés à réussir. Le proconsul nous l’avons déjà fait observer, avait sans doute acheté le dévouement des plus influents sénateurs éduens, et le druide Divitiacus, très puissant dans sa patrie, était un partisan déclaré de l’alliance avec les Romains, et de plus l’ami particulier de César. Nos paroles ne reposent pas sur de vaines suppositions, puisqu’elles s’appuient sur la politique constante du proconsul qui, grâce à ses rapines, disposant d’immenses richesses, répandait l’or à pleines mains dans Rome et ne laissait parvenir aux dignités de la république que des hommes entièrement soumis à ses volontés[7].

Chez les Gaulois, il ne s’écartait pas de cette ligne de conduite ; et l’on voit qu’il rétablissait dans leur ancienne autorité les familles déchues du pouvoir, afin de paralyser l’influence de celles qui, à son arrivée dans les Gaules, en étaient oit possession. De cette manière, il jetait des semences de division parmi les Gaulois et se créait des alliés dont la fidélité devait être d’autant plus inébranlable, que s’il eût retiré la main qui les soutenait ils seraient tombés à l’instant même. Les Gaulois, parfaitement fixés alors sur la politique perfide de César, et se souvenant que, après avoir déclaré au roi Arioviste qu’il fallait, suivant le décret du sénat romain, laisser la Gaule se gouverner par elle-même[8], tandis qu’il avait tout fait depuis pour l’asservir, ne pouvaient plus avoir aucune confiance dans ses promesses.

Néanmoins, Convictolitan ne devait pas ordonner à Litavicus d’égorger les citoyens romains qui marchaient sous la protection de la foi jurée, mais lui prescrire, au contraire, de les renvoyer au proconsul et de lui signifier que les Éduens allaient lui déclarer la guerre, s’il n’évacuait pas immédiatement la Goule. La suite des événements prouvera que Litavicus, en faisant appel au patriotisme de ses soldats, n’en eût pas été abandonné, et qu’ils l’auraient suivi à Gergovia. La conduite de Convictolitan serait alors sans reproche ; car les Éduens, en s’associant à toutes les guerres de César dans les Gaules, s’étaient plus qu’acquittés envers lui de la dette de la reconnaissance. En effet, lorsque en retour de grâces accordées on exige de ceux qui les reçues, des actions susceptibles de blesser la justice, les bienfaits ne sont plus que des outrages, et tel était précisément le cas du proconsul à l’égard des Éduens. Convictolitan désespéra de rompre, autrement que par les armes favorites de César, l’habile réseau dont il se sentait entouré : il eut donc recours à la ruse ; et, quoique le bon droit fût entièrement de son côté, en commettant une cruauté inutile, il donna au général romain, Ie plus fourbe de tous les hommes, un motif légitime de l’accuser de perfidie.

César, chez les Éduens comme dans Rome, disputait les honneurs et les dignités. Deux jeunes hommes de cette nation, Eporédorix, d’une famille illustre et très puissante, et Viridomar, du même âge que lui et jouissant d’une aussi grande influence, mais dont la naissance était moins éclatante, sur l’invitation formelle du proconsul, l’avaient suivi avec la cavalerie de leur nation au siége de Gergovia. A la recommandation de Divitiacus, César s’était plu à tirer Viridomar d’une situation humble et ignorée pour l’élever aux emplois les plus brillants. Eporédorix et lui se disputaient le premier rang ; et, dans l’élection à la souveraine magistrature, ils avaient déployé tout leur pouvoir, l’un en faveur de Convictolitan et l’autre dans l’intérêt de Cotus. Eporédorix, informé des desseins de Litavicus, en donne avis à César, au milieu de la nuit, et le supplie de ne pas souffrir que l’alliance entre les Romains et ses compatriotes soit rompue par la perfidie de quelques jeunes gens ; de qui arrivera infailliblement si tant de milliers d’Éduens se joignent à Vercingétorix, car ni leurs parents ni leurs concitoyens ne feront assez peu de cas de leur vie pour l’exposer, en n’imitant pas leur exemple, à la vengeance des Arvernes.

A cette nouvelle, César n’hésite pas ; et, comprenant que le succès dépend de la promptitude, sans perdre de temps à diminuer l’étendue de ses retranchements, il prend quatre légions, toute sa cavalerie, laisse leurs bagages dans le camp, en confie la garde à son lieutenant C. Fabius, et vole à la rencontre des Éduens. Avant de partir, il avait ordonné l’arrestation des frères de Litavicus. Mais déjà ils s’étaient réfugiés auprès de Vercingétorix, dans Gergovie. Les soldats de César, enflammés par ses paroles ; se prêtèrent courageusement aux fatigues de cette marche rapide et nécessaire ; et, dès qu’ils eurent parcouru vingt-cinq mille pas, Es découvrirent la colonne de Litavicus. Le proconsul aussitôt lance contre elle la cavalerie en lui recommandant, toutefois, de ne tuer personne, et de se borner à empêcher les Éduens de s’échapper. Eporédorix et Viridomar, que leurs compatriotes croyaient morts, se montrent au milieu des cavaliers romains, et appellent leurs amis par leurs noms. Les Éduens alors, reconnaissant la fourberie de Litavicus, tendent les mains à César, jettent leurs armes et le supplient de ne pas les faire mourir. Litavicus, accompagné de ses clients, car chez les Gaulois c’était un crime capital d’abandonner ses patrons, même dans les plus grands périls, s’enfuit en toute hâte à Gergovie. Le proconsul envoya immédiatement des courriers à Bibracte, afin de prévenir le sénat de cette ville que maître, parle droit de la guerre, d’ôter la vie à ses soldats, il les avait cependant épargna. Il reprit ensuite le chemin de Gergovie, après avoir donné trois heures de repos à ses troupes.

Au point du jour qui suivit le départ du proconsul se rendant au-devant des Éduens, Vercingétorix descendit de Gergovie, et attaqua les retranchements de Fabius. Les Romains soutinrent vigoureusement le choc ; mais, le général gaulois renouvelant sans cesse ses troupes, les légions de Fabius, accablées de fatigues, à cause de la vaste étendue des camps qu’elles étaient obligées de défendre, coururent les plus graves périls. Les archers gaulois les accablaient de flèches et de toute espèces de traits, en sorte qu’elles eurent un très grana nombre de blessés. Mais les machines[9] de guerre, dont les remparts des camps romains étaient bordés, décidèrent la victoire en faveur de Fabius. Les Gaulois, écrasés par leurs projectiles, finirent par se retirer ; et le lieutenant de César, redoutant que l’attaque ne se renouvelât le lendemain, fit clore les portes du camp, excepté deux, et ajouter un parapet au rempart. César, instruit de ces événements par des cavaliers de Fabius, qui le joignirent à moitié chemin de Gergovia, au lieu où il avait rencontré les Éduens, accéléra sa marche et, secondé par l’énergie de ses soldats, il rentra dans son camp avant le lever du soleil.

Pendant ce temps, les Éduens avaient reçu les lettres de Litavicus. Aussitôt, et sans délibérer, ils tuent les Romains établis chez eux, ou les réduisent en servitude, ou les forcent à quitter le pays. Convictolitan, afin de rendre impossible un accommodement avec les Romains, pousse ses concitoyens dans la voie de ces massacres. M. Aristius, tribun des soldats, qui rejoignait sa légion, est expulsé de la ville de Cabillon[10], ainsi que les négociants romains qui s’y étaient provisoirement fixés pour leur commerce. Ils sont attaqués en route et dépouillés de leurs bagages. Enfin les partisans de la guerre et ceux de Rome en viennent nuit et jour aux mains ; beaucoup de sang est versé de part et d’autre ; et les troubles ne font que s’accroître.

Mais les courriers de César étant alors arrivés à Bibracte, les chefs des Éduens, apprenant qu’il est maître de leurs soldats, accourent vers le tribun M. Aristius, et allèguent, pour s’excuser des attentats commis contre les Romains, que l’autorité publique n’en a pas été complice, et qu’ils sont uniquement l’effet des passions sauvages de la multitude. Ils ordonnent une enquête sur le pillage des biens des citoyens romains, mettent en vente ceux de Litavicus et de ses frères, et envoient des députés à César.

Le proconsul les reçut très bien, et leur assura que les mouvements inconsidérés d’une multitude ignorante ne l’engageraient jamais à rien diminuer de son amitié pour les Éduens. Mais il comprit qu’il ne pouvait plus compter sur leur alliance ; car tout en lui faisant des protestations de dévouement, afin de recouvrer leurs soldats, ils se préparaient secrètement à la guerre, envoyaient des députations aux autres peuples, et les sollicitaient de s’unir à eux contre les Romains. La rupture était donc imminente, quoique de part et d’autre on dissimulât pour mieux se tromper. César, séparé de Labienus par une distance de cent lieues, craignait d’être bientôt entouré sous les murs de Gergovia par les troupes de la Gaule entière, alliée à Vercingétorix, et il méditait par quels moyens il pourrait, sans honte, lever le siége de la ville.

Ainsi les promesses du roi des Arvernes à son conseil sont près de se réaliser, et le proconsul n’aura plus un seul peuple qui lui prête son appui dans la Gaule ; entouré de tous côtés d’ennemis, il n’y possédera que le sol occupé par son armée. Il va même fuir à son tour devant son adversaire, l’âme et le mobile des mémorables événements qui auront amené ce magnifique résultat.

 

 

 



[1] Com. de Bell. Gal., lib. I, c. X.

[2] Com. de Bell. Gal., lib. I, c. XXXIII.

[3] Cette défaite des Romains eut lieu chez les Allobroges, l’an 645 de Rome ; le consul L. Cassius y perdit la vie ainsi que L. Pison, personnage consulaire, aïeul de L. Pison, beau-père de César.

[4] Com. de Bell. Gal., lib. VII, c. XXXIV.

[5] Com. de Bell. Gal., lib. II, c. XXXIV. Les Armoricains occupaient la Bretagne actuelle.

[6] Convictolitan n’avait pas besoin de parler de gloire ni de liberté aux conjurés, s’il s’était assuré, à prix d’or, de leur dévouement ; et cependant, dans le discours que lui prête César, il ne leur tient que ce langage.

[7] Il s’appliqua spécialement à rendre toujours responsables les magistrats de chaque année ; à ne seconder et à ne laisser parvenir aux honneurs que ceux qui s’engageraient é le défendre en son absence (Suétone, Vie de César, c. XXIII). Tous ceux qui l’approchaient, et même beaucoup de membres du sénat, étaient ses débiteurs, ou sans intérêt ou pour l’intérêt le plus modique (Id., id., c. XXVII, et Plutarque, Vie de César, c. XXXII).

[8] Com. de Bell. Gal., liv. I, c. XLV.

[9] Ad hæc sustinanda magno usui fuisse tormenta (Com. de Bell. Gal., lib. VII, c. XLII).

[10] Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire).