AMMIEN MARCELLIN, SA VIE ET SON ŒUVRE

 

APPENDICES.

 

 

APPENDICE A. — Extrait de la lettre de Libanius à Ammien Marcellin, lettre 983.

LIBANIUS À MARCELLIN,

Je vous félicite d'être à Rome, et je félicite Rome de vous posséder. Vous êtes, en effet, dans une ville qui n'a rien dans le monde d'égal à elle-même, et vous n'êtes vous-même inférieur en rien à ces Romains qui ont des dieux pour ancêtres. En vérité, il serait déjà beau pour vous de vivre dans une telle cité, assistant en silence aux lectures faites par d'autres en public ; car Rome renferme dans son sein de nombreux orateurs dignes de leurs devanciers. Mais, comme je l'apprends par ceux qui arrivent de cette ville, vous avez déjà fait la lecture d'une partie de votre histoire, divisée en un grand nombre de livres, et vous continuerez, car les éloges obtenus vous encouragent à publier le reste. J'entends dire encore que Rome couronne vos travaux, que les suffrages de la cité s'accordent à reconnaître que vous l'avez emporté sur un grand nombre, mais que vous ne vous êtes laissé vaincre par personne. Ces louanges font honneur à l'historien et à nous aussi, qui sommes vos concitoyens. Continuez donc à poursuivre votre œuvre et à la faire connaître dans les réunions publiques ; ne vous lassez pas d'exciter l'admiration ; continuez d'accroître votre renommée et qu'elle arrive jusqu'à nous ; la gloire qui appartient à un citoyen rejaillit sur la cité qui lui a donné le jour. Soyez toujours ainsi heureux. Quant à nous, nous sommés plongé dans la douleur, et si un dieu ne vient à notre secours, nous ne savons comment la supporter. Car le seul fils que nous avions, ce fils bien doué, né d'une mère excellente, quoique non libre, est mort et vient d'être enseveli[1], etc.

 

APPENDICE B. — Allusions que fait Ammien Marcellin aux récits antérieurs et aujourd'hui perdus.

Nous les avons rangées d'après l'ordre de succession des empereurs auxquels elles se rapportent[2] :

TRAJAN.

XXV, 8 : 5 : Hatram venimus, vetus oppidum in media solitudine positum, olimque desertum, quod eruendum adorti temporibus variis Trajanus et Severus principes bellicosi cum exercitibus pone deleti sunt, ut in eorum actibus has quoque digessimus partes.

HADRIEN.

XXII, 15, 1 : Res Ægyptiacæquarum notitiam in actibus Hadriani et Severi principum digessimus late visa pleraque narrantes.

MARC-AURÈLE.

XXIX, 6, 1 : Obsessa ab isdem (Quadis) ac Marcomannis Aquileia Opitergiumque excisum et cruenta complura perceleri acta procinctu, vix resistente perruptis Alpibus Juliis principe serio, quem ante docuimus, Marco.

XIV, 4, 2 : Super quorum (Saracenorum) moribus licet in actibus principis Marci et postea aliquotiens memini retulisse, tamen nunc quoque pauca de isdem expediam carptim.

L. VERUS.

XXIII, 6, 24 : Qua (Seleucia) per duces Veri Cæsaris, ut ante retulimus, expulsata, avulsum sedibus simulacrum Comei Apollinis perlatumque Romans, in æde Apollinis Palatini deorum antistites collocarunt.

COMMODE.

XXII, 9, 6 : Cujus (simulacri Magnas Matris) super adventu in Italiam pauca cura aliis huic materiæ congruentibus in actibus Commodi principis digessimus per excessum.

SEPTIME-SÉVÈRE (Voyez Trajan et Hadrien).

LES GORDIENS.

XIV, 1, 8 : ....ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris retulimus conjugem.

XXIII, 5, 7 : Cujus (Gordiani) actus a pueritia prima exercituumque felicissimos ductus et insidiosum interitum digessimus tempore competenti.

GALLIEN.

XXI, 16, 10 : Ille (Gallienus) enim perduellionum crebris verisque appetitus insidiis, Aureoli et Postumi et Ingenui et Valentis cognomento Thessalonici, aliorumque plurium mortem factura crimina aliquotiens lenius vindicabat[3].

CONSTANTIN.

XIV, 11, 20 : Polam, ubi quondam peremptum Constantini filium accepimus Crispum[4].

XXV, 4, 23 : Sciant docente veritate perspicue non Julianum sed Constantinum ardores Parthicos succendisse cum Metrodori mendaciis avidius acquiescit, ut dudum retulimus plene.

CONSTANT.

XXVII, 8, 4 : Et quoniam, cum Constantis principis actus componerem, motus adulescentis et senescentis oceani situmque Britanniæ pro captu virium explanavi, ad ea, quæ digesta sunt semel, revolvi superfluum dual.

XX, 1, 1 : Verebatur (Julianus) ire subsidio transmarinis (Britannis), ut retulimus ante fecisse Constantem.

XXVIII, 3, 8 : Areanos genus hominum a veteribus institutum, super quibus aligna in actibus Constantis retulimus, paulatim prolapsos in villa a stationibus suis removit.

XV, 5, 16 : (Laniogaisus) quem.... solum adfuisse morituro Constanti supra retulimus.

CONSTANCE[5].

XVI, 10, 12 : Quod autem per omne tempus imperii nec in consessum vehiculi quempiam suscepit, nec in trabea socium privatum adscivit, ut fecere principes consecrati, et similia multa quæ elatus in arduum supercilium tanquam leges æquissimas observavit, prætereo memor ea me retulisse cum inciderent.

XX, 6, 5 : Et pugnabatur eventu ancipiti (siège de Singara).... postremo admotus aries turrim feriebat.... unde reseratam urbem obsidio superiore docuimus.

XXX, 16, 7 : Quod autem nec tersisse unquam nares in publico nec spuisse nec transtulisse in partem alterutram vultum aliquando est visus, nec pomorum quoad vixerat gustaverit, ut dicta sæpius prætermitto.

XXV, 10, 2 : Herculanus.... Hermogenis ex magistro equitum filius apud Constantinopolim, ut supra retulimus populari quondam tarbela discerpti.

XVI, 10, 16 : Ormizda, cujus e Perside discessum supra monstravimus.

XXV, 7, 7 : Serenianus ex duce, cujus ignavia populatam in Phœnice Celsen ante retulimus.

XVIII, 9, 3 : Quos (Superventores atque Præventores) tirones tum etiam novellos hortante memorato adhuc protectore erupisse a Singara Persasque fusos (Æliano comite) in somnum retulimus trucidasse complures.

MAGNENCE ET DECENTIUS.

XVI, 6, 2 : Dorus.... quem nitentium rerum centurionem sub Magnentio Rom provectum retulimus accusasse Adelphium urbi præfectum ut altiora cœptantem.

XXII, 13, 3 : Asclepiades philosophus cujus in actibus Magnenti meminimus.

XXX, 8, 1 : Et Jovio quæsturam (commisit Julianus) cujus in actibus Magnenti meminimus.

XV, 6, 4 : (Pœmenius) qui, ut supra retulimus, cum Treviri civitatem Canari clausissent Decentio, ad defendendam plebem electus est.

Passages auxquels on ne saurait assigner une place certaine.

XIX, 2, 3 : Segestani, acerrimi bellatores, cum quibus elata in arduum specie elephantorum agmina rugosis horrenda corporibus leniter incedebant armatis onusta, ultra omnem diritatem tœtri spectaculi formidanda, ut retulimus sæpe.

XIV, 7, 21 : Absque Mesopotamia jam digesta, cum belle Parthica dicerentur.

XXIII, 6, 2 : Hoc regnum (Persis) quondam exiguum multisque antea nominibus appellatum ob causas quas sæpe retulimus....

XXIII, 6, 50 : Ubi etiam tigridum millia multa cernuntur, ferieque bestiæ plures, que cujusmodi solent capi commentis dudum nos meminimus retulisse.

XXII, 8, 35 : Super quarum (avium) origine et Hellespontiaci prælii tempore disserebamus.

XXVIII, 4, 6 : Et primo nobilitatis, ut aliquotiens pro locorum copia fecimus, dein plebis digeremus errata.

XXIX, 5, 16 : Biduoque post Icosium oppidum, cujus supra docuimus conditores, militaria signa.... restituit.

XXIX, 5, 17 : Cujus (Cæsareæ) itidem originem in Africæ situ digessimus plene.

XXX, 7, 1 : Replicare nunc est oportunum, ut aliquotiens fecimus, et ab ortu primigenio patris hujusce principis ad usque ipsius obitum actus ejus discurrere per epilogos breves.

XXXI, 16, 5 : Saracenorum cuneus super quorum origine moribusque diversis in locis retulimus plura.

Citons enfin ce dernier passage :

XXIII, 6, 83 : Militari cultu ac disciplina proludiisque continuis rei castrensis et armaturæ, quam sæpe formavimus, metuendi vel exercitibus, maximis, equitatus virtute confisi, ubi desudat nobilitas omnis et splendor.

M. V. Gardthausen a, il est vrai, remplacé le mot formavimus, que portent les manuscrits par celui de formidavimus. Mais il nous paraît bon, comme à M. H. Michaël, de maintenir la leçon des mss. formavimus, avec le sens de : comme nous l'avons souvent décrit. Le mot formare n'est pas sans doute employé d'habitude par Ammien Marcellin dans ce sens, mais le contexte le demande.

 

APPENDICE C. — Sur les manuscrits d'Ammien Marcellin.

Les manuscrits d'Ammien Marcellin paraissent avoir été, durant le moyen âge, fort nombreux et dispersés dans les riches bibliothèques de France, d'Allemagne et d'Italie. Une sorte de rivalité régnait entre les couvents, jaloux de reproduire les livres de l'historien. L'amour-propre ou la vanité ne suffit pas pour expliquer cet intérêt : il se trouve encore justifié par la nature même du sujet. C'était de l'histoire, et l'histoire écrite n'importe comment intéresse toujours. Et de plus, c'était, en partie du moins, l'histoire de nos pays, de la Gaule et de la Germanie au quatrième siècle. Pour le même motif, Ammien Marcellin fut des premiers imprimé ; la première édition parut en 1474, moins de vingt ans après la Bible et le Psautier de Mayence. L'historien fut dès lors plus connu, mais les manuscrits furent plus négligés et un grand nombre d'entre eux se perdit.

Il en reste cependant quelques-uns dans les bibliothèques de Rome et de Paris. Il y en a quatre à Rome portant les numéros 1874, 2969, 3341 et 1873. Le plus important est le dernier, connu sous le nom de Vaticano-Fuldensis. Il fut, en effet, apporté du monastère de Fulde à la Bibliothèque Vaticane par le Pogge, au temps du Concile de Constance (vers 1414). Voici dans quels termes le savant italien rendait compte de sa découverte : J'ai rendu Ammien Marcellin aux lettres latines en l'arrachant aux bibliothèques, pour ne pas dire aux geôles, — ergastulis, — des Germains. Il est entre les mains du cardinal de Colonna, écrit en lettres de caractère ancien, tellement plein de fautes qu'on ne peut rien imaginer de plus corrompu[6].

Ce manuscrit est, en effet, très ancien ; il remonte au douzième siècle, si ce n'est encore plus haut, comme le croient les derniers éditeurs d'Ammien Marcellin[7]. Il contient tout ce qui est resté de l'œuvre de notre historien, du XIVe livre au XXXIe inclusivement, sauf un feuillet, qui va de XXXI, 8, 5 à XXXI, 10, 18. Ce feuillet a dû disparaître assez tard, car il est reproduit dans les copies du manuscrit qui ont été faites au quinzième et au seizième siècle. On y trouve bien d'autres lacunes partielles ; c'est une preuve que l'archétype devait être fort ancien ou avait été gravement endommagé. Gruter et H. de Valois, au dix-septième siècle, en ont connu du moins des extraits et s'en servirent pour corriger le texte des éditions qu'ils ont données. Mais c'est de nos jours surtout que la supériorité de ce manuscrit sur tous les autres a été établie par les travaux des critiques allemands : Haupt, Kiessling, Eyssenhardt et Gardthausen. Ce manuscrit est en effet très ancien, et il ne porte pas traces d'interpolations ni de commentaires des copistes. C'est pourquoi il fait foi plus que tout autre et présente le plus sûr point de repère pour un travail de correction. Il a servi de base aux deux dernières éditions d'Ammien Marcellin dont nous parlerons plus loin[8].

Malgré son autorité, ce manuscrit ne suffit pas pour établir le texte, à raison même des lacunes déjà signalées. Il est donc nécessaire de recourir à d'autres sources. Un des meilleurs manuscrits, le meilleur peut-être qui fût jamais des manuscrits d'Ammien Marcellin, est celui qui servit à Sigism. Gelenius pour son édition chez Jérôme Froben, à Bâle, en 1533. Ce manuscrit fut gracieusement mis à la. disposition de l'éditeur par le prince-abbé d'Hersfeld ; aussi est-il connu sous le nom de Codex hersfeldensis. Il a depuis disparu ; sans doute, pendant les troubles et les guerres de la Réforme, quand les monastères étaient pillés et les bibliothèques dispersées. On avait perdu tout espoir d'en retrouver même des traces quand, en 1875, G. Kœnnecke découvrit à Marbourg six feuilles d'un manuscrit d'Ammien Marcellin. Ces feuilles avaient servi à recouvrir des actes passés par les hommes d'affaires du château de Friedewald, à quelques milles d'Hersfeld. On a multiplié les recherches dans, les environs, mais en vain ; on n'a pu retrouver les autres feuilles du manuscrit. L'écriture est du dixième ou du douzième siècle, et tout porte à croire que ces feuilles ont appartenu au manuscrit d'Hersfeld et ont été entre les mains de S. Gelenius. Elles ont été publiées en 1876, à Berlin, par H. Nissen, qui les a fait suivre d'une étude critique, où il établit que le manuscrit du Vatican a été copié sur celui d'Hersfeld[9]. La perte n'en est que plus regrettable et, à son défaut, l'édition de Gelenius qui le reproduit a une très grande valeur. Nous en parlerons plus loin.

Les manuscrits conservés en France étaient encore nombreux au dix-septième siècle. Les frères de Valois font souvent mention des manuscrits dits : Regius, Valentinus, Colbertinus, Tolosanus, Fauchetianus, etc. Actuellement, il y en a quatre à la Bibliothèque nationale de Paris portant les numéros 5819, 5820, 5821 et 6120. Le premier (5819) fut transcrit en 1462 et apporté d'Italie par dom Mabillon en 1686. Michel Germain écrivait, en effet, à la date du 12 février 1686 : Dom Jean a pu acheter encore hier trente-cinq manuscrits, entre lesquels est un des plus beaux Ammien Marcellin qu'on puisse voir ; le tout pour 50 écus romains[10].

Le deuxième (5820) doit être le Tolosanus. Il vient, en effet, de Charles de Montchal, archevêque de Toulouse. Il est, comme le précédent, d'origine italienne et du quinzième siècle.

Le troisième (5821), dit le Colbertinus, est du quinzième siècle ; il est incomplet au commencement et à la fin.

Le quatrième (6120) vient de Naples et fut apporté en France après l'expédition de Charles VIII en Italie. H porte les cotes données en 1622 par Rigault. C'est celui que H. de Valois désigne sous le nom de Codex Regius et dont il fait un si grand cas : optimus ille certo et a docta manu scriptus, dit-il dans son Avis au lecteur[11].

Il est à remarquer que tous ces manuscrits sont d'origine italienne et de date relativement peu ancienne, au moins les trois premiers. Ils contiennent, comme le vieux manuscrit du Vatican, tous les livres conservés d'Ammien Marcellin de XIV à XXXI. Il n'y a donc rien de téméraire à supposer qu'ils ont une commune origine et dérivent du Vaticano-Fuldensis. C'est la pensée de Haupt et de V. Gardthausen. Il y aurait cependant des réserves à faire pour le quatrième, dit Codex regius, de date plus ancienne, et peut-être y aurait-il profit à en faire une étude comparée au texte du manuscrit du Vatican[12].

Il est une autre classe de manuscrits mutilés qui ne contiennent pas les cinq derniers livres d'Ammien Marcellin. Il y en a deux à Rome : le codex Reginœ, conservé à la bibliothèque du Vatican sous le n° 1994, et le codex Petrinus, dans la bibliothèque de la basilique de Saint-Pierre. Le premier servit à l'édition princeps d'Ammien Marcellin faite par A. Sabinus en 1474 ; mais le second est, paraît-il, de beaucoup meilleur que le précédent sans avoir l'autorité du codex Vaticano-Fuldensis, parce qu'il est moins ancien. Cependant, les variantes qu'il fournit sont souvent bonnes, et V. Gardthausen déclare l'avoir consulté avec fruit[13].

On a cru longtemps que les treize premiers livres d'Ammien Marcellin étaient dans la bibliothèque du cardinal Poli ; mais ils n'ont jamais été trouvée. Il ne parait pas même invraisemblable de croire que ces livres étaient perdus du temps de Priscien, au cinquième siècle ; car le manuscrit Vaticano-Fuldensis, qui est du dixième au douzième siècle, ne les donne pas, et la citation de Priscien relative à Ammien Marcellin est empruntée au XIVe livre, le premier de ceux qui nous ont été conservés. La perte est beaucoup plus grande qu'on ne l'a pensé, comme nous avons tâché de l'établir en recherchant quelle a été la véritable étendue de l'œuvre d'Ammien Marcellin. Dans tous les cas, il ne faut pas douter de l'empressement que mirent les érudits du seizième siècle pour les rechercher. Il est au contraire touchant de voir avec quelle passion ils s'employaient à cette œuvre. Dès l'apparition de la première édition d'Ammien Marcellin, encore incomplète, ils se mirent en quête, fouillant toutes les bibliothèques, prêtant l'oreille à tous les renseignements. Au mois d'avril 1512, J. Cuspinien écrivait de Vienne à J. Reuchlin une lettre où, après lui avoir fait part de ses travaux d'érudition, il ajoutait : Mais vous, par amour pour moi, ou plutôt pour notre pays, accordez cette grâce à Cuspinien. J'entends dire que sur les bords du Rhin, à Spire ou à Worms, se trouve encore un manuscrit complet de l'œuvre d'Ammien Marcellin qui vécut sous Julien. Je vous en prie, informez-vous avec soin, afin de me dire ce qui en est. En retour, attendez de moi tout ce que je puis. Reuchlin répondait : Et maintenant, parlons d'Ammien Marcellin. Soyez bien persuadé que je ferai tout pour vous rendre service et répondre à vos désirs, pourvu que j'en aie les moyens. Mais je ne sais où peuvent se trouver les manuscrits de cet auteur si ce n'est chez l'évêque de Worms, l'homme de ce temps le plus tenace qu'il soit possible d'imaginer en fait de livres ; mon intervention auprès de lui ne sera d'aucun poids, quoique j'aie été son bibliothécaire. Il est écrit en effet : Surrexit interea rex novus supra Ægyptum qui ignorabat Joseph[14]. Cuspinien ne paraît pas avoir eu quelqu'un pour le recommander auprès du successeur de Jean Dalberg sur le siège de Worms ; car, peu de temps après, au mois d'octobre 1515, il écrivait à Bilibald Pirkheimer : Je fouille dans tous les coins de l'Allemagne pour retrouver les œuvres perdues. Je vous prie et conjure de faire de même : quelque part sur le Rhin se cache, je crois, un Ammien Marcellin tout entier. Cherchez avec soin vous aussi[15]. D'autre part, André Alciat écrivait à Fr. Calvus : N'oubliez pas, si à votre retour dans votre patrie vous passez par l'Émilie, de vous arrêter à Césène et de visiter la bibliothèque de cette ville ; elle renferme, dit-on, de vieux manuscrits, et entre autres un Ammien Marcellin tout entier[16].

Tant de recherches ne devaient avoir qu'un résultat incomplet ; elles prouvent du moins avec quelle ardeur les érudits du seizième siècle s'efforçaient de retrouver et de mettre à jour les œuvres de l'antiquité. Cette passion paraîtra peut-être de nos jours indiscrète et naïve ; elle sera infiniment respectable pour tout esprit élevé qui le noble souci des lettres et ne professe pas le mépris du passé.

 

APPENDICE D. — Sur les éditions d'Ammien Marcellin.

C'est à Rome qu'Ammien Marcellin avait composé ses livres d'histoire ; c'est à Rome que parut l'édition princeps de son œuvre, le 7 juin 1474, sous la direction du poète-lauréat Angelus Sabinus et par les soins des clercs-imprimeurs Georges Sachsel du Reichenhal et Barthélemy Golsch de Hohenbart[17]. Elle fut faite sur le Codex Reginœ, et, ne contient par conséquent que treize livres (de XIV à XXVI). Elle reproduit fidèlement le manuscrit avec.les fautes des copistes et les lacunes. Aussi est-elle de toutes les éditions parues la plus exacte, dit H. de Valois, et non encore gâtée par les prétendues corrections des critiques : utpote nondum exorta criticorum natione[18].

Cette race de correcteurs à outrance qui donnent leurs inventions pour des restitutions de texte, et d'autant plus hardis qu'ils sont plus ignorants, fit son apparition avec P. Castellus ; qui donna à Bologne, en 1517, la seconde édition. Elle fut faite sur la précédente, mais P. Castellus s'appliqua à corriger les fautes et à combler les lacunes qu'avait laissées Sabinus. Il le fit comme un homme de peu de sens, sans avoir recours aux manuscrits et de sa propre invention, avec une témérité qui n'avait d'égale que son ignorance. Cette édition, ajoute H. de Valois, est la pépinière de presque toutes les fautes qui se trouvent encore dans le texte si mutilé d'Ammien Marcellin. Dans sa naïveté enthousiaste, P. Castellus n'était pas moins fier de son œuvre et, dans sa préface, il se faisait adresser par l'historien lui-même les paroles suivantes :

Sed me quem tunica vides recenti

Mecum et Cæsareos duces ab orci

Traxit vestibulo tenebricosi

Petrus Castelo satus liquore

Castellus latio, favore Phœbi

Et graio eloquio undecunque doctus[19].

L'habit était neuf, en effet, mais il n'était rien moins que celui d'Ammien Marcellin.

L'année suivante, 1518, parut à Bâle, chez Jean Froben, dans la collection des historiens, la troisième édition. C'est Érasme qui en surveilla l'impression ; mais il ne paraît pas avoir révisé le texte, il se contenta de reproduire celui qu'avait imaginé Castellus[20]. En 1527, cette même édition reparut à Cologne dans la collection des historiens romains, toujours sous la direction d'Érasme. Ces deux éditions n'ont pas plus d'autorité que celle de P. Castellus, qui leur a servi de base, c'est-à-dire aucune. Bien plus, elles causèrent un grand dommage à l'historien ; car, observe avec raison M. V. Gardthausen, en faisant disparaître toute trace des fautes et des lacunes laissées dans les manuscrits, P. Castellus laissa croire aux. critiques postérieurs que ces monstrueuses inventions provenaient des manuscrits eux-mêmes ; de sorte que Accorsi et Gelenius n'osèrent pas prendre pour unique fondement de correction leur propre manuscrit, sans tenir aucun compte des élucubrations de P. Castellus.

Les éditions précédentes de Rome, de Bologne et de Bâle, provenant du même manuscrit appelé Codex Reginœ, ne contenaient que treize livres (de XIV à XXVI). En 1533, parurent deux nouvelles éditions d'une grande importance : les manuscrits qui servirent de base au texte étaient nouveaux et plus complets. La première parut au mois de mai 1533, à Augsbourg, chez Silvain Otmar, par les soins de Mariangelus Accursius (Accorsi). Elle était expurgée de cinq mille fautes, dit l'éditeur, et augmentée des cinq derniers livres d'Ammien Marcellin jusqu'alors inconnus. La même année, au mois de juillet, à Bâle, chez Jérôme Froben, paraissait l'autre édition dite IIa Frobeniana. Ce fut Sigism. Gelenius qui la fit imprimer d'après le manuscrit que le prince-abbé d'Hersfeld avait mis à sa disposition ; le XXXIe livre manquait ainsi que la dernière page du XXXI.

A l'importance des manuscrits nouveaux s'ajoutait le mérite des auteurs de ces éditions, hommes de beaucoup de sens, de sagacité et de science. S. Gelenius en particulier sut rétablir l'ordre des feuillets intervertis dans les manuscrits et même dans l'édition d'Accursius. Aussi H. de Valois n'hésite-t-il pas à dire que jusqu'à ce jour nul n'avait mieux mérité d'Ammien Marcellin que Gelenius[21]. Dans la préface, l'éditeur déclare qu'il s'en est rapporté aux leçons du vieux manuscrit autant que cela a été possible, qu'il a corrigé de nombreux passages et comblé des lacunes, qu'il a rétabli les citations grecques tellement altérées que la sibylle même n'aurait pu deviner ce qui avait été écrit[22]. Il est difficile de déterminer jusqu'où est allé ce travail de Gelenius, car le manuscrit d'Hersfeld a disparu, et Gelenius a négligé de laisser en notes les leçons du manuscrit. Cependant, après H. de Valois, les critiques modernes ne doutent pas que le Codex Hersfeldensis n'ait été des meilleurs et que Gelenius n'ait apporté dans ses corrections autant de discrétion que d'intelligence[23]. A la suite des éditions d'Accursius et de Gelenius parurent, en 1544, à Paris, l'édition de Robert Estienne, et, en 1546, à Bâle, la troisième édition frobeniana corrigée et complétée. C'est de cette dernière édition que proviennent toutes les autres parues en France ou en Allemagne dans le courant du seizième siècle, telles que celles d'Henri Estienne à Paris, 1568, de Syllburg à Francfort, dans la collection des historiens latins, 1588, et d'autres à Lyon, 1552 et 1591.

Les éditions d'Ammien Marcellin au dix-septième siècle se distinguent par les commentaires et les rapprochements que les éditeurs ajoutèrent au texte pour le corriger ou l'expliquer.

Dès 1609, Frédéric Lindenbrog donne à Hambourg, chez Froben, une édition corrigée d'après les indications d'un nouveau manuscrit trouvé dans la bibliothèque florentine de Saint-Marc et enrichie de notes explicatives ou commentaires, ce qui n'avait pas encore été tait pour. Ammien Marcellin. Il donnait encore en appendice les variantes fournies par les manuscrits qu'il avait consultés, ce qui pouvait être le point de départ d'un, nouveau travail pour ceux qui oseraient le recommencer. Deux ans après 1611, à Hanovre, J. Gruter donnait une édition de même genre avec notes et corrections de texte. Ce qui lui est propre, c'est la division du texte en chapitres. Pour ce travail, il se servit du texte de l'édition d'Accursius et des leçons de plusieurs manuscrits, tels que les codd. Gallicus, Vaticanus, Fauchetianus. Mais, dans ce genre d'éditions savantes, la plus remarquable est celle de Henri de Valois, à Paris, 1636. Il entreprit un grand travail de recension du texte d'après l'étude comparée des premières éditions de Sabinus, d'Accursius, de Gelenius et de plusieurs manuscrits, notamment d'après le manuscrit de la bibliothèque royale de Paris, dit Codex Regius, et actuellement coté latin 6120. Il put même consulter des extraits du manuscrit de Rome Vatican-Fuldensis, que J. Bouchard lui envoya. Il se servit encore des notes d'Antoine Loisel, recueillies sur le manuscrit de Valence, et des éditions annotées de Lindenbrog et de Gruter. Enfin, il lut avec soin tous les ouvrages des auteurs contemporains d'Ammien Marcellin. C'est ainsi qu'il put donner une édition revue et corrigée avec de savants commentaires pour rendre raison des corrections et expliquer le texte souvent difficile à comprendre de l'historien.

Henri de Valois continua son œuvre le reste de sa vie, pendant quarante ans, notant dans ses travaux et dans ses lectures tout ce qui avait trait à l'histoire d'Ammien Marcellin. Ces notes, patiemment amassées, servirent à son frère, Adrien de Valois, pour donner à Paris, en 1681, une seconde édition du même auteur plus achevée et plus complète. Il prit le texte établi par son frère, le corrigea d'après le manuscrit Colbertinus, mit en tête une longue préface et la vie d'Ammien Marcellin par Claude Chifflet, à la fin une table analytique. Au commencement de chaque livre, il plaça un sommaire des chapitres[24].

Les travaux des frères de Valois ont été des plus utiles pour restaurer le texte si mutilé de l'historien et pour l'expliquer par d'ingénieux rapprochements. Ils font honneur à l'érudition française et l'Allemagne nous les a souvent enviés. Les derniers éditeurs d'Ammien Marcellin, Eyssenhardt et Gardthausen, n'ont pas craint de rendre hommage à la science de ces deux travailleurs, et en particulier de Henri de Valois, qui avait à peine trente-trois ans quand il donna sa belle édition de 1636. On ne pourrait jamais assez louer H. de Valois de son travail, dit F. Eyssenhardt, il a pour toujours bien mérité d'Ammien Marcellin. — Lindenbrog fit beaucoup pour Ammien Marcellin, ajoute V. Gardthausen, mais H. de Valois fit bien davantage ; il est le vrai restaurateur du texte de cet historien[25]. De fait, pour peu qu'on ait suivi les études. faites au delà du Rhin depuis trente ans au sujet d'Ammien Marcellin, on est bientôt convaincu que les corrections et annotations de nos savants français ont été le point de départ et la base des travaux critiques des érudits de Berlin.

Les éditions d'Ammien Marcellin parues dans le courant du dix-huitième siècle et dans la première moitié du dix-neuvième ajoutent peu de chose aux précédentes. Plusieurs sont faites avec soin et à bon droit estimées. Citons notamment celle que donna Gronovius en 1693, d'après le texte des frères de Valois, mais enrichie de figures et de médailles : celle d'Ernesti, à Leipzig, en 1773, avec un glossaire de la langue d'Ammien Marcellin ; celle des Deux-Ponts, en 1786, avec une bonne notice littéraire et une double table analytique ; en 1808, celle de Wagner et d'Erfurdt, avec de précieux commentaires, en trois volumes ; enfin, en 1849, parut dans la collection des auteurs latins de M. Nisard une édition d'Ammien Marcellin, avec traduction française. Le texte reproduit celui de Wagner, et la traduction fait oublier sans peine celle de l'abbé de Marolles publiée en 1772 avec des notes encore plus insuffisantes.

Un mouvement de critique verbale, appuyée sur l'étude comparative des manuscrits et les principes de la science philologique, s'est produit depuis quelque temps en Allemagne et a donné naissance à une foule d'éditions remarquables par la correction du texte ; tels sont : l'Apulée, d'Eyssenhardt ; les Panegyrici veteres, de Æm. Bæhrens ; les Solini collectanea, de T. Mommsen ; les Relationes Q. A. Symmachi, de G. Meyer, etc., et, en France, la savante édition de Virgile, par E. Benoist. Les critiques ne laissèrent point de côté Ammien Marcellin, et, dès 1852, une série de travaux partiels parurent en Allemagne sous la forme de dissertations, de thèses et de programmes d'études dans les facultés faits par MM. C. Müller, Hudemann, Hermann, Langen, Unger, Kallenberg, Haupt, Th. Mommsen, H. Sudhaus, etc., travaux qui aboutirent sui deux dernières éditions d'Ammien Marcellin et les préparèrent. C'est M. Haupt en particulier, qui, en 1868,, lit l'historique des divers manuscrits d'Ammien Marcellin et établit l'autorité du Cod. Vaticano-Fuldensis, indiquant à l'appui de ses dires plusieurs exemples de correction[26].

Trois ans après, en 1871, à Berlin, F. Eyssenhardt donna une édition critique d'Ammien Marcellin, revue et corrigée d'après le manuscrit du Vatican pris comme base. Dans les cas douteux et les passages altérés, il a eu recours à l'édition de Gelenius, faite, comme l'on sait, d'après le manuscrit perdu d'Hersfeld. Mais quand il rencontrait dans Gelenius un texte faisant totalement défaut dans le manuscrit du Vatican, M. Eyssenhardt, estimant que Gelenius l'avait inventé, l'a supprimé dans son édition. Ce système de critique ou de révision a paru trop sévère et trop exclusif. Gelenius était, en effet, un érudit consciencieux, et il a pu trouver dans son manuscrit, qui de l'aveu de tous était des meilleurs, des phrases entières qui font aujourd'hui défaut dans le Vaticano-Fuldensis comme dans les autres manuscrits. Ajoutons enfin qu'Eyssenhardt, trop fidèlement attaché à reproduire le texte du manuscrit du Vatican, a conservé l'orthographe barbare de certains mots, ce qui les rend méconnaissables[27].

Le travail de révision entrepris par Eyssenhardt était plus ébauché qu'achevé, dit Martinus Hertz, aussi fut-il repris par un jeune critique qui depuis plusieurs années s'était signalé par ses travaux sur Ammien Marcellin : Victor Gardthausen[28]. Il prit lui aussi pour point de départ le texte du Vaticano-Fuldensis, mais il le compara aux éditions originales faites sur d'autres manuscrits, telles que celles de Sabinus, d'Accursius et de Gelenius, s'appliquant à être complet autant qu'Eyssenhardt avait été exclusif. Il ne négligea aucune conjecture indiquée par les recherches de critiques contemporains, et plein d'audace lui-même autant que de science, il proposa des corrections qui vont jusqu'à la témérité[29]. Mais tout ce travail est indiqué dans le texte même par la différence des caractères ou dans les notes au bas des pages, de sorte que le lecteur peut refaire à son tour ce travail de recension, se faire juge, le vérifier et le contrôler.

L'édition de V. Gardthausen parut à Leipzig, chez Teubner, en deux volumes : le premier, en 1874 ; le second, en 1875. Elle a été généralement approuvée. M. Ruhl dit que les conjectures de V. Gardthausen sont peu nombreuses, que la plupart étaient déjà connues, que le mérite de cette édition est surtout dans l'appareil critique qui l'accompagne, bien qu'il ne soit pas disposé d'une façon assez claire[30]. Dans une autre revue, un philologue déclare que l'appareil critique de V. Gardthausen rectifie dans un grand nombre de passages les fausses indications d'Eyssenhardt (lequel avait trop souvent mal suivi le manuscrit du Vatican). Il ajoute que le nouvel éditeur a indiqué bien des corrections, mais qu'il a laissé encore beaucoup à faire à cet égard[31]. Enfin, M. Ad. Cart, bien connu par des travaux dé critique sur le même historien, déclare que cette édition est la première dont le texte soit digne de foi ; la tradition manuscrite une fois établie n'est abandonnée que là où elle est absolument insoutenable[32].

 

 

 



[1] Ce fils s'appelait Cimon. Il mourut en revenant de Thrace, près de Tarse, à la suite d'un accident, l'an 390 ou 391. (V. Libanius, Oratio de vita sua, et A. Mœller, De Ammiano Marcellino, p. 18.)

[2] Une liste de ces passages a été donnée par V. Gardthausen en tête de son édition d'Ammien Marcellin, mais elle est incomplète. Nous l'avons complétée à l'aide des renseignements fournis par M. H. Michaël dans son excellent travail : Die verlorenen Bücher des Ammianus Marcellinus, Breslau, 1880.

[3] Dans ce passage, Ammien Marcellin ne dit pas positivement qu'il ait déjà parlé des divers attentats dont Gallien faillit être victime ; cependant, puisqu'il y fait allusion, il est probable qu'il les avait racontés, et M. V. Gardthausen a eu raison de le rapporter ici. Il est bien d'autres passages dans le même cas, tels que : XIV, 11, 20 ; XV, 5, 33 ; XVIII, 6, 7 ; XIX, 2, 8 ; XIX, 9, 9 ; XX, 7, 1 ; XXI, 8, 1 ; XXV, 8, 13 ; XXXI, 11, 3.

[4] Même observation que pour le précédent.

[5] Bien que l'histoire du règne de l'empereur Constance soit en partie conservée dans Ammien Marcellin, à partir de l'année 353, nous donnons ces trois passages comme faisant allusion à des faits racontés dans les livres précédents et perdus.

[6] A. Mai Spicileg. Rom., X, p. 311 ; cité par V. Gardthausen, préface, p. XVII. Ce Poggio Bracciolini fut secrétaire de sept à huit papes (1380-1459). Il rendit les plus grands services aux lettres latines par ses voyages en Allemagne et en Angleterre pour découvrir les manuscrits enfouis dans les bibliothèques des couvents.

[7] Voir à ce sujet la savante discussion engagée entre les philologues allemands dans les Fragmenta Marburgensia, publiés par H. Nissen, p.18.

[8] Haupt, Index lectionum, p. 5, Berolini, 1868 et 1874. — A. Kiessling. Fleckeiseni Annales philol., 1871. — F. Eyssenhardt, Ammiani Marcellini libri, préface. — V. Gardthausen, Conjectanea Ammianea. — Idem, Ammiani Marcellini libri, préface.

[9] H. Nissen, Ammiani Marcellini Fragmenta Marburgensia, Berolini, 1876. Le critique donne l'origine de ces feuilles et la rattache au manuscrit d'Hersfeld, il fixe la date de l'écriture d'après l'opinion de plusieurs philologues, estime que le manuscrit du Vatican est une copie de celui d'Hersfeld, et détermine dans quelle mesure S. Gelenius a dû se servir de ce dernier dans son édition d'Ammien Marcellin, donnée à Bâle en juin 1533. Voir encore l'Hermes de 1880, t. XV, 2, p. 244.

[10] Correspondance inédite de Mabillon et de Montfaucon, t. I, p. 220.

[11] Je dois la plupart de ces renseignements sur les manuscrits français à l'obligeance de M. Michel Deprez, conservateur-adjoint au département des manuscrits. Je saisis cette occasion pour le remercier de l'empressement qu'il a mis à me rendre service.

[12] H. de Valois, Ammiani Marcellini libri, préface, p. IX et passim dans les notes. — Haupt, Index lectionum, p. 5. — V. Gardthausen, Ammiani Marcellini libri, préface, p. XVIII. Revue critique, mars 1876. Compte rendu d'un article de M. A. Cart, où ce dernier donne de précieux renseignements sur ce manuscrit.

[13] V. Gardthausen, préface, p. XVIII.

[14] Haupt, Index lectionum, Berolini, 1868.

[15] Freitag. in virorum doct. epistulis selectis, p. 5, Lipsiæ, 1833.

[16] Gudianarum epistol. sylloge a Burmanno edita.

[17] L'art de l'imprimerie était à peine inventé depuis vingt ans (1463) et pratiqué à Rome depuis sept ans (1467). Les livres d'Ammien Marcellin furent donc des premiers imprimés.

[18] H. de Valois, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. VII.

[19] H. de Valois, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. VII. — V. Gardthausen, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. XX.

[20] Th. Mommsen, Hermes, VI, p. 236.

[21] H. de Valois, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. VIII.

[22] V. Gardthausen, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. XX.

[23] Eyssenhardt, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. VI. - V. Gardthausen, p. XX. — H. de Valois dit au sujet de lignes entières restituées par Gelenius : Quod si auctoritate exemplaris manuscripti ab eo prœstitutum est, nœ illud exemplar ceteris omnibus nostris præstantius atque integrius fuit : sin ex igenio, audaciam ejus nec laudo, nec vitupero. (Note au XXIIe liv., chap. Ier, p. 296.) De nos jours, les critiques croient que Gelenius a moins corrigé le texte qu'il n'a profité d'un bon manuscrit. — Théod. Mommsen, Hermes, XV, 2, p. 244 : Zur Kritik Ammians, où, d'après une inscription découverte sur une pierre du pont Saint-Sixte, il prouve que Gelenius a dit s'en rapporter au texte et non inventer. (Ammien Marcell., XXVII, 3, 3.— Valois, p. 478, note C.) Nous avons parlé plus haut du Codex Hersfeldensis et des fragments qui ont été retrouvés à Marbourg en 1876.

[24] H. de Valois, né à Paris en 1603, mort en 1676. Il fut élève des pères Jésuites et ne s'occupa durant sa vie que d'études littéraires. Il faillit perdre la vue dans la lecture des manuscrits. Il fut nommé historiographe du roi. II publia plusieurs ouvrages de l'antiquité grecque et latine et en particulier les auteurs de l'histoire ecclésiastique. Sa réputation comme érudit était européenne. — Adrien de Valois, son frère (1607-1692), se livra surtout à l'étude des documents sur l'histoire des premiers temps de la Errance.

[25] Eyssenhardt, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. XIV. — Gardthausen, édition d'Ammien Marcellin, préface, p. XXV.

[26] Haupt, Index lectionum, Berolini, 1868.

[27] V. Gardthausen, préface, p. XXIII. — A. Kiessling, Fleck annales, 1871, p. 481.

[28] V. Gardthausen, Conjectanea Ammianea. Kiliæ. — Die Handschriften des Ammianus Marcellinus, 1871. — Hermes, V, 1872, etc.

[29] Ammien Marc., XXII, 16, 22, où V. Gardthausen, d'ailleurs après A. de Gutschmid, a inséré Jesus dans une lacune du texte ; H. de Valois avait mis par conjecture Plato.

[30] Ienær, Litteratuzeitung, 19 fév. 1876.

[31] Litterarisch. Centralblatt, 1er juillet 1876.

[32] Revue critique, mars 1876.