Premiers mouvements des Slaves. — Fondation de La Pologne, de la Bohême et des bannats de l'Illyrie. Les Slaves ou Sarmates, placés entre les Scythes et les Germains, ne commencent à avoir une histoire qu'au milieu du VIe siècle. On les divise en trois branches principales : les Septentrionaux, les Occidentaux ou Wendes, les Méridionaux ou Antes. Les premiers ont gagné leur nom en se dirigeant vers le Nord, Les Roxolans, composés de Rossi et d'Alains fondèrent Kief sur le Borysthène, et, poussant plus loin, ils élevèrent Novogorod. On ne peut rien dire de certain sur ces Slaves ; les dates et les détails manquent également. On connaît un peu mieux les Wendes. On rattache à ce nom les Poméraniens (Po-mor) ou maritimes, qui habitaient les bords de la Baltique, et à côté d'eux, les Obotrites et les Wilses ; les Poléniens, ainsi nommés de la blancheur de leurs armes, et les Tchèques. On ne peut fixer à quelle époque ces Slaves se rapprochèrent de la Germanie ; il est probable que ce fut lorsque l'invasion germaine eut laissé des terres désertes. On rapporte communément à l'an 550 le commencement de la Bohême et de la Pologne. Des Slaves, conduits par Tschecous, appelés eux-mêmes Tchèques, chassèrent les Marcomans du pays des anciens Boïens, et formèrent plusieurs républiques indépendantes, entre autres celle de Prague. On sait deux mots sur leur histoire, qu'ils furent soumis par les Avares et délivrés par un Franc. Les Avares, sous la conduite de Baïan, réduisirent les Tchèques à la condition d'esclaves. Dans leurs guerres, les Avares les plaçaient au premier rang. Si les Tchèques suffisaient pour vaincre, les Avares ne s'avançaient que pour recueillir le butin ; s'ils cédaient les Avares les soutenaient par derrière. Les Avares venaient passer l'hiver chez les Tchèques, prenaient leurs femmes et leurs filles, et leur imposaient deo tributs ; mais Baïan fut vaincu devant C. P. Les Tchèques se révoltèrent, et un marchand franc, nommé Samon, combattit avec eux. Sa valeur les délivra, et ils le firent roi[1]. Plusieurs fois attaqués par les Francs maîtres de la Germanie, les Slaves du Boiohemum se réunirent désormais sous un seul chef, et l'on nomme Prémislas comme le plus ancien de leurs ducs. Les Poléniens, nommés aussi Leckhes, de Leckh, leur premier chef, seraient venus, vers 650, des environs de Kief, à l'Oder et à la Vistule. On attribue à Leckh la fondation de Gnezne et de Poznan. Après sa mort, douze Woiewodes se seraient partagé le pays, puis on serait revenu au gouvernement d'un seul, d'un krol. Cracus, le premier krol aurait fondé Cracovie. Les Antes changèrent de demeure aux dépens de l'empire grec. Longtemps ils s'étaient contentés de passer l'Ister et de ravager la Thrace. Soumis aux Avares comme les Tchèques, ils restèrent en repos jusqu'à la défaite de Baïan (626), puis obtinrent d'Héraclius la permission de s'établir en Illyrie. L'empereur croyait anéantir par eux les Avares. Les Antes ravagèrent l'Illyrie, et y fondèrent plusieurs principautés ou bannats ; ainsi commencèrent les bannats de Croatie, de Dalmatie, d'Esclavonie, de Bosnie et de Servie. Quelques villes restèrent aux Grecs. Le palais de Dioclétien à Salone s'agrandit pour recevoir des fugitifs, et devint une ville sous le nom de Spalatro ; d'autres fugitifs fondèrent Raguse. Les Antes, établis sur les côtes de l'Adriatique, firent dès lors sur mer ce qu'ils avaient fait sur terre. Ils furent pirates sur les mers du midi, comme les Wendes l’étaient sur la Baltique. |