HISTOIRE DU RÈGNE DE LOUIS XIV

DEUXIÈME PARTIE. — L'ÉPOQUE DE PUISSANCE ET DE GLOIRE SOUS COLBERT ET LOUVOIS (suite)

 

CHAPITRE XXV. — Histoire intérieure de la France pendant la guerre de Hollande et à la suite de la paix de Nimègue, première partie. Affermissement du pouvoir absolu. Complément des institutions civiles : bienfaisance, commerce, industrie, travaux publics : inauguration du canal du Languedoc.

 

 

II. — Établissements de bienfaisance ; les hôpitaux dans les villes. - L'industrie et le commerce continués pendant la guerre ; nouvelle impulsion après la paix. - Points de Flandre. - Manufacture de Louviers ; faveur de Van Robais. - Travaux de communications ; principes de Colbert sur cette matière ; perfectionnement des chemins. - Navigation intérieure ; projets de nouveaux canaux ; canal du Loing. - Inauguration du canal du Languedoc.

 

A le juger par la plupart de ses œuvres, ce pouvoir d'un seul, servi par des ministres supérieurs, était bienfaisant au grand nombre et poursuivait, à travers les surcharges de la guerre, la vraie fin de la politique, qui est, comme dit Bossuet[1], de rendre la vie commode et les peuples heureux. Et puisque nous avons prononcé le mot de bienfaisance, commençons par les soins apportés au soulagement de la pauvreté et à la répression de la paresse. L'hôpital général établi à Paris en 1657 était resté pendant longtemps le seul pour toute la France, et, par conséquent, incapable de suffire à la multitude qui y affluait de toutes parts. La persistance de Colbert à occuper les pauvres de cet hôpital aux travaux de l'industrie n'avait pas du premier coup inspiré aux autres villes le zèle de l'imitation. Il commença pourtant à être compris en 1672. Son frère, l'évêque d'Auxerre, ayant trouvé une maison propre à un établissement de ce genre, il le soutint avec vigueur, et chargea l'intendant de Dijon d'y apporter tous ses soins, de presser les magistrats de la ville d'achever une entreprise dont les avantages pouvaient être considérables. Il encouragea aussi énergiquement les maire et échevins de Chaumont en Bassigny à ouvrir un asile semblable à leurs pauvres et à y établir quelques manufactures. Rien de meilleur, disait-il, que de pareils établissements pour bannir l'oisiveté et la fainéantise du peuple[2]. Le roi partageait ces idées bienveillantes. Colbert lui proposant un jour d'exempter d'une taxe imposée aux faubourgs les maisons qui appartenaient aux hôpitaux de Paris, il l'avait accordé sans hésitation : on ne regrette dans sa réponse que la pensée d'intérêt personnel qui se mêle à sa bonne action : Dites-le-leur plus tôt que plus tard, de manière qu'ils m'en aient l'obligation[3]. Mais, si ses motifs n'étaient pas tout à fait purs, il n'en prit pas moins une décision utile en 1676, en ordonnant l'établissement d'un hôpital général dans toutes les villes et gros bourgs de son royaume. Avec des intendants dociles, l'exécution suivit de près la déclaration. Foucault, que nous connaissons déjà, concerta immédiatement avec l'évêque de Montauban les mesures pour commencer par cette ville, et quelque temps après il fondait un autre hôpital à Cahors[4]. Le mouvement donné se communiqua partout. En 1680, le roi pouvait dire qu'il y avait un hôpital général dans presque toutes les villes considérables du royaume. Dès lors, celui de Paris fut réservé exclusivement aux pauvres de la ville et de la prévôté et vicomté de Paris.

Les règles établies à ce moment pour l'hôpital de Paris nous font comprendre que la pensée du législateur était de démêler la pauvreté véritable de la paresse, de soulager l'une, de forcer l'autre à se changer en activité laborieuse. Il faut pourvoir, dit l'Ordonnance de 1680[5], à l'entretien des véritables pauvres, et à la punition des gueux vagabonds que l'oisiveté plonge dans un nombre infini de dérèglements, et rend des membres inutiles et onéreux à l'État. En conséquence, on recevra à l'hôpital ceux qui sont dans les conditions nécessaires, on refusera les autres. On ramassera tous les pauvres, qui auront été pris mendiant, dans les lieux de dépôt près la maison de la Pitié ; après examen, les pauvres en état d'être reçus par l'hôpital y seront renvoyés, les gueux vagabonds seront mis en prison. Toute personne valide, de seize ans au moins, ayant la force nécessaire pour travailler, et prise en flagrant délit de mendicité, sera enfermée pendant quinze jours et ne recevra que ce qui est strictement nécessaire pour vivre. Il en sera de même des pauvres valides refusés par l'hôpital. En cas de récidive, la prison sera de trois mois ; à une seconde récidive, d'un an ; à une troisième, pour la vie. S'ils s'échappent et qu'on les reprenne en mendicité, ils seront, par sentence du Châtelet, condamnés aux galères. Tout d'abord ces peines rigoureuses nous mettent bien loin de la liberté que Vincent de Paul, nous nous le rappelons, aurait aimé à laisser toujours au pauvre. Mais il est évident qu'il ne s'agissait pas ici du pauvre vraiment digne d'intérêt et de ménagements. Pendant que la misère réelle et isolée était assurée de trouver dans l'hôpital les soins et la subsistance mérités, l'ordre public réclamait une garantie contre ces fainéants dangereux dont la mendicité protégeait la malice, et dont les délits ou les crimes ont fait du nom de gueux une flétrissure.

Il était clair que le travail ne manquait pas aux bras valides. La guerre elle-même n'en avait pas suspendu le développement. Colbert constatait avec joie que les hollandais n'avaient pas pu se passer des denrées françaises pendant plus de dix-huit mois (11 octobre 1674), et qu'au bout de ce temps, en pleines hostilités, ils avaient levé leurs défenses[6]. Il écrivait encore un mois après : Je vois avec plaisir que les vins sont d'un bon et avantageux débit à Bordeaux, et qu'il y a lieu d'espérer qu'après Noël ils apporteront beaucoup d'argent dans la province[7]. Aussi, ne laissa-t-il pas languir un seul moment l'industrie et le commerce. Il avait attiré à Abbeville le Flamand Van Robais pour établir par lui une concurrence contre les draps d'Angleterre et Flandre (1672). Il le protégeait ouvertement contre les maîtres et gardes d'Abbeville (1673) ; nous retrouverons plus bas d'autres marques de cette protection. Il fondait par privilège, dans la même ville (1673), une manufacture de moquette, brocatelle et autres étoffes[8]. Il défendait contre le monopole des gros marchands la draperie d'Amiens. Cette industrie faisait subsister cent mille personnes dans le pays, mais les meilleurs profits en restaient aux mains de huit ou dix gros négociants qui s'entendaient pour ne payer qu'à leur convenance le travail des petits artisans, et leur revendre fort cher les matières premières. Il fit triompher cette si sage et si sainte maxime que le roi voulait introduire dans son royaume depuis le commencement de son règne, de ne jamais laisser établir la fortune des particuliers sur les ruines du public[9]. Il écouta les petits artisans qui réclamaient la liberté de fréquenter les foires, d'avoir au moins trois foires par an, de pouvoir trafiquer, soit pour la vente, soit pour l'achat, avec les marchands étrangers. Au rétablissement de la paix, il constatait les avantages que cette activité toujours entretenue avait ravis à l'ennemi. L'exclusion du commerce des îles, dit-il dans un mémoire au roi, donnée aux Hollandais, leur ôte tous les ans pour quatre millions de livres de sucre qu'ils envoyaient dans le royaume. Les serges, bas et draps leur ôtent encore autant pour le moins. Les points de Gênes et de Venise sont ruinés dans ces villes, et leur ôtent trois millions six cent mille livres. Les glaces leur ôtent un million. Tous ces établissements ont donné à vivre à une infinité de peuples et ont conservé l'argent dans le royaume[10].

Après la paix, il poussa avec un redoublement d'ardeur au développement de ces résultats. Il essaya de répandre le commerce français dans les pays de la domination d'Espagne. Ce fut le sujet de longues instructions à Villars, envoyé comme ambassadeur à Madrid. Le représentant de la France devait s'appliquer à faire pénétrer en Espagne les manufactures françaises de chanvre et de lin, obtenir pour les vaisseaux français le droit d'aborder aux colonies espagnoles, et pour les marchands français la liberté, quelquefois accordée à d'autres commerçants, de transporter de l'argent hors d'Espagne[11]. Il représenta au roi que, avec quelques avances d'argent, il serait possible d'ôter aux Anglais et aux Hollandais le commerce du Levant, qui rapportait annuellement aux uns six millions, aux autres dix millions, et d'en assurer les profits à la France, à la faveur de la grande considération que les Turcs avaient pour ses sujets, et de la situation favorable des ports français dans la Méditerranée. On obtiendrait des avantages analogues contre les deux nations rivales en Afrique et dans l'Inde, en appuyant la Compagnie des Indes et celle du Sénégal[12]. Le principal point des finances, disait-il encore, consiste, selon moi, à employer tous les ans au moins cent mille livres et, lorsqu'il sera possible, au moins cent mille écus, pour gratifier ceux qui font le commerce de mer, qui entreprennent de nouvelles compagnies, de nouvelles manufactures, parce que ces moyens servent à maintenir et conserver l'argent dans le royaume, à faire revenir celui qui en sort, et à tenir toujours les États étrangers dans la nécessité et le besoin d'argent où ils sont[13].

Quelques-unes de ces propositions contredisaient trop directement les termes mêmes de la paix avec la Hollande, pour qu'il fût permis de les appliquer. Mais partout où le commerce et l'industrie de la France étaient seuls engagés, Colbert eut encore la liberté et le temps de donner un nouvel entrain. On le sent bien à ce désir d'appliquer tous les bras au travail, si nettement exprimé à propos des pauvres assistés par les abbayes. Il trouvait utile d'obliger les religieux de faire en partie leurs aumônes en travail, en donnant aux pauvres des laines à filer. Les religieux, disait-il, pourraient diviser ce qu'ils donnent moitié en pain et moitié en laines, à condition de rapporter la laine fabriquée en bas ; ainsi, de temps en temps, diminuant le pain et augmentant les laines, insensiblement on pourrait réduire la mendicité aux pauvres malades et invalides qui ne peuvent travailler[14].

On le sent encore à ce besoin d'évincer la marchandise étrangère en l'égalant et même en la surpassant. Une manufacture de draps façon d'Angleterre et de Hollande commençait à Louviers (1680). Le roi avait donné dix mille livres, et des lettres patentes enregistrées au parlement de Rouen ; mais les drapiers voisins réclamaient. Colbert presse les magistrats de débouter ces rivaux de leur opposition. Il signifie que toutes ces lenteurs ne sont propres qu'à dégoûter les particuliers de tenter de pareils établissements, et qu'à faire durer en France l'emploi des draps étrangers dont il entre une trop grande quantité dans le royaume[15]. Ce même zèle contre l'étranger explique la faveur toujours croissante de Van Robais, parce que cet homme est capable d'établir si fortement la manufacture des draps fins à Abbeville, qu'elle s'établirait ensuite dans le royaume, et porterait un grand préjudice aux fabriques de Hollande et d'Angleterre, un grand avantage aux sujets du roi. Aussi Van Robais est-il à la fois surveillé de près par l'intendant et encouragé par le ministre. Il faut qu'il ne fabrique pas des draps semblables à ceux des autres manufactures, mais qu'il égale en finesse et en longueur les draps d'Angleterre et de Hollande. Il est à souhaiter qu'un de ses fils aille fonder un établissement du même genre dans une autre ville. Mais en retour il est dispensé d'observer certains articles du règlement sur les manufactures, parce qu'il a trouvé un secret de teinture qui a été reconnu bon ; Colbert lui fait rendre ses marchandises saisies pour contravention par les gardes de la draperie à Rouen[16]. Cette faveur n'est après tout qu'une manière de reconnaître le progrès.

La dernière industrie que Colbert ait introduite en France lui donne tout autant de préoccupation que les premières. On avait déjà le point de France et de Venise travaillé à l'aiguille ; on ne connaissait pas encore le point d'Angleterre ou de Malines travaillé au fuseau ; et de ce dernier il entrait en France une quantité de la valeur de deux millions. Il commence (janvier 1682) par le pays d'Alençon où les femmes avaient déjà la pratique des dentelles ; si, pour leur enseigner le nouveau procédé, il faut appeler des ouvriers étrangers, il donnera toutes les facilités nécessaires[17]. Les premiers efforts n'ayant pas justifié ses espérances, il travaille à importer cette fabrication aux lieux où les dentelles ne sont pas connues, où la routine ne contrariera pas la nouveauté. Il charge l'intendant de Rouen (29 juillet 1682) d'examiner si le Havre ne serait pas, comme on le lui a indiqué, propice à la nouvelle manufacture. L'intendant séjournera quelques jours dans cette ville ; il recherchera avec le maire et les échevins les moyens de réussir. Tel est son empressement, qu'il parle en son nom, qu'il oublie un peu la réserve qu'il gardait si bien vis-à-vis d'un maître ombrageux ; il fait presque le roi. Il commence à la première personne : L'application que j'ai à établir en France toutes les manufactures qui entrent des pays étrangers dans le royaume m'oblige à vous écrire ces lignes. Il finit en 'se montrant à côté du souverain : S'il était nécessaire de faire quelque chose de la part du roi, je ne manquerais pas de le faire[18].

Pour le commerce, bien déterminé à ne pas plus le laisser languir que l'industrie, il le poursuit, on peut le dire, de sa surveillance et de, ses excitations. Il ordonne (1679) une enquête pour vérifier de quels éléments le commerce dispose, et il constate que le nombre des vaisseaux marchands a doublé en douze ou quinze ans[19]. Il veut pénétrer plus au fond, il ne s'en tient pas aux déclarations des marchands dont le style est toujours de n'être pas contents ; il recommande à ses commissaires de rechercher ce qu'il circule d'argent, quel en est l'intérêt, si les marchands font quelques dépenses personnelles, s'ils sont bien meublés. C'est par l'examen de toutes ces choses qu'on peut tirer une conséquence sûre que le commerce va bien ou mal[20]. Pour leur donner confiance, à la faveur de la paix il met en mer de fortes escadres contre les Barbaresques (1681). Il fait servir à la protection des marchands la domination hautaine que Louis XIV exerçait alors sur l'Europe. Duquesne, chef de l'expédition, passera entre l'Italie et la Sardaigne et s'approchera des côtes d'Espagne pour forcer les galères espagnoles au salut. De là il tirera droit sur Tripoli ; il y demeurera quelques jours pour faire comprendre aux corsaires la force des escadres françaises, et les retenir par la crainte dans leurs ports. Il passera dans l'archipel, et s'avancera jusqu'à Smyrne, pour donner protection au commerce français, et exiger du Grand-Seigneur qu'il n'abrite pas les corsaires sous ses forteresses. Il visitera le cap Matapan, les îles de Sapience et de Zante, et reviendra devant Tripoli pour imposer la paix aux corsaires, et les guerroyer s'ils refusent. Le grand-duc de Toscane et les républiques de Venise et de Gênes sont avertis que le roi ne souffrira aucun commerce de leurs sujets avec ces gens-là tant qu'il leur fera lui-même la guerre. De Tripoli, Duquesne reviendra devant Tunis et devant Alger pour obtenir toutes les réparations désirables[21]. C'est de ces instructions que sortit l'expédition de Duquesne contre Chio, qui faillit brouiller la France avec le Grand-Seigneur, et dans les années suivantes les bombardements d'Alger dont nous parlerons plus loin.

Un objet capital pour Colbert était de favoriser l'exportation des produits français. Nous en trouvons une preuve trop curieuse pour ne pas la placer ici en forme de conclusion. Les marchands de Bordeaux avaient cru gagner davantage en coupant leurs vins, les jurats les condamnèrent à de fortes amendes. Sur la réclamation des marchands, Colbert ordonna à l'intendant de subordonner les raisons des uns et des autres à ce principe que l'intérêt des marchands consiste à faire un grand débit. Si donc le coupement satisfaisait au goût de l'Angleterre et de la Hollande, les jurats avaient tort. Mais voilà qu'il résulte de l'examen que, depuis l'introduction du coupement, il s'enlève beaucoup moins de vins, surtout du côté de l'Angleterre. Donc, ce sont les marchands qui ont tort, il faut donner raison aux jurats. Deux décisions contradictoires qui s'expliquent par le même motif ; Colbert l'avoue sans embarras : Il faut avoir une attention particulière à faciliter la sortie des vins et des autres denrées du royaume[22]. Néanmoins, le commerce intérieur ne lui était pas moins précieux ; nous avons déjà vu que c'était pour aider aux communications entre les provinces qu'il avait commencé et poursuivi ses grands travaux publics.

En 1672, le duc de Chaulnes écrivait de Bretagne à Colbert : J'ai été surpris du travail des grands chemins. Il y a déjà trois routes qui traversent la province, également bien accommodées, et les relations que j'ai des chemins de villes me font connaître qu'on n'y a pas moins bien travaillé ; pour un million, on n'aurait pas fait ce qui s'est fait sans qu'il en coûte encore un sol à la province[23]. L'activité qui avait assuré ces résultats continua, quoique forcément ralentie, pendant la guerre, principalement en faveur des communications par eau. Ouvrages pour rendre l'Oise navigable près de Guise (1673) ; entretien des turcies et des levées de la Loire, pour élargir les levées de six pieds, les exhausser de deux ou trois, les consolider par des plantations (1674) ; écluses sur le Lot, quinze écluses en peu d'années (1674-1675), par les soins de Foucault[24] ; préservation de la ville de Grenoble par l'endiguement du Drac, et dépense de 81.000 livres aux frais du roi ; édit portant règlement pour perfectionner la navigabilité de la Seine, de la Marne et de l'Aube (1676) ; 30.000 livres pour réparer les ouvrages de la Nive, détruits par un grand malheur (1677). Il n'y a pas de si petite rivière ni de population si éloignée, qui ne ressente l'action bienfaisante du gouvernement central[25].

La guerre finie, Colbert poussa phis fortement encore à ces ouvrages d'une si grande utilité pour les peuples. Il ne faut pas hésiter, disait-il, à profiter de ce temps de paix[26]. C'est alors surtout qu'il explique catégoriquement les principes qu'il convient de suivre pour la construction et l'entretien des chemins. Les voies de communication doivent être appropriées aux besoins des localités combinés avec les besoins généraux du royaume. Ainsi, en Bourgogne, les grandes routes sont d'abord celles de Dijon et de Lyon ; puis viennent les chemins conduisant des grands vignobles aux rivières qui servent à emporter les vins et les autres denrées de la province[27]. Dans les provinces qui ont communication aux villes maritimes et aux ports du royaume, les chemins qui mènent à cette destination sont au premier rang ; il faut y mettre aussi la grande route de la province à Paris, parce que Paris est presque le centre de toute la consommation[28]. Cependant, il ne convient pas de sacrifier à Paris l'utilité positive des provinces. Ainsi, dans le Soissonnais, le chemin de Paris à Soissons ne servant qu'aux carrosses et coches, et les vins, blés et autres denrées étant transportés par eau dans la capitale, ce chemin est beaucoup moins important que celui qui portera en Flandre les vins de Champagne et du Soissonnais, et rapportera à la province l'argent de Flandre. Il faut donc préférer et construire le chemin de Flandre avant celui de Paris[29].

On suivra dans les travaux un ordre méthodique, rationnel, plus profitable. On commencera par le chemin le plus utile et le plus avantageux aux peuples ; on y travaillera le temps nécessaire, deux, trois ou quatre ans. Celui-là terminé, on pourra en entreprendre un autre. Sa Majesté estime beaucoup plus avantageux à ses peuples de rétablir parfaitement les grands chemins l'un après l'autre, que de continuer à faire quantité de dépenses de côté et d'autre qui ne font pas l'effet qu'elle désire. Ce qui n'empêchera pas toutefois que, dans la même année où l'on rétablira parfaitement un desdits grands chemins, on ne rétablisse quelques petits ouvrages dans les autres, en cas qu'il y en ait qui soient absolument nécessaires.

Les populations qui tirent un grand profit de la facilité des communications ne pouvaient se plaindre d'avoir à contribuer, par leurs charges personnelles, à l'accroissement de leur bien-être. Nous avons déjà entendu Colbert signifier aux pays d'États où l'impôt direct était le moins lourd, que le roi n'interviendrait dans leurs travaux que pour en assurer la bonne exécution. Maintenant il distingue, dans les pays où le roi contribue aux travaux d'utilité publique, quelle sera la part du roi et celle des communautés. Le roi ne veut être chargé que des travaux de conséquence, comme des ponts sur les rivières, des grandes chaussées de pavé à faire et autres de cette nature ; et à l'égard des petits ouvrages, comme coucher, passer ou mettre des cailloux dans un mauvais passage de cinquante ou soixante toises de long et autres de pareille qualité, dont la dépense ne peut monter qu'à 1.000 ou 1.200 livres, Sa Majesté veut que vous les fassiez l'aire par les communautés. La raison qu'il ajoute le justifie par le bon sens public lui-même : Ces communautés sont toujours assez portées à raccommoder les chemins qui servent à leur commerce[30].

On aura soin, avant de rien entreprendre, de se rendre compte de toute l'entreprise et de toute la dépense, par examen fait sur les lieux. Les ouvrages qui peuvent être exécutés par corvées seront répartis entre les communautés ; les autres, tels que maçonnerie, charpenterie, etc., seront adjugés, par sections, à divers entrepreneurs, qui emploieront, autant qu'il sera possible, des ouvriers du pays ; ceux-ci étant assurément plus propres que d'autres à connaître et à transporter les matériaux de la contrée. On choisira des entrepreneurs solvables, en état de supporter les accidents de l'entreprise : C'est un mauvais exemple qu'un entrepreneur fasse des marchés pour y gagner seulement, jamais pour y perdre. L'entrepreneur s'obligera à l'entretien de son œuvre pendant huit ou dix ans ; car il importe que ces ouvrages soient éternels, et, dès qu'on les néglige, ils dépérissent ; pour s'épargner la charge des réparations, l'entrepreneur les fera d'abord très-solides. On ne recevra les travaux que lorsque l'hiver aura passé dessus ; sur cette assurance l'entrepreneur sera payé. Tous les mois, les intendants rendront compte au roi de l'exécution de ses ordres pour les ouvrages publics de chaque catégorie[31].

A l'aide de cette discipline régulière, il fut donné à Colbert, dans ses dernières années, d'achever encore ou de mettre en train des œuvres durables. Il prescrivit l'élargissement, à trente-six pieds, des chemins dans l'Anjou (1680), et dans la généralité de Tours (1682). Il exécuta ceux de Metz à Verdun, de Metz en Alsace et à la Sarre. L'argent lui manqua malheureusement pour le chemin du Dauphiné à Pignerol par Briançon, qu'il voulait rendre commode aux voitures de marchandises et aux charrois de l'artillerie. Mais on lui doit les ponts de Tours, de Cé, d'Amboise, les ponts de la Charité et de Nevers. Quant aux rivières, l'énumération toute seule de celles qu'il améliora ou désigna à l'attention de ses successeurs serait une page notable d'une histoire déjà si riche : la Loire, divisée en deux inspections (1679), l'Allier dont il voulait compléter la navigabilité (1682), le Drac pour lequel il imposa à la province une contribution de 100.000 livres payables en trois années (1679) ; la Dordogne, la Vézère (1679), l'Isle (1682) ; l'Authion et la Boutonne (1681) ; le Doubs jusqu'à son embouchure dans la Saône (1682), la Garonne entre Toulouse et Bordeaux[32], dont le lit avait besoin d'être rétréci en certains endroits pour être en état de servir en toute saison (1682) ; les petites rivières de Normandie, l'Eure, l'Andelle, la Bresle, la Touque. Sa pensée fixe se révèle dans ces paroles à l'intendant de Rouen : Vous ne pouvez rien faire de plus utile pour les peuples que de travailler à rendre navigables les rivières qui peuvent servir au transport de leurs denrées. Ce n'est pas que l'on en puisse entreprendre un aussi grand nombre à la fois, mais on verra celles qui seront les plus utiles, et l'on pourra commencer d'y travailler.

Entre ces projets, il recommandait particulièrement la jonction de la Somme, par la rivière de Moreuil, à l'Oise ; il préparait ainsi le canal Crozat et la jonction de l'Escaut avec la Seine (1680). Il avait déjà fait accorder au frère du roi l'établissement d'un nouveau canal entre la Seine et la Loire par Orléans. Le canal de Briare, montant directement au Nord pour rejoindre le Loing, affluent de la Seine, n'offrait ni par sa position à l'Est, ni par la quantité des eaux, toutes les conditions désirables à la navigation marchande. La sécheresse de l'été le rendait parfois inutile en ne permettant pas aux bateaux de remonter la Loire jusqu'à Briare. Il était possible de remédier à cette insuffisance, en ouvrant un nouveau canal, vingt lieues plus bas sur le fleuve, et de le conduire d'Orléans au Loing, à travers la forêt d'Orléans où beaucoup d'eaux, jusque-là perdues, serviraient à l'alimenter. L'utilité publique, le commerce de Paris, y trouveraient leur compte, et aussi le frère du roi, qui, en retour de ses avances, ajouterait le produit du canal aux revenus de son duché. Ces trois considérants sont nettement expliqués dans l'Ordonnance de mars 1679[33]. Qu'importe aujourd'hui le calcul personnel d'un prince du sang ? L'entreprise a eu certainement le mérite d'ouvrir feux communications, au lieu d'une, entre la Seine et la Loire, celle de Briare pour les bateaux qui remontent vers Roanne ou qui en descendent, celle d'Orléans pour les bateaux qui descendent vers Nantes ou qui en remontent.

L'achèvement du canal de Languedoc fut le couronnement solennel des travaux de cette féconde époque. Depuis l'ouverture de la première section entre Toulouse et Naurouze (1672), Riquet n'avait cessé de poursuivre l'exécution de la seconde. Peu de volontés sont capables de se roidir comme lui contre les obstacles : obstacles du côté de l'argent qui n'arrivait pas à propos, obstacles de la part de la nature qui ne cédait souvent qu'après une lutte gigantesque, obstacles de la part des hommes qui l'étaient pas toujours justes envers lui. Le roi sonnait sa part, qui monte, dans l'ensemble des dépenses, à sept millions et demi. La province avait fini par s'exécuter d'assez bonne grâce ; dans sa participation à l'entreprise, on trouve des dons gratuits de 1.600.000 livres en 1676, de 1.300.000 en 1678, et un compte total qui atteint presque sept millions. Mais ou ces sommes étaient insuffisantes, ou elles n'arrivaient que lentement, par termes qui ne s'accordaient pas toujours avec l'élan et la constance infatigable de l'entrepreneur. Il fallait que Riquet y pourvût autrement, soit en contractant des dettes personnelles qui ont fini par le ruiner, soit en appliquant à son œuvre une partie des rentrées de sa ferme des gabelles, ce qui lui attirait les reproches de Colbert. Malgré le soin consciencieux des études préparatoires, l'exécution, comme toujours,   démentait les devis en faisant surgir de nouvelles difficultés, et commandait impérieusement des modification sicle plan et de travail plus dispendieuses ; c'est ainsi que, au lieu de soixante-dix écluses prévues, il en fallut construire cent deux, qu'on se heurta sous terre à des montagnes de roc qu'on ne pouvait vaincre que par des efforts supérieurs à tous les calculs. Un jour Riquet, surpris par une résistance considérable, en avait averti Colbert ; celui-ci ordonna de suspendre le travail jusqu'à ce qu'il eût fait examiner l'affaire. Riquet, se défiant du commissaire qui allait venir et redoutant pardessus tout les retards, quintupla le nombre de ses ouvriers, multiplia les moyens d'action, et continua malgré les ordres d'en haut. Quand le commissaire arriva, le travail n'avait plus besoin d'examen ; il était fini et justifié[34].

Nous tirons du rapport d'un contemporain quelques traits saillants de ces opérations contre nature. Au-dessous de Castelnaudary, le long des rideaux de Rauchan, Marseillette, Millegrand, Saint-Julien, Dejean, etc., trois mille toises creusées à travers un roc si dur qu'on n'en put triompher que par une consommation de poudre supérieure à celle des sièges les plus fameux ; à Marseillette, un aqueduc qui élève le canal par-dessus les eaux de l'étang ; sur la Répudre, une arche de cinq toises de largeur, soutenant les sept ou huit pieds d'eau du canal, et laissant au-dessous le torrent s'engouffrer dans les ravins ; dans la plaine d'Argeliers, le roc plus dur que le marbre, creusé à dix-huit pieds de profondeur ; plus loin, le Malpas, montagne de tap, haute de treize pieds, large de trois cent soixante pieds, ouvert par une large voûte ; à Agde, une écluse ronde où peuvent tourner dès bateaux longs de treize toises.

Cependant le port de Cette se consolidait par deux grandes jetées de marbré rouge et cendré : l'une au couchant, de trois cent trente toises ; l'autre du côté du nord, de deux cent deux toises. Un canal de neuf cents toises de long sur vingt de large unissait ce port à l'étang de Thau. A l'autre extrémité, le bassin de Naurouze, excavé dans la pierre de taille, présentait cinq cent quarante-quatre toises de pourtour et des quais où l'on mesurait plus de mille toises cubes de construction. Au-dessus, la merveille, le bassin de Saint-Ferréol, d'une surface de cent dix mille toises carrées, d'une contenance de six cent cinquante mille toises cubes d'eau, petite mer arrêtée entre deux montagnes par une forte chaussée composée de trois murailles, d'épais terrassements entre elles, et de gros pavés sur le talus intérieur pour résister au batelage et à l'agitation des vagues[35].

On raconte que Vauban, envoyé par Louis XIV auprès de Riquet pour examiner ses travaux, s'arrêta pensif et silencieux devant le bassin de Saint-Ferréol. Riquet, étonné et craignant quelque critique, lui demanda enfin le sujet de ses réflexions. Il manque, répondit Vauban, à ce grand ouvrage une chose essentielle et qui a été oubliée ; et après une nouvelle pause pour donner plus de piquant à son admiration : Il manque, ajouta-t-il, en cet endroit la statue de l'homme illustre qui a conçu et exécuté un projet aussi grand[36].

C'est un devoir triste, mais impérieux pour l'historien, d'avouer que Colbert a manqué une fois de justice envers Riquet. Il admirait certainement l'entrepreneur du canal, mais nous avons vu qu'il n'aimait pas les retards que le fermier des gabelles de Languedoc apportait aux payements de sa ferme. Il les avait supportés pendant longtemps, tout en exprimant çà et là quelques reproches. Il paraissait même s'y être résigné lorsqu'il disait, en 1676, que, si Riquet achevait ses grands travaux avec le soin, l'honneur et la solidité désirables, il serait bon de lui procurer des avantages dans la suite, et de mettre dans sa famille quelque marque d'honneur proportionnée à une aussi grande entreprise. Tout à coup il changea de ton en 1677 ; c'était une année laborieuse, où la gloire des armes ne se soutenait qu'à force d'argent, où l'argent ne rentrait pas assez abondamment au gré du contrôleur général. Riquet porta la peine de cette contrariété ; toujours en retard de payement, il ne fut plus seulement un agent de finances irrégulier, mais un parfait menteur coupable d'avoir gaspillé pour les siens l'argent public. Colbert recommandait à l'intendant de le surveiller, de bien examiner si le mauvais payeur avait réellement fait des ouvrages pour l'argent qu'il avait touché. Cette défiance dura plusieurs années, et, ce qui en aggrave l'injustice, elle s'obstina à trouver des raisons pour durer. Dans plusieurs lettres à d'Aguesseau, Colbert, sans provoquer d'explications de l'inculpé, fait un grief à Riquet du titre de maître des requêtes obtenu pour son fils, ou de l'achat d'une terre qui le constitue baron des États. Il en conclut qu'il pourrait bien s'être enrichi au service du roi, et peut-être avoir diverti les fonds publics par les établissements qu'il a mis dans sa famille. Cependant, au moment où il écrivait ces lignes regrettables, les faits l'avaient déjà démenti. Riquet venait de mourir (1680) pauvre, ruiné, ne laissant que des dettes, deux millions neuf cent mille livres, et à ses enfants la seule perspective de refaire leur fortune par les revenus du canal[37].

Riquet ignora heureusement les soupçons et les invectives de Colbert. Le public non plus ne sut rien de la persécution secrète exercée contre l'entrepreneur du canal de Languedoc par le plus ardent et le plus intelligent promoteur de l'entreprise. Le fils de Riquet acheva promptement l'œuvre paternelle ; en 1681 il fut en mesure de la livrer à la France. Colbert put vanter les mérites de ce grand ouvrage, sans que personne eût le droit d'opposer à cette satisfaction la dureté de ses plaintes récentes. L'intendant d'Aguesseau visita le canal d'un bout à l'autre, le trouva partout en bon état, et y fit mettre l'eau. Le 15 mai commença à Toulouse une fête qui devait se continuer jusqu'à la mer. L'intendant s'embarqua à l'écluse de Toulouse, avec l'archevêque de Narbonne, les évêques de Béziers et de Saint-Papoul et plusieurs membres des États. Une barque élégamment décorée ouvrait la marche, remorquée par une espèce de galère qui portait un orchestre. Derrière venaient vingt-trois barques de la Garonne chargées de marchandises françaises, hollandaises, anglaises, pour la foire de Beaucaire. A Castelnaudary les évêques bénirent solennellement le canal. Partout un immense concours de populations salua d'enthousiasme ce spectacle inouï ; une flotté à travers les Montagnes ou les précipices, ou par des chemins sous terre, en des lieux où jadis l'on trouvait à peine l'eau nécessaire aux usages de la vie. On admirait, on remerciait la puissance qui avait conçu ces prodiges, qui dotait de pareils bienfaits les provinces les plus reculées, et les cris de Vive le roi ne cessaient de retentir sur le passage des représentants de la majesté royale[38].

Les travaux avaient duré seize ans ; ils avaient absorbé dix-sept millions, trois fois la somme calculée au début, Mais aussi quel résultat ! Un contemporain[39] compare dédaigneusement les Romains au grand roi, leurs aqueducs, construits en trois siècles, au canal exécuté en si peu de temps, leurs neuf ou dix conduites d'eau aux fleuves rassemblés à Naurouze, et il propose d'inscrire sur ce bassin sans pareil les deux vers de Lucain

Fontibus hic vastis immensos concipit amnes,

Fluminaque in gemini spargit divortia mundi.

Vauban, avec moins d'emphase, rend un hommage plus calme et mieux autorisa à l'œuvre de Riquet, à la fois l'entrepreneur et l'inventeur, comme il l'appelle. Le canal de la jonction des deux mers, dit-il, est sans contredit le plus beau et le plus noble ouvrage de cette espèce qui ait été entrepris de nos jours, et qui pouvait en devenir la merveille s'il avait été poussé aussi loin qu'on aurait pu le mener. Vauban, en effet, regrettait que le canal n'eût pas été rendu capable de porter des vaisseaux comme la mer. Mais il ajoute : Il y a plus lieu d'admirer qu'on ait pu venir à bout de le rendre navigable par des pays si difficiles et dans un temps où l'on était si peu éclairé, qu'il n'y en a de n'avoir pu lui donner toutes les perfections nécessaires à sa durée et à sa sûreté.

Colbert ne perdit pas un moment pour démontrer l'importance du canal par son utilité pratique. A la veille de l'inauguration, il écrivait à d'Aguesseau : J'ai une grande impatience que cette navigation réussisse, parce que je ne doute pas qu'elle produise un très-grand avantage à la province de Languedoc et à tout le royaume. Il faudrait travailler avec soin à la rendre publique, et à faire connaître dans le royaume et à l'étranger le succès de ce grand ouvrage. Il ne cessa d'en suivre les progrès avec une curiosité insatiable, et cette fécondité de moyens d'exécution qui ne tarissait pas en lui. Il disait encore en 1683 : Les marchandises voiturées sur le canal de Languedoc pendant le mois dernier montent à 32.000 quintaux ; c'est plus que le mois précédent. Il y a lieu d'espérer que la navigation sur le canal augmentera considérablement. Mais le principal consiste à savoir si les étrangers s'en serviront. Pour cet effet, il faudrait prendre soin de donner tous les mois un avis de cette navigation dans une gazette, et faire en sorte que tous les marchands du haut et du bas Languedoc et de la Guienne en donnassent avis en Angleterre et en Hollande[40].

 

 

 



[1] Discours sur l'Histoire universelle, troisième partie, chapitre III : Égyptiens.

[2] Colbert, Lettres et Instructions, 1872 : Collection Clément, tome II.

[3] Lettre à Colbert, août 1673 : Œuvres de Louis XIV, tome V.

[4] Mémoires de Foucault (1676).

[5] Voir le texte dans Isambert, Anciennes Lois françaises, XIX.

[6] Colbert à de Sève, 12 octobre 1674.

[7] Colbert à Lombard, 7 décembre 1679.

[8] Privilège au sieur Leclerc, juin 1873.

[9] Note remise à Colbert, sur le commerce de la draperie d'Amiens.

[10] Mémoire de Colbert, pour rendre compte au roi de l'état de ses finances, vers 1680.

[11] Instructions de Colbert à Villars, 15 mai 1679.

[12] Colbert, Mémoire cité plus haut.

[13] Colbert, note annexée au projet d'état des dépenses pour l'an 1681, adressée au roi.

[14] Colbert à l'intendant de Rouen, 7 novembre 1680, 31 janvier 1681.

[15] Lettres patentes datées de Brisach. Colbert à l'intendant de Rouen, 1680, 1681.

[16] Lettres de Colbert à l'intendant d'Herbigny, 1882, et à Méliand, intendant de Rouen, 27 février 1683.

Malgré ses antipathies pour l'étranger, Colbert ne dédaignait pas de se couvrir du nom des étrangers, quand ce nom pouvait servir au débit.

Les camelots d'Amiens, écrit-il, 13 janvier 1683, sont qualifiés par les marchands camelots de Bruxelles. Il ne faut pas changer cette habitude, mais prendre soin que ces camelots augmentent toujours en finesse et en bonté, et que les manufacturiers puissent les donner à meilleur marché que ceux de Bruxelles, parce que insensiblement ces manufactures passeront dans le royaume et même dans les pays étrangers, et ne seront plus qualifiés de Bruxelles.

[17] Colbert à Morangis, intendant d'Alençon.

[18] Colbert à Leblanc, intendant de Rouen.

[19] A l'intendant de Rouen, 28 mai 1679.

[20] Colbert à Morand, intendant en Provence, 1682.

[21] Instructions de Colbert à Duquesne, 28 mars 1681.

[22] Colbert à l'intendant de Bordeaux, 18 janvier 1683.

[23] Depping, Correspondance administrative.

[24] Mémoires de Foucault, 1674.

[25] Instructions de Colbert, passim, aux années indiquées.

[26] Colbert à l'intendant de Bordeaux, septembre 1679.

[27] Colbert à l'intendant de Dijon, août 1679.

[28] Aux intendants en général, 1680.

[29] A l'intendant de Soissons.

[30] Colbert à l'intendant de Rouen, 28 février 1679.

[31] Colbert à l'intendant de Rouen, 1677, 1679 ; à l'intendant de Grenoble, 1679 ; aux intendants de Châlons et d'Alençon, 1681 ; aux intendants et trésoriers de France, 1682.

[32] Mémoires de Foucault, 1683.

[33] Voir le texte : Isambert, tome XIX.

[34] Histoire du canal de Languedoc par les héritiers de Riquet.

[35] Rapport du P. Mourgues, jésuite, un des commissaires explorateurs du canal en 1683.

[36] Histoire du canal de Languedoc.

[37] Voir les lettres de Colbert, collection Clément : Travaux publics, section du canal de Languedoc.

[38] Histoire du canal de Languedoc. Lettres de Colbert à d'Aguesseau, 22 et 29 mai 1681.

[39] Le P. Mourgues, déjà cité.

[40] Colbert à d'Aguesseau, 27 mai 1683.