HISTOIRE DU RÈGNE DE LOUIS XIV

PREMIÈRE PARTIE. — LA FRANCE POLITIQUE, RELIGIEUSE, LITTÉRAIRE SOUS MAZARIN (suite et fin)

 

CHAPITRE XIII. — La paix des Pyrénées.

 

 

I. — État des partis et des belligérants en 1659. - Conférences de l'île des Faisans. - Prétentions du prince de Condé. - Conclusion de la paix des Pyrénées. - Opinions des contemporains sur cette paix.

 

La guerre étrangère et la guerre civile s'étant confondues par l'assistance que les débris de la Fronde apportaient à l'Espagne, la paix si impatiemment attendue avait à régler un double objet : l'apaisement définitif des rivalités intérieures et la fin des luttes européennes. Résumons donc l'état des partis et des belligérants pour mieux comprendre quels étaient encore les adversaires de Mazarin et de la France. La comparaison de leurs espérances et de leurs craintes, de leurs ressources et de leurs faiblesses, nous fera mieux apprécier les difficultés de la conclusion, et la valeur des soumissions diverses dont le vainqueur allait recevoir l'hommage dans la paix des Pyrénées.

Entre les grands chefs qui avaient fait la Fronde pour eux-mêmes, le plus complètement abattu était Gaston d'Orléans. Retiré à Blois, il y vivait dans un dépit ridicule ou des distractions burlesques dont sa fille était la première à se fâcher ou à rire. Longtemps il prétendit ne plus retourner à la cour, bien résolu, si on espérait le prendre par la famine, à se contenter du gibier de Chambord, et à manger son dernier cerf avant de se rendre. Puis au bout de quatre ans (1656), il s'accommoda, reparut à Paris, revit la reine, revit Mazarin, et pour compléter son humilia-fion fit les avances au ministre. Mazarin feignant d'avoir la goutte pour ne pas le visiter, l'oncle du roi se résigna à la première démarche[1]. Il était ensuite revenu dans son apanage, il passait son temps, dans la compagnie d'un grand astrologue, à étudier les mouvements du ciel et l'avenir, à corriger les almanachs et les éphémérides puisqu'il ne pouvait corriger le gouvernement ; on le surnommait le Justinien de l'astrologie[2]. Sa fille, après un exil de quelques années, occupé comme nous avons vu de littérature nouvelle, était rentrée en grâce (1657) ; elle tenait, au Luxembourg, un cercle de bel esprit où se perfectionnait le genre portraits.

Le prince de Conti jouissait d'un pardon moins humiliant. Neveu de Mazarin par son mariage, et bon serviteur du roi, il présidait les États de Languedoc pour le plus grand avantage des finances de Sa Majesté, ou il commandait les armées contre les Espagnols tantôt en Catalogne (1655), tantôt en Italie. Lui et Turenne étaient les deux seuls frondeurs à qui la reine disait qu'elle avait pardonné spontanément, tandis qu'à l'égard des autres, elle avait besoin du précepte chrétien de l'oubli des injures. Pour prix de sa bonne conduite, et surtout pour le grandir au détriment de son frère, le roi l'avait fait grand-maître de sa maison. Sa sœur, la duchesse de Longueville, quoiqu'elle ne fût vraiment réconciliée qu'avec son mari, et qu'elle désirât assez haut le triomphe de Condé, se tenait cependant à l'écart des cabales remuantes. Si Turenne prononce son nom dans la révolte des sabotiers, il entend parler des espérances que le voisinage de l'ancienne héroïne donnait aux insurgés bien plus que de sa participation active à leur entreprise[3].

Mais il restait des adversaires opiniâtres, bien difficiles à contenter, et par là obstacle dangereux à la paix. Les premiers étaient Condé et le cardinal de Retz. Il fallait à Condé un accommodement à son avantage personnel que la cour ne pouvait consentir sans se déshonorer, ou une position indépendante au dehors comme une menace perpétuelle à ses ennemis. Pour mettre le pape dans ses intérêts, il avait embrassé (1655) la cause tout ecclésiastique du- cardinal de Retz. Deux ans après, fatigué de la lenteur des affaires, mais impatient d'en sortir avec une grande importance, il réclamait l'intervention pontificale pour se faire élire roi de Pologne[4]. Avec de telles aspirations, il devait s'opposer à tout traité qui le désarmerait avant que son ambition fût satisfaite ; ses négociations secrètes vont nous en donner une preuve éclatante. Retz, de son côté, n'appréhendait rien tant que de diminuer les embarras de Mazarin. Il avait refusé de se mettre à la tête du mouvement proposé par Saint-Gilles (Voy. ch. IX) ; mais l'agitateur infatigable avait plutôt des caprices que des relâches dans ses complots et ses manœuvres. Tandis qu'il dédaignait le concours des jansénistes, il guerroyait le ministre par de nouveaux pamphlets, pour ranimer la confiance des Espagnols en troublant l'opinion en France. Son secrétaire Joly ayant publié sous le nom d'un gentilhomme anglais la critique de l'alliance française avec Cromwell, lui-même il lança par toute l'Europe, en diverses langues, et avec beaucoup d'applaudissements, la Remontrance adressée au roi sur la remise des villes maritimes de la Flandre entre les mains des Anglais. De Hollande, ou à Bruxelles, il cabalait, en compagnie de Condé, avec ceux des Espagnols, tels que le marquis de Caracène, qui ne voulaient pas de la paix[5]. Derrière ces deux chefs supérieurs, remuait le menu peuple des parlementaires et des nobles, soit au dehors, soit au dedans : le président Viole, réconcilié par l'exil avec Condé, et son émissaire à Rome, et en d'autres intrigues ; Bonneville, Coligny, Persan, Marchin, tous spoliés de charges ou de régiments dont ils entendaient bien recouvrer la possession sous peine de ne pas poser les armes. A Paris même, le Parlement n'était pas sûr ; les vieilles hostilités y fermentaient toujours. En 1657, un conseiller avait conspiré pour faire livrer Saint-Quentin au prince de Condé. Malgré une conviction évidente, et en dépit des instances du procureur général, le Parlement, inspiré par le premier président Bellièvre, au lieu de la peine de mort, ne lui infligea que le bannissement perpétuel, c'est-à-dire la liberté d'aller retrouver et seconder au dehors des amis et des complices.

L'Espagne était véritablement épuisée. Après la bataille des Dunes et ses conséquences du côté de la Flandre, la victoire remportée par les Portugais à Elvas (janvier 1659), avait donné aux ministres de Philippe IV une telle irritation que, pour avoir le loisir de se venger du Portugal, ils se résignaient enfin à céder à la France. Il faut conquérir le Portugal[6], répétaient-ils à tout propos. Elle avait de plus contre elle son isolement absolu, l'alliance anglo-française, la ligue du Rhin, l'engagement pris par l'empereur de ne plus intervenir dans le cercle de Bourgogne. Mais ces alliances étaient-elles pour la France aussi assurées qu'apparentes ? Celle de Cromwell avait été aussi impérieuse que profitable. Il venait de mourir, le 3 septembre 1658, délivrant l'Europe de cette terreur que Pascal a exagérée dans un tour d'éloquence un peu emphatique. Son fils Richard s'empressa d'écrire à Louis XIV, le cordial ami de son père et de la république, à Mazarin, le constant ami du protecteur, pour protester de sa bonne volonté dans l'observation des arrangements antérieurs[7]. Mazarin ne demandait pas mieux, comme Turenne le lui écrit à lui-même, que de voir la puissance, en Angleterre, demeurer aux mains de ceux qu'il croyait être le moins bien avec les Espagnols M[8]. Cependant, dès le mois de janvier, les Espagnols faisaient courir le bruit, en Flandre, qu'ils étaient sur le point de traiter avec l'Angleterre. Le nouveau protecteur retirait de Dunkerque une partie de ses troupes[9], soit faute d'argent, soit dans l'intention d'effrayer Mazarin et d'obtenir un arrangement plus avantageux. Enfin trois mois plus tard, Richard Cromwell tombait sous le mépris public (avril 1659) ; et si les agitations du Rump ne laissaient plus d'espoir à l'Espagne de regagner l'assistance de l'Angleterre, elles ôtaient aussi à la France tout concours de ce côté.

Il ne parait pas non plus que les Allemands eussent bien compris les engagements de la ligue du Rhin, ni l'empereur ceux de sa capitulation. Pendant l'hiver de 1658 à 1659, une des grandes préoccupations de Turenne, c'est que les troupes de l'empereur ne soient appelées par les Espagnols dans les Pays-Bas[10]. Il ne croit donc pas que les princes du Rhin ferment la route aux alliés d'Espagne comme ils l'ont promis, ni que l'empereur s'abstienne de secourir l'aîné de sa famille, comme on lui en a arraché le serment. Ce qui rassure Turenne, c'est la présence, l'activité du roi de Suède, Charles-Gustave, le conquérant de la Pologne, l'adversaire du Brandebourg, qui tient l'empire en échec par le siège de Copenhague. Mais était-il raisonnable de faire fond sur les Suédois, surtout quand la victoire enflait leur présomption ? Le comte de Brienne, alors ministre des affaires étrangères, connaissait bien la valeur de toutes ces alliances. Il en a laissé un jugement qui mérite d'être rapporté : Le roi ne doit pas tellement se fier aux Allemands qu'il ne prenne de bonnes sûretés avec eux lorsqu'il voudra, pour ses propres intérêts ou pour les leurs, entrer en guerre avec l'empereur. Les alliances que nous ferons avec les Anglais ne seront jamais solides, parce que d'un côté le pouvoir de leur roi est resserré par les parlements, et que de l'autre cette nation hautaine et ambitieuse ne voit qu'avec jalousie la prospérité de ses voisins. L'expérience du passé nous fait connaître qu'on peut, malgré les apparences de la bonne foi, se défier des Suédois et des autres protestants, qui n'ont d'autre dessein que d'abolir la religion catholique que nous voudrions et relever et maintenir dans les pays où elle a brillé autrefois[11].

La matière même du débat personnel aux deux peuples était une source de difficultés capables de rompre à chaque instant les négociations. Si l'Espagne avait refusé de traiter à Munster parce qu'elle ne voulait pas abandonner le Roussillon et l'Artois, elle devait avoir plus de répugnance encore pour les dernières conquêtes que la France avait ajoutées à celles-là, pour l'abandon de ces villes de Flandre, de Hainaut, de Luxembourg, par où les provinces méridionales des Pays-Bas étaient toutes entamées. Les petits princes d'Italie, voisins du Milanais, l'avaient insultée par leur accord avec la France ; tout récemment le duc de Modène avait contribué à lui prendre Mortara. Les garanties que le vainqueur ne manquerait pas de réclamer pour ces alliés, en irritant son orgueil, pouvaient susciter plus d'un retard. La question du Portugal ne lui était pas moins sensible. Ce pays devait en grande partie son affranchissement à l'appui de la France et à la continuité des guerres européennes qui avait divisé les forces de ses anciens dominateurs. Depuis la paix de Westphalie, et dernièrement à Elvas, il avait consolidé son indépendance. L'Espagne, qui avait si fort à cœur de le reconquérir, consentirait-elle à le laisser en repos si la France, comme elle avait fait à Munster, prétendait lé comprendre dans la pacification ?

La France, de son côté, occupait la Lorraine depuis Richelieu (1631). La possession de ce duché paraissait plus que jamais utile à l'unité de son territoire, à la communication entre ses diverses provinces, depuis l'acquisition de l'Alsace. Au contraire, la restitution réclamée par l'Espagne avait été un des prétextes allégués par cette puissance pour ne pas participer à la paix de Westphalie. Il est vrai que les intérêts s'étaient modifiés pendant la dernière période de la lutte. L'Espagne, brouillée avec le duc de Lorraine et le tenant en captivité depuis quatre ans, semblait moins engagée à défendre sa cause. La France qui avait reçu quelques services du frère du captif, et un renfort de ses troupes[12], n'avait plus, pour le dépouiller définitivement, le prétexte d'hostilités flagrantes et de danger permanent. Mais l'Espagne, outre le déshonneur d'abandonner entièrement un ancien allié, craignait un trop grand accroissement de sa rivale dans le voisinage des Allemands ; la France, tout en se relâchant de ses prétentions, avait besoin d'en retenir quelque chose pour prendre ses sûretés. C'était donc une égale difficulté de ne rien rendre au duc de Lorraine ou de lui rendre tout. Il y avait en outre en Allemagne, à la rencontre des Pays-Bas et de l'empire, des adversaires de l'Espagne, alliés de la France, que Mazarin voulait faire comprendre dans le traité à leur avantage. Le duc de Neubourg réclamait la ville et la citadelle de Juliers et une partie du duché de ce nom que les Espagnols détenaient par suite de l'interminable querelle de la succession de Clèves et Juliers. Le ministre de Louis XIV appuyait cette réclamation avec autant d'insistance que s'il se fût agi d'une conquête directe pour son maître. L'Espagnol ainsi poursuivi dans toutes ses ambitions, sur tous les points et à toutes les extrémités de ses États, ne cherchait qu'à gagner du temps, et se réfugiait dans les chicanes de mots, dans les interprétations frauduleuses, dans tous les délais qui pouvaient retarder la conclusion ou la lui rendre moins préjudiciable.

La suspension d'armes avait été conclue le 8 mai 1659 ; les conférences entre Mazarin et don Louis de Haro, ministre d'Espagne, ne commencèrent que le 13 août. Elles eurent lieu sur la limite précise des deux nations, dans l'île des Faisans, au milieu de la rivière de Bidassoa. On a répété à satiété que la salle de réunion des plénipotentiaires avait été disposée de telle sorte que Mazarin était assis sur le sol français, et Louis de Haro sur le sol espagnol. Ces conférences, au nombre de vingt-quatre, se prolongèrent jusqu'au 7 novembre. Il fallut donc près de trois mois pour accorder et concilier tous les intérêts. Il n'en était pourtant pas aux Pyrénées comme en Westphalie ; au lieu de vingt nations différentes, deux seulement étaient engagées et représentées dans la discussion.. Cette lenteur s'explique par des causes assez curieuses.

La cour d'Espagne n'avait pas donné à Louis de Haro de pouvoir définitif ; elle se faisait renvoyer chaque article à mesure qu'il était convenu entre les négociateurs. Dans la transcription de ces articles, il se glissait toujours, non involontairement, quelque terme nouveau dont on n'était pas tombé d'accord, et, quand l'approbation royale arrivait au ministre, Mazarin trop défiant pour ne pas saisir la lettre et l'intention de cette nouveauté, en réclamait la suppression sans crainte d'allonger le débat. Ge qui encourageait ce manège, c'était une cabale espagnole ; obstinée à entraver une paix qu'elle estimait trop désavantageuse ; c'était un émissaire allemand aux gages de Condé près de Philippe IV, qui répétait que la lenteur était le seul mayen de triompher des exigences de Mazarin. Le ministre de France, disait-on, assailli d'embarras dont la fin dé la guerre était le seul remède, engagé vis-à-vis des siens et de l'étranger à faire une paix depuis longtemps promise, ne pouvait consentir à la rupture sans se discréditer d'une part, sans multiplier ses dangers de l'autre contre ces conséquences il ne lui restait d'autre refuge que d'accorder aux Espagnols toutes leurs demandes[13]. Aussi les chicanes renaissaient chaque jour ; les interpolations ne cessaient de revenir de Madrid ; après avoir été repoussées de chaque article particulier, elles essayèrent, à la dernière heure, de s'insinuer dans la transcription du traité entier. Une vigilance infatigable était nécessaire pour déconcerter ces manœuvres ; il n'est que juste d'en reconnaître le mérite à Mazarin. Jamais il ne se laissa surprendre ni intimider. Une fois, mécontent des termes trop avantageux à Condé, trop peu respectueux pour la France, que la cour d'Espagne avait substitués à ceux de la convention, il rappela le maréchal de Grammont déjà parti pour demander la main de l'infante. Dans les derniers jours, il signifia qu'il se retirerait à Bayonne, si l'Espagne ne renonçait pas à ces expédients de mauvaise foi.

L'indécision tenait encore à l'importance des prétentions de Condé. Cet ambitieux n'était pas plus commode à ses alliés qu'à ses ennemis. Capable de baisser la tête à la fin devant une résistance énergique, comme la suite l'a bien fait voir, il entendait d'abord disputer vigoureusement à l'Espagne le prix de ses services, à la France le gage de sa réconciliation. Nul document n'est aussi précis à cet égard que la note remise par le prince lui-même à son secrétaire Caillet, lorsqu'il l'expédia à la cour de Madrid (11 mai 1659). Il y emploie successivement l'audace et la dissimulation, selon qu'il prévoit pour ses exigences le succès ou un accueil défavorable. Il entend que l'Espagne lui fasse rendre en France tous ses biens, honneurs, dignités et gouvernements, ou, si elle n'y peut réussir, qu'elle lui donne à ses dépens une récompense. Déjà l'Espagne lui avait fait offrir la souveraineté de trois villes, Charlemont, Philippeville et Marienbourg, avec les fonctions de gouverneur des Pays-Bas sous l'autorité de Sa Majesté Catholique ; il ne veut ni de cette petite souveraineté, ni de ces fonctions subalternes. Il lui faut une grande position de souverain indépendant, et à ce titre rien ne lui convient mieux que la Franche-Comté ; c'est un pays dont l'Espagne ne tire rien, qui pourra servir de retraite à tous les mécontents de France, et qui, par toutes sortes de raisons, sera bien plus utile à l'Espagne entre ses mains que dans celles de Sa Majesté Catholique. S'il est impossible d'obtenir la Franche-Comté, il acceptera la donation de Cambrai, pourvu qu'on y comprenne tout ce qui dépend du Cambrésis et le Catelet ; toutefois cet établissement étant bien moindre que la Franche-Comté, on devra, par compensation, obtenir pour son fils un gouvernement en France, tel que le Berry, et la charge de grand-maître. Il entend, en outre, que tous ses amis, y compris les gouvernants de Hesdin, soient rétablis par le roi de France dans leurs biens, honneurs, charges et commandements ; il signifie même qu'ils doivent être servis avant lui, préférant ne rien avoir que de s'établir en les abandonnant. On serait tenté de lui savoir gré de ce désintéressement, dont l'expression ne manque pas de grandeur, s'il ne revenait ensuite à lui-même, et ne laissait voir au fond de sa pensée tous les calculs de l'hypocrisie et de l'égoïsme. Il se peut que l'Espagne ne lui accorde pas une récompense satisfaisante, et que Louis de Haro, n'obtenant pas de la France les arrangements ci-dessus, propose de rompre les négociations. Dans le premier cas, il ne veut pas d'un établissement qui le laisserait sans force contre la persécution de ses ennemis ; dans le second, il se reprocherait de ravir au roi d'Espagne une paix dont il a besoin. Il se déclare prêt à un acte de générosité qui dissimulera ses intentions et lui permettra de se dédommager sans bruit et de servir encore Sa Majesté Catholique. Il consentira à rentrer en France dépouillé de tout ; seulement ses agents doivent travailler à établir une union étroite entre lui et l'infante destinée à Louis XIV. Revenu en France dans ces conditions, il saura, par le moyen de l'infante, rentrer en possession de ce qu'il perd ; il pourra secrètement, et sans donner d'ombrage, y ménager ses habitudes, et faire quelque chose avec ceux qui pourraient y être mécontents. Il demande, en terminant, que le million d'écus promis par l'Espagne lui soit payé en argent comptant, et que cela ne tire pas en longueur. Enfin, quelle que soit la conclusion, il tient à en être averti sans délai ; car il lui importe de prendre immédiatement son parti, soit pour se rendre dans rétablissement accordé par l'Espagne, s'il est convenable, soit pour rentrer en France revêtu ou dépouillé de ce qu'il y réclame. La promptitude peut seule garder à son sacrifice la bonne grâce, l'éclat et le mérite de cette action[14].

Louis de Haro soutint longtemps contre Mazarin la cause du rétablissement de Condé en France ; car l'Espagne aurait voulu ne rien donner de ses domaines, et le Prince insistait fort sur les satisfactions qu'il attendait d'elle. On insistera là-dessus (la Franche-Comté) comme la seule chose qui me puisse accommoder..... On fera des difficultés à la donation de Cambrai, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espérance pour la Franche-Comté..... Si don Louis ne veut entendre ni à la Franche-Comté ni à Cambrai, on écoutera ses propositions nouvelles, on viendra me les apporter à moi-même, et on tirera parole de don Louis de ne rien conclure jusqu'au retour de l'envoyé. La France, de son côté, goûtait peu la pensée de rappeler sans garantie, sans punition, un ennemi domestique qui, à ses premiers méfaits de perturbateur, avait ajouté le crime de trahison ouverte. Louis de Haro n'ébranla les refus de Mazarin qu'en se déclarant enfin prêt à constituer au Prince une souveraineté indépendante sur la frontière française, c'est-à-dire, selon l'expression secrète de Condé, un refuge à tous les mécontents. La prudence ne permettait pas à Mazarin de méconnaître ce danger. Il fit une concession, mais avec l'autorité d'un maitre. Il promit de pardonner à Condé, mais à la condition que Condé solliciterait ce pardon, se reconnaîtrait coupable, et, renonçant à la protection étrangère, ne recevrait que du roi de France ce que ce roi daignerait lui rendre. L'attitude des Espagnols, à partir de cette promesse, avertit Condé que, s'il ne s'y conformait pas, il n'avait plus rien à attendre de leur concours. Le fier rebelle changea de ton, comme du reste il en avait prévu la nécessité. Une humble et longue lettre au roi, véritable contre-partie de la note diplomatique que nous avons lue plus haut, apporta la réparation exigée. Il y proteste de son extrême douleur pour la conduite qu'il a tenue au grand déplaisir de Sa Majesté. Il offre la meilleure ; partie de son sang pour racheter les hostilités dont il s'est rendu coupable au dedans et au dehors du royaume ; il promet pour l'avenir une inviolable fidélité et une entière obéissance aux commandements du roi. Comme première preuve de cette soumission, il s'en remet de tous ses intérêts, dans la conclusion de la paix, à la seule bonté et au propre mouvement de son souverain seigneur. Il va congédier ses troupes et remettre aux mains de Sa Majesté les places de Rocroi, du Catelet et de Linchamp, quoiqu'il tienne les deux premières du roi d'Espagne. Il renonce en un mot à toute ligue avec Sa Majesté Catholique, et désormais il ne recevra aucun établissement, pensions et bienfaits, d'aucun roi ou potentat étranger. Qu'aurait-on pu exiger au delà ? Décidément l'ennemi était par terre. Pour donner à sa déroute une authenticité irrévocable, on convint que la lettre serait insérée dans le traité de paix[15].

Lorsque Condé renonçait à la lutte, ce n'était pas le cardinal de Retz qui pouvait la prolonger, malgré ses voyages à Bruxelles et ses mouvements auprès du marquis de Caracène, commandant espagnol en Flandre. Déjà Louis de Haro avait écrit à ce marquis de rompre tout commerce avec le cardinal, afin de ne donner aucun ombrage à Mazarin[16]. La question du Portugal aurait été un obstacle plus sérieux, si Mazarin eût persévéré dans ses bonnes intentions pour ce royaume ; mais, comme il consentit à ménager sur ce point l'amour-propre des Espagnols, les difficultés disparurent ; la paix des Pyrénées fut signée le 7 novembre 1659.

1° Le traité consacre les conquêtes de la France, celles qu'il était raisonnable de retenir, parce qu'il était possible de les garder. L'Artois, à l'exception de Saint-Orner et d'Aire, et le Roussillon, ces deux acquisitions de Richelieu, que l'Espagne avait refusé d'abandonner à la paix de Westphalie, deviennent provinces françaises. Au nord de l'Artois, de la Champagne et des trois Évêchés, la France garde, des villes occupées dans la dernière guerre, celles qui touchent à son territoire et le protègent par leur annexion : en Flandre, Gravelines, Bourbourg, Saint-Venant, avec leurs dépendances ; en Hainaut, Landrecies et le Quesnoy ; entre Sambre et Meuse, Avesnes, Philippeville, Marienbourg ; dans le Luxembourg, Montmédy, Danvillers, Longwy, Thionville ; autant de postes avancés dans quatre provinces espagnoles, qui préparent des acquisitions ultérieures, et la formation d'une frontière qui se consolidera par les traités d'Aix-la-Chapelle et de Nimègue. Elle abandonne, sans dommage réel, la Catalogne, située en dehors de ses limites naturelles, et dans la Flandre Ypres et Oudenarde, dont la conservation aurait été une gène, tant qu'on n'était pas maitre du cours de l'Escaut.

2° La France consent à rétablir le duc de Lorraine dans ses États, mais à des conditions qui concilient sa sûreté avec les égards dus à un ancien ennemi redevenu allié par les mauvais traitements des Espagnols. Elle retient le Barrois, Moyenvic, Stenay, Dun, Jamets, Clermont en Argonne. Le duc recouvre le reste, mais il démolira les fortifications de Nancy, livrera en tout temps passage aux troupes françaises, et fournira du sel pour les trois Évêchés et les villes cédées par le présent traité.

3° Les alliés de la France sont, comme en Westphalie, l'objet d'une protection attentive et minutieuse. Un seul, le Portugal, est abandonné officiellement ; la France se réserve trois mois pour négocier en sa faveur ; au bout de ce délai, elle lui retirera son appui s'il n'est pas réconcilié avec la cour de Madrid. Les autres sont satisfaits aux dépens de l'Espagne. Le duc de Neubourg obtient la cession de la ville et de la citadelle de Juliers, et de tout ce qu'il prétendait en outre dans ce duché. Mazarin exaltait beaucoup ce succès ; il écrivait que la satisfaction accordée au duc de Neubourg valait mieux pour la France que la possession des quatre meilleures villes de Flandre, sans doute par le bon effet que ce résultat devait produire sur les Allemands Le duc de Modène est mis à l'abri de toute vengeance. L'Espagne retirera la garnison qu'elle tient à Correggio, et engagera l'empereur à donner au duc l'investiture de cette ville. Les deux rois le prennent ensemble sous leur protection pour les différends que la possession de Comacchio lui a suscités avec la Chambre apostolique. Le même appui est promis au duc de Parme pour le règlement d'une dette contractée envers le pape. Le prince de Monaco rentre en 'possession paisible de tous les biens, droits et revenus qu'il possédait avant la guerre dans le royaume de Naples, le duché de Milan, et autres paye de la domination espagnole ; il ne pourra être inquiété pour s'être mis sous la protection de la couronne de France. Enfin, les princes de la figue du Rhin, Venise et les treize cantons suisses sont compris dans le traité, et garantis contre toute rancune espagnole. Ce n'était pas une des moindres habiletés de Mazarin, après Richelieu, que ce soin des alliés, si petits qu'ils fussent. Les États faibles que l'Autriche avait dominés et retenus par la crainte, se groupaient volontiers autour de la France, dans l'espoir d'une protection honorable. La suprématie nouvelle se fondait sur la confiance et la sécurité de tous. Ce sera une des plus grandes fautes de Louis XIV, que de changer ces dispositions des alliés par l'intention trop évidente de changer la protection en domination.

4° Le prince de Condé rentre en France ; on lui rend ses biens, mais non, comme il l'avait espéré, tous ses honneurs. Il perd Stenay, Jamets, Clermont, Rocroy, le Catelet, Montrond et Bellegarde. Au lieu du gouvernement de Guienne, il reçoit celui de Bourgogne ; parce que cette province n'a pas de places fortes. Il exercera ses fonctions de grand maitre de la maison du roi, dont la survivance est assurée à son fils ; mais huit ou neuf années de ses revenus séquestrés pendant son absence ne lui sont pas rendus. Il y aura ordonnance d'abolition du passé pour ceux qui l'ont suivi, mais non pas rétablissement dans leurs charges, ni restitution de leurs revenus confisqués. Le héros désarmé sera réduit à vivre aussi soumis, aussi peu redouté qu'un simple gentilhomme.

5° Le point capital du traité, garantie de la paix immédiate, l'objet de la politique de l'avenir, en considération duquel Mazarin faisait plusieurs concessions dans le présent, est le mariage de Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV. Après quelques discussions sur la dot, la princesse ne reçoit en fin de compte, qu'une somme de 500.000 livres, quoiqu'il ait été question des Pays-Bas ou de la Franche-Comté. C'est à une époque ultérieure que Mazarin attend le véritable bénéfice de ce mariage. Le roi d'Espagne n'avait eu pendant longtemps que des filles, et le seul fils qu'il devait laisser après lui n'était pas encore né[17]. Il se pouvait donc que sa fille alliée fût un jour son héritière. Il est vrai que le traité exige que la princesse renonce à ses droits sur la couronne d'Espagne. Mais quelle sera la valeur d'une renonciation de ce genre dans un avenir que personne n'a le droit d'engager, devant des réclamations d'héritiers qui opposeront au caprice d'un de leurs ascendants le droit antérieur que leur assurent les lois de la monarchie ? Déjà il suffit, pour l'annuler, de la pénurie du trésor espagnol ; car elle est subordonnée au payement de la dot, et cette modique somme ne sera jamais payée. Philippe IV lui-même n'a pas pris cet engagement au sérieux. Quelques jours avant les noces, dit Motteville, il fit lire devant les grands de sa cour le contrat de mariage. Quand vint l'article de la renonciation : Ceci, dit-il, est une fadaise (pataratta) ; si les fils me manquent, ma fille hérite de droit. Mazarin l'entendait bien ainsi ; c'était l'espoir dont on se flattait à la cour de France[18] ; ce fut la justification de toutes les entreprises de Louis XIV sur la monarchie espagnole.

6° La politique ne remplit pas seule les 124 articles du traité. Une part y est faite aux intérêts des particuliers, au commerce qui souffrait tant de la guerre et que la paix devait ranimer. On a accusé Mazarin de s'être trop peu préoccupé, pendant tout son ministère, de la prospérité des populations ; la plainte est assez fondée pour que l'histoire tienne à signaler ici une contradiction à cette insouciance. Il est stipulé que les marchands et négociants français seront traités, dans les États d'Espagne, avec la même faveur que les Anglais et les Hollandais. La France aura le droit de négocier avec les pays neutres pour elle, mais en guerre avec l'Espagne, sans être inquiétée par les Espagnols. Si les alliés de la France deviennent ennemis de l'Espagne, les Français n'y pourront pas porter de marchandises provenant des États espagnols et capables de servir contre l'Espagne, ni de marchandises de contrebande. Pour mieux assurer à l'avenir le commerce et l'amitié entre les sujets des deux rois, en cas d'une rupture entre les deux couronnes, il sera toujours accordé un délai de six mois aux sujets de part et d'autre pour retirer et transporter leurs effets et personnes où bon leur semblera.

La paix des Pyrénées, complément de la paix de Westphalie, mettait fin à ces grandes rivalités qui, depuis plus de quarante ans, épuisaient l'Europe ; à ce titre seul, die méritait un accueil favorable. Elle augmentait notablement le territoire français ; ce résultat pouvait plaire à l'amour-propre national. Elle a pourtant été discutée et tournée en dérision par plusieurs contemporains, comme un dommage pour le pays, comme un triomphe pour ses adversaires. Les critiques ont affecté de ne plus voir ce qu'elle rapportait dans le présent et dans l'avenir, pour ne considérer que ce qu'elle ne rapportait pas, de dédaigner ce que la France y gagnait, pour n'estimer que ce qu'elle n'enlevait pas à l'Espagne. A l'ancien reproche de ne pas conclure une paix si longtemps désirée, ils ont substitué le reproche de n'avoir pas continué une guerre dont les profits eussent été certains. Tel est toujours, pour l'opposition, le besoin de combattre, qu'elle change de camp plutôt que de poser les armes. Ce n'est pas moins l'instinct de la jalousie, de déprécier les succès d'autrui, de dénaturer un mérite qui affermit l'importance du rival. Le ministre Brienne est ici d'accord avec Saint-Évremond. Brienne ne reconnaît à la France qu'un bénéfice de marchand dans l'augmentation de son domaine, et il envie à l'Espagne l'honneur de la grande réputation qu'elle s'est acquise, en échappant à sa ruine, et l'avantage d'avoir conservé la Flandre[19]. Saint-Évremond, ce détracteur de profession, digne d'inventer le journalisme, renverse sans hésitation la France sous les pieds de l'Espagne. Les Espagnols, dit-il, ont fait la paix comme s'ils avaient été à notre place, et nous avons reçu les conditions c comme si nous avions été en la leur. Il n'y a eu dans les intentions de Mazarin qu'un calcul d'avare qui a épargné pour lui, non pour le pays, les grosses sommes que la guerre aurait absorbées, que l'égoïsme d'un ambitieux malade qui, pour gouverner toujours le roi, avait besoin que le prince ne fût pas emporté par le métier des armes à une distance où il n'aurait pas la force de l'accompagner. Tout le traité n'est que la parodie de la vertu chrétienne du pardon des injures et de la vertu politique de modération[20]. Ces attaques, agréablement tournées à la française, circulèrent en forme de Lettre au marquis de Créqui ; quoique manuscrites, elles firent fortune dans un monde de rieurs et de médisants obstinés, et valurent deux ans après l'exil à leur auteur.

Mais le bon sens public l'emporta sur les chicanes des partis. Que la paix des Pyrénées fût un compromis et que Mazarin n'eût pas poussé l'Espagne à la dernière extrémité, il n'en était pas moins vrai que la France s'était fait la meilleure part. Il y avait eu surtout un mérite louable à sacrifier quelques surcroîts de victoires au rétablissement de la tranquillité, à la satisfaction d'un vœu si souvent, si généralement formulé. Cette opinion fut la plus forte ; elle eut ses interprètes retentissants ; Bossuet lui-même lui prêta sa voix déjà respectée : Parlons, disait l'orateur, parlons et ne craignons rien. Je sais combien les prédicateurs doivent être réservés sur les louanges, mais se taire en cette rencontre, ce ne serait pas être retenu, mais envieux de la félicité publique. Il louait Mazarin d'avoir fait son intérêt du bien de l'État, et sa gloire du repos des peuples. Il glorifiait le jeune roi de s'arrêter au milieu de ses victoires, d'aimer mieux étendre ses bienfaits que ses conquêtes, de trouver plus de gloire dans les douceurs de la paix que dans le superbe appareil des triomphes, de se plaire davantage à être le père de ses peuples qu'à être le victorieux de ses ennemis. Il le proclamait le Salomon, c'est-à-dire le pacifique. Il lui souhaitait en retour de ne jamais voir son État troublé ni sa maison divisée[21].

Bossuet ajoutait : Çà ! çà ! peuples, qu'on se réjouisse, et s'il y a encore quelque maudit reste de la malignité passée, qu'elle tombe aujourd'hui devant ces autels, et qu'on célèbre hautement ce sage ministre... Ce vœu s'accomplissait déjà. Le traité avec l'ennemi du dehors réduisait les ennemis du dedans à poser les armes sans même traiter avec leur vainqueur. Les mécontents n'en voulaient si fort à la paix des Pyrénées, que parce qu'elle consommait l'humiliation de Condé, la dispersion des dernières cabales, et permettait à Mazarin de passer en triomphateur par tous les lieux où la Fronde lui avait disputé son autorité.

 

 

 



[1] Mémoires de Mademoiselle et de Motteville.

[2] Journal de deux Hollandais.

[3] Mémoires de Turenne, 1658 : Quoique madame de Longueville fût dans une dévotion si grande qu'elle ne se mêlait d'aucune cabale, néanmoins son esprit avait tant d'ascendant sur les personnes, qu'elle les faisait pencher du côté où elle avouait bien que son inclination la portait, c'est-à-dire du côté de M. son frère.

[4] Mémoires inédits de Lenet.

[5] Mémoires de Guy Joly.

[6] Ha menester conquistar a Portugal.

[7] Ces deux lettres furent écrites par Milton. On lit dans la première, à Louis XIV : Nous avons la confiance que cette nouvelle douloureuse et inattendue sera reçue par vous avec autant de chagrin qu'elle nous en a causé. Dans la seconde, à Mazarin : Nous ne pouvons ignorer la haute estime qu'il avait pour Votre Éminence, et le grand cas que vous faisiez de lui... Nous ferons en sorte, au milieu de votre deuil pour un ami si fidèle, si florissant et si applaudi de toutes les vertus, que rien ne manque à la foi de notre alliance, pour la conservation de laquelle, et pour le bien des deux nations, puisse le Seigneur tout-puissant conserver Votre Éminence.

[8] Lettre de Turenne à Mazarin, 18 septembre 1658.

[9] Lettres de Turenne à Letellier, 4 et 11 janvier 1659.

[10] Turenne à Letellier, 5 novembre et 2 décembre 1658. Le siège de Copenhague, commencé le 11 août 1658, fut levé le 11 février 1659.

[11] Mémoires du comte de Brienne, dernière page.

[12] Lorsque le duc de Lorraine fut arrêté par les Espagnols, il écrivit au commandant de ses troupes : Quittez promptement les Espagnols, tuez tout, brûlez tout, et souvenez-vous de Charles de Lorraine. Le duc François, son frère, continua encore pendant un an à servir les Espagnols, mais en décembre 1655, il passa au service de la France avec ses troupes.

[13] Mémoires de Guy Joly.

[14] Voir cette instruction, dans les pièces recueillies par les éditeurs des Mémoires de Lenet.

[15] V. Bruzen de la Martinière : Histoire de la vie et du règne de Louis XIV, sur les Mémoires de M. le comte de ***, la Haye, 1740.

[16] Mémoires de Guy Joly.

[17] Charles II ne naquit que le 6 novembre 1664.

[18] Mémoires de Motteville.

[19] Mémoires de Brienne, année 1660.

[20] Saint-Évremond, lettre au marquis, de Créqui : Le devoir du chrétien est de pardonner à ses ennemis et de châtier ses amis ; en conséquence le cardinal a pardonné aux Espagnols pour châtier les Français. Pour rappeler les Français à la modestie, il leur a ôté leurs avantages : il les a rainés pour leur bien comme le bourreau qui étrangla don Carlos. Comme Auguste, il a voulu conserver à la France dei bornes qu'elle pût garder. Plus sage que les Scipions, il n'a pas voulu détruire Carthage dont la ruine fut la ruine de Rome par l'introduction des mœurs corrompues. Une sagesse si profonde est bien supérieure au dérèglement du cardinal de Richelieu.

[21] Bossuet : Sermon pour le premier dimanche de Carême, deuxième sur les démons ; péroraison adaptée à la circonstance.