Il faut porter maintenant notre étude sur une autre pratique qui n'a pas été sans analogie avec celle du beneficium et qui s'est associée à elle. Nous voulons parler de l'ensemble d'usages que la langue a désignés par les noms de patronage, clientèle, protection, défense, sauvement, recommandation, foi, mundebour, truste, vasselage. Sous ces dénominations diverses, il s'agit d'une même institution qui se transmet d'âge en âge en se modifiant. Cette institution consiste essentiellement en ce qu'un homme se met sous la dépendance d'un autre homme. Cette sorte de dépendance ne doit se confondre ni avec celle de l'esclave à l'égard de son maître, ni avec celle de l'affranchi à l'égard de son patron. Il s'agit ici d'une subordination d'homme libre, d'une subordination volontaire. Les anciennes sociétés avaient connu l'obéissance du citoyen à l'État, ou celle du sujet à un souverain qui lui-même représentait l'État. L'obéissance dont nous allons parler est celle qu'un homme donne volontairement à la personne d'un autre homme. C'est une sujétion individuelle et personnelle. Le fait originel qui lui donne naissance est que l'homme faible ou -pauvre a besoin de l'homme fort ou riche. Il lui demande donc sa protection, et pour l'obtenir il se soumet à lui. Un engagement se contracte entre les deux hommes : l'un devra protéger, l'autre devra obéir. Ce patronage a d'abord appartenu à l'ordre privé avant de s'introduire dans l'ordre politique. Il a été pratiqué longtemps par les particuliers avant d'être une institution de l'État. Avant de constituer le régime féodal, il a germé et grandi dans la vie privée des hommes. Il répugne tellement aux idées modernes, que nous avons quelque peine à le comprendre. Pourtant il a été l'une des pratiques les plus fréquentes que l'histoire signale ; apparemment il est l'une des plus conformes à la nature humaine. Il est rare que les sociétés soient assez régulièrement régies pour que tous les êtres humains soient efficacement protégés par les lois générales et les pouvoirs publics. Il arrive alors, presque nécessairement, que, de deux hommes, le plus faible se met sous la protection du plus fort ; du même coup il se place sous son autorité. Le patronage se développe surtout dans les sociétés troublées et mal assises. Sa vigueur est en proportion inverse de celle de l'autorité publique. Tantôt celle-ci refoule le patronage et le fait disparaître, tantôt c'est le patronage qui refoule et rejette dans l'ombre l'autorité publique. Même dans des sociétés bien constituées et bien régies, le patronage peut se produire. L'inégalité de richesse, le grand écart entre l'opulence et la misère, un certain système économique, un certain mode de nomination aux fonctions publiques, pour l'un l'amour du gain, pour l'autre l'ambition, voilà autant de causes qui peuvent déterminer l'homme à rechercher le patronage d'un plus riche ou d'un plus puissant. De là vient que le patronage et la clientèle, sous des formes assez diverses et à des degrés inégaux, peuvent se rencontrer dans des sociétés d'ailleurs fort différentes les unes des autres. Nous allons observer successivement les trois peuples qui, par le mélange de leur sang ou par le mélange de leurs institutions, ont concouru à former la société française. Chez tous les trois nous trouverons le patronage. 1° LES GAULOIS. Avant les invasions germaniques, et même avant la conquête romaine, les Gaulois connaissaient le patronat et la clientèle. César, à son arrivée dans le pays, trouva ces pratiques en vigueur. Il montre un Helvète, Orgétorix, à la fois noble et riche[1], qui réunit autour de lui, outre un immense personnel d'esclaves, un grand nombre de clients. Ceux-ci sont des hommes libres, puisque César ne les confond pas avec les esclaves[2]. Quel était le principe de cette clientèle ? César ne s'arrête pas à le chercher ; il indique toutefois que beaucoup de ces hommes étaient des endettés, obærati. Il est difficile de croire qu'il s'agisse ici de dettes d'argent ; mais Orgétorix avait pu leur prêter ou du bétail ou de la terre. Ces hommes, sous le nom de débiteurs, étaient peut-être des colons'. Cette sorte de clientèle n'avait pas un caractère militaire. C'était une clientèle de serviteurs et de travailleurs. Peut-être a-t-elle tenu une grande place dans les anciennes sociétés gantoises ; on la retrouve dans les vieilles lois de l'Irlande. César dit encore ailleurs que les grands ont à la fois des esclaves et des clients[3]. Il y a chez ces peuples un corps de noblesse, dont César traduit le nom gaulois par le terme de chevaliers[4]. Chaque membre de ce corps a autour de sa personne un groupe de clients et d'amhacts[5]. Ces deux mots, l'un latin, l'autre gaulois, se correspondent et se traduisent[6]. César ajoute que le crédit et la puissance d'un personnage se mesurent au nombre de ses clients et de son cortège. L'Éburon Ambiorix avait des clients. On notera que César les désigne par les mots comices et familiares, termes que nous retrouverons à Rome pour désigner aussi des clients. Ceux d'Ambiorix vivaient dans la maison du chef ; ils se trouvèrent un jour assez nombreux pour défendre leur chef contre un corps de cavalerie romaine[7]. L'Arverne Vercingétorix, tout jeune encore et fort loin de sa haute fortune, avait déjà assez de clients pour s'en faire une petite armée[8]. Le principe de cette clientèle était que les faibles avaient besoin d'une protection. Chez les Gaulois, l'État, que César appelle civitas, était imparfaitement constitué. Rarement il avait la force de se faire obéir des grands et de protéger les petits[9]. Il arrivait donc que le faible, ne se sentant pas soutenu par la puissance publique, cherchait l'appui d'un homme. Il s'adressait à l'un des grands et lui demandait de le défendre contre les autres. Il était juste que cette protection se payât. Le prix en fut la dépendance. Le protégé se mit sous l'autorité du protecteur. C'est ce que César dit clairement : Dans chaque état, même dans chaque canton, vous trouvez des groupes d'associés[10] ; chacun de ces groupes a un chef ; ce chef décide de toutes choses, exerce une autorité souveraine et dirige toutes les entreprises[11]. — Cette coutume, ajoute César, est ancienne. Elle vient de ce que tout homme du peuple tient à avoir un protecteur qui le défendra contre un homme qui serait plus fort que lui. Le chef défend les siens contre les abus de la violence ou de la fraude. S'il négligeait de les défendre, il perdrait toute autorité[12]. C'était bien là le patronage. Les hommes s'y jetaient pour trouver la sécurité. En y entrant ils renonçaient à leur indépendance. Celui qui les défend, dit César, a sur eux autant de droits qu'un maître en a sur ses esclaves[13]. À côté de cette clientèle qui se contractait en vue de la paix, il en existait une autre d'un caractère tout militaire. César la décrit en deux endroits : dans l'un, il se sert du mot clientes ; dans l'autre, il emploie le terme celtique ou aquitain de soldur[14]. Ce qui caractérise cette sorte de clientèle, c'est qu'elle se contractait par un engagement religieux et une sorte de serment. L'homme se faisait le dévoué de son chef[15]. Or ce terme n'avait pas dans la langue de César le sens purement métaphorique qu'il a dans la nôtre ; il impliquait réellement le vœu, c'est-à-dire le don que l'homme faisait par avance de sa personne à un chef pour le jour où celui-ci aurait besoin du sacrifice de sa vie[16]. Un autre écrivain latin, parlant de la male classe d'hommes, dit qu'ils avaient à l'avance dévoué leur vie pour le salut du chef[17]. Dès lors, lui appartenant tout entiers, ils devaient partager sa bonne et sa mauvaise fortune. S'il mourait, ils devaient mourir comme lui. C'était la conséquence de l'obligation religieuse qu'ils avaient contractée à son égard[18]. On a supposé qu'un sentiment moral d'une exquise délicatesse, une sorte de point d'honneur chevaleresque, inspirait ces dévouements. C'est se tromper sur la nature humaine. Le désintéressement et le sacrifice étaient choses aussi exceptionnelles dans les anciennes sociétés que dans les nôtres. La fidélité et le dévouement dont il s'agit ici n'étaient que la conséquence du pacte intervenu entre les deux hommes. Ils avaient eu besoin l'un de l'autre. A l'un il fallait la nourriture, le vêtement, la terre, ou la protection. A l'autre, il fallait des serviteurs et des soldats. C'est pour cela que l'un était entré dans le patronage de l'autre. Ces dévoués étaient de véritables clients. Aussi est-ce par le nom de clients que César les désigne dans un autre passage[19]. Les Gaulois connaissaient donc la clientèle sous ses deux formes, la clientèle de service et de travail, et la clientèle guerrière[20]. Les érudits qui, de nos jours, commencent à entrevoir les anciennes institutions de l'Irlande, y signalent la pratique du patronat et de la clientèle. Ces populations ont eu, dès les premiers siècles du moyen âge, une sorte de féodalité, sans qu'il y ait eu introduction chez elles d'aucun élément germanique. La féodalité n'est venue chez elles ni d'une conquête, ni de la supériorité d'une race sur une autre. Elle est née spontanément des habitudes du patronat. Les érudits mettent en lumière ce trait particulier, que le principe du patronat irlandais a été moins la force guerrière que la richesse. Le client, le futur vassal, a été le plus souvent un pauvre auquel le riche avait donné quelque petite part de sa richesse en bétail ou en argent, pour l'enchaîner à soi par une sorte de dette et faire de lui un sujet[21]. Ces pratiques, on peut l'admettre, avaient été communes à toutes les anciennes populations gauloises. 2° LES GERMAINS. Tacite, dans son traité particulier de la Germanie, ne décrit pas le patronat. Ni ce mot, ni celui de clientèle, ne se rencontrent dans ce petit livre. Mais dans ses autres ouvrages, l'historien a été amené plusieurs fois, à l'occasion des faits qu'il racontait, à mentionner, sinon à décrire, la clientèle germanique. Lorsque Ségeste le Chérusque se rend au camp romain, il est accompagné d'une nombreuse troupe, de clients[22] ; et ces clients sont visiblement des hommes libres, et même des guerriers pour la plupart, car l'historien remarque que beaucoup d'entre eux portaient encore les dépouilles enlevées jadis à l'armée de Varus et qui leur étaient échues dans le partage du butin[23]. Lorsque Inguiomère se sépare d'Arminius pour aller se joindre aux alliés de. Rome, il est entouré d'une troupe de clients[24]. Un roi germain nommé Vannius, vaincu par d'autres Germains, s'enfuit, et ses clients le suivent[25]. Si l'on regarde d'ailleurs avec attention le passage où Tacite parle du comitatus germanique, on reconnaîtra que, sans prononcer le nom de la clientèle, il la décrit[26]. Les hommes qui s'attachent à un chef sont appelés par lui des compagnons, comites ; mais nous nous tromperions en voyant en eux des égaux, car le mot latin comites n'a pas ce sens ; et d'ailleurs, une ligne plus loin, Tacite les appelle des suivants, qui sectantur. Il remarque que chez eux il n'y a rien de déshonorant à figurer parmi les comites, remarque qui n'aurait aucun sens si le mot comites n’impliquait pas ici une véritable infériorité. Cela est confirmé par les traits qui suivent. Parmi ces comites il y a des inégalités et des rangs ; ces rangs sont assignés par le chef. Un serment attache le cornes au chef, au point que la vie, la volonté, l'honneur même du premier appartiennent au second[27]. Ce groupe[28], qui se forme surtout en vue de la guerre, subsiste pourtant en temps de paix ; il est permanent[29]. L'homme est nourri et rémunéré par le chef. Il combat pour lui, non pour la patrie. C'est de lui, non de l'État, qu'il reçoit la framée et le cheval de bataille. Il peut d'ailleurs quitter son chef pour passer à un autre[30]. Mais tant qu'il obéit à un chef, il doit exécuter tous ses ordres, sacrifier sa vie pour le saliver ou mourir avec lui. En tout cela, nous reconnaissons la sujétion de l'homme, non à l'État, non à la loi, non à un roi, mais à la personne d'un autre homme : et cette sujétion, de quelque nom qu'on l'appelle, c'est la clientèle ou le patronat. Ce qui autorise à croire que Tacite a réellement voulu dans ce passage décrire des clients et une clientèle, c'est que, dans la langue courante de son temps, ainsi que nous le verrons plus loin, le mot comites se disait des clients, et le mot comitatus du groupe formé par la clientèle. Ces habitudes durèrent chez les Germains après l'époque de Tacite. Deux cent cinquante ans plus tard, Ammien Marcellin raconte qu'un roi alaman, nommé Chonodomar, vaincu, se livre aux Romains ; il se rend seul dans leur camp ; mais, bientôt après, deux cents guerriers courent se livrer à leur tour au vainqueur. L'historien remarque que ces hommes ne sont pas de la masse de l'armée ni de la foule des sujets. Ce n'est pas non plus comme simples sujets du roi qu'ils agissent. Ammien dit qu'ils sont ses compagnons[31]. Et il ajoute que rien ne les obligeait à se livrer aux Romains, sinon qu'il y aurait eu infamie pour eux à vivre si leur chef était mort, ou à rester libres s'il était captif. Ces hommes étaient donc liés personnellement au chef[32]. Il y avait aussi des rangs parmi eux ; car Ammien remarque qu'il y en avait deux cents qui étaient de simples comites, tandis que trois étaient des amici[33]. Il semble bien que par ces deux termes, dont nous verrons tout à l'heure la distinction très nette dans la langue des Romains, l'historien ait voulu traduire deux termes également distincts de la langue des Germains. Un siècle et demi plus tard, Jordanès rapporte que le jeune Théodoric, voulant faire une guerre contre les Sarmates sans y être autorisé par -le roi son père, réunit autour de lui des clients et des amis au nombre de six mille et s'en fit une armée[34]. Ces comites, ces clientes, ces amici, voilà à la fois le comitatus et la clientèle : c'est la clientèle guerrière. Existait-il d'autres formes de clientèle chez les Germains ? Cela est possible, -vraisemblable même ; mais nos documents n'en signalent pas. Beaucoup d'érudits modernes ont pensé que lorsque. ces Germains avaient envahi l'Empire, ils étaient organisés en petits groupes de compagnons. Ils ont représenté le peuple wisigoth, le peuple burgonde ou le peuple franc, divisé en un nombre de petites bandes qui auraient eu chacune leur chef propre. Dans ce système, le principe de groupement dans la foule envahissante aurait été la clientèle militaire. Plusieurs petites bandes de clients ou vassaux se seraient groupées entre elles hiérarchiquement. L'ensemble attrait été une échelle de chefs, de sous-chefs, de guerriers, assez, semblable à ce que fut plus tard l'échelle féodale. Les documents n'autorisent pas cette hypothèse. Dans ce que les contemporains nous disent sur les Burgondes, les Wisigoths ou les Francs, il n'y a pas. une ligne qui l'appuie. Leurs descriptions n'ont pas un seul trait qui puisse se rapporter à un tel tableau. Rien n'autorise à dire que les nouveaux venus fussent généralement unis entre eux par la chaîne du patronat. Ce n'est pas par des organismes féodaux que les invasions se sont faites. Mais, en rejetant cette opinion excessive, il faut admettre que les Germains avaient eu dans leurs vieux âges et avaient encore des habitudes de patronat et de clientèle. Ils ne les pratiquaient pas comme institution générale ; ils n'en avaient pas fait chez eux le principe de l'organisation politique ; leurs états, au contraire, tels que les décrit Tacite, étaient constitués d'après de tout autres règles. Mais ils connaissaient le patronat comme une pratique volontaire et individuelle, que les hommes adoptaient librement suivant leur caprice, leur intérêt ou leur besoin. Lorsqu'ils entrèrent en Gaule, ils apportaient avec eux le patronat parmi les conceptions de leur esprit et parmi leurs habitudes. Mais il faut faire une remarque. Cette pratique du patronat, c'est-à-dire de la sujétion personnelle de l'homme à l'homme, qui appartenait aussi bien aux Germains qu'aux Gaulois, n'était ni chez les uns ni chez les autres un élément de l'organisation politique. César, qui décrit les états gaulois, ne confond jamais l'autorité publique exercée par les magistrats avec l'autorité toute personnelle que le patron exerçait sur ses clients. Tacite, qui décrit les états germains, qu'il appelle civitates, trace le tableau d'un organisme dans lequel le comitatus n'entrait pas. Ainsi, chez les Gaulois et chez les Germains, les institutions de patronage ne faisaient pas partie essentielle des institutions politiques. C'est là la grande différence entre ces vieilles sociétés et celles du moyen âge. Une sorte de vassalité existait déjà, mais en dehors de l'État. Ni chez les Gaulois ni chez les Germains cette vassalité n'engendra l'état féodal. |
[1] César, De bello Gallico, I, 2.
[2] César, De bello Gallico, I, 4. Il y a dans cette phrase deux éléments à distinguer : d'une part, la familia, c'est-à-dire les esclaves, qui sont jusqu'à dix mille ; d'autre part, les clients, qui sont aussi fort nombreux, mais dont le nombre n'est pas indiqué.
[3] César, VI 19. Diodore de Sicile signale aussi chez les Gaulois les serviteurs libres, V, 20.
[4] César, VI, 15.
[5] César, VI, 15.
[6] Suivant M. d'Arbois de Jubainville, ambact est un mot d'origine celtique, employé d'abord par les Gaulois, emprunté ensuite à eux par les Germains. Voir Origines gauloises, dans la Revue historique, janvier1886, p. 22. Telle est aussi à peu près l'opinion de Zeuss, Grammatica celtica, p. 761. Le principal argument est un texte de Festus : Ambactus apud Ennium Gallica lingua servus appellatur. Toutefois nous devons faire observer que ce texte n'est pas dans Festus, mais dans Paul Diacre (édit. Kaller, p. 4), et l'on souhaiterait d'avoir le vers d'Ennius pour savoir s'il s'est réellement servi de ce mot et s'il l'appliquait à des Gaulois. M. Mommsen, Histoire romaine, trad. Alexandre, t. VII, p. 21, note, se réfère aussi au texte qu'il attribue à Festus, et il admet qu'Ennius connaissait un mot gaulois 189 ans avant notre ère. Il penche d'ailleurs, comme beaucoup de ses compatriotes, à faire venir le mot ambact de la langue germanique ; les Gaulois l'auraient emprunté aux Germains. La conjecture est hardie. — Pour nous, il nous semble qu'il n'y a rien de bien sûr dans cette question, sinon que César désigne par ambact une catégorie de clients gaulois.
[7] César, VI, 50.
[8] César, VII, 4.
[9] César, VI, 15.
[10] César, VI, 11. — Sur le sens du mot factio, voir Festus, édit. Midler, p. 86.
[11] César, VI, 11.
[12] César, VI, 11.
[13] César, VI, 13.
[14] César, VII, 40, et III, 22. Les deux passages, nous le verrons bientôt, se rapportent à la méfie institution.
[15] César, III, 22.
[16] César n'emploie pas par hasard le mot devoti ; il le répète quelques lignes plus bas : Cujus se amiciliæ DEVOVISSET. — Sur le sens des mots derovere et devotio, voir Cicéron, De officiis, III, 25 ; De natura Deorum, III, 6 : Tacite, Annales, II, 69 ; Suétone, Caligula, 3 ; Tite-Live, VIII, 9 ; Macrobe, III, 9.
[17] Valère Maxime, II, 6, 11, [édit. Nempf].
[18] Cette obligation religieuse ressort, d'abord de l'expression se devorere qui est employée trois fois par César et par Valère Maxime, ensuite du terme ne fas que ces deux écrivains emploient également en parlant des mêmes hommes (Valère Maxime, II, 6, 11 ; César, VII, 40).
[19] César, VII, 40.
[20] Le même lien de patronat et de clientèle se formait entre les divers états gaulois. Par exemple, les Éburons étaient clients des Trévires (César, IV, 6) ; les Éduens avaient sous eux beaucoup de peuples clients (idem, VI, 12).
[21] Nous ne pouvons qu'énoncer ces faits d'après les érudits qui les exposent ; notre ignorance des langues celtiques nous empêche d'en vérifier l'exactitude et d'en étudier le détail. On consultera avec fruit Sumner Maine, Institutions primitives, pages 165 et suivantes de la traduction Durion de Leyritz, et d'Arbois de Jubainville, Etudes sur le Droit celtique, 1881, p. 59-68.
[22] Tacite, Annales, I, 57.
[23] Tacite, Annales, I, 57.
[24] Tacite, Annales, II, 45.
[25] Tacite, Annales, XII, 50.
[26] Tacite, Germanie, 13. — [Cf. notre chapitre II.]
[27] Tacite, 14.
[28] Tacite, 13.
[29] Cela résulte des mots in pace decus, du chap. 13.
[30] Cela résulte des mots : Magna principum æmulatio cui plurimi comites. Et plus loin : Magnum comitatum non nisi bello tueare. Mais nous ne salirions dire si ce changement de chef n'était pas soumis à certaines conditions qui le rendissent assez difficile et assez rare. Le mot juvenum du chapitre 13 permet de croire que les hommes ne restaient pas toute leur vie dans ces liens, et qu'ils en sortaient à un certain âge pour rentrer dans la vie régulière de la civitas.
[31] Ammien, XVI, 12, 60.
[32] Ammien parle encore des comites dans un autre passage, XVII, 10, 8, où il dit que Julien retient en otage quatre comites d'un roi alaman, quorum ope et fide maxime nitebatur.
[33] XVI, 12, 60.
[34] Jorda Geutsnès, Dreebarum, c. 55.