L'ANCIENNE FRANCE - LE ROI

 

CHAPITRE VII. — LE FRONT POPULAIRE DE LA MONARCHIE.

 

 

I. Familiarité des rapports entre princes et sujets. — II. La simplicité du roi. — III. On entre dans le palais du roi comme dans un moulin. — IV. Le grand couvert. — V. Le chemin de Versailles. — VI. Le roi et les Parisiens. — VII. Napoléon empereur ne connait plus ces façons populaires.

 

Quelle haute idée nos pères ne devaient-ils pas avoir de la royauté, dit Bonald[1], puisqu'ils respectaient des rois qui marchaient au milieu d'eux, dépouillés de tout l'éclat qui les environne aujourd'hui ? La monarchie avait un front populaire, pour reprendre l'expression de Sébastien Mercier[2].

 

I

Dès la fin du xi' siècle, Guibert de Nogent oppose la bonhomie paternelle des rois de France à la hauteur des souverains étrangers : Chez les rois de France on trouve toujours une naturelle simplicité ; ils réalisent la parole de l'Écriture : Princes, soyez parmi vos sujets comme l'un d'entre eux[3].

Le palais des premiers Capétiens offre le spectacle d'une intimité coutumière entre monarques et sujets[4].

Nous avons vu qu'il était ouvert à tout venant. Le jardin du roi, à la pointe occidentale de l'île de la Cité, en est devenu le jardin de Paris. Le souverain, sa femme, ses enfants, sa famille, s'y mêlent à la foule des bourgeois.

Les étudiants allemands, qui fréquentaient l'université de Paris, en raillaient Louis VII. Le roi de France, disaient-ils, vit parmi ses sujets à la manière d'un bourgeois, civilement ; il n'a pas l'allure d'un monarque qui doit marcher entouré de soldats et de gardes[5].

Le comte Thibaut de Champagne rencontre ce même Louis VII en un bois où le roi s'est arrêté et, pris de fatigue, s'est endormi, sans escorte. Thibaut le réveille : Je dors seul, en toute sécurité, lui dit Louis VII[6], parce que personne ne m'en veut.

En ville, le roi se promène à pied dans les rues où chacun l'aborde et lui parle, sans plus de façon. Les chroniqueurs nous ont conservé un dialogue qui se serait noué de la sorte entre un jongleur et Philippe-Auguste. L'histrion réclame du prince un secours en argent, parce que, dit-il, je suis, Seigneur, de votre famille...

Et comment es-tu mon parent ? lui demande le roi.

Je suis votre frère, Seigneur, par Adam, seulement son héritage a été mal partagé et je n'en ai pas eu ma part.

Eh bien, reviens demain et je te la donnerai.

Le lendemain, dans son palais, Philippe-Auguste aperçoit le jongleur parmi la foule qui s'y presse. Il le fait avancer et, lui remettant un denier :

Voilà la portion que je te dois. Quand j'en aurai donné autant à chacun de nos frères, descendus d'Adam, c'est à peine si, de tout mon royaume, il me restera un denier.

L'anecdote est-elle authentique ? Du moins la transmission par les contemporains en est caractéristique des contingences que nous voudrions définir.

Le Florentin Francesco Barberino vient en France sous le règne de Philippe le Bel. Il est tout surpris de voir le terrible autocrate — de qui la puissance se faisait sentir jusqu'au fond de l'Italie, où elle faisait chanceler le trône pontifical sur ses hases — se promener dans les rues de Paris, où il rend avec simplicité leur salut aux bonnes gens qui passent. Barberino croise Philippe le Bel arrêté au coin d'un carrefour par trois ribauds qui ne payaient pas de mine. Le roi restait là, les pieds dans la boue, il était coiffé d'un chapel de plumes blanches ; après avoir écouté patiemment les doléances des compagnons, il conversa quelque temps avec eux. Et l'Italien ne manque pas de noter le contraste que fait la bonhomie de ces façons royales avec la morgue des seigneurs florentins.

Charles V, au témoignage de Juvénal des Ursins, vouloit tout ouïr et savoir, et, quelque déplaisante qu'il dût avoir, il se montroit patient ; il s'enquéroit du nom de ceux qui estoient venus, de la manière de les reconnoître ; il se les faisoit montrer, les appelloit par leurs noms comme s'il les eût connus de tout temps, s'informoit de leur état, de leur ville, de leur pays, et leur donnoit toujours quelque confort[7].

Chastellain raconte que Charles VII mettait jours et heures de besogner à toutes conditions d'hommes, et besognoit de personne à personne, distinctement à chacun, une heure avec ducs, une autre avec nobles, une autre avec étrangers, une autre avec gens mécaniques — artisans —, armuriers, voletiers, bombardiers et autres semblables. Il laissait sa porte ouverte ; pénétrait qui voulait pour lui parler librement, les gentilshommes en armes, et jusque dans sa chambre[8].

Vous savez que chacun a loi d'entrer qui veut, disait à Chabannes le futur Louis XI[9].

On avait licence de parler au roi en tous lieux, au pourmenoir, à la table, à l'issue de son cabinet ; allant à la messe ou en revenant, et en tous lieux publics[10]. Son accès est libre et facile, observe La Roche-Flavin, il écoute patiemment ceux qui lui parlent... Et de vérité il se faut estonner qu'un prince, qui a tant de grands objets... ait tousjours l'esprit présent à ce qu'il désire et permette d'estre importuné en tant de sortes[11].

Au cours de leurs célèbres dépêches, les ambassadeurs Vénitiens du XVIe siècle constatent que personne n'est exclu de la présence du roi ; les gens de la plus basse condition pénètrent hardiment, à leur gré, dans son cabinet secret, pour voir tout ce qui s'y passe, pour entendre tout ce dont on parle, an point que, quand on veut traiter de quelque chose importante, il faut parler à voix basse pour ne pas être entendu[12]. C'est ainsi que s'exprime, en 1561, Michel Suriano. Il ajoute : Les Français ne désirent pas d'autre gouvernement que leur roi. De là vient l'intimité qui règne entre le monarque et ses sujets. Il les traite en compagnons. En 1577 un autre ministre vénitien, Jérome Lippomano : Pendant le dîner du roi de France, presque tout le monde peut s'approcher de lui et lui parler comme il ferait à un simple particulier[13].

Et, en 1603, Angelo Badoer :

Le roi de France, quand il est en représentation, donne une plus haute idée de sa grandeur que ne le fait le roi d'Espagne... Mais, hors d'apparat, il est le monarque le plus affable du monde[14]. Cette grande familiarité, écrit Michel Suriano, rend il est vrai les sujets insolents, mais aussi fidèles que dévoués[15]. Ce qui est également l'opinion de Robert Dallington, secrétaire de l'ambassadeur anglais auprès de Henri IV. Les rois de France sont très affables et familiers, plus qu'il ne convient, écrit le diplomate anglais ; mais c'est la coutume du pays. Dallington pense aux Cours d'Angleterre, de Suède et de Pologne, où les princes ont plus de majesté et, par suite, plus de respect de la part de leurs sujets[16]. Duchesne à son tour compare sur ce point les rois de France à leurs voisins d'Espagne. Ceux-ci ne se montrent que rarement à leurs peuples. Si un roy de France traitoit ses sujets comme cela, s'il se tenoit caché quinze jours à Saint-Germain on à Fontainebleau, on croiroit qu'il ne seroit plus... Les François veulent presser leur prince, aussi bien en la paix comme à la guerre[17].

Par la manière dont les rois vivent avec leurs sujets, note Fontenay-Mareuil, ils paraissent plutôt leurs pères que leurs maîtres[18]. Ce sont les familiarités dont parle Choisy[19].

Les diplomates étrangers sont étonnés de voir Henri IV ranger lui-même les sièges de la Grande-Chambre où il doit leur donner audience[20]. De même aux soirées de la Cour : le roi place son monde ; une petite baguette à la main, il fait élargir le cercle des spectateurs, au milieu duquel doivent trouver place les comédiens italiens. A quoi Henri IV s'entendait à merveille. Vous n'auriez vu dans aucune résidence un salon mieux disposé, écrit Dallington[21] ; mais rien n'est plus dérogatoire à la majesté royale.

Sous Louis XIII encore, les divertissements de la Cour ont des allures populaires : on y danse aux chansons des bourrées et des branles, des tresques et des caroles, jusqu'à des sabotières ; dames et cavaliers formant des rondes en se tenant par la main, avec l'entrain des noces de village. Les distances s'effacent : les femmes engagent les hommes en leur présentant des bouquets ; le roi même prend part à l'assemblée comme un simple particulier ; la première venue le peut venir inviter à la danse[22].

Venons à Louis XIV.

S'il est un caractère singulier dans cette monarchie, écrit-il lui-même[23], c'est l'accès libre et facile des sujets au prince ; et, dans ses fameuses Instructions pour le Dauphin : Je donnai à tous mes sujets sans distinction la liberté de s'adresser à moi, à toute heure, de vive voix et par placets[24].

Il écrit dans ses Mémoires[25] : Je m'imposai pour loi de travailler régulièrement deux fois par jour et deux ou trois heures chaque fois, avec diverses per sonnes, sans compter les heures que je passais seul en particulier, ni le temps que je pouvais donner aux affaires extraordinaires, s'il en survenait, n'y ayant pas un moment où il ne fut permis de m'en parler, pour peu qu'elles fussent pressées, à la réserve des ministres étrangers, qui trouvent quelquefois, dans la familiarité qu'on leur permet, de très favorables conjonctures, soit pour obtenir, soit pour pénétrer, et que l'on ne doit guère écouter sans y être préparé.

Ce qui inspire à La Bruyère, ces lignes si souvent citées :

La vraie grandeur est libre, familière, populaire. Elle se laisse toucher et manier ; elle ne perd rien à être vue de près : plus on la connaît, plus on l'admire.... Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits[26].

 

II

A ces façons répondent la tenue et l'habillement du roi. En dehors des cérémonies où il doit se parer d'atours traditionnels, son vêtement est commun et simple[27]. Les visiteurs sont surpris de constater que maitre Robert de Sorbon. fort aimé de saint Louis et toujours proche de lui, est habillé de plus riche camelin que le monarque[28]. Après être revenu de sa première croisade, le bon roi ne met plus que des vêtements de si mince valeur qu'il estime en faire tort aux pauvres qui ont coutume d'en obtenir la livrée après qu'il les a portés, et il charge son aumônier de les en indemniser jusqu'à concurrence de 60 livres — 6.000 francs de notre monnaie — par an. Sans pousser la modestie de leur garde-robe aussi loin, ses successeurs revêtent également des surcots de petit prix, des pourpoints de fùtaine. Le chroniqueur Ottokar de Styrie compare Philippe le Bel avec le roi d'Allemagne Albert Ier, au cours de leur entrevue à Quatre-Vaux en Lorraine (1299). Le prince allemand éclipse son voisin par l'éclat de sa suite et par sa magnificence[29]. Jusqu'à François Ier, prince de la Renaissance : on trouve personnages de petite étoffe et quelquefois de vile condition qui en font autant et plus que lui[30]. Aussi, quand est annoncé au palais quelque ambassadeur étranger, vite le roi se fait-il apporter une petite pièce de drap d'or, qu'il se fait attacher sous les aisselles, afin de paraître un peu[31]. Henri IV porte dos habits fripés, délavés par la pluie ; Louis XIII des robes aux tons neutres, ternes, en étoffe de hure[32].

Locatelli, qui visite la Cour de Louis XIV, ne peut retenir son étonnement : est-ce vraiment là ce prince si magnifique ? les gentilshommes de son entourage sont plus richement vêtus que lui. Il a mis un simple justaucorps tirant sur le brun, orné d'une mince broderie et, sur l'épaule, du bouton d'or — rubans tenus par un bouton — qui distinguait le roi parmi les courtisans[33]. Louis XV fut peut-être plus élégant car il aimait, comme Marie Leszczynska, les belles soieries de Lyon. La tenue de Louis XVI eût convenu au plus obscur, de ses sujets : un habit gris le matin ; pour l'après-midi, un uniforme de nuance foncée, en drap uni, sans ornement, broderie ni dentelle[34].

 

III

Ainsi qu'au moyen âge, on entrait, au XVIe siècle encore, dans le palais du roi comme dans un moulin[35]. Contrairement à ce qui se verrait de nos jours, tout y était banal, hors la chapelle[36]. Les étrangers ne cessent d'en exprimer leur surprise. J'allai au Louvre, écrit Locatelli en 1665, je m'y promenai en toute liberté et, traversant les divers corps de garde, je parvins enfin à cette porte qui est ouverte dès qu'on y touche et le plus souvent par le roi lui-même. Il suffit d'y gratter et l'on vous introduit aussitôt. Le roi veut que tous ses sujets entrent librement. Dans le jardin des Tuileries, le jardin du roi avant que Louis XIV ne transférât sa résidence à Versailles, le public coudoie le ménage royal, ainsi qu'il le faisait sous saint Louis et sous Philippe le Bel dans le Jardin de Paris. Locatelli y assiste à de petites scènes intimes entre Louis XIV, Marie-Thérèse et le Dauphin, scènes qu'il rapporte avec beaucoup de grâce :

Un soldat, en passant devant le Dauphin, inclina sa hallebarde ; mais le Dauphin — en 1665, il avait quatre ans — croyant que ce soldat devait se découvrir, dégaina une petite épée qu'il portait, en criant :

Holà ! bâtonnez-moi cet homme assez hardi pour passer devant moi sans ôter son chapeau !

La reine — Marie-Thérèse — lui dit tendrement :

Mon fils, suivant les règles militaires, ce soldat ne devait pas ôter son chapeau, mais seulement incliner sa hallebarde comme il a fait.

Mécontent de ces paroles, le Dauphin repoussa la reine de la main et s'enfuit vers le roi — Louis XIV — assis derrière la grille du jardin pour faire terminer la revue.

Louis XIV avait pris son fils entre ses bras et le couvrait de baisers, quand Marie-Thérèse les rejoignit. Elle tenait dans ses mains, dit Locatelli, une tige de laitue confite, — sans doute de l'angélique.

Son fils s'arrêta court à cette vue, et, saisissant de ses mains les deux bras de sa mère, il s'efforçait de s'emparer de la friandise. Mais la reine dit, en la levant en l'air :

Si vous la voulez, mon mignon, j'exige d'abord que vous pardonniez au soldat l'injure qu'il ne vous a pas faite.

Le Dauphin détournait la tête en signe de refus. Alors le roi, faisant mine de se fâcher :

Pour vous faire changer d'idée, ne suffit-il donc pas que votre père et votre mère vous disent qu'il n'a pas commis de faute ?

Le Dauphin leva à ces mots les mains et le visage vers son père comme pour l'embrasser. Le roi se mit tout près de son fils et lui dit :

Pardonnez-vous au soldat ?

Oui Monsieur, répondit le Dauphin, à mi-voix.

Et pourquoi ?

Parce que papa et maman le veulent.

Et aussi parce que c'est votre devoir, ajouta le roi.

Puis il se pencha pour recevoir son baiser, et le Dauphin, lui jetant un bras autour du cou, faisait de l'autre signe à sa mère de lui donner cette friandise.

La cérémonie terminée, le roi et la reine se retirèrent ayant entre eux leurs fils qu'ils tenaient chacun par une main[37].

Ce jardin des Tuileries, Colbert aurait voulu le réserver à la Cour, l'interdire au public ; mais Perrault combattit son opinion : Les jardins du roi, disait-il, ne sont si grands et si précieux, qu'afin que tous leurs enfants puissent s'y promener[38]. Louis XIV se rangea à son avis et le jardin des Tuileries resta ouvert à tout le monde[39] ; comme le sera le parc de Versailles, où un peuple si nombreux remplira les bosquets et les avenues que Louis XIV lui-même devra renoncer certains jours à y faire son tour habituel[40].

Le peuple, qui se répandait dans ces magnifiques résidences, ne laissait pas d'y commettre les plus fâcheux dégâts, au point qu'en 1685 le roi, effrayé, ordonna de ne plus laisser entrer dans les jardins que les gens de la Cour et ceux qu'ils mèneraient avec eux[41] ; mais, quelques années plus tard, le grand monarque revient aux traditions. Il va jusqu'à faire enlever les grilles qui entouraient les bosquets, voulant, raconte Dangeau[42] que tous les jardins et toutes les fontaines fussent pour le public. Et les dégâts de reprendre avec un vandalisme nouveau ; mutilations des rocailles, plombs volés, marbres brisés, inscriptions d'amoureux gravant sur les chefs-d'œuvre des Coysevox et des Robert le Lorrain leurs lettres l'une dans l'autre ; mais Louis XIV tint bon et ses jardins, comme ses palais, restèrent ouverts à tous.

Locatelli assiste aussi à la toilette de la reine, toilette qui se fait en public : entre qui veut. Pendant qu'on la coiffait, elle portait un léger corsage de toile blanche, bien garni de baleines, serré à la taille, et une jupe si étroite qu'elle semblait enveloppée dans un sac de soie. La reine coiffée, des pages apportèrent ses vêtements de dessous, d'une jolie étoffe à fleurs, alternativement bleues et or sur fond d'argent... Ils la lacèrent et achevèrent de l'habiller ; mais ses femmes placèrent les bijoux de la tête et du corsage. Sa toilette terminée, elle se tourna vers les étrangers, fit une belle révérence et vola, pour ainsi dire, à l'appartement de sa tante, la reine mère[43]. Comme la reine et comme la Dauphine, le roi s'habillait sous les yeux de tous[44]. Certains bourgeois trouvaient une distraction à s'en aller au Louvre pour le seul plaisir de voir le roi, ne pouvant se lasser de le considérer, soit pendant son dîner, soit dans la cour du Louvre lorsqu'il y descendait, pour assortir des attelages de différents chevaux[45].

La maison du roi devenait une place publique. On imagine la difficulté d'y maintenir l'ordre et la propreté. Du matin au soir s'y pressait une cohue turbulente et bruyante, composée de gens de toutes sortes de conditions. Les dessous et les encoignures des escaliers, les corridors, les balcons, les tambours des portes, étaient des lieux propices à satisfaire les besoins de la nature[46]. Les couloirs des châteaux du Louvre, de Vincennes, de Fontainebleau se transformaient en sentines[47]. Pour entrer chez la reine, les dames relevaient leurs jupes. Jusqu'au troisième quart du XVIIe siècle le Louvre est signalé pour ses odeurs et ses mille puanteurs insupportables, qui faisaient un étrange contraste avec la splendeur des appartements. C'était une des raisons qui motivaient les déplacements continuels de la Cour : alors on aérait les chambres, on les désinfectait en les parfumant de bois de genièvre[48]. Louis XIV et Monsieur — le duc d'Orléans —, écrit Madame Palatine, avaient été habitués dès l'enfance à des maisons sales de sorte qu'ils regardaient la chose comme naturelle, mais sur leurs personnes ils étaient fort propres[49]. Bussy-Rabutin admire Louis XIV d'être parvenu à mettre un peu d'ordre dans sa demeure et à lui donner la propreté des particuliers[50].

Ces traditions de vie commune, il n'était pas possible de les modifier, les souverains eux-mêmes sentaient qu'ils n'en avaient pas le droit[51] ; ainsi Louis XIV fut amené, en 1671, à la résolution de transférer à Versailles la demeure de la monarchie[52]. A Paris, avec l'accroissement de la ville et la multiplication des rapports entre le roi et ses sujets, elle en était venue à ne plus pouvoir respirer. Il en fut d'ailleurs à Versailles comme au Louvre. Un jour, écrit Viollet-le-Duc[53], que je visitais, étant très jeune, le palais de Versailles avec une respectable dame de l'ancienne Cour, passant dans un couloir empesté, elle ne put retenir cette exclamation : Cette odeur me rappelle un bien beau temps !

A Versailles comme au Louvre, les appartements du roi demeurent ouverts à tout venant. Nous passâmes, écrit l'Anglais Arthur Young, qui en est tout surpris, à travers une foule de peuple et il y en avait plusieurs qui n'étaient pas trop bien habillés[54]. Les étrangers, Madame Palatine. Mme d'Osnabrück, se plaignent du tumulte qui règne à la Cour de France, de la presse, de la chaleur et de l'odeur qui s'en dégagent, — on risque d'être étouffé[55].

Et l'on imagine quel monde finissait par envahir ainsi la demeure royale : des personnages louches, réputés dangereux ; en 1682, un grand prêtre italien nommé Pitoli, qui a des relations suspectes avec les gouvernements étrangers ; il se promène tout le long du jour dans le château de Versailles[56], des huguenots comme Cottereau : Il est très souvent à Versailles, approche de fort près Sa Majesté. Cottereau fait de fréquents voyages en Angleterre, publie des libelles contre Mme de Maintenon ; il se répand à son ordinaire contre le roi en discours tels qu'il serait à craindre qu'il ne fit quelque coup qui porterait préjudice à toute la France[57].

Aussi bien, de temps à autre, on donnait un coup de balai, quand le palais de Versailles en arrivait à être encombré de mendiants qui y exerçaient leur profession comme dans la rue. Nous lisons dans le Journal de Dangeau, à la date du 2 juillet 1700 :

On a mis sur pied cinquante Suisses pour chasser du château les gens qui y gueusaient.

Un filou ne dépouille-t-il pas de ses ornements le chapeau que Louis XIV a déposé sur une table ?

Sous la Régence, le jeune Louis XV est installé au Louvre. Les voleurs de la bande de Cartouche se répandent familièrement dans les diverses salles du palais. Au bal de la Cour, Louison, frère de Cartouche, vole au prince de Soubise son épée à poignée d'or, estimée 25.000 livres. Un autre jour, dans une salle attenant à la salle où le roi mange, Guillain, Marcand, Ferrent et Prévost dit Ceste, ce dernier tailleur de son métier, tous affiliés à la troupe de Cartouche, vident les poches des nombreuses personnes qui se trouvaient là en même temps qu'eux[58].

En une lettre adressée au lieutenant de police par un certain Nicolas Blondat, le 30 octobre 1765, on voit passer cette cohue bigarrée qui, du matin au soir, se pressait dans les appartements du roi :

J'ai l'honneur de vous rendre compte que, le 25 août dernier — jour de la fête du roi — étant à Versailles avec la dame Millot, — cette jeune personne, Marie-Marguerite Millot, était la maîtresse de Blondat — pour y voir les appartements du château, nous fîmes rencontre du sieur Lardier, exempt de la prévôté de l'Hôtel, qui me proposa de rester avec lui jusqu'à ce que le roi fût passé, que nous découvririons sûrement quelques voleurs de montres ou de tabatières. Je lui représentai que cela ne se pouvait guère, attendu que j'étais accompagné d'une dame. Il me répondit qu'il allait la conduire dans un endroit où elle nous attendrait. Il la conduisit à la porte d'un des appartements de Mesdames...[59] On se croirait dans la rue.

Lors des fêtes données à Versailles, au mois de juin 1782, en l'honneur du grand duc Paul de Russie, fils de Catherine II, les grilles du parc sont ouvertes et la masse du peuple s'engouffre dans les cours, dans les allées, remplit la terrasse :

La foule avide de voir se pressait avec tant d'indiscrétion qu'à un moment le roi, se sentant poussé, se plaignit ; le grand duc, qui était près de lui, s'éloigna un instant :

Sire, dit-il, pardonnez-moi, je suis devenu tellement Français, que je crois, comme eux, ne pouvoir m'approcher de trop près de Votre Majesté[60].

 

IV

Il était facile, écrit le Dr Nemeitz[61], de voir souper Sa Majesté. Il recevait à sa table toute sa famille et, à moins qu'il n'y eût déjà trop de monde, ce qui arrivait parfois, on était admis. D'ailleurs on pouvait toujours être admis quand on arrivait de bonne heure. On sait la pudeur farouche de Louis XIII et qui se traduisait par des brusqueries. Ceci se passe encore au Louvre. Il remarqua dans la foule, qui se pressait pour le voir dîner, une jeune demoiselle fort décolletée. La dernière fois qu'il but, lisons-nous dans un livre d'édification de 1658[62], il retint une gorgée de vin en la bouche, qu'il lança dans le sein découvert de cette demoiselle.

Fréquemment entre le roi et les assistants, des gens du peuple, la conversation s'engage, gaillarde et familière. Des échos en sont conservés par les Lettres de Mme de Sévigné et les Mémoires de Saint-Simon. Il y eut l'autre jour une vieille décrépite qui se présente au dîner du roi. Elle faisait frayeur, écrit Mme de Sévigné à sa fille[63]. Monsieur — le duc d'Orléans —, la repoussa en lui demandant ce qu'elle voulait. Hélas ! Monsieur, lui dit-elle, c'est que je voudrais bien prier le roi de me faire parler à M. Louvois. Le roi dit : Tenez, voilà M. de Reims — frère de Louvois — qui y a plus de pouvoir que moi.

Le public était plus particulièrement admis au grand couvert qui avait lieu régulièrement tous les dimanches et — ce qui est à noter — les jours de fête dans la famille royale[64]. Celle-ci se trouvait alors réunie tout entière, y compris les princes du sang. Louis XIV, qui remplit avec tant d'énergie et de conscience son métier de roi, s'astreignit à dîner ainsi en public jusqu'aux derniers jours de sa vie, jusqu'au 24 août 1715 — il devait mourir le 1er septembre. Son état de fatigue ne lui avait pas permis de quitter sa robe de chambre. J'observai, note Saint-Simon, qu'il ne put avaler que du liquide et qu'il avait peine à être regardé. Sous Louis XV, les Parisiens, les Provinciaux viendront assister au repas du roi pour admirer sa prestance, son élégance, mais plus encore son adresse à faire sauter le haut de la coque d'un œuf, d'un seul coup qu'il donnait du revers de sa fourchette.

Attention ! le roi va manger son œuf !

A ce moment les dames assises auprès du souverain s'écartaient de lui pour que la foule le pût mieux voir. Louis XV savait l'amusement que ses sujets prenaient à ce détail, aussi s'astreignait-il à manger toujours des œufs à son grand couvert.

Les badauds, note Mme Campan[65], qui venaient le dimanche à Versailles, retournaient chez eux, moins enchantés de la belle figure du roi, que de l'adresse avec laquelle il ouvrait ses œufs.

Ces détails paraîtront ridicules à les juger avec des idées modernes ; mais plaçons-nous dans l'esprit du temps, la familiarité en est charmante.

Quand est apporté le dessert, le roi offre aux dames présentes des fruits et des glaces ; parmi elles, se trouve, en 1772, une jeune et spirituelle Genevoise, Rosalie de Constant, cousine germaine de Benjamin Constant. On offrit, dit-elle[66], les glaces du dessert aux dames qui étaient là pour voir. Je les trouvai bien bonnes.

On allait de même assister au dîner des enfants de France[67] à Versailles, ou dans les villes où ils passaient, quand ils étaient en voyage[68].

 

V

Pour faciliter le transport des habitants de Paris jusqu'à Versailles, avait été organisé un service d'omnibus appelés, les uns des carrabas, les autres des pots de chambre. Mercier en donne la description. Ceux qui prenaient places sur le devant étaient appelés des singes, et ceux qui étaient assis à l'arrière de la voiture étaient nommés des lapins.

Le singe et le lapin, écrit Mercier, descendent à la grille dorée du château, ôtent la poudre de leurs souliers, mettent l'épée au côté, entrent dans la galerie et les voilà qui contemplent à leur aise la famille royale et qui jugent de la physionomie et de la bonne grâce des princesses. Ils font ensuite les courtisans tant qu'ils veulent. Ils se placent entre deux ducs, ils coudoient un prince trop empressé, qui retient son geste quand il l'a outrepassé et rien n'empêche le lapin et le singe de figurer clans les appartements et au grand couvert comme les suivants de la Cour[69].

Aussi, comme le note encore Mercier, dans toute la France on s'entretient de la Cour de Versailles, et il est rare que, dans le village le plus écarté, il n'y ait quelqu'un qui ne puisse dire de visu, pour y être venu en carraba ou en pot de chambre, comment le roi est fait, combien la reine aime les pommes d'orange, si la Dauphine est jolie et si les princesses marchent d'un bon air.

 

VI

Les dames de la Halle, les harengères et les lavandières de Paris, ont le privilège d'être admises à toute heure auprès du roi, de la reine, des ministres, pour leur faire des discours, leur présenter des doléances, formuler leurs griefs ou bien offrir leurs compliments. Elles s'expriment librement, rondement, gaillardement : qu'il s'agisse de l'entrée de la reine dans sa bonne gille, de la fête du roi à la saint Louis, d'une victoire remportée en Flandre, de la naissance d'un Dauphin, du rétablissement de la santé du roi ou de la chute du ministère[70].

Le 24 août 1774, tombent Maupeou, d'Aiguillon, Terray. Le lendemain, les poissardes viennent, suivant l'usage, en dire leur sentiment au roi :

Sire, dit la grosse dame qui parle au nom de la bande, je venons faire compliment à Votre Majesté de la bonne chasse qu'Elle a faite hier — le massacre des ministres — ; jamais votre grand-père — Louis XV — n'en a fait une si bonne[71].

Et comme La Vrillaire, ministre de la Maison du roi, voudrait mettre un terme aux familiarités de ces dames : Cette question, lui répond Louis XVI, ne peut en faire une : d'abord elles verraient un déshonneur au contraire, ensuite je ne dois pas oublier que je suis le roi de tous, grands et petits[72].

Sur les rapports du roi avec les Parisiens, il y aurait tout un chapitre à écrire. Serait-il possible de désirer plus d'intimité, de cordialité, de simplicité, à des relations entre princes et sujets ? Quand la reine prend médecine — par précaution — les Parisiens, en la personne de leurs échevins, en sont régulièrement avisés ; et, le lendemain, l'un des échevins se rend à la Cour pour y quérir des nouvelles[73].

Le roi et la reine viennent-ils à Paris dîner à l'Hôtel de Ville ? Un bain est préparé pour la reine par les soins des bourgeoises de la ville, et l'une d'elles se baigne quand et quand sa souveraine[74].

Louis XIII pour donner une marque de son affection à ses chers Parisiens, n'imagine rien de mieux que de venir danser devant eux. Je veux, avait-il dit, honorer la Ville de cette action. Il vêtit un costume de parade et se coiffa d'un chapeau pointu ; bourgeois et bourgeoises envahirent la Maison commune, où, sous leurs yeux, Louis XIII, faisant violence à son humeur morose et à ses allures de croque-mort, exécuta, du mieux qu'il put, jetés, passe-pieds et entrechats. Cette fête, qui avait commencé sur les dix heures du soir, ne se termina que le lendemain sur les midi[75].

A leur retour de Metz, Louis XV et Marie Leszczynska séjournent dans la capitale. Les plus brillants soupers se succèdent aux Tuileries, suivis de concerts auxquels tout le monde peut assister. Entre qui veut, pourvu qu'on soit vêtu de noir, à cause du deuil de Madame Sixième — la sixième fille de Louis XV, qui venait de mourir[76]. Le 15, grand dîner à l'Hôtel de Ville. Le Prévôt des marchands, en robe rouge, est derrière le roi et le sert, comme font à la Cour les grands seigneurs. Le repas dure de trois heures à cinq heures et demie. A peine est-il terminé, qu'on ouvre les portes et que le peuple, suivant l'usage, envahit les salles pour piller le dessert[77].

Lors de l'entrée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, encore Dauphin et Dauphine, dans la bonne ville de Paris, l'enthousiasme de la foule alla jusqu'au délire. Il n'était maison qui ne fût fleurie, les chapeaux volaient dans les airs. Des acclamations ininterrompues : Vive Monseigneur le Dauphin ! vive Madame la Dauphine ! Madame, disait le duc de Brissac, vous avez deux cent mille amoureux. Le Dauphin et la Dauphine, du palais des Tuileries, descendirent dans les jardins. C'était une cohue à les étouffer : toutes les mains se tendaient vers eux. Marie-Antoinette en est émue jusqu'aux larmes ; elle en écrit à sa mère une lettre où l'on entend battre son cœur :

Pour les honneurs nous avons reçu tous ceux qu'on a pu imaginer ; tout cela, quoique fort bien, n'est pas ce qui m'a touchée le plus ; mais c'est la tendresse et l'empressement de ce pauvre peuple qui, malgré les impôts dont il était accablé, était transporté de joie de nous voir. Lorsque nous avons été nous promener aux Tuileries, il y avait une si grande foule, que nous avons été trois quarts d'heure sans pouvoir ni avancer ni reculer. M. le Dauphin et moi avons recommandé plusieurs fois aux gardes de ne frapper personne..... Au retour de la promenade nous sommes montés sur une terrasse découverte et y sommes restés une demi-heure. Je ne puis vous dire, ma chère maman, les transports de joie, d'affection qu'on nous a témoignés dans ce moment.... Qu'on est heureux dans notre état de gagner l'amitié de tout un peuple à si bon marché ! Il n'y a pourtant rien de si précieux. Je l'ai senti et je ne l'oublierai jamais[78].

En En mai 1770, la Dauphine Marie-Antoinette prend séjour au château de la Muette. Sa toilette se fait en public. Afin que plus de personnes puissent assister à sa vie quotidienne, on a disposé, dans les appartements et dans les galeries, des banquettes sur des gradins en amphithéâtre, où se succèdent du matin au soir les plus charmantes parisiennes, ce qui faisait, note le duc de Croÿ, le plus bel effet[79]. La Dauphine en écrit à sa mère, Marie-Thérèse : Je mets mon rouge et lave mes mains devant tout le monde ; ensuite les hommes sortent, les dames restent et je m'habille devant elles[80].

Il n'est pas douteux que la familiarité de ces façons royales n'ait beaucoup contribué à développer les sentiments que la personne du souverain éveillait dans le cœur des Français, et qui demeurèrent si vifs pendant tant de générations. Les ambassadeurs vénitiens y voient une cause de la force de la monarchie en France. Chacun, dit Rétif de la Bretonne — et ceux mêmes qui ne l'avaient jamais vuconsidérait le roi comme une connaissance intime[81], parole remarquable et où se caractérisent profondément les sentiments que les Français éprouvaient pour leur prince.

 

VII

Ces faits apparaîtront dans leur relief, on les placera dans leur vraie lumière, si l'on compare cette vie populaire de nos anciens rois. à l'existence que mènera aux Tuileries Napoléon devenu empereur, ce Napoléon qui gravira cependant les marches du trône aux acclamations des Français. L'empereur et l'impératrice, écrit M. Frédéric Masson, se laissent encore aborder par les gens de la Cour, mais les gens de la ville sont derrière les balustrades... Quant au peuple, contenu par une double haie de grenadiers, il voit de loin passer ses souverains comme à l'Étoile, ou bien d'en bas il les aperçoit au balcon de la salle des maréchaux... L'armée, la Garde même n'a le droit d'acclamer son empereur qu'en défilant sous les fenêtres de son palais... Certes, Napoléon aime son peuple et tient à lui témoigner cette affection ; il lui prodigue des jeux comme à Saint-Cloud et aux Champs-Élysées, des feux d'artifice, des victuailles, du vin, des illuminations ; mais ce qui seul le satisfait, on le lui refuse... Ç'eût été de voir son empereur, le suivre, l'acclamer, participer à son triomphe et à sa joie[82]... Ce sont les caractères, dit M. Frédéric Masson, du nouveau règne[83].

La Révolution a passé, un autre monde a vu le jour.

 

 

 



[1] Bonald, Pensées diverses, pp. 38-39.

[2] Tableau de Paris, chap. XVIII.

[3] Vie de Guibert de Nogent, chap. XI. — Cf. Helgaut, ap. D. Bouquet, X, 99, B.

[4] Montlosier, Monarchie française, I, 127.

[5] Lettre de J. de Salisbury à Gérard Pucelle, ann. 1168 : Teutoues... loquuntur grandia, minis tument : et qui etiam in regno ejus sunt, immo in sede quiescunt, Parisius immorantes, hoc in eo (Louis VII) depreciant, ut nostis, quod civiliter vivit inter suos ; quod barbarocum more tyrannum non induit : quod non incedit semper satellitibus armatis septus... D. Bouquet, XVI, 588 D.

[6] Walter Map, De nugis curialium, ap. Pertz, SS. XXVII.

[7] Beaucourt, Histoire de Charles VII, III, 137.

[8] Claude de Seyssel, éd. de 1558, f. 14.

[9] Beaucourt, Histoire de Charles VII, IV, 170.

[10] La Roche-Flavin, liv. IV, chap. I, § 21, p. 358 de l'éd. de 1621.

[11] La Roche-Flavin, liv. IV, chap. I, § 21, p. 358 de l'éd. de 1621.

[12] Relations des ambassadeurs vénitiens, publiées par N. Tommaseo, dans Documents inédits de l'Histoire de France, I (1835), 509.

[13] Ibid., II, 473-567. Jusqu'à François on a dit simplement en France le roi. Ce sont les Espagnols qui ont apporté le titre de Majesté. Les Italiens ont apporté de leur côté l'usage de demeurer la tête découverte. Auparavant, et même sous Charles VIII, on ne se découvrait que dans les ras suivants : en entrant dans l'appartement du roi, en lui parlant, ou à table, quand il buvait. Montlosier, Monarchie française, I, 127-23 ; cf. Montaigne, Essais, I, XLII.

[14] Relaz. degli ambass. Venet. Nic. Barrozi, ser. II, Francia, vol. I, p. 123.

[15] Michel Suriano en 1561. Relations des ambassadeurs vénitiens ap. Documents inédits sur l'Histoire de France, I, 509.

[16] The view of Fraunce. Un aperçu de la France telle qu'elle était en 1598, par Rob. Dallington, secrétaire de l'ambassadeur d'Angleterre auprès de la Cour de France, trad. de l'anglais par E. Emerique, Versailles, 1892, in-8°, p. 68.

[17] And. Duchesne, Antiquitez, éd. de 1609. p. 547.

[18] Cité par d'Avenel, la Noblesse française sous Richelieu, p. 24.

[19] D'Avenel, la Noblesse française sous Richelieu, pp. 16-17. — M. d'Avenel fait très justement ressortir la différence entre la simplicité de la vie royale en France et le cérémonial anglais ou espagnol.

[20] Dallington, The view of Fraunce, p. 69.

[21] Dallington, The view of Fraunce, p. 69.

[22] Vicomte d'Avenel, p. 221.

[23] Mémoires, I, 191.

[24] Œuvres de Louis XIV, éd. Trenkel et Wurtz, 1806, I2, 26.

[25] Mémoires de Louis XIV, éd. de 1806, in-8°, I, 20.

[26] La Bruyère, Caractères, chapitre du Mérite personnel.

[27] And. Duchesne, Antiquitez, éd. de 1609, p. 346 ; Alw. Schultz, das Höfische Leben..., I, 317.

[28] Joinville, éd. N. de Wailly, p. 12.

[29] Ottokar, Chronique rimée, éd. Pez, SS., III, § DCXCVIII.

[30] Seyssel, éd. de 1558, f. 40 v°. — Pour Louis XI, voyez Commines, Mémoires, éd. Dupont, I, 83 et 166.

[31] And. Duchesne, Antiquitez, éd. de 1609, p. 354.

[32] L. Batiffol, Rois en villégiature à Fontainebleau, ap. Revue hebdomadaire, 6 août 1910, p. 95.

[33] Maucroix, Œuvres, II (Reims, 1854), 300 ; Locatelli, Voyage, éd. Vautier (Paris, 1905), p. 126 ; Jacq. Boulenger, op. cit., p. 212.

[34] Marquis de Ségur, Au couchant de la monarchie, p. 14.

[35] A. Barine, la Jeunesse de la Grande Mademoiselle, pp. 10-11.

[36] Arthur Young, Voyage en France, p. 45.

[37] Sébastien Locatelli, Voyage de France, publié par M. Ad. Vautier pour la Société des Études historiques, Paris, 1905, in-8°, p. 186.

[38] A. Babeau, les Tuileries, pp. 45.

[39] Dr Nemeitz, éd. Franklin, pp. 275-77.

[40] Dangeau, à la date du 2 juin 1705. — Cf. Aug. Jehan, le Labyrinthe de Versailles (Versailles, 1904, in-4°), pp. 26-29.

[41] Dangeau à la date du 13 avril 1685.

[42] Dangeau, à la date du 14 novembre 1704.

[43] Anne d Autriche. — Séb. Locatelli, Voyage en France, éd. Vautier, p. 186.

[44] Spanheim, éd. Em. Bourgeois, p. 280.

[45] Mémoires de P.-Thom. du Fossé, éd. F. Bouquet, Rouen, 1875-1879, I, 255.

[46] Arvède Barine, la Jeunesse de la Grande Mademoiselle, pp. 10-11.

[47] Aux environs du Louvre, en plusieurs endroits de la cour, sur les grands degrés, dans les allées d'en haut, derrière les portes et presque partout, on y voit mille ordures, on y sent mille puanteurs insupportables, causées par les nécessités naturelles que chacun y va faire tous les jours, tant ceux qui sont logés dans le Louvre, que ceux qui y fréquentent ordinairement et qui le traversent. On voit même plusieurs endroits des balcons, ou avances, chargés de ces mêmes ordures et des immondices, ballieures (balayures) et bassins des chambres que les valets et servantes y vont jeter tous les jours : ce qui n'est pas seulement contre le respect dû à une maison royale, contre la propreté et netteté, mais encore très dangereux en temps de peste ; que ces endroits eu peuvent être infectés, et ceux qui vont et viennent, respirant un air infecté, peuvent être infectés eux-mêmes, même ceux qui ont l'honneur d'approcher les sacrées personnes de Vos Majestés. Manuscrit de Nicolas Delaware, Bibl. nat., ms. franç. 21688, f. 109 (n° 78).

[48] L. Batiffol, Vie intime d'une reine de France au XVIIe siècle, p. 113. — Cf. Franklin, la Civilité..., I, 46-47.

[49] Lettre du 8 juillet 1719, Correspondance de Madame Palatine, II, 126. — Cf. Mme de Motteville, éd. Riaux, in-16, II, 185-186, 202.

[50] Bussy-Rabutin, Portrait du roi, écrit vers 1665, dans les Mémoires, 1731, II, 372.

[51] A ce point de vue seront bien remarquables, les reproches que Fouquier-Tinville adressera à Marie-Antoinette au cours de son procès : Elle a fermé les Tuileries et privé par ce moyen les citoyens d'aller et venir librement dans les cours et le ci-devant château des Tuileries ; il n'y avait que les personnes munies de cartes qui avaient leur entrée. Procès de Marie-Antoinette (Bibl. de l'Arsenal, imp. nouv. fds 8323), p. 22.

[52] Le 6 mai 1682.

[53] Viollet-le-Duc, Dictionnaire d'architecture, VI, 165.

[54] A. Young. I, 45 ; cf. Nemeitz, éd. Franklin, p. 275.

[55] Jacques Boulenger, le Grand Siècle, pp. 214 et 265.

[56] Ravaisson, Archives de la Bastille, VIII, 261.

[57] Ravaisson, Archives de la Bastille, X, 157, 161.

[58] Interrogatoire de Louis Marcand, 28 mars, 1722, Arch. nat., X 2 B, 1532.

[59] Archives de la Bastille, Bibl. de l'Arsenal, mas 12232, f. 70.

[60] Maxime de la Rocheterie, op. cit., II, 437-438.

[61] Dr Nemeitz, éd. Franklin, p. 275.

[62] Cité par Arvède Barine, la Jeunesse de la Grande Mademoiselle, p. 101.

[63] Lettre en date du 11 sept. 1676.

[64] Mme de Genlis, Dictionnaire critique et raisonné des étiquettes, I, 70.

[65] Mémoires de Mme Campan, éd. Baudoin (1822), I, 16 ; éd. Barrière (1858), p. 47.

[66] Lucie Achard, Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, Genève, s. d. [1901], in-12, I, 54.

[67] Journal du duc de Croÿ, publié par le vicomte de Grouchy et Paul Cottin, à l'année 1758.

[68] Mémoires de Luynes, XVII, 120 ; — Alb. Babeau, la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe à Troyes, Troyes, 1879, in-8°, p. 14 ; C. Stryienski, la Mère des trois derniers Bourbons, pp. 48-49.

[69] Séb. Mercier, Tableau de Paris, chap. CVII, Carrabas, pots de chambre.

[70] Mme de Motteville, Mémoires, éd. Riaux (1904, in-16), III, 13-14 ; Mme Campan, Mémoires, éd. Barrière (1858), pp. 167-168 ; P. de Nolhac, Louis XV et Mme de Pompadour, p. 106.

[71] Maxime de la Rocheterie, Marie-Antoinette, 2e éd., I, 185-186.

[72] Marquis de Ségur, Au Couchant de la monarchie, pp. 80-81.

[73] Mémoires du duc de Luynes.

[74] Sénac de Meilhan, p. 75.

[75] Arvède Barine, la Jeunesse de la Grande Mademoiselle, pp. 14-15.

[76] P. de Nolhac, la Reine Marie Leczinska, pp. 320-321.

[77] P. de Nolhac, la Reine Marie Leczinska, pp. 322-323.

[78] Marie-Antoinette à Marie-Thérèse, 14 juin 1723, éd. La Rocheterie, Marie-Antoinette, 2e éd., I, 134-135.

[79] Journal du duc de Croÿ, éd. de MM. le vicomte de Grouchy et Paul Cottin.

[80] Lettre du 12 juillet 1770, ap. Goncourt, Marie-Antoinette, p. 30.

[81] Rétif de la Bretonne, les Nuits de Paris, éd. or., XVI, 448.

[82] Frédéric Masson, Marie-Louise, pp. 124-125.

[83] Frédéric Masson, Napoléon chez lui, p. 264.