PRISONS D’AUTREFOIS

 

CHAPITRE IX. — DÉPÔTS DE MENDICITÉ.

 

 

Après les hôpitaux, voici encore les dépôts de mendicité particulièrement établis pour recueillir et retirer de la circulation mendiants et vagabonds. On y mettait aussi parfois, comme à Bicêtre, des prisonniers d'ordre du roi. Nous avons des détails sur celui de Rennes. La pension y était de 120 livres pour les prisonniers de famille. Ils étaient logés, nourris et vêtus comme les autres détenus, c'est-à-dire comme les mendiants et vagabonds amenés par la maréchaussée. Ils n'avaient pas de chambre qui leur fût particulièrement réservée et étaient contraints de travailler comme les autres mendiants, rétribués comme eux sur le produit de leur labeur. Cependant, note le subdélégué Fresnoy, les détenus y sont sainement et proprement.

Au dépôt de mendicité de Beaulieu lès Caen étaient également logés des prisonniers d'ordre du roi ou par sentence de justice. Le régime y était très dur. C'est comme un bourbier sans fonds où l'on jette les rebuts de la société. Le service de surveillance y était fait par des chiens ; par quoi — a-t-on fait remarquer — se trouve levé le doute de Mirabeau

Je ne sais s'il est vrai, comme on m'assure, que, dans ces hideux repaires, l'on n'aborde les malheureux que sous la garde de plusieurs dogues.