LE MOYEN ÂGE - LA FRANCE FÉODALE

 

CHAPITRE XX. — UN ROI MODERNE : LOUIS XI.

 

 

Louis XI Dauphin. Son hostilité contre son père. La Ligue du Bien public (1465). Charles le Téméraire duc de Bourgogne. La guerre des Deux Roses en Angleterre. Louis XI et les Liégeois. Le piège de Péronne (1468). Le duc de Berry. Nesle et Beauvais. Jeanne Hachette (1472). Les ambitions de Charles le Téméraire. Sa lutte contre les Suisses : Grandson et Morat (2 mars et 22 juin 1476). Sa mort devant Nancy (5 janvier 1477). L'héritage du dernier duc de Bourgogne. L'œuvre administrative de Louis XI. Son caractère. Sa mort à Plessis-lès-Tours (31 août 1483).

 

Le fils de Charles VII, Louis XI, né à Bourges le 3 juillet 1423, avait trente-huit ans quand il succéda à son père (22 juillet 1461). Sur la fin de leur vie, père et fils s'étaient entendus aussi mal que possible. En sa seigneurie du Dauphiné, qu'il occupait comme Dauphin de France. Louis s'était efforcé d'organiser une manière d'Etat indépendant sur le modèle du duché de Bourgogne : au point que son père avait dû faire marcher des troupes contre lui. Alors Louis s'était réfugié auprès du grand duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui l'accueillit princièrement et lui fit une pension de 30.000 livres. Et Charles VII d'observer, en parlant de son cousin de Bourgogne :

Il reçoit en sa maison un renard qui lui mangera ses poules.

Sur la fin de sa vie Charles VII ne prenait plus d'aliments qu'avec la plus grande circonspection, persuadé que son fils et héritier cherchait à le faire empoisonner.

A mon avis, note Comines, le travail qu'il — Louis XI — eut en sa jeunesse, quand il fut fugitif de son père et fut sous le duc de Bourgogne, où il fut six ans (à dater de 1456), lui valut beaucoup, car il fut contraint de plaire à ceux dont il avait besoin et ce bienqui n'est pas petitlui apprit Adversité.

Un des premiers actes du nouveau roi fut de congédier les principaux ministres et serviteurs de son père, par haine de la politique dont ils avaient été les inspirateurs ou les instruments. Deux d'entre eux, Pierre de Brézé et Antoine de Chabannes, furent effrayés de ses menaces au point qu'ils en prirent la fuite. Après quoi Louis XI s'efforça de reconquérir la collaboration de la plupart d'entre eux, contraint de leur rendre justice et parce que sa politique, quoi qu'il en eût, devait être la continuation de celle de son prédécesseur.

Olivier de la Marche et Thomas Basin ont peint l'humeur de Louis XI, soupçonneuse, changeante. Il s'attachait à prix d'or les concours qui lui semblaient utiles, puis il congédiait brusquement ses plus importants auxiliaires sur un soupçon, sur une idée, une lubie, dont nos deux auteurs, à vrai dire, n'ont que rarement connu les motifs. Louis XI, ce politique avisé, froid et calculateur, méditant profondément des desseins à long terme, était de tempérament impulsif, naturellement incliné aux décisions brusques, hardies, aventureuses. Caractère étrange et qui surprend, fait de contradictions, quand et quand avare et libéral, s'habillant d'une manière sordide, à étonner, à scandaliser ses sujets, et dépensant en oiseaux et chiens de chasse, en bâtisses et en ripailles, des sommes excessives. Cet homme renfermé, cauteleux, soupçonneux et papelard, était exubérant et bavard. A peine laissait-il parler ambassadeurs et députés admis en sa présence. Il parlait, avec abondance, en grasseyant, sans ordre ni logique apparente : mais en une langue pure et châtiée, et son discours ne laissait pas de charmer par le son de sa voix tant douce qu'elle endormait comme les sirènes.

Par le traité d'Arras, qui avait amené la réconciliation des maisons de France et de Bourgogne, les villes de la Somme avaient été cédées à Philippe le Bon. Ligne de places importantes : le maître en dominait les provinces du Nord. Le traité avait stipulé la possibilité d'un rachat, moyennant 400.000 livres : Louis XI songea immédiatement à recouvrer ces places : Abbeville, Amiens, Péronne, St-Quentin. Il y parvint, en vidant son trésor et par des taxes nouvelles (septembre-octobre 1463).

Louis XI suivait à l'égard du comte de Charolais, fils de Philippe le Bon — le prince qui serait bientôt le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, — une politique qui n'était pas sans analogie avec celle que Philippe le Bon avait suivie vis-à-vis de lui-même quand il était Dauphin. Il lui faisait une pension de 36.000 livres et l'avait nommé son lieutenant en Normandie ; mais la pension n'était pas payée régulièrement et le rachat des villes de la Somme détermina la brouille. Le comte de Charolais sera un des principaux auteurs de la fameuse ligue du Bien public, effort de la féodalité croulante pour ressaisir la direction du royaume dont les événements l'éloignaient de jour en jour davantage. Et fut cette guerre depuis appelée le Bien public, écrit Comines, pour ce qu'elle s'entreprenait sous couleur de dire que c'était pour le bien public. Lutte pour les franchises des diverses provinces sous la direction des grandes maisons seigneuriales. Le duc de Bretagne se plaignait de ce que Louis XI voulait imposer au Parlement breton l'appel au Parlement de Paris. La ligue du Bien public, observe Viollet-le-Duc, marqua le dernier effort de l'aristocratie féodale pour ressaisir son ancienne puissance ; à cette époque beaucoup de seigneurs garnirent leurs châteaux de nouvelles défenses appropriées à l'artillerie : ces défenses consistèrent principalement en ouvrages extérieurs, en grosses tours épaisses et percées d'embrasures pour recevoir des canons, eu plates-formes ou boulevards commandant les dehors.

En réalité, ce Bien public consista, comme le duc de Nemours le déclarait assez cyniquement, à exiger du roi grosses pensions pour les seigneurs, en tête desquels venaient le propre frère de Louis, Charles, duc de Berry, puis le comte de Charolais, les ducs de Bretagne, de Lorraine et de Bourbon, les comtes d'Armagnac et de St-Pol, et l'illustre bâtard d'Orléans.

Les armées rivales se rencontrèrent, le 16 juillet 1465, devant Monthléry. Louis XI commandait en personne les royaux ; Charles le Téméraire dirigeait les confédérés.

Etant ainsi ces deux batailles rangées l'une devant l'autre, se tirèrent plusieurs coups de canon, qui tuèrent des gens d'un côté et de l'autre. Nul ne désirait plus de combattre et était notre bande plus grosse que celle du roi, toutefois sa présence — du roi — était grand'chose, et la bonne parole qu'il tenait aux gens d'armes ; et je crois véritablement que si n'eût été lui seul, que tout s'en fût fui. Tableau dû à la plume de Comines qui se trouvait dans les rangs des confédérés. Louis XI, voyant l'action indécise, se hâta de rentrer dans Paris pour s'assurer de la grosse ville, laissant à son jeune adversaire, Charles le Téméraire, la vaine satisfaction de coucher sur le champ de bataille.

Comines encore fait observer combien cet apparent succès, remporté par un général en chef de trente-deux ans, exerça sur la suite de sa vie une fâcheuse influence. Mgr de Charolais, écrit Comines, demeura sur le champ, fort joyeux, estimant la gloire être sienne, qui, depuis, lui a coûté bien cher ; car oncques, puis, il ne usa de conseil d'homme, mais du sien propre ; et était très inutile — très peu porté — pour la guerre paravant ce jour, et n'aimait nulle chose qui y appartint, mais depuis changèrent ses pensées, car il y a continué jusqu'à sa mort.

Pour le moment la ligue du Bien public aboutit au traité de Conflans (novembre 1465). Louis XI restituait les villes de la Somme et l'un des ligueurs, particulièrement attaché au comte de Charolais, Louis comte de St-Pol, était fait connétable de France.

Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, mourut à Bruges le 15 juin 1467. Il s'était montré prince d'un style admirable, libéral et fastueux. d'un grand sens politique et d'une suprême habileté. Il fit beaucoup de mal au royaume de France, dans son désir de venger la mort de son père Jean sans Peur ; mais il revint à la cause française dès qu'il pensa avoir satisfait son ressentiment. On imagine difficilement le faste et la magnificence dont il avait fait resplendir la cour de Dijon. Il mourut à soixante et onze ans, le prince le plus riche de l'Europe, en comptant toutes les têtes couronnées, et laissant son duché en un état de prospérité incomparable.

Le contraste établi par Thomas Basin, entre les terres du pays de France, que la guerre de Cent ans a ruinées, et, les provinces soumises au duc de Bourgogne, qu'elle a épargnées, est poignant :

Inutile d'indiquer au voyageur la limite où l'on passe des terres de suzeraineté bourguignonne en terre de France. A peine avez-vous posé le pied dans le royaume que l'aspect de la contrée devient sordide et raboteux : champs incultes, ronces, épines et buissons : de rares cultivateurs hâves et exsangues, couverts de haillons ; dans les villes et les villages des ruines nombreuses, de nombreuses demeures vides d'habitants, et, dans celles qui sont occupées, tin mobilier vulgaire, insuffisant, tableau de la misère, de la dépression et de la servitude ; mais nous voici sous le gouvernement bourguignon : tout fleurit, resplendit, s'élève ; nombreux sont les villes et les lieux fortifiés ; la population abonde, les maisons sont variées et de brillant aspect, remplies de beaux meubles ; les champs sont cultivés, les clôtures en bon état ; les gens bien vêtus out des ligures riantes.

Le duc de Bourgogne ne demandait que de faibles contributions à ses sujets. Il avait des années bien équipées, bien exercées, mais peu nombreuses. Par sa situation entre la Flandre, la Lorraine, l'Allemagne et l'Italie, par la richesse de son sol et la magnificence de ses vins, le commerce du pays était des plus prospères. Les Bourguignons, écrit Comines, étaient comblés de richesses et en grand repos... les dépenses et habillements d'hommes et de femmes, grands et superflus ; les banquets plus grands et plus prodigues que en nul autre lieu ; les baignoiries et autres festoiements avec femmes... et cela dans toutes les classes de la société.

Heureusement pour la France, l'Angleterre connaissait à son tour les divisions sanglantes dont le royaume des fleurs de lis avait tant souffert sous le règne de Charles VI et la première partie du règne de Charles VII. A son tour l'Angleterre était partagée en deux camps ennemis, celui de la rose rouge et celui de la rose blanche, celui de la maison de Lancastre et celui de la maison d'York. Et ne faut pas douter, dit Comines, que si les Anglais eussent été en l'état qu'ils avaient été autrefois, que ce royaume de France eût eu beaucoup d'affaires.

Durant la guerre du Bien public, Louis XI avait fomenté une révolte des Liégeois. Le traité d'alliance entre le roi de France et les belliqueux bourgeois fut conclu le 17 juin 1465. Le prince-évêque de Liège, contre lequel la ville s'était soulevée, était neveu de Philippe le Bon. Depuis lors la guerre entre le duc de Bourgogne et sa bonne ville avait couvé avec des alternatives d'assoupissement et de flambées violentes. Les Liégeois furent enfin battus. Le 17 novembre 1467, Charles le Téméraire entra dans la ville et ordonna la démolition des remparts

Cependant Louis, qui se fiait à son habileté diplomatique plus qu'aux accidents incertains de la guerre, avait demandé une entrevue à Charles le Téméraire pour établir de commun accord les bases d'une paix définitive. Charles reçut le roi en son château de Péronne. Les pourparlers allaient leur train quand Charles apprit un nouveau soulèvement des Liégeois, à l'instigation du roi de France sans doute, et avec ses subsides. Il entra dans la plus grande fureur. Il tenait le roi entre ses mains. Louis XI se crut perdu. On conte que le voisinage de la tour où Herbert de Vermandois avait fait périr Charles le Simple, lui donnait la chair de poule. Il faut d'ailleurs lui rendre cette justice, qu'après s'être laissé prendre si imprudemment, il fit la meilleure contenance et sut apaiser son terrible vassal, aux plus dures conditions il est vrai : la possession des villes de la Somme serait définitivement confirmée à Charles le Téméraire, le duc de Berry, étroitement allié au duc de Bourgogne, recevrait en apanage la Champagne et la Brie, voisines du duché de Bourgogne ; enfin Louis XI se rendrait lui-même à Liège, pour y réduire, botte à botte avec le duc, les vaillants bourgeois que lui-même avait soulevés (14 octobre 1468). Louis XI dut assister à l'impitoyable châtiment de la ville dont les habitants l'accueillaient aux cris de : Vive le roi ! (30 oct. 1468).

Louis XI avait commis une imprudence : Charles le Téméraire en commit une autre. Histoire éternelle des Fourches Caudines. Ou bien le Téméraire aurait dû anéantir le rusé roi de France réduit à sa merci, ou se conduire vis-à-vis de lui en gentilhomme. Louis XI revint. à Paris, ulcéré, ne respirant que vengeance. Il fit annuler le traité de Péronne par les États de Tours comme obtenu dans un guet apens ; il fit occuper par ses soldats les villes de la Somme, St-Quentin, Amiens, Roye et Montdidier ; son armée battit les Bourguignons à Buxy. Charles le Téméraire, fort esbahi, forma la seconde ligue du Bien public. L'esbahissement du duc de Bourgogne s'accrut encore par l'accord manigancé entre Louis XI et son frère Charles de Berry. Le roi de France avait déterminé ce dernier à accepter la lointaine Guyenne en échange de la Champagne et de la Brie qui lui avaient été attribuées : sa complicité ne pourrait plus être à Charles le Téméraire de même secours. Voici enfin que le duc de Berry meurt à Bordeaux le 24 mai 1472. Le duc de Bourgogne publia un manifeste violent, déclarant que Louis XI avait fait empoisonner son frère, calomnie dont Thomas Basin et Olivier de la Marche se sont encore faits l'écho.

Sur la nouvelle de la mort du duc de Berry, écrit Comines, courroux se mit aux champs et prit ledit duc — de Bourgogne — son chemin vers Nesle en Vermandois ; et commença exploit de guerre ort — laid — et mauvais, et dont il n'avait jamais usé : c'était de faire mettre le feu partout où il arrivait.

A Nesle, les troupes de Charles le Téméraire se livrèrent à des excès affreux. Les soldats coupaient les poings aux habitants. Dans l'église, où femmes et enfants s'étaient réfugiés, on avait du sang par-dessus les chevilles. Le lendemain la ville fut détruite. L'attaque s'était produite (12 juin 1472) sans avertissement préalable. Les habitants vivaient dans la sécurité de la paix. Charles en eut son châtiment immédiat devant Beauvais. Epouvantés du sort qui les attendait, les bourgeois firent une résistance désespérée. Les femmes secondaient les hommes. Faits d'armes où s'illustra Jeanne Laisné, dite Jeanne Hachette, de la petite hache dont elle se serait servie pour abattre les soldats bourguignons à la crête des remparts (juillet 1472).

Charles le Téméraire concevait des projets démesurés. L'état de grandeur et de prospérité où sa maison était parvenue et ses premiers succès militaires, dont son imagination développait les proportions, lui avaient tourné la tête. Olivier de la Marche, qui vivait dans son intimité et ne parle de lui qu'avec déférence, écrit à ce sujet : Il ourdissait plus d'entreprises que des vies d'hommes n'eussent su faire. C'était toujours le projet d'unir ses domaines de Flandre et d'Artois avec ses domaines bourguignons par l'acquisition de la Lorraine et de l'Alsace. Mais là ne se bornaient pas ses vues. Il voulait constituer un grand royaume qui se serait étendu de la Méditerranée à la mer du Nord, et qui l'aurait fait le plus puissant souverain de l'Europe. Dans ses plans il englobait les pays rhénans, la Suisse, la Savoie, le Dauphiné, la Provence et de toutes parts il avait commencé une politique activement agressive.

De la maison de Savoie, écrit Comines, ledit duc — Charles le Téméraire — en disposait comme du sien. Le duc de Milan était son allié. Le roi René de Sicile — René d'Anjou — lui voulait mettre son pays de Provence entre les mains ! De l'archiduc d'Autriche. Sigismond, il avait obtenu, moyennant 60.000 livres, le landgraviat de Haute Alsace et le comté de Ferrette ; le duc Arnold de Gueldre lui abandonna ses États. Mais dans les pays rhénans et en Suisse, le Téméraire trouva de la résistance. Et là encore ne se limitaient pas ses ambitions. Il avait des prétentions sur la couronne d'Angleterre. Le 3 novembre 1471, il déclarait devant notaire que sa mère, Isabelle de Portugal, lui avait dit être l'héritière universelle de Henri VI et qu'elle lui avait transmis ses droits. Et ses rêves ambitieux se portaient jusque sur la couronne impériale.

Le traité d'Arras avait exempté Philippe le Bon, sa vie durant, de la suzeraineté du roi de France ; mais celle-ci ressaisissait Charles le Téméraire avec ses droits d'appel. Le nouveau duc de Bourgogne projetait aussi de s'en affranchir. Il établit des parlements à Beaune et à Dôle, une cour d'appel à Malines (23 décembre 1473). Comme le roi d'Angleterre avait cru pouvoir le faire jadis en Guyenne, il interdisait à ses sujets d'en appeler à a Cour de Paris.

Avec une activité surprenante Charles le Téméraire opérait sur tous les points à la fois, par l'argent, par la diplomatie, par les armes. Pour se donner de l'air, il conclut, le 13 septembre 1475, des trêves de neuf ans avec Louis XI et lui livra le connétable de St-Pol qui l'avait trahi en sa faveur. Louis fit trancher la tête au connétable félon (19 décembre 1475). Quant aux rêves du Téméraire, ils se brisèrent contre un obstacle qu'il avait méprisé. Aux deux terribles batailles de Grandson (2 mars 1476) et de Morat (22 juin 1476) les longues piques suisses triomphèrent des bombardes et des vouges bourguignons.

La douleur qu'il eut de la perte de la première bataille de Grandson fut si grande, écrit Comines, et lui troubla tant les esprits, qu'il en tomba en grand'maladie...

De ce moment Charles le Téméraire perdit totalement ce bon sens, si utile aux hommes de gouvernement, et dont il n'avait jamais été surabondamment pourvu.

Les belles alliances se rompirent. René d'Anjou fut le premier à se rapprocher du roi de France. Le roi de Sicile appointa que sa comté de Provence retourneroit au roi (Jean de Roye). Obstiné, têtu, tenace, Charles le Téméraire voulait toujours, par la conquête du duché de Lorraine, la réunion des deux tronçons de ses États, Flandre et Bourgogne.

La défaite des Bourguignons par les Suisses avait déterminé le retour de René de Lorraine dans sa capitale. Le 22 octobre 1477, Charles le Téméraire vint mettre le siège devant Nancy. Avec l'argent que, sous main, lui faisait tenir le roi de France, le duc de Lorraine avait levé une armée de 12.000 Suisses qui marcha au déblocus de la place. On était au cœur de l'hiver : la plaine blanche sous le ciel gris. Charles le Téméraire avait mis depuis quelque temps toute sa confiance en une manière de condottière italien, le comte Nicolas de Campobasso, que les chroniqueurs français nomment Bobache. Charles le Téméraire s'avança hardiment. au-devant de ses ennemis bien qu'ils fussent en nombre deux ou trois fois supérieur. La trahison de Bobache, qui abandonna son protecteur avec son contingent italien dès le début de l'action, consomma la défaite. Les plans du Téméraire sombrèrent dans le terrible désastre de Nancy (5 janvier 1477), sous la glace et le froid. Le mardi (7 janvier) ensuivant de ladite bataille, un page montra clairement le duc de Bourgogne mort et tout nu, et, environ lui, 1.400 hommes tout nus, les uns assez loin des autres. Et avait le lit duc de Bourgogne un coup de béton nommé hallebarde, à un côté du milieu de la tête par dessus l'oreille jusques aux dents, un coup de pique au travers des cuisses et un autre coup de pique par le fondement (Jean de Roye).

Le rêve des grands-ducs d'Occident, la reconstitution de l'ancien royaume d'Austrasie entre la France et les Allemagnes, était éteint Du moins dans le domaine des arts, par la fusion des éléments français, flamands, rhénans et italiens, la fastueuse maison de Bourgogne, fondée par Philippe le Hardi, détruite par Charles le Téméraire, aura laissé des traces qui ne s'effaceront pas.

Parlant de Charles le Téméraire, Bobache le traître disait assez justement au dite de Bretagne dont il se prétendait le parent et qui l'avait recueilli :

Il était cruel et inhumain et en toutes ses entreprises il n'y avait point d'effet et ne faisait que perdre temps, gens et pays par ses folles obstinations. La destinée de Charles le Téméraire inspira sans doute à Louis XI sa devise favorite. Quand orgueil chevauche devant, honte et dommage suivent de près.

En vertu de la coutume qui rendait à la couronne de France les apanages concédés par elle, quand l'apanagé venait à décéder sans hoir môle, le duché de Bourgogne venait entre les mains de Louis XI, car Charles le Téméraire ne laissait qu'une fille, Marie de Bourgogne. Le Pr février 1478 l'armée royale entrait à Dijon.

Louis XI aurait bien voulu mettre la main sur l'héritage tout entier de Charles le Téméraire, car le dernier duc de Bourgogne po-cédait les Pays-Bas, l'Artois, la Franche-Comté ; mais il se heurta à l'opposition des Anglais unis aux Flamands. Les sinistres origines de la guerre de Cent ans repassèrent dans son esprit. Marie de Bourgogne avait vingt ans. Louis XI songea d'abord à la fiancer à son fils le Dauphin qui en avait huit. Le projet, n'était lia, irréalisable et nattait la jeune fille ; mais Louis XI y renonça. Il se souvenait de la manière dont il s'était lui-même, étant Dauphin, conduit vis-à-vis de son père Charles VII et, dans la crainte que son fils n'agit pareillement quelque jour avec lui, il ne voulut pas lui donner si grande puissance. Ce moment est un des plus graves de notre histoire. Comines, qui s'était attaché à Louis XI, en parle avec tout le soin et toute l'attention qui conviennent. Se faisant illusion à lui-même, et sans étaler le vrai motif qui le déterminait, le roi alléguait qu'il ne voulait reconstituer si grand Etat comme l'ancien duché de Bourgogne avec ses dépendances, mais au contraire en répartir les parties diverses en divers pouvoirs.

Il était enclin, dit Comines, de défaire et détruire cette maison et en départir les seigneuries en plusieurs mains : et nommait ceux à qui il entendait donner les comtés, comme Namur et Hainaut, qui sont situés près de lui. Les autres grandes pièces, comme Brabant, Hollande, il s'en voulait aider à avoir aucuns seigneurs d'Allemagne, qui seraient ses amis et qui lui aideraient à exécuter son vouloir. Son plaisir était bien de me dire toutes ces choses, parce que, autrefois, lui avais conseillé l'autre chemin ci-dessus écrit — les fiançailles de Marie de Bourgogne et du Dauphin —, et voulait que j'entendisse ses raisons et pourquoi il ne me oyait — ne suivait mon avis —, et que cette voie était plus utile pour son royaume qui beaucoup avait souffert à cause de la grandeur de cette maison de Bourgogne et des grandes seigneuries qu'elle possédait.

Comines, en son bon esprit politique, n'était pas convaincu ; mais il n'objectait plus rien, impressionné par la personnalité de Louis XI. Toutefois, dit-il, le sens de notre roi était si grand, que moi, ni autre qui fût en la compagnie, n'eussions su voir si clair en ces affaires, comme lui-même faisait ; car, sans nul doute, c'était un des plus sages princes et des plus subtils...

Cependant Comines avait raison. Il devra le constater. En ces grandes matières Dieu dispose les cœurs des rois... Si son plaisir eût été que notre roi eût continué le propos qu'il avait de lui-même avisé devant la mort du duc de Bourgogne — le mariage du Dauphin avec Marie de Bourgogne —, les guerres, qui ont été depuis et qui sont, ne fussent point advenues... Je dis ces choses au long pour montrer que, au commencement, quand on veut entreprendre si grande chose, que on la doit bien consulter et débattre, afin de pouvoir choisir le meilleur parti. Je n'entends point blâmer notre roi, pour dire qu'il eût failli en cette matière, car, par aventure, autres qui savaient et qui connaissaient plus que moi, étaient lors de l'avis qu'il était, combien que rien n'y fût débattu, ni là, ni ailleurs, touchant ladite matière.

Car Louis XI, contrairement à tous ses prédécesseurs au trône de France, n'en agissait jamais qu'à sa tête, sans consulter ses entours. Le cheval du roi, disait Jacques de Brézé, porte tout son conseil.

Troublé par sa conscience, Louis XI tomba, en cette circonstance, dans la plus grande faute politique qu'un roi de France eût commise depuis le divorce de Louis VII avec Éléonore d'Aquitaine.

Le 18 août 4417, à Gand, Marie de Bourgogne épousa Maximilien d'Autriche, fils de l'empereur allemand et futur empereur allemand, en lui apportant ses droits sur la Flandre, le Brabant, le Hainaut. De leur union naîtra Philippe le Beau, archiduc d'Autriche qui, après avoir épousé Jeanne d'Aragon, fille de Ferdinand de Castille, montera sur le trône d'Espagne, après la mort de sa belle-mère, et donnera le jour à Charles-Quint. Deux siècles et demi d'efforts, le labeur de vingt hommes de génie, le sang de milliers et milliers de Français, répareront avec peine la faute commise en 1477, par le plus habile et le plus rusé de nos rois. Peut-être même les conséquences de cette faute pèsent-elles encore sur nous aujourd'hui.

La réunion du duché de Bourgogne s'opéra sans grande difficulté. Sur tous les chemins on rencontrait des seigneurs bourguignons guidant les soldats du roi ; mais, si les nobles et les riches bourgeois firent grand accueil aux bannières fleurdelisées, il n'en fut pas de même du menu peuple, qui demeurait attaché à ses anciens ducs. La vieille lutte des Bourguignons contre les Armagnacs se poursuit. Comme l'Angleterre est hors de jeu, c'est sur la maison d'Autriche que le prolétariat cherche à s'appuyer. Il y eut des émeutes. Le président du Parlement de Bourgogne fut massacré, la bannière royale arrachée à Dijon du haut de la tour où elle flottait. Les notables de la ville ramenèrent les Dijonnais à leur devoir : Par votre bon moyen, leur écrit Louis XI, vous avez trouvé manière de réduire la ville en notre obéissance. De même en Franche-Comté, où Louis XI avait fait avancer ses troupes, la haute bourgeoisie se tourne vers la France, tandis que les artisans veulent résister aux armes du roi. Ces faits dominent la politique de Louis XI dans les villes de France où il favorisa généralement l'administration des notables. De cette politique les racines étaient deux fois séculaires. Mais, d'autre part aussi, il s'efforça de donner à cette classe dirigeante une base élargie en déclarant nobles tous les possesseurs de fiefs. Nous avons déjà parlé de ces précieux gentilshommes campagnards qui seront un des plus actifs éléments de la Renaissance. Et dans les villes aussi Louis XI éleva à la noblesse une aristocratie bourgeoise qui, dans la Renaissance également, sera l'inspiratrice de la belle efflorescence artistique et commerciale.

Tocqueville a fait observer : Louis XI détruisit tout le caractère populaire et démocratique des villes, et y réserva le gouvernement dans un petit nombre de familles attachées à sa réforme et liées à son pouvoir par d'immenses bienfaits. Cette politique était à Louis XI un legs de ses prédécesseurs, qui n'avaient cessé de soutenir dans les villes le patriciat, car c'était autour du patriciat que s'étaient toujours groupés les partisans des fleurs de lis.

Nous avons déjà parlé de la prédominance dans les conseils, sous Charles VII, des petites gens. Ceux qui serviront de conseillers à Louis XI seront de bien plus mince origine encore. C'est Tristan l'Ermite qui avait fait le métier de bourreau et que son maître créera prévôt des maréchaux de France. L'Anglais Robert Nevil estimait d'ailleurs que Tristan était le plus diligent et le plus vif esprit et le plus fin du royaume. Puis Olivier le Mauvais, valet de chambre et barbier du roi. Louis XI l'anoblit et changea son nom en Olivier le Daim. Il était d'origine flamande, des environs de Gand. Louis XI l'employait à des missions diplomatiques en son pays d'origine. Il avait en lui très grande confiance. Il lui donna des biens considérables, les étangs de Meulan, les bois de Sénart ; mais après la mort du roi, le pauvre homme fut pendu (24 mai 1484). Enfin son médecin Jacques Coitiers, qui le tenait par la peur maladive que le roi avait de mourir. Tout ce monde, et d'autres de moindre importance encore, étaient gorgés par Louis XI de biens et d'honneurs ; mais ils lui devaient une soumission aveugle. Il y avait grand servitude à être de ses gens dit Chastellain.

L'administration financière de Louis XI fut remarquable, dirigée par des hommes de rare valeur, Pierre d'Oriole et Étienne Chevalier. En quoi il continuait l'œuvre de son père. La taille, à vrai dire, fut plus que doublée ; mais la régularité et l'exactitude de la perception en allégeaient le poids ; de plus les charges féodales, qui avaient pesé sur le peuple sous les règnes précédents, étaient amoindries ; et la prospérité commerciale, en partie encore grâce au roi, prit un important essor. Louis XI décréta que la noblesse pourrait s'adonner au commerce sans déroger. Il fut le premier roi à introduire systématiquement des clauses commerciales dans les traités, paix ou trêves, qu'il était appelé à conclure. Il chargea ses représentants à l'étranger de missions commerciales, voulut organiser à Londres, en 1470, une exposition des meilleurs produits de l'industrie française, pour que les habitants dudit royaume d'Angleterre connussent par l'effet que les marchands de France étaient puissants pour les fournir, comme les autres nations. Il favorisa les industries d'art et de luxe : dentelles, tapisseries, faïences. C'est à Louis XI que Lyon est redevable de la magnifique industrie de la soie, qui lui apportera dans la suite si grand honneur et si grande richesse. Et l'on peut dire que cette admirable fondation fut imposée. aux Lyonnais contre leur gré, par l'intelligente obstination du roi.

Louis XI encouragea les débuts de l'imprimerie.

Un grand élan fut donné par lui à l'agriculture. Les terrains vagues et en friche forent partagés par ses soins entre laboureurs et seigneurs sous condition d'être cultivés.

Louis XI créa en France le service des postes par lettres datées de Lucheux — Somme — du 19 juin 1464. Les relais pour les chevaux se suivaient à quatre lieues de distance.

Dans l'ordre militaire enfin, Louis XI développa les grandes réformes de son père. Son attention se porta particulièrement sur l'artillerie. On a pu dire que l'artillerie de Louis XI aurait, tenu tête, le cas échéant, à celle de toutes les autres puissances de l'Europe réunies.

Modeste et pauvre en ses vêtements, de drap commun, noir ou gris, il les faisait raccommoder et remettre des manches à son pourpoint quand elles se trouvaient usées aux coudes. Musse en ses petits trous, fuyant la représentation et l'apparat, au point qu'on devait barricader les rues latérales des villes on il passait, pour l'empêcher de se dérober aux réceptions organisées en son honneur ; entouré de menu peuple et parfois de canailles vulgaires ; buvant clans les tavernes, coude à coude sur la table de bois blanc avec de médiocres compagnons, Louis XI n'en faisait pas moins figure de grand prince, par la justesse de ses vues en la plupart des circonstances, par les libéralités qu'il savait répandre au moment opportun et par la puissance où il porta la monarchie. L'Europe le considéra comme le premier monarque de son temps et, jusqu'en Italie, princes et républiques l'invoquaient pour arbitrer leurs différends.

On a dit de Louis XI qu'il était cruel, et on ne peut le nier en pensant aux affreuses cages, les Fillettes du roi, où il tenait enfermés ceux qui l'avaient trahi ; mais le Bourguignon Monnet reconnaîtra qu'il eût dépensé sans hésiter 10.000 écus pour épargner le sang d'un seul de ses archers, ménager du sang de ses hommes et désirant leurs aises.

Des Fillettes du roi Comines a donné une description d'autant plus exacte qu'il y fut lui-même détenu l'espace de huit mois sous le règne de Charles VIII : Il est vrai qu'il — Louis XI — avait fait de rigoureuses prisons, comme cages de fer et d'autres de bois, couvertes de plaques de fer par le dehors et par le dedans avec de terribles ferrures, de quelques huit pieds de large — deux mètres et demi —, et de la hauteur d'un homme et un pied plus. Le premier qui les devisa — donna l'idée — fut l'évêque de Verdun — Guillaume de Haraucourt —, qui, en la première qui fut faite, fut mis incontinent et y a couché quatorze ans. Plusieurs depuis l'ont maudit, et moi aussi, qui en ai tâté — au château de Loches — sous le roi de présent — Charles VIII —, huit mois.

Religieux, plus dévot que religieux, courant les églises et les sanctuaires et réduisant sa personne royale, mais en une profonde sincérité, aux plus affligeantes meuneries. Il portait à son chapeau noir, d'un feutre graisseux, de petites images de plomb, images pieuses lesquelles, à tout propos, quand il lui venait de bonnes nouvelles, il baisait, se ruant à genou, quelque part qu'il se trouvât, si soudainement quelquefois qu'il semblait plus blessé d'entendement que sage homme.

On l'a dit tyrannique. Au fait, il commandait impérieusement, nous l'avons dit, à ceux qu'il avait choisis pour instruments de sa politique et ne souffrait pas qu'on ruât dans les brancards ; mais en de grandes circonstances il admit qu'on lui tint tête, pliant son plaisir à la raison. Il avait envoyé à l'enregistrement du Parlement des édits fiscaux portant lourdes charges nouvelles ; quand il reçut une délégation de la haute Cour de justice, Premier Président en tête :

Sire, nous venons remettre nos charges entre vos mains, et souffrir tout ce qu'il vous plaira plutôt que d'offenser nos consciences.

Et le roi, après s'être déclaré ravi de posséder de tels magistrats, remit ses édits dans sa poche.

En conclusion, Comines, dont la chronique est à Louis XI ce que celle de Joinville est à saint Louis — chacun des deux princes a trouvé un biographe bien adapté à son caractère — Comines a jugé le roi, son maitre, de la manière qui suit :

En tous — les princes de son temps — il y avait du bien et du mal, mais, sans user de nulle flatterie, en lui avait trop plus de choses appartenantes à office de roi et de prince que en nul des autres. Je les ai presque tous vus et su ce qu'ils savaient faire.

Louis XI passa les derniers jours de sa vie au château du Plessis qu'il avait fait aménager pour lui près de Tours. La crainte de la mort, emmêlée des plus bizarres terreurs, le hantait de plus en plus étrangement. Il avait fait clore sa maison de Plessis-lès Tours de gros barreaux de fer, en forme de grosses grilles, et, aux quatre coins de la maison, quatre moineaux — bastions — de fer, bons, grands et épais. Lesdites grilles étaient contre le mur du côté de la place, de l'autre part du fossé, car il était à fond de cuve ; et y fit mettre plusieurs broches de fer, maçonnées dedans le mur, qui avaient chacune trois ou quatre pointes, et les fit mettre fort près l'une de l'autre. Et davantage ordonna dix arbalétriers dedans lesdits fossés, pour tirer à ceux qui en approcheraient avant que la porte fût ouverte, et entendait qu'ils couchassent auxdits moineaux de fer.

La porte du Plessis ne s'ouvrait qu'à huit heures du matin pour se fermer à la brune. Il n'entrait que peu de monde, quelques personnes anxieusement désignées par le prisonnier volontaire. Les cages où il avait tenu les autres, dit encore Comines, avaient quelque huit pieds en carré, et lui, qui était si grand roi, avait une bien petite cour de château pour se promener. Il se défiait particulièrement de son fils, de sa fille Anne et de son gendre, le sire de Beaujeu.

Il aurait voulu reculer le jour de sa mort. Non seulement le pape, niais le Grand Turc lui envoyaient des reliques. La sainte ampoule de Reims, qui n'avait jamais été remuée de son lieu, lui fut apportée en sa chambre. Il fit venir d'Italie le pieux ermite François de Paule.

La dernière heure sonna le 31 août 183.

L'œuvre de ce roi, menu de corps et bizarre d'esprit, fut immense. Il avait bien été l'homme qu'il fallait pour clore la France du moyen âge et la mener aux temps nouveaux, où notre pays continuera de jouer un rôle digne de son magnifique passé : source incessante de la civilisation moderne. En rendant à la couronne la Bourgogne et la Picardie, en lui donnant la Franche-Comté, la Provence et le Roussillon, Louis XI continua grandement !'œuvre de ses prédécesseurs, ainsi que par son activité administrative. La Renaissance s'annonce, Villon, qui se sert encore de la langue et des formes du moyen âge, est déjà un poète moderne. En lui chante l'âme de Verlaine. Voici l'imprimerie. Les Mahométans sont chassés d'Espagne par Ferdinand le Catholique, mais Constantinople tombe sous l'empire des Turcs. Les Portugais vont découvrir le cap de Bonne Espérance (1486), et Christophe Colomb-entrevoit la ligne bleu-horizon des côtes américaines le 14 octobre 1492. Un monde nouveau brille dans une claire aurore ; mais les splendeurs n'en pourront effacer la beauté féconde des siècles de Philippe Auguste et de saint Louis, auxquels on ne trouve à comparer dans l'histoire que le siècle de Sophocle, de Phidias et de Périclès.

 

SOURCES. Lettres de Louis XI, éd. Et. Charavay et J. Vaesen, 1883-1903, 9 vol. — Mem. de Comines, éd. Mu. Dupont. 1840-47, 3 vol. — Mém. d'Ol. de la Marche, éd, Beaune et d'Arbaumont, 1883-88, 4 vol. — Journal de J. de Roye, éd. B. de Mandrot, 1894-96, 2 vol. — Chron. de Chastellain, éd. Kervyn de Lettenhove, 1863-1868. — Chron. de Molinet, éd. Buchon, 1827-28, 5 vol. — Hist. de Thomas Basin, éd. Quicherat, 1855-59, 4 vol. — Jehan Marcellin. Journal des États généraux de Tours, éd. A. Bernier, 1835.

TRAVAUX DES HISTORIENS. Petit-Dutaillis dans l'Hist. de Fr. dir. E. Lavisse, IV1, 1902. — [Maxime Petit]. Hist. de Fr. illustrée (Larousse), s. d, in-4°. — P. Champion, François Villon, 1913. — A. Kleinclauz. Hist. de Bourgogne, 1909. — Lecoy de la Marche. Louis XI et la succession de Provence, 1888. — Michelet. Louis XI et Charles le Téméraire, 1857. — H. Sée. Louis XI et les villes, 1891. — H. Stein. Charles de France, frère de Louis XI, 1921. — Marcel Thibault. La Jeunesse de Louis XI, 1423-1445, 1907.

 

FIN DE L'OUVRAGE