LE MOYEN ÂGE - LA FRANCE FÉODALE

 

CHAPITRE VII. — LES COMMUNES.

 

 

Le patriciat urbain. La révolution communale a été dirigée dans les villes par le patriciat qui revendiquait la plénitude de ses droits seigneuriaux. Les troubles du Mans en 1069. La commune du Mans, assassinat de l'évêque Gaudry (1111-1114). Les chartes de commune : elles font de la communauté urbaine une personnalité féodale. Après la proclamation des communes, les familles patriciennes sont maîtresses des villes. Leurs rivalités. Les communes rurales. La commune de Lorris.

 

On a appelé Louis le Gros le père des Communes, et sans doute à cause de ce qu'en a écrit Ordéric Vital : Louis, pour réprimer la tyrannie et les brigandages des hobereaux séditieux, demanda, dans la France entière, l'assistance des évêques : alors la commune populaire fut établie afin que, conduite par ses prêtres, elle menât ses bannières à l'aide du roi dans les sièges et les combats.

Le passage suivant de l'abbé Suger montre le rôle de Louis le Gros dans la révolution communale, dont elle indique le caractère :

Louis retourna vers Amiens (1115) et mit le siège devant la tour de cette ville qu'occupait un certain Adam, cruel tyran qui désolait le voisinage par ses déprédations.

Il s'agit d'une tour fameuse qui dominait Amiens et s'appelait le Châtillon. Adam y résidait au nom d'Enguerran de Boves, seigneur de Coucy et comte d'Amiens.

Ayant tenu cette tour étroitement assiégée, pendant près de deux ans (1116-1117), le seigneur Louis contraignit enfin ceux qui la défendaient à se rendre à discrétion ; après s'en être emparé, il la détruisit de fond en comble, par quoi il rétablit une douce paix dans le pays ; enfin il dépouilla pour toujours le susdit tyran et les siens de toute autorité sur Amiens.

Voyons d'autre part la ville de Beauvais. Un seigneur, Lancelin II de Bulles, comte de Dammartin, était parvenu à usurper certains droits que Suger appelle Conductus Belvacensis, droits de tonlieu, autrement dits de guidage ou de péage. Ces droits, plus rien ne les justifiait. Louis VI contraignit Lancelin à y renoncer.

Ces faits révèlent les causes du mouvement communal qui commence à se dessiner sur la fin du me siècle et se développe le siècle suivant. Nous avons vu comment les seigneurs féodaux avaient présidé à la formation des villes. Dans l'origine, ils leur avaient rendu des services tels que, sans eux, les villes n'auraient pas pu se constituer. En armes du matin au soir, ils assuraient la tranquillité du travail urbain, ils assuraient le transit sur le territoire soumis à leur suzeraineté. En retour, ils percevaient légitimement des droits de tonlien, de péage, des droits sur le vin ou sur les denrées vendues dans les villes ; ils y établissaient des fours et des moulins banaux, où les habitants étaient tenus de venir, bourse déliée, moudre leur grain et cuire leurs miches ; ils y exerçaient un droit de banvin, qui leur donnait le privilège, vendanges faites, de mettre en vente avant tout autre le produit de leur récolte ; ils jouissaient dans la ville d'un droit de gîte pour eux et pour leurs gens. On sait l'infinie variété et la multiplicité des droits féodaux.

Dans leur origine ces droits étaient donc justifiés, Les villes peu importantes, agglomérations agricoles entourées d'un mur ou d'une palissade, avaient besoin de la protection d'un seigneur ; au reste, à l'origine, ces redevances, vu le peu d'importance de la localité, ne représentaient qu'une médiocre contribution. Mais qu'advint-il ? En vertu même des progrès réalisés, et en grande partie grâce au seigneur, sa protection devint inutile : elle devint inutile par suite de la paix et de l'ordre qui s'établissait dans le royaume, et à cause de l'importance même, partant de la puissance, que la ville en était venue à acquérir. En second lieu, ces contributions, modérées dans l'origine, alors qu'elles étaient perçues dans une modeste petite localité, devinrent énormes et excessives quand, progressivement, elles se trouvèrent versées par une cité opulente et populeuse.

Un exemple : le comte de Blois reçoit sous sa protection les habitants de Seris moyennant une rente annuelle de cieux setiers d'avoine par maison. Voilà qui va bien tant que Seris reste un petit patelin et qui ne peut se passer de la main puissante du comte de Blois ; mais supposez que la ville, comme il advint pour beaucoup d'autres, se transforme en une localité riche, peuplée et puissante et que la protection du noble comte perde toute raison d'être : la redevance tirée de chaque maison apparaîtra comme un intolérable abus.

Les droits perçus sur l'entrée du vin aux portes d'une bourgade de sept ou huit cents âmes sont peu de chose ; quels revenus ne représentent-ils pas, s'il s'agit d'une ville de 70.000 ou 80.000 habitants !

De plus, à mesure que le commerce s'était développé, ces droits de transit, ces tonlieux et ces péages étaient devenus de plus en plus vexatoires. Le propriétaire d'un sac de laine — et nous citons encore ce trait à titre d'exemple — après avoir versé un droit d'issue à la sortie d'Angleterre, et un droit d'entrée en débarquant à Damme en Flandre, avait encore, pour franchir l'Escaut et la Scarpe, depuis Rupelmonde jusqu'à Douai, à acquitter dix-sept péages. Comme il vient d'être dit ces péages étaient légitimement perçus par les seigneurs féodaux au temps où ils assuraient le transit dans l'étendue de leurs justices ; au temps où le baron, sur le territoire duquel un marchand avait été dévalisé, était tenu de l'en indemniser comme responsable du dommage occasionné, sa vigilance s'étant trouvée en défaut ; au temps enfin où le seigneur devait veiller à l'entretien des routes et des ponts ; mais on imagine l'irritation des bourgeois à une époque où, d'une part, ces services sont devenus inutiles, ou bien ne sont plus rendus, et où, d'autre part, les redevances représentent dans leur ensemble une somme qui, par suite du développement du commerce, a plus que décuplé.

Ajoutez que les seigneurs suzerains des villes continuent d'y exercer leurs droits de justice : et la justice constituait, au moyen âge, le gouvernement. Au siècle précédent, les seigneurs étaient seuls capables d'un rôle de justiciers ; mais voici que, dans les villes riches et prospères et où l'élite est cultivée, les patriciens réclament ce droit de justice pour eux-mêmes ; et avec d'autant plus d'insistance qu'il serait le naturel complément de l'autorité que ces patriciens exercent sur leurs clients. Mais les seigneurs, en possession de leurs privilèges, entendent les conserver. Les bourgeois, pour qui ces privilèges sont devenus onéreux et vexatoires, et aux yeux desquels ils ne sont plus justifiés, désirent ou s'en affranchir ou se les approprier. Telle est l'origine du mouvement communal.

La révolution communale, que l'on voit poindre en France sur la fin du XIe siècle, a été la lutte, dans les villes, du patriciat soutenu par sa clientèle, contre les suzerains féodaux soutenus par leurs vassaux.

A cette époque, les patriciens sont quand et quand marchands et hommes d'armes ; comme les barons féodaux, leurs contemporains, sont hommes d'armes et agriculteurs. Les patriciens sont en guerre constante, non seulement contre leurs propres seigneurs, mais contre les hobereaux du voisinage. Les comtes de Ponthieu donnent des chartes de franchise aux habitants d'Abbeville et de Doullens pour les soustraire aux dommages et aux vexations qu'ils ne cessent d'éprouver de la part des seigneurs du pays.

Et ne voyons pas là un mouvement démocratique. Un patriciat s'est formé dans les villes ; il s'y est formé féodalement, nous voulons dire par la puissance du patronat, de la même façon que la féodalité rurale. Mais, par suite du développement de l'industrie, les clients sont des artisans, au lieu d'être des laboureurs ; encore dans nombre de villes, qui ont conservé leur caractère agricole, les clients des patriciens sont-ils en grand nombre des travailleurs qui vivent de la culture de la terre et particulièrement de la culture maraîchère, et de l'élevage du bétail. En lisant l'histoire de la révolution communale à Laon, on rencontre les bonnes gens de la campagne qui viennent, le samedi, s'approvisionner en ville de légumes.

La révolution communale a donc été l'œuvre des patriciens. Ceux-ci sont au reste très semblables, comme il vient d'être d'a, aux seigneurs féodaux. Les enfants des uns s'unissent avec ceux des autres par les liens du mariage ; les familles des uns et des autres s'appellent des lignages ; les patriciens ont eux aussi des sceaux, des armoiries, une enseigne, un gonfanon ; ils habitent dans des demeures fortifiées que domine une tour crénelée ; ils sont d'humeur belliqueuse. Les patriciens vont au combat entourés de leurs clients, comme les barons escortés de leurs vassaux. Il est vrai que la plupart d'entre eux font du commerce ; ceux-ci sont des navigateurs, ceux-là des drapiers, d'autres des changeurs ; mais, pour vivre du travail de leurs commis ou de leurs ouvriers, ils ne se croient pas moins haut placés dans la hiérarchie sociale que le voisin qui vit du travail de ses paysans. Dans toutes les villes ce sont les bourgeois les plus riches qui vont diriger la révolution communale, et les historiens ont pu faire remarquer que ce sont les villes où l'aristocratie l'avait emporté le plus complètement qui parvinrent à conquérir la plus grande somme d'indépendance.

Les représentants de ces familles patriciennes étaient groupés en hanses, en guildes, en confréries, pour les besoins de leur industrie ou de leur commerce. Partout où le mouvement communal triomphera, ces hanses ou guildes, non seulement s'empareront du gouvernement de la commune, niais constitueront la commune elle-même. Caractéristique à ce point de vue est la charte de commune concédée en 1127 par le comte de Flandre à la ville de St-Omer. On n'y trouve guère que des privilèges commerciaux : constitution destinée à des marchands et où il est dit que les franchises en sont exclusivement concédées à ceux qui font partie de la guilde. Il en va de même pour la Charité d'Arras, pour celle de Valenciennes, pour l'Amitié de Lille. Ce sont les noms, par lesquels, en ces localités, fut désignée la charte de commune.

Non moins significatives sont les expressions dont se servira, en 1213, le synode ecclésiastique de Paris, quand il dénoncera ces synagogues que des usuriers et des exacteurs — les chefs riches de la bourgeoisie marchande — ont constituées en France sous le nom de communes.

Les lieux où se réunirent les premiers échevins ou magistrats communaux, sont les halles marchandes, c'est-à-dire les lieux où les marchands discutaient leurs affaires, ce que nous appellerions les bourses de commerce ; ou bien c'est la halle aux draps dans les villes où la hanse est formée de drapiers. La plupart des grandes cités y ont eu leur premier hôtel de ville, notamment Beauvais, Ypres, Arras, Paris.

Les villes françaises où les patriciens parvinrent à s'affranchir le plus tôt de la domination seigneuriale, en s'organisant en commune, ont été Cambrai — alors en terre d'Empire —, le Mans, St-Quentin (antérieurement à 1077), Beauvais, avant 1099, puis Arras, Noyon (vers 1108), Mantes en 1110, Valenciennes en 1114, Amiens en 1116-1117 ; Corbie vers 1120, Soissons en 1126, Bruges, Lille, St-Orner vers 1127, et Gand peu après. Dans les villes du Midi, le mouvement se produisit plus tard, à Montpellier en 1142, à Béziers en 1167, à Toulouse en 1188, à Nîmes en 1207 seulement.

Les troubles du Mans, en 1069, apparaissent comme un prodrome. Le seigneur de la ville, Guillaume le Conquérant, était retenu en Angleterre : circonstance favorable. Et, pour s'affranchir de son autorité, il se forma une association où tout le monde entra, les patriciens et leurs clients, l'évêque et son clergé, et les chevaliers mêmes qui étaient établis à demeure dans la ville. Et tout aussitôt l'esprit de l'association urbaine se manifesta. On partit en guerre, bannière, évêque et clergé en tête, contre les barons féodaux de la région. Les bourgeois livrèrent plusieurs de leurs fertés aux flammes, puis ils coururent avec une ardeur furibonde mettre le siège devant le château d'Hugue de Sillé, un des principaux seigneurs du pays ; mais le donjon résista et les Manceaux se retournèrent contre le château de Geoffroi du Maine, dont ils s'emparèrent et qu'ils détruisirent de fond en comble. A vrai dire, cette belle vaillance s'apaisa au retour du Conquérant et les Manceaux processionnèrent humblement à sa rencontre pour lui remettre les clés de leur cité.

L'établissement de la commune de Laon prit un caractère particulièrement, dramatique.

La ville avait été la capitale des Carolingiens, qui y vivaient avec une partie de leur noblesse, cité construite sur une montagne le Mont Loon des chansons de geste, — rendue inaccessible par des travaux de défense qu'entouraient de toutes parts des vignes et des haies vives. A la suite du long séjour qu'y avaient fait les princes carolingiens, la noblesse féodale vivait encore à Laon, sur la fin du XIe siècle, proportionnellement plus nombreuse que dans les autres villes. Entre ces chevaliers et les paysans, leurs vassaux, les rapports étaient fréquents. La ville était sous la suzeraineté de l'évêque, qui tenait à Laon cour de justice et y percevait les droits féodaux. On trouvait donc à Laon, sur la fin du XIe siècle, trois catégories de personnes : 1° l'évêque, seigneur ecclésiastique et seigneur féodal, avec ses clercs et sa familia, ses serviteurs et ses hommes d'armes ; 2° les seigneurs féodaux, c'est-à-dire les chevaliers établis à demeure, avec quelques-uns de leurs vassaux et leurs écuyers ; 3° les bourgeois et leurs mesnies. L'industrie était peu développée et ces citadins étaient pour la plupart de maraichers.

Sur cette fin du XIe siècle, l'évêque de Laon, un nommé Gaudry, était un singulier personnage. Il n'était pas prêtre mais simple sous-diacre, d'une ignorance grossière, sauf en matière de guerre et de chasse. Il avait conquis la faveur de Henri Ier, roi d'Angleterre, à la bataille de Tinchebray (28 septembre 1106), où il avait fait prisonnier Robert Courte-Heuse, frère de Henri Ier, et l'avait livré entre les mains du roi. Sur quoi Henri le fit son référendaire, puis évêque de Laon. On le voyait vêtu de la chape et de la mitre ; mais plus souvent du heaume et du haubert. Il se faisait suivre d'un nègre qui lui servait de bourreau. Il avait fait assassiner le châtelain Gérard de Quierzy en pleine église. Guibert de Nogent et Ordéric Vital ont tracé de l'évêque Gaudry le même portrait.

Au palais épiscopal, étaient rangés les vases remplis de l'or qu'il avait tiré du monarque anglais et, en plus grande quantité, de ses sujets de Laon,

Au reste, lesdits sujets eux-mêmes n'étaient pas d'humeur paisible. On a vu comment, son œuvre d'organisation terminée, une partie de la noblesse féodale était devenue pillarde. Ces mœurs se retrouvaient parmi les chevaliers demeurés à Laon, et se communiquaient à leurs concitoyens, les bourgeois. Ainsi la ville s'était transformée en une manière de coupe-gorge. Les nobles se jetaient la nuit sur les bourgeois, les menaçaient de mort, les mettaient à rançon ; par contre-partie, les bourgeois s'emparaient des paysans dont les nobles étaient suzerains et les dépouillaient avec une égale brutalité.

Le roi lui-même n'était pas à l'abri des entreprises de nos citadins. Il lui arrivait de prendre gîte à Laon avec sa maison. On voyait ses chevaux menés à l'abreuvoir, par les rues de la ville, de grand matin ou le soir à la brune ; et nos bourgeois de les guetter au passage et de s'en emparer après avoir rossé les palefreniers.

On imagine l'effervescence que produisit dans un pareil milieu l'annonce des chartes de commune obtenues par les habitants de St-Quentin et de Noyon. L'évêque Gaudry étant parti pour l'Angleterre, les bourgeois de Laon tirèrent du clergé et des nobles de la ville l'autorisation de s'unir en commune à leur tour.

Il faut réimprimer ici, une fois de plus, le célèbre passage de Guibert de Nogent : Le clergé, l'archidiacre et les grands — les chevaliers —, voyant comment les choses allaient, dans leur désir de se procurer de l'argent, offrirent au peuple de lui donner, moyennant finance, la faculté de former une commune. Or, voici ce qu'on entendait par ce nom exécrable et nouveau : Tous les habitants redevables par tête d'un certain cens, devaient acquitter une seule fois dans l'année envers leurs seigneurs les obligations ordinaires de la servitude, et se racheter par une amende légalement fixée s'ils tombaient dans quelque faute contraire aux lois. A cette condition, ils étaient entièrement exemptés de toutes les autres charges et redevances qu'on a coutume d'imposer aux serfs. Les hommes du peuple, saisissant cette occasion de se racheter d'une foule de vexations, donnèrent des monceaux d'argent à ces avares, dont les mains semblaient des gouffres qu'il fallait combler. Ceux-ci, rendus plus traitables par cette pluie d'or, promirent aux gens du peuple, sous la foi des serments, de tenir exactement les conventions faites à cet égard.

On se demande si le mot exécrable, qui se trouve au début de cette page si célèbre, n'est pas une interpolation : car le sens en est contraire au contexte, contraire surtout à l'esprit qui anime l'œuvre de Guibert de Nogent.

Mais voici Gaudry qui revient d'Angleterre : on imagine sa fureur ; elle éclate, puis elle s'apaise quand les bourgeois lui ont, à lui aussi, versé de l'argent. Et Louis VI également, moyennant finance, reconnaît la nouvelle commune (1111) ; mais, dès l'année suivante, sous la pression exercée par l'évêque, le roi revient sur sa décision et la commune de Laon est supprimée (1112). Ce fut l'origine de ta révolution. Les rues de Laon retentissent des cris : Commune ! commune ! ; et comme Guibert de Nogent avertit Gaudry du danger qu'il court en résistant plus longtemps aux bourgeois :

Bon ! dit l'évêque, que peuvent-ils ? Si Jean, mon nègre, tirait le plus redoutable d'entre eux : par le nez, oserait-il seulement grogner ?

La violation des traités qui avaient constitué la commune de Laon, écrit Guibert de Nogent, remplit le cœur des bourgeois de stupeur et de rage. Ils cessèrent de s'occuper de leur métier : les savetiers et les cordonniers fermèrent leurs boutiques, les aubergistes et les cabaretiers n'étalèrent aucune marchandise. Grève générale.

Loin de se laisser intimider, l'évêque et les chevaliers exigèrent des habitants une nouvelle contribution, destinée à détruire la communie et qui s'élevait à un chiffre égal à la somme qu'ils avaient payée pour l'établir.

Le vendredi saint, des bandes armées d'épées et d'épieux, de cognées et de haches, d'arcs et dm guisarmes, parcourent les rues, convergent vers le palais épiscopal, en égorgent les défenseurs. Au bruit, l'évêque Gaudry court se réfugier dans la cave, où il se blottit au fond d'un tonneau. Il en est tiré par les cheveux. Aux ricanements des bourgeois exaspérés, un serf lui fend le crâne à coups de hache. Sur le sol gras de la cave, son sang mêle sa pourpre onctueuse à celle des tonneaux défoncés. Les massacres se multiplient Les demeures des clercs et des nobles sont pillées, livrées aux flammes. La cathédrale est incendiée ; l'immense toiture s'en effondre avec fracas sur les reliquaires et les chandeliers d'argent. Les adversaires des bourgeois prennent la fuite, sous divers déguisements. On les voyait, hommes et femmes, se sauver, dévalant la côte et trébuchant parmi les vignes dont la ville était entourée. Le cadavre de l'évêque, dépouillé de ses vêtements, fut traîné sur la place, où il demeura jusqu'au lendemain, nu, souillé, pitoyable, en butte aux pires outrages ; alors seulement les bourgeois permirent de l'enterrer.

Le mouvement s'étendit. Les bourgeois de Laon obtinrent l'appui de Thomas de Marie, châtelain de Crécy-sur-Serre et de Nouvion l'Abbesse, un des plus redoutables bandits féodaux du temps.

Il était fils d'Enguerran de Boves. Sa jeunesse s'était passée à détrousser les pèlerins, par quoi il avait commencé son énorme fortune. Puis, après des années d'orgie et de débauches, il s'était installé dans son donjon, en brigand déclaré. Il faisait régner la terreur sur le pays environnant, continuant de voler pour s'enrichir davantage, continuant de tuer et de torturer pour se distraire : Il suspendait ses captifs en l'air, écrit Guibert, les accrochant de sa propre main par les organes les plus délicats, qui, cédant au poids du corps, étaient arrachés et, par le trou béant, coulaient les intestins ; il les pendait par les pouces et leur chargeait les épaules d'une grosse pierre pour ajouter à leur poids ; il les frappait jusqu'à la mort de coups de bâtons et leur brisait les os.

On ne pouvait compter le nombre de victimes qu'il avait laissées pourrir au fond de ses cachots. Il brûlait les pieds à ses captifs à petit feu, et, quand ils ne pouvaient plus marcher, tant ils avaient été torturés, il leur tranchait les pieds : puisque aussi bien, disait-il, ils ne pouvaient plus s'en servir.

Un jour il enfonça sa lame dans la bouche d'un malheureux si profondément que le fer perça les intestins. Les bourgeois de Laon avaient là un utile auxiliaire. Mais le roi intervint et envoya des troupes contre les insurgés. Les bourgeois s'enfuirent, tandis que les nobles et les clercs revenaient entre les murs de Laon. Maintenant les grands échappés au massacre, dit Guibert, enlevèrent des maisons des fugitifs toutes les subsistances, tous les meubles et jusques aux gonds et aux verroux. Les paysans de la banlieue suivant le parti de leurs seigneurs, c'est-à-dire des nobles établis dans Laon, envahissent la ville prise et, durant plusieurs jours, pillent et démolissent. La commune disparut donc (1114) ; on pouvait croire que c'était pour toujours : mais, dès l'année 1128, sous le nom d'institution de paix, les habitants de Laon obtenaient leur charte commune.

Qu'était-ce en réalité que la proclamation d'une commune au début du XIIe siècle ? Nous avons aujourd'hui des actes par lesquels est reconnue à une association la personnalité civile ; par une charte de commune était reconnue à une communauté urbaine la personnalité féodale.

La commune devient une personne féodale, une seigneurie collective ; une association de non-nobles unis pour former un noble collectif. Comme un baron en son donjon, elle entre dans la hiérarchie féodale : elle devient la vassale d'un suzerain qui la gouverne suivant les usages des nobles et auquel elle rendra le service noble, le service d'ost et de chevauchée, le service de guerre ; et elle devient suzeraine à son tour d'autres vassaux. Les prérogatives qu'elle a conquises sont exactement celles qui étaient attachées à la possession d'une baronnie. Elle a un sceau comme le seigneur féodal et, comme lui, elle a son donjon, qu'on nomme le beffroi. Arrivera-t-il à un roi de détruire une commune ? il fera raser son beffroi comme il fera raser le donjon seigneurial s'il s'empare d'un fief.

Quelles pouvaient être les clauses d'une charte de commune ? On en jugera par celle de Beauvais :

Les habitants de la ville jureront la commune ; — ils se prêteront assistance mutuelle ; — les pairs de la commune, appelés ailleurs jurés ou échevins, feront rendre justice à chacun ; — si quelqu'un, après avoir fait tort à l'un des membres de la commune, trouve refuge dans un domaine féodal, les pairs en exigeront du seigneur qu'il répare le dommage occasionné, et, si le seigneur s'y refuse, ils tireront vengeance de lui ou de ses hommes ; les pairs protégeront les marchands qui se rendront au marché de la ville et poursuivront ceux qui les auraient molestés ; — la commune sera-t-elle en guerre ouverte contre de, ennemis déclarés, nul de ses membres ne pourra leur prêter de l'argent ; — la commune sortira-t-elle en armes contre des ennemis, nul de ses membres ne pourra parler à aucun de ces derniers ; — si le débiteur d'un membre de la commune trouve refuge dans un domaine féodal, le seigneur du domaine acquittera la dette ou expulsera le débiteur, et s'il ne le fait, la commune en prélèvera un dédommagement sur ceux des hommes du seigneur dont elle parviendra à s'emparer.

Organisation militaire et commerciale tout à la fois. Ce sont les riches marchands qui ont dirigé la révolution communale, elle a été faite à leur profit. A St-Omer la guilde tire de sa caisse les fonds destinés aux fortifications.

C'est une erreur néanmoins de dire que le mouvement n'a pas été fait en faveur du menu peuple, que ce dernier était trop humble encore pour exercer une action sur les événements. A cette date, dans les villes, les intérêts du peuple sont liés à ceux du patriciat ; le peuple forme sa clientèle ; entre le peuple et ses chefs, existent ces mêmes liens patronaux que nous avons observés, un siècle plus tôt, entre les habitants de la ville et ses seigneurs. Au début du XIIe siècle, le patriciat rendit aux corps de métier les mêmes services de protection que les seigneurs rendaient aux habitants au début du xte siècle. Et les mêmes sentiments d'union et d'affection réciproques existent entre eux, la même coordination des efforts. C'est grâce aux efforts du patriciat marchand que l'industrie prend son essor, que les métiers prospèrent ; c'est grâce à ses efforts que les métiers se perfectionnent. En sorte que le triomphe du patriciat, sur la seigneurie, au XIIe siècle, fut par là même le triomphe des métiers : ces rapports se seront profondément modifiés un siècle plus tard. L'on a eu tort de juger des sentiments et des conditions dans les villes, au début du XIIe siècle, parce qu'ils seront devenus au XIIIe.

La charte communale ayant pour effet de faire de la commune une personnalité féodale, la principale conséquence en fut de donner à ses représentants une autorité judiciaire. Au moyen âge on disait : Fief et justice, c'est tout un. Le droit de rendre la justice était le principal attribut du seigneur féodal, et c'est par là qu'il gouvernait ses vassaux ; de même que c'était le principal attribut du roi lui-même, qui par là gouvernait son royaume. Et cette justice communale exercée par le Magistrat — car c'est le nom sous lequel on désigna dans les villes du Nord, ce que nous appellerions le conseil municipal — était aussi étendue que celle des seigneurs : elle allait jusqu'au droit de punir d'amendes, de prison, voire de la peine de mort. Les corps municipaux avaient leur pilori, où ils faisaient exposer et battre de verges les condamnés ; ils avaient des gibets, où ils les faisaient pendre et laissaient les cadavres accrochés. On s'est demandé comment les communes avaient pu arracher au pouvoir féodal le plus important de ses attributs : mais parce qu'elles étaient devenues elles-mêmes, comme nous venons de le dire, un pouvoir féodal. Et pour aller plus au fond des conditions : les seigneurs féodaux avaient tiré leur pouvoir de l'autorité familiale ; de la même source les chefs des communes tirèrent le leur. Nous avons vu que les villes s'étaient formées comme les fiefs, sous l'action familiale. Des lignages s'y constituèrent qui se groupèrent en parages. La réunion de ces parages forme la ville. Semblable à la cité antique, la ville française est, au XIIe siècle, la réunion d'un certain nombre de familles, à chacune desquelles s'attachent un certain nombre de clients. Ce n'est pas une démocratie, mais une aristocratie formée d'un groupement de patrons et de clients. Les chefs de ces parages, suivis par leur clientèle, firent la révolution communale et, quand la ville fut affranchie, ils se trouvèrent tout naturellement à sa tête.

Ainsi s'explique aussi que, pour la formation des premiers échevinages, des premiers magistrats, on n'ait procédé à aucune élection.

On doit également noter ici que, dans nombre de villes, des flots se trouvèrent, même après la charte communale, soustraits à la juridiction des magistrats municipaux : ici une enclave ressortit au roi, plus loin à l'évêque, là à une abbaye, ailleurs à des seigneurs particuliers. On se rappellera ce que nous avons dit de la formation des villes. Un quartier, une rue, quelquefois une unique maison se trouvent soustraits à la juridiction commune, pour relever d'une juridiction féodale particulière.

Un trait qui frappe dans l'étude de ces constitutions communales, c'est l'étroite solidarité où elles s'efforcent d'unir les membres des groupements urbains. Tous les hommes de la commune s'aideront de tout leur pouvoir, dit-on dans la charte de Senlis, — Chacun des hommes de la commune gardera fidélité à son juré, viendra à son secours, lui prêtera aide et conseil ; porte la charte d'Abbeville. Les chartes s'appellent des fraternités, des charités ; des institutions de paix, ou plus simplement des paix ; la paix d'Amiens, la paix d'Arras. Les membres de la commune sont les paiseurs, la maison de ville sera la maison de la paix ; le territoire communal l'enceinte de la paix ; le serinent des membres le serment de la paix. Car l'autorité seigneuriale, dont le principal rôle avait été d'assurer la paix à ses bourgeois et de la maintenir, au dehors par la puissance des armes, au dedans par l'exercice d'un pouvoir judiciaire vigilant et actif, cette autorité est dorénavant affaiblie, éloignée ; et combien il importe de la remplacer par un profond sentiment de dévouement réciproque, de concorde et d'union !

Au reste, pour avoir cédé une grande partie de leur pouvoir et de leurs attributions par la charte de commune, les seigneurs n'ont pas entièrement renoncé à leur suzeraineté sur la ville, où ils ont encore à exercer des droits et des devoirs que Beaumanoir définira au XIIIe siècle avec la clarté de son beau génie :

Cascuns sires — seigneur — qui a boues viles desoz — dessous — lui, és queles il a communes, doit savoir cascuns ans l'estat de le — la — vile et comment elle est demenée et gouvernée par lor majeurs — maires — et par cex qui sunt establi à le vile garder et mainburnir (administrer), si que li rite (patriciens) soient en doute que, s'il meffont, qu'il seront grièment puni, et que li povre ès dites viles puissent gaigner lor pain en pès.

En ces dernières lignes Beaumanoir fait allusion aux divisions qui éclateront clans les villes au cours du XIIIe siècle, et dont nous aurons à parler plus loin.

Car ce serait une erreur de croire que l'action des chartes de commune procura aux villes de France les paisibles délices de l'âge d'or. Nous avons dit que les communes devenaient des personnes féodales : elles en acquirent l'esprit agressif et guerrier. C'est à peine si, au début du XIIIe siècle, Jacques de Vitry exagère en son sermon aux bourgeois :

Les bourgeois, se liant à leur multitude, oppriment leurs voisins et les assujettissent par la violence : communes brutales qui ne se bornent pas à accabler les nobles de leur voisinage... elles aspirent à la perte de leurs voisins, détruisent les cités et les autres communes qu'elles persécutent... La plupart des communes se font une guerre acharnée : on ne voit pas seulement les communiers attaquer leurs pareils ; mais ils s'en prennent encore aux étrangers et aux pèlerins, gens sans défense, qu'ils accablent de péages illicites et rançonnent de toute façon... Au dehors la guerre, au dedans la terreur.

Les bourgeois avaient créé le mouvement communal dans un désir d'union. Mais voici tout d'abord les rivalités entre les principales familles, que la justice seigneuriale avait jusqu'alors maintenues en paix. Les grands patriciens entraînent à leur suite chacun sa clientèle. Il est peu de ville de France qui, à partir de la fin du xine siècle, ne soient troublées par ces dissensions d'où naissent souvent des conflits sanglants. Beaumanoir s'exprime ici encore avec clarté et indique au seigneur de la ville la ligne de conduite à tenir :

Quant contens muet — quand dissension se met — entre cix d'une bone vile por niellée ou por haine, li sires — le seigneur — ne le doit pas souffrir, tout soit ce que — et même si — une des parties ne se daigne plaindre, ançois de s'oftice il doit penre — prendre — les parties et tenir en prison jusqu'à que certaine pès — paix — soit faite entre eus, ou drois asseuremens, se pès ne se pot — peut — fere ; car autrement se porroient les boues viles perdre par les maltalens qui seroient des uns lignages as autres — par les luttes des familles entre elles.

Dans plusieurs villes du Midi, qui étaient parvenues à s'affranchir de la suzeraineté seigneuriale plus complètement que celles du Nord, ce recours à l'autorité suzeraine pour apaiser les conflits entre les lignages n'étant plus possible, on en fut réduit à faire appel à ces singuliers personnages qu'on nommait des podestats. On vit des cités comme Marseille, Arles, Avignon, appeler des étrangers, des Italiens généralement, et leur demander de les gouverner un certain temps, avec un pouvoir dictatorial. La constitution même de la ville était remise entre leurs mains, pourvu qu'ils gouvernassent sans haine, sans faveur, sans crainte, sans profit personnel : seul moyen d'échapper aux conflits entre les familles patriciennes qui se disputaient l'administration. Ces tyrans, ces podestats, étrangers aux luttes civiles qui déchiraient la ville, étaient seuls capables d'y rétablir l'ordre par l'exercice d'un pouvoir absolu.

Après quoi surgiront les dissensions entre les patriciens et leur clientèle d'une part et la classe populaire, le commun de l'autre. Elles rempliront la fin du XIIIe et le XIVe siècle et feront couler des flots de sang. Loin de réduire la distance qui séparait le menu peuple du patriciat, l'établissement des communes ne fit que l'accentuer, car, à la richesse, les patriciens ajoutèrent le gouvernement de la cité qui se trouvait jusqu'alors entre les mains du seigneur. Et, n'ayant plus besoin du peuple dans leur lutte contre le suzerain féodal, ils arriveront à ne plus parler qu'avec mépris de ceux dont le travail bleuit les ongles.

Il convient de dire encore quelques mots des communes rurales. Nombre d'entre elles obtinrent des chartes de commune de leur seigneur, soit par bienveillance, soit moyennant finance, soit A la suite d'une insurrection armée. De ce jour. les habitants se choisissaient des magistrats, organisaient une milice, s'entouraient de remparts : le village devenait une ville. On vit parfois plusieurs villages se réunir et former une seule communauté qui obtenait une charte de commune. On en pourrait citer nombre d'exemples, dont le plus important serait celui de ces dix-sept villages du Laonnais, qui adoptèrent pour centre politique Anizy-le-Château et reçurent, en 1128, la charte de Laon dont nous avons parlé.

Parmi ces chartes concédées aux villageois, une mention spéciale revient au fameux privilège concédé par Louis VI au bourg de Lorris-en-Gâtinais. Le roi y prenait des mesures en faveur de ses sujets, contre ses propres agents. Il améliorait la condition des personnes, en les délivrant de l'attache qui les fixait au sol. A l'avenir chaque bourgeois de Lorris pouvait quitter la localité et vendre les biens qu'il y possédait. Les corvées étaient supprimées et le service d'ordre dû au roi était limité à la durée d'une journée. Tout au moins ce service dû au roi ne pouvait entraîner les habitants à plus d'une journée de leur domicile. Les contributions directes étaient réduites et fixées ; la plupart des contributions indirectes étaient supprimées, les plus impopulaires, notamment toutes celles qui portaient sur les denrées alimentaires. Les foires et les marchés du pays étaient assurés d'une protection spéciale, s'étendant aux marchands qui s'y rendaient, et A. leurs marchandises ; en matière judiciaire enfin, le prévôt royal voyait réduire les amendes qu'il pouvait être appelé à prononcer et simplifier sa procédure. C'est un des plus vivants efforts qui aient été faits par un prince pour améliorer la condition de ses sujets, et un des plus féconds. Car l'exemple donné par le roi fut suivi par ses barons et le nombre de communes rurales qui ne tardèrent pas à recevoir la charte Lorris, soit dans le domaine royal, soit sur les terres de ses barons, ira se multipliant avec la plus heureuse rapidité. Et chacun y trouvait son profit : les tenanciers qui voyaient leur sort amélioré ; les seigneurs qui voyaient la population de leurs domaines s'accroître, les bourgs et les villages prospérer, et, par là, leur propre puissance grandir et les redevances mêmes, qu'ils tiraient de leurs sujets, devenir plus importantes ; car s'il est vrai que, pour chacun desdits sujets, elles se trouvaient moins lourdes, l'ensemble des sommes perçues accusait un sensible accroissement, par suite du développement de la population et de l'aisance générale.

 

SOURCES : Guibert de Nogent, éd. Bourgin. 1907. — Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. Salmon, 1899-1900, 2 vol. — Aug. Thierry, Monuments inédits de l'histoire du Tiers-Etat, 1850-56, 2 vol. — A. Giry, Documents sur les relations de la royauté avec les villes en Fr. de 1180 à 1314, 1885. — Chartes et documents publiés dans les ouvrages suivants :

TRAVAUX DES HISTORIENS : A. Luchaire, Les Communes françaises à l'époque des Capétiens directs, nouv. éd. publ. par Halphen, 4911. — Paul Viollet, Hist. des pol. et administ. de la Fr., t. III, 1903 — A. Giry et A Réville, Emancipation des villes, les communes, la bourgeoisie, dans Histoire générale de Lavisse et Rambaud, II, 1893. — A Giry, Hist. de la v. de St-Omer, et de ses institutions jusqu'au XIVe s., 1887. — A. Giry, Etudes sur les origines de la commune de St-Quentin, 1887. — J. Flammermont, Hist. des Inst. municip. de Senlis, 1881. — Maurice Prou, Les coutumes de Lorris, 1884. — Abel Lefranc, Hist. de la v. de Noyon, 1887. — L.-H. Labande, Histoire de Beauvais, 1892. — And. Ducom, Essai sur ... la commune d'Agen, 1892. — R. Villepelet, Hist. de la v. de Périgueux, 1908. — F. Lennel, Hist. de Calais, t I, 1908. — G. Bourgin, La Commune de Soissons, 1908. — Imbart de la Tour, Hist. de la nation franç., dir. par G. Hanotaux, t. III, Hist. politique des orig. à 1515. S. d. (1921).