HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE VI. — CHARLES VII PENDANT SES DERNIÈRES ANNÉES. - 1454-1461.

 

CHAPITRE XVIII. — DERNIERS MOMENTS DE CHARLES VII.

 

 

Charles VII livré aux femmes ; séjour dans les châteaux ; luxe croissant du Roi. — Antoinette de Maignelais, maîtresse en titre ; les femmes de l'entourage. — Le Reine présente et résignée. — Le Roi préoccupé de sa femme et de son fils Charles ; soins qu'il prend de son dernier né. — Les filles naturelles du Roi ; il marie l'aînée. — Le Roi abreuvé d'amertumes par les intrigues du Dauphin ; complots et arrestations ; les conseillers fidèles et les douteux. — État maladif de Charles VII ; son mal de jambe ; à plusieurs reprises, il est en péril de mort. — Dernier coup porté par le Dauphin : la lettre à Antoinette de Maignelais ; le Roi se croit entouré de traîtres. — Dernière maladie ; symptômes alarmants ; les conseillers du trône avertissent le Dauphin ; état désespéré du Roi ; il croit qu'on veut l'empoisonner ; un abcès dans la mâchoire lui rend toute alimentation impossible ; ses dernières paroles ; sa mort ; ses funérailles. — Contraste frappant à la mort de Louis XI. — Jugement des contemporains ; jugement final.

 

Avant de tracer le tableau des derniers moments de Charles VII, il faut rassembler encore quelques traits qui achèveront de mettre en lumière le personnage royal, à la fin de sa carrière.

L'ambassadeur milanais Camulio, dans une de ses dépêches, écrit : Le roi de France est entièrement livré aux femmes[1]. — Ce troupeau de femmes perdues, dit Thomas Basin[2], était une trop lourde charge pour le royaume appauvri. Car partout où allait le Roi, ces femmes le suivaient, avec un luxe et un appareil de reines. Et encore : Il aimait la solitude, pour jouir plus librement et en paix de la société de ses femmes, et se livrer à ses passions avec le moins de témoins possible[3]. Le scandale dépasse toutes les bornes : le Roi déshonore sa vieillesse[4].

Les dernières années s'écoulent, en effet, dans ces châteaux, demeure de prédilection de Charles VII : au Châtellier, au Vivier, à Nades, à Saint-Priest, pendant le séjour en Bourbonnais et en Dauphiné ; aux Montils-les-Tours, durant l'hiver de 1458 ; à Vernon en Touraine, au Tusseau[5], aux Montils-les-Tours[6] et à Montbazon durant l'hiver suivant ; à Razilly, à Chinon, à Champigny, au Coudray, au Rivait, dans l'été de 1459 ; à Chinon et à Razilly jusqu'au printemps de 1460 ; à Mehun-sur-Yèvre, à la Salle-le-Roi[7], à Brecy en Berry durant l'été de 1460 ; à Mehun enfin, à partir du mois d'avril 1461. Et, avec les années, nous constatons que chez le Roi le luxe va toujours en augmentant. Le compte de l'argenterie pour 1458-1459, qui nous a été conservé, offre de curieux renseignements sous ce rapport. On y voit que Charles VII se faisait faire des robes neuves, non seulement pour les grandes fêtes, mais pour la plupart des fêtes ordinaires et avec une incroyable profusion. Nous en avons dressé la liste, et nous avons trouvé, pour une seule année, jusqu'à vingt-sept robes de soie ou de velours, et cinquante robes de laine. La plupart sont des robes courtes : on ne voit mentionnées que trois robes longues, dont deux en velours et une en drap gris de Rouen, doublée de taffetas changeant, avec parements de velours violet. Nous passons sous silence les pourpoints et les pièces à mettre au-devant de l'estomac, les chaperons et les chausses, articles qui reviennent à chaque instant. Le Roi affectionnait la couleur verte[8] ; il portait aussi volontiers du rouge. On fourrait souvent le corps et les manches de ses robes avec des martres du pays ou des martres zibelines ; ses chapeaux étaient très richement Ornés, ainsi que ses ceintures ; à l'intérieur, il portait des bonnets de drap vert ou écarlate[9].

Antoinette de Maignelais, veuve d'André de Villequier, reste jusqu'à la fin la maîtresse en titre. Elle touche annuellement deux mille livres, pour entretenir son état[10], et reçoit en outre divers avantages[11]. Quand en 1456, Antoinette marie sa sœur Jeanne au sire de Rochefort, elle reçoit, pour favoriser ce mariage, un don de six mille écus, payable en plusieurs annuités[12]. On a dit que Mademoiselle de Villequier trouva dans ses parentes ou protégées, non pas des rivales, mais des auxiliaires et des subalternes, et l'on a nommé les dames pourvues d'emplois à la cour, pour servir aux plaisirs du Roi[13]. C'est là une matière fort délicate, au sujet de laquelle une certaine réserve est commandée. Cherchons cependant quelles étaient, dans les dernières années du règne, les femmes qui furent l'objet de faveurs spéciales.

En première ligne il faut nommer Mine du Monteil, cette Marguerite de Villequier, sœur du mignon préféré, que nous avons vu apparaître dès 1445, d'abord comme demoiselle (l'honneur de la Dauphine, puis comme demoiselle de la Reine[14]. Devenue l'épouse d'Antoine d'Aubusson, seigneur du Monteil, elle touche une pension annuelle de dix-huit cents livres, et reçoit des dons incessants[15]. Sa sœur Antoinette, épouse de Jean de Levis, seigneur de Vauvert, devenu, après Gouffier, premier chambellan, qui le disputait jadis à Marguerite dans les bienfaits royaux[16], n'a qu'une pension de cinq cents livres et est plus rarement nommée dans les comptes[17].

Après Mesdames du Monteil et de Vauvert, nous rencontrons une demoiselle de la Reine, attachée dès 1447 à la personne de Marie d'Anjou : c'est Marie de Belleville. Elle était fille de Jean Harpedenne, seigneur de Belleville, et de Marguerite de Valois, fille naturelle de Charles VI et d'Odette de Champdivers. Nous avons vu plus haut que le Roi témoignait à sa sœur naturelle une grande bienveillance[18] ; il en fut de même pour Marie de Belleville. Devenue dame de la Reine eu 1452, elle était alors désignée sous le nom de dame de Soubise, ayant épousé Bertrand l'Archevesque, seigneur de Soubise, chambellan du Roi. Elle reçoit quatre mille écus à l'occasion de son mariage[19] ; elle touche annuellement une pension de six cents livres ; elle a part aux étrennes du Roi en 1452 et années suivantes ; en avril 1459, elle reçoit deux cent soixante-quinze livres, pour avoir robes et habillements[20]. — D'autres demoiselles de la Reine, qui apparaissent à ce titre dès 1447, sont aussi distinguées par le Roi. On peut nommer : Marguerite de Salignac, devenue en 1454 l'épouse de Patrix Foulcart, l'un des capitaines de la garde écossaise, et qui, dès 1447, est l'objet des faveurs royales[21] ; Marie de Gaucourt, fille du grand maître Raoul de Gaucourt, demoiselle de la Reine à partir de 1451, mariée le 5 juin 1456 à Charles de Tournon, seigneur de Beauchastel[22] ; Isabeau de Bournau, demoiselle de la Reine à partir de 1452[23] ; Jeanne Rochelle, autre demoiselle pendant les années 1447 à 1455[24].

En dehors de la maison de la Reine, plusieurs dames ont une large part dans les dons du Roi.

C'est d'abord Agnès de Vaux, mariée le 3 octobre 1454 à Charles de Gaucourt, seigneur de Chasteaubrun, conseiller et chambellan du Roi ; elle figure dans les comptes des étrennes pour les années 1452 à 1454, reçoit en 1455 un don de deux cents livres, et, en 1459, mille écus, en faveur des services que son mari et elle ont fait à la Reine, et pour son état ; elle a, dans la même année, deux dons de cent écus, pour avoir robes et habillements à son plaisir ; et, en 1460, le Roi lui attribue une somme de dix-huit cent livres[25].

C'est ensuite Marguerite d'Esponville, mariée vers 1457 à Mathelin Brachet, seigneur de Montagu, sénéchal de Limousin, qui a part aux étrennes en 1452 et années suivantes ; reçoit en outre, en février 1454, cent trente écus, pour avoir deux ceintures d'or à son plaisir ; en 1455, cent trente-sept livres, pour entretenir son état, et, en 1458-59, plusieurs autres dons, pour lui aider en ses affaires. Elle a en outre, pour ses étrennes de 1459, trois cent soixante-dix écus, et, en mars de la même année, ung gobelet à pié, couvert et fait à lettres esmaillées par dessus, aux couleurs de la devise du Roy et semé de marguerites, sans parler d'autres dons, pour avoir robes et habillements à son plaisir, et pour acheter et avoir ustensiles de manages à son plaisir, à l'occasion de ses couches ; enfin, en 1460, le Roi lui donne une somme de treize cent soixante-quinze livres[26].

C'est encore Jeanne de Rosny qui, de 1452 à 1454, reçoit de fort belles étrennes[27], et, dans les années suivantes, ne cesse d'être l'objet des libéralités royales[28]. Bien qu'elle soit qualifiée une fois du titre de demoiselle de la Reine, elle ne figure point dans l'état de la maison de cette princesse ; elle a, à partir de 1456-57, une pension de cent livres par mois. Par lettres du 4 février 1458, le Roi lai donne douze cents écus, à l'occasion du mariage de sa sœur Catherine avec Helion de Tranchelion, maître d'hôtel de la Reine[29], laquelle reçoit peu après un don de deux cents livres[30]. En janvier 1459, Jeanne de Rosny envoie des étrennes au Roi[31], et, en septembre suivant, elle lui fait offrir, par Louis du Breuil, homme d'armes de la compagnie de Joachim Rouault, ung blanc esprevier[32]. La même année, elle reçoit, pour avoir robes et habillements à son plaisir, d'abord cinq cents livres, puis cent écus[33].

Mais la principale favorite, pendant ces dernières années, parait avoir été une femme dont le nom n'a point encore été cité : Artuse de Fougerolles, dame de Nades.

On lit dans le compte des étrennes pour l'année 1458[34] : Cent cinquante-quatre escus à Mademoiselle Artuze de Fougerolles, que le Roy lui a donné pour avoir presenté audit seigneur les estrennes de par Madame de Villequier, pour avoir robes et autres habillemens. Dans le compte de l'année suivante, on trouve la mention d'un don de cent écus à Artuse de Fougerolles[35]. En 1456, le roi envoie un de ses secrétaires, Jean Rogier, à Nades, devers Madame Artuse de Fougerolles, dame de Nades[36]. Or, nous avons vu que le château de Nades fut l'une des résidences de Charles VII pendant son séjour en Bourbonnais dans l'été de 1456[37]. Il était là chez un de ses chambellans, Jean de Montmorin, seigneur de Nades[38], qui était devenu l'époux d'Artuse de Fougerolles. A partir de cette époque, la dame de Nades figure souvent dans les comptes[39]. Mais, en 1457-58, voici qu'elle apparaît avec le titre de dame d'honneur de la Reine, et que le Roi lui fait payer deux cents livres pour la despense qu'elle a faite l'année dernière, hors de l'hostel de la Reyne[40]. Le compte de l'argenterie pour l'année 1458-59 contient également de nombreux dons faits à la darne de Nades, pour avoir robes et habillemens à son plaisir, ou pour acheter et payer un diamant à son plaisir[41], etc. Aux étrennes de 1459, elle a cent quatre-vingts écus, pour avoir de la vaisselle d'argent[42]. La mention suivante indique une recherche particulière dans le présent : Pour avoir refait et ressoudé audit mois (juillet 1457) une petite fueille d'or, es-maillée de vert, et icelle attachée à une plume d'or faicte à semblante de feuille de fougière, esmaillée à lettres de AA de blanc et de rouge, semée de petits bacins d'or 2[43].

En août 1459, il y a fête à la Cour, pour les noces de Marguerite Brasdefer. Le Roi, qui attribue une large part dans ses libéralités à Marguerite et à sa sœur Catherine[44], fait, à cette occasion, de riches présents aux deux sœurs, et donne des robes à quelques-unes des dames de son entourage[45].

N'oublions pas de dire qu'il y avait auprès du Roi, dans les derniers temps, un fou attitré, nommé Colart, qui : avait été surnommé Monseigneur de Laon[46].

Que devenait la Reine pendant ces années de vie licencieuse ? Elle n'était point, comme on pourrait le croire, éloignée de son mari. Elle était venue le rejoindre en Bourbonnais, à la fin de 1455, et avait passé avec lui la fête de Noël à Montluçon. Nous la retrouvons au château de Nades, en septembre 1456, et au château de Saint-Priest, en mai 1457. Durant l'hiver de 1458, elle est à Tours ou aux Montils. En 1459, elle est à Chinon et à Champigny, près du Roi. Mais elle reste en Touraine et n'accompagne pas son mari quand celui-ci se transporte en Berry dans l'été de 1460. Marie d'Anjou n'ignore pas la conduite scandaleuse de son époux : elle supporte tout avec patience, sans faire entendre l'ombre d'un murmure[47].

Une lettre adressée par le Roi, le 27 mars 1456, au maréchal de la Fayette, nous le montre occupé de la prochaine venue de sa femme et de ses enfants, pour lesquels il fait préparer un logis, et inquiet de la santé de son fils Charles : Il ne semble pas, écrit-il du Châtellier[48], que notre très chère et très amée compagne la Reine, ni pareillement nos enfants, puissent venir par deça jusques vers la fin d'avril, pour ce qu'il n'est pas possible que le logis puisse être plutôt prêt... Il faudra que l'on fasse diligence, si le cas le requiert, de choisir les lieux qui sembleront être les meilleurs, car d'ici où nous sommes, nous ne pouvons pas si bien connaître les lieux plus convenables comme vous et ceux qui sont par delà peuvent faire... Nous avons parlé à maistre Guillaume Girard touchant l'état de notre fils, ainsi que nous avez écrit. II sera bon, tandis que vous êtes par delà que vous en enquerriez plus au vrai, car, par chose que de lui en ayons ouï ni fait ouïr, ni aussi par chose que par maître Guillaume d'Ange en ayons su, nous n'en savons que croire. Et pour ce, à votre retour devers nous, nous en pourrez dire ce que en aurez trouvé.

Charles VII avait une affection particulière pour son dernier né[49], qu'on appelait à la Cour le petit seigneur. Dès l'âge de quatre ans, il l'avait placé sous la direction de Guy de Fromentières, chevalier, maitre d'hôtel de la Reine[50] ; à six ans, il lui donnait un chapelain, Pierre de Cathneuil[51], et un maistre d'école, Robert Blondel, et faisait acheter des livres pour son usage[52]. Le petit Charles avait trois ménestrels attachés à sa personne[53]. Quand, en 1460, Charles VII quitta la Touraine pour se fixer en Berry, il emmena avec lui son fils, qui fit à Bourges son entrée de joyeux avènement et donna la liberté à tous les prisonniers qui s'y trouvaient[54].

Nous avons dit plus haut que Charles VII avait eu d'Agnès Sorel trois filles naturelles, Marie, Charlotte et Jeanne. L'aînée avait été confiée à l'amiral de Coëtivy, qui la fit élever dans son château de Taillebourg. Après la mort de l'amiral, tué à Cherbourg en 1450, la petite Marie passa sous la garde d'Olivier de Coëtivy, qui devint sénéchal de Guyenne. En 1451, pendant la première campagne de Guyenne, Charles VII séjourna à Taillebourg, et les comptes mentionnent un don fait à sa fille[55]. Nous avons la trace d'un autre don en juillet 1453, pendant le séjour du Roi en Saintonge[56]. Quand elle fut en âge d'être mariée, Olivier de Coëtivy, qui, fait prisonnier par les Anglais lors de l'invasion de la Guyenne, venait enfin d'être libéré, demanda la main de Marie de Valois. Nous avons une lettre de Charles VII, adressée à Olivier le 26 mai 1458, dans laquelle il disait : Nous avons reçu vos lettres écrites à Bordeaux le dix-huitième jour de ce présent mois de mai, faisant mention comme nos amés et féaux conseillers maîtres Jean Bureau et Pierre Doriole vous ont fait savoir que nous étions content du mariage d'entre vous et Marie qui est à Taillebourg ; duquel mariage êtes de votre part délibéré d'entendre, en nous suppliant que veuillions au surplus faire procéder à l'accomplissement d'icelui, et le plus tôt qu'il sera possible. Sur quoi vous signifions que, en faveur de vous et pour considération des services que vous et vos prédecesseurs nous avez toujours faits, dudit mariage avons été et sommes bien content. Et de la forme comment entendons qu'il soit traité avons signé certains articles, desquels avons chargé ledit maître Pierre Doriole, qui les a par devers lui, vous envoyer le double. Et, au regard de ce que requerrez que la chose soit accomplie le plus tôt que possible sera, nous avons intention, dedans la fin du mois d'août prochain venant, ou plus tôt si possible est, envoyer homme exprès par delà avec puissance de y besogner et d'en traiter, passer et accorder les lettres[57]. Le 28 octobre suivant, Charles VII donnait des lettres patentes dans lesquelles il exposait 'que son amé et féal conseiller et chambellan Olivier, sire de Coëtivy et de Taillebourg, lui avait fait remontrer que, pour les bonnes mœurs et vertu qui sont en la personne de notre chère et amée fille naturelle Marie de Valois, et principalement pour le grand désir et affection qu'il a de soi approcher de nous et plus être en notre bonne grâce, il désirait avoir en mariage ladite Marie, si c'était le plaisir du Roi. Celui-ci, ayant en considération les grands, louables et continuels services rendus par feu Tanguy du Chastel, oncle d'Olivier, et par l'amiral son frère, ayant aussi égard à ce que feu Prégent de Coëtivy, par ordre et commandement à lui fait, avait pris ladite Marie étant enfant et l'avait menée au chat eau de Taillebourg, où, tant durant la vie de l'amiral que depuis, elle avait été nourrie et alimentée, déclarait consentir au mariage et donner à Marie une dot de douze mille écus d'or, à payer en six années ; il abandonnait en outre à Olivier et à Marie les terres et seigneuries de Royan et de Mornac en Saintonge, pour eux et leurs descendants[58].

Le 3 novembre, par deux lettres missives, Charles VII notifia à Olivier et à Marie son consentement à leur union[59]. Enfin, par lettres données à Vendôme au mois de novembre, il avoua Marie pour sa fille naturelle et lui donna le nom de Valois, avec les armes de France modifiées par la barre indiquant la bâtardise[60]. Une somme de seize cent cinquante livres fut remise par le Roi à sa fille, pour avoir robes et habillement à son plaisir le jour et fête de ses noces[61]. Le contrat de mariage fut passé le 25 novembre 1458, en présence de Pierre Doriole, conseiller du Roi et général des finances, délégué par son maitre pour le représenter.

La dame de Taillebourg fut une tendre et fidèle épouse, comme l'attestent ses lettres, qui nous ont été conservées et qui tracent une charmante peinture de son intérieur[62]. Il n'en fut pas de même de sa sœur Charlotte : mariée en 1462 à Jacques de Brézé, dont elle eut cinq enfants, elle fut surprise un jour en flagrant délit d'adultère, et poignardée, ce qui donna lieu à un long procès criminel[63]. Quant à la troisième fille naturelle de Charles VII, Jeanne, après avoir été promise à Prégent Frotier, baron de Preuilly, qui l'avait élevée, elle fut mariée, par contrat du 23 décembre 1461, à Antoine de Bueil, fils de l'amiral[64].

Les dernières années de Charles VII, dit M. Vallet de Viriville, furent abreuvées d'amertumes. Un mal moral, inéluctable, parvint jusqu'à son cœur à travers ses gardes[65], à travers ses courtisans, qui l'entouraient avec un soin non moins jaloux que ses satellites. Ce mal fut la véritable cause qui le fit mourir avant le terme assigné par les lois de la nature. Le Roi avait pour ennemi son propre fils, le Dauphin... Louis multiplia les pièges autour du Roi, séduisant les villes, subornant les domestiques de son père, sachant, de loin, resserrer chaque jour les mailles d'un réseau dans lequel il investissait le Roi et la couronne... A chaque ride qui paraissait au front de Charles VII, au fur et à mesure que ses cheveux blanchissaient, il perdait un serviteur, un dévouement, puis un autre, et livrait, pour ainsi dire, autant de transfuges à son futur successeur[66]. Les rares données que nous possédons nous montrent que, sur divers points du royaume, des complots se trament. dans l'ombre ; de nombreux prisonniers sont faits ; des procès instruits, des exécutions capitales ordonnées[67]. Mais c'est surtout autour du trône que les intrigues se nouent, que les délations abondent, que des craintes de trahison viennent assombrir l'âme du Roi et lui faire soupçonner ceux qu'il croyait les plus fidèles[68]. Si l'on veut savoir quels étaient ceux que le Dauphin avait su gagner, on n'a qu'a étudier les documents des premiers mois de son règne : à côté des nombreuses disgrâces ou destitutions dont sont l'objet les personnages le plus avant dans l'intimité de son père, tels que le comte du Maine, le comte de Foix, Dunois, Brezé, Chabannes, le chancelier Jouvenel des Ursins, l'amiral de Bueil, le grand maître Gan-court, le maréchal de Lohéac, le grand maître des arbalétriers Jean d'Estouteville, Cousinot, Étienne Chevalier, etc., il y a des faveurs significatives témoignées à Richard Olivier, évêque de Coutances, à Jean Bureau, à Joachim Rouault, à Dorlote, à Dauvet, au trésorier Bérard, aux secrétaires Jean de la Loère et Jean de Reilhac, au receveur général Beauvarlet. Enfin la maîtresse en titre, Antoinette de Maignelais, reçoit de Louis XI une pension de six mille livres.

Dans le portrait qu'il trace de Chartes VII, Thomas Basin écrit : Il était sobre et tempéré, ce qui contribua beaucoup à sa bonne santé ; il fut rarement malade, parce qu'il observait fidèlement le régime que les médecins lui avaient prescrit[69]. A Pourtant, dans les dernières années, sous l'empire du mal moral qui le rongeait, et par suite de ses mœurs licencieuses, sa santé s'altéra et déclina rapidement.

Dès l'automne de 1455, Charles VII avait été un peu mal disposé d'un côté[70]. Cette indisposition n'eut pas de suites ; mais, au mois de décembre 1457, le Roi tomba malade, et d'une façon si grave que l'on put craindre qu'il n'en reviendrait pas. Après avoir été plusieurs jours entre la vie et la mort, il recouvra peu à peu la santé. On a vu quelles précautions la Reine et les seigneurs de sou entourage durent prendre pour lui éviter toute émotion. Chastellain dit à ce propos : Vous peut assez souvenir qu'en l'hiver passé le Roy avoit esté malade durement, et lui attribuait-on mal incurable en une jambe qui tousdis couloit et rendoit matières incessamment, qui le mettoit à fin[71]. Ce mal de jambe persista : il y est fait allusion dans-un document en date du 15 novembre 1459[72].

Nous avons vu que, au mois de juin te), Pie II disait à un ambassadeur milanais qu'il était informé que Charles VII était très gravement malade et en péril de mort[73]. Dès cette époque c'était un fait avéré que le Roi était infirme et qu'il n'avait que peu de temps à vivre. Dans un procès en date du mois de janvier 1461, on parlait de l'état maladif du Roi[74]. Au commencement de cette année, sa maladie prit lm caractère alarmant, et sa vie fut pendant quelques jours eu danger[75]. Charles VII n'en continua pas moins de s'occuper des affaires de l'État : le 21 mars il donnait réponse, de sa propre bouche, à l'ambassadeur de son fils ; dans le courant d'avril et de mai, il signait de sa main de nombreuses lettres patentes ou missives[76]. Mais sa santé restait fort ébranlée : un agent de Sforza écrivait de Saint-Orner, le 8 mai, à son maitre : Les astrologues ont, fait savoir au duc de Bourgogne que le Roi est en grand péril de mort ; il ne peut échapper que par miracle, et sa vie ne saurait se prolonger au-delà du mois d'août. Nous constatons cependant que, au mois de mai, Charles VII donna audience aux ambassadeurs des princes d'Orient et que, à la fin de juin, il présidait encore les séances du Conseil.

Il y avait à la Cour une femme qui, tout effacé que pût être son rôle, comparé avec celui qu'elle avait eu dans les premières années de sa faveur, n'en continuait pas moins à avoir une grande influence, et poursuivait ses intrigues intéressées.

A l'époque où nous sommes parvenus, Mademoiselle de Villequier n'était plus favorite qu'en titre, car elle avait délaissé le Roi, devenu infirme et valétudinaire, pour un prince jeune et plein d'avenir, François, comte d'Étampes, duc de Bretagne depuis le 28 décembre 1458. Le duc séjournait souvent à la Cour, et Antoinette devait, après la mort de Charles VII, le suivre en Bretagne et devenir sa maîtresse en titre. C'est par cette femme, courtisane vénale et sans pudeur, que le Dauphin était le mieux renseigné sur ce qui se passait à la Cour : il entretenait avec elle une correspondance secrète[77]. Quand il vit que ses plans échouaient devant la fermeté de son père, et que la vie n'était point encore éteinte dans ce corps usé et amaigri, il résolut de porter les derniers coups par la délation et le mensonge.

Il fit à dessein tomber entre les mains d'un valet de chambre du Roi une lettre écrite à Antoinette, où, après l'avoir remerciée des avertissements qu'elle lui donnait, il ajoutait : J'ai eu semblablement des lettres du comte de Dammartin, que je feins de haïr, qui sont semblables aux vôtres. Dites-lui qu'il me serve toujours bien, en la forme et manière qu'il m'a toujours écrit par ci-durant ; je penserai aux matières de quoi il m'a écrit, et bientôt il saura de mes nouvelles[78]. Le valet de chambre, au lieu de remettre la lettre à Mademoiselle de Villequier, alla la porter au comte du Maine, lequel la montra au Roi. Je ne puis penser, dit celui-ci au comte du Maine, que le comte de Dammartin me veuille faire quelque lâche tour. Mais le comte du Maine, qui détestait Chabannes, obtint, dit-on, qu'il fût exilé à Saint-Fargeau[79]. Le Roi, voulant être fixé sur les prétendues relations du comte de Dammartin avec le Dauphin, envoya tout exprès tin cordelier à Genappe, et acquit bientôt la certitude, par le rapport de secrétaires du prince qui étaient d'intelligence avec la Cour, que jamais le comte n'avait écrit au Dauphin. Chabannes fut aussitôt rappelé[80].

D'autres bruits, habilement répandus par le Dauphin, firent croire au Roi qu'il y avait des traîtres jusque dans son entourage. Son médecin Adam Fumée fut enfermé par son ordre dans la grosse tour de Bourges ; un de ses chirurgiens aurait eu le même sort s'il n'avait pris la fuite : il se réfugia à Valenciennes, dans le voisinage du Dauphin, semblant par là confirmer les soupçons conçus contre lui[81].

Au commencement de juillet, l'état du Roi s'aggrava. L'inquiétude fut grande à la Cour. On crut que la mort était proche, et le vide commença à se faire autour du souverain. Au bout de quelques jours, une amélioration survint ; le Roi put assister à la messe, et l'on se rassura[82]. Pourtant, à partir du 10, des prières publiques furent ordonnées : chaque jour, à Saint-Étienne de Bourges, on disait une messe pour sa guérison, et l'on fit des processions solennelles à Bourges et à Paris[83].

Quelle était la nature de la maladie ? Charles VII souffrait d'un mal étrange dans la bouche[84] et dut subir l'extraction d'une dent. Cette opération détermina une fluxion et un abcès[85]. Dans l'état d'affaiblissement où il était — et l'on dit que le poison n'y fut point étranger[86], — avec un sang vicié et cette plaie de nature cancéreuse qu'il avait à la jambe depuis plusieurs années, le moindre mal pouvait entraîner une issue fatale. Le comte du Maine réunit les membres du Conseil, et leur fit jurer que, si le Roi revenait à la santé, ils s'emploieraient de leur mieux à réconcilier le Dauphin avec son père. Il fut convenu qu'on écrirait à Louis pour l'informer de l'état alarmant du Roi. La lettre qui lui fut adressée portait la date du 17 juillet, et la signature de tous les membres du Conseil présents à Mehun.

Plaise vous savoir, notre très redouté seigneur, disaient les conseillers du trône, que certaine maladie est, puis aucun temps en ça, survenue au Roi votre père, laquelle premièrement a commencé par la douleur d'une dent, dont à cette cause il a eu la joue et une partie du visage fort chargée, et a rendu grande quantité de matière, et a été sa dite dent après arrachée, et la plaie curée, en manière que, tant pour ce que aussi par le rapport que les médecins nous faisoient chaque jour, nous avions ferme espérance que bref il dût venir à guérison. Toutefois, pour ce que la chose est de plus longue durée que ne pensions, et que, comme il nous semble, il s'affoiblit plus qu'il n'avoit coutume, nous, comme ceux qui après lui vous désirons servir et obéir, avons délibéré de vous écrire et faire savoir, pour vous en avertir, comme raison est, afin de sur tout avoir tel avis que votre bon plaisir sera[87].

Cette lettre produisit une vive sensation à la cour de Genappe on la considéra connue l'arrêt de mort du Roi. L'opinion de la mort ou de l'état mortel du Roi de France, écrivait Camulio[88], est appuyée sur de nombreux signes : d'abord la nouvelle que l'envoi de l'armée qui devait aller en Angleterre est suspendu, ensuite le rassemblement des seigneurs de France en si grande hâte, enfin la lettre qu'ils ont adressée à Monseigneur le Dauphin, ce qu'ils n'auraient pas fait si le cas n'avait point été tel ; et il annonçait que le Dauphin était aussitôt parti pour Avesnes, pour être prêt à prendre la route de Reims, où se ferait le couronnement[89].

Cependant l'état du Roi empirait ; dès le lendemain du jour où la lettre précitée avait été envoyée, on le regardait comme désespéré[90]. Ici, les témoignages des contemporains sont contradictoires. A entendre le chroniqueur officiel Jean Chartier, le Roi, ayant été informé qu'on voulait l'empoisonner, ficha tellement ledit empoisonnement en son cœur que oncques puis n'eult joye ne santé ; il se desconforta tellement qu'il delaissa le mengier par l'espace de huit jours ou environ, pour ce qu'il n'osait 'se fier à nul de ses gens. Ne pour chose que ses physiciens lui dirent, il ne vouloit menger ni prendre aucune refection, et jusque à ce que ses physiciens lui dirent que s'il ne mangeait il estoit mort. Et adonc mist paine de menger, mais ne peult, car ses conduits estoient jà tous rettraitz[91]. D'après l'historien du comte de Foix, les choses se seraient passées autrement : Et veullent dire aucuns, et c'est l'oppinion de plusieurs, que, parce que en l'avoit adverti que il se prenist garde quelz gens le serviroient en son menger, il entra dès lors en une si grande seuspicion et deffiance que à la plus grant paine du monde le povoit-on faire menger ; et si petit qu'il voullust manger en sa maladye, jamais il ne voullut prendre par mains de nul serviteur qu'il eust ne d'aultre fois que monseigneur le comte de Foix luy mesme, de sa propre main, le lui baillast et administrast... Et est à penser que sa maladie le destraignoit et luy estoit si dure et tant oppressive que le manger lui estoit en ce point fastidieux[92].

D'autres témoignages contemporains nous apprennent qu'il était survenu un abcès dans la mâchoire qui rendait toute alimentation impossible[93].

La maladie du Roi se prolongea jusqu'au 22 juillet. Malgré une faiblesse croissante, Charles VII avait gardé toute sa connaissance. Quel jour est-ce ? demanda-t-il aux religieux qui l'entouraient. — Sire, lui répondirent-ils, il est le jour de la glorieuse Magdaleine. — Ah ! reprit-il, je loue mon Dieu et le remercie de ce qu'il lui plait que le plus grand pécheur du monde meurt le jour de la pécheresse. Il se confessa, reçut le saint viatique et l'extrême onction, et prit ses dernières dispositions. Il demanda à être enterré à Saint-Denis, dans la chapelle où reposaient son père et son grand-père ; il recommanda à Chabannes de servir fidèlement le petit seigneur son fils[94]. Une autre parole doit être recueillie. Comme Chabannes l'exhortait à prendre quelque nourriture, disant que, s'il se déliait de quelqu'un, il lui fit faire son procès et le fit tirer à quatre chevaux, le Roi répondit : Je remets la vengeance de ma mort à Dieu ![95] Charles VII expira le mercredi 22 juillet 1461, entre midi et une heure ; il avait cinquante huit ans, cinq mois et un jour[96].

Dans les derniers jours de juillet, le convoi royal s'acheminait vers Paris. Sur un chariot branlant, recouvert de velours noir avec une grande croix de velours blanc, et traîné par cinq chevaux, était placée l'image du Roi, tout au plus près de sa semblance, veste et paré en habit et estat royal. Une longue robe et un manteau de velours bleu, fourré d'hermines et de menu vair, et semé de fleurs de lis d'or, recouvrait cette image, qui portait une couronne d'or, garnie de pierreries, avec le sceptre royal et une main de justice en argent. A. la suite du chariot, venaient le duc d'Orléans, le comte d'Angoulême, le marquis de Saluces, Charles de Gaucourt, seigneur de Chasteaubrun, le seigneur de Rochefort, le bailli de Touraine Antoine d'Aubusson et le prévôt de l'hôtel Jean de la Gardette, d'autres seigneurs encore, puis grand nombre de serviteurs du feu Roi, rendans de piteux cris et lamentations par tout leur chemin. La douleur du peuple répondait à celle des familiers du Roi, car publiquement on le pouvoit bien nommer Charles le Bien Servy et Bien Amé.

Le convoi arriva le mercredi 5 août au soir, à l'église Notre-Dame des Champs, aux faubourgs de Paris, où un service solennel fut célébré le lendemain. Dans l'après-midi, on se rendit processionnellement à Notre-Dame, où furent dites les vigiles des morts, en présence du duc d'Orléans, des comtes d'Eu et de Dunois, du grand maître des arbalétriers Jean d'Estouteville, de l'amiral de Bueil, du maréchal de Lohéac, etc. Une grand'messe fut célébrée le jeudi par Louis d'Harcourt, patriarche de Jérusalem. Après l'offrande, maître Jean de Chasteaufort prononça l'oraison funèbre du feu Roi, en prenant pour texte ces paroles : Memenio judicii mei, Domine. Il dit comment le Roi s'était confessé et avait reçu la sainte Eucharistie, en grande dévotion ; il ajouta que, tandis qu'on lisait la passion de l'évangile selon saint Jean, à ces mots : inclinato capite emisit spiritum, le Roi avait rendu son âme à Dieu. A trois heures, le cortège se mit en marche vers l'église de Saint-Denis, dont la nef avait été tendue de satin noir, avec une voûte de toile bleue ornée de fleurs de lis. Le corps fut déposé dans une chapelle tendue de velours. Le vendredi 7, le patriarche de Jérusalem présida la cérémonie. Singulière ironie du sort ! le sermon fut prononcé, au milieu des lamentations populaires, par maistre Thomas de Courcelles, docteur en théologie, l'un des juges de Jeanne d'Arc. Puis on porta le corps dans la chapelle mortuaire où reposaient Charles V et Charles VI. Quand il eut été déposé dans la fosse, après que l'officiant eut jeté sur le cercueil la première pelletée de terre, un héraut d'armes s'approcha, et, inclinant sa masse d'armes, dit d'une voix émue : Priez pour l'âme du très excellent, très-puissant et très-victorieux prince le Roy Charles, septiesme de ce nom ! Il y eut un moment de silence, interrompu seulement par les sanglots des assistants. Puis le héraut releva sa masse d'armes, en criant : Vive le Roi ! Et les secrétaires répondirent par le cri de Vive le Roi Louis ![97]

 

On vient de voir comment mourut Charles VII. Transportons-nous auprès d'un autre lit de mort. Nous apercevons un moribond tellement maigre et défait qu'il fait pitié à tous ceux qui l'entourent ; sa faiblesse est si grande qu'il peut à peine porter la main à sa bouche ; un instant il a perdu la parole, mais il l'a recouvrée, et il garde toute sa connaissance. On lut dit qu'il va mourir et qu'il est temps de se mettre en état de paraître devant Dieu : Je ne suis pas si malade que vous pensez, répond-il. Pourtant il se confesse, reçoit les derniers sacrements et appelle auprès de lui son fils, ce Dauphin qu'il n'avait point vu depuis plusieurs années et que, par défiance, il faisait garder étroitement. II lui adresse ses dernières recommandations ; il l'engage à tenir le royaume en paix, et à ne point congédier les serviteurs du trône, comme lui-même l'avait fait à son avènement. II meurt enfin, après une existence troublée, où il n'avait guère connu le repos ni la sécurité, dans ce château hérissé de grilles, de barres de fer, de broches dont il avait fait une forteresse, et où il s'était enfermé, en proie à des craintes incessantes et à des terreurs sauvages[98].

Ce moribond, c'est le fils de Charles VII, c'est Louis XI.

L'heure de la justice vengeresse avait sonné.

 

On a dit avec raison : C'est aux contemporains à juger les choses et les hommes de leur temps[99]. Le jugement des contemporains doit-il être le jugement de la postérité ? Assurément, c'est d'après leurs actes qu'il faut apprécier le caractère des rois, et l'histoire, mieux informée, a toujours le droit de casser des arrêts trop complaisamment rendus. Mais n'oublions pas que les anciens prononçaient sur la dépouille mortelle de leurs princes s'ils estimaient qu'elle fût ou non digne des honneurs de la sépulture, et cette sentence était celle de la postérité. Les sujets de Charles VII auraient-ils hésité à accorder ces honneurs à leur maitre ? Les regrets unanimes qui éclatèrent à sa mort ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. Ce fut un deuil universel[100]. Peu de rois ont été pleurés autant que le fut Charles VII ; ajoutons que fort peu ont été autant loués par leurs contemporains. Il ne sera pas sans intérêt de recueillir, en terminant, ces témoignages, qui contrastent si étrangement avec le langage de nos modernes historiens.

Ce sont d'abord les nations étrangères qui célèbrent à l'envi les louanges de Charles VII, et rendent hommage à l'ascendant de sa couronne. Pour elles, il est le grand Roi de l'Occident[101] le Roi des Rois, le seigneur de la mer et de la terre[102], le grand Roi par excellence[103]. Qu'on entende les ambassadeurs saxons paraissant à la cour de France en 1459[104], ou les ambassadeurs florentins venant saluer le nouveau Roi[105], c'est le même concert de louanges et d'admiration. Charles VII est l'objet de l'estime universelle, et sa puissance est justement redoutée[106]. Le Roi est puissant à merveille et est de grande conduite, disait le comte de Charolais, et n'y a Roi au monde aujourd'hui qui tant face à craindre[107]. Ses ennemis eux-mêmes ne peuvent s'empêcher de faire son éloge : Je le tiens si puissant, si sage et si prudent, répondait le duc de Bourgogne au Dauphin qui lui demandait un secours armé pour chasser les mauvais conseillers de son père, qu'il saura bien réformer ceulx de son Conseil, sans qu'il soit besoin que autrui s'en doive mêler[108].

Ce sont les chroniqueurs hostiles à la France qui font entendre un concert d'éloges où la louange devient même parfois hyperbolique. Georges Chastellain, l'historiographe de Philippe le Bon, en cent endroits de ses nombreuses productions, appelle Charles VII le Roi très clair et luisant, le Roi émerveillable et prodigieux, le Roi plus exalté par vertus que par fortune et que nom, non seulement, mais fait glorifie, le Roi tout laborieux, Roi sur tous Rois, le grand Roi des merveilles, le plus sage et le plus glorieux Roi, tout compris, et le plus clair et plain de hauts faits qui guères ait été depuis Charlemagne ; il lui prodigue les épithètes de second Auguste, de nouveau César triomphant sur le monde, d'autre Charlemagne victorieux, occupant la terre de sa renommée[109], etc. L'évêque Guillaume Fillastre, l'un des conseillers du duc de Bourgogne, célèbre aussi les vertus et les hauts faits de Charles VII, et le proclame le Roi le plus magnanime qui ait régné depuis Charlemagne[110]. Jean Le Fèvre, seigneur de Saint-Remy, le héraut bourguignon qui, sous le nom de Toison d'Or, apparaît si souvent dans l'histoire du temps et vint tant de fois, comme ambassadeur, à la cour de Charles VII, écrit : En telle renommée et gloire regna jusques à la mort ; et qu'il soit vray que depuis trois cents ans n'eust Roy en France qui mieulx se gouverna que luy[111].

Plus sobres dans les expressions, les chroniqueurs français sont unanimes à vanter la sagesse, la prudence, la clémence, la bonté, l'affabilité, la générosité de Charles VII ; ils louent son grand sens, la finesse de son esprit, sa bravoure ; ils nous le montrent sans cesse occupé du bonheur de son peuple, prenant un soin vigilant des affaires de l'État, possédant à fond cette science si rare mais si nécessaire chez les souverains, la science des hommes[112]. Pour eux, aucun prince ne fut plus fidèle à ses devoirs[113], plus jaloux de l'honneur de sa couronne, plus exempt de vices[114]. Il est — c'est un auteur bourguignon qui le proclame — un exemple de hautes perfections[115].

La même unanimité se retrouve dans les jugements non plus sur le personnage royal, mais sur les résultats du règne[116].

Écoutons Georges Chastellain :

Luy de son royaume tout desolé, tanné et deschiré comme un desemparé et demoli à tous les costes, miné en ses fondemens, et en toutes ses beautés et magnificences mis à ruine, sans labeur, sans peuple habitant, sans marchandise et sans justice, sans règle et sans ordre, plein de larrons et de brigans, plein de povreté et de mesaise, plein de violence et d'exaction, plein de tirannie et d'inhumanité, et qui mesures avoir son royal throne et siège gisant par terre, tombé et enversé ce dessus dessoubs, scabeau des pieds des hommes, foulure des Anglois et le torchepied des sacquemans[117], il, en grand sens et labeur, en toute frequente pourvision necessaire, par vertu, par diligence, par conseil et par remède, le remit en justice et eu paix, le remit en ordre et en règle, le repeupla d'hommes et de labeur, le ramena à franchise et à richesse et tout ce qu'il y avoir de mal il l'extirpoit et le dechassoit dehors ; et tout ce qui estoit de profit, de gloire et de salut, tout y faisoit recroistre et renaître par abondance ; et tellement qu'en recouvrant son royaume tout à luy par sens et par armes, ce qu'oncques n'avoit esté vu en autre, il en fit le royaume de benediction, le royaume de justice et de seurté, le royaume de cremeur et de souverain honneur du monde. Et lui, cause et procureur de tous ces hauts biens, s'acquit triumphale gloire et louange sur tous les Roys de la terre[118].

Écoutons Henri Baude : le ton du panégyriste ne diffère guère de celui de l'adversaire :

Et tellement conduisit ses œuvres, et en si granit justice et police, que, en bref temps et sans grant effusion de sang, il recouvra tout sou royaume. En quoy faisant les laboureurs ne laissoient point de labourer ne à eulx tenir en leurs maisons, car les gens d'armes ne leur faisoient aucunes exactions, ne cause n'en avolent ; et si n'eusent osé, car ils estoient bien paiez. Par quoy, vingt ans avant son trespas, lui et son peuple vesquirent en paix et transquillité, aimé tant de ses subjectz comme des nacions estranges — étrangères — qui venaient souvent devers lui à conseil pour le different de leurs questions, et ce pour la grant justice qu'il tenon. Craint des bons et des mauvais : des bons qui craignoient mal faire, de paour qu'il ne vint à sa congnaissance ; des mauvais qui craignoient sa justice. Obey de ses vassaulx et subjects, et bien servy de ses serviteurs, vielz, saiges et bien morigenez, qui savoient sa condicion telle qu'il vouloit que chacun eust, ce qui lui appartenon. Et trespassa en vieil âge. Et après son decès, fût en grant solempnité, pleur et lamentation ensevely honorablement, et à grans regrets de gens de tous estatz, qui encores dure, en l'église Saint-Denis en France, avec ses predecesseurs[119].

Écoutons Thomas Basin, évêque de Lisieux :

Charles fut remarquable par sa prudence, son honnêteté et sa modération. La meilleure preuve, c'est que, jeune encore quand il parvint au trône, son père étant mort sous la domination des Anglais et des Bourguignons qui occupaient, la plus vaste et la meilleure partie du royaume... il finit par chasser ses, ennemis de tout le royaume et par reconquérir des provinces que les Anglais regardaient comme leur bien propre. Après ces victoires, remportées par un secours spécial du ciel, il sut gouverner avec tant de sagesse, qu'il laissa à son fils dans un état florissant ce même royaume qu'il avait trouvé épuisé, affaibli, presque désert, dépeuplé par de si longues guerres et de si lourds impôts[120].

Ouvrons enfin certaines chroniques manuscrites du temps ; nous retrouverons les mêmes appréciations :

Après ledit Charles VIe, regna Charles, VIIe de ce nom, renomme le très-saige, victorieux et bien servy, tant pour la sapience de luy et le bon conseil qu'il avoit tousjours, comme pour les grandes et merveilleuses victoires qu'ilz obtint sur ses ennemis, sans grande effusion de sang[121]...

En ce point myst tout son reaume en paix et myst bonne ordenance en ses gens d'armes, tielemant que marchandise corroit par tout son reaume. Il fut begnin prince tant qu'il vesquit. Jamès ne consantit mort de hommes, et amoyt justice sur toute chouse et gens de bon gouvernement[122].

Ledit Roy Charles septiesme trouva son royaume bien empeschié de ses enciens ennemys les Anglois. Mais, par l'aide divin et de sa bonne chevalerie, il les en chassa dehors... Et tellement qu'il laissa à son décès son Royaume en aussi bonne paix, justice et transquillité qu'il feust depuis le Roy Clovis premier crestien[123].

Le même concert d'éloges se retrouve, soit dans la note du greffier de la Cour des comptes enregistrant la mort de Charles VII[124], soit dans les discours prononcés aux Etats de Tours en 1484[125].

Il faut bien tenir compte de cet imposant ensemble de témoignages et se rendre à l'évidence des faits. Si Charles VII a été jugé par les historiens modernes d'une façon peu équitable ; si son caractère a été mal apprécié, c'est que le personnage royal était insuffisamment connu, c'est qu'il n'avait point été envisagé à la lumière des documents contemporains.

Quoi qu'on puisse penser de la faiblesse de Charles VII durant les premières années de son règne ; quelques réserves qu'on puisse faire au sujet de ce qu'on a appelé son lâche abandon de Jeanne d'Arc et son ingratitude envers Jacques Cœur ; quelque sévère que suit le blâme qu'on doive lui infliger pour le scandaleux débordement de ses mœurs dans la dernière partie de son règne, il est impossible de ne point reconnaître chez ce prince un sens droit et un esprit judicieux ; un sentiment profond de la dignité de sa couronne et des intérêts de son peuple ; une rare perspicacité à reconnaître les talents et les aptitudes, et à s'entourer des plus habiles et généralement des plus dignes de confiance. Son intervention personnelle active et éclairée dans les affaires de l'État, durant la seconde moitié de son règne, ne saurait être mise en doute, pas plus que sen soin vigilant à assurer le repos et le bien-être de ses sujets, son amour sincère de la justice, sa volonté ferme et persévérante de faire régner l'ordre et la discipline dans son armée. Il eut toujours une attention scrupuleuse à pourvoir les offices d'hommes honnêtes et capables. Il témoigna d'un désir généreux et parfois immodéré de récompenser les services rendus. Son inviolable fidélité à tenir la moindre de ses paroles était proverbiale. On doit vanter sa dignité grave, jointe à une affabilité pleine de charmes ; sa tempérance ; sa clémence égale à son humanité. Il fit preuve d'une prudence qui ne laissait rien au hasard, d'une rare énergie dans les circonstances difficiles, d'une suite dans les desseins qui lui assura le succès quand la fortune ne conspira pas contre lui. Il montra de la bravoure à l'occasion, bien qu'il n'eût point la passion des armes. En toutes choses, il ne se départit jamais d'une sage modération qui lui assura l'amour de ses sujets, l'estime de ses alliés et même de ses ennemis. Ce sont là des qualités vraiment royales et qui peuvent effacer plus d'une tache.

Certains esprits prévenus diront peut-être que tout cela ne constitue point la vraie grandeur et ne suffit point pour assurer la gloire. On n'en doit pas moins assigner à Charles VII une place honorable dans notre histoire. Et si l'on ne va pas jusqu'à lui accorder, avec le P. Daniel, d'avoir été un des grands princes qui aient porté la couronne de France[126], on peut dire de lui, avec plus de justesse, ce que Duclos a dit de son successeur : Tout mis en balance, c'était un Roi[127].

 

FIN DU SIXIÈME ET DERNIER VOLUME

 

 

 



[1] El Re de Francia protinus he in governo de femine. Dépêche du 9 mai. Archives de Milan. — Après ceste glorieuse recouvrance, dit Chastellain (t. IV, p. 308), le Roy s'effemina et s'oublia en pechés. Cf. Pii secundi Commentarii, p. 160.

[2] Thomas Basin, t. I, p. 313.

[3] Thomas Basin, t. I, p. 327. Un panégyriste du Roi convient de ses faiblesses, tout en cherchant à les excuser :

Se cueur villain imputoit à mescbief

Le passe temps qu'avoit au cuvrechief,

De l'onnorer et amer de rechief

Et lui complaire.

Aux mesdisans il n'en veuille desplaire ;

Car tout bon cœur si doit servir et plaire

Au noble sexe que Dieu a volu faire

Pour soulasser

Les vrais amans et leur temps y passer,

Saulve l'onneur qu'il y fault compasser

Et les affaires qu'il ne fault trespasser,

En les amant.

Regrets et complaintes de la mort du Roy Charles VIIe derrenier trespassé. Morceau publié par Vallet de Viriville, Nouvelles recherches sur Henri Baude (p. 17 et suivantes), et qu'il supposa avoir été composé par Henri Baude.

[4] On lit dans les Commentaires de Pie II, p. 163, à propos d'Agnès Sorel : Si quis aliquando, vel confessor, vel alius auctoritate potens, regem de adulterio coarguit, negabat consuetudinem stupri se habere, verum oblectari facetiis et blandimentis fœminæ ; licere sibi, ut ceteris regibus, futuum aliquem penes se habere, cum quo, luxandi animi gratia, versaretur, mec distare femina, an masculus esset ; sibique feminam obligisse, qua suis deliramentis multos immisceret jocos. Atque his nugis excusari volebat.

[5] Nous trouvons dans le compte de l'argenterie, pour l'année 1158-1159, la mention suivante relative au séjour de Charles VII à Tusseau : A Anthoinette de la Porte, damoiselle, femme de Guerin Montigné, demeurant environ Tusseau, près Tours, que le Roy nostre dit seigneur lui avoit [donné] audit moys de janvier pour avoir robes et abillemens à son plaisir, en faveur mesmement et pour ce que aucuns des gentils hommes et officiers de son hostel voient esté logiez en sa maison durant le temps que le Roy nostre dit seigneur avoir lors esté logié audit lieu de Tusseau, la somme de 50 escus d'or. Archives, KK 51, f. 106 v°.

[6] Quand le Roi allait des Montils à Tours, il était logé chez son trésorier Jean Hardouin ; cela résulte de la mention, dans le même compte, d'un don de cent écus fait par Charles VII à Tomasse, femme de sire Jean Hardouin, et à Jeanne sa fille, pour leurs estrennes, et pour avoir robes et abillemens à leur plaisir, en faveur mesmement de ce quil estoit logié en lostel dudit tresorier à Tours. Archives, KK 51, f. 106 v°.

[7] Voir sur ce château, la notice déjà citée de M. Hipp. Boyer, La forêt de Haute-Brun et le château de la Salle-le-Roi.

[8] Vigilles de Charles VII, t. II, p. 30.

Le bon seigneur, pour sa joyeuseté,

Portoit sur luy souvent quelque venture,

Ou es habits, en yver ou este,

Et estoit gay pour resjouyr nature.

[9] Archives, KK 51, passim.

[10] Cabinet des titres, 685, f. 180 v°, 184 v°, 188, 201.

[11] 1454, 12 décembre. Autorisation à Antoinette de jouir du droit accordé à son mari de faire tirer, sans acquitter aucun droit, cinq cents tonneaux de blé du Poitou et de la Saintonge (Delors, Essai critique, etc., p. 558). — 1456, 19 avril. Remise de quatre cents livres sur ce que Antoinette doit au Roi pour droits de rachat et autres en raison de la terre de Moncton Salon qui lui a été adjugée. (D. Morice, t. II, col. 1690.) — 1456, 24 mars, et 1457, 17 septembre. Reçus d'Antoinette de la somme de 272 l. 10 s. pour la moitié des aides des iles d'Oléron, etc. (Pièces originales, 1794 : MAIGNELAIS, n° 8 et 9.) — Le 31 janvier 1457, le Roi fait donner à Mlle de Villequier trois lits de la maison Jacques Cœur, dont un très grand, le meilleur de tous. (Archives, KK 328, f. 492 ; cité par M. Favre, Introduction du Jouvencel, p. CLXXIV.) — Autres menus objets provenant des confiscations faites sur Jacques Cour, donnés à Antoinette. (Ms. fr., nouv. acq., 2497, f. 61.)

[12] Don de 8.250 l. t. en 6.000 écus donnés à Antoinette pour l'augmentation et accroissement du mariage de Jeanne, sa sœur, avec Jean de Combourg, sire de Rochefort (24 mai 1456). Voir documents des 26 août 1456, 5 mai 1451, 15 et 20 juillet 1458, et 8 janvier 1459. Ms. fr. 2608, n° 6990 ; Fontanieu, 123-124, au 5 mai 1451 ; Pièces originales, 1794 : MAIGNELAIS, n° 10 ; id., 2515 : ROCHEFORT, id., 2456 : REILHAC (éd. Jean de Reilhac, t. I, p. 39).

[13] Voici ce que dit à cet égard M. Vallet de Viriville (t. III, p. 443) ; Jeanne et Marguerite de Villequier, Jeanne de Maignelais, Jeanne et Marguerite Bradefer, Jeanne de Rosny, Colette de Vaux, darne de Châteaubrun, et beaucoup d'autres, furent par les soins d'Antoinette placées comme demoiselles d'honneur de la reine, ou mariées à des chambellans munis de places lucratives, pour servir aux plaisirs du Roi. — Malgré la rareté des comptes, nous avons pu réunir quelques données permettant de contrôler l'assertion de notre savant devancier. Nous possédons des extraits des comptes de Mathieu Beauvarlet pour les années 1450 (octobre) à 1459 (septembre), sauf l'année 1457-58 (Ms. 685 du Cabinet des titres) ; les comptes des étrennes de 1452 à 1454 (Ms. fr. 10371) ; le compte de l'argenterie de 1459 (Archives, KK 51), le compte de l'argenterie de la Reine pour 1454-55 (Archives, KK 55), et des états de la maison de la Reine en 1447, 1452 et années suivantes dans les mss. suivants : Cabinet des titres, 685, f. 111 v° et s., fr. 7855, p. 730 et s., fr. 7851, f. 211 et s. ; Cabinet des titres, 953 ; archives, K 530a. C'est à l'aide de ces documents qu'il est possible de jeter un peu de lumière sur un point aussi délicat et aussi obscur.

[14] Voir t. IV, chapitre III et chapitre VI, passim.

[15] En 1454, 550 l. en sus de sa pension de 1800 l. ; en 1457, 400 l. ; en juillet 1457, 137 l. 10 s. pour avoir un cheval ; en 1459, 137 l. 10 s., et plusieurs dons de 100 et 200 écus, et pour ses étrennes, 900 écus d'or pour 100 marcs d'argent. Cabinet des titres, 685, f. 174, 180 v°, 189, 191, 207, 209 ; Archives, KK 51, f. 102, 102 v°, 105, 120 v° ; Clément, Jacques Cœur et Charles VII, t. II, p. 425. — En 1455, Mme du Monteil reçoit de la Reine, pour ses étrennes, six hanaps d'argent et une aiguière (KK 55, f. 142).

[16] Voir t. V, chapitre III.

[17] Pension : Ms. fr. 20498, f. 80. — Dons en 1458-59 : Ms. 685, f. 209 ; Archives, KK 51, f. 103, 103 v°, 121.

[18] Voir t. II, chapitre XIII.

[19] Rôle du 27 juillet 1459. Ms. fr. 20855, f. 11.

[20] Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 257 ; Supplément aux Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 16 ; Cabinet des titres, 685, f. 156, 165, 173 v°, 181, 190 v°, 207 v° 909 ; Ms. fr. 10371, f. 7, 12, 91, 31 v° ; Archives, KK 51, f. 108 v° et 121 ; Clément, l. c., p. 424.

[21] Pièces originales, 2612 : SALIGNAC ; Cabinet des titres, 685, f. 165, 180 v° ; Ms. fr. 10371, f. 7 v°, 21, 32 ; Archives, KK 51, f. 112 v°, 123 ; Clément, l. c., p. 425.

[22] Ms. fr. 10371, f. 1 v°, 21, 32, 34 vu ; Chartes royales, XVI, n° 311 ; Cabinet des titres, 685, f. 207, 210 ; Archives, KK 51, t. 110, 110 v°, 121.

[23] Don de 200 l., en juillet 1459, pour avoir robes et habillemens à son plaisir. Archives, KK 51, f. 111. — Don de cent livres, en 1458-59, pour son estat. Cabinet des litres, 685, f. 208.

[24] Elle reçoit 100 l. en 1451-52 ; et, dans le compte de l'année suivante, on trouve la mention suivante : Jehanne Rochelle, damoiselle, qui a servi longtemps la Royne, IIc l. pour entretenir son estat. Cabinet des titres, 685, f. 156 v° et 165. Dans le compte de l'argenterie de la Reine de 1451-55 elle figure encore parmi les demoiselles de la Reine (Archives, KK 55, passim).

[25] Ms. fr. 10371, f. 8, 22, 33 ; Cabinet des titres, 685, f. 181 et 207 v° ; Archives, KK 51, f. 111 v° ; Ms. fr. 20498, f. 80.

[26] Ms. fr. 10371, f. 8, 22, 33, 38 v° ; Cabinet des titres, 685, f. 184, 201 v°, 207, 209, 210 ; Archives, KK 51, f. 104, 105 v°, 116 v°, 121 ; Ms. fr. 20498, f. 80.

[27] Ms. fr. 10311, f. 8, 22, 33.

[28] Demoiselle Jehanne de Rosny, VIIIxx XVIII l. XV s. en mars (1452), au depart du Roy des Montils, et IXxx XIII l. X s. pour entretenir son estat. — IIIc l. (à Madame Marguerite de Villequier) pour la despense que luy a convenu faire à cause de Jehanne de Rosny, l'une des damoiselles de la Royne. — Mademoiselle Jehanne de Rosny IIIc l. pour son estat à C l. par mois (1456-57). — Mademoiselle Jehanne de Rosny, VIxx. XVII l. X s. pour payer un medecin qui ratait pensée durant sa maladie (idem). — Mademoiselle Jehanne de Rosny, pour son estat IIIc l. (1458-59). — Même somme à deux reprises pour son entretien. — Même somme, pour son estat (idem). Cabinet des titres, 685, f. 156, 189 v°, 190 v°, 208-210.

[29] Fontanieu, portefeuille 123-124.

[30] Mai 1459. Archives, KK 51, f. 109.

[31] Archives, KK 51, f. 121.

[32] Le Roi donne à Louis du Breuil cinquante écus, à cette occasion. Archives, KK 51, f. 113.

[33] Archives, KK 51, f. 110 v°-111.

[34] Ms. fr. 10371, f. 23 v°.

[35] Ms. fr. 10371, f. 39.

[36] Cabinet des titres, 685, f. 184.

[37] Le Roi est à Nades les 24 juillet, 10 et 13 août et 20 septembre (Itinéraire). Nades était voisin du Châtellier, où il résidait alors.

[38] Il est nominé dans le compte de 1458-59 : Messire Jehan de Montmorin, seigneur de Nades, chambellan du Roy, pour sa pension, VIIxx X l. Cabinet des titres, 685, f. 209 v°.

[39] 1456-57 : Madame Artus de Fougerolles, dame de Nades, IIc l. pour entretenir son estat. —1458-59 : Madame Arture de Fougerolles, dame de Nades, pour son estat, IIIc l. — Madame Arthuse de Fougerolles, dame de Nades, pour sa despense, IXxx V t. XV s. — A la même, pour don, VIxx XVII l. X s. — A la même, pour ses affaires, LXVIII l. XV s. — A la même, pour son estat, IIc LXXV l. — A la même, pour son entretien, LXVIII l. XV s. — A la même, pour son estat, VIxx XVII l. X s. Cabinet des titres, 685, f. 190, 207, 208 v°, 209-210 v°. Notons que, dans les extraits que contient ce précieux manuscrit, le compte de septembre 1457 à octobre 1458, et ceux du 1er octobre 1459 à la fin du règne, sont en déficit.

[40] Cabinet des titres, 685, f. 108. — La dame de Nades ne figure dans aucun état des dames et demoiselles de la Reine.

[41] 200 écus en novembre 1458 ; 182 l. en décembre ; 200 écus d'or en janvier 1459 ; 200 en février ; 100 en mars ; 100 en août ; 100 en septembre. Archives, KK 51, f. 104 et 104 v°.

[42] Archives, KK 51, f. 121. — On remarquera que, dans les comptes, elle est toujours appelée Madame Artuse de Fougerolles, alors qu'Antoinette de Maignelais est en général appelée Mademoiselle.

[43] Archives, KK 51, f. 63 v°. — En décembre 1458 on rembourse à Guillaume Traverse, médecin du Roi, soixante-dix-sept écus qu'il avoit donnez sous le nom d'Artuze de Fougeroles. Id., f. 106.

[44] Archives, KK, 51, f. 107, 112, 121, 122 ; Cabinet des titres, 685, f. 209.

[45] Archives, KK, 51, f. 101, 104, 105 v°, 107, 112 ; Ms. fr. 6752, f. 7 v°. — On pourrait encore relever certains dons, tels que les suivants : Dans les comptes des étrennes de 1452 à 1454 figure à trois reprises Marion l'ouvrière, qui reçoit chaque année trente écus (Fr. 10371, f. 7 v°, 21 v° et 32 v°) ; dans le compte de Mathieu Beauvarlet de 1456-57, on trouve mentionnée Alizon, femme de Gerardin Le Paige, lavandière du corps, qui reçoit 41 l. 5 s., pour avoir une hacquenée (Ms. 685, f. 190) ; dans le compte de l'argenterie de 1458-59, on rencontre encore le nom d'Alizon la Pagesses, lingière et lavandière du corps du Roy, qui reçoit vingt écus d'or, pour avoir une robe à son plaisir. (KK 51, f. 107 v°.) Alizon était une débitrice de Jacques Cœur. (Voir Clément, Jacques Cœur et Charles VII, t. II, p. 354.)

[46] Pour six aulnes veloux bleu tiers poil... pour faire une robe à maistre Colart, fol dudit seigneur, appelé monseigneur de Laon, XXXIII l. t. Archives, KK 51, f. 85.

[47] Thomas Basin, t. I, p. 313.

[48] Original, Ms. fr. 5886, f. 1. Voir cette lettre aux Pièces justificatives.

[49] Regrets et complaintes de la mort du Roy Charles VIIe, l. c., p. 20, vers 457 et suivants.

Vus par exprès, Charles, duc de Berry,

Qui par luy, jeune, avez este nourry,

Ore est-it mort le bon père, et pourry

Vostre pillier ..........

Qui vous aymoit de vouloir singulier.

[50] Cabinet des titres, 685, f. 143 v°, 156, 116 ; Archives, KK 55, f. 118.

[51] Archives, KK 55, f. 118 v°, 119 v°.

[52] Ms. fr. 2886, f. 32 et 25 ; Archives, KK 55, f. 88 v°, 87 v°, 117 v°.

[53] Archives, KK, 55, f. 118, 119 ; extraits de comptes dans le Moniteur du 5 octobre 1854.

[54] Voir lettres du mois d'août 1460. Archives, JJ 190, n° 79 et 86.

[55] Messire Olivier de Coëtivy, chevalier, senechal de Guyenne, VIxx XVIII l. X s. pour bailler à mademoiselle Marie, de laquelle il a la garde et gouvernement, à laquelle le Roy l'a donnée pour entretenir son estat. Cabinet des titres, 685, f. 144.

[56] Mademoiselle Marie, demeurant à Taillebourg, IIc LXXV l. en juillet, pour ses menues necessitez. Cabinet des titres, 685, f. 165 v°.

[57] Ms. fr. 20178, f. 164 v° ; édité Jean de Reilhac, etc., t. I, p. 2S-29, — Cf. acceptation du mariage par le Roi, en date du 13 mai 1458. Ms. fr. 2008, f. 165 v°.

[58] Ces lettres ont été publiées par M. Vallet de Viriville, Recherches historiques sur Agnès Sorel, dans la Bibliothèque de l'Étole des chartes, t. XI, p. 480.

[59] Ces lettres, conservées dans les Archives du duc de la Trémoille, ont été publiées par M. Marchegay, Lettres de Marie de Valois, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel, à Olivier de Coëtivy, seigneur de Taillebourg, son mari (Les Roches-Baritaud, 1815 gr. in-8°), p. 31 et 32. — On trouvera la première parmi les Pièces justificatives.

[60] Archives, JJ 187, n° 142 ; éd. Marchegay, l. c., p. 30.

[61] Archives, KK 51, f. 100 et 108. Cf. Marchegay, l. c., p. 33-34 et 49-51.

[62] Voir le recueil de M. Marchegay. Marie de Valois avait reçu une éducation très soignée (Bibliothèque de l'École des chartes, t. XVI, p. 2 et 6).

[63] Voir Procès criminel intenté contre Jacques de Brézé, par Clouet d'Arcq. Bibliothèque de l'École des chartes, t. X, p. 211 et suivantes.

[64] Recherches historiques sur Agnès Sorel, par Vallet de Viriville. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XI, p. 486-487.

[65] Voici quelle était, dans les dernières années du règne, la composition de la garde du Roi : vingt-cinq archers de corps, avec deux capitaines ; trente et un hommes d'armes et cinquante et un archers de la garde écossaise, avec un capitaine ; vingt-sept archers de la garde, avec un capitaine ; enfin, vingt-quatre cranequiniers allemands, dont douze armés et douze non armés, et quatre fourriers. Les archers du corps couchaient tout armés dans le logis du Roi.

[66] Vallet de Viriville, Histoire de Chartes VII, t. III, p. 452-454.

[67] Emprisonnement par le maire de Poitiers, en juin 1457, de Colas Jurasson (Ms. fr. 26084, n° 7080) ; Complot à Caen, la même année (Ms. 22469, p. 25) ; Criminel de lèse-majesté emprisonné à Granville, en avril 1458 (Ms. fr. 20085, n° 7103) ; Prisonniers criminels à Rouen en 1457 et 1458 (Ms. fr. 26085, n° 7156 et 7230) ; Arrêt contre un nommé Forestier, 17 février 1459 (Ms. fr. 2899, p. 8) ; Enquête faite en 1459 sur une conspiration contre le Roi (Cabinet des titres, 685, f. 212 v°) : Informations faites en juillet et septembre 1459 au château du Coudray, à Chinon, contre Julien de Vienne, fils de feu Guillaume de Vienne : relations avec des émissaires du Dauphin (Ms. fr. 20434, f. 77 ; Cabinet des titres, 685, f. 210) ; Nombreuses arrestations en 1459 (Cabinet des titres, 685, f. 210, 210 v°, 212 v°) ; Emprisonnement de Thomas More, écossais (Ms. 685, f. 209 v°-210) ; Emprisonnement de Henri Radefort, écossais, homme d'armes de la garde du Roi (Ms. 685, f. 210, 210 v°) ; Procès et exécution de Pierre Acart, dit Mallesenulles, arrêté à Bayonne en avril 1460 (Ms. fr. 20683, f. 51 ; Vallet de Viriville, t. III, p. 427 note 2).

[68] Voir ce que Camulio écrivait à ce sujet, dans une dépêche du 18 juin 1461, Archives de Milan.

[69] Thomas Basin, t. I, p. 32.

[70] Lettre du Roi à Chabannes, 26 septembre 1455. Voir aux Pièces justificatives.

[71] Chastellain, t. III, p. 444. Voir plus haut, p. 166-171.

[72] Interrogatoire de Guillaume de Tyercain. Ms. fr. 15331, f. 169. — Nous trouvons la mention suivante, à la date d'avril 1459, dans le compte de l'argenterie : Pour IIII aulnes toile bourgeoise delivrée à Jehan Mareschal, chaussetier et varket de chambre du Roy nostre sire, pour fere IX chausses à laceure par derrière et une faulse porte pour servir audit seigneur à une jambe qu'il avoit malade. (Archives, KK 51, f. 36 v°.) — Le 3 mars 1459, on achète un quartier de fin blanchet, pour faire audit seigneur ung chaussons jusques à my jambe. (Idem, f. 16.)

[73] Voir plus haut, chapitre XIV.

[74] Oultre dit que les Bourguignons gouverneroient le royaulme, qu'ils avoient monseigneur le Daulphin, et le Roy estoit fort malade. — Dement le langaige tenu. Dit qu'il ne dit oncques que les Bourguignons gouverneroient le royaulme, ne que le Roy fust malade ; mais, quant auroit dit que le Roy avoit esté malade, n'en devroit estre detenu en procès, car on scet assez qu'il a esté, dont tous ses subgetz ont esté fort desplaisans. Archives, X2a 28, au 27 janvier 1461.

[75] Dépêche de Camulio du 3 mars 1461, citée plus haut.

[76] Lettres patentes des 10 janvier, 11, 13, 20, 24 mars et 2 avril ; lettres missives des 19 avril, 2, 7, 15 et 30 mai 1461.

[77] Laquelle dame aymoit le Daulphin et tenoit son party occultement, et luy faisoit sçavoir des nouvelles de Court. (Chronique martinienne, fol. CCCVI.)

[78] Ma damoyselle, gectez ces lettres au feu, disait le Dauphin en terminant, et me faictes sçavoir s'il vous semble que je doyve gueres demourer en l'estat ou je suis. Escript à Genappe le trentiesme jour d'aoust (sans doute avril). — Ainsi signé : Le votre, LOYS. — Cette lettre était de la main du Dauphin, et ne portait la signature d'aucun secrétaire, (Chronique martinienne, fol. CCCVI.)

[79] C'est au moins ce que dis la Chronique martinienne, un peu suspecte, puisque cette partie a été rédigée par un serviteur de Chabannes.

[80] Chronique martinienne.

[81] C'est du moins ce qu'affirme Thomas Basin, t. I, p. 312.

[82] Dépêche de Camulio du 25 juillet. Archives de Milan. — Même nouvelle dans une dépêche du 26. — Cf. lettre du comte de Saint-Pol au Dauphin, en date du 20 juillet. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 449.

[83] Raynal, Histoire du Berry, t. III, p. 48-49 ; Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 451. — De son côté, le Dauphin faisait des prières, mais dans une tout autre intention. Dépêche de Camulio du 20 juillet.

[84] Nous voyons par le compte de l'argenterie que, dès le mois d'octobre 1458, on chapelle le pain de bouche du Roi. Archives, KK 51, F. 69.

[85] L'affection survenue dans la bouche remontait au 9 juillet ; c'est ce qui résulte d'une dépêche de Camulio, en date du 20 juillet : Archives de Milan.

[86] La croyance à l'empoisonnement se rencontre chez deux auteurs contemporains : Zantfliet dans Amplissima collectio, t. V, col. 561 et Thomas Basin, t. I, p. 311.

[87] Copie du temps, ms. fr. 20855, f. 21 ; édité par Duclos, p. 237-249. — La lettre est signée par le comte du Maine, le comte de Foix, le chancelier, Jean monseigneur de Lorraine, Chabannes, Jean d'Estouteville, Mathelin Brachet, Tanguy du Chastel, Jean Bureau, Guillaume Cousinot, etc.

[88] Dépêche de Camulio du 25 juillet.

[89] Dépêche de Camulio du 25 juillet. — Le 26, Camulio écrit encore : Scrissi etiam de li exercitamenti in che sonno tutti quelli del Delfin, chi a peregrinagio per pregar del Re de Franza, chi per le bone terre del paise per metterse in puncto, et le quale cose tutte se facevano alla scoperta, como el Re de Franza de chi se diceva essere malato fosse passato in tutto.

[90] Par avant plus de six jours dès lors que on n'y esperoit plus de vie. Histoire du comte de Foix. Ms. fr. 4992. f. 103.

[91] Jean Chartier, t. III, p. 113.

[92] Ms. fr. 4992, f. 101.

[93] Lettre de Carlo de Vrolis, podestat d'Annone, à Sforza, 30 juillet. — Lettre du chancelier Cico de Calabria à Otto de Caretto, ambassadeur près du Pape, 1er août — Cronica di Bologna (d'après une lettre du duc de Milan), dans Muratori, t. XVIII, col. 739. — Lettre d'Abraham Ardizzi à Sforza, 4 août. — Les trois lettres citées se trouvent aux Archives de Milan, Francia dal... al 1470. — Sur la nature du mal qui emporta Charles VII, voir, aux Notes supplémentaires, l'avis d'un praticien très éminent, le docteur Notta, qui a bien voulu, sur notre demande, se livrer à l'examen de la question.

[94] Les assistens qui estoient en la chambre du Roy, après avoir ouy ces parolles, leur sembla qu'ils ne véoient plus le Roy, mais seulement son sercueil. Chronique martinienne, f. CCCVI v°.

[95] Chronique martinienne, l. c.

[96] Ce jour même, Marie d'Anjou, de Chinon où elle résidait, écrivit à son fils une lettre, entièrement autographe, qui nous a été conservée. On la trouvera aux Pièces justificatives.

[97] Voir, sur les obsèques de Charles VII, la relation officielle reproduite par Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 424-444 ; le récit de Jean Chartier. t. III, p. 114-121 et les extraits du compte des obsèques dans Supplément aux Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 59-79.

[98] Commines, t. II, p. 255-271.

[99] Le P. Lacordaire, Mémoire pour le rétablissement de l'ordre de Frères prêcheurs, p. 161.

[100] Voir les Complaintes sur la mort de Charles VII. Mss. fr. 2861, f. 205 et 5735, f. 1 ; Nouvelles Recherches sur Henri Baude, p. 17-22, et les Vigilles de la mort du Roy Charles VII, par Martial d'Auvergne.

[101] Poème du Rhodien Georgillas, cité par Egger, Revue des Cours publics, du 20 août 1864.

[102] Lettre du sultan d'Égypte (Math. d'Escouchy, t. I, p. 155). — Discours des ambassadeurs d'Orient (Du Clercq, p. 172).

[103] A Mantoue, les Vénitiens voulurent attendre, pour prendre un parti, de connaître la délibération du Grand Roi.

[104] Voir ci-dessus, chapitre XI.

[105] Voir le langage tenu par Philippe de Médicis, archevêque de Pise, dans sa harangue à Louis XI, le 30 décembre 1461. Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, t. I, p. 119-120.

[106] Aymé tant de ses subjectz comme des nacions estranges. (Baude, p. 13.) — Cremu et redouté en tous ses environs. (Chastellain, t. II, p. 183.) — Craint et doublé de ses voisoins. (Le Fèvre de Saint-Remy, p. 559.) — Le plus puissant Roy le plus craint, le plus amé et le plus redoubté de tous les aultres Roys et haults hommes, tant de la universelle chrestienté comme aussi de toutes les aultres regions et nacions barbares (Histoire du comte de Foix, ms. fr. 4992, f. 101.)

[107] Chastellain, t. III, p 426.

[108] Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 333.

[109] Georges Chastellain, t. IV, p. 15 ; t. VI, p. 420, 451, 431, 437, 456 ; t. VII, p. 324, note, etc.

[110] Dont je puis conclure que telle magnanimité est trouvée en luy que je ne sçayse, depuis Charlemaigne, a regné Roy en France auquel elle soit pareille trouvée, veues ses depressions et ressourse. Histoire de la Toison d'Or, Ms. fr. 2621, f. 104.

[111] Chronique, t. II, p. 366.

[112] Je pourrais placer une note à chaque épithète ; qu'il me suffise de constater que tout ce qui suit est appuyé sur les témoignages les plus nombreux et les plus autorisés.

[113] Cellui Roy eut en soy toutes les bonnes taches et haultes vertus qui doivent estre en prince terrien. Voir tout le passage, dans Le Jouvencel, t. I, p. 27-28.

[114] Vuide de vices, dit H. Baude, dans ses Regrets et complaintes, l. c., p. 18. Pour le panégyriste, la débauche, on l'a vu, n'est point un vice.

[115] Chastellain, Advertissement au duc Charles, t. VII, p. 324, note.

[116] On ne nous reprochera point de taire ici les quelques notes discordantes qui peuvent se rencontrer chez les auteurs contemporains : nous croyons avoir, dans ce livre fait assez équitablement la part du blâme. Les plus sévères, d'ailleurs, comme Chastellain et Thomas Basin, en se faisant accusateurs, sont souvent en contradiction avec eux mêmes : ainsi le premier quand il accuse Charles VII de muableté, diffidence et envie — c'est ici le bourguignon qui se trahit ; — et le second quand il parle de l'oppression que Charles VII aurait fait peser sur le peuple, de sa facilité à donner les emplois et les charges, et du peu de fidélité à tenir certaines promesses.

[117] Sacquemans, brigands, pillards.

[118] Chastellain, Œuvres, t. VII, p. 325, note. Nous choisissons, entre plusieurs autres, ce remarquable passage, parce qu'il est moins connu.

[119] Nouvelles recherches, etc., p. 13.

[120] Histoire de Charles VII et de Louis XI, t. III, p 193.

[121] Chronique abrégée finissant à l'avènement de Louis XI. Ms. fr. 4943, rf 47.

[122] Ms. f. 1985, f. 9 v°. Interpolation de l'Armorial du Héraut Berry, citée par M. Vallet : Armorial de France composé per Gilles Le Bouvier dit Berry, p. 36.

[123] Chronique abrégée jusqu'à Louis XII, Ms. fr. 4954, fol. 22 v°-23.

[124] Archives, P 2499, f. 413, d'après le Mémorial L, f. 161 v°.

[125] Discours de Jacques de Viry, juge de Ferez. Journal des États généraux tenus à Tours en 1484, par Jehan Masselin, dans la Collection des Documents inédits, p. 350 et suivantes. Cf. p. 366-380, 438, 570.

[126] Le P. Daniel, Histoire de France, t. VII, p. 331.

[127] Duclos, Histoire de Louis XI, t. III, p. 476.