1454-1459. La paix de Lodi et la ligue entre les puissances de l'Italie ; appréciation de Sforza sur cette ligue ; elle est dirigée contre la France. — Ambassades de Charles VII en Italie ; ouvertures qui lui sont faites par les Gênois ; Gênes est menacée par Alphonse V. — Relations de Charles VII avec Sforza ; le duc de Milan joue un double jeu. — Le duc de Calabre revient en France avec mission de proposer la cession de Gènes à le France ; traité passé par ce prince avec les députés génois ; il reçoit le gouvernement de Gènes. — Démarches de Sforza pour parer le coup qui lu menace ; ambassades de Tibaldo ; rapports adressés par l'envoyé milanais. — Nouvelles ambassades de Tibaldo ; vaines protestations de dévouement faites par Sforza. — Suite des négociations des Génois avec Charles VII ; traité définitif passé à Aix par le duc de Calabre et ratifié à Beaugency par Charles VII. — Nouvelle Maque d'Alphonse V ; il meurt sur ces entrefaites ; échec du parti hostile à la France à Gènes. — Cosme de Médicis agit auprès de Sforza en faveur de la France ; Sforza se déclare pour le fils billard d'Alphonse V.— Mort de Calixte III ; Pie II donne l'Investiture à Ferdinand ; démordes de Charles VII en faveur de la maison d'Anjou ; elles n'obtiennent aucun suces, — intrigues de Sforza à Gènes ; une ambassade napolitaine vient offrir le trône des Deux Siciles à le maison d'Anjou ; popularité du duc de Calabre à Gènes ; il envoie une ambassade à Sforza, dont l'attitude devient de plus en plus hostile. — Tentative des Génois rebelles, réprimée par le duc de Calabre. Ce prince s'embarque pour le royaume de Naples. — pie II convoque un congrès à Mantoue ; il se rend dans cette ville ; impossibilité où il se trouve d'ouvrir le congrès ; arrivée des ambassadeurs bourguignons ; ouverture du congrès. — Charles VII envoie des ambassadeurs à Venise et à Mantoue ; négociations avec la république de Venise ; elles échouent. — Arrivée des ambassadeurs français à Mantoue ; discours prononcés par les ambassadeurs et par le Pape ; lettres du Pape eu Roi ; clôture du congrès. Si l'on veut avoir la clé des événements qui s'accomplirent en Italie durant les dernières années du règne de Charles VII, il faut remonter à la paix de Lodi et aux traités qui en suivirent la conclusion. On a vu que l'expédition du roi René en Lombardie s'était terminée par une paix entre Sforza et les Vénitiens, signée à Lodi le 9 avril 1454[1]. C'était un traité particulier, auquel les autres puissances italiennes étaient invitées à adhérer dans un délai déterminé. Ce traité inattendu, par lequel deux des puissances belligérantes dictaient la loi au reste de l'Italie, à leurs alliés comme à leurs ennemis, sans les avoir consultés, causa d'abord autant de mécontentement que de surprise[2]. Le marquis de Montferrat et le duc de Savoie qui, pour jouir du bénéfice de la paix, devaient renoncer à leurs conquêtes, ne cédèrent qu'à la force. Le pape Nicolas V qui, an mois de novembre 1453, avait réuni à Rome un congrès pour travailler à la pacification de l'Italie, se montra offusqué d'un acte accompli sans sa participation[3]. Le roi d'Aragon manifesta un profond mécontentement. Cosme de Médicis lui-même, l'ami de Sforza, lui fit de vives remontrances. Et pourtant, cette paix bâclée, qui soulevait tant de murmures, allait devenir la loi de l'Italie et entraîner des conséquences que nul alors ne pouvait prévoir ! La République de Florence céda la première : le 23 avril, elle donnait son adhésion à la paix de Lodi[4]. La République de Gènes suivit son exemple. Le marquis de Montferrat adhéra le 17 juillet, et le duc de Savoie le 30 août[5]. Le même jour une ligue était formée entre le duc de Milan et les républiques de Venise et de Florence, dans le but de garantir mutuellement leurs possessions[6]. Nicolas V adhéra à son tour le 3 septembre. Il fit plus : il envoya le cardinal Capranica auprès d'Alphonse V, pour l'engager à donner son adhésion, Ce prince, par un acte en date du 26 janvier 1455, dont le Pape se porta garant, conclut une ligue de vingt-cinq ans avec le duc de Milan et les républiques de Florence et de Venise, sur la base des traités passés les 9 avril et 30 août de l'année précédente[7]. Nicolas V approuva le traité (25 février), et ordonna des réjouissances Publiques à cette occasion[8]. Nous avons, au sujet de la paix de Lodi et de la ligue qui la suivit, une curieuse appréciation donnée par Sforza lui-même, quelques années plus tard, dans des instructions à l'un de ses ambassadeurs en France : Comme dans cette affaire le roi d'Aragon — lequel se trouvait alors, non seulement notre ennemi, mais ligué avec les Vénitiens — devait intervenir, il a para expédient d'en venir à une ligue générale dont notre seigneur le Pape a été fait le chef principal... De plus, comme il paraissait que cette paix et ligue ne serait point destinée à une longue stabilité, vu la haine que la susdite majesté du roi d'Aragon nourrissait contre nous, il fut, par l'intermédiaire de quelques-uns de la ligue, fait une alliance de parenté entre Sa Majesté et nous. A toutes ces choses nous nous sommes porté non volontairement, mais par force, afin de pourvoir à la sûreté de notre État... C'est uniquement pour avoir été partisan et serviteur de la très chrétienne maison du Roi de France que nous avons été amené à conclure lesdites paix, ligue et parentés. Toutes ces choses furent faites, non par manque de considération envers personne au monde, ni avec des desseins injurieux, mais uniquement pour le salut de notre État[9]. Le traité de Lodi était donc devenu, au commencement de 1455, une ligue entre les princes italiens, ayant à la fois pour but d'assurer la paix de l'Italie, afin de permettre de se consacrer à la lutte contre les Turcs, et de garantir le maintien et la sécurité des possessions respectives des divers États. Or, il est facile de constater que cette ligue, destinée en apparence à favoriser une croisade qui, malgré les efforts de la Papauté, resta toujours à l'état de projet, était surtout dirigée contre la France. Elle était le signe de la réaction qui se manifestait à la suite de l'expédition manquée du roi René, des échecs subis à Milan, à Gênes et dans le royaume de Naples ; elle attestait la crainte que chacun éprouvait de voir Charles VII, une fois délivré de tout souci du côté de l'Angleterre, reprendre ses projets interrompus en Italie. Le Roi se préoccupait de ce qui s'agitait parmi les puissances italiennes. Au mois de mars 1455, il envoya un de ses secrétaires, Guillaume Toreau, an duc de Milan[10]. Vers le même temps un autre ambassadeur partit, chargé d'une mission près du Pape, du roi d'Aragon et de la république de Florence[11]. En signant le traité du 26 janvier 1455, Alphonse V avait stipulé que la république de Gênes ne serait point comprise dans la ligue[12]. Sa vieille rancune contre les Génois ne tarda pas à se manifester par des actes : nue flotte, commandée par le marquis de Villamarino, parut dans le golfe de Gènes et jeta l'alarme dans les Deux rivières. Le doge Fregoso, se voyant ainsi menacé, fit des ouvertures secrètes à la France et prit Antoine de Chabannes pour intermédiaire. C'est ce qui résulte d'une lettre de Charles VII, qui écrivait à Chabannes le 27 mai 1455 : En tant que touche le fait de Gênes, dont nous écrivez, nous avons bien reçu les lettres que le bailli de Sens (Dresnay) nous a écrites sur ce, et nous a semblé que on ne peut rien perdre à ouïr ceux qui pour cette cause doivent venir vers vous[13]. Sforza, qui redoutait toujours une nouvelle intervention du Roi en Italie[14], ne fut pas sans avoir vent de la chose. Nous avons une lettre que le doge de Gênes lui écrivit, à la date du 29 juin : il s'excusait de ne l'avoir pas informé plus tût d'un dessein qui se tramait pour livrer Gênes au Roi de France. Ce projet n'ayant pu aboutir, les conjurés avaient trouvé moyen de se mettre en possession du château de Savone. Il fallait se mettre en garde contre cette entreprise. Le doge ne doutait pas que le duc de Milan n'en fût aussi déplaisant qu'il l'était lui-même ; il indiquait les mesures à prendre de concert pour en prévenir les conséquences[15]. Était-ce un jeu joué ? C'est possible. Toujours est-il que Fregoso était alors menacé dans son pouvoir par les menées de factieux qui agissaient sous l'impulsion de Villamarino ; grâce à un habile stratagème, il parvint à parer ce coup (28 juillet)[16]. Un armistice ayant été conclu entre Alphonse V et la république de Gênes[17], la flotte napolitaine ne tarda pas à se retirer. Sur ces entrefaites, un des condottieri que la paix de Lodi avait condamné à l'inaction prit les armes pour son propre compte : l'agression de Jacopo Piccinino, survenue au lendemain de l'élection de Calixte III, troubla l'Italie pendant plus d'un an, et nécessita l'intervention de Sforza[18]. Tout en se déliant de Charles VII, le duc de Milan cherchait à entretenir avec lui d'amicales relations. Ayant reçu des plaintes sur les intelligences qu'il entretenait avec le Dauphin, Sforza avait protesté avec énergie et fait les plus chaleureuses déclarations de soumission à la maison de France, dont son père avait été le constant serviteur[19]. Dans une autre lettre, en date du 23 juillet, il assurait de nouveau le Roi de son dévouement et le remerciait d'avoir eu pour agréable la paix conclue en Italie[20]. Au mois de novembre, il lui envoya un ambassadeur chargé d'expliquer les motifs qui l'avaient porté à signer avec le roi d'Aragon un traité indispensable à la tranquillité de l'Italie et de protester que rien n'était changé dans ses dispositions à l'égard de la très glorieuse maison de France[21]. Charles VII répondit par une lettre, en date du 19 décembre, où. il se bornait à dire qu'il estimait que ce traité n'avait point été fait sans cause, et qu'il était satisfait de ce que Sforza n'entendait pas se départir du bon et entier vouloir qu'il avait envers lui et envers la maison de France[22]. Mais tandis qu'il faisait à Charles VII ces belles
protestations, Sforza tenait un tout autre langage à son ambassadeur près du
roi d'Aragon : une dépêche adressée à Antoine de Tricio nous révèle le fond
de sa pensée. Dites à Sa Majesté,
écrivait-il, que de France on nous a informés que,
lorsqu'on y a connu les négociations qui ont précédé la conclusion de
l'alliance avec Sa Majesté, le Rai de France a été instamment pressé par le
duc René, le duc d'Orléans et beaucoup d'autres d'envoyer de ses gens pour
faire l'entreprise d'Italie. Cela a décidé le Roi à mander près de lui le duc
de Savoie, qui est allé le trouver, accompagné de sa femme et de ses enfants...
Il faut que Sa Majesté soit bien informée de ce qui
se passe à Gênes. Une révolution y paraît imminente ; le fils du duc René
s'emploie dans ce sens, ce qui lui fait prolonger son séjour en Italie. Nous
avons été avisés récemment que les bannis de Gênes se sont réunis en un
certain lieu, et sont résolus à se donner au diable et à courir tous les
risques plutôt que de rester où ils en sont. Le doge de Gênes se soutient encore.
Nous pratiquons continuellement et les bannis et le doge, et nous cherchons à
tes apaiser le mieux possible, pour gagner du temps, afin que cet État ne
tombe pas aux mains des Français, ce qui ne ferait ni l'affaire de Sa Majesté
ni la nôtre. Les Français ne s'étant donnés ce mouvement, que sur le seul
soupçon de l'alliance qui se négociait, Sa Majesté doit et peut bien deviner
dans quelles dispositions et de quelle humeur ils seront quand ils auront
appris la conclusion du traité. Mais nous n'en prenons pas grand souci, parce
que nous estimons que nous avons, sans comparaison, beaucoup plus gagné par
l'alliance intime avec Sa M. que nous n'avons perdu en renonçant à l'amitié
des Français comme nous l'avons fait. Car, après tout, s'ils entreprenaient de
nous porter dommage, nous trouvant les premiers devant eux à la frontière, il
nous suffirait de faire une gaillarde défense, sentant nos épaules appuyées
sur Sa M., qui, nous n'en doutons pas, dès qu'elle nous verrait aux prises,
viendrait à notre aide avec toute sa puissance, comme nous le ferions
nous-même sans aucune réserve pour Sa M. C'est pourquoi désormais nous
entendons et voulons que notre État soit sien et qu'il en puisse disposer
comme du sien propre[23]. Les menées de Sforza ne tardèrent pas à venir à la connaissance de Charles VII. Par une lettre en date du 5 décembre, il l'avait mis en demeure de faire réparer un attentat contre l'autorité royale commis dans le comté d'Asti[24]. Le 12 février 1450, il lui écrivit de nouveau. Ayant appris que des rassemblements de troupes se faisaient à Alexandrie pour envahir certains pays voisins, et notamment les États du duc de Savoie, le Roi lui envoyait deux ambassadeurs pour se plaindre à ce sujet et s'enquérir de l'exactitude du fait[25]. Sforza s'empressa de protester de ses intentions pacifiques à l'égard du duc de Savoie et de son dévouement envers la maison de France[26] ; il écrivit au Roi une longue lettre, remplie des assurances les plus chaleureuses[27]. Depuis la rentrée en France du roi René, son fils Jean, duc de Calabre, était resté à Florence, investi du commandement des troupes alliées. La conclusion de la paix de Lodi et des traités qui la suivirent avaient mis un terme à son rôle, ainsi qu'il le constatait dans une lettre à Sforza en date du 18 décembre 1455[28]. Il reprit le chemin de la France au mois de mars 1456. Mais son séjour en Italie n'avait point été inutile : il revenait avec mission de demander à Charles VII, au nom du doge de Gênes, de prendre en main le gouvernement de la République. Déjà quelques mois auparavant, le Roi avait reçu des ouvertures de Jean-Philippe de Fiesco, amiral de Gênes, qui lui avait proposé de remettre la ville et la seigneurie en son obéissance, et, à la date du 22 septembre 1455, Charles VII avait répondu qu'il était tout disposé à s'entendre avec lui à ce sujet[29]. Le duc de Calabre reçut de Charles VII un mandat spécial pour traiter avec les Génois[30], et, le 24 mai 1456, il passait, au nom du roi de France, avec Baptiste Grimaldi, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, et Antoine Grimaldi son frère, mandataires de Pierre de Campo Fregoso, doge de Gênes, un acte aux termes duquel la seigneurie de Gênes était transmise à Charles VII, dont le duc de Calabre serait le lieutenant[31]. Le 8 juin suivant, Fregoso accréditait un ambassadeur auprès de Charles VII[32]. Le 17 juillet, dans une lettre pressante, il lui exposait les dangers que les attaques réitérées du roi d'Aragon faisaient courir à la République et implorait son secours[33]. Le Roi s'empressa de donner une sanction aux arrangements pris par le duc de Calabre : par des lettres du 6 septembre, le jeune prince reconnaissait avoir reçu le gouvernement de la seigneurie de Gênes, déclarant qu'il n'en userait que pour le bien et l'honneur du Roi, et qu'il le lui remettrait quand ce serait son plaisir[34]. Le duc de Milan, secrètement informé de ce qui se préparait à Gênes[35], n'était pas sans inquiétude : il résolut d'envoyer un ambassadeur à la cour de France. Le 4 juin, il donnait à Thomas Tibaldo des lettres de créance pour Charles VII et pour les principaux membres du Conseil[36]. Tibaldo était censé venir pour s'occuper de ses intérêts et pour presser l'exécution des promesses que Charles VII lui avait faites autrefois[37]. A peine arrivé à Gannat, où résidait le Conseil pendant le séjour du Roi dans les châteaux du Bourbonnais, l'envoyé milanais s'empressa d'adresser à son maître une longue dépêche chiffrée, où il le mettait au courant de tout ce qui avait été fait par le duc de Calabre et des projets de ce prince ;qui se disposait à partir pour la Provence et à se rendre ensuite, à la tête d'une flotte, à Gênes, où Fregoso devait arborer les bannières royales et livrer le Castelletto[38]. Au retour de son ambassadeur, Sforza s'empressa d'écrire à Fregoso pour lui demander de ne se lier par un traité définitif avec aucun prince étranger et de ne faire aucune innovation dans ses États avant la fin de l'année. Il paraît qu'il en obtint la promesse[39]. Sans révéler le traité secret passé avec le duc de Calabre, Fregoso soumit au Conseil des Anciens, le 12 novembre, les conditions auxquelles Charles VII offrait de prendre la défense et la protection de la République[40]. Le duc de Milan, voulant pénétrer les desseins de Charles VII, renvoya Tibaldo à sa cour[41]. Celui-ci, sur sa route, s'empressa de donner à son maître les nouvelles qui lui parvenaient[42]. A son arrivée à Lyon, il lui adressa, en date du 7 décembre[43], une longue dépêche, où il lui rendait un compte détaillé de tout ce qui se passait et des dispositions où il avait trouvé le Roi et ses conseillers. C'était le moment où le Dauphin venait de s'enfuir et où Charles VII prenait possession du Dauphiné. Interrogé par les seigneurs du Conseil sur la situation de l'Italie[44], l'ambassadeur répondit que jamais union entre frères n'avait été plus complète que celle qui existait entre le duc de Milan, les Vénitiens et les Florentins, et que les trois puissances pouvaient être réputées comme n'ayant qu'une seule tête et une seule âme ; qu'il en était de même avec le roi d'Aragon, et que le duc de Milan avait constamment à sou service douze mille cavaliers, prêts à exécuter ses ordres. Voici ce que disait Tibaldo relativement aux desseins de Charles VII sur Gènes : On ne parle plus ici de Gênes ; mais toute l'affaire est laissée entre les mains de Monseigneur de Calabre, qui a finances prêtes, dit-on, et son monde réuni autour de lui. Il n'y a plus qu'à voir si le doge veut dire son dernier mot. Et moi je dis que, si le doge ne le fait pas maintenant, il le fera plus tard, quand il verra qu'il ne peut plus se soutenir, ce qui ne me paraît pas devoir être dans bien longtemps, car il ne saurait durer, étant haï de tout ce qu'il y a de citoyens et de ses partisans même : c'est pourquoi je présume qu'il fera le saut un jour ou l'autre... On dit ici que l'on doit faire passer quelques gens d'armes vers Asti ; mais je crois que jusqu'à présent ce ne sont que des bruits. Et, comme je l'ai dit, j'espère que ces gens-ci auront tant d'affaires pour leur propre compte qu'ils ne pourront s'occuper de celles du prochain. Tibaldo mettait soigneusement son martre au courant de tout ce qui concernait l'affaire du Dauphin, et l'engageait à envoyer quelqu'un vers le duc de Bourgogne pour savoir cc qui se disait et se faisait à sa cour, et, à l'occasion, lancer quelque gibier à poursuivre ; car, ajoutait-il, les travaux des autres font notre affaire. Le duc de Milan ne négligeait aucun moyen de conserver les bonnes grâces du Roi. Ayant appris qu'il avait perdu un de ses médecins, dont il faisait le plus grand cas, Sforza, qui possédait deux traités du savant docteur, les fit transcrire avec luxe et les envoya à Charles VII, avec une lettre très gracieuse[45]. Tibaldo, de retour à Lyon le 3 février 1457, se rendit au château de Saint-Priest, où résidait le Roi. Celui-ci se montra très sensible à cette attention : dans sa dépêche du 14 février, l'ambassadeur s'étend très longuement sur le plaisir que le Roi avait éprouvé à feuilleter le beau manuscrit ; il donne des nouvelles de la Cour, où l'on était encore sous l'émotion causée par l'arrestation de Castellain et de Gouffier. Le bruit avait couru que mademoiselle de Villequier allait être emprisonnée ; mais il n'en était rien : la maîtresse du Roi était encore en grande faveur. A la vérité, mademoiselle de Villequier avait été fort affligée de l'affaire de Gouffier, avec lequel elle était intimement liée[46]. L'influence du comte de Dammartin et de ses amis était en baisse et pâlissait devant le crédit du comte de Dunois. On attendait au milieu de mars le roi René, le duc d'Orléans, le comte de Foix, le duc de Bourbon, le comte du Maine, le duc de Calabre et d'autres seigneurs ; le comte de Nevers venait d'arriver, et l'on disait qu'il venait ménager un accommodement entre le Dauphin et son père. Le duc de Savoie avait renoncé à toutes les alliances qu'il pouvait avoir avec le duc de Bourgogne et avec Berne[47]. Dans un rapport secret, adressé à ce moment au duc de Milan par un capitaine placé sous les ordres du duc de Calabre, on lui faisait savoir que ce prince se préparait à se rendre à Gênes à la tête d'une puissante armée[48]. Tibaldo revint le 27 avril de sa mission près de Charles VII ; dès le lendemain Sforza le faisait repartir[49]. Le Roi, qui était au courant, de tout ce qui se passait à Milan[50], n'ignorait pas les intrigues du duc. Le 20 juin 1457, il lui écrivit pour se plaindre de sa conduite envers le duc de Savoie[51]. Sforza répondit le 15 juillet par une longue lettre, où il se déclarait prêt à faire tout ce que le Roi désirait ; mais, tout en manifestant l'intention de rester en bons termes avec le duc de Savoie, il déclarait que, si cc prince protégeait ses sujets rebelles, il en subirait les conséquences[52]. Charles VII le remercia de lui avoir répondu aussi amplement, demandant que, si quelque difficulté survenait, elle Mt résolue amiablement par des arbitres[53]. Mais bientôt de nouveaux griefs amenèrent de nouvelles plaintes. Dans une lettre du 30 octobre 1457, nous voyons Sforza se défendre d'avoir écouté des propositions d'alliances qui auraient pu déplaire au Roi et protester énergiquement contre les insinuations faites contre lui à cet égard ; il s'excusait dans les termes les plus humbles de songer à faire quoi que ce fût qui pût offenser la très chrétienne maison dont, à l'exemple de son père, il avait été et serait toujours le fidèle serviteur[54]. La situation de Gênes, toujours menacée d'une attaque du roi d'Aragon, était fort précaire. Au mois de mars 1457, huit notables seigneurs, qui avaient été chargés de poursuivre les négociations entre le doge et Charles VII, s'adressèrent à ce prince pour le supplier d'y mettre un terme en prenant la République sous sa protection : ils ne doutaient pas que le doge ne fût disposé à accomplir les conditions posées par le Roi, si celui-ci prenait résolument la chose en main ; tout le monde à Gênes le désirait. Baptiste Doria, lieutenant de Benoît Doria, capitaine de la flotte génoise, était envoyé au Roi pour tout combiner avec lui[55]. Charles VII reçut en même temps une lettre de Benoît Doria, accréditant son lieutenant auprès de lui[56]. De son tété, Pierre de Campo Fregoso écrivit au duc de Calabre, à la date du 27 avril, pour lui faire part des armements dit roi d'Aragon et le supplier de venir à son secours[57]. Jean d'Anjou employa l'année 1457 à faire ses préparatifs. Le 7 février 1458, à Aix en Provence, était passé avec lui, à titre de lieutenant général du Roi et de gouverneur du duché de Gênes, le traité définitif par lequel Pierre de Campo Fregoso déclarait se soumettre à Charles VII. La seigneurie de Gênes était transférée à la France ; les droits et privilèges des Génois étaient maintenus, dans les conditions qui avaient été stipulées en 1396, tors de la cession faite à Charles VI[58]. Ce traité fut signé de nouveau à Beaugency le 25 juin suivant, et un acte passé entre les ambassadeurs de Gênes et les commissaires désignés par le Roi fut revêtu le même jour de l'approbation royale[59]. Dans l'intervalle, le 11 mai, le duc de Calabre avait fait son entrée à Gènes et reçu le serment de fidélité des habitants. Lui-même avait juré de respecter les lois et les privilèges des Génois, en même temps que les statuts et privilèges de la banque de Saint-Georges[60]. Au moment où la République de Gènes passait sous la domination de Charles VII, Alphonse V préparait contre elle une nouvelle attaque. Son amiral, Bernard de Villamarino, qui avait hiverné à Porto-Fine avec vingt vaisseaux, reçut un renfort de troupes d'élite, avec des armes et des munitions ; le duc de Calabre venait à peine de débarquer quand la flotte napolitaine vint bloquer Gênes. Le nouveau gouverneur avait dix galères et un certain nombre de gens de guerre ; mais sa situation ne laissait pas d'être critique. Menacé du côté de la mer, il avait à lutter contre un parti de mécontents, secrètement soutenu par le duc de Milan : Jean-Antoine de Fiesco, Raphael et Bernabo Adorno s'avançaient par les montagnes, à la tête d'un corps de troupes, et, dans Gênes, Pierre Spinola et ses partisans se tenaient prêts à leur donner main forte[61]. Déjà le duc de Calabre avait fait ses préparatifs de défense, quand une nouvelle imprévue vint jeter le désarroi parmi ses ennemis : Alphonse V était mort le 27 juin, à la suite d'une courte maladie[62]. Aussitôt, la flotte napolitaine se dispersa, et la mort imprévue de Raphael et de Bernabo Adorno, survenue sur ces entrefaites, força leurs troupes à battre en retraite. La mort d'Alphonse V allait rouvrir toutes les complications un moment apaisées par la ligue contractée en janvier 1455. Quelques semaines auparavant Cosme de Médicis, qui exerçait à Florence un ascendant sans partage, prévoyant la mort prochaine d'Alphonse V et du Pape, traçait à Nicodème de Pontremoli, l'ambassadeur de Sforza, le plan de conduite qui lui semblait devoir être suivi. Le duc de Milan devait rester l'arbitre de la politique française en Italie. Les Français n'avaient rien de mieux à faire que de s'allier secrètement avec lui, d'affermir leur domination à Gênes, de s'assurer le concours de la république de Lucques et du duc de Modène, d'attendre la mort d'Alphonse V et de Calixte III, de ménager l'élection d'un pape disposé à soutenir les droits de la maison d'Anjou, et de marcher d'un commun accord à la conquête du royaume de Naples[63]. Si Alphonse V avait perdu la popularité dont il avait joui durant de longues années, la maison d'Anjou conservait un prestige qui devait favoriser le triomphe de ses prétentions. Mais un obstacle se dressait eu face d'elle. Sforza lui était hostile ; il exerçait sur les Florentins une influence prépondérante ; il était en relations assidues avec le Dauphin, dont toute la politique consistait à contrecarrer les desseins de son père ; il encourageait à Gênes les mécontents et les poussait à prendre les armes. Alphonse V était à peine mort qu'il prit résolument en main la cause de son fils bâtard, Ferdinand, auquel était échu en partage le trône de Naples. Celui-ci rencontra cependant un adversaire déclaré en la personne du vieux pape Calixte III, autrefois tout dévoué au roi d'Aragon ; il refusa de reconnaître Ferdinand, et, par une bulle en date du 12 juillet, déclara le royaume de Naples dévolu au Saint-Siège. Il ne dissimula même pas ses sympathies pour la maison d'Anjou et chercha à rallier Sforza à sa politique, lui offrant, s'il s'employait à la conquête du royaume de Naples, de lui faire restituer ses possessions des Abruzzes et de la Pouille, et même d'y ajouter d'autres territoires. Loin de répondre à ces avances, Sforza déclara qu'il soutiendrait de tout son pouvoir le fils naturel d'Alphonse V. Sur ces entrefaites, Calixte III disparut de la scène (6 août) ; il fut remplacé sur le trône pontifical par /Enns Sylvius, qui prit le nom de Pie II. Le nouveau pape, tout entier à ses projets de croisade, allait se montrer l'antagoniste résolu de la maison d'Anjou. Sollicité par Charles VII et par le roi René de conférer à cette maison l'investiture du royaume de Naples et de recevoir l'hommage de René, il répondit qu'il regrettait que le trône fût occupé par un autre prince, mais qu'il ne pouvait le lui enlever sans nuire aux intérêts de l'Église, surtout en un moment où il fallait pacifier les États chrétiens pour courir à la défense de la Foi contre les Turcs (27 novembre 1458). Peu après il donna l'investiture à Ferdinand, se bornant à ajouter cette formule : sauf les droits d'autrui[64]. Le duc de Milan, tout en donnant de belles paroles au roi René, en le félicitant sur la prise de possession de Gênes par son fils au nom de Charles VII, et en protestant de ses bonnes dispositions à l'égard de la maison de France[65], ne cessait d'agir dans un sens tout opposé à la politique royale. A une lettre de Charles VII, lui signifiant l'occupation de Gênes et lui reprochant d'encourager les mécontents dans cette ville[66], il répondit par ses banales déclarations de bon vouloir et de dévouement[67]. Le Roi ne se tint pas pour satisfait : il lui envoya un de ses conseillers, Jean d'Amancier[68], avec mission de lui faire savoir qu'il prenait en main les intérêts de son beau-frère, le roi René, dans le royaume de Naples, et de lui demander de prêter assistance au duc de Calabre dans son gouvernement de Gênes. Le Roi comptait sur Sforza pour aider le roi René à recouvrer son royaume, et réputerait comme fait à lui-même ce qu'il ferait à cet égard ; il avait également confiance que le duc de Calabre recevrait de lui faveur, aide, plaisir et courtoisie pour tout ce que celui-ci aurait à faire à Gênes ; il dénonçait en même temps les agissements du marquis de Finale, vassal de Sforza, qui, au mépris de son serment et des avertissements donnés, se montrait hostile au duc de Calabre[69]. Charles VII envoya en même temps un ambassadeur à la république de Florence, qui lui avait récemment adressé de chaleureuses félicitations sur l'occupation de Gênes, se déclarant prête à le seconder[70], pour l'informer de ses desseins dans le royaume de Naples et lui demander de ne prêter aucune assistance au fils d'Alphonse V. Miles d'Illiers, doyen de Chartres, ambassadeur du Roi, avait mission de se rendre ensuite auprès du Pape pour le solliciter de ne point donner l'investiture à Ferdinand, excommunié par son prédécesseur[71]. Le gonfalonier de justice demanda un délai pour consulter l'assemblée des notables ; trois jours après une délibération était prise. La République protestait de son attachement envers la maison de France ; elle faisait grand cas du duc de Calabre qui, pendant son séjour à Florence, s'était montré sage, modeste, plein d'aménité et de bienveillance ; mais elle était liée envers la liaison d'Aragon par un traité auquel elle ne pouvait manquer, sans violer la foi jurée : elle demandait donc au Roi de se contenter de ce qu'elle pourrait faire, tout en sauvegardant son honneur[72]. L'ambassadeur eut beau insister ; l'évêque de Marseille, qui arriva ensuite, au nom du roi René, eut beau déployer toute son éloquence pour obtenir le concours de la République, tout fut inutile : les Florentins déclarèrent qu'ils se considéraient comme liés et n'entendaient point se soustraire aux engagements contractés[73]. C'était là la politique officielle de Florence. Mais elle avait une politique occulte : à ce moment même le grand citoyen qui avait conquis dans ses conseils une place si importante parait avoir fait auprès du duc de Milan les plus pressantes démarches pour le rallier à la cause de René et de son fils, lui rappelant ses obligations envers la maison d'Anjou, ses griefs contre le roi d'Aragon, lui faisant observer que le représentant de cette maison était dans une situation désespérée et l'exhortant à ne point ressusciter un mort[74]. Ni les remontrances de Charles VII, ni les conseils de Cosme de Médicis n'exercèrent la moindre influence sur la conduite de Sforza. En répondant à Médicis, il allégua ses engagements antérieurs et fit ressortir les avantages qu'il avait à maintenir Ferdinand à Naples[75]. Tandis que Charles VII s'occupait activement de soutenir le duc de Calabre à Gênes et lui envoyait des renforts[76], le duc de Milan donnait asile aux Génois révoltés et encourageait leurs menées. Charles VII lui écrivit de nouveau, à la date du 21 novembre, pour lui reprocher sa conduite[77] ; il envoyait un ambassadeur, Guillaume Toreau, chargé en même temps de se rendre près du duc de Savoie et du marquis de Montferrat[78]. Les intrigues de Sforza portaient leurs fruits, car Pierre de Campo Fregoso commençait à causer de sérieux embarras au duc de Calabre, et s'attirait de vifs reproches de ce prince[79]. C'est en vain que, de son côté, le roi René écrivait à Sforza pour lui reprocher son attitude hostile, à laquelle il ne voulait pas croire[80]. Au commencement de 1459, le duc de Calabre reçut une ambassade des seigneurs napolitains. Après s'être adressés en vain au roi de Navarre, successeur d'Alphonse V dans le royaume d'Aragon, ils venaient lui offrir de le mettre en possession du royaume de Naples, à l'exclusion de Ferdinand, Jean d'Anjou était tout entier à sou gouvernement de Gênes, où il commençait à conquérir une popularité justifiée par son noble caractère et par son habile politique. De Chinon, où il était auprès de Charles VII, Bertrand de Beauvau écrivait à ce moment : Hier arriva un chevaucheur de monseigneur de Calabre, et aujourd'hui est arrivé un de ses gens, nommé André de Marcy, qui est homme de bien, lequel m'a dit que la ville de Gènes et la seigneurie sont en la plus grande paix et union qu'ils furent passé a cent ans, et que monseigneur de Calabre est le mieux voulu que oncques prince fut[81]. Cette heureuse situation ne devait pas tarder à être troublée par les intrigues de Sforza. Charles VII ne négligeait rien pour assurer la tranquillité de Gênes. Il voulut profiter des bonnes dispositions que lui témoignait le nouveau roi d'Aragon pour mettre la Seigneurie à l'abri de toute agression de ce côté. Jean II, aussitôt après avoir réuni la couronne d'Aragon à celle de Navarre, avait envoyé vers le Roi pour solliciter son alliance[82]. L'ambassade arriva à Vendôme, au mois de novembre 1458, et Charles VII accueillit favorablement cette ouverture[83]. Le mois suivant, il désigna des ambassadeurs pour se rendre à la cour du roi d'Aragon[84] et leur donna pleins pouvoirs pour conclure un traité d'alliance[85]. Dans les instructions qu'il leur remit, il recommandait expressément que les Génois fussent compris dans le traité, et chargeait ses ambassadeurs de régler toutes les questions en litige entre le roi d'Aragon et Gênes[86]. Le traité d'alliance entre les royaumes de France et d'Aragon fut passé à Valence le 27 juin[87]. Si Charles VII n'obtint pas tout ce qu'il demandait en faveur des Génois, il amena pourtant Jean II à consentir à une trêve qui assurait leur sécurité[88]. Au mois de janvier 1459 parurent à la cour de Charles VII, à Tours, des ambassadeurs de Milan, Venise, Florence et autres états de l'Italie[89]. Vers le même temps, l'évêque de Marseille et Jean Cossa furent envoyés à Milan par le duc de Calabre pour faire une suprême démarche auprès de Sforza. Ils lui rappelèrent l'antique alliance qui unissait sa famille à la maison d'Anjou : son père, Attendolo, était mort en combattant pour le roi René ; lui-même avait perdu ses états dans le royaume de Naples en luttant en faveur de ce prince ; le duc de Calabre le suppliait, au nom de ces souvenirs, de soutenir ces mêmes droits qu'il avait défendus les armes à la main et de préférer à une alliance nouvelle, d'un caractère exclusivement politique, une alliance de près d'un demi-siècle, que sanctionnaient de vieilles affections et qui lui vaudrait une juste reconnaissance. Le jeune duc lui offrait d'épouser une de ses filles, alors destinée au fils de Ferdinand, beaucoup plus jeune qu'elle ; il promettait de rendre à Sforza tout ce qu'il avait possédé dans le royaume de Naples, et d'y ajouter de nouveaux territoires ; il s'engageait à suivre en tout ses conseils[90]. Ces propositions ne trouvèrent aucun crédit auprès du duc de Milan ; à de vaines protestations de dévouement, il mêla même des reproches amers sur ce que l'entreprise sur Gênes lui avait été dissimulée ; il déclara que, quels que fussent les droits des prétendants à la couronne de Naples, il ne se permettait pas de les juger, et que sa conduite ne pouvait are dictée que par les traités qu'il avait signés. La ligue conclue en 1455 entre tous les États de l'Italie ne lui laissait plus de choix. Si la maison d'Aragon était attaquée dans le royaume de Naples, il se voyait obligé à la défendre. L'Italie entière, liée par la même ligue, embrasserait également la cause de Ferdinand. Il invitait donc le duc de Calabre à réfléchir sérieusement avant ide se lancer dans une entreprise qui serait probablement au-dessus de ses forces. Par la même raison, il n'était plus à inertie d'accueillir la proposition de mariage qui lui était faite : sa fille était promise à Alphonse, fils de Ferdinand ; quels que fussent les événements, il resterait fidèle à l'engagement contracté[91]. Sous le masque de cette prétendue fidélité aux traités, Sforza cachait l'hostilité la plus invétérée. Il avait accueilli dans ses états Pierre de Campo Fregoso qui, sous prétexte qu'on ne remplissait pas les engagements contractés à sou égard, avait quitté Gênes ; il lui facilitait les moyens de rassembler des troupes avec l'argent que lui faisait passer Ferdinand, et il l'autorisait à mettre à leur tête l'un des capitaines les plus renommés de son armée, Tiberto Brandolini. Une invasion nouvelle se préparait contre Gênes, et le fils bâtard d'Alphonse V devait envoyer une flotte pour bloquer la ville. Sur ces entrefaites Sforza reçut un nouveau message de Charles VII. Le Roi avait reçu récemment un ambassadeur de Gênes, Bonarel de Grimaldi : cet ambassadeur s'était plaint de ce que Pierre de Campo Fregoso lui avait enlevé une de ses places, qu'il avait mise au pillage. Le Roi réclamait à ce sujet : Et pour ce que, écrivait-il, comme l'on dit, icelui de Campo Fregoso est de par vous porté et favorisé — dont sommes fort émerveillé, et est chose bien étrange que veuilliez soutenir icelui de Campo Fregoso et ainsi travailler et molester ledit Bourronel et autres nos sujets, ce que ne pourrions bonnement souffrir ni tolérer, — nous vous crions et requérons que ces choses veuilliez faire réparer. Le Roi envoyait à Sforza son bailli de Berry, le sire de Maupas[92]. Les menées hostiles du duc de Milan ne tardèrent pas à produire leurs résultats. Tandis que le duc de Calabre s'affermissait de plus en plus dans son gouvernement de Gênes, s'occupant de pourvoir à la défense de Monaco[93], obtenant la soumission du marquis de Finale[94], se mettant en relations avec le roi d'Angleterre Henri VI[95], travaillant même à la défense de la chrétienté en Orient[96], une attaque se préparait dans l'ombre[97]. Au moment où Villamarino, avec douze galères, paraissait devant Gênes, Pierre de Campo Fregoso, secondé par Jean-Antoine de Fiesco, tentait un coup de main. Il Comptait sur la connivence des habitants : les Génois ne bougèrent pas. Fiesco fut tué ; ses partisans s'enfuirent ; Fregoso fut contraint de regagner la Lombardie. Le duc de Calabre, acclamé par le peuple, vit son pouvoir fortifié par cette agression. Une nouvelle tentative, faite le 13 septembre, fut encore plus fatale à ses adversaires : Fregoso y perdit la vie, et le duc de Calabre, qui s'était porté à sa rencontre à la tête de toute sa garnison, rentra triomphalement dans Gênes[98]. Jean d'Anjou pouvait se croire désormais à l'abri de toute attaque : il se décida à tenter la conquête du royaume de Naples ; le 4 octobre il s'embarquait, abandonnant sa brillante situation pour une entreprise pleine de périls, et dont l'insuccès pouvait être doublement fatal à la France. Au moment même où le duc de Calabre faisait voile vers le royaume de Naples s'ouvrait le congrès de Mantoue. La défense de la chrétienté contre les Turcs était la préoccupation constante de la papauté. Si Pie II avait adopté, en Italie, une politique différente de celle de son prédécesseur, il n'était pas moins zélé que Calixte III pour la croisade. Dès le 13 octobre 1458, il avait adressé à tous les souverains un solennel appel pour se rendre à une grande assemblée qui devait se tenir le 1er juin de l'année suivante, soit à Mantoue, soit à Udine, afin de combiner les mesures à prendre[99]. Il s'était adressé en particulier à Charles VII, et, lui avait fait de pressantes sollicitations[100]. Charles VII avait répondu qu'il convoquerait à ce sujet une assemblée de prélats de son royaume et qu'il transmettrait au Pape leur délibération[101]. Quand Miles d'Illiers était venu à Rome, au mois de novembre, Pie II avait adressé au Roi un nouveau bref, que l'évêque de Conserans fut chargé de lui remettre[102]. Charles VII se montra disposé à entrer dans les vues du Pape et écrivit à ses alliés les rois de Castille, d'Écosse et de Danemark, et au roi d'Aragon, leur demandant de se joindre à lui pour envoyer des ambassadeurs au congrès[103]. Le Pape quitta Rome le 22 janvier 1459 pour se rendre à Mantoue, qu'il avait choisi pour lieu de réunion du congrès. Il s'avança à petites journées à travers l'Italie, s'arrêtant à Pérouse, à Sienne, à Florence[104], et parvint le 27 mai au terme de son voyage. Grand fut son désappointement à son arrivée à Mantoue : non seulement aucun des souverains qu'il avait convoqués pour le 1er juin n'était présent, mais ils n'avaient envoyé aucun ambassadeur. Le 1er juin, à l'issue d'une grande messe solennelle, Pie II prononça un discours où il ne dissimulait pas son mécontentement. Le même jour, il envoya une circulaire à tous les princes et leur adressa des lettres spéciales pour les exhorter à se faire représenter au congrès[105]. Plusieurs semaines se passèrent dans l'attente. Les nouvelles qui arrivaient au Pape n'étaient point encourageantes[106] ; une vive opposition se manifestait au sein du Sacré Collège, où l'on faisait tout au inonde pour engager Pie II à renoncer au congrès et à retourner à Rome[107]. Le Pape résista et continua ses démarches auprès de l'empereur, du roi de France, du duc de Bourgogne et des autres princes de la chrétienté[108]. Le 3 mai, il avait félicité Philippe le Bon de ce qu'il devait venir en personne au congrès[109] ; mais l'attente du Pape fut trompée : le duc de Bourgogne se borna à envoyer des ambassadeurs, qui arrivèrent le 18 août ; c'était son neveu, le duc de Clèves, Jean Jouffroy, évêque d'Arras, et Jean de Croy, seigneur de Chimay[110]. Le 20, ils furent reçus en consistoire public, et l'évêque d'Arras prononça un discours ; mais le duc de Clèves partit au bout d'un mois, sans même attendre l'ouverture du congrès[111]. Le duc de Milan et les ambassadeurs de Venise s'étant enfin décidés à répondre aux appels réitérés du Souverain Pontife, Pie II ouvrit le congrès à la date du 26 septembre. Il prononça un éloquent discours, et mit aussitôt en délibération la grande question qui avait motivé la réunion de l'assemblée. Les 27 et 30 septembre, deux séances furent consacrées à l'étude des mesures à prendre en vue de la croisade[112]. Charles VII n'avait pas montré plus d'empressement que l'empereur et les autres souverains à envoyer ses ambassadeurs à Mantoue[113]. Il poursuivait la réalisation de ses desseins en Italie, et cherchait à se rendre les divers États favorables. Il ne pouvait compter sur le duc de Milan, dont l'attitude devenait de plus en plus hostile, mais il espérait avoir l'appui des républiques de Florence et de Venise. Des démarches pressantes étaient faites auprès de la première, et un ambassadeur avait été envoyé à la seconde au mois de mars[114]. Charles VII résolut d'envoyer à Venise une ambassade solennelle[115]. En même temps, le comte d'Angoulême fut chargé de se rendre à Asti pour suivre les choses de près. Il arriva dans cette ville vers le 31 août[116], en compagnie de Jean de Chambes et de Georges Havart, désignés pour aller à Venise. Après six semaines de séjour à Asti, les deux ambassadeurs se mirent en route[117]. Le bruit courait en Italie que Charles VII voulait négocier le mariage de sa fille avec le neveu du duc de Modène[118]. Chambes et Havart, évitant Milan, où ils se bornèrent à envoyer un héraut pour remettre à Sforza une lettre du Roi[119] et lui annoncer qu'ils le visiteraient au retour[120], s'arrêtèrent à la cour du marquis de Ferrare, qui les festoya pendant trois jours ; ils arrivèrent à Venise le 21 octobre. Dans l'audience que le doge leur donna le surlendemain, ce fut Havart qui porta la parole[121]. Le doge les remercia en termes chaleureux, disant qu'il était plus joyeux de la venue.de l'ambassade du Roi que de celle d'aucune autre ambassade qui eût paru à Venise depuis trente ans. Je le dois être, ajouta-t-il, car c'est ce le Roi des rois et très chrétien, et nul ne peut sans lui[122]. Le 25, le sénat de Venise délibéra sur les ouvertures faites au noya de Charles VII ; elles portaient sur quatre points : 1° rappel des anciennes alliances entre la couronne de France et la république de Venise ; 2° occupation de Gênes par la France ; 3° entreprise sur le royaume de Naples ; 4° conclusion sur les propositions d'alliances faites par le précédent ambassadeur. Le sénat témoignait, de son attachement, à la maison de France ; il avait vu avec plaisir la domination royale s'établir à Gènes, et ne ferait rien qui pût y mettre obstacle, ainsi qu'il en avait donné l'assurance à plusieurs reprises au duc de Calabre ; il était tout disposé à s'unir au Roi, dont les entreprises étaient certainement dirigées dans un esprit de sagesse ; il serait toujours disposé à faire tout ce qui pourrait augmenter la gloire et la puissance de la maison de France et serait à la fois utile et honorable pour le royaume et pour la république. Les ambassadeurs
trouvèrent cette réponse belle et honorable, mais
ne leur donnant point une satisfaction suffisante ; ils demandèrent qu'on
précisât davantage. Le doge leur dit qu'il fallait pour cela convoquer une
plus nombreuse assemblée. Et ont été depuis
assemblés mille à douze cents gentilshommes, écrivait Jean de Chambes
le 28 octobre, et nous dit que eussions patience, et
que dimanche nous fèteroit et montrerait les dames, puisque je les voulois
voir, et y feroit venir la duchesse, nonobstant que ce ne soit pas la coutume.
Mais les ambassadeurs voyaient bien qu'on délayait à
faire ta seconde réponse en attendant les nouvelles de ce que ferait monseigneur de Calabre. Cette réponse
vint pourtant le 5 novembre. Dans une seconde lettre, Jean de Chambes
écrivait : Le mercredi sept de novembre, partîmes de
Venise, car lundi eûmes notre réponse, belle et honorable, et dont sommes
bien contents[123]. Sans doute
l'ambassadeur, en bon diplomate, ne donnait point ici le fond de sa pensée :
nous avons la délibération du sénat, en date du 2 novembre ; elle était
conçue dans les termes les plus vagues, éludant toute explication, soit sur
l'appui que la République prête] ait au Roi s'il voulait se venger de ceux
qui semaient le trouble à Gènes, soit sur l'attitude qu'elle prendrait
relativement à l'entreprise dans le royaume de Naples[124]. La mission des
ambassadeurs avait complètement échoué. Les choses avaient été combinées de façon à ce que le résultat de cette ambassade fût connu au moment où les ambassadeurs envoyés au congrès arriveraient à Mantoue. Nous voyons par la relation de Jean de Chambes que, partis le 7 novembre de Venise, lui et son collègue étaient le 12 à Vérone, où ils reçurent des lettres des autres ambassadeurs, et qu'ils joignirent ceux-ci le 14, au moment de leur entrée dans Mantoue. Jusqu'ici l'Italie avait seule été représentée au congrès, et les résultats obtenus par le Pape avaient bien peu répondu à ses espérances. L'ambassade bourguignonne était partie ; les représentants de la France et de l'Allemagne n'avaient pas encore paru. A la fin d'octobre seulement arriva une ambassade du duc Albert d'Autriche, qui ne se manifesta que par l'insolence de son orateur[125]. Puis vinrent des ambassadeurs du duc Guillaume de Saxe. Le duc Sigismond d'Autriche arriva en personne le 10 novembre. Enfin, le 14 novembre, les ambassadeurs de France firent leur entrée, accompagnés des ambassadeurs du roi René, du duc d'Orléans et du duc de Bretagne. L'ambassade française se composait de Jean Bernard, archevêque de Tours ; de Guillaume Chartier, évêque de Paris ; de Miles d'Illiers, évêque nommé de Chartres ; de Guillaume Cousinot ; de Thomas de Courcelles, le trop célèbre docteur de l'Université de Paris ; du secrétaire Nicolas Petit, avec une suite nombreuse. Elle ne fut point reçue immédiatement. Notre saint Père, écrivait Nicolas Petit au chancelier Jouvenel, avait assigné jour pour l'audience accoutumée, qu'on appelle consistoire public ; mais, pour ce qu'il étoit très mal disposé, il a différé jusqu'à un autre jour, et s'est fait excuser bien grandement, disant que son intention est de ouïr bien au long le proposant et de parler après. Et crois que la proposition sera moult belle, à ce que j'en puis concevoir, et se divise en deux parties, dont la dernière gît en pointe. Et crois que notre dit saint Père aura matière pour lever les oreilles[126]. Ce fut le 21 novembre que les ambassadeurs français furent
reçus en consistoire. Là, raconte Jean de
Chambes, lui fîmes la révérence, où il y avait
grande presse ; lui baisâmes le pied, la main et la joue. Et après
monseigneur de Tours lui bailla les lettres du Roi, qu'il fit lire
publiquement, et après monseigneur de Paris fit la proposition bien et
honorablement. — Nicolas Petit nous donne un aperçu de ce discours : Et a proposé monseigneur de Paris très élégamment l'espace
de deux heures et plus ; et a pris son thème, more (Milice : Secundum nomen
tuum, sic et ictus tua in fines terra, lequel il a divisé en deux parties. Et
reste la partie dernière pour la fin des matières : car, selon ce que notre
Saint Père se gouvernera, tels termes en proposition finale lui seront
baillés. Le proposant a farci sa collation d'autorités tant de la sainte
Écriture, sans oublier le droit canon, que d'autres auteurs, artes poeticæ,
et toujours selon la disposition de la matière... Il s'est montré homme de grande audace en élevant le Roi
et ses progéniteurs, remontrant aussi le courage que toujours a eu le Roi au
bien de l'Église, laquelle a été honorée et affermie par lui, et, du temps
présent, en rejetant le schisme, voulant vivre comme Roi très chrétien sans
vouloir gloire mondaine à lui être attribuée. Après ce, en continuant sa
matière, a parlé du royaume de Naples et du fait de Gênes, faisant fin à sa
proposition, rendant obéissance tout ainsi qu'il a été accoutumé[127]. Après Guillaume Chartier, trois autres orateurs prirent successivement la parole : un ambassadeur du roi René, un ambassadeur de Gênes, et un docteur allemand, au nom de la maison d'Autriche. Pie II répondit aussitôt à l'évêque de Paris et aux autres orateurs : Notre Saint Père, écrivait Nicolas Petit, divisa sa réponse en six points : le premier touchant sa personne, ainsi que monseigneur de Paris l'avoit pris, et peu s'y arrêta ; le second touchant le Siège Apostolique, sur quoi longuement demeura, et allégua toutes choses servant à la louange dudit Siège, tendant où ses fins, en résumant par deux fois : Arbitramur omnes principes catholicos Ecclesiæ Romanæ et Sedi Apostolicæ debere esse subjectos ; le tiers point touchant le bon vouloir et affection que le Roi a envers l'Église romaine, et mêmement au bien des matières présentes ; et sur ce commença à louer et montrer les grands faits des rois de France, et du temps de Charles le Grand, Louis premier et autres, disant comment l'Église romaine a été honorée et préservée par les très chrétiens rois, descendant au Roi, le louant et magnifiant bien grandement, et que sans lui ne peut être rebouté le Turc ; pareillement en louant le royaume, faisant diverses descriptions Franciæ et Galliarum, dont vient l'imposition de ce nom François, louant l'Université de Paris sur toutes autres, faisant mention des belles églises et des monastères du royaume ; le quatrième touchant le fait du roi de Sicile, eu la faveur du Roi : et quant à ce les Catalans furent tous ébahis quand notre Saint Père commença par ces mots : pro parte carissimi in Christo filli regis Renati, Sicilæ ac Jerusalem regis illustris ; ceux qui étaient pour le parti de Don Ferrando voulaient rompre l'audience, mais notre Saint Père leur imposa silence et ne les voulut point ouïr. Le cinquième, touchant le fait de Gênes, en quoi déclara l'avoir en singulière recommandation, et telle que le domaine et patrimoine de l'Église ; le sixième et dernier fut l'obéissance et révérence filiale, dont lui et ses frères messeigneurs les cardinaux rendoient grâce. Un consistoire spécial fut tenu le 30 novembre pour entendre l'exposé que les ambassadeurs français devaient présenter relativement à l'affaire du royaume de Naples. Ce fut Guillaume Cousinot qui porta la parole. Il se plaignit de ce que le Pape, en transportant l'investiture du trône de Sicile de la maison d'Anjou à la maison d'Aragon, s'était montré oublieux des services rendus au Saint-Siège par la couronne de France ; il supplia Pie II de revenir sur ce qu'il avait fait en faveur de Ferdinand, de donner l'investiture au roi René et de recevoir son hommage[128]. Le Pape ne répondit pas aussitôt à ce discours : une indisposition lui fit ajourner le nouveau consistoire, qui ne fut tenu que quelques jours plus tard. Malgré le mauvais état de sa santé, Pie II prononça un discours qui ne dura pas moins de trois heures. Il reprit tout l'historique de la question, expliquant longuement les motifs qui avaient déterminé sa conduite. Tout en réservant les droits du roi René, il déclara qu'il ne pouvait se départir de l'attitude qu'il avait prise. En terminant, il s'éleva en termes très vifs contre la Pragmatique sanction : le Roi de France ne comprenait pas sans doute les funestes conséquences de cet acte, qui portait atteinte à l'autorité du Siège apostolique, à l'unité et aux libertés de l'Église ; le Pape espérait que les ambassadeurs l'éclaireraient à cet égard et le feraient rentrer dans la voie lumineuse de la vérité[129]. La discussion se poursuivit. Les ambassadeurs répondirent au Pape, insistant sur les droits du roi René, sur les avantages qui résulteraient pour le Saint-Siège de l'appui qui tuf serait donné ; ils défendirent le Roi de l'accusation d'avoir voulu, par la Pragmatique, attenter aux privilèges du Siège apostolique, protestant de son constant dévouement à l'égard du Souverain Pontife, déclarant qu'il pourrait examiner encore une fois la question et prendre une décision avec maturité[130]. Le Pape reprit la parole, puis ramena la question à son point de départ : la croisade contre les Turcs. Il fit faire des propositions par ses orateurs : une assemblée serait convoquée le 24 juin de l'année suivante, où seraient appelés les rois de France et d'Angleterre unis[131], et le duc de Bourgogne, afin de chercher à rétablir la paix entre les princes et de réunir toutes leurs forces contre les Turcs ; d'ici-là une nouvelle décime serait levée pour pourvoir aux plus pressants besoins de la défense. Les ambassadeurs répondirent que nul n'était plus disposé que le Roi à secourir l'Église ; ils admettaient le projet d'une assemblée des princes chrétiens, mais ils ne pouvaient rien préciser à cet égard sans avoir consulté le Roi ; en ce qui concernait la levée d'une nouvelle décime, ils déclaraient n'avoir point d'autorisation pour formuler une opinion[132]. Pie II, redoutant les interprétations fâcheuses qui pourraient être données au Roi sur ses paroles, s'était empressé de lui écrire : par un bref en date du 12 décembre, il lui donnait l'assurance que ses ambassadeurs avaient été reçus avec les plus grands honneurs ; qu'il avait écouté patiemment leur exposé en faveur du roi René, et que, en leur répondant, il n'avait rien dit qui fût contre l'honneur des rois de France et contre le sien propre ; il s'était borné à venger le Saint-Siège d'injustes attaques[133]. Les conférences avec les ambassadeurs français n'avaient pas beaucoup plus avancé les choses que celles tenues avec les princes italiens et leurs représentants ; il en fut de même des conférences avec les ambassadeurs allemands : on renvoya à deux diètes, fixées, l'une à Nuremberg le 2 mars, l'autre à Vienne le 30 mars, les décisions à prendre, de concert avec les légats du Saint-Siège. Le 14 janvier 1460, le Pape clôtura le congrès par une grand'messe, par un discours et par la publication d'une bulle annonçant la guerre contre les Turcs et en fixant la durée à trois années. Le 10 janvier, il avait adressé un nouveau bref à Charles VII, pour lui exprimer ses regrets de n'avoir pu donner satisfaction à ses requêtes, et l'assurer de ses bonnes intentions à l'égard du roi René ; il annonçait l'envoi d'un légat qui le représenterait à la réunion fixée au 24 juin[134]. |
[1] Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 207.
[2] Sismondi, Histoire des républiques italiennes, t. IX, p. 420. Cf. Perrens, Histoire de Florence depuis la domination des Médicis jusqu'à la chute de la République, t. I, p. 162-164.
[3] Voir Pastor, Histoire des Papes, t. II, p. 271-275.
[4] Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 202. Cf. Ms. italien 1603, f. 104 et suivantes, et 137 et suivantes.
[5] Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 211 et 216.
[6]
Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 221.
[7] Ms. italien 1587, f. 19.
[8]
Theiner, Codex diplomaticus, etc., t. III, p. 378. Pastor, l. c., t. II, p. 278.
[9] Instructions, sans date, donnée à un ambassadeur à la Cour de France. Ms. italien 1588, f. 3 et suivantes. — Du rapprochement des documents, il résulte que ces instructions doivent être placées à la date du 24 mai 1460.
[10] Lettres de Charles VII à Sforza, en date du 18 mars 1455. Archives de Milan, Francia, Corrisp. con Carlo VII, etc.
[11] Au Galays de Belouen, pour ung voyage par luy fait devers le Pape, le Roy d'Arragon, ceulx de Florence et ailleurs. État des aides pour 1454-55. Ms. fr. 2886, f. 6 v°. Cf. Clément, Jacques Cœur et Charles VII, t. II, p. 422.
[12] De leur côté le doge de Gênes et le Conseil des Anciens avaient déclaré, le 14mai 1454, qu'ils n'entendaient pas ratifier les articles de la paix entre le duc de Milan et la seigneurie de Venise en ce qui concernait le roi d'Aragon, et ne voulaient pas déposer les armes contre lui s'il ne rendait pas Castello dans, l'île de Sardaigne. Archives de Gênes, Materie politiche, mazzo 12.
[13] Lettre insérée dans la Chronique Martinienne, f. 299.
[14] Voir dépêche de Nicodème de Pontremoli, 6 mai 1454 (Buser, Die Beziehungen der Mediceer zu Frankreich, p. 389) ; dépêche de Sforza à son ambassadeur à Naples, 17 décembre 1454 (Id., p. 390-391).
[15] Archives de Gênes, Littetarum, 18, à la date.
[16] Voir Sismondi, Histoire des républiques italiennes, t. X, p. 68-69.
[17] Archives de Gênes, Materie politiche, mazzo 13. Cf. Raynaldi, ann. 1455, § 36.
[18] Voir Pastor, t. II, p. 334-338.
[19] Lettre du 12 avril. Archives de Milan.
[20] Ms. italien 1604, f. 107.
[21] Ambassade d'Emmanuel de Jacob : instructions dans le ms. italien 1604, f. 111. — Le 29 octobre, Sforza avait écrit au duc de Bourgogne, le mettant au courant des affaires d'Italie, de son alliance avec le roi d'Aragon, des mariages qui allaient affermir cette alliance, et lui proposant la conclusion d'un traité. Araires de Milan, Borgogna dal... al 1475.
[22] Original à Milan, dans la Bibliothèque du marquis Trivulci. — Voir le rapport d'Emmanuel de Jacob à Sforza : Ms. italien 1587, f. 101.
[23] Dépêche du 28 novembre 1455. Ms. italien 1587, f. 94. Cette curieuse dépêche a été reproduite par Buser, Die Beziehungen der Mediceer zu Frankreich, p. 39248. — Je dois de vifs remerciements à M. le comte de Circourt, qui a bien voulu m'aider dans l'interprétation de ces dépêches italiennes, dont l'intelligence n'est point toujours facile ; sa compétence en ces matières m'a été d'un grand secours, et sa vieille amitié m'a été une fois de plus bien précieuse.
[24] Lettre, traduite en italien, aux archives de Milan (Francia). Cette réclamation donna lieu à un échange de correspondances entre Sforza et Regnault de Dresnay ; le duc de Milan finit par s'exécuter. Lettres de Sforza à Dresnay : 14 janvier, 24 février et 8 mars ; de Sforza au Roi : 25 janvier ; de Dresnay à Sforza : 14 et 21 février. Lettres de Jean de Carreto, marquis de Finale et de Spineta de Carreto à Sforza, 21 et 22 janvier, etc. Archives de Milan, Dominici Sforzesco, janvier-février 1456 ; Lettere missive, vol. XXXIV, f, 8, 8 v°, 10 et 26 v°.
[25] Original, dans la bibliothèque du marquis Trivulci, à Mitau ; copie du temps aux archives de Milan, Francia, Corrisp. con Carlo VII, etc. — Ces ambassadeurs étaient Raoulin Regnault et Nicolas du Breuil.
[26] Mémoire rédigé par Cicho de Calabria, chancelier de Sforza. Bibl. nationale, ms. italien 1604, f. 202.
[27] Lettre en date du 8 mars. Ms. italien 1587, f. 109.
[28] Lettre aux archives de Milan, citée par Lecoy de la Marche, le roi René, t. I, p. 287-288.
[29] Lettre de Charles VII. Original aux archives de Milan, Francia, Corrisp. con Carlo VII, etc. Le Roi envoya à Fiesco Jean Vigier pour suivre la négociation. — Cette lettre a été publiée dans la Revue des documents historiques, t. VII (avril-mai 1880), p. 69, par M. Étienne Charavay, qui lui donne la date fautive de 1457.
[30] Lettres sans date, dans le ms. fr. 5909, f. 104.
[31] Cet acte, resté jusqu'ici inconnu, a été révélé par M. Gustave Saige, conservateur des archives du prince de Monaco, qui en a trouvé une analyse dans les archives dont il a la garde et qui lui ont fourni la matière d'une belle publication : Documents historiques relatifs à la principauté de Monaco depuis le quinzième siècle. Voir t. Ier (Monaco, 1888, in-4°), p. CL-CLII.
[32] Lettre au Roi. Archives de Gênes, Litterarum, à la date.
[33] Archives de Gênes, Litterarum.
[34] Du Puy, 760, f. 65.
[35] Le 16 mai 1456, Angelo Acciajuoli écrivait à Sforza : Questo caso de Genova m'a dato de grande dispiacere et pensiero... Per aviso de la S. V. il duca de Kalavria ha tenuto simile pratica con gli usciti, e credo che ancora duri, monstrando loro che se quella terra viene nelle mani del Re de Francia, eglino potrano stare a casa loro. Archives de Milan, Dominio Sforzesco, mai-juin 1456.
[36] Ces lettres sont ou reproduites ou mentionnées dans les registres des Lettres missives, aux Archives de Milan, vol. XXXIV, f. 65-67.
[37] Le 20 avril, Tibaldo écrivait de Milan à Cosme de Médicis : E avisove como io intende volere andare o mandare in Franza per quelle cose mie e promesse che ho da la maestà del Re. Archives de Florence, Archivia mediceo, Filza XI, n° 524. — Le 19 avril, les Florentins écrivaient au Roi pour accréditer Tibaldo auprès de lui. Mêmes archives, Signori. Cartegio. Missive. Reg, I cancell., vol. XXXIX, f. 190.
[38] Extracta de sifra. Archives de Milan, Francia dal... al 1470.
[39] Saige, Documents historiques, etc., p. CLIII. — Le 25 octobre 1456, Fregoso écrivait à Sforza en lui envoyant deux ambassadeurs. Archives de Gènes, Litterarum, n° 9, f. 404 v°.
[40] Saige, Documents historiques, etc., p. CLII-CLIII.
[41] Lettres de créance pour le Roi et ses conseillers, en date du 10 novembre. Archives de Milan, Lettere missive, XXXIV, f. 161 v° ; Francia dal... al 1470.
[42] Lettre du 18 novembre. Archives de Milan, Francia del...al 1470.
[43] Cette dépêche, qui est aux Archives de Milan (Francia dal...al 1470), a été publiée par M. Étienne Charavay (Lettres de Louis XI, t. I, p. 267-277) ; malheureusement la copie n'a pas été collationnée avec assez de soin sur l'original, et le texte est parfois incorrect.
[44] Tibaldo dit à ce propos : E zerchano molto più per subtile che non me fecene l'altra volta.
[45] Ms. italien 1604, f. 297.
[46] Perche erano une osa medesima. Dépêche du 14 février.
[47] Archives de Milan. Francia dal... al 1470.
[48] Archives de Milan. Francia dal... al 1470.
[49] Lettre de créance pour le Roi, en date du 28 avril. Archives de Milan, Lettere missive, XXXIV, f. 246 v°.
[50] Certificandove che sono cussi bene informati particularmente de le cose de là como mi. Dépêche de Tibaldo du 7 décembre. Lettres de Louis XI, t. I, p. 268.
[51] Lettre traduite en italien. Archives de Milan, Francia, Corrisp. con Carlo VII.
[52] Archives de Milan, Lettere missive, XXXIV, f. 287 v° et suivantes.
[53] L'originel de cette lettre, qui se trouvait à Milan, aux Archives d'État, fut envoyé à Vienne le 20 décembre 1830, pour être placé dans la bibliothèque de l'empereur d'Autriche c'est ce qui résulte d'une note quo nous avons trouvée aux Archives de Milan, dans le portefeuille : Francia dal... al 1470. Il y en a une copie moderne (arec lacunes) dans le portefeuille Francia, Corrisp. con Carlo VII, etc.
[54] Original, à la Bibl. nationale, ms. fr. 10238, f. 69 ; copie du temps aux Archive, de Milan, Lettere missive, XXXIV, f. 324 v° (au f. 327 se trouve une version italienne, à la suite du texte latin).
[55] Lettre du 18 mars 1451. Original dans le ms. fr. 10238, f. 71.
[56] Lettre du 1er avril. Ms. fr. 10238, f. 187.
[57] Archives de Gênes, Litterarum, 18, à la date.
[58] Ce traité est inséré dans les lettres confirmatives de Charles VII en date du 25 juin suivant. Voir plus loin.
[59] Le 3 avril, le doge donnait des pouvoirs aux ambassadeurs envoyés à Charles VII. Les actes passés à Beaugency sont en originaux aux Archives de Gênes, Materie politiche, mazzo 13, et aux Archives nationales, en duplicata, J 498, n°, 34 et 35. Voir Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 215 et suivantes. — Le 25 juin, également, Charles VII donna des lettres où il déclarait avoir pour agréable lu don, à lui fait par les Génois, de la ville et seigneurie de Gênes, et avoir reçu le serment de fidélité prêté en leur nom (Duplicata aux Archives nationales, J 498, n° 33). — Le 13 juin précédent, Charles VII écrivait à Dreux Budé pour se faire envoyer le double du traité de 1396 (J 476, n° 16).
[60] Voir Sismondi, t. X, p. 1445. — Dés le 7 mai, le doge écrivait aux habitants de Novare pour leur annoncer la soumission de Gênes à la France, et leur recommander la fidélité à Charles VII. Archives de Milan, Potenze estere, Genova. — Le 27 mai, Pierre Spinola, l'un des chefs des dissidents, dans une lettre ex galea supra partum Janue, racontait à Sforza l'entrée des Français. Ibid.
[61] Sismondi, t. X, p. 75-76.
[62] Voir dépêche d'Antoine de Tricio sur la mort d'Alphonse V. Naples, 27 juin 1488. Ms. italien 1588, f. 88.
[63] Voir dépêche de Nicodème de Pontremoli en date du 24 mai 1458. Ms. italien, 1588, f. 74.
[64] Voir Lecoy de la Marche, le roi René, t. I, p. 589-591, et t. II, p. 581.
[65] Voir la lettre de René à Sforza en date du 8 juin. Ms. italien 1588, f. 19 ; éd. Lecoy de la Marche, l. c., t. II, p. 283.
[66] Lettre du 16 juin. Original, dans la Bibliothèque du marquis Trivulci à Milan.
[67] Lettre apportée par Roualin Regnault, visée dans une lettre de Charles VII. Ms. ital., 1605, f. 160. Cf. Cabinet des titres, 685, f. 212.
[68] Il est nommé Johanno de Mansi dans le document cité note suivante, qui est traduit en italien. L'ambassade de Jean d'Amancier est mentionnée dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 211 v°.
[69] Instructions données à Vendôme le 3 septembre 1458 ; lettre sans date (évidemment du même jour). Ms. italien 1588, f. 137-138.
[70] Si qua vero per nos fieri poterunt que vestrum sive ejus (le duc de Calabre) respiciant commodum aut dignitatem, suadeat sibi vestra sublimitas nos ea letis animis egregio studio facturos. Lettre du 26 juillet 1458. Archives de Florence, Signori. Carteggio. Missive. Reg. I. Cancell., XLI, f. 30.
[71] Procès-verbal de la réception de Miles d'Illiers, 4 octobre 1458. Archives de Florence, Signori. Legazione e commissarii. Risposte d'oratori, I, f. 10 v°. Éd. Desjardins, Négociations diplomatiques, etc. t. I, p. 82 et suivantes.
[72] Desjardins, l. c., p. 86-89.
[73] Desjardins, l. c., p. 89-96. — La réponse faite à l'évêque de Marseille est du 21 octobre ; or, le 14, deux ambassadeurs étaient désignés pour se rendre à Naples auprès de Ferdinand (Archives de Florence, Signori. Legazione e Commissarii, Carte di correro, VI, f. 162), et d'amples instructions leur étaient données pour s'entendre avec lui (Id., Signori. Lep. e Comm. Elezioni, etc., XV, f. 8-10).
[74] Voir Rerum italicarum Scriptores, t. XXI, col. 701-703, en note.
[75] Rerum italicarum Scriptores, t. XXI, col. 703-706.
[76] Mesures prises en novembre et décembre 1458 dans ce but. Voir dixième compte de Mathieu Beauvarlet, dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 212 v° et 213.
[77] Lettre en italien. Ms. italien 1605, f. 162.
[78] Guillaume Thoreau, notaire et secrétaire du Roy pour un voyage, le penultiesme novembre, devers les ducs de Bourbon et de Savoye, le prince de Prnont, le mls de Montferrat, le comte Francisque et le bailly de Sens, leur porter lettres closes, VIIxx l. Cabinet des titres, 685, f. 214.
[79] Lettre du duc Jean à Campo Fregoso, en date du 27 novembre. Archives de Gênes, Litterarum, à la date.
[80] Lettre en date du 18 décembre. Original, Archives de Milan, Polenta estere, Napoli.
[81] Lettre de Bertrand de Beauvau au président de la Chambre des comptes d'Angers. Original, Archives nationales, P 13347, f. 56 v°. Passage reproduit par M. Lecoq de la Marche, le roi René, t. I, p. 595, note 2.
[82] On a une lettre du roi d'Aragon à Charles VII en date du 12 octobre 1458, reçue le 17 novembre. Ms. latin 10152, f. 107.
[83] De Tours, vers la fin de décembre 1458, Charles VII envoya un chevaucheur porter des lettres closes au roi d'Aragon. Cabinet des titres, 685, f. 212.
[84] C'étaient le comte de Foix, Jean Bureau, Jean Tudert et Antoine d'Isoine. Sur l'ambassade du comte de Foix, voir ms. fr. 4492, f. 96 v° et suivantes. — Paiements aux ambassadeurs : Archives, KK 51, f. 113 v° et 115 ; Bibl. nat., Pièces originales, 2894 : TUDERT ; 1685 : LENONCOURT ; Ms. fr. 26086, n° 7328.
[85] Lettres sans date. Ms. fr. 5909, f. 254 v°.
[86] Ces instructions sont dans le ms. latin 6024, f. 116.
[87] Voir Çurita, t. IV, f. 61 v°-62 ; Du Chesne, vol. 107, f. 396 v°.
[88] Sur les négociations poursuivies à ce sujet, voir Du Puy, 760, f. 84 et 94.
[89] Paiement de 825 l. t. pour vaisselle ouvrée donnée aux ambassadeurs. Ms. fr. 20980, f. 1.
[90] Voir Simonetta, dans Rerum italicarum scripitores, t. XXI, col. 692.
[91] Simonetta, Rerum italicarum scripitores, t. XXI, col. 683-694 ; cf. Sismondi, t. X, p. 97-99.
[92] Lettre du 31 janvier 1459. Original aux archives de Milan, Franchi, Corrisp. con Carlo VII, etc. — Dons faits à Grimaldi : Archives, KK 51, f. 100 v° et 109 v° ; Rôle du 16 mars 1459, Pièces originales, 1685 : LENONCOURT.
[93] Mandement du 13 avril 1459. Saige, Documents historiques relatifs à la principauté de Monaco, t. I, p. 297.
[94] Traité du 18 avril 1459. Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 261.
[95] Lettre du duc de Calabre à Henri VI, en date du 4 avril. Archives de Gènes, Litterarum, 21, à la date.
[96] Lettres du duc à Charles VII, au roi René, au duc de Bourgogne, en date du 1er mars. Archives de Gènes, Litterarum, 21.
[97] Sforza était persuadé que Charles VII n'agirait pas à main armée en Italie, et se donnait libre carrière. Un de ses agents lui écrivait de Carpentras, à la date du 27 août : Dire effectualiter che è certo de Francia non verrà in lo Reame o altra parte di Italia exercito nullo, ch'ello Re non vole spendere al beneficio de altri, ut anche perche pigliandu la impresa di Italia, come fosse intricato, sirria molestato da le parti de quà dal suoi emuli ; et ch'ello Re non farra may altra impresa in Italia excepte che de lettere el ambasciatori... Dire anchora non essere signore nullo in quella corte che non despiaccia la impresa de Genova, excepta el dura et lo bastarde d'Orliensi, et Carlo de Aguo, per lo interesse pretendano havere in Italia, et che fra el dicto bastardo et Carlo è tenuta per invidia più che per altro, divisione granda, la quale nocerà alla decca impresa. Archives de Milan, Francia dal., al 1470.
[98] Voir Sismondi, t. X, p. 102-105.
[99] Raynaldi, ann. 1458 (Pii II, ann. I), §§ 14 et 15 ; Voigt, Enea Silvio de Piccolamini, t. III, p. 20.
[100]
Bref du 24 octobre 1458. Æneas Silvii Epistolæ, n° 390. Raynaldi, l. c., § 16 ; VII,
311.
[101] Æneas Silvii Epistolæ, n° 400.
[102] Bref du 5 décembre 1458. Original, ms. fr. 20417, n° 22.
[103] Et pour ce que lustre Saint Père a puis impaires envoyé l'evesque de Conzerans, son ambaxeur, devers le Roy touchant la journée qu'il a entreprise pour convoquer les princes au lieu de Mantoue touchant la deffense de la foy, le Roy semblablement, pour l'amour et affection qu'il a audit Roy d'Arragon, luy a bien voulu communiquer tout ce que nostre Saint Père luy a fait savoir en ceste partie et la response que le Roy a sur ce faicte à nostre dit Saint Père par ledit ambaxeur... Et seroit le Roy bien joyeux que, en ladicte matière, luy, le Roy de Castelle, auquel semblablement il en a escript, et pareillement le Roy d'Arragon eussent bon entendement et se joingnissent ensemble leurs ambaxades pour tirer ung mesure chemin et se employer en tout ce que semblera estre au bien de la deffense de la foy, de l'expulsion des ennemis d'icelle, et au bien de toute la chrestienté ; et autant en a fait savoir le Roy aux Roys de Dampnemarche et d'Escosse, qui sont ses aliez, pour faire le semblable. Instructions du 16 mars 1450. Ms. latin 6024, f. 116-119.
[104] Voir sur ce voyage les détails circonstanciés donnés par Pastor, Histoire des Papes, trad. fr., t. III, p. 14 et suivantes.
[105] Pastor, t. III, p. 56. Le bref à Charles VII porte la date du 8 juin. Pastor, édition allemande, t. II, p. 600.
[106] Le 3 avril, l'évêque de Couserans retournait vers le Pape ; il était porteur d'une lettre du comte de Dunois. Cabinet des titres, 685, f. 213.
[107] Voir Pastor, t. III, p. 57.
[108] Voir Pastor, t. III, p. 58 et suivantes. Voigt, t. III, l. c., p. 47 et suivantes ; Raynaldi, ann. 1459.
[109] Bref publié par Theiner, Monumenta
vetera historica Hungariam illustrantia, t. II, p. 326.
[110] Ils partirent de Bruxelles le 19 juin. Archives du Nord, B 2034, f. 95 et suivants. Voir sur l'ambassade bourguignonne, Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 376-93.
[111] Le 24 septembre, d'après le chroniqueur Mantouan Schivenoglia. Racolta di cronisti e documenti storici Lombardi, t. II, p. 139 ; cf. Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 393, note.
[112] Voir Pastor, t. III, p. 72 et suivantes.
[113] Mathieu d'Escouchy dit (t. II, p. 294) que, parvenus à Lyon, les ambassadeurs apprirent l'arrivée des ambassadeurs bourguignons à Mantoue, et qu'ils attendirent pour continuer leur route que Miles d'Illiers, envoyé pour savoir le résultat de cette ambassade, fut revenu. Il est certain que Miles d'Illiers fut envoyé à l'avance : cela résulte d'un rôle du 18 mars 1459 (Pièces originales, 1685 : LENONCOURT). — Le 11 septembre, le Roi donnait des instructions à ses ambassadeurs sur ce qu'ils devraient faire dans le cas où les ambassadeurs du dur de Bourgogne auraient, en particulier ou en public, entretenu le Pape des dissentiments existant entre le Roi et le duc, et produit des accusations contre le Bol, soit au sujet du traité d'Arras, soit au sujet du démêlé avec le Dauphin, soit au sujet de l'affaire du Luxembourg. Eau le Roi prévoyait le cas où le Pape Parierait de mettre un capitaine général à la tête de l'armée de la croisade et donnait son sentiment à cet égard. Collection de Touraine, 282, f. 103 ; éd. Jean de Reilhac, etc., t, I, p, 79.
[114] Le 27 mars, le Sénat donnait réponse à Jean d'Amancier, ambassadeur de Charles VII. Deliberazioni secrete del Senato, LXX, f. 179, cité par M. P. M. Perret, L'Ambassade de Jean de Chambes à Venise, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, t. L (1889), p. 561, note.
[115] Le 12 août, Angelo de Amelia écrivait de Carpentras : El dire que el Re de Francia a electe quatre ambasatorii al quali manda a Vinetia. Archives de Milan, Francia, dal... al 1470.
[116] Le 31 août, Carlo Cacherano écrivait : Lo conte d'Angulema, cum li altri compagni, li quali sonno ambassalori del Re de Franza, veneno in Ast. Archives de Milan, Francia, dal... al 1470.
[117] Le 8 septembre, Charles VII avait fait partir un messager porteur de lettres pour Chambes et Havart. Cabinet des titres, 685, f. 213 v°.
[118] Lettre de Cacherano, l. c.
[119] Cette lettre, en date du 28 août, fut remise à Sforza le 11 octobre ; elle est en original aux Archives de Milan, Francia, Corrisp. con Carlo VII, etc.
[120] Nous suivons la curieuse relation de Jean de Chambes, publiée en 1842 par M. Eugène de Stadler dans la Bibliothèque de l'École des chartes, t. III, p. 186 et suivantes.
[121] Monseigneur de la Rosière luy dit nostre creance en latin, bien et honorablement et en hault stille, et parla bien demye grosse heure. Relation, l. c., p. 188.
[122] Ce que le doge de Venise disait aux ambassadeurs de Charles VII, les envoyés de la République l'avaient dit au congrès de Mantoue : Voici ce qu'on lit dans une lettre de Nicolas Petit au chancelier Jouvenel, sur la réception de l'ambassade française à Mantoue : Je vouldroye avoir le double de la proposition que ont fait les Veniciens, car ilz se sont monstrez gens de grant façon, en louant le Roy nostre souverain seigneur, disant que bonne conclusion en ceste matière ne se pourrait prendre sans lui et autres ses aliez ; disans oultre au Pape : Tu es homme, a en pouvreté et ne scez que c'est de tels besognes que de vouloir faire bataille au Turcq en la manière que tu le prens ; mais est besoing attendre la deliberacion du grant Roy et autres, sans lesquelze riens ne se peut faire. Dont le Pape feust fort indigné. Spicilegium, t. III, p. 806. L'original de cette lettre est dans le ms. f. 17044, f. 162.
[123] Bibliothèque de l'École des chartes, t. III, p. 193.
[124] Les ambassadeurs avaient présenté la chose comme étant à l'état de projet : Subjunxerunt tamen quod sacra magestas domini sui, ub affectionem quam nous gerit, mallet potius circa hoc pro magna parte desistere quam prosequi contra nostram intentionem. Perret, l. c., p. 565.
[125] Dans sa première audience, il resta la tête couverte, et son discours ne fut qu'une série d'épigrammes ; une autre fois, parlant au nom de Sigismond d'Autriche, il rappela les épures amoureuses composées jadis par le Pape pour Sigismond. Voigt, l. c., p. 77-78 et 100.
[126] Lettre de Nicolas Petit, l. c. — Le discours de Guillaume Chartier se trouve dans le ms. latin 8576, f. 178-187 v°. Voigt cite (p. 84 note) des Propositiones logatorum regis Franciæ factæ in conventu coram S. D. N. Pio II, qui se trouvent dans le ms. latin 215 de la Bibliothèque de Munich.
[127] Lettre de Nicolas Petit, l. c. — Le discours dont le texte se trouve reproduit dans le Spicilegium (t. III, p. 820-823) ne contient pas tout ce dont parle l'ambassadeur et ne suit pas le même ordre dans l'exposition.
[128] Voir ms. latin 17056, f. 28 et suivantes.
[129] Ce discours se trouve dans Spicilegium, t. III, p. 811-820 ; il est reproduit dans la chronique d'Adrien de But, p. 367-394.
[130] Spicilegium, t. III, p. 820-822.
[131] ... inter excellentissimos principes christianissimum Franciæ et serenissimum Angliæ reges confoederatos. Spicilegium, t. III, p. 809.
[132] Spicilegium, t. III, p. 809.
[133] Raynaldi, ann. 1459, § 69.
[134] Theiner, Monum. Ung., t. II,
p. 366.