HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE VI. — CHARLES VII PENDANT SES DERNIÈRES ANNÉES. - 1454-1461.

 

CHAPITRE III. — LA COUR EN 1454 ET 1455. - L'EXPÉDITION CONTRE LE COMTE D'ARMAGNAC.

 

 

Dispositions morales de Charles VII ; Antoinette de Maignelais, devenue veuve, reste en grande faveur ; son râle à la cour. — Habitudes privées du Roi ; soin des affaires ; emploi du temps. — Conseillers influents : Dunois, Chabannes, Jaucourt, Courtier, etc. — Le Reine ; ses goûts, ses habitudes, son entourage ; les enfants Charles et Madeleine ; elle quitte Chinon en 1451 pour aller rejoindre le Roi à Mehun ; son installation dans ce lieu, on elle tombe malade ; présents faits par la Reine, — Scène d'intérieur de la cour de Mehun. — Nombreuses ambassades en 1454 et 1455 ; visites de princes. — La santé du Roi s'altère ; les complots l'inquiètent ; découverte du complut des Ecossais ; exécution de Robin Campbell ; intrigues du Dauphin. — Charles VII se transporte à Bois-Sire-Amé ; festin donné par le comte du Maine ; visites du duc de Bretagne et d'un chevalier allemand. — Affaire du comte d'Armagnac ; expédition dirigée contra lui ; ses états sont mis entre les mains du Roi et son procès est instruit devant le Parlement.

 

Si nous voulons nous rendre compte des dispositions morales de Charles VII durant la dernière période de son existence, ouvrons le Traité de la concupiscence de Bossuet : nous y trouverons dépeint, en termes saisissants, l'état d'une âme livrée sans frein, comme l'était celle du Roi, aux entraînements des sens. L'inconstance de la concupiscence : Inconstantia concupiscentiœ, voilà son propre caractère. Elle va par des mouvements irréguliers selon que le vent la pousse. Non seulement on veut autre chose malade que sain, autre chose dans la jeunesse que dans l'enfance, et dans l'âge plus avancé que dans la jeunesse, et dans la vieillesse que dans la force de l'âge ; mais encore, dans le même âge, dans le même état, on change sans savoir pourquoi ; le sang s'émeut, le corps s'altère, l'humeur varie ; on se trouve aujourd'hui tout autre qu'hier ; on ne sait pourquoi, si ce n'est qu'on aime le changement : la variété divertit, elle désennuie ; on change pour n'être pas mieux ; mais la nouveauté nous charme pour un moment : Inconstantia concupiscentiœ[1].

Pénétrons dans ces mystères du cœur humain ; voyons quel honteux spectacle donnait alors le prince qui avait eu l'honneur de préserver l'Église d'un schisme et qui venait d'affranchir glorieusement le territoire.

Nous avons dit que, au mois d'avril 1454, Charles VII avait perdu son premier chambellan le sire de Villequier. Le manoir de la Guerche, laissé par celui-ci à Antoinette de Maignelais, était situé entre les châteaux de Pressigny et de Preuilly. Or, le Roi passa tout, l'été dans ces deux résidences, occupé à consoler la veuve de son favori. Il l'emmena sans doute au château de Bridoré, près des rives de l'Indre, où il se rendit ensuite. Nous le voyons abandonner à Antoinette le revenu des terres dépendant de la succession d'André de Villequier pour en jouir durant son veuvage et la minorité de ses deux fils. Peu après, il maintient à sa très chère et bien aimée Antoinette de Maignelais, demoiselle, veuve de feu André, seigneur de Villequier, l'autorisation, autrefois donnée à son mari, de faire venir de Poitou et de Saintonge cinq cents tonneaux de blé sans acquitter aucun droit de traite[2]. Antoinette figure dans les comptes de 1454 et 1455 comme touchant annuellement une pension de deux mille livres, pour lui aider à entretenir son état[3]. Or cet état — les contemporains nous le disent — était un véritable état de princesse, au moins égala celui de la Reine[4].

Il faut soulever encore un coin du voile. Antoinette ne se contentait pas du rôle de maîtresse ; elle descendait à un autre rôle... C'est du moins ce qu'assure un auteur bourguignon du temps. Oubliant que son maître, Philippe le Bon, n'avait cessé de donner, sous ce rapport, les plus scandaleux exemples, il insiste sur les désordres auxquels Charles VII était livré, et nous révèle l'indigne conduite de la femme qui avait pris la place d'Agnès Sorel.

Après laquelle Belle Agnès morte, le Roy Charles accointa en son lieu la niepce de ladicte Belle Agnès, laquelle estoit femme maniée au seigneur de Vilecler[5] ; et se tenait son mary avec elle ; et elle estoit bien aussy belle que sa tante ; et avoit aussi cinq à six damoiselles des plus belles du royaulme, de petit lieu, lesquelles suivoient ledit Roy Charles partout où il alloit ; et estoient vestues et habillées le plus richement qu'on pooit, comme roynes ; et tenoient moult grant et dissolu estat, et le tout aux despends du Roy, et plus grant estat qu'une Royne ne feroit[6].

Quant aux moyens employés pour peupler ce sérail, le chroniqueur ne nous les laisse pas ignorer :

En ceste saison audit an mil quatre cent cinquante-cinq, dit-il, Mademoiselle de Villeclerc, laquelle estoit très bien en la grace du Roy, et, comme on disoit, en raison le Roy ce qui luy plaisoit, une jeune fille d'ung escuyer nommé Anthoine de Rebreuves, demeurant en la cité d'Arras, nommée Blanche, laquelle fille demouroit avecq la dame de Jenly, femme du seigneur de Jenly — laquelle dame estoit allée à la cour du Roy et avoit mené ladicte Blanche, laquelle estoit la plus belle qu'on eust peu veoir ne regarder —, icelle dame de Villeclerc, si test qu'elle vit icelle fille, pria moult de l'avoir avecq elle ; mais la dame de Jenly lui respondit qu'elle la remeneroit ou la renvoyeroit à son père, et que sans le congié de son père ne l'auroit pas ; et aussy la ramena. Mais assez test après, par le gré et consentement de son père, du seigneur de Saucourt, oncle d'icelle Blanche, et du seigneur de Jenly, Jaquet de Rebreuves, frère d'icelle Blanche, très bel escuyer, agie de vingt-sept ans ou environ, et sa sœur de dix-huit ans, mena sadicte sœur Blanche à la Cour du Roy demeurer avecq icelle damoiselle de Villeclerc ; et feut ledit Jacques retenu escuyer tranchant d'icelle damoiselle... Laquelle Blanche, au partir de l'hostel de son père en la cité d'Arras, plouroit moult fort, et me feut dit qu'elle dit qu'elle aimeroit mieulx qu'elle puist demeurer avecq son père, et mangier du pain et boire de l'eau. Toutes voyer elle y alla ; et disoit-on que son père luy avoit envoyé par exarseté (avarice) et chicheté, affin qu'elle ne luy coustast riens, ne son fils, qui estoit son aisné fils ; nonobstant que ledit Anthoine estoit très riche homme et bien à l'avant, ayant de beaux heritaiges. Et assez test après que icelle damoiselle Blanche où esté ting peu de temps avec ladicte damoiselle de Villeclerc, la renommée couroit qu'elle estoit aussy très bien en la grace du Roy, et pareillement qu'estoit la damoiselle de Villeclerc[7].

Un autre auteur bourguignon, Georges Chastellain, dit aussi, à propos de la mort d'Agnès :

Sy la prit Dieu hors de la main du Roy perdu par elle, mais ne prit pas le courage d'iceluy de vouloir perseverer toujours en celuy mésus ; car, elle morte, en veint sus une autre, nommé la damoiselle de Villequier, et qui avait esté nièce à ladite Agnès ; et puis encore, après ceste là, en venit sus une tierce qu'on appeloit madame la Regente[8], preude femme toutes voies, ce disoit-on, de son corps ; et puis, pour la quatriesme, mist sus une fille de patisnier, laquelle fut appelée madame des Chaperons, pour ce que, entre toutes autres femmes du monde, c'étoit celle qui mieux s'habilloit d'un chaperon[9].

Enfin, un historien, né vers 1450, qui écrivait sous le règne de Louis XII, Claude de Seyssel, maître des requêtes de l'hôtel du Roi, puis évêque de Marseille, s'exprime en ces termes sur les désordres de Charles VII pendant la dernière partie de sa carrière :

Ledict Roy Charles septiesme, après qu'il eut chassé ses ennemis et pacifié son Royaume, ne fut pas exempt de plusieurs malheuretez : car il vesquit en sa vieillesse assez luxurieusement et trop charnellement entre femmes mal renommées et mal vivans, dont sa maison estoit pleine. Et ses barons et serviteurs, à l'exemple de luy, consumoient leur temps en voluptez, danses, momeries et folz amours[10].

Un contemporain prétend excuser Charles VII en disant que, pour les grands travaux que le Roy avoit faitz â reconquester la plus grant partie de son royaulme, il fut delibéré d'avoir des plus belles filles que l'on pourrait trouver, nonobstant que sa vertu estait trop plus grant sans comparaison que son vice, car c'estoit un Roy très-illustre, très-hardy et victorieux S[11]. Ainsi la facile morale du XVe siècle trouve tout naturel que le souverain, pour se dédommager de ses rudes labeurs, pousse la licence jusqu'à ses dernières limites ! C'était, d'ailleurs, une coutume trop habituelle en ces temps corrompus. Les princes sont pleins de voluptés, écrit Georges Chastellain[12]. Quel est celui qui ne donne pas, sous ce rapport, les plus déplorables exemples ? Quel est celui qui n'a pas ses bâtards ? La plupart s'abandonnent à ces dérèglements comme si c'était chose licite et toute naturelle. Ils croient que tout leur est permis, et ils diraient volontiers, comme Henri V dans la tragédie de Shakespeare :

We are the makers of manners,

And the liberty that follows

Our planes, stops the mouths

Of all find faults[13].

Explique qui pourra les contrastes et les contradictions dont abonde la nature humaine ! Ce même prince que nous voyons livré à de pareils débordements, continue — c'est un auteur bourguignon qui nous l'apprend — à tenir heures limitées pour servir Dieu, et ne les rompt pour nul accident[14]. Il conserve ses dix-huit chapelains[15], assiste régulièrement à trois messes par jour[16], se rend en pèlerinage à des sanctuaires vénérés[17], et figure encore en grande pompe dans des cérémonies religieuses[18]. Il va jusqu'à dire quotidiennement ses Heures, sans y manquer jamais[19]. La foi subsiste à travers le dérèglement des mœurs[20] : il conserve pour la sainte Vierge, pour l'archange saint Michel une dévotion particulière[21] ; il ne cesse de faire de nombreuses aumônes[22] et d'accomplir des œuvres pies[23].

Autre contraste. Ce prince qui aime à se renfermer dans les châteaux où il mène une vie licencieuse, ne cesse pas pour cela de s'occuper sérieusement des affaires : la politique et l'administration portent, dans les dernières années du règne, la marque d'une main ferme et vigilante, d'une intelligence élevée et active, d'une pensée qui marche à son but à travers tous les obstacles. On peut appliquer à Charles VII ce qui a été dit de Henri IV : Jamais la corruption de son cœur ne passa jusqu'à son esprit[24]. Si l'on est en droit de lui reprocher parfois d'être inaccessible, ce n'est que par intervalles : en général, il se laisse volontiers approcher. Chastellain, dont le témoignage ne saurait être suspect, nous dit qu'il mettait jours et heures de besongner à toutes conditions d'hommes, lesquelles infailliblement voulait être observées, et besongnoit de personne à personne distinctement à chasoun, une heure avec clercs, une autre avec nobles, une autre avec estrangiers, une autre avec gens méchaniques, armuriers, voletiers (fabricants de traits), bombardiers et semblables gens[25]. Il ajoute que le Roi avait souvenance de leur cas, du jour qui leur avait été fixé et que nul ne les osait prévenir[26]. Et Henri Baude raconte que Charles VII avait departy le temps pour entendre aux affaires de sou royaume et tellement qu'il n'y avoit point de confusion, car le lundi, le mardi et le jeudi, il besongnoit avec le chancelier et son conseil, et expedioit ce qui estait à expedier touchant la justice ; le mercredi, il besongnoit et entendait ou fait de la guerre les mareschaulx, capitaines et autres gens de guerre ; ledit mercredi, vendredi et samedi aux finances[27]. Le Roi ne se donnait congé que le jeudi : et aucune fois il prenait le jeudi, ou partie du jour, pour sa plaisance[28]. Il ne décidait aucune matière importante qu'après délibération du conseil, faisait examiner les lettres qu'il avait à signer, et, avant d'y mettre sa signature, les lisait de mot à mot[29]. Il signait toutes tes lettres de sa propre main[30]. Si, par importunité, on lui arrachait quelque faveur extraordinaire, il n'entendait pas pour cela déroger aux règles de la justice ni aux anciennes ordonnances, et quand on l'avertissait d'abus commis sous ce rapport, il les faisait aussitôt réparer[31]. Il voulait que bonne et brève justice fût faite à tous, au pauvre comme au riche, au petit comme au grand[32]. Ce qui était délibéré en conseil était exécuté sans délai et sans aucune modification. La justice avait son cours, sans empêchement ni réserve. Aussi Charles VII fut-il tenu sous ce rapport en si haute estime que, plus tard, les magistrats refusèrent de revenir sur des sentences rendues sous son règne, comme celle qui frappa Jacques Cœur[33]. Il tenait un rôle de ses valets de chambre, cuisiniers, sommeliers et autres officiers subalternes, où il consignait l'âge et les services de chacun, et, suivant le mérite ou l'ancienneté, il Leur donnait quelque charge ; si certains étaient reconnus incapables de remplir eux-mêmes leur office, ils devaient le vendre à des gens compétents, et le Roi était informé du choix du remplaçant. Il signait de sa main les rôles des receveurs généraux, les états et acquits financiers, repassait chaque année, et plus souvent s'il en était besoin, tout le fait de ses finances, et le faisait calculer eu sa présence, car il l'entendait bien[34]. Quand on lui soumettait une requête, il la faisait examiner ; après qu'on lui avait présenté le rapport, il renvoyait le requérant devant le ministre compétent, qui donnait son avis, et il en ordonnoit ainsi qu'il le trouvait par Conseil, sans lequel il ne faisait rien[35]. On conserve un fragment des registres du grand Conseil pour un trimestre de 1455 : il montre l'assiduité avec laquelle les séances étaient tenues et la multiplicité des affaires soumises à son examen. Non seulement le congé du jeudi, dont parle Henri Bande, n'est point observé, mais le Conseil siège parfois le dimanche, et nous voyons qu'il tint séance le jour de la Pentecôte[36]. Charles VII refusait peu de grâces quand on sollicitait son pardon[37] ; les registres du Trésor des Chartes conservés aux Archives l'attestent suffisamment : ils sont remplis d'innombrables lettres de rémission délivrées par la chancellerie royale.

Un ambassadeur milanais venu en France an printemps de 1455, rendant compte au duc de Milan de ce qui se passait à la cour de Charles VII, écrit : Il n'y a personne présentement qui ait un crédit particulier sur le roi de France. Celui qui a le plus d'autorité auprès de lui paraît être le bâtard d'Orléans[38]. C'est en effet Dunois qui, dans les dernières années du règne, est ce qu'on pourrait appeler le ministre dirigeant : rien ne se fait sans que le Roi prenne son avis, sans qu'il lui en fasse part s'il est absent[39]. L'amiral de Bueil a aussi un rôle important ; et malgré les accusations portées contre lui, malgré les tentatives faites pour lui enlever, la confiance du Roi[40], il est plus en faveur que jamais. Un autre conseiller très écouté est Antoine de Chabannes, comte de Dammartin : à lui les missions confidentielles, le soin de surveiller les menées du Dauphin, d'agir quand il y a un coup à frapper, une mesure à exécuter[41]. L'influence du roi René et du comte du Maine est singulièrement amoindrie ; une certaine rivalité semble exister entre ce dernier et Dunois, dont l'ascendant excite plus d'une jalousie[42]. Le sire de Gaucourt, maître d'hôtel du Roi, est toujours fort avant dans la confiance de sou maître, qui lui fait disposer un logement dans la basse-cour du château des Montils[43]. Dans l'entourage intime, les personnages le plus en faveur sont Guillaume Gouffier, qui a succédé à Villequier comme premier chambellan[44] et qui a une large part dans les bienfaits de son maître[45] ; Jean de Levis, seigneur de Vauvert[46] ; Antoine d'Aubusson, seigneur du Monteil[47] ; Charles de Gaucourt, seigneur de Châteaubrun, qui, le 3 octobre 1454, est devenu l'époux de Colette de Vaux, demoiselle de la Reine[48].

Le Roi et la Reine, sans qu'il ait existé entre eux une grande intimité, avaient le plus souvent résidé ensemble, ou à peu de distance l'un de l'autre. En 1454, Marie d'Anjou se fixe au château de Chinon, qu'elle prend plaisir à embellir[49]. Là, elle mène. une existence fastueuse. Ce n'est plus le temps où elle ne se servait que d'assiettes d'étain, où sa lingerie ne se composait que de deux ou trois douzaines de nappes et de serviettes[50] : les draps de laine ou de soie, le linge, les fourrures, les bijoux abondent maintenant dans sa garde-robe. Bien qu'habituellement vêtue de noir, la Reine supplée à cette tenue sévère par la richesse et la variété des étoffes. Elle aime les fourrures et porte ordinairement des gants de chevreau blanc[51]. Elle est entourée de ses deux plus jeunes enfants, Madeleine et Charles, et d'une jeune fille qu'elle traite comme son enfant : Louise de Laval, sœur de la nouvelle reine de Sicile — René venait d'épouser, le 10 septembre 1454, Jeanne de Laval —. Elle a une maison nombreuse : dames et filles d'honneur, maîtres d'hôtels, pages, valets de chambre, etc. ; elle a douze chapelains, y compris sou premier aumônier, Jean Barbedienne ; elle a son médecin, son astrologue, son peintre[52], sans parler de plusieurs fous, d'un folet, le Petit-Cadet, et d'une folle, nommée Michon[53]. Elle est entourée de bêtes de toute espèce : c'est une vraie ménagerie, où figurent des chiens[54], des cerfs et des biches[55], une chèvre sauvage[56], deux levreaux[57], un étourneau, un perroquet[58], etc. On connait les goûts de la Reine, et, de très loin, il lui arrive, tantôt deux outardes, tantôt un marsoin[59]. Son frère René, qui est venu la voir à Chinon au mois d'octobre 1454, lui envoie une hure de sanglier[60]. Elle a toujours des habitudes de luxe, une grande recherche dans les vêtements et dans tout ce qui est à son usage ; elle aime particulièrement les bijoux et les pierres précieuses, et fait venir tout exprès des ouvriers de Paris pour les polir. Son trésorier lui compte cent écus d'or par mois, pour faire ses plaisirs et voulentez. Elle fait de nombreuses aumônes, des offrandes aux sanctuaires où elle va eu pèlerinage, et se montre très généreuse dans ses dons. Les beaux livres sont fort recherchés par la Reine : elle ne cesse d'en commander à des escripvains ou d'en acheter[61]. Les comptes de l'argenterie ne parlent que de ses Heures et de ses Bréviaires, mais nous savons qu'elle lisait volontiers des romans de chevalerie ou des romans de dévotion, comme le Livre des douze périls d'enfer, traduit et amplifié pour elle par Robert Blondel. Nous la voyous envoyer jusqu'en Espagne pour chercher la plus belle et meilleure mule qu'on pourra trouver. Le jeu de dames est eu honneur dans son entourage, et ses enfants jouent aux cartes[62].

Charles, alors âgé de huit ans, a encore auprès de lui sa mère de lait, Jeanne Chevalière, et sa gouverneresse, Jeanne Mareschal ; mais déjà il a son maître d'escolle, Robert Blondel, son chapelain, Pierre de Catneuil, et, pour gouverneur, un des maîtres d'hôtel de la Reine, Guy de Fromentières ; il a aussi son physicien, ses valets de chambre, ses enfants d'honneur et ses ménestrels. Le jeune Charles commence à étudier : on lui a fait une tablette carrée, assise sur une croisée de fort boys et tournant sur un pied, pour poser son pupitre et feuilleter plus commodément les livres en beau parchemin, richement enluminés, qui servent à son éducation[63]. Le prince a ses grandes et ses petites Heures ; il monte à cheval, chasse aux cailles avec des filets ; il a déjà sa cuirasse et son harnais d'armes. Quant à Madelaine, alors âgée de onze ans, bien qu'elle prenne des leçons d'un notable clerc, Nicolas de Vailly[64], elle a encore une belle poupée de Paris, faicte en façon d'une damoiselle à cheval et ung varlet à pié[65]. En mai 1454, le Roi lui a fait présent d'une haquenée noire[66], et c'est peut-être montée sur cette haquenée qu'elle perdit sa ceinture, l'année suivante, en allant à la chasse avec la Reine[67].

En août et septembre 1454, une grande agitation règne à la petite cour de Chinon. Ou fait des préparatifs de départ. La Reine achète deux haquenées et des chevaux pour traîner ses chariots ; elle fait faire un chariot neuf, que son peintre Henri de Vulcop revêt des plus brillantes couleurs ; elle commande une selle pour sa mule et des harnais de cuir rouge pour les quatre chevaux de chariot ; on taille les manteaux des onze demoiselles et les robes des quatorze valets servants qui doivent accompagner la Reine[68]. Mais les chemins sont mauvais ; un voyage par eau serait plus facile et moins fatigant : on envoie en toute hâte à Angers demander au Roi de Sicile sa galiote pour remonter la Loire de Chinon à Tours, et de là gagner Mehun-sur-Yèvre[69]. — C'est en effet à Mehun, où réside alors Charles VII, que se rend la Reine, pour y passer l'hiver auprès de son mari[70]. Elle part dans les derniers jours de novembre ; le 12, elle est à Montrichard, et se rend le 15 en pèlerinage à Notre-Dame de Nantenil ; le 23, elle est à Saint-Aignan ; le 28, elle va vénérer les reliques de saint Seslier[71], près de Selles. Marie d'Anjou — suivie de toute sa ménagerie[72] — ne tarda pas à arriver à Melun. Elle y est installée le 10 décembre, car ce jour-là ou joue devant elle plusieurs farces et esbatements[73] ; aussi mal installée d'ailleurs qu'on l'était alors dans les châteaux, où l'on avait grand'peine à se préserver du froid et de la fumée[74], sans parler des rats, des souris et autres bestes qui pullulaient[75]. Nous ne sommes donc pas surpris de voir la Reine changer bientôt de chambre : le 15 avril, elle fait tendre des tapisseries dans un des galatas[76] du château, on elle va se loger pour sa plaisance et pour avoir meilleur air[77]. Aussi bien, c'était peut-être fantaisie de convalescente : la Reine relevait d'une grave maladie, qu'elle fit an mois de mars, et qui excita un instant de vives alarmes. Mesdames de la Rocheguyon et de Châtillon, ses dames d'honneur, envoyèrent en toute hâte à Paris chercher le prieur des Célestins de Soissons pour la confesser, et à Angers pour en ramener maitre Jacques de Blandrate, médecin du roi de Sicile ; en même temps un franciscain, frère Louis La Clère, fut chargé d'aller faire des offrandes et oblations en divers sanctuaires. La Reine se voua elle-même à la sainte Baume[78].

Le compte de l'argenterie de la Reine, auquel nous avons fait tant, d'emprunts et qui abonde en curieux détails, nous fournit encore quelques particularités intéressantes. Au Pluvier 1455, le Roi offrit à sa femme une grande nef d'argent. doré et de la vaisselle[79] ; de son côté, la Reine lui fit un riche présent[80]. Marie d'Anjou n'oublie personne : elle distribue des fleurs de Marie d'argent et des demys seins d'or (ceintures d'orfèvrerie) à tout le personnel féminin ; elle donne à Madame du Monteil six beaux hanaps et une aiguière ; chose inouïe, elle envoie même des étrennes à la favorite en titre, à Antoinette de Maignelais ! On ne le croirait pas, si on ne Usait dans le compte de l'argenterie la mention suivante : Pour la garniture d'or d'une fontaine de cristal bien richement ouvrée tout à l'entour de menuz ouvrages à feuillages en façon de coronne, et à l'entour de ladicte fontaine a quatre gargoules d'or bien gentement faites, d'où sault l'eaue de la ladicte fontaine ; et dessus le couvercle garny des mesmes ledit ouvrage ; et au-dessus du pié de la fontaine garny à feuillage comme dessus ; au dessoubz oudit pié y a quatre feus d'or bien gentemens faix qui soustiennent ladicte fontaine, donné ledit jour en estraines à madamoiselle de Villequier[81].....

Le chroniqueur Georges Chastellain nous donne un petit tableau d'intérieur de la cour de Mehun. En décembre 1454, un des plus notables seigneurs de l'hôtel du duc de Bourgogne, Simon de Lalain, était venu eu ambassade vers le Roi ; il fut bientôt suivi par deux autres seigneurs, Jean de Croy, seigneur de Chimay, et Jean de Luxembourg, bâtard de Saint-Pol, seigneur de Hautbourdin, l'un et l'autre chevaliers de la Toison-d'Or, qui avaient voulu saluer le Roi avant de partir pour la croisade dont Philippe le Bon faisait alors les préparatifs. Charles VII, qui savait venaient d'eux-mêmes, et en leurs privées personnes, les reçut d'autant mieux. Ils furent logés honorablement au château de Mehun, et bien pensés et soignés. Le bâtard était, s'il faut en croire Chastellain, chevalier de si grand nom en France que toutes les terres en étaient pleines. Or il n'y avait point encore paru, et la curiosité était très éveillée à son sujet ; mais laissons la parole au chroniqueur :

Celui desiroit le Roy fort à voir et de lui faire toute, amour et bonne chiere... Or furent mandés les deux chevaliers à venir devers le Roy, et furent conduits par haulx et nobles barons jusqu'en la chambre du Roy, comme du conte de Dunois, du conte de Dampmartin, du seigneur de Gaucourt, grand maistre d'hostel, du seigneur de Torsi et de pluseurs autres ; et, venus devers luy, dist messire Jehan de Croy pour eux deux comment ils estoient venus droit là pour prendre congé à luy et dire adieu, comme subgès de son royaume... et lui demander sa grace et son congé. Sy les ascouta le Roy attentivement et moult lui plut leur raison, car bel parlier estoit messire Jehan de Croy et sage chevalier ; et. en effet, après leur avoir fait dire que leur venue lui estoit joyeuse, les fit approchier de luy en privé, et leur fit grant chière, et les interrogeant d'une chose et. d'autre, les tint en longues honorables devises Louchant leur voyage entrepris, louant aucunes fois leur maistre et son haut contendement et entreprendre, et plaignant mesmes sa propre fortune qui ne lui souffrait y entendre et y labourer en personne, car se sentait avoir gens et industrie a la bataille plus que Roy de la terre, mais ne voyoit point disposés les affaires de son royaume à ce povoir souffrir, auxquels devant toute rien (chose) autre, ce disait-il, lui besongnoit entendre et avoir l'œil. Et faisant ses devises telles et telles, les tint en divers proupos qui moult plurent aux deux chevaliers, car estoient honorables et de fruit aux ascoutans.

Ici le chroniqueur introduit sur la scène Mademoiselle de Villequier, qui desiroit moult à voir ce seigneur de Haubourdin, pour cause de sa renommée du viel temps. Elle pressa le Roi de le lui envoyer, afin d'en avoir les devises. Mais le bâtard devait aller à Châtellerault vers le comte du Maine, pour voir la comtesse, qui était sa cousine. Il s'excusa, promettant de rendre visite à Antoinette à son retour.

Ce soir là, continue Chastellain, le Roy estant en son privé, et ainsi qu'il se devisoit de ces chevaliers, dont trois tout d'un ordre et d'une maison estaient par devers luy, commença à dire beaucoup de bien du seigneur de Haubourdin, disant que c'estoit un bel chevalier et bien adressié, et que tout ennemi qu'il avait esté à son royaume par maintenir le parti des Anglès, si estoit-il sien d'aine et de cœur, et de fait moult desiroit à lui faire plaisir s'il en avoit à, faire, car ne vit pieça chevalier, ce dist, qui tant lui avoit plu. Donc, pour donner gloire au maistre à qui ils estoient tous trois, dist enfin : Saint Jehan ! Saint Jehan ! Beau frère est bien mieux accompagné que nous ne sommes. Regardez quels trois chevaliers il a droit cy, qui suffiroient pour parement d'un Roy, car sont de mise à tout aux sens et aux armes...

Finablement, après les avoir fait festier en divers lieux, prirent congé de luy, leur accorda sa grace, avec tout amiable preoffrement en ce que pourraient avoir besoing de luy, et à tant les commanda à Dieu, reservé que à celui de Haubourdin rementevoit son retour par devers luy au repasser de son volage[82].

Les années 1454 et 1455 furent signalées par un mouvement considérable d'affaires, d'ambassades, de négociations de toutes sortes.

Au mois de février 1454, Guillaume de Montferrat paraît à la Cour, où le Roi le revoit avec honneur et le comble de présents[83] ; il est bientôt suivi par un ambassadeur du duc de Milan, Thomas de Réate : nous apprenons par une dépêche adressée à Sforza qu'il eut son audience le 4 mars et fut présenté au Roi par Guillaume de Montferrat[84]. Une ambassade de la République de Venise paraît être venue au même moment.

Au mois d'avril, il y eut aux Montils-les-Tours une grande affluence de princes et de seigneurs du Conseil, à l'occasion de la grande ordonnance rendue pour la réorganisation du Parlement : nous trouvons au bas de cet acte les signatures du comte d'Eu, du comte de Clermont, du connétable de Richemont, du comte de Foix, du chancelier, des archevêques de Tours (Bernard), et de Narbonne (Harcourt) ; des évêques d'Angoulême (Montberon), de Maillezais (Lucé), de Paris (Chartier), de Coutances (Olivier) et de Châlons (Soreau) ; du comte de Dunois, du maréchal de Lohéac, de l'amiral de Bueil, de Pierre de Brezé, des sires de Torcy, de la Tour, de Vauvert, du Monteil, de Montsoreau, etc.[85]

Au mois de mai, arrivent à Montbazon Toison d'Or, ambassadeur du duc de Bourgogne, et les ambassadeurs du roi d'Écosse. Au mois de septembre, au château de Bridoré, paraît le comte de Foix, en compagnie de Pierre de Foix, vicomte de Lautrec, avec une nombreuse suite[86] ; en même temps arrive un écuyer d'écurie du duc de Bourgogne, Hervé de Meriadec. Au mois d'octobre, c'est le duc d'Orléans qui vient, au nom du duc de Bourgogne, travailler à la conclusion du mariage du comte de Charolais avec Isabelle de Bourbon. Puis c'est un nouvel ambassadeur du duc de Bourgogne, Simon de Lalain, seigneur de Montigny, qui vient au mois de décembre, à Mehun-sur-Yèvre, entretenir Charles VII du projet de croisade.

Pour la première fois depuis les premiers temps de son règne, Charles VII passe l'hiver au château de Mehun-sur-Yèvre, résidence qu'il affectionnait c'est là qu'il avait été proclamé roi en 1422 ; c'est là qu'il devait finir ses jours. Il y reçoit au mois d'avril une ambassade du duc de Savoie, et, au mois de mai, une nouvelle ambassade du roi d'Écosse.

Dès le commencement de 1454, la santé du Roi parait s'altérer : des indispositions assez fréquentes lui surviennent[87], et l'on s'en préoccupe au dehors[88], Charles VII se montre fort affecté des complots qui s'agitent autour du trône et sur plusieurs points du Royaume. C'est au mois d'avril 1455[89] que l'on découvre la conspiration des Écossais de sa garde, tramée en 1450 pendant le siège de Caen, et à laquelle se trouvait mêlé Robert Cuningharn, capitaine des archers écossais[90]. Ainsi ceux-là mêmes à qui Charles VII avait confié le soin de veiller sur sa personne étaient mêlés à de criminels attentats ! Le Roi ne pouvait oublier le complot de 1446, tramé par le Dauphin, qui était parvenu à corrompre des archers de la garde : il résolut de sévir. Robert Cuningham, Robin Campbell, son lieutenant, et deux autres hommes d'armes de la garde écossaise, furent traduits devant le Parlement[91]. L'arrêt de la haute Cour de justice fut rendu le 8 août 1455 : Campbell était condamné à être traîné sur une claie, puis décapité et pendu ensuite au gibet de Paris[92] ; quant à Robert Cuningham et aux deux autres, ils devaient demeurer prisonniers jusqu'à plus ample information. Mais les aveux de Campbell les compromirent, parait-il, de façon à ne laisser aucun doute sur leur culpabilité. Le roi d'Écosse et plusieurs seigneurs écossais firent des démarches réitérées en faveur de Robert Cuningham et des autres accusés, se portant garants de leur loyauté[93]. Tout fut inutile : le Roi répondit que les faits résultant de la confession de Robert Campbell et des aveux de Cuningham et de ses complices ne lui permettaient pas de leur faire grâce[94]. Par un arrêt rendu le 27 juin 1456, Robert Cuningham fut condamné à se présenter devant le Roi, avant le 15 août suivant, pour lui requerir merci et pardon, privé de tous ses offices, et déclaré inhabile à posséder aucun emploi ; en outre il lui fut interdit, pendant trois ans à dater du jour où il aurait imploré le pardon du Roi, d'approcher de la personne du souverain à une distance moindre de dix lieues[95].

Il y avait alors comme un mauvais vent qui soufflait sur le royaume. De fâcheuses nouvelles arrivent sans cesse au Roi : un jour, c'est de Cherbourg, où un complot a été ourdi pour livrer la ville aux Anglais[96] ; une autre fois, c'est de La Rochelle, où une exécution capitale a dû être faite à l'égard d'un Breton, convaincu de trahison[97] ; un peu plus tard, ordre est donné au prévôt des maréchaux d'opérer des arrestations[98]. Le Roi n'ignore pas les incessantes intrigues du Dauphin, qui persiste dans son insubordination. C'est le temps où le duc d'Alençon commence à se livrer à des menées qui devaient prendre les proportions d'un complot contre la sûreté de l'État. Enfin, le comte d'Armagnac prend une attitude qui ne tarda point, comme nous allons le voir, à se changer en révolte ouverte.

A travers ces sombres nuages qui apparaissent à l'horizon, Charles VII se transporte au château de Bois-Sire-Amé, où il réside du 27 mai au 29 septembre 1455, au milieu des réceptions, des fêtes et des divertissements.

On a conservé le souvenir d'un festin merveilleux qui fut donné par le comte du Maine, à la date du 6 juin 1455, en l'honneur de mesdemoiselles de Villequier et de Châteaubrun. La première était toujours en pleine faveur, et les princes étrangers se faisaient recommander à elle pour être bien vus du Roi[99] ; la seconde était une fille d'honneur de la Reine, Colette ou Agnès de Vaux, mariée depuis peu à Charles de Gaucourt, seigneur de Châteaubrun, fils du grand maître d'hôtel du Roi.

La table était garnie d'un dormant qui représentait une pelouse verte ; sur les bords, on voyait de grandes plumes de paon avec des rameaux verts, entremêlés de violettes et d'autres fleurs. Au milieu de la pelouse s'élevait une tour argentée : elle était creuse et formait une volière, où l'on apercevait des oiseaux dont la huppe et les pattes étaient dorées. Au donjon flottaient trois bannières, l'une aux armes du comte du Maine, les deux autres aux armes de Mesdemoiselles de Villequier et de Châteaubrun. Il y eut quatre services. Le premier consistait en un civet de cerf, un quartier de lièvre, un poulet farci et une demi-longe de veau ; les deux derniers plats étaient couverts d'un brouet d'Allemagne, de rôties dorées, de dragées et de grenades. A chaque extrémité de la pelouse se dressaient d'énormes pâtés, surmontés de plus petits qui leur servaient de couronne ; leur croûte était argentée tout autour et dorée au dessus ; chacun d'eux contenait un chevreuil entier, un oison, trois chapons, six poulets, six pigeons, un lapereau, une longe de veau hachée. Les autres services se composaient des mets suivants : une longe de veau, un chevreau, un cochon, deux oisons, deux poulets, deux pigeons, six lapereaux, deux hérons, un levreau, un chapon gras farci, un hérisson, quatre poulets dorés avec des jaunes d'œufs et couverts de poudre de duc, un esturgeon au persil et au vinaigre, un sanglier fait avec de la crème frite, une gelée moitié blanche, moitié rouge, aux armes déjà figurées au sommet des tours ; une crème brûlée, garnie de poudre de duc, parsemée de graines de fenouil confites au sucre ; du lait lardé, une crème blanche, des fromages en jonchée, des fraises, enfin des prunes confites. Des vins et des épices complétaient ce festin pantagruélique[100].

Au mois de juillet arrivèrent à Bourges deux notables ambassadeurs du duc de Bourgogne : son chancelier, Nicolas Rolin, et son premier chambellan, le seigneur de Croy ; ils y séjournèrent pendant plusieurs semaines. Bois-Sire-Amé était à une faible distance de cette ville, où le Conseil résidait et où le Roi se transportait souvent. C'est là qu'il reçut le duc de Bretagne, qui arriva avec un nombreux cortège, où figuraient des joueurs de luth bretons qui offrirent à la Cour un spectacle inusité ; le duc fut admis à l'intimité royale au château de Bois-Sire-Amé, et repartit le 8 septembre[101]. Nous constatons encore la présence d'ambassadeurs du roi d'Écosse et du duc Sigismond d'Autriche.

C'est sans doute à ce moment que parut à la Cour un chevalier allemand du nom de Georges d'Ehingen, successivement attaché à la personne de Sigismond et d'Albert d'Autriche. Grand voyageur, il venait de parcourir la Terre Sainte, et en avait rapporté un fragment de la Sainte Couronne ; il arriva en compagnie d'un jeune gentilhomme, nommé Georges de Rampsiden, natif de Salzbourg, avec une suite de dix chevaux ; son dessein était de visiter les souverains de l'Europe, et il commençait par le roi de France[102]. Muni de lettres de recommandation de son maitre le duc Albert, de l'empereur et du roi de Hongrie Ladislas, il fut reçu aussitôt par Charles VIL Il nous a laissé dans son Mémorial le récit du séjour de six semaines qu'il fit à la Cour du Roi. Il n'y avait alors, dit-il, aucune solennité ni aucun exercice militaire ; le Roi était un personnage sérieux et de bon âge[103]. Pendant le séjour de Georges d'Ehingen arriva un ambassadeur du roi de Castille qui venait annoncer à Charles VII qu'une grande expédition se préparait contre les Maures de Grenade, et demander que le ban de la levée d'hommes de guerre, ordonnée à cet effet, pût être publié en France, afin que si quelqu'un, parmi les chevaliers du royaume, voulait prendre part à cette expédition, il pût le faire avec l'agrément du Roi. Ehingen et son compagnon déclarèrent à Charles VII que leur désir était de répondre à cet appel. Le Roi les y encouragea vivement, et fit présent à chacun d'eux d'un harnais de guerre complet et d'un coursier, leur donnant en outre une somme de cent écus ; il leur remit des lettres de recommandation pour le roi de Castille. Georges d'Ehingen nous a conservé les portraits de plusieurs souverains de l'époque (et en particulier celui de Charles VII) qu'il fit exécuter, au retour de son voyage, sur des croquis pris d'après nature.

 

Il nous faut maintenant revenir un peu en arrière et montrer comment Charles VII fut amené, dans le courant de cette année, à entreprendre une expédition contre le comte d'Armagnac.

Jean V, comte d'Armagnac, avait succédé à son père au mois de septembre 1450. Le 25 novembre suivant, il rendait hommage au Roi[104]. N'étant encore que vicomte de Lomagne, il avait pris part à la campagne de Normandie et figuré avec honneur dans l'armée royale. En 1451, Charles VII l'avait employé contre les Anglais en Guyenne. Au mois de février 1452, il lui avait rendu les terres confisquées sur son père, et lui avait fait un don de dix mille écus pour lui permettre de recouvrer les domaines engagés par celui-ci. En retour de ces faveurs, le comte s'était engagé, au cas où il mourrait sans enfants males, à abandonner toutes ses possessions à la Couronne[105]. Jean V ne tarda pas à se signaler par une conduite tellement scandaleuse qu'elle lui attira, de la part de Nicolas V, une sentence d'excommunication.

Le comte d'Armagnac avait une sœur, Isabelle, de douze ans plus jeune que lui, célèbre par sa beauté ; il s'éprit pour elle d'une passion coupable : deux enfants furent le fruit de cet inceste. Charles VII résolut d'intervenir. Il employa d'abord les voies de la persuasion : à diverses reprises des gens de grande façon et de bon entendement furent envoyés vers le comte pour lui remontrer le grand mal et deshonneur qu'il se faisoit, et l'engager à renoncer à un tel scandale ; en ce cas le Roi Iui promettait d'intercéder auprès du Pape et de s'employer à obtenir l'absolution pour son crime. Le comte se montra disposé à donner satisfaction au Roi et promit de cesser ses coupables relations. Sur cette assurance, Charles VII envoya vers le Pape, qui, à sa requête, consentit à absoudre le comte, moyennant qu'il s'engageât à ne point retomber dans son péché. La promesse fut faite et l'engagement pris, soit envers le Pape, soit envers le Roi[106].

Mais le comte ne tarda point à reprendre sa liaison incestueuse avec sa sœur, dont il eut encore un enfant. Et, pour couvrir son crime, il fit publier qu'il avait obtenu une bulle du Pape l'autorisant à épouser sa sœur. La bulle existait en effet : elle avait été fabriquée par un docteur en droit canon de l'église de Paris, Ambroise de Cambray, avec le concours d'un notaire apostolique[107]. Muni de ce document, le comte ordonna à un de ses chapelains de procéder au mariage. Celui-ci demanda à voir la bulle ; sinon il refusait d'accomplir la cérémonie. Le comte ne voulut point la produire, disant qu'on devait l'en croire, et menaça le chapelain, s'il persistait dans son refus, de le faire jeter dans la rivière. Le chapelain, craignant pour sa vie, céda et célébra le mariage, malgré la répugnance d'Isabelle.

A cette nouvelle, le Pape renouvela la sentence d'excommunication, en y comprenant Isabelle et tous ceux qui avaient participé au mariage.

Le Roi intervint de nouveau : il donna mission au comte de la Marche, oncle du comte, et à sa tante, Anne d'Armagnac, épouse du sire d'Albret, seigneur et dame de grand honneur et de bon entendement, d'aller trouver leur neveu à Lectoure, pour lui remonstrer sa grant faulte, et comment il estou hors de Foy et deshonoré plus que prince crestien qui oncques oust été sailly de la maison de France, en lui disant que, s'il ne changeait de conduite, le Roi, prêtant son assistance an Pape, le chasserait si loin qu'il ne pourrait rester en aucun royaume chrétien[108]. Jean Bureau leur fut adjoint[109].

En apprenant la venue du comte de la Marche et de la dame d'Albret, le comte prit les champs, à la tête d'un certain nombre de gens d'armes, et se porta à leur rencontre : Bel oncle, dit-il au comte, je sais bien pourquoi vous venez en cette marche ; vous pouvez bien vous en retourner, car, pour vous ni pour tous ceux qui en voudront parler, ni plus ni moins je n'en ferai autre chose ; et je veux que vous sachiez que vous n'entrerez point en ma ville.

Le comte de la Marche et la dame d'Albret furent bien émerveillés ; car ils se disaient que, s'ils ne pénétraient cette nuit dans Lectoure, ils se trouveraient en grand danger : à dix, lieues à la ronde, il n'y avait point de lieu où ils se pussent loger. Ils insistèrent de telle façon que le comte se décida à, les laisser prendre gîte à Lectoure pour la nuit.

Le lendemain, le comte de Castres, ais du comte de la. Marche, alla trouver son cousin, et, par belles et douces paroles, le détermina à se rendre auprès de son oncle et de sa, tante en leur hôtel. Il y vint accompagné de sa sœur. De vives remontrances furent adressées à celle-ci, et elle y parut sensible. Mais le comte, furieux, tira sa dague, et, sans l'intervention du comte de Castres, il en eût frappé son oncle. Puis il se retira dans le château de Lectoure, où il s'enferma avec sa sœur. Là, celle-ci reçut une lettre du comte de la Marche et de la dame d'Albret. Dans cette lettre, bien gracieuse, ils lui exposaient de nouveau le scandale qu'elle donnait et l'engageaient à trouver moyen de s'enfuir, lui promettant de lui donner asile et de la traiter en bons parents. La lettre fut saisie par le comte qui, perdant toute mesure, résolut de se mettre en armes dès le lendemain pour poursuivre son oncle et sa tante.

Ceux-ci avaient à peine quitté Lectoure qu'ils virent apparaître le comte en armes. Le comte de Castres alla à sa rencontre et s'efforça d'apaiser son courroux ; il finit par l'amener à rebrousser chemin[110].

A peine arrivés près du Roi, le comte de la Marche et la dame d'Albret firent leur rapport sur la mission qu'ils avaient remplie. Les voies de la conciliation étaient épuisées : il ne restait à Charles VII qu'à employer la force.

La conduite scandaleuse du comte d'Armagnac n'était point, d'ailleurs, le seul grief que le Roi eût contre lui. Le comte n'avait point tardé à suivre les errements de son père : il s'intitulait comte par la grâce de Dieu ; il battait monnaie ; il agissait en souverain indépendant. Quand, en 1454, aux termes des arrangements faits à cet égard, les commissaires royaux étaient venus prendre possession du comté de Comminges, il avait protesté, disant que ce comté lui appartenait[111]. Il avait empêché l'installation de Philippe de Levis comme archevêque d'Auch, contraint les chanoines à casser son élection pour le remplacer par Jean de Lescun, et usé de voies de fait[112]. La mesure était comble : Charles VII résolut de châtier son vassal en révolte.

Il donna aussitôt l'ordre au comte de Clermont et au maréchal de Lohéac de réunir une armée sur la Loire, et chargea Chabannes d'occuper le Rouergue. Les nobles de cette province furent appelés sous les armes, et Charles VII écrivit à Chabannes d'agir sans le moindre retard. Mais le comte ayant, de son côté, adressé des lettres au sénéchal de Rouergue pour que les nobles se tinssent prêts à marcher sous ses ordres au jour où le Roi le manderait, il s'en suivit quelque hésitation : certains seigneurs refusèrent d'obéir aux instructions royales. A cette nouvelle Charles VII envoya à Chabannes un mandement enjoignant au sénéchal de contraindre les nobles à se rendre à son appel. Chabannes répondit au Roi, de Saint-Pourçain, à la date du 22 mai : il était prêt à exécuter ses ordres ; mais il n'était pas d'avis de mettre à exécution le mandement ; il n'était pas en force ; peu de gens de guerre étaient venus ; il convenait d'attendre pour employer les moyens de rigueur.

Pendant ce temps, l'armée du comte de Clermont se formait : vingt-quatre mille combattants se trouvèrent réunis, prêts à marcher au premier signal. La Reine avait voulu s'associer à cette expédition, et avait fait armer et équiper trois jeunes écuyers de sa maison[113]. Toutes les mesures propres à assurer le succès avaient été prises. Le Roi avait fait opérer d'avance le paiement de ses gens de guerre pour un trimestre, et ordonné de veiller à ce qu'aucun excès ne fût commis. Le comte de Clermont, nommé lieutenant général, avait auprès de lui le comte de la Marche, le comte de Ventadour, les maréchaux de Lohéac et de Saintrailles, les seigneurs de Mont-gascon, de Blanchefort, de Torcy, d'Orval, Théaulde de Valpergue, Joachim Rouault, et nombre d'autres seigneurs et capitaines. Il envahit le comté d'Armagnac, et vint mettre le siège devant Lectoure. A. son approche le comte avait pris la fuite : il s'était réfugié dans la vallée d'Aure, d'où il se retira dans des terres qu'il possédait sur les frontières de l'Aragon. Lectoure fut occupé ; le comté d'Armagnac fut mis en la possession du Roi[114], tandis que Chabannes s'emparait du Rouergue et des autres seigneuries du comte[115].

Pendant que cette expédition s'accomplissait avec un plein succès, le comte d'Armagnac envoyait un ambassadeur au Roi pour réclamer contre l'invasion de ses États. Cet ambassadeur arriva au château de Bois-Sire-Amé dans les premiers jours de juin. Le 9, le Conseil fut saisi de la question ; le 17, réponse fut donnée : le comte était sommé de remettre sa sœur entre les mains du Roi pour qu'il la plaçât en bonne et honnête garde chez des parents qui seraient désignés à cet effet ; ordre lui était donné d'obéir au Roi et à sa justice ; quand il se mettrait en sujétion et obéissance envers le Roi et sa justice, comme il était tenu de le faire, le Roi lui accorderait si bonne justice, en ayant égard à tout, que le copte n'aurait cause raisonnable de se plaindre[116].

L'affaire du comte d'Armagnac ne tarda pas à être portée devant le Parlement ; son procès fut instruit ; nous verrons plus loin la suite qui lui fut donnée.

Nous avons dit que le duc d'Alençon s'engageait à ce moment dans des menées qui devaient aboutir à un complot : le duc était en relations avec les Anglais et ne se proposait rien moins que de leur ouvrir les portes du royaume. Le comte d'Armagnac était son beau-frère, et semble n'avoir pas été étranger à ses desseins ; le duc d'Alençon était en relations avec lui : un jour, il dit à un de ses confidents : Si le comte d'Armagnac se vouloit tenir ferme à marcher de par delà, la chose se pourrait bien faire[117]. Peu après le roi d'Angleterre faisait savoir à un envoyé du duc qu'il avait reçu un message du comte d'Armagnac : Dites à la duchesse d'Alençon, avait ajouté Henri VI, que je secourrai son frère et que je le remettrai en ses terres[118].

Il faut raconter dans tous ses détails cette conspiration qui, en raison de la situation du royaume, présentait un caractère exceptionnel de gravité.

 

 

 



[1] Bossuet, Traité de la concupiscence, chap. XXIX.

[2] Lettres du 11 juillet, données à Pressigny, accordant à Antoinette la jouissance des terres et seigneuries de son mari en Normandie. — Lettres du 16 juillet, ordonnant de laisser allouer aux comptes, sur la quittance d'Antoinette, les aides accordées à son Mali (ces lettres sont contresignées par Courtier). — Le 30 octobre, Antoinette donne quittance de six cents livres pour la pension de son mari finissant le 30 septembre précédent. — Lettres du 12 décembre, confirmant en faveur d'Antoinette l'octroi fait à André de Villequier par les lettres du 9 juillet 1451. — Quittance d'Antoinette, en date du 11 décembre, de 300 l. t, dues à son mari pour ses gages de gouverneur de la Rochelle. Ms. fr. 21405, p. 122 ; Clairambault, 207, p, 8999 ; Pièces originales, 3013 : VILLEQUIER, n° 13 ; Delort, Essai critique, etc., p. 228 : Clairambault, l. c.

[3] État des aides ordonnées peur le fait de la guerre, pour l'année 1454-55 (oct.-sept.). Pièce originale, avec signatures autographes, qui se trouve dans le ms. fr. 2886 (f. 7) et qui a été publiée, mais très incorrectement, par M. P. Clément, Jacques Cœur et Charles VII, t. II, p. 419 et suivantes. — On trouve en outre la mention d'une somme de 2.000 l. payée la même année (Cabinet des titres, 685, f. 180 v°).

[4] Ceste damoiselle ycy maintenoit estat de princesse et tout egal à la Reyne. (Chastellain, t. III, p. 18.) — Et pour vray icelle damoiselle tenait grand estat et plus grand que la Royne de France ; et le vouloit ainsi le Roy. (Jacques du Clercq, livre III, ch. XVIII.)

[5] Il y a ici une double erreur : Antoinette était cousine germaine et non nièce d'Agnès, et sa faveur commença avant son mariage.

[6] Jacques du Clercq, livre IV, ch. XXIX. — Le même chroniqueur dit (livre III, ch. XVIII) : Et avoit toujours icelle dame de Villeclerc trois ou quatre filles ou damoiselles, les plus belles qu'elle pooit trouver ; et suivoient le Roy partout en moult grant estat et bobant, et tout aulx despens du Roy. — Et ch. XXII : Et avait en sa compagnie les plus belles damoiselles qu'elle pooit trouver, lesquelles suivoient toujours le Roy où qu'il allast, et se logeoient toujours une lieue ou moins près de luy. — Thomas Basin dit aussi, en parlant d'Agnès (ce qui n'est point tout à fait exact) : Nec cum quippe solam, nec ipsa eum solum, sel cum ipsa etiam satis copiosum gregem multercularum muni vanitatis generi deditarum... Nam quoque ipse rex pergeret, ille etiam cum apparatu luxuque regali gregem illum advehi opportebat, ad quarum vanitates pascendas infinita quodammodo pecunia expendebatur, et longe amplior quam statu reginæ consumeret (t. I, p. 313).

[7] J. du Clercq, t. III, ch. XVIII. — Il ne sera pas inutile de faire remarquer que la dame de Genlis, qui d'ailleurs joue un rôle honorable dans l'aventure que rapporte le chroniqueur, était Marie d'Amboise, sieur de Louise d'Amboise, épouse de Guillaume Gouffier ; elle était donc belle-sœur du favori de Charles VII. Son mari était Jean de Hangest, seigneur de Genlis, conseiller et chambellan du Roi.

[8] On prétend que madame la Régente n'est autre que Blanche de Rebreuve, qui était gouvernante des enfants du seigneur de Genlis. — Nous lisons dans un état des laissez passer délivrés aux péages de Blois, par ordre du duc d'Orléans : Item, le IIIe jour de février (1458) pour la Régente, quatre-vingt-deux tonneaux de vin, etc. Est-ce de cette maîtresse qu'il s'agit ici ? (Ms. fr. 26085, n° 7221.)

[9] Chastellain, t. IV, p. 367.

[10] Les Louenges du bon Roy de France Louys XII de ce nom, dict Pere de peuple et de la félicité de son regne, composées en latin par maistre Claude de Seyssel... et translatées par luy de latin en français l'an 1508. Edit. Godefroy, p. 11.

[11] Chronique martinienne, f. 302.

[12] En parlant de Charles le Téméraire : Vivoit plus chastement, dit-il, que communement les princes ne font, qui pleins sont de volupté. (Tome VII, p. 231.)

[13] Shakespeare, Henri V, acte V, scène II.

[14] Chastellain, t. II, p. 184. On lit dans une dépêche d'Emmanuel de Jacob, ambassadeur du duc de Milan, en date du 19 décembre 1455 : Et sabbato non retornay da la Sua Maiestà, pero che, per sua devotione, in tale di como e stato la festa de li Innocente, fra tuto l'anno non da audientia alcuna. Ms. ital. 1587, f. 104. — Saint-Simon, dans son Parallèle des trois premiers Valois Bourbons (p. 114), a dit : Louis XIV fut religieux aussi, et ce qui serait incroyable si les témoins n'en étaient infinis, il le fut jusque dans ses plus grands désordres et fidèle à tout l'extérieur de la religion... et dans un pénible combat entre le scandale de ne peint faire de Pâques et le sacrilège de les taire indignement.

[15] Leurs noms sont dans le registre KK 51, fol. 125.

[16] Il oyoit tous les jours trois messes : c'est assavoir une messe à note et deux basses messes. (Henri Baude, p. 8).

[17] Le 23 janvier 1453, il va en pèlerinage à Notre-Dame-de-Cléry.

[18] Le 3 février 1454, à la translation des reliques de saint Martin.

[19] Et disait ses heures chacun jour sans y faillir. (Henri Baude, p. 8.)

[20] Henri Baude, Regrets et complaintes, p. 19.

..... ton feu fils, où jamais foy extaincte

ne se trouva.....

Astezan l'appelle le plus religieux de tous les rois. Et Zantfliet : Rex humilis ac Deo devotus. (Amplissima collectio, t. V, col. 410.)

[21] Pour la grant et singulière affection que avons à la benoiste vierge Marie, lit-on dans des lettres du 30 décembre 1450. — En l'honneur de la benoiste glorieuse vierge Marie, à laquelle avons singulière affection et devocion, lit-on dans des lettres de mars 1451. On retrouve cette formule dans plusieurs autres lettres ; voir en particulier celles du 30 novembre 1449. Archives, JJ 186, n° 88. Charles VII était chanoine de N.-D. de Loches et de N.-D. du Puy, abbé et patron de N.-D. de Melun, abbé de Saint-Hilaire de Poitiers, etc. En 1448, le Roi fit construire à Amboise, dans l'église du château, une chapelle dédiée à saint Michel. (Vallet, t. II, p. 6, note 2.)

[22] Sur les aumônes du Roi, voir les comptes. Cabinet des titres, 685, f. 138, 143, 148, 152, etc. Grand aumosnier estoit, et avoir tousjours, ou qu'il allast, cousturiers et cordoanniers qui, par l'ordonnance de son aumosnier, bailloient vestemens et chausseures à tous povres. (Henri Baude, p. 8.)

D'aumosnes, biens, assez il en faisoit

Aux povrea gens selon leur indigence...

(Martial d'Auvergne, Vigilles de Charles VII, t. II, p. 30.)

[23] Il faisait donner argent à povres filles à marier, reparer les eglises et hospitaulx, et y donner calixces, custodes et adornemens. (Henri Baude, p. 8.)

Vefes, mineurs n'estoient sans pourveance

A nobles honteux faisoit bailler finance,

Gentilz femmes pour leur vie et repas,

Ladres, impotens, l'aumosne et la pitance

Et d'autres biens que l'en ne sçavait pas.

(Vigilles, t. II, p. 30.)

Le 23 mars 1451, le Roi donne 300 écus pour l'achèvement de la châsse de saint Martin. Baluze, arm. 77, f. 361.

[24] La Vie du Père Pierre Coton, de la Compagnie de Jésus, par le P. Joseph d'Orléans. Paris, 1688, in-4°, p. 143.

[25] Tome II, p. 184. — Un siècle plus tard, un ambassadeur vénitien écrivait : Di que nasce cite il Re di Francia è tanto domestico con li suoi sudditi che gli ha tutti per compagni ; e non è mai escluso nessuno dalla sus presenzia intanto che ancora i lacchè, gente vilissima, hanno ardimento di voler penetrare nell' intima camera del Re... Commentarii del regno di Francia, del clarissimo signor Michele Suriano, ambasciatore veneto del 1561, dans les Relations des ambassadeurs vénitiens, publiés par M. Tommaso, t. I, p. 508.

[26] Chastellain, t. II, p. 184.

[27] Henri Baude, p. 10.

[28] Henri Baude, p. 10.

[29] Henri Baude, p. 10.

[30] Lesquels gaiges — d'Étienne le Fèvre, conseiller et maitre des requêtes de l'hôtel du Roi —, ont accoutumé estre en rotulez en ung roule signé de la main du Roy, ce qu'il n'a pas esté fait durant le temps de ce dit compte, obstant la griesve maladie dudit seigneur. 41e compte de l'hôtel (1460-1461). Ms. fr. 6754, f. 5 v°.

[31] Quelques lettres qu'il escripvit par importunité de requerans, ou autrement, il n'entendait point deroguer aucunement à justice ne ans ordonnances anciennes, et quant il estait adverti du contraire, le faisait reparu. (Henri Baude, p. 10.)

[32] Henri Baude, p. 9.

[33] Voir ci-dessus, t. IV, chapitre IV.

[34] Henri Baude, p. 11.

[35] Henri Baude, p. 9.

[36] Fragment d'un registre du grand Conseil, publié par M. Noël Valois ; il va du 3 avril au 19 juin 1455.

[37] Henri Baude, p. 10. Cf. Martial d'Auvergne, t. II, p. 30.

[38] Dépêche de Raymond de Martial. Archives de Milan, Dominio Sforzesco, janvier-juin 1455.

[39] Voir lettre du Roi à Chabannes en date du 25 avril 1455, dans la Chronique martinienne, f. 298 ; Instructions à Odet d'Aydie, envoyé au comte de Dunois, 15 mai 1456, dans Le Grand, V, f. 5.

[40] Voir la savante introduction de M. Camille Favre à l'édition du Jouvencel, t. I, p. CCX et suivantes.

[41] Voir les lettres du Roi à Chabannes en date des 25 avril, 18 mai, 27 mai, 15 juin, 26 septembre 1455, et les lettres de Doriole au même, en date du 18 et 27 mai et 19 septembre 1455, dans la Chronique martinienne. — Doriole écrit le 18 mai : Et me semble que chascun jour l'affection naist au Roy envers vous.

[42] Voir lettre de Doriole à Chabannes, 19 septembre 1455. Chronique martinienne, P. 299.

[43] Messire Raoul de Gaucourt, conseiller du Roy, grand rnaistre de France, LXVIII l. XV s. pour mettre à point un hostel en la basse court des Montils, où il a coustume de loger. Cabinet des titres, 685, f. 175. On voit par le vingt-septième compte de l'hôtel (Archives KK, 53, f. 71) que, au mois de janvier 1454, Charles VII fit bâtir une maison aux Montils pour loger ses maîtres d'hôtel, pannetiers, échansons et valets tranchants. Travaux au château des Montils : Ms. 685, f. 176.

[44] On a une quittance du 8 juillet 1453, où, du vivant de Villequier, il prend ce titre (Pièces originales, 1366 : GOUFFIER, n° 16) ; mais on ne le lui trouve donné, dans les documents, qu'à partir de 1455.

[45] Il a une pension de 1.300 l., plus 1.200 l. pour entretenir son estat, et 400 l. comme sénéchal de Saintonge. Don de 1500 L en mai 1454 ; autre don de 600 l. en la même année ; autre don de 1311 l. le 16 janvier 1455 ; autre don de 400 l. le 18 juin 1456. Cabinet des titres, 685, f. 164, 172, 174 v° ; Clairambault, 163, p. 4813, 4815 ; 164, p. 4835, 4839 ; 951, p. 163 ; ms. fr. 20683, f. 47, cf. État des aides, publié par Clément, Jacques Cœur et Charles VII, t. II, p. 420 et 431, et Ms. fr. 33406, f. 13.

[46] Il a une pension de 1.200 l. En avril 1453, à a un don de 500 l. pour avoir des chevaux. Clairambault, 172, p. 5695-5699 ; Cabinet des titres, 685, f. 165.

[47] Il a une pension de 600 l. Cabinet des titres, 685, f. 172 v° et 184 v°.

[48] Il a une pension de 1.300 livres. Clément, l. c. ; Ms. 685, f. 181.

[49] Voir le registre KK 55, aux Archives, contenant le compte de l'argenterie de la Reine du 1er octobre 1454 au 30 septembre 1455, f. 68 v°, 71 v°, 99 v°, 128.

[50] Voir les comptes cités par Le Roux de Lincy, les Femmes célèbres de l'ancienne France, p. 431-432.

[51] Le Roux de Lincy, les Femmes célèbres de l'ancienne France, p. 443-444, 650 et suivantes.

[52] KK, 55, passim.

[53] À ung povre fol nominé Dago, suivant la cour, que ladicte dame lui a semblablement fait bailler comptant ledit jour (2 novembre 1454) pour don par elle à lui fait, en ung escu. s — A ung povre fol nommé Robinet, aussi suivant la court de ladicte dame, qu'elle lui a fait bailler comptant... le dixiesme jour dudit mois, pour don par elle fait à lui, X s. t. KK 55, t. 128 et 1211 v°.

A Alizon d'Aranvilliers, laquelle, par aucun temps, avoit eue la charge d'un povre enfant nommé le Petit Cadet, folet de ladicte dame, XX l. t. Id., f. 11 v°.

A Huet Breton, homme de labour, demeurant, près dudit Chinon, pour avoir ledit jour (7 novembre 1454) mené et conduit sur ung sien cheval, par l'ordonnance de la-dicte dame, dudit Chinon à quatre lieues par delà, en une place qui est à madame de Surgières, Michon, folle de ladicle dame, pour illec demeurer avecques madicte dame de Surgières jusques ad ce qu'il plaise à madicte dame l'envoler querir, XXII s. VI t. Id., f. 101. Cf. f. 97 et 98.

[54] A Hance Lalement, qui garde et gouverne les chiens de ladicte dame, XXVII s. VI d. t. (fol. 16 v°). A Jeanne Moterelle, marchande de Chinon, pour deux aulnes de bien grosse toile achetée d'elle ledit jour (1er octobre 1454) dont a esté aidée la paillasse des chiens de ladicte dame, qui avoit esté brulée (fol. 95 v°). — Une aulne et demie de bien grosse teille pour alonger et acroistre la paillasse des chiens de ladicte dame (f. 101 v°).

[55] Ceux-ci ne sont pas à Chinon, mais aux Montils : A Vincent le Musnier, garde des serf et bische que icelle dame fait tenir en la garenne des Montils-les-Tours... pour ses gaiges (mensuels) de XXVII s. VI d. t. (f. 126).

[56] A Jacquet Chevalier, qui garde sa chièvre sauvaige, pour don, en un escu (f. 15 v°). — A Jacquet Chevalier, varlet de fourierie, la somme de LV s. t. en deuz escus d'or... pour sa pension de XXVII s. VI d. t. que ladicte dame lui a ordonné avoir par chascun mois pour ses peine et salaire de gouverner la chièvre de ladicle dame (f. 124 v°).

[57] Pour un quartier de veloux noir à tiers poil prisas de bug le xxv' jour dudit mois (juillet 1455) pour faire couvrir deux colliers de cuir qu'elle a fait faire pour mettre aux cols de deux levrons qu'elle fait nourrir pour sa plaisance (f. 113 v°).

[58] A deux jeunes compaignons qui ont apporté le XVIIe jour dudit mois (novembre 1454) dudit Saint-Aignan à Selles les estourneau et papegault de ladicte dame (f. 101 v°).

[59] A Guillaume le Picart, serviteur de madame de Vendosme... pour son vin d'avoir apporté à icelle dame, au ehasteau dudit Chinon, deux ustardes que madicle dame de Vendosme envoya à ladicte dame (f. 121 v°). 110 sous tournois baillés à ung compaignon qui lui avoir apporté ung marsoin entier que Floquet, bailly d'Évreux, lui avait envoyé (f. 14 v°).

[60] A ung des gens du Roy de Secile qui apporta le XXVIe jour dudit mois (octobre 1454) une hure de sanglier que ledit seigneur envoyoit à ladicte dame (f. 428).

[61] A Nicolas de Vailly, clerc, la somme de XIII l. XV s. t. en dix escus d'or... pour avoir ung habillement, eu faveur et recompense des services qu'il a faix et fait chascun jour à ladicte dame tant en escriptures que autrement. (KK 55, f. 129 v°.) — A icelle dame le XXVIe jour dudit mois d'octobre et an (1454), pour donner à ung escrivain de lettre de forme, lequel elle fist venir de Poictiers devers elle audit lieu de Chinon pour luy escripre aucuns petits livres à sa plaisance et devocion, en VI escus (f. 13).

[62] Jeux de cartes délivrés à Charles et Madeleine de France. Comptes cités par Victor Gay, Glossaire archéologique, t. I, p. 280-287.

[63] A maigre Jehan Majoris, chantre de Saint-Martin de Tours, la somme de C l. t., à lui ordonnée et fait paier comptant par ledit tresorier pour les livres bien escripz en beau parchemin et richement enluminez, prins et achetez de lui pour faire aprendre en iceulx mondit seigneur esquelx monseigneur le Daulphin avoit apris à l'escolle, iceulx livres delivrez à maistre Robert Blondel, maigre descella de monseigneur Charles, ainsi qui s'ensuit : c'est assavor ung A. B. C., ungs Sept pseaulmes, ung Donast, ung accidens, ung Caton et ung Doctrinal (f. 119 v°). — Pour ung grant Caton que fist maistre Guillaume de Pargame, lequel est escript en beau parchemin, de bien bonne lettre, bien et richement historié et enluminé... cent l. t. (Id.). — Pour avoir fait escripre en parchemin ou dit mois (novembre 1454) unes principes pour aprendre mondit seigneur (f. 111 v°). — Pour une tablette carrée assise sur une croisée de fort boys et sur ung pied qui tourne à mettre dessus les poulpitres et livres ou aprant mondit seigneur (f. 70 v°). — Quelques extraits de ces comptes ont été donnés par M. Le Roux de Lincy, dans les Notes et appendices de son livre les Femmes célèbres de l'ancienne France.

[64] A Nicolas de Vailly, clerc, la somme de XIII l. XV s. t., en dix escus d'or, que, par l'ordonnance de la Royne, madicte dame Magdelene lui a ordonnée avoir et estre payé comptant pour don par elle à lui fait ou mois de mars (1455) pour avoir ung habillement, en faveur des services qu'il a fait et fait cbascun jour à icelle madicte dame (f. 135 ; cf. f. 129 v°).

[65] KK 55, f. 89.

[66] A Jehan Forget, premier varlet de chevaulx du corps du Roy, la somme de VIII l. V s. t., en VI escus d'or, que madicte dame Magdelene lui fisc bailler comptant... pour son vin d'avoir amené de la ville de Tours aux Montilz oudit mois de may (1454) une haquenée noire que ledit seigneur donna lors et envoya à madicte dame pour s'en servir (f. 130).

[67] A madame Magdeleine de France, comptant, oudit mois (août 1455), qu'elle bailla et donna à ceulx qui avoient trouvés sa sainture, qu'elle avoit perdue en alant à la chasse avecques la Royne, XXVII s. VI d. t. (f. 20).

[68] KK 55, passim.

[69] A luy (Thibault du Mesnil) pour un aultre voyage par lui hastivement fait par l'ordonnance de ladicte dame partant dudit Chinon à Angiers devers le Roy de Cecile, afin qu'il envoyast icelle dame sa galiote pour la mener plus legierement contremont la rivière de Loire dudit Chinon à Tours pour venir à Mehun devers le Roy nostre sire (f. 136 v°)...

[70] A Yvonnet Rostren, chevaucheur de l'escuierie de ladicte dame, pour ung voyage par lui fait par l'ordonnance d'icelle dame partant hastivement dudit Chinon à Mehun sur Yèvre devers le Roy nostre sire, porter lettre de par ladicte dame touchant son parlement dudit Chinon pour venir audit Mehun et pour autres ses affaires, ouquel voyage il a vacqué, alant, attendant response et retournant devers ladicte dame à Langays-sur-Loire, depuis le premier jour de cedit mois (de novembre) jusques au Xe jour ensuivant, cent s. t. (f. 136).

[71] Il s'agit évidemment de saint Eusitius. Voir Raynal, Histoire du Berry, t. I, p. 242-245.

[72] A Jaquet Chevalier, varlet de fourrière de ladicte dame, la somme de XXXII s. VI d. t. que ladicte dame lui a ordonnée... pour avoir fait amener par nue en une sanline (le 28 novembre 1454), la chièvre d'icelle dame dudit Selles à Vierzon (KK 55, f. 102 v°). — Trois quartiers de gros josselin de Bretaigne pour couvrir et mettre à l'entour de la caige de l'estourneau de ladicte dame pour la porter dudit Selles à Chinon (28 novembre 1454), VI s. III d. t. (f. 102 v°). — A Estienne Boutet, garde de la tappicerie et varlet de chambre de ladicte dame la somme de XXVII s. VI d. t. qu'elle lui a fait bailler comptant par ledit tresorier ledit jour (6 mars 1455) pour le restituer de semblable somme avait despendu et employé à venir de Chinon à Selles en apportant le papegault verd d'icelle dame (f. 108 v°).

[73] A Jean de la Chapelle et trois autres ses compaignons qui ont joué (le 10 décembre 1454) plusieurs farces et esbatemens devant ladicte dame ou chasteau de Mehun, CX s. t. (f. 120). — On trouve encore (f. 14) la mention suivante (28 janvier 1455) : Trois compaignons suivant la cour, qui avaient joués farces et faiz plusieurs esbatemens par plusieurs foiz devant icelle dame...

[74] A Behan Jahun, menuisier dudit Selles, pour avoir par le commandement de ladicte dame ledit jour (17 novembre 1454) mis et clouez deux grandes aisses à l'entour du manteau de la cheminée de la chambre de ladicte dame en son logeis dudit Selles, pour la garder de fumer, fait quatre chassis de bois à tendre du papier pour les fenestres de ladicte chambre et fait une petite table à quatre pieds à mettre la vaisselle d'argent dessus d'icelle dame, XXV s. t. (f. 101 v°). — 16 février 1455. Pour deux aulnes de toille blanche cirée, dont a esté fait un chassil mis en la chambre de retrait de ladicte dame ou chasteau dudit Mehun (f. 107). — Le 20 novembre, pour éviter la fumée, on hausse de deux pieds la cheminée de la chambre de la Reine (f. 102) ; cf. f° 118,118 v°, 120.

[75] A Jaquemin de Bergières, tappicier, la somme de XIII l. XV s. t., en X escus d'or, que ladicte dame lui a fait paier complant (juin 1655) par ledit tresorier et qui deue lui estoit par marchié fait avecques lui par ledit tresorier, pour avoir radoubé et remis à point deux chambres de tappicerie pour icelle dame, laquelle tappicerie estait fort endommaigée de chiens, rats, souritz et autres bestes qui l'avoient rongée (f. 112). — La chambre de tappicerie d'or dont est tendue la chambre de monseigneur Charles est aussi endommagée par les rats et les souris (f. 79 v°).

[76] Galatas, le lieu le plus élevé d'une maison, d'où on a fait galetas.

[77] A Guillemin Verdelet, varlet de garde de la tappicerie du Roy nostre sire, que ladicte dame lui a fait bailler comptant le XVe jour dudit mois (avril 1455) pour don par elle fait pour avoir tendue une chambre de tappicerie en ung des galatas du chasteau de Mehun où icelle dame se ala logier pour sa plaisance et pour avoir meilleur air, XXVII s. VI d. t. (f. 130 v°).

[78] KK 55, passim.

[79] Aux serviteurs dit contrerolleur de l'argenterie du Roy, qui ont apporté à la Royne, avecques ledit contrerolleur, les estraines du Roy, c'est assavoir une grant nef d'argent duré et de la vaisselle de cuisine en platz et escuelles, pour don à eulz fait en deux escus, LV s. t. (f. 143).

[80] Pour ung plumait d'or à mettre sur une salade... où avoit une pome d'or fait richement à lozanges percées à jour, et dessus icelles lozanges petites rozettes esmaillées aux couleurs du Roy, icelle emplie de duvet rouge de plume d'autrusse et une autre pomme ronde de duvet blanc desdictes plumes d'autrusse ; et dessus plusieurs petiz filetz d'or chargiez desdictes plumes de branlans, en façon de plumait bien richement et par le pié en façon d'escot à plusieurs racines, donnez an Roy nostre sire en estraine audit jour, le tout... valant IIc VII l. VI d. t. (f° 141).

[81] KK 55, f. 141. Le prix est de 95 l. 14 s. 2 d. t. — La Reine montrait, sous ce rapport, une singulière tolérance ; en voici une nouvelle preuve. On lit dans les mêmes comptes : A elle comptant en ses mains, le XXVIe jour d'icellui mois (juin 1455), qu'elle voult semblablement avoir et bailler manuellement â frère Johan Rousseau pour le restituer de semblable somme qu'il avoit presté comptant à icelle dame le premier jour de may derrettier passé, pour bailler aux filles joyeuses qui suivent la court, lesquelles vindrent devers ladicte dame demander le may, en trois escus d'or (f° 16).

[82] Chastellain, t. III, p. 15-19.

[83] On lit dans les comptes : Monseigneur Guillaume de Montferrat, XVIc LXXV l., avec une chaisne d'or pour ses despens à Tours. — Messire Jehan d'Estouteville, chevalier, seigneur de Torcy, conseiller et chambellan, maistre des arbalestriers de France, IXc XIII l. XV s. pour une chesne d'or prise de luy et donnée au seigneur Guillaume de Montferrat. Cabinet des titres. 685, f. 175.

[84] Dépêche chiffrée de Thomas de Réate, en date du 12 mars. Archives de Milan, Francia dal.... al 1470.

[85] Voir Ordonnances, t. XIV, p. 313.

[86] Voir Histoire de Gaston comte de Foix, dans le ms. fr. 4992, f. 80, C'est à tort que l'auteur place ce voyage en 1456, et fait venir le comte à Bourges. Le vicomte de Lautrec mourut pendant le séjour qu'il fit à la Cour : il fut enterré en l'église de Sainte-Catherine de Barbeneufve près du Breuil-Doré.

[87] En décembre 1453 : voir note ci-dessus ; en septembre 1455, voir plus loin, chapitre V.

[88] On lit à la fin des instructions données par Sforza à Thomas de Réate, envoyé vers le Roi, en date du 8 janvier 1454 : Perche questa sera haveme havuta uni lettera de Novara, continente la infermitate de la Maesta del Re de Franza, como vederiti per la copia vi pero de passe in passo ne advisariti per la via de turco quelle circa senteriti, e sequendo et case de la morte, stati presse dal prefato Delphino, et appresse alluy fariti quanto et caso rechiede. Minute dans le ms. italien 1586, f. 289 v°. Cette indisposition n'eut pas de suites, car il n'en est pas question dans les dépêches chiffrées de Thomas de Réate, en date du 12 mars, rendant compte de ce qu'il avait fait à la Cour depuis le 28 février, date de son arrivée.

[89] La date est fixée par les extraits d'un Registre du Conseil publiés par M. Noël Valois, l. c., p. 29. L'ambassadeur d'Écosse, dans un entretien particulier avec le Roi, à la date du 20 mai, lui disait : qu'ilz avoient entendu que aucuns de la nation d'Escoce avoient mesprins envers lui et conspiré envers son armée et aucuns de ses chiefs de guerre et parens. Le Roi désigna pour conférer avec eux, à ce sujet, le comte de Dunois, Pierre Doriole et Patrix Foncart, capitaine de sa garde écossaise.

[90] Dans le sixième compte de Mathieu Beauvarlet (octobre 1454-septembre 1455), Robert Cuningham figure encore (Ms. 685, f. 178 v°) comme capitaine de gens d'armes à trois cents livres de pension. — On lit dans le huitième compte du même : Foulquet Guidas, escuyer, maistre d'ostel du Roy et capitaine d'Amboise, VIxx XVII l. X s., le 18 juin, sur ce qui luy est deu de la nourriture de Robert Conighan, qu'il a gardé prisonnier audit chastel depuis le 25 avril jusques au 8 juin 1455. — Jehan de la Gardette, essuyer, prevost de l'ostel, XIIII l. X s., 21 may, pour conduire Robert de Conigham d'Amboise à Paris. Ms. 685, f. 191 et 192.

[91] Le 25 mai, au Conseil, touchant le fait de Robert Coniigan, a semblé que on doit commettre maistre Philippes Gervays à recevoir et recueillir toutes manières de lettres qui viendraient audit Conigan tant touchant ses propres affaires que autres, en les mettant par inventaire et les garder par devers lui. Fragment d'un registre, etc., par M. Noël Valois, p. 31.

[92] Voir le texte de l'arrêt dans Du Puy, 38, f. 89. Cf. ms. fr. 5008, f. 81.

[93] Lettre des seigneurs écossais en date du 15 avril 1456 ; Ambassade de Jacques II à la fin de cette année. L'Hermite-Souliers, Inventaire de l'histoire généalogique de la noblesse de Touraine, p. 153 ; Stevenson, Latere and papers illustrative of the wars of the English in France, etc., t. I, p. 335.

[94] Le Roy a esté bien desplaisant d'avoir trouvé sur euh matière par quoy il aye convenu les mettre et constituer en arrest ; et n'y a riens fait que par grande et meure deliberacion, et après plusieurs informacions qui très fort les chargeaient et dont de leur bouche, sans aucune contrainte, ils en ont comme partie confessé... et serait le Roy plus joyeux de l'inorance des choses dessus dictes que de leur coulpe. Réponse aux ambassadeurs d'Écosse (janvier 1457), ms. lat. 10181, f. 50, et dans Stevenson, Letters and papers, etc., t. I, p. 349.

[95] Ms. ft. 5908, f. 88. — On lit dans le 8e compte de Mathieu Beauvarlet : Thomas Conighan, escuyer du pays d'Escoce, qui a servy le Roy en ses guerres, XXVII l. X s. pour s'en aller de tout point hors du royaume, ainsi que par la Court de Parlement a esté ordonné. Ms. 685, f. 191.

[96] Voir un document du 25 septembre 1455. Pièces originales, 75 : ANQUETIL.

[97] Voir un document du 24 décembre 1455, Ms. fr. 26083, n° 6918.

[98] On lit dans le 7e compte de Mathieu Beauvarlet (octobre 1455-septembre 1456), Ms. 685, f. 184 v° : Messire Tristan Lermite, prevost des mareschaulx, XII l. II s. pour amener un prisonnier de Ganat à Cosne.

[99] Item parlera ledit bailly au Roy et aux gens de son Conseil, et à Madame de Villequier, à Mgr l'Amiral, à Mgr le conte de Dampmartin, etc. Instructions du duc de Savoie à Anjorrant Borré, bailli de Beaugency. Ms. fr. 18983, f. 24.

[100] Du chappellet fait au Roys sur la Mer le sizième jour de juing mil quatre cens cinquante et cinq par monseigneur du Mayne et madamoiselle de Chasteaubrun, à la suite du Viandier de Guillaume Tirel, dit Taillevant, premier queux de Charles V et de Charles VI. Bibl. nat., Réserve V, 1668, pet. in-4°. Cf. Le Grand d'Aussy, Histoire de la vie privée des Français, t. III, p. 273 et suivantes.

[101] D. Lobineau, t. I, p. 657-658 ; t. II, col. 1192-1196.

[102] Des Schwœbischen Ritters Georg von Ehingen reisen nach der Ritterschaft, Stuttgart, 1843, de VII-28 p. (au tome I de la Bibliothèque de la Société littéraire de Stuttgart).

[103] Des Schwœbischen Ritters Georg von Ehingen reisen nach der Ritterschaft, p. 16-17.

[104] Archives, J 777, n° 12.

[105] Lettres du 15 avril 1452. Du Puy, 38, f. 83 v°.

[106] Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 290-291.

[107] C'est ce qui résulte d'un bref de Pie II du 15 septembre 1460. Raynaldi, année 1460, § CXIII. Voir Thomas Basin, t. II, p. 482.

[108] Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 292-295.

[109] Arrêt du 13 mai 1460. Archives nationales, X1a 29, f. 107 v° et suivants.

[110] Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 293-295.

[111] Voir l'acte de prise de possession, eu date des 10 janvier 1464 et jours suivants. Ms. fr. 18657, f. 415-428.

[112] Voir l'arrêt du 13 mai 1460.

[113] Compte de l'argenterie de la Reine. Archives, KK 55 ; passage cité par M. Valet, t. III, p. 343, note.

[114] Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 296-297 ; Jean Chartier, t. III, p. 50-51 ; Thomas Basin. t. II, p. 283-284 ; Valois, Fragment d'un registre, etc., p. 52-54 ; Çurita, Anales de la corona de Aragon, l. XVI, ch. LXVI.

[115] Mgr Antoine de Chabannes, comte de Dampmartin..., pour luy ayder à supporter les grandes charges et despenses que faire luy a convenu puis naguères pour le fait et conduite de l'année que le Roy a derrenierement envoyée au pays de Rouergue et autres pays circonvoisins que souloit tenir le comte d'Armaignac. Cabinet des titres, 685, f. 181.

[116] Valois, l. c., p. 52-54 et 64.

[117] Procès du duc d'Alençon. Ms. fr. 18441, f. 35 v°.

[118] Procès du duc d'Alençon. Ms. fr. 18441, f. 114.