HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE V. — L'EXPULSION DES ANGLAIS. - 1449-1453.

 

CHAPITRE X. — LA CAMPAGNE DE LOMBARDIE.

 

 

1452-1453

 

Conséquences de la mission diplomatique d'Acciajuoli. — La guerre de Catalogne. — Relations de Charles VII avec l'Aragon et avec la Castille. — La diversion souhaitée par l'ambassadeur Florentin n'a pas lieu. — La campagne de Charles VII contre le duc de Savoie favorise Sforza, mais il n'obtient pas d'assistance armée en Italie. — Nouvelle ambassade des Florentins au Roi ; instructions qu'elle reçoit. — Dispositions favorables de Charles VII. — Ambassade du Roi en Italie. — Arrivée des ambassadeurs florentins à Lyon. — Négociations avec le marquis de Montferrat ; instructions envoyées par Charles VII à Jean Cossa. — Nouvelles instructions de la république de Florence à Acciajuoli. — Démarches réitérées de Sforza auprès du Roi. — Arrivée de l'ambassadeur florentin à Tours : traité du 11 avril, stipulant le passage du roi René en Lombardie à la tête d'une armée. — Départ du roi René ; difficultés qu'il éprouve pour se rendre en Italie. — Attitude du duc de Savoie, qui refuse de lui laisser traverser ses états ; intervention du Roi ; intervention du Dauphin. — Vues personnelles de ce prince ; il prend les armes contre son beau-père. — Le roi René reçoit des offres de la république de Gênes et en profite pour gagner l'Italie par mer. — Le duc de Savoie, en présence de l'attitude menaçante de son gendre, lui livre passage ; desseins du Dauphin sur Gênes, contrecarrés par le roi René, qui le décide à battre en retraite. — Double jeu du Dauphin, qui cherche à s'allier avec les Vénitiens contre Sforza. — Le roi René en Lombardie ; ses lenteurs, son entrée en campagne ; succès obtenus sur les Vénitiens. — La mauvaise saison vient interrompre les opérations. — Négociations pour la paix sous les auspices de Nicolas V. — Dispositions des Florentins et de Sforza. — Brusque départ du roi René. — Ambassade de Sforza au Roi ; effet produit à la cour de France par la retraite du roi René ; mécontentement de Charles VII. — Appréciation du rôle de René.

 

Quelles avaient été les conséquences des négociations entaillées par Angelo Acciajuoli, au nom de la république de Florence et du duc de Milan, et du traité conclu à la date du 21 février 1452 ?

Nous avons vu que, dans ses dépêches, l'ambassadeur florentin faisait allusion à la guerre de Catalogne. Il supposait que Charles VII, une fois la paix faite avec l'Angleterre, emploierait ses gens d'armes à quelque expédition ; il estimait que l'entreprise de Catalogne serait la plus facile, celle où il aurait la plus juste querelle[1].

 L'attention de Charles VII était attirée en ce moment au-delà des Pyrénées, à un double titre : par la revendication de certains droits de la reine Marie d'Anjou en Aragon, par la lutte engagée entre la Castille et la Navarre à l'occasion de la querelle du prince de Navarre avec sou père.

 Par son testament en date du 16 septembre 1420, Yolande de Bar, reine d'Aragon, avait fait donation entre-vifs à sa fille Yolande, reine de Sicile, de tous ses biens meubles et immeubles. Celle-ci, à son tour, par un acte passé à Saumur le 16 février 1440, avait donné à sa fille Marie d'Anjou, reine de France, la baronnie de Coçentayna au royaume de Valence, et les baronnies de Burgia et de Magallon en Aragon, avec cession de tous ses droits sur les royaumes de Valence et d'Aragon et sur la principauté de Catalogne. En outre, par le contrat de mariage de Yolande d'Aragon avec Louis, roi de Sicile, une somme de cent soixante mille florins avait été assurée à Yolande, et cent mille francs restaient dus sur cette somme.

 Peu après la mort de sa mère, Marie d'Anjou réclama de la couronne d'Aragon la délivrance des terres qui lui appartenaient du chef de Yolande et le paiement des cent mille francs. A partir de 1446, de nombreuses ambassades furent envoyées, de multiples réclamations formulées, sans qu'alumine satisfaction pût être obtenue[2]. Au mois d'avril 1450, Michel Nigri, ambassadeur de la reine d'Aragon — qui avait été chargée par Alphonse V de suivre l'affaire — se rendit à la cour de France : des conférences furent tenues en présence de la Reine ; elles furent sans résultat[3]. On était à la veille d'une rupture : le droit de marque fut dénoncé ; nous avons des lettres du 17 décembre 1450 par lesquelles Charles VII suspendait jusqu'à la Saint-Jean de l'année suivante les actes d'hostilité à l'égard du roi d'Aragon, dans l'espoir que, d'ici là, un accord pourrait s'établir. Au mois de mars 1451, une huitième ambassade partit Pour l'Aragon : elle n'aboutit pas plus que les précédentes[4]. Au moment où Angelo Acciajuoli se trouvait à la cour (janvier 1452), le comte de Dunois reçut une lettre du roi d'Aragon lui annonçant l'envoi d'une ambassade vers Charles VII[5]. Cette ambassade arriva le 23 mai[6]. Au mois de juin, les ambassadeurs aragonais étaient à Blois, attendant l'expédition que le Roi devait leur donner[7].

En dehors de cette cause de conflit entre la France et l'Aragon, la querelle du prince de Navarre avec son père, le roi de Navarre Jean II, frère d'Alphonse V, faillit entraîner une intervention armée de Charles VII : le roi de Castille avait pris le parti de Don Carlos ; la guerre s'était allumée entre la Castille et le Navarre, et le roi de Castille sollicitait le Roi d'agir Contre le roi de Navarre.

Les relations de Charles VII avec la Castille, dans ces dernières années, n'avaient été ni fréquentes, ni importantes. L'indolence proverbiale de Jean II, sa nullité comme souverain et même comme homme privé[8], ne permettaient guère de Profiter des avantages que l'alliance castillane pouvait offrir. Quand, en 1450, Charles VII réclama de Jean II une déclaration authentique constatant qu'il avait eu pour agréable la rupture avec l'Angleterre et le recouvrement de la Normandie opéré par les armes royales, quand il lui demanda, aux termes des traités, son concours pour chasser les Anglais de la Guyenne[9], il se heurta à des hésitations, à des résistances, et même à des récriminations qui avaient lieu de le surprendre de la part d'une puissance jusque-là si fidèle à l'alliance avec sa couronne. Il fallut une longue et épineuse négociation[10] pour obtenir la déclaration demandée[11]. Aussi le Roi ne montra-t-il pas un grand empressement à répondre, soit aux sollicitations du prince de Navarre[12], soit aux instances du roi de Castille en sa faveur[13]. Pourtant il se décida à entrer dans les vues de Jean II de Castille : il agit auprès du comte de Foix qui, adversaire de Don Carlos, et s'autorisant indûment de son titre de lieutenant général du roi de France, avait réclamé près de Jean II au sujet de l'attitude prise par ce prince[14], et fit défense au comte, ainsi qu'à ses autres vassaux, d'assister le roi de Navarre dans sa lutte contre le roi de Castille[15]. Conformément au désir manifesté par Jean II, il donna, au mois d'avril 1451, des lettres patentes où étaient exposés les motifs de la rupture avec l'Angleterre[16], et envoya Jean d'Aulon porter ces lettres en Castille[17]. Enfin, au mois de janvier 1452, sur la requête présentée par un ambassadeur castillan[18], il fit partir le même ambassadeur pour faire publier à Bayonne la guerre coutre le roi de Navarre et ses partisans, ennemis de Don Carlos[19]. Le 6 mars Jean II donnait des lettres portant déclaration de guerre, au nom du roi de France, à Jean, roi de Navarre[20].

On ne voit point pourtant que, soit à l'égard de l'Aragon[21], soit à l'égard de la Navarre, les choses aient été poussées plus loin : la diversion sur laquelle l'ambassadeur florentin paraissait compter pour paralyser l'action d'Alphonse V en Italie ne se produisit point.

Il n'en fut pas de même du côté de la Savoie : l'expédition de Charles VII, au mois de septembre 1452, fut fort utile à Sforza, directement menacé alors par le duc de Savoie[22]. Mais les troupes royales ne franchirent pas les monts, comme l'espérait Sforza, et comme, à ce moment même, il en avait fait au Roi la demande expresse. La république de Florence, en présence du danger qui la menaçait, avait, elle aussi, insisté pour une prompte intervention[23]. A la fin de septembre, une mission nouvelle fut donnée à Angelo Acciajuoli, auquel fut adjoint Francesco Ventura[24]. Les instructions remises aux deux ambassadeurs portent la date du 28 septembre[25]. Le Roi était sollicité d'entrer en Italie à main armée pour protéger la République contre les entreprises du roi d'Aragon. Cette intervention permettrait à la très glorieuse maison de France de recouvrer les royaumes qui lui appartenaient, et de procurer par là à la race des rois très chrétiens une incomparable gloire. Le roi aurait pour auxiliaire, avec la république de Florence, le duc de Milan et la communauté de Gênes. Dans le royaume de Naples, la majeure partie des grands et du peuple se déclareraient en faveur de la France. Le Roi devrait venir en personne ou envoyer un représentant avec des forces considérables, en rapport avec la réputation d'un si grand prince et avec une entreprise aussi utile et aussi glorieuse pour sa  maison : il ne fallait pas moins de quinze mille chevaux. Le Roi pouvait être assuré du concours de la république de Florence et du duc de Milan. La République mettrait sur pied trois, mille cinq cents ou quatre mille cavaliers ; le duc au moins quinze mille. Il serait formellement stipulé qu'aucune paix ne pourrait être conclue sans l'assentiment du Roi.

Point n'était besoin de tant insister auprès de Charles VII pour qu'il remplît ces engagements : il en avait fait donner l'assurance à Sforza par un nouvel ambassadeur[26], et celui-ci l'en avait remercié à la date du 5 octobre[27]. Le duc était tellement satisfait des bonnes dispositions du Roi qu'il se proposait de lui envoyer un ambassadeur, en même temps que ceux de la république de Florence, pour lui exprimer toute sa gratitude et l'engager à appuyer énergiquement la revendication du royaume de Naples par le Roi René[28]. En attendant le départ de son ambassadeur[29], Sforza combinait avec le bailli Dresnay, gouverneur d'Asti, les opérations à entreprendre[30] ; il ne doutait pas qu'avec l'appui du roi de France il ne pût recouvrer toutes les possessions que ses ennemis lui avaient enlevées[31].

Informé de la prochaine venue de l'ambassade des Florentins et du duc de Milan, Charles VII écrivit à celui-ci (27 octobre) que son intention était d'envoyer lui-même des ambassadeurs en Italie[32] ; il désirait, afin que les négociations pussent aboutir plus rapidement, que le départ de l'ambassade frit différé jusqu'au moment où ses envoyés seraient à Milan et auraient été entendus par Sforza[33]. Fouquet de Vachères, porteur de cette lettre, était chargé d'en remettre également une à la république de Florence.

Dans l'assemblée du clergé tenue récemment à Bourges, il avait été décidé que l'archevêque de Tours se rendrait à Rome pour en communiquer les résultats au Pape. Mission lui fut donnée de s'arrêter en passant à Milan et à Florence, et Jean Cossa, conseiller du roi René, lui fut adjoint[34]. Les deux ambassadeurs partirent au mois de novembre, porteurs de lettres du Roi pour Sforza et pour les Florentins. Le Roi annonçait que Bordeaux venait d'ouvrir ses portes aux Anglais, et que cet événement absorbait toute son attention ; il donnait de bonnes espérances pour le printemps ; il annonçait qu'il avait décidé le duc de Savoie à abandonner les Vénitiens[35].

Sur ces entrefaites, les ambassadeurs florentins arrivèrent à Lyon près du Roi[36]. Ils reçurent un gracieux accueil. Mais les événements qui venaient de s'accomplir en Guyenne rendaient impossible toute intervention armée en Italie : c'est par les voies diplomatiques que, pour le moment, on était réduit à agir. Il fut convenu que les ambassadeurs se rendraient auprès du marquis de Montferrat et de son frère, pour tâcher, de Concert avec les envoyés du Roi, de les amener à un accord avec le duc de Milan, et qu'ils reviendraient au mois de janvier, en compagnie d'un ambassadeur de Sforza[37]. Charles VII ne renonçait point toutefois à porter secours à ses alliés : malgré la nécessité de marcher contre les Anglais en Guyenne, il résolut de laisser à Lyon un corps d'armée de deux mille cinq cents hommes, prêt à franchir les monts sur la réquisition des Florentins et de Sforza[38].

Les négociations avec le marquis de Montferrat et son frère Guillaume n'aboutirent pas alise facilement qu'on l'espérait. Les obstacles vinrent d'un côté où on ne les attendait point. Les Montferrat acceptaient de s'en remettre à l'arbitrage du Roi — ils l'avaient déjà fait, ou l'a vu, par un acte en date du 8 juillet précédent — ; mais Sforza ne voulait s'y soumettre que pour les faits accomplis postérieurement à la convention passée par lui avec Charles VII. En outre, dans le but d'intimider le marquis et de le forcer à faire la paix, il se préparait à employer la voie des armes. A cette nouvelle, Charles VII envoya à Jean Cossa une lettre contenant ses instructions (12 janvier 1453). Nous serions bien desplaisans, disait-il, que les choses cheussent, en grande aigreur. Jean Cossa avait charge de se rendre auprès de Sforza, en compagnie de Pierre des Barres, porteur de la lettre, pour obtenir un sursis ou une trêve de six mois ; plutôt que de rompre la négociation entamée, on devait se contenter de l'offre faite par Sforza[39].

Le 26 janvier 1453, la république de Florence donnait de nouvelles instructions à son ambassadeur Angelo Acciajuoli. Estimant avec raison que la présence des Anglais à Bordeaux devait empêcher Charles VII d'agir en personne, la Seigneurie sollicitait l'envoi du roi René, où tout au moins de son fils le duc de Calabre, avec deux mille chevaux. Elle s'engageait à verser six mille francs par mois ; le roi René ou son fils auraient le commandement de toutes les troupes florentines pendant la durée de la guerre. L'ambassadeur devait presser le roi René de passer en Italie pour conférer avec le duc de Milan et obtenir le concours de la marine de Gênes. Avant de se rendre en France, il avait mission de s'entendre avec le duc de Milan[40].

Celui-ci avait envoyé au Roi un ambassadeur, relativement à l'affaire du marquis de Montferrat. Nous avons les instructions données par Sforza à la date du 2 février. Il insistait sur la nécessité où l'attitude déloyale des Montferrat le mettait d'agir à main armée contre eux : c'était, d'ailleurs, le seul moyen de les amener à faire la paix. Il priait le Roi d'enjoindre au bailli Dresnay de rompre avec les Montferrat, lesquels faisaient dire dans toute l'Italie qu'ils étaient en bonne intelligence avec le roi de France ; une fois délivré de tout souci de ce côté, Sforza se proposait de tourner toutes ses forces contre les Vénitiens[41]. Dans un post-scriptum du 4, le duc faisait part à son envoyé de l'initiative que le Pape, sur les vives instances du roi d'Aragon et des Vénitiens, s'était décidé à prendre en faveur de la Paix[42]. Le même jour, il écrivit au Roi pour le mettre au courant de la situation et lui annoncer le prochain départ d'Acciaiuoli[43]. Le 13, an reçu d'une communication faite au nom du Roi par l'archevêque de Tours et Jean Cossa, Sforza lui adressa une nouvelle lettre[44]. Le lendemain, il remit à Cossa un mémoire résumant tous les faits, avec mission de le communiquer au Roi et au roi René[45] ; enfin, le 17, il donna à Acciajuoli des lettres de créance pour ces deux princes, pour le Dauphin et pour le duc de Calabre[46].

L'ambassadeur florentin arriva à Tours au commencement de mars ; il y reçut un message de Sforza, lui faisant part des relations que les Montferrat entretenaient avec le roi d'Aragon et les Vénitiens, qui avaient envoyé des ambassadeurs afin de contrecarrer les desseins du Roi[47], et des ouvertures faites par le roi d'Espagne, qui manifestait le désir d'entrer dans la ligue contre le roi d'Aragon[48]. Acciajuoli ne tarda pas à conclure un traité (en date du 11 avril), aux termes duquel le roi René devait entrer en Italie le 15 juin au plus tard, à la tête d'une armée de deux mille quatre cents cavaliers, pour secourir le duc de Milan et la république de Florence et combattre leurs ennemis. Seul le Pape était excepté du traité. La République allouait au roi René une somme de dix mille florins d'or par mois ; elle devait lui remettre le commandement de toutes ses troupes. La provision d'argent commencerait à courir un mois avant l'arrivée du prince ; une fois parvenu, soit dans le comté d'Asti, soit à Alexandrie, René toucherait une somme de vingt mille florins. Le roi René et la république de Florence pourraient se délier de leurs engagements en se prévenant mutuellement deux mois à l'avance, et la République demeurerait quitte de toute obligation moyennant une indemnité de vingt mille florins pour les frais du retour des troupes françaises. Si René voulait revenir en France ou en Provence, il en aurait la faculté, pourvu qu'il fit venir son fils, le duc de Calabre, qui serait constitué généralissime à sa place[49].

On voit que Charles VII n'intervenait pas dans ces arrangements, conclus pourtant sous ses yeux et avec sa participation ; mais il promettait de remettre à son beau-frère le soin de régler tout ce qui concernait les affaires de la France en Italie, et de lui prêter assistance ; il était d'ailleurs animé des plus amicales dispositions : J'espère, dit-il à l'ambassadeur, que la ligue que j'ai conclue sera éternelle[50].

La nouvelle des arrangements pris à Tours arriva promptement à Florence, et y fut accueillie avec une vive allégresse[51]. La Seigneurie adressa aussitôt au roi René une lettre de félicitations, en le priant de hâter sa venue[52]. René ne reçut cette lettre qu'à son arrivée en Provence. Il avait quitté le 4 mai son château d'Angers, en compagnie de Jean Cossa, de Guy de Laval, seigneur de Loué, et d'autres seigneurs de sa cour[53], et salué le Roi au passage. Celui-ci remit à Jean Cossa des instructions, et le chargea de visiter le duc de Milan, les Florentins, le marquis de Montferrat et le Pape[54]. René arriva en Provence au commencement de juin ; le 29, il était encore à Aix, où il rédigea son testament[55].

Les préparatifs de l'expédition avaient retardé son entrée en campagne. Le 4 juillet, de Sisteron, il écrivait à Sforza qu'il se disposait à aller le joindre, et qu'il le tiendrait au courant de sa marche : J'ai honte, disait-il, de vous écrire du fond de ces montagnes. Bientôt, avec l'aide de Dieu, je pourrai vous parler de plus près[56]. Mais René rencontrait de sérieux obstacles pour pénétrer en Italie. La république de Gênes ne voyait pas sans inquiétude l'arrivée d'une armée française, et n'était guère disposée à entrer dans les vues de Sforza[57] ; quant au duc de Savoie, auquel on avait demandé le passage des troupes par ses états, il avait opposé un refus formel.

Ce prince, léger et inconstant, ne s'était nullement préoccupé de tenir les engagements contractés par lui à Feurs à l'égard des nobles savoisiens. Le Roi lui avait envoyé ambassades sur ambassades[58] pour le mettre en demeure de s'exécuter, sans obtenir autre chose que de vagues promesses. Au commencement de 1453, une conférence avait eu lieu à Lyon, et n'avait amené aucun résultat[59]. Quel fond le Roi pouvait-il faire sur les promesses du duc ? Quelle valeur pouvait avoir l'acte passé à ce moment (Genève, 15 mai) portant confirmation de l'abolition en faveur des seigneurs savoisiens[60] ? Dans un entretien avec l'un des nombreux ambassadeurs députés vers lui, le duc n'avait-il pas laissé échapper cette parole cynique : Vous savez bien que les princes ne sont point tenus d'accomplir leurs promesses ![61] Non content de se mettre aussi gravement dans son tort, le duc n'avait cessé d'entretenir des relations avec les ennemis du Roi, et il venait de contracter une alliance avec les Montferrat[62].

A la nouvelle du refus fait par le duc de livrer passage au roi René, Charles VII lui écrivit, le priant bien affectueusement de donner à René l'autorisation de traverser ses États. Le duc envoya un de ses secrétaires, chargé d'exposer les craintes qu'il avait à ce sujet et qui motivaient son opposition. Dans une lettre en date du 13 juillet 1453, le Roi revint à la charge : Il ne nous a pas semblé, disait-il, que, pour les craintes susdites, vous dussiez avoir refusé le passage à notre dit frère, vu mêmement ce qui fut dit et appointé entre vous et nous quand dernièrement vous fûtes devers nous au lieu de Cleppé, dont vous devez bien avoir souvenance ; et semble bien que le fassiez plus en faveur d'autres que autrement, dont nous donnons grande merveille. Et pour ce vous prions de rechef, très acertes, que ledit passage vous veuilliez donner à icelui notre frère et à ses gens, sans plus mettre la chose en délai[63].

Le Dauphin, qui désirait vivement le succès de l'entreprise du roi René, dans l'espérance d'obtenir Gênes, et qui lui avait Promis d'y prendre part, intervint, lui aussi, auprès du duc de Savoie. Toutes ses démarches n'aboutirent qu'à une fin de non-recevoir[64]. Louis écrivit alors à son beau-père qu'il était décidé à marcher en personne contre lui, et qu'il réussirait à faire passer qui il voudrait. Pour rien au monde, répondit le duc[65], je ne livrerai passage, car je suis l'allié du roi d'Aragon et des Vénitiens. Au reçu de cette déclaration, le Dauphin, enchanté au fond d'avoir rencontré l'occasion d'une rupture qu'il cherchait depuis plusieurs mois[66], leva une armée et fit disposer son artillerie. Le sire de Précigny et Ferry de Lorraine vinrent le joindre avec des troupes du roi René. Louis entra en campagne : le 9 août, il s'avança pour forcer le passage gardé par l'armée de Savoie.

Impatient de remplir ses engagements, le roi René n'avait point attendu l'issue de ce conflit. Les Génois, qui s'étaient enfin décidés à entrer dans les vues de Sforza[67], lui avaient fait des offres de service[68] ; il leur demanda de lui fournir des navires : les Génois envoyèrent deux galères armées et un grand nombre de bateaux ; de son côté, René avait armé plusieurs vaisseaux ; il s'embarqua le 3 août à Marseille, et aborda à Vintimille[69].

Cependant le duc de Savoie, en face de l'attitude si résolue de son gendre, changea de ton. Il lui fit dire qu'il ne s'attendait pas à lui voir prendre la chose si à cœur et à venir en personne traverser son pays ; il était disposé à lui livrer passage il lui ferait même ouverture de toutes les places et le laisserait librement entrer avec tous autres en sa compagnie, pour peu qu'on n'entreprît rien contre son duché. Le Dauphin n'eut garde de refuser cette promesse. Mais il lui fallut attendre dix jours avant d'être autorisé à franchir le pas de Suse. Sire, écrivait Précigny au Roi à la date du 17 août[70], Monseigneur s'est bien et honnêtement gouverné jusqu'ici, et m'a dit qu'il nous conduira de bon cœur hors des dangers de Savoie, car autrement nous ne passerions point.

En présence du refus réitéré du duc de Savoie, Charles VII lui avait écrit une deuxième fois pour le mettre en demeure de livrer passage au roi de Sicile. Précigny reçut le message royal au moment où le fait venait de s'accomplir. Il m'a semblé, écrivait-il, vu que nous passons, comme dit est, en la compagnie de Monseigneur, et que le duc de Savoie a fait appointement par autre voie que la vôtre, et que le passage qu'il nous donne n'est que par force et non point pour l'amour de vous ni d'autre, qu'il n'est besoin de lui présenter vos lettres, afin que d'autant moins lui en sachiez gré ; mais je les porterai au roi de Sicile, qui vous en remerciera peu après.

Ce retard dans l'arrivée de l'armée française en Italie devait avoir de déplorables conséquences, et Précigny le sentait bien Par ma foi, Sire, disait-il[71], il y a si grand dommage pour le roi de Sicile au retardement de son passage que je ne vous le saurois écrire.

Au moment où Précigny écrivait cette lettre, le roi René s'avançait vers Asti. Sur le chemin, il reçut une lettre du Dauphin. Louis disait qu'il était appelé à Gênes par le parti français ; que l'entreprise ne pouvait manquer de réussir et qu'il était décidé à la tenter ; il donnait rendez-vous à René pour le 19 à Villanova, près d'Asti, afin de combiner la chose avec lui. René pouvait compter que, une fois maître de la seigneurie de Gênes, le Dauphin lui donnerait tout l'appui qu'il pourrait souhaiter ; il n'aurait ainsi ni sollicitations à faire, ni obligations à avoir à qui que ce fût[72].

A la lecture de cette lettre, le roi René fut bouleversé. L'entreprise projetée par le Dauphin renversait tous ses desseins : c'était la rupture de l'alliance avec les Florentins ; c'était un Coup fatal porté au succès de son expédition : il résolut de faire tout au monde pour entraver l'exécution des projets du Dauphin, dont il déplorait le caractère entreprenant et les méchantes intentions[73].

Sur son passage, le Dauphin avait eu une entrevue avec le marquis de Montferrat, qui était venu le trouver. En entrant en Italie, il avait envoyé aux Génois un message où il leur annonçait sa venue, se présentant comme leur défenseur. Grand fut l'émoi à Gênes, où l'on se prépara à la résistance et où l'on s'occupa d'empêcher à tout prix l'expédition du Dauphin. Des sollicitations furent adressées au duc de Milan, à la république de Florence, au roi René pour intervenir auprès de Charles VII et obtenir de lui qu'il interdît à son fils toute entreprise sur Gênes.

L'entrevue de Villanova aboutit au résultat désiré. René représenta au Dauphin que la république de Gênes avait facilité sa venue en Italie, et qu'il ne permettrait pas qu'une attaque fût dirigée contre elle. Il alla plus loin : il demanda au Dauphin de se retirer. Louis céda, la rage dans le cœur, jurant de se venger de l'affront que son oncle lui infligeait.

La vengeance ne tarda pas. Le 31 août, le Conseil de Venise délibérait sur une proposition transmise, dans le plus grand secret, par un ambassadeur du marquis de Montferrat : c'était une offre de concours faite par le Dauphin à la république de Venise. Le Dauphin se déclarait prêt à marcher en personne contre le duc de Milan, avec quatre mille chevaux et deux mille fantassins ; il s'était assuré de l'appui de Guillaume de Montferrat et d'autres seigneurs de son parti ; il demandait un subside de six mille écus d'or. Le Conseil examina l'affaire avec le plus grand soin ; mais il déclina l'offre pour le moment, se réservant de l'accepter dans des conjonctures plus favorables[74].

La retraite du Dauphin fut accueillie à Gênes par un soupir de soulagement. Le doge, Pierre de Campo Fregoso, écrivit à ce prince pour le féliciter d'être rentré en France sur les conseils du roi René ; il se confondait en protestations de dévouement à l'égard de la maison de France, se déclarant prêt accomplir tout ce que le Roi et le Dauphin lui demanderaient[75].

Le roi René était enfin libre d'agir. Mais, au lieu d'entrer immédiatement en campagne, profitant de la stupeur causée par son entrée en Italie où jusque-là on s'était refusé à croire à sa venue[76], il entama des négociations avec le marquis de Montferrat et son frère[77]. Les hostilités furent suspendues, et le 15 septembre, à Alexandrie, un compromis fut passé[78]. René partit aussitôt après pour Pavie, où la duchesse de Milan vint à sa rencontre ; de là il s'avança pour opérer sa jonction avec Sforza. C'est seulement à la date du 10 octobre que René fit porter aux Vénitiens sa déclaration de guerre[79]. Les proviseurs de l'armée ennemie lui écrivirent qu'ils n'avaient point qualité pour y donner réponse, et qu'ils la transmettaient à la république de Venise[80]. A ce moment la République venait de repousser des propositions d'accommodement qui lui avaient été faites par Jean Cossa, ambassadeur du roi René, et par un envoyé du marquis de Montferrat[81] ; elle manifesta son étonnement de ce que le roi René prenait les armes contre elle, car il n'avait aucun motif d'entreprendre cette guerre.

La belle saison s'était écoulée sans que les opérations militaires eussent été entamées. Enfin, au milieu d'octobre, René et Sforza, à la tête de sept mille chevaux et d'une nombreuse infanterie, attaquèrent les Vénitiens. Du 14 octobre au 12 novembre, tout le Brescian fut soumis. Mais l'inclémence du temps empêcha de poursuivre ces avantages. Après la réduction des provinces de Bergame et de Crema, il fallut s'arrêter. René se retira à Crémone ; de là il vint, le 7 décembre, s'établir à Plaisance.

Pendant cette campagne, les négociations en vue de la paix, entamées depuis plusieurs mois par le Pape, avaient suivi leur cours. La prise de Constantinople par les Turcs, survenue le 29 mai, était pour le Souverain Pontife un motif de plus de travailler à pacifier l'Italie, afin de concentrer tous les efforts coutre l'ennemi de la chrétienté. La république de Florence était entrée dans les vues de Nicolas V, et s'employait auprès de Sforza. Celui-ci n'était point éloigné de prêter l'oreille à des propositions de paix ; mais il tenait à ménager le roi René et à ne point mécontenter Charles VII[82].

Au fond le duc de Milan n'aurait pas été fâché de se passer d'un concours que désormais il estimait être pour lui plus compromettant qu'utile. Les Florentins lui avaient fait savoir que leurs ressources s'épuisaient, et que si, avant le mois de novembre, on n'obtenait point un résultat décisif, ils chercheraient à pourvoir à leur sécurité par d'autres moyens[83]. Il n'ignorait pas que le doge de Gênes était en relations avec le Roi et lui avait fait offrir de mettre Gênes entre ses mains[84]. D'autre part, le Dauphin n'avait pas renoncé à ses vues ambitieuses de ce côté, et, à ce moment même, il cherchait à entrer eu pourparlers avec les Gênois[85]. Sforza voulut se rapprocher du Dauphin : il lui fit faire des ouvertures par Acciajuoli. Louis y prêta une oreille favorable ; il mit seulement pour condition à son alliance que Sforza lui faciliterait l'acquisition de Gênes et de Savone[86]. Sans prendre aucun engagement, Sforza entretint les espérances du prince[87].

A. la nouvelle de la prise de Bordeaux, Sforza écrivit au Roi pour le féliciter et se mettre entièrement à sa disposition ; il exprimait toute sa gratitude pour le concours que le roi René lui avait donné, et à la faveur duquel il avait déjà pu reconquérir sur les Vénitiens une parue de son territoire ; il annonçait l'intention de reprendre bientôt les opérations militaires[88]. Les Florentins écrivirent à leur tour, vantant la sagesse et la diligence du roi René ; grâce aux efforts de ce prince, il était permis de compter, soit sur une victoire définitive, soit sur une paix avantageuse[89].

Cependant, René n'avait pas tardé à s'apercevoir qu'un refroidissement sensible s'était opéré dans les dispositions de Sforza et des Florentins. Il ne se laissait pas prendre aux belles paroles du premier, et il constatait que les seconds montraient peu d'empressement à remplir leurs engagements[90]. Soudain, il se décida à abandonner la partie et à rentrer en France. Dans le courant de décembre 1453, il fit part de cette résolution à Sforza, lui disant qu'il allait demander au Roi du secours. Sforza se montra fort ému de ce départ subit : il accourut auprès de René pour s'efforcer de le retenir : tout fut inutile. Le 3 janvier 1454, le roi de Sicile s'éloigna, promettant d'envoyer son fils pour le remplacer : de cette façon, disait-il, les conventions faites demeureraient intactes, et les confédérés auraient à leur tête un chef plus jeune et plus énergique. D'Alexandrie, le 8 janvier, René écrivit à Sforza pour lui dire que ses bons traitements l'avaient vivement touché et avaient rendu indissoluble leur vieille amitié ; il s'éloignait uniquement afin de le mieux servir ; son départ ne pouvait en aucune façon être considéré comme un abandon de la cause commune[91].

A la même date, Sforza envoya à Charles VII un ambassadeur[92], chargé de le féliciter de ses victoires sur les Anglais et de rendre grâces pour le secours prêté à la république de Florence et à lui, et pour l'envoi du roi René. Le Roi avait dû être informé par celui-ci du succès de la campagne contre les Vénitiens. Malgré les instances des Florentins et les siennes, le roi René avait pris le parti de retourner en France. En présence de cette résolution, on avait dû se contenter de la promesse faite par ce prince d'envoyer à sa place son fils, le duc de Calabre. Pour colorer cette retraite, des plaintes avaient été formulées par le roi René contre Sforza : ces plaintes n'étaient ni bonnes, ni honnêtes, ni justes, ni vraies, mais au contraire frivoles et légères ; elles n'avaient nul fondement. Le roi René avait reçu tels honneurs qu'on eût rendus à Dieu s'il était venu sur la terre ; on l'avait mis, lui et les siens, à couvert, tandis que les Italiens restaient exposés à la pluie et au vent. A la vérité le duc n'avait pu, retenu qu'il était par les soins de la guerre, se rendre auprès de René aussi souvent que cela eût été de son devoir, mais ce prince en savait la cause et avait agréé les excuses qui lui avaient été présentées à ce sujet[93].

Il peut paraître étrange que le roi René se soit déterminé à quitter l'Italie sans consulter Charles VII. C'est pourtant à l'insu du Roi que son départ s'effectua. Aussi l'étonnement ne fut pas moins grand à la cour de France qu'en Italie. L'habile diplomate que la république de Florence avait, à trois reprises, député vers Charles VII, Angelo Acciajuoli, raconte ainsi l'incident. René avait écrit de Lombardie au sire de Précigny de trouver un moyen de le faire rappeler par le Roi. La lettre tomba aux mains de Charles VII, curieux de savoir les nouvelles d'Italie ; elle lui révéla la vileté de son beau-frère[94]. Le Roi s'emporta, maudissant le jour où René était né, disant qu'il avait ruiné l'influence et l'honneur de la France en Italie, et que, maintenant, il cherchait à racheter ses torts en accusant Sforza et les Florentins. Aussitôt, il écrivit à René pour lui donner l'ordre de ne point partir et lui annoncer l'envoi d'un secours. La lettre n'arriva qu'après le départ du roi de Sicile. Le mécontentement du Roi s'en accrut. II était furieux contre René, contre tous ceux qui l'avaient accompagné en Italie, les appelant traîtres et fourbes. Le roi René, concluait Acciajuoli[95], est justement blâmé en France aussi bien qu'en Italie. On ne peut désormais avoir aucune estime pour son caractère.

Y eut-il dans l'étrange conduite du roi René autre chose que faiblesse et incurie ? On a voulu l'excuser en disant que, joué par le duc de Milan[96], il n'avait pas voulu se résigner au rôle de dupe. On a ajouté qu'il était un prince trop religieux pour ne pas comprendre les raisons qui poussaient le Pape à rétablir la paix et à réunir en un seul faisceau toutes les forces de l'Italie, afin de les opposer à l'invasion menaçante des Turcs. On a dit enfin que Charles VII, une fois édifié sur le fond des choses, changea d'avis au sujet de la brusque retraite de son beau-frère et reconnut publiquement les services qu'il avait rendus en Italie[97]. La vérité est que René, en tous ses actes, avait fait preuve d'autant de légèreté que d'imprévoyance : il n'était pas de taille à jouer le grand rôle auquel la confiance du Roi l'avait appelé. On ne peut nier qu'il n'ait compromis, sinon l'honneur, au moins le prestige de la France, et que, soit au point de vue des intérêts généraux qui lui étaient confiés, soit au point de vue du but personnel qu'il se proposait d'atteindre, il n'ait échoué misérablement.

 

 

 



[1] Voir plus haut, chapitre VI.

[2] Voir le volumineux dossier de ces négociations aux Archives nationales, Trésor des chartes, J 595.

[3] Archives, J 595, n° 26. — Cette même année Bernard Aubert, chevalier catalan, vint en ambassade de la part de la reine d'Aragon, et reçut du Roi 750 écus. — Supplément aux preuves de d'Escouchy, p. 29.

[4] Archives, J 595, n° 33.

[5] Dépêche du 6 mars 1452. Archives de Florence.

[6] La date est fixée par une annotation de la lettre de la reine d'Aragon, en date du 6 mai, que les ambassadeurs apportaient au Roi. Ms. latin 10152, f. 97.

[7] Voir lettres du duc d'Orléans en date du 14 juin 1452. Pièces originales, 532 : BRUCELLES.

[8] L'historien espagnol Cavanilles l'appelle el indolente D. Juan et dit de lui : Valia poco como hombre menos como rey. Historia de España, t. IV, p. 133 et 147.

[9] Ambassades de Jean le Boursier, seigneur d'Esternay, en 1449, et de Gérard le Boursier et de Inigo d'Arçeo, en 1450. Cabinet des titres, 685, f. 144, 144 v° ; Pièces originales, 83 ; ARÇEO ; 474 : BOURSIER (le) ; Ms. fr. 20917, p. 355.

[10] Voir les documents contenus dans le ms. latin 6624, f. 61, 65, 66, 74, 54, 56.

[11] Lettres du roi de Castille en date du 12 septembre 1450. Ms. latin 6024, f. 85.

[12] Ms. latin 5956A, f. 212.

[13] Lettres du roi de Castille en date du 24 août 1450. Ms. latin 5956A, f. 211, et 6024, f. 90.

[14] Voir la requête du comte de Foix au roi de Castille ; la réponse du roi au comte, et les lettres du roi à Charles VII en date du 10 octobre 1450. Ms. latin 6024, f. 80, 82 et 79.

[15] Lettres sans date dans le ms. fr. 5969, f. 218.

[16] Lettres du 2 avril 1451. Ms. fr. 5909, f. 185 ; éditées par Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 621.

[17] Cabinet des titres, 685, f. 145.

[18] Dépêche d'Acciajuoli du 22 janvier 1452. Archives de Florence.

[19] Dépêche du même en date du 27 février (ibid.) ; Cabinet des/ titres, 685, f. 159.

[20] Lettres de ce jour dans Du Chesne, 107, f. 361. Jean d'Anion retourna encore en Castille dans le courant de 1452. Cabinet des titres, 685, f. 155 v°.

[21] Nous avons la trace d'une ambassade de Gaucourt à Naples auprès du roi d'Aragon dans le courant de l'année 1452 (Ms. fr. 20683, f. 48, et Pièces originales, 1292 : GAUCOURT, n° 63). Peut-être se rattachait-elle aux difficultés dont nous avons parlé ci-dessus et prévint-elle la rupture.

[22] Voir lettre de Sforza à Antoine de Tricio, 15 octobre 1452. Ms. italien 1601, f. 213.

[23] Lettre du 1er septembre 1452 ; elle est en copie du temps dans le Ms. fr. 5909, f. 226.

[24] Désignation faite le 16 septembre d'Angelo Acciajuoli et de François Ventura pour se rendre en France. Archives de Florence, Signori. Legazione e Commissarii, 6, f. 123.

[25] Instructions aux ambassadeurs florentins, Archives de Florence, Signori. Elezioni, etc., f. 3640 v°. Éditées par Fabroni, t. II, p. 200-211.

[26] Nous avons nommé plus haut cet ambassadeur ; c'était Nicolas Riolay, notaire et secrétaire du Roi.

[27] Lettre de Sforza au Roi. Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 277. Cf. lettre de même date au roi René. Idem.

[28] Ad rengratiarta de tanta benignita et liberalita et optima dispositione et animo quale ha monstrato et monstra verso de' signori Fiorentini et nuy... et ultra el ringratiare che hanno a tare essi ambassatori alla prefata mayesta, hanno ad intendere se la dispositione soa è de attendere et dam adiuto al Re Renato circa la recuperatione del regno de Sicilia, perche questa coca d'aria grandemente per la signoria vestra et signori Fiorentini et nuy. Lettre de Sforza à la république de Gênes. Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 289. — Dans cette lettre, Sforza s'efforçait d'amener la république de Gênes à marcher d'accord avec les Florentins et avec lui, insistant sur l'intérêt qu'elle y avait et déclarant qu'il n'existait avec la France d'autres intelligences ni obligations que celles que la Seigneurie connaissait.

[29] A la date du 17 octobre, Sforza donnait à son ambassadeur, Georges de Mayno, des lettres de créance pour le Roi, le roi René, le duc de Savoie, le comte du Maine, et plusieurs seigneurs de la Cour. Lettere missive, XIII, f. 309.

[30] Lettre du 8 octobre à Job de Palatio ; lettre du 10 à Dresnay. Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 286 et 294 v°.

[31] Lettre du 10 octobre à Pierre de Pusterla. Id., ibid., f. 293.

[32] Pour aucunes choses qui touchent nostre honneur et le bien de vous. Lettre du 27 octobre.

[33] Lettre du 27 octobre 1452. Original, Bibliothèque du Mis Trivulci à Milan ; Copie, Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 417. Cette lettre fut portée au duc par Fouquet de Vachères : c'est ce qui résulte de la missive royale et du troisième compte de Mathieu Beauvarlet (l. c., f. 159 et 166 v°), où est mentionné l'envoi de Fouquet au duc de Milan et à la république de Florence.

[34] Lettre de créance, en date du 6 novembre. Bibliothèque du Mis Trivulci. Sur la mission de Jean Cossa, voir le ms. 685, f. 166 v°.

[35] Lettre du 7 novembre. Archives de Florence. Ind. par Desjardins, Négociations diplomatiques, t. I, p. 77. — La lettre à Sforza, en date du 6, est une simple lettre de créance. Original, Bibliothèque du Mis Trivulci, à Milan.

[36] Le 28 novembre, Sforza écrivait qu'il avait reçu des lettres d'Acciajuoli, datées de Lyon. Ms. ital. 1601, f. 240.

[37] Même lettre et lettre du 8 décembre à Pierre de Campo Fregoso (f. 251), où on lit : Da noi sonno gionti li magnifici oratori Fiorentini, quali andarono dalla maesta del Re de Franza, et ne hanno refaite che dalla prefata maesta furono ricevuti cum bond et alegro volte, et factoli assay honore e careze como a quelli quali da essa maesta erano stati aspectati cum sunimo desyderio, et che per la novita sequita de Bordes, non possetano venire ad altro efl'ecto de quelle, perche essi erano andati considerato chel prefato Re se accostava verso quelle parte per lo recuperamento de Bordes, quale ion dubitava ne facia difficultate alcuna cite recuperaria subito. Et tandem chel prefato Re gli dixe che se dovesseno retornare dalla maesta soa per tucto lo mese de zenaro proximo future insierno con lo nostro ambassatore, et che allora con commodita et acconcio attendera a quelle cose che erano da fare et che faria delle cose che sariano grate alla liga nostra, etc. — Il y a aussi des détails sur cette ambassade dans une lettre de la République de Florence à Nicolas Soderini, en date du 13 décembre. Archives de Florence, Signori. Carteggio. Missive, 37, f. 2.

[38] Lettre de Sforza à Bartholomeo Colione, son capitaine d'armes, en date du 4 janvier 1453. Ms. ital. 1602, f. 3.

[39] Copie du temps. Ms. fr. 10238, f. 211. Voir aux Pièces justificatives.

[40] Archives de Florence, Dieci di Balia, 3, f. 37 v°.

[41] Lettre à Abraham Ardizzi. Ms. ital. 1602, f. 31.

[42] Lettre à Abraham Ardizzi. Ms. ital. 1602, f. 32.

[43] Lettre à Abraham Ardizzi. Ms. ital. 1602, f. 36.

[44] Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 431 v°.

[45] Archives de Milan, Francia, Istruzione sec. XV.

[46] Archives de Milan, Lettere missive, XIII, f. 442 v°.

[47] Cum li quali dicti de Monferrata tractano per el contrario tucto quello e la volunta et dispositione della maesta del Re de Franza.

[48] Lettre du 6 mars. Ms. italien 1602, f. 45. — Le même jour le duc avisait Dresnay que les Montferrat faisaient fabriquer de la fausse monnaie à l'effigie du Roi. Archives de Milan, Lettere missive, XXXIV, f. 461.

[49] Traité passé à Tours, le 11 avril 1453, au nom du roi René. Texte aux archives des Bouches-du-Rhône, publié par M. Lecoy de la Marche, le roi René, t. II, p. 265 et suivantes ; il est en copie à la Bibl. nationale dans le ms. italien 1602, f. 57.

[50] Et se me disco queste parole che luy inlandeva che la nostra liga durasse sernpre et che venendo il Re de Sicilia in Italia deliberava comettere a luy tucte le cose de conta et che luy lo voleva alutare. Lettre d'Acciajuoli à Sforza, en date du 21 avril 1453. Bibl. nat., ms. italien 1602, f. 60. — Pourtant, en raison de la situation de la Guyenne, Charles VII se refusa à prolonger la ligue conclue le 21 février 1452. Cf. Instructions de la république de Florence à ses envoyés à Gênes, 8 mai 1453. Archives de Florence, Dieci di Balia, 3, f. 50.

[51] Lettre de Nicodème de Pontremoli à Sforza, 2 mai, et Post-scriptum du 3 mai. Ms. ital. 1586, f. 202-203 ; et Buser, l. c., p. 379-382.

[52] Lettre du 10 mai 1453, aux archives de Florence, Signori, 38, f. 77 v° ; publiée par M. Lecoy de la Marche, t. II, p. 273.

[53] Mémorial de la Chambre des comptes d'Angers (Arch. nat., P 1334, f. 145), cité par Lecoy, t. I, p. 275, note 3.

[54] Quatrième compte de Mathieu Beauvarlet. Cabinet des titres, 685, f. 166 v°. Par son rôle en date du 10 avril 1453, Charles VII avait attribué à Jean Cossa une somme de 750 l. t. pour et au lieu de la somme de cinq cens escus que le Roy lui a ordonnée et donna en faveur des bons services qu'il lui a faiz et fait de jour en jour. Ms. fr. 20683, f. 45.

[55] Lecoy de la Marche, t. I, p. 276.

[56] Lettre en italien. Archives de Milan, Carteggio dei Principi, pezza 3 ; publiée par Lecoy, t. II, p. 272. — Nous avons une lettre précédente de René, datée de Saint-Pourcain, 16 mai, qu'Acciajuoli était chargé de remettre. Ms. ital. 1586, f. 206.

[57] Voir lettre de Sforza à Cosme de Médicis, 6 juin 1453. Ms. italien 1602, f. 97.

[58] Ambassade de Jean de Saint-Romain, en novembre 1452 (quatrième compte de Mathieu Beauvarlet, l. c., f. 166 v°) ; ambassade de Jean d'Anion, de Pierre des Barres et de Jean d'Amancy, en janvier (Déposition de Jean d'Amancy, 22 janvier 1453 ; ms. fr.. 18983, f. 53) ; ambassade de Jean d'Aulon et de Jean Tudert, en février (Pièces originales, 2894, TUDERT, n° 30) ; ambassade de Pierre des Barres, en avril (quatrième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 166) ; ambassade de Jean Tudert, en juin (id., f. 167).

[59] Pouvoir du duc de Savoie à ses ambassadeurs, en date du 12 janvier 1453. Bianchi, p. 171. L'évêque d'Alet, Jean d'Aulon et Gérard le Boursier se rendirent à Lyon, au nom du Roi. (Déposition de Jean d'Amancy, l. c.)

[60] Le Grand, VIII, f. 4.

[61] Respondi entre autres paroles les motz qui s'ensuivent : Vous savez bien que les princes ne doivent point tenir leurs promesses. Déposition de Jean Tudert. Ms. fr. 18983, f. 47.

[62] Traité en date du 16 juin 1453, où le marquis de Montferrat est appelé par le duc son fils, comme si le mariage projeté avec Marguerite de Savoie était déjà réalisé. Ms. italien 1586, f. 212.

[63] Original, aux archives de Turin, Francia, Lettere principi. Voir le texte aux Pièces justificatives.

[64] Voir réponse du Dauphin aux remontrances, soubz couleur de raisons, à lui présentées par le duc de Savoie. Ms. latin 17779, f. 57-59.

[65] Lettre de Bertrand de Beauveau, citée plus loin.

[66] Dans une lettre du 27 juillet, écrite à Sforza par Abraham Ardizzi, on lit : Dicono che Dalfino se offerisse per forza accompagnarlo fine in Ast, et passare per la via di Susa, et sul ponte di Torino, et conducto chel sia in Pedemonti, vole far guerra al dura de Savoya et cerchare la destructione sua... Et dice chel duca de Savoya non gli ha atteso cosa che gli habia promessa et non seria meraviglia che gli remandasse la figliola soa. Archives de Milan, Francia dal... al 1470.

[67] Pierre de Campo Fregoso l'avait déclaré à Sforza dans une lettre du 20 juin. Archives de Gênes, Liber litterarum Gothardi, 18-1794, à la date.

[68] Lettres du doge en date des 22 et 28 juin. Id., ibid.

[69] On attendait René dès le 24 juillet. Lettre de Benoit Doria. Archives de Florence, Dieci di Balia. Carteggio. Responsive, 22, f. 260.

[70] Lettre de Bertrand de Beauvau au Roi. Original dans Le Grand, IV, f. 49.

[71] Lettre de Bertrand de Beauvau au Roi. Original dans Le Grand, IV, f. 49.

[72] Dépêche de Nicolas Soderini, ambassadeur florentin à Gênes, en date du 22 août. Archives de Florence, Dieci di Balia. Carteggio. Responsive, 22, f. 303. Cf. Buser, P. 384.

[73] Tous ces détails sont empruntés à la dépêche de Nicolas Soderini, déjà citée. Cf. Lecoy de la Marche, t. I, p. 277.

[74] Délibération du Conseil de Venise, en date du 31 août 1453. Archives de Venise, Secreta, col. XIX, f. 211 ; publié par Lecoy de la Marche, t. II, p. 243. Cf. t. I, p. 277-278.

[75] Lettre du 11 septembre 1453. Archives de Gênes, Liber litterarurn Gotardi, 18-1794, à la date ; publ. par Lecoy de la Marche, t. II, p. 242.

[76] Che mai nessuno poteva credere che mai venisse di Francia in Lombardia con gente. Istoria Brasciana, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XXI, col. 883.

[77] Dès le 10 août, René avait écrit à Sforza pour lui demander de lui envoyer un fondé de pouvoir pour traiter avec le marquis. Lecoy de la Marche, t. II, p. 273 ; lettre de Sforza à René, 22 août. Ms. italien 1602, f. 136.

[78] Voir le texte dans l'Histoire de Montferrat, par Benevenuto de San Georgio (Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XXIII, col. 731).

[79] Texte dans Lecoy, t. II, p. 275.

[80] Texte dans Lecoy, t. II, p. 277.

[81] Réponse de la république de Venise, en date du 3 octobre, dans Lecoy, t. II, p. 274.

[82] Voir instructions de Sforza en date du 21 octobre (ms. italien 1586, f. 232), et lettres du 27 octobre à Dietisalvo de Nerone (Id., 1602, f. 217).

[83] Desjardins, l. c., t. I, p. 77.

[84] Lettre de Sforza à Pierre Cotta en date du 20 septembre 1453, et lettre du même à Acciajuoli en date du 22. Ms. italien 1602, f. 185 et 188.

[85] Le 15 octobre, Pierre de Campo Fregoso refusait le sauf-conduit demandé par Charles d'Armagnac pour se rendre à Gênes. Rapport Charavay, dans Archives des missions, t. VII, p. 470 (d'après archives de Gênes).

[86] Lettre de Sforza à Acciajuoli, en date du 22 septembre. Id., ibid., f. 188. ... Che lo desyderio del Dalphino era che nuy gli concedessemo chel se podesse acquistare Zenda et Savona, et se non Zenova al mance Savona, cum inteutione de adiutare et favorire nuy cum cio chel podesse tare. Il est curieux de constater que Sforza opposait aux prétentions du Dauphin les démarches faites par les Génois auprès de Charles VII : Al che respondendogli dicessemo cite nuy non possevaino promettere cosa alcuna delle facti de Zenova ni de Savona, si per respecte della legha tavelle cum quella comunità et duxe, etsi ancora perche intendevamo o chel duxe et comunità predicta banco mandato dalla maesta del Re de Franza o che sono per mandarli per prendere accordio et darsi alla maesta soa.

[87] On voit par les instructions de Sforza à Thomas de Réate, en date du 8 janvier 1454, que le Dauphin lui envoya Guillaume de Mauléon ; Sforza évita de donner réponse à l'ambassadeur, prétextant les opérations militaires qui l'absorbaient. Peu après il lui fit transmettre la déclaration suivante : Certificando la signoria soa che del stato della persona di figlioli, et d'ogni nostra cosa, po et porra sempre disponere como delle altre cose sœ proprie ; et direti alla signoria soa che delli facti de Zenoa a nuy non e parso ne pare de procedere altramente per reverentia della serenissima maestà del Re de Franza suo patre ; quale li ha havuto et ha pur alcune pratiche, siche non voressimo fare cosa fosse molesta alla sua maestà. Ms. italien 1586, f. 238 v°.

[88] Lettre du 15 décembre, en minute italienne, aux archives de Florence, Francia del ..... al 1470 ; en latin à la Bibl. nat. dans le ms. italien 1602, f. 239.

[89] Archives de Florence, Signori. Cancellaria, 39, f. 26 ; éditée par Desjardins, l. c., p. 78.

[90] C'est en vain que René les mettait en demeure de payer les sommes qu'ils devaient lui remettre chaque mois. Archives de Florence, Signori. Carteggio. Missive, 38, f. 152 v°, 203, 207 v° ; 39, f. 19, 25.

[91] Lettre de René, dans Lecoy, t. II, p. 278. — Avant le départ de René, le marquis de Montferrat avait renouvelé le pacte du 8 juillet 1453 : traité du 30 décembre 1453, dans Le Grand, IV, n° 26.

[92] Thomas de Réate. Il devait se rendre d'abord près du roi René et du Dauphin, et ensuite vers le Roi. Voir ses instructions, en date du 4 janvier 1454. Bibl. nat., ms. ital. 1586, f. 238. Cf. Buser, p. 387.

[93] Bibl. nat., ms. ital. 1586, f. 238 ; cf. Lecoy, t. I, p. 284.

[94] Et cognobe la vilita del Re Renato.

[95] Lettre d'Acciajuoli au duc de Milan, en date du 17 juin 1454. Archives de Milan, Dominio Sforzesco ; publiée en partie par Lecoy, t. II, p. 279. Il a été impossible de retrouver cette dépêche à Milan ; elle a échappé à mes investigations comme à celles de l'obligeant archiviste, M. Adriano Cappelli.

[96] Fu da lui beffato. Giornale da Napoli, dans Muratori, t. XXI, col. 1131.

[97] Lecoy de la Marche, t. I, p. 285-286.