HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE V. — L'EXPULSION DES ANGLAIS. - 1449-1453.

 

CHAPITRE V. — LE MARIAGE DU DAUPHIN.

 

 

1450-1451

 

Attitude du Dauphin ; ses relations avec le duc de Savoie ; négociations en vue de son mariage avec Charlotte de Savoie. — Ouvertures faites au Roi par le Dauphin : ambassades envoyées par le jeune prince. — Réponse du Roi : instructions données à l'évêque de Maillezais. — Le Roi apprend que le Dauphin se marie sans son consentement : envoi du roi d'armes Normandie. — Mission remplie par Normandie ; mariage du Dauphin ; célébration des noces du prince de Piémont avec Yolande de France. — Situation des affaires italiennes depuis la fin de 1447 : échec du duc d'Orléans ; propositions faites au roi René par la république de Florence au sujet de la revendication de ses droits sur le royaume de Naples. — Nouvelle intervention du duc d'Orléans en Lombardie ; préparatifs militaires ; la tentative échoue. — Triomphe de Sforza. — Attitude du duc de Savoie ; ses relations avec Charles VII ; il se refuse à donner aucune satisfaction au Roi.

 

Le Dauphin, à peine installé dans son gouvernement du Dauphiné, s'y comporta en souverain indépendant. Établissement d'un parlement à Grenoble, création d'une université à Valence, réforme des monnaies, règlements administratifs, il touchait à tout, sans se soucier de l'autorité paternelle, ne conservant avec son père que des rapports de pure convenance c'est ainsi que, le 1er janvier 1449, il lui envoya un léopard[1]. De son côté, le Roi continuait à faire des présents au Dauphin, à l'occasion du renouvellement de l'année[2]. Mais Louis ne cessait point ses intrigues : il entretenait à la Cour des espions qui le tenaient au courant de tout ce qui se passait[3] ; il cherchait à débaucher les serviteurs de son père[4] ; il ne craignait pas de nouer des relations avec des princes justement suspects au Roi.

Dès le commencement de 1448, il se mit en rapport avec le duc de Savoie, en vue de son mariage avec Charlotte, fille du duc, et de la conclusion d'un traité d'alliance[5]. Au mois de mai 1449, le bâtard d'Armagnac vint offrir au duc l'appui du Dauphin dans sa lutte contre Sforza, et lui exprimer le désir qu'avait le jeune prince de se rendre à sa Cour, pourvu qu'il y pût trouver la duchesse et ses filles[6]. Un projet de traité, communiqué par cet ambassadeur[7], fut soumis par le duc Louis à son Père Amédée VIII (l'antipape Félix V)[8]. Le vieil Amédée, tout en formulant certaines réserves, donna un avis favorable[9], et l'on se prépara à recevoir la visite annoncée[10]. Mais le Dauphin ne passa point les Alpes[11]. Les négociations se poursuivirent nonobstant : le 25 juillet 1449, le duc Louis donnait des pouvoirs pour traiter[12] ; le 2 août suivant était conclu à Briançon un traité d'alliance et perpétuelles unions, amitiés et bienveillances[13].

C'était le moment où s'ouvrait la campagne de Normandie. Durant cette campagne, le Dauphin qui, un jour, avait accusé les conseillers du Roi d'avoir le cœur anglais[14], se tint systématiquement à l'écart[15]. Enfermé dans son Dauphiné comme dans une forteresse, entouré d'aventuriers et d'hommes suspects, il se livrait à toutes les fantaisies d'un caprice sans frein et d'un pouvoir sans limites. Après avoir laissé sa place vide à l'heure de la lutte, il osa réclamer une part de la victoire et solliciter le gouvernement de la Normandie. Pour cela, il s'adressa à l'évêque de Lisieux et à d'autres notables personnages, cherchant à les gagner, et à provoquer une démarche des états de la province pour lui faire obtenir ce qu'il convoitait. Mais la chose fut ébruitée, et Thomas Basin s'empressa de transmettre au Roi, qui s'inquiétait de ces menées, les lettres mêmes du Dauphin[16].

Dans le courant de 1449, les négociations relatives au mariage suivirent leur cours. Le jeune prince fit parvenir (10 septembre) un mémoire contenant ses demandes, qui se résumaient ainsi : une dot de quatre cent mille écus, soldée immédiatement ; si l'argent manquait, en attendant le paiement intégral, remise entre ses mains du comté de Nice avec toutes ses dépendances[17]. Le duc Louis accueillit favorablement ces ouvertures, et proposa seulement quelques modifications aux clauses du contrat[18] ; mais Amédée VIII ne se montra pas si bien disposé : il écrivit au cardinal de Turin et aux autres ambassadeurs de Savoie envoyés au Dauphin, pour leur enjoindre de ne point se départir des instructions qu'il avait données au sujet du mariage[19].

En présence des difficultés que rencontrait l'exécution de son dessein, le Dauphin se décida à s'adresser à son père. En Même temps qu'il envoyait un ambassadeur à la cour de Savoie[20], et tout en continuant à agir en allié de ce prince et en souverain indépendant[21], il fit partir Geoffroy Chausson, un de ses maîtres d'hôtel, pour la Normandie, où Charles VII se trouvait alors[22]. Dans son impatience de recevoir la réponse attendue, il envoya message sur message[23].

Charles VII restant sourd à ces sollicitations, un nouvel ambassadeur vint réclamer une solution. Le Roi rompit alors le silence. Il répondit qu'il ne pouvait prendre une décision au sujet du mariage de son fils avant l'issue de la guerre avec l'Angleterre. Pourtant, si la paix était conclue entre lui et Henri VI, il agréerait volontiers une alliance avec une fille du duc de Buckingham, dont il avait été question antérieurement.

Le Dauphin fit partir alors une troisième ambassade. Ses envoyés, Geoffroy Chausson[24] et Rogerin Blosset, furent reçus par le Roi à Montbazon au mois de novembre 1450. Voici l'exposé qu'ils présentèrent au nom de leur maître.

Obéissant aux volontés du Roi, le Dauphin a attendu jusqu'au moment présent pour s'occuper de son mariage ; mais sa condition et son âge lui font une loi de ne point différer plus longtemps. Le Roi et tout le royaume doivent désirer qu'il ait des enfants. Jadis le Roi l'a marié suivant ses propres convenances ; aujourd'hui qu'il est en âge de savoir ce qui lui est bon et agréable, il veut prendre une femme à son gré et ordonner d'elle et de son état à son bon plaisir. Des démarches ont été faites de trois côtés : près du duc de Savoie, près du comte de la Marche, près du comte de Laval ; ces trois projets lui agréent également. Le Roi connaît assez la puissance des maisons de la Marche et de Laval ; quant à la maison de Savoie, il sait ce qu'elle est. De ce côté, on offre une dot de deux cent soixante mille écus ; le Dauphin trouverait des facilités pour le recouvrement du duché de Milan, de Gênes et d'autres seigneuries, car le duc de Savoie l'assisterait de toute sa puissance. Le Dauphin préfère donc cette alliance, bien que la princesse ne soit point encore d'un âge suffisant.

Les ambassadeurs faisaient valoir, outre les considérations déjà alléguées en faveur d'une prompte conclusion, la pauvreté du Dauphin, qui était bien grande, comme chacun le pouvait savoir. Le Dauphin avait à tenir état de fils aîné de Roi, et il ne possédait ni seigneurie ni revenus pour soutenir son état et celui de sa femme. Il demandait donc que le Roi lui donnât une seigneurie au moyen de laquelle il pût vivre honorablement et qui demeurât à ses enfants, s'il en avait et s'il venait à mourir avant le Roi. Le marier sans qu'il eût une seigneurie et de quoi soutenir son état ne serait point chose convenable. Le Roi pourrait donner à son fils le duché de Guyenne, qui ne lui était pas de grande valeur, et le Dauphin s'emploierait à le conquérir. Si le Roi trouvait que ce fût un danger pour la couronne, à cause de la transmission aux enfants, il n'avait qu'à désigner une autre seigneurie.

Les ambassadeurs ajoutaient que leur maître les avait chargés de s'adresser au Roi et non à d'autres, en le priant de le tenir toujours en sa bonne grâce et de ne point ajouter foi aux mauvais rapports qu'on faisait sur son compte. Le Roi devait aussi considérer que le Dauphin avait toujours été chassé et débouté sans aucune cause, et qu'on avait porté contre lui des accusations contre lesquelles il n'avait cessé de protester[25].

Charles VII ne se pressa point de répondre. Comme d'habitude il envoya des étrennes à son fils[26]. Au mois de février, il chargea un de ses conseillers, Thibaud de Lucé, évêque de Maillezais, d'aller faire connaître au Dauphin ses intentions.

Le Roi désirait que son fils fût marié conformément au bien et profit de lui et du royaume. Le mariage avec une princesse de Savoie ne lui paraissait point convenable : la jeune fille n'était pas d'un âge suffisant, et déjà la maison royale avait contracté des alliances avec la maison de Savoie. Quant aux deux autres, il n'y avait point à s'en occuper ; d'ailleurs le Dauphin ne paraissait pas y songer sérieusement. Il semblait au Roi que le mariage de Portugal, dont autrefois le Dauphin l'avait fait entretenir[27], serait avantageux, tant à cause de l'âge de la princesse qu'en raison de l'accroissement d'alliances-qui en résulterait pour le royaume, ainsi que de l'affaiblissement des ennemis, ce qui est la vraie forme accoutumée être requise par les rois de France et leurs enfants touchant leurs mariages. D'autre part, des ouvertures avaient été faites jadis relativement à une union avec la sœur du roi de Hongrie, union qui présenterait encore de grands avantages.

Quant à la demande du duché de Guyenne, le Conseil n'avait point été d'avis que ce duché fût mis hors des mains du Roi ni donné à aucun de ses enfants, malgré les requêtes qui s'étaient produites à ce sujet. Lors de la conclusion du mariage du Dauphin, on verrait quelle terre pourrait lui être donnée.

En réponse aux plaintes formulées, le Roi faisait dire que jamais il n'avait chassé son fils. Celui-ci avait été autorisé à se rendre en Dauphiné pour faire épaule au fait de Gênes, recevoir l'hommage de ses sujets, et obtenir d'eux quelque aide ; il devait incontinent s'en retourner vers le Roi. Au lieu de cela, le Dauphin n'est point revenu, et, durant la guerre, il n'a jamais demandé ce que le Roi voulait qu'il fît. Il a mécontenté le Roi par son attitude à l'égard des églises du Dauphiné : des remontrances devront lui être faites sur ce point. On prétend qu'il veut s'emparer du Comtat-Venaissin, qui appartient au Pape : par là il agirait contre Dieu et contre l'Église. De plus, il a empêché le fait de l'argentier et a mis des entraves au commerce[28].

L'évêque de Maillezais était en outre porteur d'instructions secrètes. Recommandation lui était faite de vanter le mariage de Portugal et le mariage de Hongrie. Si le Dauphin ne parlait ni de revenir vers le Roi, ni d'envoyer vers lui pour connaître ses intentions, on lui reprocherait le long délai qui s'était écoulé depuis son départ, et l'inconvenance de sa conduite. Au cas où il se refuserait à revenir, on s'informerait des motifs de sa défiance. Si le Dauphin prononçait à ce sujet le nom du sénéchal (Brezé), du comte de Dammartin, ou d'autres personnages de l'entourage du Roi, on lui répondrait que nul d'entre eux ne voudrait rien faire qui pût déplaire au Dauphin, et que d'ailleurs le Roi ne le souffrirait pas. Au besoin on lui rappellerait qu'il avait chassé les quatre conseillers que le Roi avait placés près de lui lors de son départ[29], et que depuis il avait renvoyé plusieurs des gens de sa maison, sous prétexte qu'ils faisaient savoir au Roi ce qui s'y passait[30].

Les instructions données à l'évêque de Maillezais portaient la date du 23 févier. A peine était-il parti que d'étranges rumeurs parvinrent à la cour des Montils : on disait que le Dauphin, se passant du consentement du Roi, était au moment de célébrer son mariage. Le 28 février, Dunois envoya chercher le roi d'armes Normandie[31], et lui demanda s'il était prêt à se rendre en Savoie pour y remplir une mission de la part du Roi. Normandie répondit qu'il ferait volontiers ce qui plairait au Roi. Dunois lui remit alors deux lettres, l'une pour le duc de Savoie, l'autre pour les gens du Conseil de ce prince : Vous irez devers Monseigneur de Savoie, lui dit-il, et vous présenterez ces lettres à lui et à ceux de son Conseil. Et, au cas où le mariage de Monseigneur le Dauphin ne serait point accompli, vous direz à Monseigneur de Savoie que le Roi se donne grand merveille de ce qu'il traite et fait traiter le mariage de Monseigneur le Dauphin et de sa fille sans en avertir le Roi, et qu'il semble au Roi que c'est peu priser sa personne. Vous direz en outre au Conseil que le Roi est très mécontent de ceux qui mènent cette affaire, et que c'est à son grand déplaisir, car la fille n'est point en âge d'avoir lignée, ce que désirent fort le Roi, ceux de son sang et les États de son royaume. Vous ne vous chargerez d'aucune réponse de bouche, mais vous rapporterez une réponse écrite[32].

Que s'était-il passé entre l'ambassade du Dauphin et le départ de l'évêque de Maillezais ?

Sans même attendre la réponse du Roi, le Dauphin avait Pris ses mesures pour conclure son mariage. Le 9 décembre 1450, Louis donnait procuration à deux de ses conseillers, envoyés au cardinal de Sabine (Amédée VIII) et au duc de Savoie[33]. Amédée VIII étant mort sur ces entrefaites, un nouveau pouvoir fut délivré, à la date du 28 janvier[34], à Jean, bâtard d'Armagnac, et à Antoine Bolomier[35]. Le 14 février suivant, le contrat de mariage était dressé à Genève. La dot de la princesse était fixée à deux cent mille écus d'or, payables par échéances à partir de la célébration des fiançailles, et son douaire à dix mille écus[36]. La cérémonie devait être célébrée à Chambéry, où résidait alors la cour de Savoie.

Le roi d'armes Normandie arriva dans cette ville le 8 mars, à dix heures du matin. Ayant pourvu au logement de ses chevaux, il entra dans une église jusqu'à ce qu'il pût faire avertir de sa venue le duc de Savoie. Reconnu par plusieurs des gens du duc et du Dauphin, sa présence fut signalée à ce dernier. Aussitôt deux des familiers du jeune prince, le maître d'hôtel Jean de Heraumont et le pannetier Jean Raymon, vinrent lui demander qui l'envoyait. Normandie répondit qu'il était porteur de lettres du Roi pour Monseigneur de Savoie. Les familiers du Dauphin, après être retournés près de leur maître, revinrent à la charge : le Dauphin faisait demander les lettres destinées au duc, se chargeant de les faire parvenir sans que le roi d'armes pût encourir aucun blâme. Normandie répondit qu'il ne remettrait les lettres qu'à celui auquel il avait mission de les porter de la part du Roi. Allez-vous ébattre quatre ou cinq jours à Grenoble, dirent les envoyés du Dauphin, et l'on vous deffraiera bien. Normandie refusa. Les deux émissaires allèrent consulter le Dauphin ; puis ils revinrent : Puisque vous ne voulez envoyer vos lettres ni vous en aller ébattre, dirent-ils, envoyez à Monseigneur la créance que vous avez charge de dire à Monseigneur de Savoie. Normandie avait appris que la célébration du mariage devait se faire le lendemain. Espérant la retarder, il se décida à faire part de sa créance au maître d'hôtel Heraumont. Peu après, Bolomier et plusieurs serviteurs du duc de Savoie vinrent trouver le roi d'armes, réclamant les lettres dont il était porteur. Je ne les baillerai qu'à Monseigneur de Savoie, répondit-il. — Mais vous ne les lui pouvez bailler ; avisez un autre à qui vous les voudrez bailler. — Je les baillerai volontiers à son chancelier et aux gens de son Conseil, car j'ai des lettres à leur adresse. Introduit dans le château, il vit venir le chancelier et plusieurs conseillers. Là, au milieu de la cour, sous un appentis, Normandie remit ses lettres, priant qu'on fît diligence de transmettre au duc de Savoie celles qui lui étaient destinées. Un moment après, le chancelier et les autres conseillers revinrent : N'avez-vous rien à dire ?Non ; les lettres portent la substance de ma créance. Normandie ajouta pourtant : Le Roi se donne grand merveille de ce que Monseigneur de Savoie fait traiter le mariage de Monseigneur le Dauphin et de sa fille sans le lui faire savoir. Il n'eut aucune réponse. On le fit souper avec les maîtres d'hôtel du duc de Savoie, et Jean Raymon l'emmena coucher en son logis.

Le lendemain, Normandie alla à l'église entendre la messe. Là il trouva Raymon, qui lui dit : Monseigneur le Dauphin m'a enchargé de vous dire de faire bonne chère, et qu'on vous tiendra bien aise, et bientôt serez dépêché. Le roi d'armes se rendit au château ; il vit entrer dans la chapelle le Dauphin, qui portait une longue robe de velours cramoisi fourrée d'hermines ; puis la princesse Charlotte, vêtue d'une cotte ajustée, avec un manteau de velours cramoisi ; il était trop loin pour pouvoir distinguer par qui elle était conduite.

Ceci se passait le mardi 9 mars. Le vendredi, Normandie attendait encore une réponse. Enfin le héraut Dauphin vint lui remettre deux lettres pour le Roi, l'une du duc de Savoie, l'autre des gens de son Conseil. Voilà votre réponse, lui dit-il, vous pouvez bien vous en aller. Normandie partit aussitôt[37].

La lettre du duc de Savoie portait la date du 12 mars. Mon très redouté seigneur, écrivait-il en substance, plaise vous savoir que, le dixième jour de ce mois de mars, j'ai reçu vos gracieuses lettres écrites le dernier jour de février, dans lesquelles est fait mention que, au mariage de Monseigneur le Dauphin avec ma belle fille Charlotte, qui déjà, de longtemps, est en pourparlers, on ne procède plus avant à votre déplaisance. Sur quoi, très excellent prince, vous plaise savoir que, un jour avant la réception de vos lettres, par la volonté de Dieu tout puissant, la cérémonie des noces était accomplie, en grande solennité et honneur des seigneuries. Le duc ajoutait que son père le légat (c'est-à-dire Amédée VIII) l'avait entretenu de cette matière peu avant sa mort, et l'avait assuré que le Roi avait donné son consentement au mariage. Il exprimait l'espoir que, tout bien considéré, le Roi ne prendrait point la chose en déplaisante, mais louerait le Dieu tout puissant qui avait tout dirigé, et s'en réjouirait pour le très grand bien qui certainement en pourrait résulter[38].

Le lendemain du jour où cette lettre fut remise à Normandie, un nouveau traité d'alliance était conclu entre le Dauphin et le duc de Savoie[39]. De son côté le prince de Piémont, en considération de l'honneur que le Dauphin faisait à son père et à sa mère, et à tout de Savoie par l'alliance contractée avec sa sœur, le reconnaissait pour son bon et espécial seigneur et maitre, et promettait de le servir de corps, de biens et de toute sa puissance envers et contre tous, sans excepter le Roi. Si celui-ci, mécontent des espousailles, voulait faire quelque dommage au Dauphin, le prince de Piémont l'aiderait de tout son pouvoir, ainsi qu'il lui plairait de l'ordonner[40].

Pendant le séjour du Dauphin à Chambéry, et, sur ses instances, on procéda à la célébration des noces d'Amédée, prince de Piémont, avec Yolande de France, fille de Charles VII. Le contrat de mariage remontait au 16 août 1436[41]. Élevée à la cour de Savoie, la princesse était parvenue à sa dix-septième année[42]. Un tel acte, accompli en dehors de toute participation du Roi, était de nature à ajouter à son mécontentement : nous verrons plus loin qu'il fut l'objet de vives réclamations de la part de ce prince.

Un autre mariage se négociait alors à la cour de Savoie : celui d'une fille du duc avec un fils de François Sforza[43]. Il faut ici faire un retour en arrière, et examiner ce qu'étaient devenues les affaires italiennes depuis la défaite de Regnault de Dresnay devant Bosco, en octobre 1447.

 

Le duc d'Orléans, on l'a vu, arrivait au moment même où cet événement portait un coup fatal à sa cause[44]. L'annonce de la venue de ce prince avait excité en Italie une vive émotion. Mais son prestige ne tarda pas à s'évanouir. Éconduit par les Milanais, qui préféraient rester dans l'anarchie que se donner un maître[45] ; imparfaitement secondé par les Vénitiens, qui ne lui témoignèrent qu'une sympathie stérile[46] ; joué par Sforza qui, employant tour à tour la force et l'astuce, cherchait à supplanter tous ses rivaux[47], que pouvait faire le duc ? Malgré l'intervention de Charles VII en sa faveur[48], malgré les démarches du duc de Bourgogne auprès de Sforza[49], malgré les encouragements qu'il reçut de Frédéric III[50], il se trouva réduit à l'impuissance. Ses démarches à Venise restèrent sans effet, et, au mois d'août 1448, il quitta l'Italie, sans avoir obtenu d'autre résultat que le maintien de sa domination dans la seigneurie d'Asti[51].

Tandis que le duc d'Orléans échouait de la sorte dans sa revendication du duché de Milan, une nouvelle occasion sembla s'offrir au roi René de faire valoir ses prétentions sur le royaume de Naples.

Au mois de novembre 1447, Alphonse V avait déclaré la guerre à la république de Florence et envahi le territoire florentin. Fort alarmée de cette agression, la République envoya vers René pour le presser de se mettre en avant et de revendiquer la possession de sa couronne. Depuis l'expédition de Charles VII à Gênes, René se tenait en Provence, prêt à profiter des événements. Alphonse V ne négligeait aucune occasion de molester son rival : malgré la trêve existant encore entre les deux princes, une galère aragonaise avait pénétré jusque dans le port de Marseille[52]. Un ambassadeur florentin, Antoine de Pazzi, vint trouver René pour lui demander son concours en faveur de la République. Accueilli avec bienveillance, il fut autorisé par le Conseil des Dix à faire des ouvertures relativement à une assistance armée. René fut sollicité de se mettre en campagne à la tête de huit mille chevaux, et d'enrôler sous ses drapeaux une troupe de quatre mille chevaux, composée d'Italiens, force indispensable pour assurer le succès[53]. Florence fournirait quatre mille chevaux ; Venise, son alliée, ennemie du roi d'Aragon, agirait de son côté et fournirait un subside : la victoire devait être prompte et assurée. Si le roi de France et le Dauphin concluaient un accord avec Gènes, on aurait toute facilité pour le passage de l'armée et le concours d'une flotte. Le Pape ne manquerait point de se montrer favorable, et, si l'on était en force, de fournir le passage et des vivres ; il donnerait même peut-être une seconde armée. Comment, alors que le Roi de France tenait entre ses mains l'affaire du pape Félix, Nicolas V refuserait-il de lui complaire ? Jamais plus belle occasion ne s'était présentée pour le roi René de recouvrer ses États et de conquérir honneur et gloire[54]. L'ambassadeur déclarait que tout le peuple florentin était naturellement dévoué à sa cause et disposé à le soutenir énergiquement, sans calculer dépense ni péril.

De telles ouvertures ne pouvaient manquer de séduire le roi René. Mais, avant de se prononcer, il voulut connaître l'avis du Roi : il lui envoya donc le sénéchal d'Anjou (Louis de Beauvau) et Guy de Laval, seigneur de Loué, pour lui faire part des propositions qu'il avait reçues et solliciter son concours ; en attendant il se borna à donner de bonnes paroles à l'ambassadeur, et à dire que la succession du duché de Milan appartenait à son neveu le duc d'Orléans : il fallait tout d'abord que les Florentins s'employassent auprès des Milanais Pour le faire reconnaître comme duc[55]. Charles VII répondit a son beau-frère à la date du 28 janvier 1448 : il était pour le moment dans l'impossibilité de lui prêter son appui, à cause du différend soulevé par les Anglais au sujet de l'occupation du Mans ; il l'engageait toutefois à entrer dans les vues des Florentins et à les seconder de tout son pouvoir[56].

Les Florentins voulaient bien favoriser les prétentions du roi René au trône de Sicile, mais ils n'étaient nullement disposés à appuyer les droits du duc d'Orléans sur le duché de Milan. Cosme de Médicis, tout-puissant dans le conseil des Dix, était intimement lié avec Sforza, et secondait les vues ambitieuses de celui-ci. D'ailleurs, l'intérêt de la défense dominait tout. Au mois de mars 1448, une ambassade se rendit à Venise pour s'entendre avec le sénat sur les moyens de poursuivre la lutte contre le roi d'Aragon ; elle avait en même temps pour mission d'engager le sénat à soutenir Sforza dans le Milanais et à appuyer la revendication du royaume de Naples par le roi René[57].

Mais déjà la république de Florence était en négociations secrètes avec Alphonse V[58], qui, peu de mois auparavant, avait conclu avec Gênes une ligue offensive et défensive[59], et qui ne tarda pas à entrer en pourparlers avec Sforza[60]. Le roi d'Aragon continua mollement les opérations militaires. Au mois de mai, il entreprit le siège de Piombino. Durant le siège, quatre galères florentines, venues pour ravitailler la place, furent capturées par la flotte d'Alphonse V. A la nouvelle de cet échec, René offrit à la République plusieurs navires tout équipés, ornés de ses étendards, pour remplacer ceux qu'elle avait perdus[61]. Mais la guerre ne fut point de longue durée : le siège de Piombino fut levé, et Florence délivrée de ses soucis.

C'était le temps où Charles VII envoyait à .Rome la grande ambassade chargée de faire obédience en son nom à Nicolas V. Jacques Cœur, qui en faisait partie, eut mission de ravitailler Finale, où le marquis del Caretto, allié de la France, tenait tête aux Gênois[62]. Raphael Adorno était venu récemment trouver le Roi[63], qui ne perdait point l'espoir de reprendre sur Gênes ses desseins interrompus. Malgré l'alliance des Génois avec Alphonse V, René d'Anjou réussit, au mois d'août 1448, à conclure avec eux un traité par lequel étaient garanties les relations commerciales de ses sujets de Provence avec Gênes[64]. Sur ces entrefaites, Sforza remporta sur les Vénitiens la victoire de Caravaggio (15 septembre), et René, qui entretenait avec le célèbre condottiere d'amicales relations et voulait le gagner à sa cause, lui écrivit pour le complimenter[65].

Cependant les Milanais, serrés de près par Sforza qui, vainqueur des Vénitiens, s'était retourné contre eux, implorèrent l'assistance de tous les princes intéressés dans l'affaire. Le roi des Romains, le roi d'Aragon, le duc de Bourgogne, et même Charles VII et le Dauphin, furent sollicités tour à tour. De son côté, le duc d'Orléans, qui était rentré en France au mois d'août, supplia le Roi de lui accorder une armée pour soutenir ses droits en Lombardie : Charles VII y consentit. Le duc s'assura le concours du duc de Bretagne, du duc de Bourbon et du comte de Foix, et obtint du duc de Bourgogne la promesse d'un envoi de troupes[66]. Au mois de novembre, Jean-Foucault partit avec un contingent d'hommes d'armes français qui devait être rendu à destination pour Noël[67]. L'armée de Bourgogne, ayant à sa tête Jean de Chalon, seigneur d'Arguel, se mit en marche quelques mois plus tard[68]. Le duc d'Orléans, après une apparition à la cour de Philippe le Bon, se rendit à Lyon, où les gens d'armes français et bretons vinrent le joindre. Mais, à la nouvelle de la prise de Fougères, en présence d'une rupture imminente avec l'Angleterre, Charles VII rappela ses troupes[69]. Les espérances du duc d'Orléans s'évanouirent d'un seul coup. A quoi pouvaient désormais lui servir et la convention passée, à ce moment même, par Dunois avec Amédée VIII en vue d'une conquête du Milanais[70], et l'autorisation qu'il reçut du duc Louis de Savoie de traverser ses États à la tête de mille cavaliers[71] ? Seule l'armée de Bourgogne franchit les monts, mais c'est à peine si l'on rencontre la trace de sa marche. L'action militaire du duc d'Orléans fut nulle[72] ; son action diplomatique[73] n'eut point un meilleur résultat. Quant au duc de Savoie, il eut beau entrer en campagne : son lieutenant, Jean de Compey, se fit battre à Castiglione (6 juillet 1449). En eût-il été autrement, le duc d'Orléans n'aurait point bénéficié du succès : en même temps que le duc de Savoie traitait avec lui il se liguait avec le roi d'Aragon[74], et c'est ce prince qui aurait recueilli les fruits de la victoire.

C'en était donc fait des prétentions du duc d'Orléans sur le duché de Milan. Sforza gagnait sans cesse du terrain, et le jour n'était point éloigné où les Milanais, épuisés et harassés, allaient se jeter dans ses bras. Le 26 février 1450, la république de Milan traitait avec le gendre de Philippe-Marie ; le 25 mars suivant, François Sforza faisait son entrée triomphale dans la capitale de la Lombardie[75]. En même temps les Florentins concluaient la paix avec Alphonse V (4 juin), qui signait aussi un traité avec Venise (2 juillet).

Sforza était désormais duc de Milan. Il s'empressa de faire part de son avènement au Dauphin[76], et écrivit au Roi pour lui prodiguer ses assurances de fidélité à la couronne de France[77].

 

L'attitude du duc de Savoie dans les affaires italiennes n'avait pu qu'augmenter les défiances et les griefs de Charles VII à son égard. La mort du vieil Amédée, survenue à cette époque (7 janvier 1451), lui enlevait un intermédiaire précieux et autorisé auprès du Roi. Autant Amédée VIII, par sa gravité et sa prudence, avait, malgré les torts qu'il s'était donnés comme antipape, conquis l'estime et le respect de tous[78], autant le duc Louis inspirait peu de confiance par sa légèreté, son irrésolution, sa faiblesse à l'égard de sa femme, la belle Anne de Chypre, qui, avec ses favoris les Cypriotes, était maîtresse absolue[79]. Amédée n'avait cessé d'être en bons rapports avec Charles VII[80] ; Louis 's'était aliéné ce prince en lui donnant de justes motifs de plainte. Au moment même où il aurait dû Chercher à regagner ses bonnes grâces, il travaillait, cédant aux Conseils du Dauphin, à contrecarrer sa politique en Italie[81]. Pour mieux voiler ces intrigues et empêcher un accord du Roi avec Sforza, il se disposait à lui envoyer une ambassade quand il apprit que Charles VII avait donné mission à l'évêque nommé de Béziers (Louis d'Harcourt)[82] et à Girard le Boursier de se rendre à la cour de Savoie[83]. Le duc résolut d'attendre la venue de ces ambassadeurs.

Ceux-ci arrivèrent à la fin de juillet. Ils étaient porteurs d'une lettre de Charles VII, assez ample, et étaient chargés d'exprimer au duc le mécontentement du Roi de ce que, sans son consentement, il avait fait procéder à la célébration du mariage de Yolande de France avec le prince de Piémont.

Le duc de Savoie s'excusa du mieux qu'il put, protestant de la pureté de ses intentions, exposant les préliminaires de l'affaire, réglée du vivant de son père : tout était prêt pour célébrer les noces aussitôt après Noël, et la chose n'avait été empêchée que par la mort d'Amédée. Le Dauphin, étant venu pour son mariage, avait voulu que celui de sa sœur s'accomplît en même temps. Le duc y avait consenti, ne croyant point en cela déplaire au Roi : il pensait, au contraire, lui être agréable en cédant aux instances du Dauphin, car, disait-il, le père et le fils, c'est une même chose ; il offrait d'ailleurs de servir le Roi, en toutes choses, à son bon plaisir, mettant à la disposition de ce prince sa personne, ses biens, ses pays et sujets, pour le servir toutes les fois qu'il lui plairait de les employer'[84].

Au moment même où les ambassadeurs de Charles VII arrivaient à la cour de Savoie, le duc préparait, de concert avec le Dauphin, une entreprise militaire : un corps de troupes devait être rassemblé à la date du 15 août, et le bâtard d'Armagnac était désigné pour en prendre le commandement[85]. Le Dauphin se tenait prêt, de son côté, car le 17 septembre il passait la revue de ses gens de guerre[86] ; mais la peste, qui sévissait alors en Italie, empêcha de donner suite à ce projet.

Est-ce cette même ambassade qui fut chargée de porter plainte au duc de Savoie sur la saisie, opérée à Genève par ordre du duc de Savoie, des biens que Jacques Cœur y possédait ? Nous l'ignorons. La réponse du duc à ce sujet porte la date du 10 octobre[87].

Le 18 octobre suivant, le duc donnait des instructions à trois de ses conseillers, envoyés vers Charles VII. Après avoir félicité le Roi du succès de ses armes en Guyenne, ils devaient d'abord l'entretenir de la demande faite par lui relativement à la mise en liberté de Claude de Lornay, condamné à mort ; puis ils devaient répondre aux observations présentées au sujet du mariage du prince de Piémont ; enfin ils avaient charge de faire observer que le Roi s'était engagé à payer trente mille écus sur la dette contractée par lui envers le duc Amédée lors de la conclusion du mariage : le duc n'avait pas réclamé cette somme, tenant compte des affaires qui occupaient le Roi, et n'avait point laissé pour cela de faire à la princesse l'assignation de son douaire[88].

Ainsi, malgré cet échange d'ambassades, tout restait en suspens : ni du côté de son fils, auquel il avait envoyé plusieurs messages[89], ni du côté du duc de Savoie, le Roi n'avait obtenu la moindre satisfaction.

 

 

 



[1] A Francisco Bargy, qui amena au Roy de par Monseigneur le Daulphin, le 1er janvier 1448 (n. st.), ung liepart. Rôle du 27 mars 1450. Supplément aux preuves de la Chronique de Mathieu d'Escouchy, p. 17.

[2] En 1448, Guillaume Lauregnac (l'Auvergnat), huissier d'armes du Roi ; en 1449, Perceval Pelourde, un de ses valets de chambre, sont chargés de porter au Dauphin les étrennes du Roi. Lettres de Louis XI, t. I, p. 218 ; Supplément aux preuves, etc., p. 17.

[3] Habebat in domo paterna qui cuncta sibi quæ nosse potuissent nuntiarent. Th. Basin, t. III, p. 245.

[4] Satagebat in dies milites patris, qui ad ejus ordinaria stipendia militabant, ducesque, quacumque arte poterat, de servitio patris sui educere, et ad delphinatum suum attrahere. Thomas Basin, t. 1, p. 285 ; cf. t. III, p. 245.

[5] Archives de Turin, Protocoli, 104, f. 114, 114 v° et 117. Des ambassadeurs de Savoie étaient près du Dauphin en février 1448 (à Romans) et le 24 juillet suivant (à Valence). Compte de Nicolas Erlant, dans Le Grand, VII, f. 176 ; Lettres de Louis XI, t. I, p. 218. — Charlotte de Savoie avait été accordée, par acte du 11 mars 1443, à Frédéric duc de Saxe, fils aîné de l'électeur (Guichenon, Histoire diplomatique..., p. 531).

[6] Ms. de Genève 151, document n° 45. Instructions du duc de Savoie à l'évêque de Turin et au seigneur de Luyrieux. Voir Gaullieur, Correspondance du pape Félix V (Amédée VIII) et de son fils Louis, duc de Savoie, etc., dans Archiv für Schweizevische Geschichte, t. VIII (1851), p. 32. Nous devons à l'obligeance de M. Frédéric Borel, qui prépare une édition du curieux recueil de Genève, la communication de plusieurs des documents visés ou analysés par Gaullieur en 1851.

[7] Projet d'accord entre le Dauphin et le duc de Savoie. Ms. 154 de Genève, n° 47. Texte dans Gaullieur, l. c., p. 326-327.

[8] Gaullieur, l. c., p. 321.

[9] Voir la réponse d'Amédée VIII, en date du 14 juin 1449. Gaullieur, p. 330-332. Dans une autre lettre, Amédée recommandait à son fils de ne rien conclure sans son avis (id., p. 344).

[10] Gaullieur, l. c., p. 346.

[11] Les princesses de Savoie étaient à Thonon, à la cour d'Amédée VIII, et ce prince se refusait à leur laisser faire le voyage au-delà des monts qui, disait-il, pouvoit estre chose dangereuse pour leurs personnes, qui sont encore jeunes et tendres. C'est là, sans doute, ce qui empêcha la visite du Dauphin.

[12] Archives de Turin, Protocoli, 104, f. 59.

[13] Chacun des alliés devait, deux mois après qu'il en serait requis, fournir à l'autre mille chevaux, bien en point, pour trois mois. Original aux Archives de Turin, Negoz. con Francia, paquet IX, n° 9 ; copie moderne à la Bibliothèque nationale, Le Grand, vol. VII, f. 261

[14] Voir le Dicté cité plus haut, t. IV, chapitre VII.

[15] Nonobstant la guerre qui depuis est survenue et autres grans affaires qui fort touchent le royaume, ne lui a fait savoir, ainsi que devoit faire, quel le plaisir du Roy seroit qu'il feist, dont il a esté bien esmerveillé, car se fait l'eust il eust fait son devoir, et le Roy lui eust faicte tele response que par raison deust avoir esté content. Instructions du 23 février 1451 à l'évêque de Maillezais. Ms. fr. 15537, f. 62.

[16] Thomas Basin, Apologie, t. III, p. 243-245.

[17] Ms. de Genève, n° 67, p. 319-320 ; cf. Gaullieur, p. 358-359.

[18] Voir Gaullieur, p. 359-60.

[19] Ms. de Genève, n° 68 ; Gaullieur, p. 357.

[20] Au mois de février 1450, Jean de Montespedon, dit Houaste, premier valet de chambre du Dauphin, fut envoyé à la cour de Savoie (Le Grand, VII, f. 277 v°).

[21] Le 23 mai, il passait avec lui un traité relatif à l'extradition des malfaiteurs qui, de la Savoie, se réfugiaient dans la principauté d'Embrun et dans le Dauphiné. Archives de Turin. Voir Bianchi, Materie politiche, p. 170.

[22] Geoffroy Chausson, maistre d'hostel, part prestement de la ville d'Estelle, au Pays de Valentinois, pour Normandie, vers le Roy, sur le fait de son mariage, en avril 1450. Extraits du troisième compte de Nicolas Erlant, dans Le Grand, VII, f. 278.

[23] Bertrand de Lestang va porter lettres au Roy et audit Chausson et (sic) Normandie, à la fin d'avril. — Rochefort, poursuivant, fait le même voiage porter lettres à Chausson en may. Le Grand, VII, f. 278.

[24] C'était un des chambellans du Dauphin, Jean de Daillon, seigneur de Fontaines ; cela résulte du texte de la Remontrance de Geoffroy Chausson, citée plus loin.

[25] Remontrance faicte au Roy et à Messeigneurs de son conseil de par monseigneur le Daulphin. Ms. fr. 15537, f. 5. — Elle fut présentée au Conseil du Roi à Tours, par Geoffroy Chausson et Rogerin Blosset, le 23 novembre 1450, et enregistrée avec la signature d'Adam Rolant, notaire et secrétaire du Roi.

[26] A Jehan Sevineau, orfèvre, pour une petite chayne d'or que le Roy a fait prendre et achetter de lui et pour avoir mis en euvre et prendu à ladicte chaine ung gros diamant envolé par ledit seigneur à monseigneur le Daulphin pour ses estreines de ceste année. Pour ce, LI l. XVII s. VI d. t. Rôle du 2 avril 1451. Supplément aux preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 25.

[27] Sur le projet de mariage du Dauphin avec Éléonore de Portugal — la princesse qui devint en 1452 l'épouse de l'empereur Frédéric III, — voir Suntarem, Quadro elementer das relacoes politicas e diplomaticas de Portugal (t. I, p. 351 et t. III, p. 87-88), d'après Zurita, t. XV, chap. LVIII.

[28] Ms. fr. 15537 (ancien Résidu Saint-Germain, 10), f. 61. Ce précieux manuscrit, qui contient toutes les pièces relatives au Dauphin Louis, a malheureusement disparu de la Bibliothèque nationale depuis quelques années. Il m'a été impossible de le revoir et de compléter sur les documents les notes que j'avais prises autrefois. Je ne puis donc indiquer d'une façon plus précise ce qui concerne le fait de l'argentier.

[29] C'étaient Charles, sire de Culant, Jacques de Chabannes, Baudouin de Tucé et Théaulde de Valpergue.

[30] Ms. fr. 15537, f. 61. — On voit par les comptes que le motif ostensible donné à l'ambassade de l'évêque de Maillezais était le fait de l'église de Viviers ; il était accompagné de Pierre Aude, notaire et secrétaire du Roi. Cabinet des titres, 685, f. 144 v°. Cf. Le Grand, VI, f. 307 v°.

[31] Il s'appelait Roger de Gelant, ainsi que nous l'apprenons d'un compte du temps. Voir Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 390.

[32] Procès-verbal de Normandie, publié par Duclos, p. 82 et suivantes. J'ai revu ce texte sur une copie collationnée sur l'original, à Villeneuve-la-Comtesse, le 2 octobre 1451, Par le notaire Adam Rolant ; elle se trouve dans le ms. fr. 18983, f° 43.

[33] Pouvoir à Yves de Scepeaux, chancelier, et à Aymar de Poisieu, dit Capdorat, maître d'hôtel. Archives de lisère, B 3181 ; copie moderne dans Le Grand, VI, f. 305. — Remarquons que, le 27 décembre, le Dauphin ordonnait de saisir et mettre en sa main les biens des sujets du duc de Savoie étant en Dauphiné. Archives de l'Isère, B 3181.

[34] Pouvoir à Jean, bâtard d'Armagnac, chambellan et maréchal de Dauphiné, et à Antoine Bolomier, général des finances. Archives de Turin, Negoz. con Françia, paquet IX, n° 14 ; et dans le contrat de mariage du 14 février. Ces ambassadeurs avaient faculté, sy besoing est, d'espouser ladicte damoiselle au nom du Dauphin. — Le même jour, le Dauphin donnait des lettres patentes portant restitution aux sujets du duc de Savoie des châteaux et biens qu'ils possédaient en Dauphiné et qui avaient été confisqués pour manque de services féodaux. Charavay, Archives des missions scientifiques, t. VII, p. 463.

[35] Brienne, 80, f° 39. Se trouve dans Léonard, t. I, p. 49, dans Guichenon et dans du Mont.

[36] Il y a Geraumont dans Duclos. Cf. Lettres de Louis XI, t. I, p. 58, 217, 229.

[37] Procès-verbal de Normandie, rédigé par Jean de la Loère, notaire et secrétaire du Roi. Duclos, Recueil de pièces pour servir de suite à l'histoire de Louis XI, p. 82-89.

[38] Original, Du Puy, 762, f. 43. — Texte incorrect dans Duclos, l. c., p. 89. L'original de la lettre des gens du conseil du duc de Savoie se trouve dans le ms. 18983, f. 29.

[39] Archives de Turin, Negoz. con Francia, paquet IX, n° 11.

[40] Archives de Turin, Negoz. con Francia, paquet IX, n° 12. Édité par Charavay, l. c., t. VII, p. 368. — Le 15 décembre suivant, Anne de Chypre, duchesse de Savoie, promettait d'assister le Dauphin, mari de sa fille (Id., ibid., n° 13).

[41] Voir t. III, chapitre XII.

[42] Yolande était née le 23 septembre 1434.

[43] Procès-verbal de Normandie, dans Duclos, p. 89.

[44] Voir t. IV, chapitre VIII.

[45] Il leur avait envoyé une ambassade aussitôt après son arrivée. Voir le rapport des envoyés de Frédéric III, dans Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 261 et suivantes.

[46] Voir l'intéressante étude de miss Mary Robinson : The claim of the House of Orleans to Milan, dans l'English Historical Review (janvier 1888). L'auteur a eu communication de nombreux documents extraits des Archives de Venise.

[47] Les négociations du duc avec Sforza sont mentionnées dans le rapport de M. Maurice Faucon déjà cité (Archives des missions scientifiques et littéraires, t. VIII, p. 70).

[48] Gaucourt fut envoyé à Milan à la fin de 1447. Le P. Anselme, t. VIII, p. 367.

[49] Le 28 septembre 1447, le duc de Bourgogne avait envoyé un héraut à Sforza, cui nonnulla commisimus in facto illustr. fratris nostri honorandissimi et ducis Aurelianensis et Mediolanensis (Sickel, dans Archiv für Kunde Oesterreichischer Geschichisquellen, t. XIV, p. 193, note 2). Le 7 janvier 1448, il s'adressa à la république de Florence pour demander son intervention auprès des Milanais en faveur du duc (Desjardins, t. I, p. 62).

[50] Lettre du 12 juin 1448, visée par Champollion Figeac, Louis et Charles d'Orléans, p. 351. — La lettre en question ne figure point dans le Regeste de Chmel ; elle est aux Archives nationales, K 68, n° 31.

[51] Memoriale Secundini Venturæ, dans Mon. Hist. patriæ, Scriptores, t. III, col. 835.

[52] Voir Lecoy de la Marche, le Roi René, t. I, p. 269.

[53] Questo diciamo perchè sempre sè veduto che in Italia si vince Italiani, et etiando perchè quelli Italiani, de non fassono colla Sua Serenità et con noi, sarebbera contro la sua celsitudine et contro noi, perche si acconarebbero con la parte adversa. Sicchè in ogni modo ci pare necessario che la Sua Excellanza rechi danari per condurre almeno lino à quatre mila cavalli de' nostri Italiani. Lettre d'Antonio de Pazzi, 30 novembre 1447, dans Fabroni, Magni Cosmi Medicei Vita, t. II, p. 188 et s.

[54] ... La Sua Serenita non ebbe mai ne protrebbe havere piu comodo ne piu opportuno tempo che ha al presente, alla recuperatione del suo statu et della gloria sua et honore. Même lettre.

[55] C'est du moins ce que dit Fabroni, l. c., t. II, p. 193.

[56] Lettre, traduite en italien, aux archives de Florence, Legasioni e Commissarii, Missive e responsive, IX, f. 31. Cette lettre fut aussitôt communiquée aux Florentins par Antoine de Pazzi. Dépêche du 29 février 1448, l. c., f. 15.

[57] Dépêche chiffrée du 29 février 1448, avec traduction. Ms. italien 1585, f. 34-35 ; lettre du 9 mars 1448, visée par Desjardins, Négociations diplomatiques, t. I, p. 62 ; dépêche du 10 avril, visée par Buser, Die Bezichungen der Mediceer su Frankreich, p. 363.

[58] Lettres de Nicodème da Pontremoli à Sforza. Ms. ital. 1585, f. 29 et 34 ; cf. Baser, p. 361-362.

[59] Archives de Gênes, Materie politiche, mazzo XII.

[60] Voir ms. italien 1585, f. 26, 29, 30, 34.

[61] Lecoy de la Marche, l. c., p. 270, note 2.

[62] Sur le ravitaillement de Finale, voir Berry, p. 431. — Le Roi fit remettre 2.750 l. t. au marquis par Jacques Cœur (reçu du 12 mai 1450 : Pièces originales, 604 : CARBET), lequel reçut cinq mille livres pour le paiement de l'armée et avitaillement. (Pièces originales, 799, n° 9.)

[63] Cabinet des titres, 685, f. 120.

[64] Lecoy de la Marche, l. c., p. 272, note 2.

[65] Voir les instructions données par René à Honoré de Berra, envoyé par lui vers Sforza. Ms. italien 1585, f. 7. Cf. lettre de Sforza du 24 février 1449, id., f. 61.

[66] Voir lettres du duc d'Orléans à la communauté d'Asti, en date des 14 et 28 novembre et 4 décembre 1448, dans Faucon, l. c., p. 71-72. — Le duc de Bourgogne joua un rôle actif en faveur du duc pendant les premiers mois de 1449 : ambassade au duc et au Roi (janvier) ; ambassade en Savoie et à Venise (février), nouvelles ambassades (mars-mai), correspondance avec le duc, rien ne fut épargné. Archives du Nord. B 2002, f. 91 v°-92, 93, 109 v° ; 2008, f. 116 v°-117 ; Archives nationales, KK 270, f. 32 et 32 v°.

[67] Lettre du 14 novembre. — Nous voyons par les comptes que Blain Loup, seigneur de Beauvoir, était à la tête des hommes d'armes français. Cabinet des titres, 685, f. 143.

[68] Lettre du duc d'Orléans, en date du 7 janvier 1449. Olivier de la Marche, t. II, P. 116-117.

[69] Cabinet des titres, 685, f. 154 ; lettre de rémission en date d'octobre 1452 : Archives, JJ 181, n° 137.

[70] Au mois de mars 1449, Dunois conclut avec Amédée VIII une convention, aux termes de laquelle le duc d'Orléans et le duc de Savoie devaient reconquérir en commun les terres qui avaient appartenu au feu duc de Milan et qui étaient occupées soit par les Milanais, soit par Sforza ; le duc d'Orléans devait avoir pour sa part le comté de Pavie, le duc de Savoie le Novarrais ; les conquêtes devaient être partagées par moitié. Ms. de Genève, 154, f. 147 et 271. Voir Gaullieur, dans Archiv für Schweizerische Geschichte, t. VIII, p. 300, et Sickel, Sitzungsberichte, etc., t. XX, p. 228 et suivantes.

[71] Lettre du 7 juillet 1449. Archives de Turin, Prolocoli, 92, f. 270.

[72] Olivier de la Marche, t. II, p. 116-117.

[73] Au mois de juin 1449, des ambassadeurs du duc d'Orléans et du duc de Bourgogne étaient à Asti. Voir Gaullieur, l. c., p. 337.

[74] Traité du 27 juin 1449. Le 24 octobre suivant, le duc de Savoie concluait un traité avec Sforza.

[75] Voir Il conquisto di Milano per Francisco Sforza ; mémoire de M. Fr. Bertolini, publié dans l'Archivio storico italiano, nouv. série, t. XV (1862), p. 46 et 52-54.

[76] Lettre du 4 décembre 1450, aux archives de Milan ; publiée par M. Et. Charavay, Lettres de Louis XI, t. I, p. 224. — La lettre du Dauphin à Sforza, publiée p. 42 à la date du 28 mai 1450, est évidemment de 1452.

[77] Lettre du 1er janvier 1451. Archives de Milan, Lettere missive, vol. II, f. 312 v°.

[78] Fuit temporis suis vir mediocris stature, gravitate, maturitate, prudentia et discrecione ornatissimus... a suis multum dilectus et a vicinis formidatus. Chronica Latina Sabaudiæ, ap. Monum. Hist. Patriæ, Scriptor, t. I, col. 614.

[79] Largissimus promissor, inconstans, variabilis, magis consiliis privatis et uxori proprie quam suorum doctorum ac fidelissorum adherebat.... Ciprianos amore uxoris agis quam proprios filios diligebat. Scriptor, t. I, col. 615, 616 ; cf. col. 621. — Chastellain (t. III, p. 53) le qualifie de prince de povre vertu et de petit effet.

[80] On a la mention d'une lettre adressée par Charles VII à Amédée VIII le 23 mars 140. Ms. latin 5414A, f. 73.

[81] Les choses que doit dire Pierre Bolomier à Monseigneur le Daulphin de par Monseigneur le duc. Archives de Turin, Negoz. con Francia, n° 14, f. 3 et 8.

[82] Louis d'Harcourt occupa le siège de Béziers du 13 octobre au 10 décembre 1451 ; il fut promu ensuite à l'archevêché de Narbonne.

[83] Ils avaient également mission de se rendre près du Dauphin. Ms. fr. 20886, n° 5 et 6.

[84] Réponse du duc de Savoie aux ambassadeurs du Roi. Archives de Turin, Negoz. con Francia, paquet IX, n° 14, f. 7 ; Instructions à l'évêque de Lausanne et autres ambassadeurs. Archives de Turin, l. c., f. 24 ; éditées par le Mis Costa de Beauregard, Familles historiques de Savoie : les seigneurs de Compey (Chambéry, 1844, in-8°), p. 92-94.

[85] Ordonnance du 23 juillet, aux Archives de Turin, l. c., f. 5. Le mandement du duc de Savoie pour appeler ses gens d'armes sous les ordres du bâtard d'Armagnac fut donné à Bourg le 22 juillet 1451. Id., f. 6.

[86] Archives de la Côte d'Or, B 11930.

[87] Archives de Turin, Negoz. con Francia, paquet IX, n° 14, f. 20.

[88] Instructions à l'évêque de Lausanne, Jean de Compey et Jean de Chissy, citées plus haut. — L'évêque de Lausanne avait en outre une mission spéciale à remplir auprès de Dunois : il s'agissait d'empêcher à tout prix le triomphe définitif de Sforza, et, pour cela, de décider le duc d'Orléans à se mettre de nouveau en avant. En outre, un message fut envoyé au duc d'Orléans, au nom du duc et de la duchesse. Archives de Turin, l. c., f. 22.

[89] Nous avons dit que Louis d'Harcourt et Girard le Boursier avaient charge d'aller trouver ce prince ; on a la preuve que Gonsalve d'Ars, huissier d'armes du Roi, lui fut envoyé au mois d'août 1451 (Cabinet des titres, 685, f. 144 v°). On remarquera que cette ambassade coïncidait avec l'arrestation de Jacques Cœur, qui venait d'être opérée.