HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE V. — L'EXPULSION DES ANGLAIS. - 1449-1453.

 

CHAPITRE III. — LA COUR DE 1450 À 1453.

 

 

La nouvelle maîtresse du Roi : Antoinette de Maignelais ; Charles VII lui fait épouser André de Villequier ; le mariage est célébré au château de Montbazon. — Fêtes à Montbazon ; hommage rendu par le duc de Bretagne ; dons aux nouveaux époux. — Personnages en faveur : Guillaume Gouffier, Louis de la Rochette, Antoine d'Aubusson, Jean de Levis. Affaire de Gilles de Bretagne ; poursuites contre ses meurtriers. — Le Roi passe l'hiver aux Montils-les-Tours, entouré d'une cour brillante. — Il quitte au printemps sa maison de Plaisance ; mais, au lieu de se rendre sur le théâtre de la guerre, il s'installe à Taillebourg auprès de ses filles naturelles. — Le Roi s'arrête eu retour à Villedieu, où est célébré le Mariage de Jean de Levis avec Antoinette de Villequier. — Nouveau séjour aux blondis. — Au Printemps, le Roi va de château en château, s'abandonnant à sa vie de plaisirs. — Expédition en Forez ; retour aux Montils. — Entourage intime de Charles VII ; étrennes et cadeaux de 1452 à 1454 ; mort soudaine d'André de Villequier.

 

On a vu plus haut[1] que, le 9 février 1450, Agnès Sorel Mourut à Jumièges, où elle était venue rejoindre le Roi. Charles VII chargea un poète en faveur à la Cour, Jacques Millet, de rédiger son épitaphe[2] ; il confirma les fondations faites par la défunte et donna à ce sujet des lettres d'amortissement[3] ; il éleva en son honneur de magnifiques mausolées, où elle était représentée avec les attributs d'une duchesse[4]. Mais si, du vivant même d'Agnès, il ne lui avait pas donné une rivale[5], il ne laissa pas longtemps sa place vacante. Chez lui l'âge, loin d'émousser les passions, semblait au contraire les exciter. Parmi les filles d'honneur, il y en avait plus d'une que le Roi avait distingué. Si les libéralités dont elles furent l'objet ne semblent pouvoir donner lieu à aucune interprétation fâcheuse[6], il n'en est pas de même à l'égard d'une jeune fille qui, sans avoir charge à la Cour, y parut certainement du temps d'Agnès, dont elle était la cousine germaine. Nous voulons parler d'Antoinette de Maignelais[7], fille de Jean de Maignelais, capitaine de Gournay-sur-Aronde et de Creil, et de Marie de Jouy. Catherine de Maignelais, sœur de Jean, était mère d'Agnès Sorel. Antoinette n'était plus de la première jeunesse[8], mais elle ne le cédait point en beauté à sa cousine[9]. Dès le mois d'août 1449, Charles VII lui donnait une marque notable de sa faveur : les Maignelais étaient depuis longtemps en procès avec les ducs de Bourbon, relativement à la terre de Maignelais que le duc Louis II s'était fait adjuger en 1398. Le Roi la retira des mains de Charles, duc de Bourbon, et, de sa propre autorité, la rendit à Antoinette[10].

A peine revenu de son expédition de Normandie, Charles VII s'occupa de marier sa nouvelle favorite et de la doter. Au premier rang parmi les mignons du Roi, figurait un jeune et brillant chambellan que nous avons vu apparaître en 1444[11]. Monseigneur de Villequier devint bientôt l'un des familiers les plus assidus et les plus choyés de la cour de Razilly et des Montils[12]. Membre du grand Conseil dès le mois de juin 1449[13], il figura dans le cortège royal à l'entrée de Rouen[14]. Il était dès lors un des personnages considérables de la Cour[15]. Par lettres données à Caen le 7 juillet 1450, et qui constataient les services rendus depuis son enfance, il recevait la vicomté de Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Cotentin, avec la baronnie de Nehou, et toutes leurs dépendances[16]. Le 29 juillet suivant, il était appelé au poste important et lucratif de gouverneur de La Rochelle[17]. C'est ce favori si bien pourvu que Charles VII résolut de donner pour époux à Antoinette de Maignelais.

A peine revenu à Tours, après sa campagne, le Roi alla (fin septembre) s'installer au château de Montbazon, chez l'un de ses chambellans, Aymar de la Rochefoucauld, seigneur de Montbazon et de Sainte-Maure[18]. C'est dans cette sombre demeure féodale, qui remontait au temps de Foulques Nerra[19], que le mariage devait être célébré, en présence de la mère d'Antoinette[20]. Le 22 octobre, André de Villequier recevait en don, à cette occasion, les îles et dépendances d'Oléron, Marennes, la Tour-de-Brou, etc., confisquées d'abord sur La Trémoille, puis, Plus récemment, sur son neveu Jacques de Pons. Dans les lettres rendues à cet effet, après avoir rappelé les services de son conseiller et chambellan, le Roi exposait que, venu en âge, il avait reçu l'offre de plusieurs grands et notables partis et traités de mariage, en grandes et notables maisons, par le moyen desquels il eût eu et lui fussent venus plusieurs grandes terres et seigneuries ; mais que André, désirant lui complaire et obéir ainsi que toujours il avait fait, s'était refusé à accueillir ces propositions : sachant, disent les lettres, que nostre plaisir estoit le pourveoir autre part oudit estat de mariage à nostre plaisir et voulenté, ainsi que avons entencion de faire avec nostre très-chière et bien amée Anthoinette de Magnelaiz, damoiselle ; considerans aussi que, à l'occasion de ce que, pour nous complaire comme dit est, il n'a voulu entendre auxdiz grans mariages, pourquoi il a esté grandement endommaigé et intéressé, laquelle chose nous pourroit tourner à charge de conscience si non qu'il fut par nous recompensé, voulans recongnoistre lesdiz services et recompenser en deschargant nostre conscience de ce que dit est, nous, audit André, sire de Villequier, en faveur des choses dessus dictes et pour la grant amour et singulière affection que tousjours avons eue et avons à sa personne et à son bien et provision, et aussi en faveur et contemplation dudit mariage que avons entencion de brief traicter et faire accomplir et parfaire... avons donné, etc.[21]

Le mariage eut lieu dans les derniers jours d'octobre, au milieu des fêtes les plus pompeuses. La Cour était alors fort brillante. Le nouveau duc de Bretagne, Pierre, frère du feu duc François, venait d'arriver à Montbazon, accompagné d'une suite de quatre à cinq cents chevaux, pour rendre hommage de son duché. Cette cérémonie s'accomplit le 3 novembre, en la salle de la Maison neuve, en présence du connétable, des comtes de Dunois, de Clermont, de Vendôme, de Castres, de Saint-Pol, de Tancarville et de Laval, et d'une foule de seigneurs[22]. Ouquel lieu, dit le chroniqueur officiel Jean Chartier, ledit duc fut grandement festoyé des dames et damoiselles[23] ; lequel aussi, de son costé, s'acquitta grandement envers elles. Monseigneur de Villequier et madamoiselle sa femme estoient lors en grande authorité en la cour du Roy. Après ce il y eut de grosses joustes et aultres esbatemens, durant quinze jours ou environ que ledit duc fut ainsi auprès du Roy[24].

C'est à Montbazon que fut rendue une nouvelle ordonnance, Par laquelle le Roi, ayant en considération que, à sa requête et pour lui complaire, le sire de Villequier, avait épousé Antoinette de Maignelais, et que la demoiselle n'avait présentement aucun lieu, de son côté, ou place pour son retrait, lui donnait, sa vie durant, les place, château, ville et seigneurie d'Issoudun et le revenu du grenier à sel établi audit lieu. Ces lettres, signées de la main du Roi, portent la date du 12 novembre 1450[25]. La seigneurie d'Issoudun était une de celles que Charles VII avait données jadis à Agnès, et maintenant, elle constituait en quelque sorte la dot de la favorite qui lui avait succédé.

Ce n'était point, d'ailleurs, comme le disent les lettres royales, le seul lieu que la nouvelle favorite eût pour son retrait. Peu auparavant, le Roi lui avait assigné une autre demeure. Nicole Chambre, capitaine de la garde écossaise du Roi, avait acquis, le 21 mai 1448, de Jean de Malestroit, la terre de La Guerche, en Touraine[26] ; il la céda, le 19 octobre 1450, à André de Villequier, pour un prix inférieur à celui de l'acquisition[27]. C'est là que le jeune ménage allait s'établir.

Telle était la révolution nouvelle qui venait de s'opérer dans la vie de Charles VII, et qui devait avoir de si fâcheuses conséquences. Lui qui n'aimait pas les flatteurs et possédait une si parfaite connaissance des hommes, il allait, plus encore qu'au temps d'Agnès, se laisser circonvenir par des courtisans prompts à exciter les passions du maître et habiles à en tirer parti pour leurs cupidités ou leurs vengeances[28] ; lui qui, le plus souvent, s'était montré accessible à tous[29], il allait, dans ces châteaux où il aimait à résider, devenir impénétrable aux regards[30] ; lui qui, d'ordinaire, mettait un soin si scrupuleux à ne confier les emplois qu'aux plus capables et aux plus dignes, il devait, cédant aux obsessions de certains favoris, faire preuve d'une facilité blâmable[31]. Quand la passion domine, la voix de la raison ne saurait se faire entendre ; et les règles de l'honneur et du devoir une fois violées en un point le sont fatalement sur d'autres[32].

A côté d'André de Villequier, dont le crédit est alors tout-puissant[33], on distingue plusieurs jeunes seigneurs ayant leur part de faveur et d'influence : Guillaume Gouffier ; Louis de la Rochette ; Antoine d'Aubusson, seigneur du Monteil ; Jean de Levis, seigneur de Vauvert.

Nous avons déjà rencontré le premier[34]. Fort avant dans les bonnes grâces du Roi, dont il était l'un des valets de chambre[35], il avait été spécialement attaché à la personne d'Agnès Sorel et avait accompagné celle-ci dans son voyage de Paris au mois avril 1448, et en Normandie à la fin de 1449. Il se trouvait à Jumièges au lit de mort d'Agnès, et fut l'un de ceux qui reçurent son dernier soupir, Guillaume Gouffier prit une part active à la conquête de la Normandie ; il reçut en récompense, le 20 février 1450, la seigneurie de la Roquesezière en Rouergue, qui avait appartenu à Agnès[36]. Le 9 avril 1451, le Roi lui donna les terres et seigneuries d'Oiron, Rochefort, etc., confisquées sur Jean de Xaincoins[37]. C'était alois la plus grande marque de faveur qui pût être donnée à un sujet que de l'admettre à partager la couche royale : vieil usage des temps de la chevalerie qui n'était point encore tombé en désuétude. Charles V avait accordé ce privilège à Boucicaut[38] ; Louis XIII l'accorda plus tard à Luynes. Gouffier fut, dit-on, le seul favori auquel Charles VII ait fait cet honneur[39]. Grâce à l'intervention du Roi, il épousa (8 avril 1451) Louise d'Amboise, fille d'un grand seigneur du temps, et d'Anne de Bueil. Gouffier se trouva ainsi apparenté aux plus hautes maisons, et devint le neveu[40] de l'amiral de France Jean de Bueil[41]. Écuyer d'écurie, puis chambellan du Roi[42], il fut nommé, par lettres du 11 juin 1451, sénéchal de Saintonge[43], et entra au grand Conseil au commencement de la même année[44].

Louis de Bouent ou Bohan, dit de la Rochette, que les auteurs du temps nomment à peine[45], était pourtant un personnage considérable. Chevalier dès 1441, il exerçait à Paris les fonctions de chevalier du guet de nuit et de capitaine du Louvre[46]. Bientôt il devint maître d’hôtel du Roi[47], poste qu’il occupa jusqu’à la fin de sa vie. Il obtint en même temps, mais sans être astreint à la résidence, la charge de maître des eaux et forêts en Normandie et Picardie, qu’il résigna en 1446, au Profit de Jean Crespin, beau-frère de Brezé, et qu’il devait reprendre en janvier 1454, à la mort du titulaire[48]. Maréchal des logis du Roi[49], investi de missions, à diverses reprises, de 1443 à 1449[50], il fut, pendant plusieurs années, chargé de la dépense de l'hôtel, et y présida avec honneur[51]. Maître d'hôtel, châtelain du Louvre, capitaine de Laon, postes qui lui valaient de multiples appointements[52], il était en outre capitaine d'une compagnie d'archers préposés à la garde du Roi[53]. Il avait le rang de conseiller, car nous le voyons siéger dans le grand Conseil en septembre 1450[54]. S'il ne figure pas souvent parmi les conseillers dont le nom se trouve au bas des ordonnances royales, il n'est pas un des moins influents par le fait même de sa résidence assidue auprès du Roi. Il avait épousé Jeanne de Villequier, dame de Martres, peut-être une troisième sœur d'André. Les comptes du temps nous apprennent que Jeanne de Villequier touchait, en 1450-1451, sur les deniers de la recette de l'hôtel, cinq cents livres par semestre[55] : somme considérable, car les gages de son mari, comme maître d'hôtel, n'étaient que de trois cents livres par an. Mais La Rochette recevait d'importantes gratifications. C'est ainsi qu'en 1451 Charles VII, par considération, disent les lettres patentes, des bons, agréables et notables services par lui faits par long temps et dès son jeune âge, tant au fait de nos guerres qu'autour de nous et autrement, lui donna six mille écus d'or sur la confiscation prononcée contre Louis de Courcelles[56]. Il paraît avoir eu un fils, attaché dès 1451, comme échanson, à la personne du Roi[57].

Nous venons de nommer Jeanne de Villequier : il n'est pas certain qu'elle fut sœur d'André ; mais nous avons rencontré déjà Marguerite et Antoinette[58], pour lesquelles il n'y a point de doute. L'une était la femme d'Antoine d'Aubusson ; l'autre allait devenir l'épouse de Jean de Levis.

Le premier n'avait pas tardé à acquérir à la Cour une grande situation, justifiée par la noblesse de sa race, par ses services, par la loyauté de son caractère. Antoine d'Aubusson, seigneur du Monteil, était l'aîné des cinq fils de Renaud d'Aubusson, des anciens vicomtes de la Marche, et de Marguerite de Comborn ; trois de ses frères devinrent évêques ; le plus jeune, Pierre, devait illustrer son nom comme grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et le rendre immortel par cette glorieuse défense de Rhodes contre les Turcs à laquelle Antoine prit part lui-même. Monseigneur de Monteil — c'est ainsi qu'on l'appelait à la Cour, — accompagna le Roi dans la campagne de Normandie, où il fut armé chevalier, et fut compris dans les gratifications faites à cette occasion[59]. Peu après, il devint bailli de Touraine[60]. Madame de Monteil, qui faisait partie de la Maison de la Reine, était toujours en grande faveur auprès du Roi[61].

Quant à Jean de Levis, seigneur de Vauvert, il était fils d'Antoine de Levis, comte de Villars, l'un des plus anciens et des plus vaillants champions de la couronne. Sa naissance l'avait placé, dès ses premières années, dans l'intimité royale, et nous avons la trace des nombreuses libéralités dont il fut gratifié[62]. Il prit part à la campagne de Normandie et fut fait chevalier à Formigny[63]. A l'occasion de son mariage avec Antoinette de Villequier, le comte de Villars lui fit don de la baronnie de Roche[64] ; ce mariage eut lieu en octobre 1451[65]. Jean de Levis était alors conseiller et chambellan du Roi ; il succéda plus tard à Gouffier comme premier chambellan. Comblé des faveurs royales, possesseur d'une immense fortune, il devait gaspiller son héritage et acquérir sous ce rapport une triste célébrité[66].

Si le favoritisme, poussé très loin durant cette période du règne, donnait lieu à de nombreux abus, il faut dire, pour rester dans la vérité, que ce n'était plus le temps où des ministres, comme Louvet, Giac, ou La Trémoille disposaient de tout sans contrôle. Le Conseil royal était alors composé des personnages les plus notables, et l'influence de ceux qui avaient su conquérir les bonnes grâces du Roi ou qui favorisaient ses coupables plaisirs était forcément bornée : sauf en des cas exceptionnels, elle n'influait pas sur les affaires publiques.

 

Nous avons mentionné la présence au château de Montbazon du jeune duc de Bretagne. Son frère, le duc François, avait cessé de vivre le 18 juillet précédent, à l'âge de trente-six ans et l'on avait vu dans cette fin prématurée un châtiment de la Providence. Trois mois auparavant, Gilles de Bretagne, captif depuis plusieurs années, et que Charles VII avait en vain tenté de protéger contre la fureur de ses adversaires, était mort, après avoir subi une condamnation à la peine capitale, arrachée au faible duc ; mais cette mort ne fut point le résultat de la sentence : victime des machinations dirigées contre lui, Gilles avait été d'abord l'objet d'une tentative d'empoisonnement, puis étranglé dans son lit (25 avril)[67]. On était encore sous le coup de l'émotion, disons mieux, de l'indignation causée par cet odieux attentat. Le connétable de Richemont s'employait activement à poursuivre les coupables. Arthur de Montauban fut appelé, le 22 novembre, à comparaître à Tours devant le conseil du Roi ; sur une caution fournie par Pierre de Brezé, il obtint un ajournement jusqu'à la chandeleur. Le connétable n'en continua pas moins à agir : de sa propre autorité il fit enlever un des inculpés, Olivier de Meel, et le fit amener secrètement à Tours. Cette justice expéditive ne convenait point à Charles VII : il exigea qu'on remît Meel aux mains de ses officiers, et le fit livrer ensuite à la justice du duc de Bretagne[68]. Le procès des assassins de Gilles fut instruit à Vannes, où Olivier de Meel et ses complices furent décapités l'année suivante.

Il avait été question d'une expédition immédiate en Guyenne ; nous avons vu que ce projet fut vite abandonné. Charles VII ne semblait point disposé à se remettre en campagne. Il quitta Montbazon le 18 décembre 1450[69], et passa l'hiver aux Montils-les-Tours, entouré d'un brillant cortège de princes et de seigneurs. On y voyait le comte d'Eu, dont les auteurs du temps signalent la ressemblance avec le Roi[70] et qui, ruiné par les Anglais, vivait des libéralités royales[71] ; le jeune comte de Clermont, gendre de Charles VII, illustré par la victoire de Formigny[72] ; le comte de Dunois qui, tout en exerçant de grands commandements militaires, ne laissait point au Conseil sa place vacante ; le sire de Bueil, successeur de Coëtivy dans la charge d'amiral de France, et qui s'était acquis le surnom de fléau des Anglais ; Gaucourt, qui remplissait la charge importante de premier chambellan, et malgré son grand âge conservait un rôle actif ; Brezé, que ses fonctions de grand sénéchal de Normandie allaient bientôt appeler sur un autre théâtre ; le grand maitre des arbalétriers Jean d'Estouteville, seigneur de Torcy ; Jacques de Chabannes, nommé grand maître à la place du sire de Culant, disgracié[73] ; Antoine de Chabannes, qui gardait le titre de grand pannetier, bien que cette charge eût été supprimée. ; le grand veneur Jean Soreau ; Guillaume d'Harcourt, comte de Tancarville, et son parent Mathieu d'Harcourt, capitaine de vingt-quatre archers de la garde du Roi ; Poton de Saintrailles ; le sire de la Tour ; le bailli de Lyon, Théaude de Valpergue ; Louis de Beaumont, successeur de Brezé dans la charge de sénéchal de Poitou ; Jean de Chambes, seigneur de Montsoreau, premier maître d'hôtel[74] ; sans parler des familiers nommés plus haut, hôtes habituels de la Cour[75], des chambellans[76], et des autres officiers de la maison royale.

Charles VII vient de terminer la clôture de son parc de Montils-les-Tours. Plus que jamais il se plaît dans cette résidence, qui est sa création[77], et y célèbre ses fêtes avec grande pompe[78]. Il fait représenter le mystère de saint Charlemagne[79] ; il s'associe aux événements de famille concernant ses serviteurs : c'est ainsi que Mathieu d'Harcourt, seigneur de Ruigny, reçoit mille livres en accroissement de son mariage[80], et Jean de Ravenel, un de ses valets de chambre, mille écus d'or pour semblable motif[81] ; il festoie les ambassadeurs qui lui viennent d'Espagne, d'Aragon, d'Autriche[82] ; il ne dédaigne pas d'accepter des présents qui lui sont offerts par les femmes de ses officiers : l'épouse de son maître d'hôtel Fouquet Guidas lui fait présenter un livre et une épée, et est libéralement récompensée[83] ; il prépare la campagne qui va s'ouvrir en Guyenne : les comtes de Foix et d'Armagnac, le sire d'Albret, le seigneur de Torcy et Jacques de Chabannes[84] reçoivent des harnais de guerre et des brigandines, et de nombreuses largesses sont faites à tous ceux de ses familiers qui vont se mettre en armes[85] ; il n'oublie pas les habitants de Tours, et leur donne deux cents livres pour les aider à paver la rue Saint-Étienne[86] ; enfin, tenant compte de la cherté des vivres, il accorde au fournisseur de son hôtel une gratification de mille livres[87]. Signalons encore un acte qui a sa signification : des lettres d'anoblissement accordées par le Roi à son chirurgien Jean de Jodonia, attaché à sa personne depuis 1418[88].

Au printemps de 1451 le Roi quitte Montils-les-Tours. Est-ce pour aller prendre le commandement de l'armée de Guyenne Non, Charles VII est tout entier à ses plaisirs : il s'arrête un instant à Montbazon chez Aymard de la Rochefoucauld[89], et va passer un mois auprès du sire de Villequier et d'Antoinette, dans leur château de La Guerche[90]. Il vient d'accorder à son favori une pension de deux mille livres[91], et les comptes mentionnent une gratification de deux mille livres, faite sans doute à ce moment, à André, seigneur de Villequier et de la Guierche, et damoiselle Anthoinette de Magnelès, sa femme, pour entretenir leur estat[92]. Sur sa route, Charles VII visite certains sanctuaires : nous avons la trace de son passage à Sainte-Catherine de Fierbois, dans cette église où Jeanne d'Arc avait envoyé chercher une épée enfouie derrière l'autel[93], et à l'église de La Haye-Descartes[94]. C'est à La Guerche que, le 21 avril, il donne les lettres portant nomination de Dunois comme lieutenant général en Guyenne. De là Charles VII se rend à Lusignan, à Saint-Jean d'Angély, puis à Taillebourg[95] (premiers jours de juillet), où il séjourne jusqu'à la fin de la campagne, en compagnie des comtes du Maine, de Nevers, de Clermont, de Vendôme et de Castres, du comte de Tancarville, de l'amiral de Bueil, du sire de Villequier, d'Antoine d'Aubusson, de Jacques Cœur, et d'un grand nombre de membres de son conseil[96]. Résistant aux sollicitations de Dunois, qui le presse de se rendre sur le théâtre de la guerre[97], Charles VII demeure inactif et se borne à ratifier les mesures prises par son lieutenant général et ses autres capitaines. Au château de Taillebourg, il est près des trois filles que lui a données Agnès Sorel[98], et que, toutes jeunes, il a installées dans cette résidence sous la surveillance de Prégent de Coëtivy, auquel a succédé son frère Olivier, le futur sénéchal de Guyenne[99]. Marie, l'aînée, est déjà l'objet de ses prédilections[100], et il a mandé Coëtivy, qui, de La Réole dont il a la garde, vient trouver son maître[101]. C'est à Taillebourg que Charles VII fait procéder à l'arrestation de Jacques Cœur.

De là, après la conquête de la Guyenne, le Roi va s'installer au château.de Villedieu[102], où il passe les mois d'octobre et de novembre, tandis que le procès de Jacques Cœur s'instruit à Lusignan. C'est dans cette demeure, qui appartient à Étienne Gillier[103], qu'est célébré le mariage de Jean de Levis avec Antoinette de Villequier : à cette occasion on va chercher à Tours des draps de soie et d'autres objets[104]. La cérémonie s'accomplit le jour de la sainte Catherine (25 novembre). Une somme de dix mille écus, à toucher en cinq années, est assignée à Jean de Levis[105], qui obtient, en outre, une pension de douze cents livres ; la nouvelle mariée reçoit cent marcs d'argent, prisés sept cents écus[106].

En quittant Villedieu, Charles VII s'arrêta quelques instants à La Guerche, puis il alla s'installer pour tout l'hiver aux Montils-les-Tours. Il y eut de nouveau, en ce lieu, un grand concours de princes et de seigneurs. Le roi René, le duc de Bretagne, le duc d'Orléans, le comte d'Angoulême, le comte de Dunois, le connétable de Richemont, les comtes d'Eu, de Clermont, de Vendôme, de Castres, d'Armagnac et de Penthièvre y parurent tour à tour. Le Roi avait autour de lui son chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, les évêques de Maguelonne (Rouvres), de Maillezais (Lucé), de Carcassonne (Jean d'Estampes), d'Alet (Pompadour) et d'Agde (Cambray), Pierre de Brezé, l'amiral de Bueil, le maréchal de Lohéac, le grand maitre des arbalétriers Jean d'Estouteville, Louis de Beaumont, Jean de Chambes, Jean Bureau, Jean Tudert, Guy Bernard, Henri de Marie, Jean Barbin, Jean Hardouin, Pierre Bérard, Jean de Paris, Jean Dauvet, Jean Fournier, Hugues de Couzay, Denis d'Auxerre. Tous ces personnages figurent au bas des lettres patentes données au mois de février et par lesquelles le Roi rendait au comte d'Armagnac les quatre châtellenies du Rouergue, jadis confisquées et données au Dauphin. Nous constatons, en outre, la présence à Tours du premier chambellan Gaucourt, du grand maître Jacques de Chabannes, du premier aumônier Jean d'Aussy, de l'archevêque de Narbonne Louis d'Harcourt, d'André de Villequier, de Jean de Levis, de Guillaume Gouffier, d'Étienne Chevalier, nommé à ce moment trésorier de France, du général des finances Jean de Bar, de Jean Barton et de Blaise Greslé. Parmi ces noms on remarque ceux de plusieurs des commissaires appelés à instruire le procès de Jacques Cœur. Des ambassadeurs du duc de Bourgogne Paraissent à la Cour. Deux ambassadeurs Florentins, qui étaient venus trouver le Roi à Villedieu, séjournent à Tours jusqu'à la fin de février. On voit arriver enfin le cardinal d'Estouteville, légat du Pape.

La reine passe également l'hiver aux Montils, et, suivant sa coutume, Charles VII fait des largesses aux filles d'honneur de sa femme[107]. Plusieurs serviteurs du Roi contractent des alliances et sont l'objet de ses libéralités. Nous pouvons nommer Jean de Ravenel, valet tranchant du Roi[108], et Adam Rolant, notaire et secrétaire, marié à une fille de Jean Burdelot[109]. Une fille de Jean du Mesnil, capitaine de Lusignan, et Yolande de la Barre reçoivent aussi des dons à l'occasion de leur mariage[110].

 Au printemps, Charles VII reprend sa vie nomade, allant de château en château : à Montbazon, chez Aymar de la Rochefoucauld, où il célèbre la fête de Pâques ; aux Roches Saint-Quentin, chez Jean du Puy, l'un de ses plus anciens maîtres des comptes, marié à Éléonore de Paul, demoiselle de la Reine dès 1422 et qui avait donné l'hospitalité à Jeanne d'Arc au retour du voyage de Poitiers ; à Chissay, chez son trésorier Pierre Bérard, fort avant dans sa confiance ; à Montrichard, chez le comte de Tancarville[111]. Le Roi s'abandonne entièrement à sa vie de plaisirs. Quittant la Touraine, il se rend en Berry, et passe les mois de juillet et d'août, soit à Mehun-sur-Yèvre, soit à Bois-sir-Amé, tandis que d'importantes réunions se tiennent à Bourges pour régler des affaires politiques ou religieuses. Mais tout à coup la scène change : le Roi s'ébranle pour une expédition contre le duc de Savoie. Durant les mois de septembre et d'octobre, il séjourne au château de Cleppé, où le duc de Savoie vient le trouver et signe avec lui un traité à la date du 27 octobre. C'est là que le surprend la nouvelle de la révolte de la Guyenne et de l'occupation de Bordeaux par Talbot ; il s'arrête à Moulins du 13 novembre au 12 janvier, et regagne Montils-les-Tours le 12 février, pour préparer la nouvelle campagne à laquelle il présidera en personne.

 On se tromperait si, durant la période qui noua occupe, on se représentait Charles YI' au milieu d'une cour brillante, constamment entouré d'un nombreux personnel de seigneurs et de dames, et trouvant ainsi une facile occasion de satisfaire ses penchants voluptueux. Il n'avait auprès de lui que quelques officiers et un petit nombre de familiers, médecins et astrologues dont il faisait sa société habituelle. Avec cela, ses secrétaires, ses chapelains, des gens de métiers : peintres, orfèvres, artilleurs, brigandiniers, haubergiers, etc. Antoinette de Maignelais, qui était parvenue à une si haute faveur, ne résidait même pas auprès de lui d'une manière continue.

Un document qui nous a été conservé donne d'intéressants détails sur l'intérieur du Roi et sur les personnes admises alors dans son intimité : c'est le compte des étrennes pour les années 1452 à 1454. Antoinette n'y figure pas parmi les dames qui ont part aux libéralités royales ; mais le diamant, du prix de sept cents écus d'or, que, chaque année, le Roi réserve pour en disposer à son plaisir, pouvait fort bien être destiné à la favorite[112]. En revanche son mari est nommé, à plusieurs reprises, avec divers seigneurs de la Cour auxquels Charles VII, Comme marque spéciale de son amitié, donnait un diamant[113], et il est constaté qu'elle était admise tous les ans à offrir des étrennes au Roi[114]. Mesdames du Monteil et de Vauvert, belles-sœurs d'Antoinette, et Jeanne de Maignelais, sa sœur, ne sont point oubliées, Les deux premières sont traitées avec une largesse toute spéciale, et qui laisse bien loin les faveurs obligées dont sont l'objet les dames et les filles d'honneur de la Reine. Marguerite de Villequier, dame du Monteil, a cent écus en 1452, comme mesdames de la Rocheguyon, de Gaucourt et de Chastillon (les filles d'honneur n'en ont que cinquante), mais elle reçoit de plus une somme de mille écus, pour lui aider à soutenir son état ; en 1453, elle a trois cent cinquante écus pour avoir de la vaisselle ; en 1454, outre ces trois cent cinquante écus, le Roi lui donne un tableau d'or garni de balais et de perles, du prix de cinq cent cinquante écus d'or, et une salière d'or sur émail, garnie de perles, balais et saphirs, valant deux cent vingt écus[115]. Thoinine de Villequier, dame de Vauvert, reçoit en 1452 une chaîne d'or du prix de deux cent dix-sept écus et demi, et cent soixante écus pour avoir deux ceintures d'or à son plaisir ; en 1453, elle a deux cents écus pour deux ceintures et une chaîne d'or ; en 1454, une chaîne d'or émaillée aux couleurs du Roi, et chargée de lettres sarrasines, du prix de deux cent soixante-dix-sept livres[116]. — Quant à Jeanne de Maignelais, le Roi lui donne, en 1454, un collier et une ceinture d'or du prix de cent cinquante-trois livres[117].

Les femmes d'autres favoris ont leur part d'étrennes : la comtesse de Tancarville reçoit, en 1452 et 1453, une robe de cent soixante écus ; la sénéchale de Saintonge, femme de Guillaume Gouffier, a, en 1453, cent quarante écus pour avoir une chaîne, et, en 1454, une autre chaîne d'un prix plus élevé. La femme de Fouquet Guidas, un des maîtres d'hôtel du Roi, a deux cents livres tournois chaque année, pour avoir robes et autres habillements ; la femme d'Étienne Chevalier reçoit, en 1452, une robe de cinquante écus. Le Roi ne donne pas seulement des étrennes ; il en reçoit : la femme de Merlin de Cordebcenf, écuyer d'écurie, lui offre, en 1453, unes cartes bien riches (un jeu de cartes) ; l'année suivante, elle lui donne ung tablier divisé[118]. Madame du Cigne, femme d'un maître d'hôtel, donne, en 1454, une apocalice[119]. La femme du trésorier Hardouin offre des poires. De simples serviteurs — parfois de la condition la plus infime — ont aussi le privilège d'offrir des étrennes à leur maître : ainsi le Roi reçoit de son peintre Jacob de Litement une targe de cuir painte d'or bien richement[120] ; de ses orfèvres Ambroise et Jean de Lyon, ung ymage de saint Michiel en ung tableau d'argent doré, et ung patenostre de jaspre et ung camahieu[121] ; de son premier chapelain, Jean Hoquegan, un livre de chant. D'autres présents sont faits par des artilleurs, des haubergiers, des brigandifiers, des faiseurs de haches ou de vouges. Merlin de Cordebœuf, l'écuyer d'écurie dont la femme a été nommée plus haut, présente, en 1453, un avant-bras garni d'or, et, en 1454, des escrietz de madre[122]. Enfin, la même année, Girardin du Puy donne ung livre, ce qui lui vaut une gratification de cinquante écus[123].

La Reine reçoit chaque année un présent de la valeur de quatorze cents écus. En 1452, le Roi lui envoie un fermail et une chaîne[124] : en 1453 et 1454, il se contente de lui faire remettre los quatorze cents écus, pour les employer en vaisselle ou autrement[125]. De son côté, la Reine envoie des étrennes à son mari[126]. Les enfants du Roi, qui résident avec leur mère, ont aussi leurs étrennes : Monseigneur Charles reçoit une chaîne d’or ; Madame Magdelaine un collier et une ceinture[127]. Le roi de Sicile, le comte du Maine ont de riches présents[128]. En 1453, le Roi, se trouvant à Moulins à l’époque du jour de l‘an, fait des libéralités au duc de Bourbon, à sa fille Jeanne, mariée au comte de Clermont[129], et aux filles du duc. Jeanne d’Ecosse, la seule des sœurs de Marguerite qui soit encore en France, et Jeanne de Laval, unie plus tard au roi de Sicile, ont régulièrement leurs étrennes. Il en est de même pour quelques dames ou demoiselles qui tiennent rang à la cour du Roi, et qu’il faut distinguer de celles qui appartiennent à la maison de Marie d’Anjou : madame de la Varenne (femme de Brezé), reçoit chaque année trois cent cinquante écus d’or ; madamoiselle Jehanne de Rosny, madamoiselle Agnès de Vaulx, Marguerite d’Esponville et Marguerite d’Aubusson ont chacune cinquante écus en 1452 ; les deux premières en ont cent en 1453 (toutes quatre étaient avec le Roi à Moulins)[130]. Il faut citer encore, parmi les personnages nommés dans ces comptes, le chancelier, l’évêque de Maguelonne, l’aumônier du Roi, Jean d'Aussy, ses deux médecins Thomas le Grec et Guillaume Traverse, ses trois chirurgiens, deux astrologiens[131], les quatre trésoriers de France, les trois généraux des finances, etc.

Un événement inattendu survint dans le courant de 1454 : le favori que Charles VII avait comblé de ses dons et auquel il n'avait cessé de prodiguer les marques de son amitié[132], ce Villequier parvenu à une si brillante fortune, disparut soudain de la scène. Le 11 avril, il faisait à Chissay son testament. Charles VII, alors absorbé par d'importantes affaires politiques et par la préparation de la grande ordonnance sur la réforme de la justice, ne tarda pas à quitter les Montils pour venir dire un dernier adieu à son premier chambellan. Nous le trouvons en mai à Montbazon, où il reçut, le 19, des ambassadeurs d'Écosse et Toison d'or, envoyé du duc de Bourgogne ; de là il se rendit à Chissay, puis à Pressigny et à Preuilly, où l'on croit qu'André de Villequier mourut le 1er juillet[133], et où, le 11 du même mois, le Roi confirma son testament, désignant comme exécuteurs testamentaires Louis de la Rochette, Pierre Doriolle et Laurent Girard[134]. Dès le 8 juillet, Charles VII avait pourvu au remplacement d'André comme gouverneur de la Rochelle : ce poste important fut confié à Jean de Chambes ; le 20 novembre suivant, Guillaume Gouffier héritait de la charge de premier chambellan.

 

 

 



[1] Voir t. IV, chap. VIII.

[2] C'est un poème en mètres léonins qui commence ainsi :

Fulgor Apollineus rutilantis luxque Dianæ.

Il a été cité par Delort (Essai critique, etc., p. 209). Dans l'Épitaphe de Jacques Milet, on y fait allusion en ces termes :

... en temps de prospérité

Fist Fulgor Apolineus

Pour Agnez, dame de Beaulté.

Ce metre est en solempnité

Escript richement sur sa lame.

Voir la notice consacrée à Jacques Milet (ou Millet) par M. Vallet de Viriville dans la Nouvelle biographie générale. Cf. ms. latin 11414, f. 35 v°, et ms. fr. 1716, f. 19. Dans Ce dernier manuscrit, postérieur au précédent, le dernier vers est ainsi transcrit :

Escript à Loches sur la lame.

[3] Lettres d'amortissement en date du mois de décembre 1451, publiées par Vallet de Viriville, Nouvelles recherches sur Agnès Sorel, p. 82. Cf. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XI, p. 322 et suivantes.

[4] Un à Jumièges, où se trouvaient ses entrailles ; un à Loches, où son corps fut transporté. Voir Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. III, p. 187 ; Recherches historiques sur Agnès Sorel, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, t. XI, p. 316 et suivantes ; Nouvelles recherches sur Agnès Sorel, p. 82 et suivantes ; Dictionnaire historique... des trois arrondissements d'Indre-et-Loire, par Dufour, t. II, p. 178 et suivantes ; Translation du tombeau d'Agnès Sorel en 1777, dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. VI, p. 209-212. — Sur le mausolée de Loches, voir l'Essai critique de Delort, p. 208 et suivantes.

[5] M. Vallet de Viriville pense que la maîtresse qui succéda à Agnès Sorel était en faveur avant la mort de celle-ci (voir t. III, p. 184 et 243). On se rappelle le mot de Thomas Basin (t. I, p. 313) : nec eam quippe solam, nec ipsa eum solam. Mais l'évêque de Lisieux, qui ajoute : sed cum ipsa etiam satin copiosum gregem mulierculorum omni vanitatis generi dedicatum, parait ici se tromper sur les dates, comme cela lui arrive souvent : le fait qu'il allègue ne se produisit que postérieurement. C'est à tort, croyons-nous, que Marguerite de Villequier (mariée dès 1449 à Antoine d'Aubusson) et Antoinette de Villequier (mariée en octobre 1451 à Jean de Levis) ont été rangées (voir Camille Favre, Introduction au Jouvencel, p. CLXXVII, note) au nombre des maîtresses de Charles VII, et cela du vivant d'Agnès Sorel.

[6] Les comptes et documents du temps mentionnent des dons faits à la plupart de celles que nous avons nommées plus haut spécialement aux suivantes : Marie de Belleville, Isabeau de Hestray (ou Hettré), Jeanne de Montberon, Prégente de Melun ; Jeanne de Courcillon ; Jeanne Rochelle, Blanche de Compains, Alix de Tournay, Jehannette Gazelle, Jacqueline de Villetot, Jeanne Filleul, Marguerite et Antoinette de Villequier, Marguerite de Salignac. Voir Comptes de Xaincoins, dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 101 v°, 103, 111 v°, 113 v°, 114, 124 v°, 125 ; Preuves de Math. d'Escouchy, p. 257, 259, 263, et Supplément, p. 16, 17 et 29 ; Clairambault, 207, p. 89, 90 et 91 ; Pièces originales, 1155 : FILLOL ; 2519 : ROCHELLE, 2612 : SALIGNAC ; Ms. fr. 26081, n° 6445.

[7] On voit par les comptes que Catherine de Maignelais, châtelaine de Verneuil, touchait, en 1451 et années suivantes, une pension de 300 l. t. (Cabinet des titres, 685, f. 141 v°, 156 v°, 164.) — Cette pension de 300 livres était faite à la mère d'Agnès Sorel du vivant de celle-ci. Nous avons la preuve par une lettre que Jacques Cœur écrivait de Loches, en date du 2 août 1449, à Jean Vigenere : Au surplus, passez par ma damoiselle la more de ma damoiselle Agnès, et luy baillez unes lettres que je lui escris. Voiez-les avant et empruntez ou prenez de Pierre Jobert, quant retournera de Genefve, cent escuz, et les luy portez, et n'y faictes faulte. Et luy pourrez dire que je vous ay escript et chargé luy fournir jusque à inc fr. Et entre cy et le bout de l'an, je penseré où se prandera la reste. Si ne poviez avoir lesdiz cent escuz de Jobert, au premier autre de nies gens à qui les demanderez les vous baillera ; mais ne faillez à les luy porter quant vous yrez devers elle, comme dit est. Cette lettre est citée dans le Procès-verbal de la vente des biens de Jacques Cœur (Archives, KK 328, f. 339 v°). On y voit que Catherine de Maignelais, alors déjà veuve de Jean Soreau, fit donner quittance des 100 écus le 15 août 1449, et du surplus des 300 livres le 28 octobre suivant.

[8] Les généalogistes la font naître vers 1420.

[9] Et elle estoit bien aussy belle que sa tante. Jacques du Clercq, t. IV, ch. XXIX. C'est par erreur que le chroniqueur fait d'Antoinette une nièce d'Agnès, et cette erreur a été souvent reproduite.

[10] C'est au moins ce qui ressort d'une note ainsi conçue, qui se trouve dans la collection de D. Grenier, vol. 210, f. 13 v° : Le roi Charles VII retira des mains de Charles de Bourbon, comte de Clermont, la terre de Maignelay au mois d'août 1449, pour Antoinette de Maignelay, sa maitresse, petite-fille de Raoul, seigneur de Montigny et de Coivrel, sur qui Louis II se l'était fait adjuger. Cf. Histoire généalogique du P. Anselme, t. VIII, p. 541. — Ce n'était pas, d'ailleurs, un brillant cadeau, car les terres de Maignelais et de Sains étaient tombées en non-valeur, et se trouvaient grevées de lourdes charges par defaulte d'outille et de devoirs non faits aux ducs de Bourgogne et comte d'Estampes, de qui elles relevaient. Voir un acte du 16 décembre 1443, dans Beauvillé ; Documents inédits concernant la Picardie, 1860, p. 119.

[11] Voir t. IV, chap. VI.

[12] 1446-47. André, seigneur de Villequier, escuyer, VIc l. pour soustenir son estat. — André, seigneur de Villequier, IIc VI l. pour entretenir son estat. — André de Villequier, escuyer, LXVIII l. XV s., et ainsy par mois. — Mg de Villequier, VIxx XVII l. X s. outre ses gages et autres dons. — André, seigneur de Villequier, CXXXVII l. X s., outre et par dessus les pensions et autres sommes qu'il avoit par mois. Idem en juillet. Neuvième compte de Xaincoins. Cabinet des titres, 685, f. 111 v°, 112, 113, 113 v°, 114 v°. — 1447-48. André, seigneur de Villequier, escuyer, LXVIII l. XV s. par mois pour estre en la compagnie du Roy. — André, seigneur de Villequier, escuyer, VIc l. outre ce qu'il prend par mois. Dixième compte, f. 123, 123 v°.

[13] Sa signature se trouve au bas d'une lettre de rémission donnée à cette date au château des Roches-Tranchelion. Archives, JJ 179, n° 325. Cf. Vallet de Viriville, Charles VII et ses conseillers, p. 24 et 57.

[14] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 241.

[15] Lors du complot des Écossais, en juin 1450, il fut un de ceux qu'on devait enlever. En juillet 1449, Blanche d'Aurebruche, vicomtesse d'Acy, donna, dit-on, douze mille écus à Villequier pour obtenir de la chancellerie royale des lettres de rémission. Voir Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, t. XIX, p. 412 et suivantes.

[16] Nous, les choses dessus dictes considerées et la bonne et affectueuse amour que nous avons à la personne dudit sire de Vilequier, et pour consideration des bons, louables et agreables services que ses predecesseurs ont fais à nous, à noz predecesseurs et aussi que 'nous a fait dès son enfance ledit sire de Vilequier, estant continuellement en nostre service autour de nostre personne, fait et continue chascun jour et esperons que pies face ou temps à venir... Archives, JJ 180, n° 127 ; imprimé dans Delort, Essai critique, p. 294. Les lettres du 7 juillet sont contresignées par le comte de Dunois, les sires de la Varenne (Brezé) et de Bueil, et Jacques Cœur. Cf. Math. d'Escouchy, t. I, p. 291 ; Delisle, Histoire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 276-77. — Dunois, qui avait reçu les mêmes terres après la mort du comte d'Aumale, mais n'avait pu en jouir puisqu'elles venaient seulement d'être reconquises, intervint à l'acte, et consentit, de son propre mouvement de liberale voulenté, à la renonciation de tous ses droits. M. Delisle reproduit un autre acte en date du 7 juillet, reçu par les tabellions de Caen, par lequel Dunois, en présence de Jacques Cœur et de Jean Havart, reconnut avoir, pour le bon amour et affinité qu'il avoit à noble homme André, sire de Villequier, escuier, conseiller et chambellan du Roy nostre sire, et pour son bien et avancement, quitté et délaissé tous ses droits. De nouvelles lettres furent données à Ecouché, au mois d'août suivant (avant le 15, suivant l'Itinéraire de Charles VII). Elles ont le même but et les mêmes considérants ; on y remarque seulement certaines variantes. La terre d'Anvers est ici mentionnée, et ne figure pas dans les lettres du 7 juillet ; d'autres possesseurs de la vicomté de Saint-Sauveur et de ses dépendances sont nommés, etc. Ces lettres, contresignées par Dunois, le grand maitre d'hôtel (Culant) le sire de Torcy, Théaulde de Valpergue et Guillaume Cousinot, portent au dos les mentions suivantes : Lecta et publicata de expresse mandato Regis, iteratis vicibus ; facto Parisiis in Parlemente (13 février 1450). CHENETEAU. — Lectis etiam presentibus in camera compotorum prœfati domini Regis ad burellum et de ejus expresse mandato per certes nuntios ad hoc cum litteris clausis specialiter destinatos facto obtemperatum est, etc. (15 février 1450). LE BÈGUE. — Vidimus original, Archives, P 19052, n° 6438 ; copie moderne, P 2299, p. 40.

[17] Pour consideracion des grans et recommandables services que aucuns des parens et amis de nostre très-amé et feal chambellan André, sire de Villequier, ont fais tout leur temps à feu nostre très-chier seigneur et père, cui Dieu pardoint, et à nous, tant ou fait de nos guerres, etc., et pareillement ledit de Villequier entour nous, où, dès sa jeunesse, il a esté nourry, comme encores est de present, confins à plein de ses sens, preudommie et bonne diligence, et voulans le pourveoir d'estat honorable à ce qu'il soit plus enclin et curieux de perseverer de bien en mieulx en nostre service. Vidimus original, Clairambault, 963, p. 7. Lettres données à Écouché et contresignées par les sires de Bueil et de Prully (Frotier) et Guillaume Cousinot. — Le même jour le Roi lui donnait un délai d'un an pour prêter serinent en Parlement. Id., ibid.

[18] Messire Emar de la Rochefoucault, chevalier, seigneur de Montbazon, M l. pour le desroy fait à Montbazon quant le Roy y a logé. Deuxième compte de Math. Beauvarlet, l. c., f. 142. — Aymard était fils cadet de Guy, seigneur de la Rochefoucauld, et de Marguerite de Craon, dame de Sainte-Maure ; il épousa Jeanne de Mareuil. Dès le 30 décembre 1436, il faisait foi et hommage au Roi pour les terres et seigneuries de Sainte-Maure et Nouatre. (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. VI, p. 278, 293-94.)

[19] Voir la notice de M. Ch. de Sourdeval, dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. IX, p. 60-62.

[20] Anthoine de la Motte, eschançon du Roy, IIIIxx II l. X s., pour avoir conduit en décembre de Montbason en Beauvoisis la mère de mademoiselle de Villequier. Deuxième compte de Beauvarlet, f. 144 v°.

[21] Ces lettres se trouvent, avec la date du 22 octobre, dans Du Puy, 634, f. 55, et dans Dom Housseau, IX, n° 3941, et aux Archives nationales dans le registre JJ 186, n° 13 ; elles se trouvent, avec une clause spéciale visant l'ordonnance du 16 novembre 1447, et la date du mois seulement, aux Archives nationales dans le registre JJ 185, n° 95, et dans le registre P 2299, p. 34. Elles sont contresignées par les évêques de Maguelonne, de Maillezais, de Carcassonne et d'Agde, les comtes de Saint-Pol et de Tancarville, le grand maitre d'hôtel (Culant), les sires de Torcy, de Preuilly (Frotier), de Baugy (Bar) et de Charles (Charles de Ventadour), Jean de Chambes, Louis d'Aumale, Jacques Cœur, Jean Hardouin et Étienne Chevalier.

[22] La liste se trouve dans l'acte d'hommage publié par D. Morice, t. II, col. 1544-48. On y trouve le nom de Philippe de Gamaches, abbé de Saint-Denis. Or Philippe était l'oncle d'André de Villequier.

[23] Ces qualifications de dame et damoiselle ne s'appliquent pas, comme on pourrait le croire, à des femmes mariées et à des femmes non mariées. On voit que le chroniqueur, en parlant d'Antoinette et de son mari, dit : Monseigneur de Villequier et madamoiselle sa femme. On appelait madame la femme d'un chevalier, ou une dame un rang très élevé ; le titre de mademoiselle était donné aux autres femmes nobles mariées à un simple écuyer. Dans les comptes de 1452-54, Antoinette est appelée madamoiselle de Villequier.

[24] Jean Chartier, t. II, p. 249.

[25] Archives, P 2299, p. 56 ; D. Rousseau, IX, n° 3940.

[26] Dom Rousseau, XII, n° 5774. Cf. Carré de Busserolle, Recherches historiques sur la vicomté de La Guerche, 1862, in-8°, p. 32. — Le 1er septembre 1449, Nicole Chambre, écuyer du pays d'Écosse, seigneur de la Guierche en Touraine, déclare avoir reçu du Roi la somme de cinq mille livres tournois, en faveur des services qu'il lui a faits pour la garde de son corps et pour l'aider à payer la terre de La Guerche, acquise par lui l'année précédente. Clairambault, 28, p. 2044.

[27] Le prix d'achat avait été de 1.100 écus d'or ; celui de vente fut de 1.000 écus d'or. Le château de La Guerche est ainsi décrit dans une note de la collection de Dom Rousseau (XII, n° 5780) : La Guerche, vicomté très-ancienne, consiste dans une ville murée et entourée de grands fossés avec un beau château composé de grands bâtiments en pierre de taille fondés dans la rivière, cinq grosses tours qui ont plus de douze pieds d'épaisseur dans leurs murs et élevés de plus de soixante pieds de hauteur au-dessus de leurs fondements, grands fossés pleins d'eau vive, revestus de pierres de taille, ponts levis, etc. Ceste viconté relève du Roi à cause de son chasteau de Tours... — Ce château fut bâti par les Villequier, ainsi que l'atteste la présence de leurs armes à différents endroits, et sans doute postérieurement au règne de Charles VII.

[28] Thomas Basin, t. I, p. 325 et 313-14.

[29] Chartier parle (t. III, p. 18) du doux aqueil qu'il avoit coustume de faire à ses gens.

[30] Th. Basin, t. I, p. 327. En septembre 1451, les gens de Compiègne envoient solliciter pour le fait de leur ville ; le Roi était au château de Villedieu, où on entroit à très-grant peine. Archives de Compiègne, CC, 19, dans la Bibl. de l'École des chartes, t. XXIV, p. 496. — C'est à tort que M. Vallet, dans son Histoire de Charles VII, donne à ce fait la date de 1453 : l'Itinéraire de Charles VII prouve qu'il faut le placer en 1451.

[31] Dans son épître Verba mea auribus, écrite vers le mois de mars 1452, Jouvenel des Ursins fait allusion en ces termes à ces fâcheuses influences (ms. fr. 2701, f. 103 v°) : La deuxiesme consideracion si peut estre quelles gens de conseil vous devez avoir prez de vous. Outre les autres y a ceulx qui sont vos collateraux, que on appelle chambellans, et communement sont conseilliers et vous doivent accompaigner jour et nùyt. Et si y en peut avoir de deux manières : les ungs josnes d'aage, les aultres anciens chevaliers, et de aucuns le conseil est à ouyr et entendre : car, comme dit Job, in antiquis est scientia. Mais, de josnes, le conseil est bien perillieux, et y devez bien adviser quelle moquerye et derrision seroit se le peuple de ce royaume congnoissoit et veoit que en eussiés le conseil et la voulenté d'un josne prez de vous, et que l'on deist que le Roy ne fait que ce que ung tel veult et sa voulenté est faicte. C'est à dire que il seroit mieulx à paine au regard de ce royaume que vous et que à paine de ses voulenté et plaisir feriez une loy ou ordonnance. Dieu vous a donné sens et entendement : regettez la voulenté de telles jeunes gens, et regardez le proffit et honneur de vous et de la chose Publique de vostre royaume. Nous avons (III° R. XII° cap°) que Roboam adhesit consilio juvenum, et par son conseil aggravoit le peuple de exactions, et la plus grant partie le delaissa : et ejus regnum divisum. Regardez autour de vous se il en y a aucuns qui soyent convoiteux et qui vous induisent plus à continuer les exactions sur le peuple pour le proffit que ilz en ont, et, soient josnes et vieux, et les regettés... Helas ! j'ay grant doubte, mon souverain seigneur, que souvent on vous conseille plusieurs choses que vous ne advisez pas, où il y a plus proffit et moins d'onneur. Justice est à preferer à utilité et honneur à proffit.

[32] C'est ainsi qu'il faut entendre le passage de Th. Basin, t. I, p. 325, qui est d'ailleurs en contradiction avec deux autres passages : t. I, p. 323 et t. II, p. 8.

[33] En 1452, lors du voyage du duc de Savoie à Cleppé près de Charles VII, le duc disait à l'un de ses familiers : On m'a dit beaucoup de bien d'un nommé le seigneur de Villequier, qu'il est un très bon preudhomme et très sage et prudent de son aage, et que mondit seigneur le Roy l'a nourri, par quoy il me semble que le doit mieulx cognoistre. Déposition de Valeran, citée par Camille Favre, Introduction au Jouvencel, p. CLXXXVI, note 1.

[34] Voir t. IV, aux chapitres VI et VII.

[35] Dons en 1446 et années suivantes. Voir Cabinet des titres, 685, f. 112, 123 v°, 144, 123 v°, 126, 126 v°.

[36] Lettres données à l'abbaye de Grestain, signées du Roi, et contresignées par Jacques Cœur et Robert Poitevin (et Étienne Chevalier comme secrétaire). Vidimus original, P 19071, n° 15891. Pour consideracion des bons et agreables services que nostre amé et feal escuier d'escuierie Guillaume Gouffier nous a faits, tant en son dit office comme ou fait de noz guerres, et mesmement au recouvrement et conqueste de cestui nostre pays de Normandie, où il a esté et s'est vaillamment gouverné depuis le commencement d'icelle conqueste jusques à ores, et autrement en plusieurs et maintes manières le temps passé, fait de jour en jour et esperons que encores face le temps à venir, voulant d'iceulx aucunement le remunerer et compenser, à ce qu'il soit plus enclin et curieux de continuer en nostre dit service, et ait mieulx de quoy honorablement entretenir son estat entour nous... — Ces lettres ont été citées à tort par Blanchard (t. I, col. 265), et le P. Anselme (t. V, p. 607) avec la date du 30 mars.

[37] Analyse de ces lettres dans Pièces originales, 1367 : GOUFFIER, f. 269 v° ; cf. le P. Anselme, qui leur donne la date du 17 décembre 1450.

[38] Voir l'Histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré, édition Guichard, p. 135.

[39] Il avoit esté en sa jeunesse très-aymé de ce Roy, tant qu'il ne voulut oncques souffrir coucher nol gentil homme en son lit fors luy. En ceste grande privaulté que je vous dis, luy compta le Roy les parolles que la Pucelle lui avoit dictes... Pierre Sala, dans Ms. fr. 10420, et Quicherat, Procès de Jeanne d'Arc, t. IV, p. 280.

[40] Et non le beau-frère, comme le dit M. Vallet (t. III, p. 270).

[41] Voici en quels termes il est fait allusion à ce mariage et à la faveur de Gouffier dans des lettres de Louis XI en date du 9 novembre 1462. Du vivant de feu nostre très chier seigneur et père, que Dieu absoille, ledit Guillaume Gouffier estant son serviteur et fort prouchain de luy, il monstroit à icelluy Gouffier grant signe d'amour, et luy fist plusieurs biens, et entre autres luy donna la terre et seigneurie de Roquecerière ou pays de Rouergue... et après, voulant alier ledit Gouffier par alliance avec gens de grand hostel, traicta le mariage de luy et de ladicte Loyse (d'Amboise) sa femme... Ledit mariage n'eust pas esté fait ne accompli si n'eust esté à sa requeste... Vidimus original, dans Pièces originales, 1366 : GOUFFIER.

[42] Dans des lettres délivrées à Paris par la chancellerie royale, le 19 mai 1449, il est qualifié de chambellan (Original, Ms. fr. 6539, f. 68) ; dans des quittances des 25 et 31 août 1449, il s'intitule encore valet de chambre du Roi (Clairambault, 12, p. 759, et 54, p. 4101) ; dans les lettres du 20 février 1450, il est qualifié d'écuyer d'écurie du roi (Archives, P 19071, n° 15891).

[43] En remplacement d'Amaury d'Estissac, qui avait résigné cette charge : lettres données à Luzignan le 11 juin 1451. En voici les considérants : Pour consideracion des bons et agreables services que nous a faiz par long temps nostre amé et feal chambellan Guillaume Gouffier, escuier, fait et continue chascun jour en plusieurs manières, ct espérons que plus face ou temps avenir, et pour la grant confiance que nous avons de personne et de ses sens, proudomie, loyaulté, bonne diligence... Vidimus original, Clairambault, 951, p. 101. — Par lettres du même jour, obstant, disent les lettres, occupation continuelle qu’il a en nostre service, Gouffier obtint un délai d’un an pour prêter serment devant le Parlement. Ms. fr. 6739, f. 73.

[44] La première ordonnance que nous ayons rencontrée portant son nom parmi les signataires, est du 4 février 1451. Il avait une pension annuelle de 1.200 l., et des allocations supplémentaires qui s’élevaient à pareille somme en 1454. Cabinet dos titres, 685, f. 147 v°, 154 v°, 162, 164, 172, 174 v°. Cf. Clairambault, 163, n° 4813 et 15 ; Ms. fr. 20683, f. 47 ; extraits des comptes, relatifs à Guillaume Gouffier : original aux archives des Deux-Sèvres (communication de M. Berthellé, archiviste).

[45] Jean Chartier (t. II, p. 111 et 134), Berry (p. 441) et Mathieu d’Escouchy se bornent à le mentionner (t. I, p. 213) dans l’énumération des capitaines qui suivaient le Roi dans la campagne de Normandie.

[46] Par lettres du 4 juin 1441. Ms. fr. 21405, p. 104.

[47] Dès le mois de mars 1443. Ms. fr. 20684, p. 580 ; Clairambault, 17, p. 1155 ; Pièces originales, 2522 : ROCHETTE. Dans des lettres du 22 avril 1458, le Roi parle de l’occupation continuelle qu’il a eue et a chascun jour en nostre service, à cause de sondit office de maistre d’ostel. Pièces originales, 381 : BOHAN LA ROCHETTE. Voir les comptes de l’hôtel de 1450 à 1461. Archives, KK 52, et Bibl. nat., Ms. fr. 6751-6754.

[48] Lettre du 8 octobre 1446. Vidimus, Pièces originales, 928 : CRESPIN. Don à Jean Crespin, seigneur de Mauny, de l'office de maître et réformateur des eaux etb forêts en Normandie et Picardie, que nagaires tenoit et possedoit nostre amé et feal chevalier et chambellan Loys de la Rochette, nostre maistre d'ostel, vacant à present par la pure et simple resignation qu'il en a faicte aujourd'hui en noz mains au prouffit dudit Jehan Grespin. — Jean Crespin, dont la sœur avait épousé Pierre de Brezé, était beau-frère de Gouffier par sa femme Marguerite d'Amboise. — Lettres du 8 janvier 1454, desquelles il appert que La Rochette reprend sa charge. Pièces originales, 381 : BOHAN.

[49] Messire Loys de la Rochette, chevalier, mareschal des logis du Roy, 60 l. t. pour un voyage de Saumur à Angers (en décembre 1443) faire les logis du Roy et autres seigneurs de son sang. (Cabinet des titres, 685, f. 85.) — Messire Loys Rochette, chevalier, maistre d'hostel du Roy, 60 l. pour ses despens à Troyes et à Montieramé, Bar-sur-Aube et ailleurs où le Roy a esté. (685, f. 83.) — Messire Loys Rochette, chevalier, mareschal des logis du Roy, 40 l. pour avoir esté (1446) ès pays de Poitou et Xaintonge visiter les logis des villes dudit pays. (Id., f. 105 v° ; cf. f. 106.)

[50] Voir mémoire sur les différends avec la Savoie, dans Brienne, 83, f. 1-15 ; Pièces originales, 2522 : ROCHETTE, n° 7.

[51] Voir ms. fr. 18442, f. 56.

[52] Sauval, Antiquitez de Paris, t. III, p. 348 ; Cabinet des titres, 685, f. 136 v°, 147 v° 149 v°, 151 v° ; Douët-d’Arcq, Comptes de l'hôtel, p. 339.

[53] Cabinet des titres, 685, f. 141, 155, 164 v°, 174.

[54] D. Morice, t. II, col. 1546.

[55] A madame Jehanne de Villequier, dame de Martres, femme de messire Lois de la Rochette, devant nommée, la somme de cinq cents livres tournois pour cinquante marcs d'argent que ledit seigneur lui a donnez. Vingt-et-unième compte de l'hôtel (1450, 1er octobre, à 1451, 31 mars). Archives, KK 52, f. 12. Cette mention, qui se retrouve dans le 22e compte (f. 21 v°), disparait dans les suivants.

[56] Mais La Rochette dut, sur ce don, payer mille escus à Antoinette de Maignelais et cinq cents à Antoine de Chabannes (Vallet, Histoire de Charles VII, t. III, p. 306). Les lettres données le 23 mai 1454, portant confirmation du don des biens de Louis de Courcelles, nous fournissent la date du 17 avril 1451 et les considérants que nous avons cités (Archives, JJ 191, n° 10). — En juillet 1451, à Taillebourg, des lettres de rémission sont accordées à un homme d'armes employé sous La Rochette (Archives, JJ 185, n° 154).

[57] Loys de la Rochette, escuyer, nouvellement eschancon du Roy, à XX l. par mois de gages, à commencer du mois d'avril (1451). Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, l. c., f. 141.

[58] Voir t. IV, chap. VI.

[59] Rôle du 4 novembre 1450, dans Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 376.

[60] Le 13 mars 1451. Voir Registres des comptes, aux archives de Tours, vol. XXXII, f. 41 v°. Cf. quittance du 27 mai 1451. Clairambault, 137, p. 2417.

[61] A madame de Monteil, pour lui aidier à supporter sa despence, VIc l. t. (Rôle du 27 mars 1450, dans Supplément aux Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 16). Marguerite de Villequier, dame de Monteil, XIIc l. pour entretenir son estat (Deuxième compte de Math. Beauvarlet (1450-51, f. 141 v°) ; autant en 1451, 1452 et 1453 (M., f. 155 v°, 164, 174). — Nombreux dons en 1452, 1453 et 1454. (Ms. fr. 10371, f. 6 v°, 12, 20 v°, 22, 31.)

[62] 9e et 10e comptes de Xaincoins (1446-48), f. 114, 115, 123 v°, 126 v° ; compte de Mathieu Beauvarlet (1450-51), f. 141, 142 v°.

[63] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 286 ; Chartier, t. II, p. 199.

[64] Dom Bétencourt, Noms féodaux, 2e édit. t. III, p. 40. Par son testament en date du 16 mai 1444, Antoine de Levis avait institué Jean son héritier universel (Archives, P 13621, n° 1024) ; par acte du 4 juillet 1452, il lui fit donation de tous ses biens meubles et immeubles (P 13992, n° 887) ; il fit un nouveau testament le 13 août 1454 (P 13742, n° 2462). Le comte de Villars vivait encore le 15 janvier 14-59 (Clairambault, 172, p. 5695).

[65] Le contrat de mariage est du 22 août 1451.

[66] Voir le P. Anselme, t. IV, p. 29, etc. — Il est (ainsi que son frère Antoine) qualifié dans des lettres royaux en date du 19 mars 1467, d'homme de bien petit gouvernement, et exerçant touz les fait et œuvres de prodigue et de dissipateur de biens. Pièces originales, 1706 : LEVIS.

[67] Voir les dépositions recueillies dans l'enquête faite à ce sujet. D. Morice, t. II, col. 1551-54. Cf. Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 389.

[68] D. Morice, t. II, col. 1550 et suivantes. En mars 1451, Jean Tudert fut envoyé en Bretagne pour le fait d'Olivier de Meel. Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 144 v°. Lettre de Jean Tudert à ce sujet, dans le ms. disparu de la Bibliothèque nationale : Fr. 15537, f. 127.

[69] Le dernier acte passé à Montbazon, à la date du 18 décembre 1450, fut l'assignation d'une somme de 20,600 écus, sur le fait des greniers à sel et de l'équivalent du Languedoc, à Jacques Cœur, pour le rembourser de la vente que, de concert avec Robert Poitevin et Étienne Chevalier, comme lui exécuteurs testamentaires d'Agnès Sorel, il avait faite au Roi de certains joyaux et bagues. Lettres visées dans l'inventaire qui se trouve en fragment au Cabinet des titres, Pièces originales, 799, feuillet coté 150 v°.

[70] Regrets et complaintes de la mort du Roy Charles VII, derrenier trespassé, par Henri Baude, dans Nouvelles recherches, etc., p. 20.

Vous, conte d'Eu, qui de phisonomye

Luy ressembliez, ne plourerez vous mye ?

[71] Chastellain, t. II, p. 167.

[72] Jà estoit entré bien avant au palais d'honneur. Chastellain, t. II, p. 165.

[73] Nous parlerons de cette disgrâce dans le chapitre suivant.

[74] Tous ces personnages figurent à cette époque parmi les signataires des ordonnances ou dans les comptes. Gaucourt a 1.0001. de pension, 2.000 l. pour la capitainerie de Chinon et 500 l. pour la garde de Gisors ; Brezé cumule les charges de conseiller et chambellan, sénéchal de Poitou jusqu'en juillet 1451, capitaine de cent lances fournies logées en Poitou, grand sénéchal de Normandie (par lettres du 3 avril 1451), capitaine de cent lances fournies logées en Normandie, bailli de Mantes et de Meulant (par lettres du 17 avril 1450), capitaine de Rouen et de Toupie ; Mouche une pension de 5.000 L et a 1.200 l. pour ses gages de sénéchal ; Jean d'Estouteville, outre sa pension, a 300 l. comme capitaine de Chassenay ; Jacques de Chabannes a 1.200 l. de pension et 600 l. pour entretenir son état ; Antoine a, outre une pension de 1.200 l., 1.000 l. pour son état et 200 l. en plus ; le comte de Tancarville a environ 2.000 l. de pension et 500 l. pour la garde du Bois de Vincennes ; Mathieu d'Harcourt a quatre livres par mois comme capitaine et 1.200 l. comme capitaine de Loches ; Saintrailles a reçu 2.000 l. en novembre 1449 ; Bertrand de la Tour a 2.000 l. de pension et 600 l. en sus ; Louis de Beaumont a 1.200 l. de gages. Comptes dans le ms. 685 du Cabinet des titres, etc.

[75] En particulier, les sires de Brion, de Genlis (Hangest), de Rely, de Moyencourt et de Moy (Soyecourt) et Colart, sire de Mouy.

[76] Il faut nommer Fouquet Guidas, maitre d'hôtel, qui a 800 l. comme capitaine d'Amboise, et Jean du Mesnil, qui a 2.000 l. comme capitaine de Lusignan.

[77] Perceval Pelourde, escuyer, valet de chambre du Roy, IXxx XVII l. X s. qu'il avoit baillé aux gens qui ont fait les fossez, bayes, allée et boullevart d'entour le parc du Chastel des Montils lez Tours, pour la closture dudit parc. Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 113 v°.

[78] Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 145-146.

[79] Messire Estienne Chesneau, prestre, et Guillaume Joucelin, demeurais à Tours, LV l. pour partie des frais et mises qu'ils ont fait pour le fait du mistere de saint Charles Magne qu'ils ont fait jouer devant le Roy. Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 143 v°.

[80] Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 142, 156, 164 v° ; autre don de cent livres fait à Perrinne Brissonnette. Idem, f. 142.

[81] Dixième compte d'Étienne de Bonney, l. c., f. 148.

[82] Rôle du 2 avril 1451. Supplément aux preuves-de Mathieu d'Escouchy, p. 29.

[83] Rôle du 2 avril 1451. Supplément aux preuves-de Mathieu d'Escouchy, p. 29-30.

[84] Rôle du 2 avril 1451. Supplément aux preuves-de Mathieu d'Escouchy, p. 28-29.

[85] Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 143, 143 v°.

[86] Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 142.

[87] Dixième compte d'Étienne de Bonney, l. c., f. 148.

[88] Lettres données à Montils-les-Tours au mois de mars 1451 et contresignées par Dunois et Brezé. Archives, JJ 185, n° 79.

[89] Le Roi est à Montbazon les 9 et 10 avril, en compagnie du grand maître Jacques de Chabannes, de Brezé, de Jean de Chambes, de Cousinot. Don fait le 9 avril à Jean, seigneur de la Rochefoucauld, frère aîné d'Aymard, que les généalogistes appellent Foucaud (Clairambault, 193, p. 7603) ; don de 500 l. à Aymard, fait à ce moment (Cabinet des titres, 685, f. 155 v°).

[90] Du 21 avril au 20 mai environ.

[91] Lettres du 20 mars 1451, données à Montils-les-Tours. La pension comptait à partir du 1er octobre. Les lettres sont contresignées par le comte de Tancarville, Louis de la Rochette, Louis de Harcourt et Pierre Bérard (Clairambault, 207, p. 8991). On a une quittance signée dès le 24 mars par Villequier pour cette somme de 2.000 fr. (Clairambault, l. c.).

[92] Deuxième compte de Math. Beauvarlet. Ms. 685, f. 141 v°.

[93] Voir Procès de Jeanne d'Arc, t. I, p. 235 ; t. IV, p. 54-55, 129, 212.

[94] Catalogue des actes, et ms. 685, f. 146.

[95] Sur sa route, Charles VII, après avoir traversé Poitiers et s'être arrêté pendant quinze jours à Lusignan, visite l'église des Cordeliers à Aulnay-en-Saintonge (Ms. 685, f. 146).

[96] Chartier, t. II, p. 323 ; Catalogue des actes. — Le 9 juillet, Charles VII autorise André, seigneur de Villequier, pour consideracion des bons et notables services que nous a faiz et fait chascun jour nostre amé et feal conseiller et chambellan, et à ce qu'il se puisse mieulx et plus honnorablement entretenir en nostre service, à faire transporter hors du royaume et à vendre sans payer de droits cinq cents tonneaux de blé (Original signé, Clairambault, 207, p. 8993).

[97] Et lui escripvi ledit comte de Dunois qu'il estoit necessité qu'il se tirast avant en Pays, et qu'il se devoit logier en la ville de Liborne, pourtant que elle estoit grande et spacieuse. Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 336. C'est à tort que le chroniqueur ajoute : ce qu'il fist en briefz jours ensievant.

[98] Marie, née sans doute vers le mois d'octobre 1444 ; Charlotte, née vers le mois de septembre 1446 ; Jeanne, née vers le mois de février 1448.

[99] Feu Pregent de Coetivy, ci devant, par nostre ordre et commandement, prit ladicte Marie notre fille estant enfant, et la mena audit chastel de Taillebourg, ouquel tant durant la vie dudit feu Prigent de Cœtivy que depuis elle a esté nourrie et allimentée. Lettres de Charles VII du 28 octobre 1458. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XI, p. 481. Cf. lettres du mois de novembre 1458, publiées par Marchegay, Lettres de Marie de Valois, etc. (1875), p. 30.

[100] Messire Olivier de Coëtivy, chevalier, seneschal de Guyenne, VIxx XVII l. X s. pour bailler à Mademoiselle Marie, de laquelle il a la garde et gouvernement, à laquelle le Roy l'a donnée pour entretenir son estat. Deuxième compte de Mathieu Beauvarlet (octobre 1450-septembre 1451), l. c., f. 144. — Mademoiselle Marie, demeurant à Taillebourg, IIc LXXV l. en juillet (1453) pour ses menues necessitez. Quatrième compte, l. c., f. 165 v°.

[101] Olivier partit de La Réole le 23 juin pour aller devers le Roy, qui pour lors estoit a Taillebourg. Mais Charles VII n'était pas encore arrivé ; Olivier se rendit à Saint-Jean d'Angély, où il joignit le Roi le 28 juin, et repartit aussitôt pour Bordeaux. Compte de la dépense de ce voyage, Archives du duc de la Trémoille.

[102] Commune de La Motte-Sainte-Heraye (Deux-Sèvres), un peu plus près de Lusignan que de Niort. — On lit dans une dépêche de l'ambassadeur florentin Acciajuoli, datée de Saint-Maixent, le 18 novembre : Et il Re è alloggiato presso a qui a una lega, a uno luogo molto solitario et incommodo à chi gli va presso. Archives de Florence. — L'ambassadeur eut pourtant audience deux jours après son arrivée, le 16 novembre, et entretint ensuite le Roi plusieurs fois (Dépêche du 3 décembre).

[103] Estienne Gillier, seigneur de Villedieu près Saint-Maixent, IIc l. pour employer en certains edifices que le Roy lui a ordonné faire en son hostel de Villedieu. Troisième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 157. On voit par le vingt-troisième compte de l'hôtel (Archives, KK 52, f. 25 v°) que Jean le Boursier offrit au Roi, à Taillebourg, dix pipes de vin desquelles fut despensé au mois d'octobre en l'hostel d'icellui seigneur, lui estant à Saint Jehan d'Angély et à Villedieu le Comblé, xvium vu septiers, qui sont six pippes sept septiers... et le residu a esté donné par ledit seigneur à ses serviteurs et officiers d'eschançonnerie.

[104] Gerard de Linaye, secrétaire de sire Pierre Berart, tresorier de France, VIII l. X s. pour aller de Saint-Maixent à Tours querir certains draps de soye et autres besougnes pour le fait des nopces de Mgr de Vauvert et retourner à Villedieu. Troisième compte de Mathieu Beauvarlet, f. 159.

[105] Quittance d'Antoine de Luis, comte de Villars, de 2.750 l. t., pour le parfait de Xm escus que icelui seigneur avoit donnez à nostre filz de Vauvert pour le bien et accroissement de son mariage, à icelle somme de Xm escus payer en cinq années. Original en date du 3 juillet 1456, signé Anthoine (le sceau manque). Clairambault, vol. 172, p. 5603.

[106] A madame Thoinnyne de Villequier, dame de Vauvert, que le Roy nostre sire lui donna et fist presenter de par lui le lendemain de ses nopces qui furent le jour saincte Katherine M CCCC cinquante et ung, en cent marcs d'argent prisez VIIc escus d'or, qui valent IXc LXXII l. 10 s. t., à elle paiez et delivrez. Ms. fr. 10371, f. 12.

[107] Jeanne de Rosny, Marie de Belleville, Marie Mareschalle et sa fille Georgette, Jeanne Rochelle, Scanne Cannelle sont mentionnées dans les comptes. Cabinet des titres, 685, f. 156.

[108] Il reçoit mille écus d'or. Cabinet des titres, 685, f. 148, 150 et 152 v°.

[109] Il reçoit cent livres. Cabinet des titres, 685, f. 150 v°.

[110] Le Roi donne à la première 687 l., et à la seconde 825 l. Cabinet des titres, 685, f. 150 et 148 v°.

[111] Itinéraire : avril 5-12, Montbazon ; 13-14, Cormery ; 17 avril-6 mai, Les Roches Saint-Quentin ; 20 mai-21 juin, Chissay ; vers le 22 juin, Montrichard.

[112] Au Roy nostre sire, à lui baillé comptant pour avoir ung dyamant à son plaisir, en VIIe escus d'or, la somme de IXc LXII l. X s. t. Ms. fr. 10371, fol. 5 v°. Cette mention se retrouve en 1453 et 1454 (fol. 18 v°).

[113] Audit commis (Pierre de Janoilhac) pour autres quatre dyamans, c'est assavoir une poincte, ung escuçon et deux tablettes, données à messeigneurs de Vendosme, de Castres, de Tancarville et de Villequier, au pris de XX escus d'or la pièce... Ms. fr. 10371, fol. 11 v°. — En 1453, neuf diamants, de douze écus pièce, sont donnés an chancelier, aux seigneurs de Castres, de la Tour, de Villequier, de Vauvert, à Gouffier, à l'amiral (Culant), au grand maitre (Gaucourt) et au seigneur de Torcy (fol. 25 v°). En 1454, huit diamants, du même prix, sont donnés au seigneur de Castres, au chancelier, au grand maitre, aux seigneurs de Villequier et de Vauvert, à Gouffier, au seigneur de Torcy et à Jacques de Bourbon, seigneur d'Aubigny (fol. 37).

[114] 1er janvier 1452. A Phelippe des Esses, lequel apporta audit seigneur les estrennes de madamoiselle de Villequier, que icellui seigneur lui a semblablement donné, L escus. (Ms. fr. 10371, fol. 9 v°.)— 1er janvier 1453. A madamoiselle Artuze de Fougerolles, que le Roy lui a donné pour avoir presenté audit seigneur les estrennes de par nia-dame de Villequier, pour avoir robes et autres habilleinens, en CLIIII escus, etc. (Fol. 23 v°.) — 1er janvier 1454. A Pierre Wasselot, escuier, lequel presenta audit seigneur ledit jour les estrennes de madamoiselle de Villequier, pour don à lui fait par icellui seigneur en L escus d'or comptant... (Fol. 34 v°.)

[115] Ms. 10371, fol. 6 v° ; 12, 20 v° ; 31, 38, 38 v°.

[116] Ms. 10371, fol. 8, 12, 22, 32 v°.

[117] A Jehan Sevineau, orfèvre du Roy nostre sire, pour avoir fait ung collier et une sainture d'or a XXII karaz, que ledit seigneur donna à Jehanne de Magnelaiz, seur de madamoiselle de Villequier... (Fol. 36.)

[118] Table pour les jeux de dames, de trictrac et d'échecs.

[119] L'Apocalypse.

[120] Un tableau peint sur cuir.

[121] Un chapelet de jaspe et un camée.

[122] Sic, pour escrinetz ? Sans doute des écrins en bois.

[123] Ms. fr. 10371, passim.

[124] A Gilbert Jehan, orfèvre dudit seigneur, pour ung fermail d'or fait en façon de trois rozes blanches garniz de deuz belles tables de dyammens, l'une plus grant que l’autre, au dessus desquelles a ung beau gros ruby et au dessoubz trois belles perles pendans, pesant X karas la pièce ou environ ; lequel fermail pendant à une chesne d'or faicte sur façon de pensées, les unes esmaillées de gris et les autres de bleu alrées en façon de CC brelans, ladicte chesne pesant sans ledit fermail I marc II onces ou environ ; lesquelx fermail et chesne furent de lui achetiez et donnés par ledit seigneur ledit premier de l'an (1452) à la Royne, le pris et somme de XIIIc escus, qui valent XVIIc IIIIxx VII l. X s. t.

A la Royne, à elle baillé comptant, pour le parfait de la somme de XIIIIc escuz que le Roy nostre dit seigneur lui avoit ordonné estre emploiée en ce que ladicte dame voudroit pour ses dictes estrennes, en cent escuz, la somme de VIxx XVII l. X s. t. Ms. fr. 10371, fol. 5 v°.

[125] A la Royne, pour emploier en vaisselle, la somme de XIIIIc escus d'or, etc. (Fol. 18 v°). —  A la Royne, a elle baillé comptant pour emploier en vaisselle, et pour avoir collier, cheisnes d'or à son plaisir... (Fol. 30 v°.)

[126] A madame Marguerite Rogre, femme de messire Pierre des Barres, laquelle presenta audit seigneur les estrennes de la Royne, pour don à elle fait par icellui seigneur, en LX escus, la somme de IIIIxx II l. X s. t. (Fol. 9 v°.) — A Pierre du Perche, escuyer, eschançon de la Royne, lequel a apporté au Roy nostre dit seigneur ledit jour de l'an (1453) les estrennes de par la Royne, en LX escus. (Fol. 23 v°). — A Marie de Gaucourt, laquelle presenta au Roy nostre dit seigneur ledit premier jour de l'an (1454) les estrennes de la Royne, pour don à elle fait par icelui seigneur, en VIxx escus d'or, pour avoir une seinture et ung collier, etc. (Fol. 34 v°).

[127] Voir fol. 6, 18 v°, 19, 30 v°.

[128] Voir fol. 6 v°, 19, 31.

[129] En 1454, d'autres dons à Jeannes de France sont mentionnés (fol. 38 v°-39).

[130] En 1454, elles ont encore cent écus ; mademoiselle Marguerite d'Esponville, cinquante ; Agnette de Tilhay et Jeanne Burelle, cinquante (Marguerite d'Aubusson n'est pas nommée). — En février 1454, madame Marguerite d'Esponville reçoit 130 écus d'or, pour avoir deux saintures d'or à son plaisir. (Fol. 38 v°).

[131] En 1452 et 1453, on voit figurer maître Thomas le Grec, médecin ; maîtres Regnault Thierry, Hermen de Vienne et Yves Phelippe, chirurgiens ; Maîtres Miles de Bregy et Arnoul des Marests (Marais), astrologiens ; en 1454, apparaît un second physicien, maître Guillaume Traverse, qui fut bientôt en grande faveur.

[132] 1451, novembre : Déclaration que la terre de Chissoux doit être comprise dans les terres et seigneuries données par lettres d'octobre 1450 (avec lettre missive envoyée à la Chambre des comptes). On lit dans ces lettres : Considerans les causes pour lesquelles lui avons fait ledit don, qui est principalement pour la descharge de nostre conscience.

1452, 8 mars : Don de la moitié du quatrième du vin vendu en détail et autres aides luises sus dans les îles d'Oléron, Marenne et Anvers pendant trois ans ; — mars : Union de la baronnie de Nehou à celle de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; — juin : Transaction conclue à Chissay, par laquelle Pierre Frolier et son fils consentent, sur la prière du Roi à ce que la seigneurie de La Guerche, appartenant à André de Villequier, relève désormais du Roi, à cause de son chneau de Tours, et non plus de leur baronnie de Preuilly.

1453, 14 mai : Délai d'un an à Villequier pour bailler par écrit l'aveu et dénombrement de la vicomté de La Guerche et de ses dépendances, pour ce qu'il l'a naguières acquise, et n'a pas encore la vraye congnoissance des droits et tenemens ne de l'estendue d'icelle.

1454, 24 février : Autorisation de faire tirer de la Saintonge jusqu'à la quantité de cinq cents tonneaux d'e blé et de les faire porter en Espagne ou ailleurs ; — mars : Nouvelles lettres sur la réunion des terres de Saint-Sauveur, Nehou et Anvers, et déclaration Welles sont tenues directement du Roi.

André de Villequier avait été, en outre, comme il appert de quittances signées de lui, Pourvu des capitaineries de Gaillard en Normandie et de Rochefort-sur-Charente ; on se appelle qu'il avait le gouvernement de La Rochelle. On a la trace de nombreuses acquisitions territoriales faites par André, qui était un des débiteurs de Jacques Cœur. — Enfin, on lit dans un rôle du 16 mars 1453 : A messire Jehan, seigneur de Bueil, admiral de France, et André, seigneur de Villequier, la somme de trois mille livres tournois, que ledit Roy nostre dit seigneur leur a donnée, outre tous les autres dons et biens faix  qu'ilz ont euz et prins de lui, pour plus honnorablement maintenir et entretenir leur estat en l'ostel et service dudit seigneur, où ilz sont residens et continuellement occuppez. (Ms. fr. 20080, n° 6538.)

[133] Carré de Busserolle, Recherches historiques sur la vicomté de La Guerche, p. 33. Cf. p. 9.

[134] La Roque, Histoire de la maison d'Harcourt, t. IV, p. 2064 ; Delisle, Histoire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 279.