I Le Roi aux gens des comptes Tours, 20 février 1444. De par le Roy. Noz amez et feaulx, vous povez assez avoir sceu que, après le trespas de feu Pierre Jaillet, à son vivant cappitaine de Meulent, nous avons[1]..... la cappitainerie du dit lieu à nostre amé et féal conseillier et chambellan le sire de la Varenne, seneschal de Poictou, et que, pour la garde d’icelle, lui avons..... la somme de douze cens livres tournois, à icelle avoir et prendre par chascun an sur le demaine dudit lieu de Meulent, fiefz, aumosnes, gaiges d’officiers et..... ordinaires premièrement paiées. Et combien que sur ce ayons baillé noz lettres patentes, par lesquelles estoit mandé au receveur ordinaire d’ilec que..... somme de XIIc l. t. il feist paiement à nostre dit conseillier et chambellan, neantmoins icelui receveur n’y a aucunement voulu obtemperer, soubz..... qu’il dit noz dictes lectres patentes non avoir par vous esté expediées ne veriffiées. Et pour ce que nostre plaisir est que nostre dit conseillier et chambellan soit..... que à ceste cause lui peut estre deu depuis que lui baillasmes charge de ladicte place jusques au premier jour de mars prochainement venant, nous..... mandons que par ledit receveur l’en faites paier et contenter, et à ce contraindre ledit receveur en maniéré que plus n’en oyons parler et n’aye..... de vous en escripre ; et faites qu’il n’y ait faulte. Donne à Tours, le XXme jour de fevrier. CHARLES. CHEVALIER[2]. II Le Roi aux habitants de Reims Montils-les-Tours, 4 juin 1444. A nos chier s et
bien amez les bourgois, manans et habitans de nostre ville de Reins. De par le Roy. Chiers et bien amez, nous avons receu voz lettres et sceu l’exploit qui a esté fait par le prevost forain de Laon sur les gens de Hector de Dampierre et autres gens de guerre qui pilloient noz païs et subgez de par delà, comme nous avez fait savoir par vos dictes lettres, dont avons esté et sommes bien contens, et voulons que, au regard de ceulx qui sont prisonniers, que en toute diligence on procédé contre eulx par procès ordinaire et que justice leur soit faicte, soit en absolucion ou condempnacion, toute dissimulacion arriéré mise, et de ce escrivons audit prevost de Laon ; quant aux pilleries et oppressions qui par lesdictes gens de guerre et autres vous ont esté et sont faictes, nous en sommes desplaisans, et avons esperance, au plaisir de Nostre Seigneur, de y mectre brief tele provision que vous et noz autres subgez de par delà vous en apercevrez en tout bien. Donné aux Motis, le IIIe jour de juing. CHARLES. GIRAUDEAU[3]. III Le Roi aux habitants de Reims Montargis, 25 juillet 1444. A noz chiers et
bien amez les gens d’eglise, eschevins, bourgois et habitans de la ville de
Reims. De par le Roy. Chiers et bien amez, nous avons receu les lettres que escriptes nous avez, faisans mencion que Jaques de la Jumont, Lespinace et autres noz gens de guerre, jusques au nombre de IIm chevaulx, sont environ la ville de Reims, où ilz font de grans dommaiges, aussi que avez envoié devers beau filz le Daulphin aucuns d’entre vous pour le fait de la destrousse nagueres faicte par aucuns noz officiers en justice de par delà sur les gens de Hector de Dampierre, et que ledit beau filz, après qu’il a oy voz excusacions, a respondu que de ceste matiere lui avions autrefïoiz escript, et que plus ne s’en mesloit. Quant au premier point, touchant les gens de guerre qui sont environ ladicte ville de Reims, nous en sommes très desplaisans, et à ceste cause, pour y donner provision et descharger vous et autres noz subgetz du pays de Champaigne des maulx que vous font lesdiz gens de guerre, tirons en ladicte marche en toute diligence et esperons y estre très prouchainement, et, nous y arrivé, pourverrons à vostre fait en maniere que devrés estre contens et congnoistrés la desplaisance que prenons ès dommaiges qui ainsi vous sont faiz. Et quant à la destrousse par nosdiz officiers ainsi faicte sur les gens dudit Hector de Dampierre, nous l’avons agreable et voulons qu’elle demeure à ceulx qui l’ont faicte, et qu’ilz n’en facent aucune restitución. Et en ce les soustendrons, ainsi que autreffoiz vous avons escript et fait savoir par aucuns de noz gens et officiers, et sommes bien contens de la response que sur ce vous a faicte ledit beau filz ; et tousjours vous aurons pour recommandés en voz affaires. Donné à Montargis, le XXVe jour de juillet. CHARLES. CHEVALIER[4]. IV Le Roi aux habitants de Reims Nancy, 6 octobre 1444. A noz chiers et
bien amez les gens d’eglise, eschevins, bourgois et habitans de la ville de
Reims. De par le Roy. Chiers et bien amez, nous avons receu les lettres que escriptes nous avez, par lesquelles et pour les causes dedans contenues nous requerez que vueillons abatre et mectre à néant la traicte de IIII s. p. qui l’année passée fut mise par nostre très chier et très amé filz le Daulphin de Viennois sur chascune queue de vin qui des villes et élections de Reims, Laon, Noyon et Compiengne seroit menée et transportée ès villes et pays où ne se lievent, de par nous aucuns aides. Vous savez les grans et comme innumerables charges que, pour le fait de la guerre et autrement, avons eu et avons à supporter, et mesmement pour deschargier nostre pays de Champaigne et autres pays de nostre obeissance des gens de guerre qui y vivoient à la grant charge et dommaige de noz subgietz d’iceulx pays, et envoier et entretenir hors de nostre royaume lesdiz gens de guerre, à ce que plus ne retournent en nostre dit pays pour y faire les dommaiges qu’ilz ont acoustumé y faire, aussi que nostre demaine est de très petite et comme nulle valeur, par quoy ne pourrions subvenir aux dictes charges sans avoir et lever autre aide que les aides ordonnez pour le fait de la guerre, à laquelle cause pour le present ne povons bonnement obtemperer à vostre dicte requeste, mais avons conclud que ladicte traicte de IIII s. p. pour queue de vin qui sera menée èsdis pays où ne levons aucuns aides aura cours pour ceste année seulement, ainsi et par la manière contenue en noz lettres patentes sur ce faictes ; et à la fin d’icelle année pourrés envoier devers nous, et nous vous donnerons provision dont par raison devrez estre contens. Donné à Nancy, le VIe jour d’octobre. CHARLES. CHEVALIER[5]. V Le Roi au roi des Romains Nancy, 14 octobre 1444. Serenissimo
principi Friderico Romanorum regi primo carissimo[6]. Karolus, Dei gracia Francorum rex, Serenissimo principi Friderico, Romanorum regi, fratri[7] et consanguineo[8] nostro carissimo, salutem et mutue dilectionis affectum. Serenissime princeps, frater carissime, litteras vestras solita ac debita predecessoram vestrorum stili honéstate carentes, non sine admiratione recepimus, quarum serie querimonia Tullensium apud fraternitatem vestram hiis diebus delata ac eciam pretextu loci de Spinalo binas lamentationes collegimus, dieimur enim adversus imperium et preter veteris amoris fedus in locis prescriptis aliqua per nostros commicti permissise quibus fraternitas vestra tanquam in juribus suis lesa admirarinon sufflciat, ut tandem a molestacionibus et infestacionibus imperio subdictis per nos aut nostros inferendis desistatur vehemencius postulando, hoc equidem subjuncto quod postquam ut ponitur fraternitas vestra pridem super restitucione loci de Spinalo nobis alias direxit litteras, quas tamen non accepimus, multo graviora per nostros temptata fuisse dicuntur. Nos autem postquam intravimus quam modeste quamque suaviter in agendis citra injuriam processerimus luce clarius est, nec infestacionibus assueti sumus quo pretextu visa litterrarum vestrarum continencia et pariter admirari non suffecimus, et scabinos ac justiciarios Tullenses qui nil a nobis grave passi sunt preter veritatis semitam scripsisse et violenciam a nobis penitus alienam suis litteris imponere voluisse molestum est, tantoque molestius quod ex contentis in littera vestra fraternitatem eamdem crédulas hiis aures accomodasse perpendimus. Hactenus enim, ut congruam licteris vestris responsionem faciamus, quicquam preter juris debitum ac justicie decus hiis in partibus actemptasse nec actemptari permisisse credimus, sed jure nostro utentes, quod ne quadam arguamur segnicie procurare nobis licere non ambigimus nedum vobis, sed nec cuiquam minimo injuriam fecisse arbitramur. Spinalenses vero, communi omnium assercione, proprio domino vetustissima antiquitate perfruentes miserabiles quidem lamquam in luporum faucibus sitos et auxilio destitutos, clemencie nostre presidium implorantes benigne suscepimus et veluti procelloso mari efracta navi collapsos protectionis nostre clipeo servavimus. Quod enim ex hoc molestacionis injuria nobis aut nostris ascribi possit arbitrari non possumus (ms. prim : possimus), quim potius cum maxime reges deceat ut oppressis prosint et supplices protegant per singulorum ora celebrem famam et laudis gloriam merito remur vendicasse. Datum in villa Nancei, die XIIIIta mensis octobris[9]. VI Le Roi aux habitants d’Épinal Nancy, 5 janvier 1445. De par le Roy. Chiers et bien amez, nous avons sceu par nostre seneschal de Poictou la grand doubte que vous avez de tourner et chever ès mains de l’evesque de Mets, par aucuns mauvais rapports et choses faintes que on vous a données à entendre, et que, à ceste cause, vous et nos bonnes gens de la ville, lesquels avons chiers et tenons nos loyaulx subjects et vrais obeyssans, estre fort troublez, doubtans que ainsi le veuillons faire. Nous vous scavons très bon gré de la bonne affection que avez à nous et croyons certainement que nous tendrez ce que nous avez promis. Aussi tenez vous certains que, de nostre part, en ce que vous avons accordé, ne vous ferons faulte, et des lors en avant vous avons tenus et reputez, tenons et reputons, et ferons ou temps advenir, nos loyaux vassaulx et subjects, et comme tels avons entention de garder et deffendre vous et nostre bonne ville d’Espinal envers tous et contre tous, et jamais, pour quelconque rapport qui vous soit fait touchant cette matiere, ne pensez le contraire. Faictes nous tousjours scavoir de vos nouvelles. Donné à Nancy en Lorraine, le cinquiesme jour de janvier. CHARLES. GIRAUDEAU[10]. VII Les gens des comptes au Roi Paris, 5 janvier 1446. Nostre Souverain Seigneur, nous nous recommandons à vostre bonne grâce le plus humblement que nous povons ; et vous plaise savoir, mon Souverain Seigneur, que, par nostre frere et compagnon maistre Jehan Bureau, nous avons receu vos lettres clauses, et par avant en avons receu unes faisant mention toutes deux de l’office de grant maistre d’hostel et que nous vous informions se avecques et ensemble l’office de Vostre chambellan ledit office de grant maistre de vostre hostel soient bien compatibles, et que, s’aucuns ordonnances, registres ou enseignemens en sont en vostre Chambre des comptes, que le vous rescripvons. Si vous plaise savoir, nostre Souverain Seigneur, que, pour ceste cause, nous avons veu et visité les livres, comptes, et autres escripts qui nous a semblé à voir et regarder en vostre dicte Chambre sur ceste matiere, mais que, determinement, y soit faicte mention de ce que dit est, ne l’avons point vu ne trouvé. Vray est, nostre Souverain Seigneur, que, du temps de vos devanciers Roys, on a bien vu que audit office de grant maistre d’hostel l’on pourvoit d’un des notables chevaliers qui feust, lequel ne prenoit à court hostellages ne livrées, ne autres droits appartenans à l’office de chambellan, ne le chambellan aussy qui parvenoit au dit office de grant maistre d’hostel, et ont tousjours lesdiz deux estatz de grant maistre d’hostel et de chambellan esté deux offices differens et separez chascun d’iceux, ayant ses droits, et par ce incompatibles. Nostre Souverain Seigneur, nous prions le Saint-Esperit qu’il vous ait en sa sainte garde, et vous doint bonne vie et longue. Escrit à Paris, le cinquiesme jour de janvier[11]. VIII Le Roi aux habitants de Lyon Montils-les-Tours, 18 février 1447. De par le Roy. Chiers et bien amez, pour ce que nostre ville de Lyon est l’une des notables citez de nostre royaume, estant ès fins et extremitez d’icellui, et que en teles villes qui sont comme clefz de nostre dit royaume a besoing de plus grant garde que ès autres qui ne sont pas en limite, nous vous avons dès pieça et plusieurs foiz mandé et ordonné que vacquessiez diligemment à la garde d’icelle nostre ville pour obvier à tous inconveniens ; et toutesvoies nous avons esté advertiz que vous ne faites faire guet ne garde nuit ne jour, et que toutes maniérés de gens y entrent et en yssent à toutes heures, en tel nombre et abillement que bon leur semble, sans ce que on saicbe qu’ilz sont, et telement que s’ilz avaient vouloir de mal faire, s’en pourroient ensuir de très grans inconveniens. Desquelles choses nous donnons grans merveilles, et pour ce vous mandons et commandons de rechief très expressement, sur tant que nous doubtez desplaire, que vous vacquez et faites diligemment entendre à la garde d’icelle nostre ville, tant des portes que autrement, telement que aucun inconvénient n’en adviengne. Et sur les choses dessus dictes pourveez et vous conduisez par l’advis et conseil de noz amez et feaulx conseillers l’evesque dé d’Aleth, le grant maistre de nostre hostel et maistre Girart Le Boursier, qui sont par delà, ausquelx nous en escripvons présentement. Et en ce ne faites faulte. Donné aux Montilz lez Tours, le XVIIIe jour de fevrier. CHARLES. DE LA LOERE[12]. IX Le Roi aux habitants de Lyon Montils-les-Tours, 4 mars 1447. A nos chiers et bien amez les conseilliers de nostre ville de Lyon. De par le Roy. Chiers et bien amez, nous avons sceu par noz officiers estans de pardelà, et mesmement par nostre maistre d’ostel Jehan d’Aulon, chevalier, la bonne ôbeissance et loyaulté que avez tousjours eue envers nous et nostre seigneurie, et comment avez bien et diligemment obey et obtemperé à tout ce que vous ont requis de par nous nosdiz officiers, dont vous en savons très grant gré ; et pour ce que encores sommes deliberez d’entretenir nos diz officiers en la ville de Lyon pour le bien et conservacion de nostre dicte seigneurie, et que savons certainement que pour rien ne vouldriez varier ne faire faulte contre nostredicte seigneurie, vous mandons que, en tous noz affaires que vous requerront nosdiz officiers, les vueillez avoir en especial recommandacion, ainsi que avez tousjours fait et que y avons parfaicte fiance, et par maniéré que en doyons tousjours plus estre contens de vous. Donne aux Motiz les Tours, le ive jour de mars. CHARLES. DE LA LOERE[13]. X Le Roi aux doyen et chapitre de Lyon Montils-les-Tours, 14 mars 1447. A nos amez et
feaulx les doyen et chappitre de l’eglise de Lyon. Nos amez et feaulx, nous avons sceu que Nostre Saint Pere le Pape a commis et ordonné nostre amé et féal conseillier l’evesque d’Orlliens vicayre et au gouvernement de l’eglise de Lyon, jusques à ce que nostre cher et amé cousin Charles de Borbon soit en aage, dont nous sommes bien content ; et pour ceste cause avons levée nostre main qui avoit esté mise ou temporel de ladicte eglise. Si vueillez recevoir ledit vicaire ou ses commis et ordonnez sur ce à l’administracion de ladicte eglise, et au surplus luy obeyr et faire obéir comme en tiel cas appartient. Donné auz Motiz, le XIIIIe jour de mars. CHARLES. DE LA LOERE[14]. XI Le Roi au duc de Savoie Bourges, 3 septembre 1447. A nostre très
cher et très amé cousin le duc de Savoye. Très cher et très amé cousin, nostre très cher et très amé frere le duc d’Orleans, à present duc de Millan par le décès du feu duc son oncle, puis nagueres alé de vie à trespas, comme son plus prouchain hoir, habille à lui succeder, se est trait par devers nous et nous ha bien exprès fait dire et remonstrer le bon droit qu’il a audit duchié de Millan et hoirrie de son dit oncle, lequel, selon toute rayson et bonne équité, lui dœvent apartenir, en nous humblement suppliant et requérant, comme à son souverain seigneur et ou chief de l’ostel dont il est yssu, et à celluy à qui, en ses afferes, tant par la proximité de lignage en quoy il nous attient comme pour les services que sanz varier continuelement il nous ha fait, il doit avoir recours, et pour lesqueulx et acquiter sa loyauté envers nous il a enduré si longue prison et soustenu et souffer tant de pertes et domaiges que, à la conservación de son bon droit audit duchié et hoirie dudit feu due de Millan, et à ce que d’iceulx il puisse avoir paisible possession et seignorie, ainsi que rayson est, nous le voulions pourter, soubstenir et favoriser, et lui donner tout conseil, confort et ayde ; laquelle chouse, tant par consideración de ce que dit est comme pour ce que nature et tout droit et bonne rayson veulent et nous inclinent et amonestent le soubstenir, pourter et favoriser ès chouses dessusdictes, et que ne voyons pas, en faisant nostre devoir, que raysonablement il ne nous convegine[15] ainsy le fere, lui avons octroyée, accordée et consentie. Et pour ce que, pour parvenir aux chouses dessus dictes, ait besoing de soy aider de tous ceulx qui povent en ladicte matiere, et que estes prouchain voysin des marches dessus dictés et savons certainement que y povez beaucop finer et ayder, aussy que estes descendu de l’ostel d’où est nostre dit frere et ouquel y quiert son refuge, pour quoy raysonablement estes plus tenus et devés estre plus enclin à le pourter, soustenir et ayder, nous vous signifions nostre vouloir et entencion touchant ladicte matiere, lequel est en effect de pourter, soubstenir, favoriser, aider et conforter nostre dit frere en son bon droit qu’il ha audit duchié de Millan et hoirie de son dit feu oncle, en tout ce que possible nous sera. Et par maniere que, moyennement l’aide de Nostre Seigneur et son bon droit, nous esperons qu’il demourra paissible seigneur et possesseur dudit duchié et hoirrie, ainsy que rayson est, vous priant que en ce ne luy donnés aucun destourbier ou empeschement, ainçois, en ce que possible vous sera et dont requis serés, lui veuilliez donner tout conseil, confort et aide ; car contre tous ceulx qui en son bon droit le vouldroyent molester, perturber ou empescher, nostre entencion est de le poùrter, soustenir, favoriser par toute maniéré à nous possible, ainsi que plus à plain avons chargié nostre bien amé et l'eal eschancon Raoulin Regnault, escuier, vous dire et exposer, lequel veulliés croire de tout ce qu’il vous dira de par nous pour ceste foys touchant lesdictes matieres. Donné à Bourges, le troisième jour de septembre. CHARLES. DE LA LOERE[16]. Au dos : Copia litterarum Regis pro duce Aurelianensi. XII Charles VII au chapitre d’Angers Bourges, 25 octobre 1447. Très chiers et bien amez, pour ce que tousjours desirons les Eglises de nostre Royaume, et par especial les cathedrales desquelles sommes protecteurs et garde, fructifier et prospérer, leurs prérogatives, privilèges, franchises et libertez estre entretenu, et obvier que par division, controverses et debatz elles ne cheent en désolation, ou que aucun inconvénient y aviegne et que soit[17] de nostre consentement, soubz esperance de pacifier vostre eglise, laquelle, comme savez assez, a esté longtems en contemps et débat pour les droits pretendus à par feu maistre Jehan Michel, dernier possesseur du dit evesché, d’une part, et notre très chier cousin le cardinal d’Estouteville, d’autre, dont plusieurs inconvénients sont advenus en ladicte eglise, ainsy qu’il est tout notoire, appoinctement a esté prins entre nostre dit cousin le cardinal, ou ses procureurs pour luy souffisament fondés, et nostre bien amé maistre Jehan de Beauvau, fils naturel et légitimé de nostre amé et féal conseiller et chambellant Bertrand de Beauvau, chevalier, sire de Precigny, pour le droit pretendu par iceluy nostre cousin le cardinal oudit evesché, et lequel maistre Jehan de Beauvau est nostre conchanoine, et parle moyen duquel, tant à cause dudit droit pretendu par nostre cousin, lequel il a délaissé en faveur de la promotion d’iceluy maistre Jehan de Beauvau que autrement, et de ses parents et amis, est vraisemblable que ladicte eglise pourra estre mieux et plus aisuement pacifié que par nul autre, et ses dits droits, prérogatives, franchises et libertés gardées, conservées et maintenues, et le patrimoine, jurisdiction et autres phoses à icelle appartenans, qui de presant sont en piteux estât à l’occasion desdits débats et vont en ruyne et désolation, comme l’en dit restaurés et remis sus, nous vous prions, en faveur et contemplación de vostre dicte eglise et pour le bien d’icelle, principalement à ce qu’elle puisse demourer en bonne union et conformité, et tous les debaz et contencions estans à cause d’icelle cédés et pacifiez, vous vueillez iceluy maistre Jehan, le fait duquel nous avons très à cœur, tant pour les causes dessus dictes que pour la bonne relation qui faite nous a esté de sa personne, de laquelle avez assez cognoissance, et espere l’en, considérez les vertus et mérités qui sont en luy, que une fois il fera grand fruit en Sainte Eglise, en vostre élection, qui prochainement se fera, avoir pour especialement recommendé et iceluy elire et postuler en votre evesque et pasteur, en laquelle chose faisant croions que sera euvre à Dieu agreable, à ladicte eglise profitable, et de ce vous sçaurons très bon gré, et en aurons vous et vos affaires et ceux de ladicte eglise en plus especíale recommandation, ainsi que plus amplement nous avons chargé nos amés et feaulx conseillers maistre Guillaume Cousinot, maistre des requestes de nostre hostel, et Jehan Havart, nostre varlet tranchant, vous dire et exposer de par nous, lesquels veuillez croire et adjouter foy à ce qu’ils vous diront de nostre part touchant lesdictes matières, comme se nous mesmes le vous disions. Donné à Bourges, le XXIIIe jour d’octobre. CHARLES[18]. Au dos de la susdicte lettre est escrit : Exhibita et præsentata fuit præsens lettera die mercurii XXVe octobris MCCCC XLVIII[19] per Cousinot et Havart infra nominatos. XIII Le Roi au duc de Somerset Razilly, 13 mai 1449. A hault et
puissant nostre tres chier cousin le duc de Somerset. Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France. Hault et puissant très chier cousin, nous avons receu les lectres que, par maistre Guillaume Cousinot et Pierre de Fontenil, nos conseillers et ambaxeurs, escriptes nous avez, et aussi celles que maistre Jehan Lenfant et Jehan Hanneford, chevalier, consiliers de nostre beau nepveu d’Angleterre, et vos ambaxeurs, nous ont présentées de par vous, ensemble oy ce que par iceulx vos ambaxeurs nous a esté dit et exposé de vostre part. Ausquelles choses leur avons fait responce que tousjours vouldrions tout debvoir estre fait de nostre part, ne, comme povez avoir congneu, n’est aucun inconvénient en nostre deffault advenu ou fait des treves. Mais, besongner présentement ez autres attemptaz et laissier le fait de Fougières derrière, qui est si grant et si enorme, et si directement contre la teneur desdictes treves, est chose bien clere que ce seroit petitement pourveoir à l’entretenement d’icelles. Vous congnoissez le cas tel qu’il est, et les inconveniens qui, par faulte de reparación, en puent ensuivir. Vous estes celui qui avez la charge et lieutenance general de par nostre beau nepveu d’Angleterre deçà la mer, età qui on doit avoir recours, et estes tenu de donner provision quant tels cas adviennent. Et ainsi nous a-t-il esté fait scavoir, de bouche et par escript, par deux fois, par nostre dit nepveu. Vous scavez ce que la treve porte et congnoissiez ce qui est à faire par raison touchant ladicte matiere. Vosdiz ambaxeurs nous ont dit que vous aviez entier vouloir et bon au bien de paix et à l’entretenement desdictes treves. Nostre intención est de envoier bref aucuns des gens de nostre Conseil à Louviers ou à Evreux ; ils verront quel debvoir et quelle reparación auront esté fais par effet touchant ladicte matiere, et, fait de vostre part ce qu’il appartient, de la nostre sera tellement fait, au plaisir de Dieu, que chascun pourra congnoistre que nous avons entier et bon vouloir au bien de la paix et à l’entretenement desdictes treves. Donné à Razillé, le XIIIe jour de may. CHARLES[20]. XIV Le Roi au roi d’Angleterre Razilly, 3 juin 1449. A très hault et puissant prince nostre très chier nepveu d’Angleterre, Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France, inclinación d’amour, avec cordial désir à toute vraye paix et parfaite union. Très hault et puissant prince, nostre très chier nepveu, pour ce que souventes fois nous avés fait savoir que oir de nos nouvelles vous est chose bien agreable, ainsi que du semblable estre de vous acertené en bien nous est grant lyesse et consolacion, se vostre plaisir êstoit d’en savoir, nous estions, à la façon de cestes, en bon estât et disposición, grâces à Nostre Seigneur, qui pareillement vous vueille tout temps maintenir, comme de bon cuer le desirons et que pour nostre, propre personne mieulx le saurions demander ou requerir. Tres hault et puissant prince nostre très chier nepveu, par ce que derrenierement- vous avons escript par Edouart Gymeston, escuier, vostre serviteur et familier domestique, vous avez peu voir la responce que lui avons faicte aux troys poins dont il nous avoit parlé de par vous. Et, pour ce que chascun jour seurviennent nouvelles choses, et que puet estre on vous donne ou pourroit donner à entendre autrement que la vérité, nous envoyons présentement par devers vous nostre amé et féal varlet tranchant Jehan Havart, porteur de cestes, pour vous dire et exposer bien au long tout le demené des matières ; car croyez que nous avons tousjours eu bon vouloir au bien de paix et eussions esté bien joyeux que tous bons et convenables moyens y eussent esté trouvez, ne à nous n’a tenu ne ne tiendra. Si vous prions que ledit Havart vous plaise benignement oir et adjouster pleine foy à tout ce qu’il vous dira de nostre part, pour ceste foiz, touchant les choses dessus dictes, et par luy nous signifier s’il est chose à vous agreable que convenablement faire puissions, pour nous y emploier de très bon cuer, au plaisir de Nostre Seigneur, lequel nous prions, très hault et puissant prince nostre très chier nepveu, que tousdis vous vueille avoir et tenir en sa saincte et benoiste garde. Donné à Rasilly, le IIIe jour de juing[21]. XV Le Roi à la reine d’Angleterre Razilly, 3 juin 1449. A très haulte et puissante princesse nostre très chière niepce d’Angleterre, Charles, etc., salut et entiere dilection. Très haulte et puissante princesse nostre très chiere niepce, pour ce que pensons que estre acertenée de noz nouvelles en bien est chose que bien vous vient à plaisir, ainsi que de vous oir le semblable nous est singulière resjoissance, se vostre plaisir estoit d’en savoir, à la rescription des présentes nous estions en bon estât et disposicion, grâces au benoist filz de Dieu, qui le pareil tout temps vous vueille octroyer, ainsi que parfaitement le desirons et que pour nous mesmes mieulx le saurions souhaitier. Au seurplus, très haulte et puissante princesse nostre très chière niepce, nous envoyons présentement par devers très hault et puissant prince nostre beau nepveu, vostre espoux, nostre amé et féal varlet tranchant Jehan Havart, pour luy dire et remonstrer aucunes choses touchant l’estat et le demené des matieres de par deçà, lequel Havart avons chargé vous aler faire la reverence et nous raporter au vray du bon estât, santé et prospérité de vostre très noble personne, que Dieu, par sa saincte grâce, vueille tousjours conduire et entretenir de bien en mieulx. Si vous prions que, par icelui Havart, nous en vueillez faire savoir, ensemble s’il est chose à vous agreable que convenablement faire puissions, pour nous y employer de très bon cuer, au plaisir dé Nostre Seigneur, lequel nous prions, très haulte et puissante princesse nostre très chière niepce, qu’il vous ait et tiegne en sa saincte et benoiste garde. Donné à Raisilly, le IIIe jour de juing[22]. |
[1] Les points indiquent des lacunes dans la pièce.
[2] Original signé sur parchemin (la pièce est coupée au bord). Chartes royales, XVI, n° 383.
[3] Original signé. Archives de Reims.
[4] Original signé. Archives de Reims.
[5] Original signé. Archives de Reims.
[6] Adresse au dos de la pièce.
[7] Une notation A et B indique en tête de la lettre une interversion des noms dans l'adresse et le préambule. Il s'agit de faire passer avant le nom du roi des Romains celui de Charles VII.
[8] A la fin de la première ligne a été ajouté en correction : et consanguineo.
[9] Original, parchemin, collection de Lorraine, 975, n° 267. La pièce n'a pas été scellée.
[10] Scellée sur le dos, en placard, d'un cachet de cire rouge. Copie moderne dans le ms. fr. 18881, f. 103, d'après l'original sur parchemin.
[11] Copie moderne. Fontanieu, 119-120.
[12] Original signé, trace de sceau plaqué en cire rouge. Archives de Lyon, AA 20, f. 14.
[13] Original signé sur papier, petit format ; trace de cachet particulier ; rare pièce quant à la forme. Archives de Lyon, AA 22, f. 70.
[14] Copie existant dans les registres capitulaires de Saint-Jean de Lyon. Archives du Rhône, G 3000, f° 27 v°. Communication de M. L Vaesen.
[15] Sic, pour conveigne.
[16] Copie du temps. Archives du canton de Genève, ms. 154, n° 1. Communiqué par M. Fréd. Borel. Cf. Gaullieur, Archiv für Sehweizerische Geschichte, t. VIII, p. 273-275.
[17] Il faut lire sans doute : et eschoit.
[18] Copie moderne dans la Collection de D. Houseau, vol. IX, n° 3930, d'après les Archives du Chapitre d'Angers.
[19] Sic pour XLVII. — La date de la pièce est évidemment 1447 : l'élection de Jean de Beauvau eut lieu le 27 octobre 1447 (Gallia Christiana, t. XIV, col. 580).
[20] Copies modernes. Du Puy, 760, f. 153, et ms. fr. 13954, f. 3 ; édité par D. Morice, t. II, col. 1456.
[21] Minute sur papier. Chartes royales, XV, n° 209.
[22] Minute sur papier. Chartes royales, XV, n° 208.