(1447-1449) Relations de Charles VII avec les princes électeurs ; ambassade du duc Sigismond d’Autriche ; demande de secours adressée par l’archevêque de Cologne ; mission donnée par l’électeur de Saxe à Henri Engelhard ; échange de lettres entre ce prince et Charles VII. — La guerre se poursuit contre l’archevêque de Cologne et le duc de Clèves ; elle menace de devenir générale par l’intervention du duc de Bourgogne, d’une part, et de Charles VII, de l’autre. — Projet de mariage entre le duc Sigismond d’Autriche et Éléonore d’Écosse ; négociations à ce sujet avec le roi d’Écosse ; échange d’ambassades entre Sigismond et Charles VII ; fiançailles de la princesse. — Intervention de Charles VII dans la lutte des Fribourgeois avec le duc de Savoie ; pacification de cette querelle. — Ambassade du Roi vers le duc Sigismond ; ce prince envoie une ambassade en France pour la conclusion de son mariage ; traités du 7 septembre 1448 ; renouvellement de l’alliance entre la France et l’Écosse ; mariage du roi d’Écosse avec Marie de Gueldre. — Relations entre Charles VII et Philippe le Bon ; ambassade de l’évêque de Châlon en 1447 ; nouvelles ambassades ; la tenue d’une conférence est décidée. — Conférence de Paris ; instructions données par Philippe à ses ambassadeurs ; appointement de Paris, en date du 19 novembre ; suite des négociations ; arrangements conclus au mois de janvier 1449. — Ambassade de Charles VII à Philippe à l’occasion de la rupture avec l’Angleterre. Au moment où le duc de Bourgogne voyait s’évanouir l’ambitieux dessein qu’il avait formé et s’écrouler à l’avance le brillant édifice dont il ne lui avait même pas été donné de poser les fondements, Charles VII était à la veille de donner une épouse de son choix au prince que, pendant de si longues années, il avait nommé son fils : en s’unissant à Éléonore d’Écosse, le duc Sigismond d’Autriche allait plus que jamais se trouver rattaché à l’alliance de la France. Avant d’entrer dans l’exposé de cette affaire, disons un mot des relations de Charles VII avec les princes allemands, durant les années 1447 et 1448. L’intervention du Roi dans les affaires ecclésiastiques avait donné lieu à des négociations avec les électeurs de l’empire. Au mois de février 1447, le comte de Blanckenheim était venu à Tours, en compagnie de Philibert de Surye et de Henri Bayer, chargé d’une mission des princes allemands[1]. A la fin de ce mois, une ambassade, où figurait le même comte, était envoyée par Charles VII à Nuremberg, où devait se tenir une diète. Elle avait pour mission de décider l’archevêque de Trêves à s’unir au Roi pour travailler à l’extinction du schisme et de saisir les princes électeurs des réclamations de la France au sujet de la campagne de 1444 et d’autres points en litige[2]. De longues instructions,, rappelant tous les faits, furent remises aux ambassadeurs à la date du 24 février[3]. La mort d’Eugène IV, survenue à ce moment, empêcha la réunion de l’assemblée de Nuremberg. Les envoyés de Charles VII se bornèrent à rédiger une note résumant la teneur de leurs instructions et à l’envoyer aux princes électeurs, afin de les mettre au courant des réclamations de leur maître. Cette note devait être transmise au roi des Romains et aux parties intéressées[4]. Quelle fut la suite donnée à ces ouvertures ? Nous l’ignorons[5]. Nous pouvons constater seulement que le comte de Nassau s’intéressa à certaines revendications du Roi, relatives à la succession de sa mère Isabeau de Bavière, et envoya, à ce propos, son fils à la cour de France[6]. Au mois de mai, l’archevêque de Trêves se rendit à Bourges, en compagnie du chancelier de l’archevêque de Cologne et du chanoine Henri Engelhard, secrétaire du duc de Saxe. On a vu plus haut que celui-ci était porteur d’une lettre de créance de son maître, en date du 10 avril[7]. Un ambassadeur spécial, Jean Franberger, avait été envoyé par Charles VII au duc de Saxe pour lui faire savoir qu’il désirait traiter l’affaire de la pacification de l’Église de concert avec les princes ses alliés. En réponse à cette communication, Frédéric de Saxe avait fait partir son secrétaire. Chose curieuse : nous apprenons par la correspondance d’Henri Engelhard que, en se rendant en France en compagnie de l’archevêque de Trêves, l’ambassadeur saxon avait posé pour condition expresse que, au cours de sa mission, il ne serait traité d’aucune question étrangère aux affaires de l’Église. Engelhard paraissait craindre que son maître, dont la politique était pleine de circonspection, ne fût entraîné plus loin qu’il ne voulait aller, et que, plus tard, il n’en résultât pour lui quelque désagrément. Évidemment le duc de Saxe voulait, en particulier, garder une grande réserve au sujet de l’affaire du Luxembourg[8]. A peine arrivé à Bourges, Engelhard écrivait à ce prince : J’ai constaté que le Roi ne songeait point à certaines choses que vous savez, autant que moi et beaucoup d’autres le pensions. Il ajoutait : Le Roi se montre plein de bienveillance à l’égard de votre grâce. Le sénéchal (Brezé) et l’archevêque de Reims m’ont parlé de la princesse Annette, votre fille, que, en raison de sa bonne amitié pour vous, le Roi verrait avec plaisir unie au jeune roi d’Ecosse, qui est en toutes choses d’accord avec lui[9]. Au mois de juin, tandis que Henri Engelhard était à la Cour, une ambassade du duc Sigismond y arriva : elle se composait du commandeur Louis de Landsee, et de trois autres chevaliers, avec une suite de quarante chevaux, et venait pour demander, au nom du jeune duc, la main de la sœur du roi d’Écosse. La demande n’est pas du goût du roi, écrivait Engelhard à son maître : il a fait répondre qu’il devait en référer au roi d’Écosse et qu’il serait trop long d’attendre sa réponse. Des ambassadeurs bourguignons étaient aussi venus à Bourges ; ils étaient partis de fort mauvaise humeur, et c’était, disait l’envoyé saxon, un déchaînement universel à leur sujet[10]. L’archevêque de Cologne avait chargé son chancelier de demander au Roi un secours de dix-huit cents chevaux, entretenus aux frais du trésor royal : le Roi avait répondu qu’il avait présentement une ambassade en Angleterre pour négocier la paix, et qu’il ne pouvait donner que six cents hommes ; il avait enjoint de les faire partir immédiatement ; il avait dit au représentant de l’archevêque qu’il enverrait dès ambassadeurs au duc de Bourgogne et au duc de Clèves pour leur recommander de traiter son allié avec justice et équité : sinon il viendrait à son secours avec toute sa puissance. Le Roi avait ajouté qu’une fois son ambassade revenue d’Angleterre, si l’état des négociations le permettait, il enverrait à Cologne toute sa cavalerie, ou du moins autant d’hommes qu’on lui en demanderait. Une estafette était prête à partir pour Cologne, afin d’y faire connaître le résultat des négociations et de permettre à l’archevêque de prendre une décision relativement au contingent qui serait fourni aux frais du Roi[11]. Deux mois plus tard, de Lyon, où il s’était rendu en compagnie de l’archevêque de Trêves, Engelhard envoyait encore des nouvelles à sa Cour : Le duc de Milan, malade depuis longtemps, vient de mourir. Pendant tout l’été, le duc de Savoie a été en correspondance secrète avec le roi de France. Je viens enfin de découvrir à quel sujet. Ayant appris par sa sœur la duchesse de Milan que le duc ne vivrait plus longtemps, le duc de Savoie s’est entendu avec le roi de France sur les voies et moyens de devenir maître du duché de Milan et du pays de Gênes. Seulement le Roi n’a promis son appui que si Félix (l’antipape) se prête à tout ce qu’on exige de lui. Aussitôt la nouvelle de la mort du duc de Milan (arrivée il y a huit jours), le duc et son fils aîné — que l’on prétend être désigné comme héritier dans le testament du Milanais — sont partis avec six mille chevaux, dans le but de s’emparer de Milan. Le Dauphin, de son côté, se tient prêt à partir, avec six mille chevaux, pour la même destination, par une autre route ; il tient déjà le beau comté d’Asti, que le défunt Milanais lui avait donné en gage pour secours prêté... L’entente du Roi et du duc de Savoie est à ce point secrète que personne ici ne sait ce que le Dauphin entend faire avec son armée, ni s’il agira pour ou contre la Savoie. Il résulte de la lettre d’Engelhard que c’est seulement à ce moment que se fît l’échange des lettres de ratification du traité du 13 février 1445 : Le Roi a fait déposer à Genève la lettre qui vous est destinée, écrivait-il ; c’est là que vous devrez envoyer la vôtre et celle du duc Guillaume. Moyennant l’assurance que je lui ai donnée, le Roi a refusé au duc de Bourgogne le secours que celui-ci demandait instamment contre Cologne et monseigneur le duc Guillaume ; il se dit tout prêt à vous prouver son amitié. Au retour d’Engelhard de sa mission, le duc Frédéric de Saxe envoya (février 1448) un nouveau message au Roi ; le porteur était Janon de Kokeritz, dont les ancêtres, disait le duc, avaient mérité de placer les lys de France sur leur écusson ; il avait mission de remettre l’acte portant alliance et confédération entre le Roi et le duc, et de demander que les lettres de ratification du Roi fussent transmises à l’archevêque de Trêves, qui les ferait ensuite parvenir au duc[12]. Nous avons la réponse de Charles VII à cette lettre. Autant que le duc, le Roi avait un vif désir d’entretenir l’alliance de la maison de Saxe avec la Couronne ; ayant éprouvé l’adresse de Janon de Kokeritz dans l’art de tendre les arbalètes et dans les autres exercices du même genre, il le retenait très volontiers à son service ; il avait reçu les lettres d’alliance, et envoyait ses lettres d’approbation, par un de ses écuyers d’écurie, à l’archevêque de Trêves[13]. Dans une seconde missive, le Roi accréditait auprès du duc de Saxe le même écuyer, qui était chargé de lui porter le traité d’alliance[14]. Le Roi entretenait toujours des relations avec son allié l’archevêque de Cologne. Ce prince poursuivait sa lutte contre le duc de Clèves. Au printemps de 1447, il avait reçu d’importants secours du roi des Romains, du duc Guillaume de Saxe et d’autres princes d’Allemagne ; il alla faire le siège de la ville de Soest (30 juin). Le duc de Bourgogne, qui redoutait une attaque du duc de Saxe du côté du Luxembourg[15], arma de son côté, et envoya des troupes au duc de Clèves et au bâtard de Bourgogne, Cornille, gouverneur du Luxembourg[16]. La conflagration menaçait de devenir générale, et d’un moment à l’autre la France pouvait être amenée à y prendre part[17]. Mais l’archevêque de Cologne fut bientôt forcé de lever le siège de Soest, et, abandonné par une partie de ses troupes auxiliaires, il implora de nouveau l’assistance de Charles VII. Dans une lettre en date du 17 avril 1448, il insistait pour que ce secours lui fût envoyé à bref délai ; en même temps, il faisait part au Roi des bonnes dispositions de l’évêque de Liège à l’égard de la Couronne, et annonçait la venue du comte de Blanckenheim, chargé de donner d’amples explications[18]. Nous avons vu plus haut Henri Engelhard faire allusion au projet de mariage entre le duc Sigismond d’Autriche et une princesse d’Écosse. L’ambassadeur saxon annonçait à son maître que Charles VII avait promis de sonder, à ce sujet, le roi d’Écosse. Jacques II était encore trop jeune pour s’occuper des affaires de son royaume, et la reine mère était morte en juillet 1445. Les relations de la France et de l’Écosse, un moment interrompues, devinrent plus fréquentes à partir de 1446. Dans le cours de cette année, nous voyons un héraut du roi Jacques à la Cour[19] ; nous avons mentionné plus haut l’envoi d’une lettre de Charles VII à son allié (février 1447) pour le mettre au courant de ses négociations avec l’Angleterre[20]. Le 27 mai suivant, Jacques II, en accusant réception d’une autre lettre du Roi, rappelait les anciennes alliances avec la Couronne, et faisait une ouverture au sujet du mariage du Dauphin avec sa sœur Éléonore[21]. Charles VII déclina cette proposition. Au mois de juin, après la venue de l’ambassade du duc Sigismond, le Roi fit partir pour l’Écosse Guillaume de Menypeny, avec une lettre où il transmettait à Jacques II l’offre du jeune duc. Deux des nombreuses filles du roi Jacques Ier étaient élevées à la Cour : l’aînée, Jeanne, était sourde-muette, et il était difficile de lui trouver un mari ; c’est de la seconde, Éléonore, qu'il s’agissait pour prendre à la cour d’Innsbruck la place de Radegonde de France. Le roi d’Écosse répondit à Charles VII à la date du 1er septembre 1447. Il le remerciait du souci qu’il prenait de l’avenir de sa sœur ; si le mariage dont il avait parlé, et qui aurait eu ses préférences, ne pouvait s’effectuer, il consentait volontiers à l’union d’Éléonore avec le duc Sigismond d’Autriche, et s’en remettait pour cela au Roi[22]. Cette lettre parvint au Roi le 30 novembre ; il n’en avait point attendu la réception pour suivre l’affaire avec Sigismond. Le 12 décembre 1447, celui-ci, au retour de son envoyé Jean Pechl, chargé d’une mission près de Charles VII, annonçait que, dans un délai de quatre mois, il enverrait une ambassade pour conclure l’affaire du mariage[23]. A la date du 7 février, Charles VII répondait qu’il acceptait ce délai, et chargeait Jean Pechl d’exposer de vive voix ses intentions à Sigismond[24]. L’ambassade annoncée[25] arriva, sur ces entrefaites, à la cour de France : elle apportait au Roi une lettre où le jeune prince se déclarait prêt à s’unir avec Éléonore d’Écosse. Le 11 mars, Charles VII écrivit de nouveau à Sigismond : l’affaire du mariage avait subi un retard, tant à cause de la nécessité de s’assurer du consentement du roi d'Écosse, auquel il avait pour cela envoyé une ambassade, que de notifier le projet d’alliance aux ducs de Bretagne et de Savoie, époux de deux sœurs de la princesse. Mais la diligence que le Roi avait apportée à cette affaire lui avait permis d’aboutir : les fiançailles venaient d’être célébrées[26] ; et comme le duc devait, dans un délai de quatre mois, donner son acceptation définitive, le Roi chargeait un des ambassadeurs de retourner près de son maître afin de le mettre pleinement au courant[27]. Sur ces entrefaites, le roi d’Écosse avait écrit au Roi (9 janvier 1448), pour annoncer l’envoi d'une ambassade chargée de s’occuper de son propre mariage, aussi bien que de celui de ses sœurs[28]. C’était une négociation nouvelle qui allait se joindre à la précédente. L’affaire du mariage n’était point la seule agitée entre Charles VII et Sigismond d’Autriche. Dans une lettre du 6 mai 1448, il entretenait le Roi d’une question qui le préoccupait vivement. Les habitants de Fribourg étaient en lutte avec le duc de Savoie. Les hostilités avaient été ouvertes à la fin de 1447 ; Berne avait pris parti pour le duc de Savoie ; la ville de Bâle et les cantons Suisses avaient tenté vainement de pacifier la querelle. Sigismond s’était adressé au Roi, le priant de s’interposer en faveur des Fribourgeois, et celui-ci s’était empressé d’accéder à son désir[29]. La diplomatie royale poursuivait alors la conclusion d’une double alliance, offensive et défensive, avec le duc de Savoie et les cantons Suisses[30] ; il était d’une haute importance de prévenir un conflit qui aurait entravé l’exécution des projets du Roi. Informé que Charles VII allait intervenir, le duc Sigismond écrivait qu’il comptait lui envoyer à ce sujet une ambassade ; mais comme, dans l’intervalle, les habitants de Fribourg étaient exposés à succomber sous l’effort de leurs adversaires, il priait instamment le Roi de leur fournir les moyens de se tirer d’affaire, afin qu’ils pussent reconnaître l’efficacité de son intervention[31]. Le 20 mai suivant, le gouvernement de Fribourg était invité par des ambassadeurs du Roi, alors à Lausanne en compagnie d’envoyés du duc de Bourgogne, à se faire représenter à des conférences qui allaient s’ouvrir dans cette ville pour travailler à une pacification. Le 26 mai on vit arriver à Fribourg deux ambassadeurs français, Aimery de Hoquedé, abbé de Saint-Thierry de Reims, et Guillaume de Menypeny, seigneur de Concressault, et deux ambassadeurs bourguignons[32]. Ce ne fut pas sans peine qu’on triompha des velléités belliqueuses des Fribourgeois ; enfin, le 16 juillet, grâce à la médiation des ambassadeurs de France et dé Bourgogne, et des villes et communautés de Bâle, Schwytz, Uri, Unterwalden, Zug et Glaris, fut signé à Morat un traité mettant fin aux hostilités[33]. La mission des ambassadeurs de Charles VII ne se bornait pas à cette pacification ; ils devaient se rendre à la cour du roi des Romains pour engager ce prince à travailler, de concert avec le Roi, à la pacification de l’Église[34], et aller ensuite s’entendre avec le duc Sigismond relativement au douaire de la princesse d’Écosse[35]. L’affaire du mariage ne tarda pas à suivre son cours. Le 1er juin, à Innsbruck, Sigismond donnait des pouvoirs pour conclure son mariage avec Éléonore[36] ; le même jour, il écrivait à Charles VII pour accréditer auprès de lui de nouveaux ambassadeurs[37]. De son côté, le roi d’Écosse, à la date du 6 mai, donnait mission à William, lord Crichton, chancelier d’Écosse, à John Ralston, évêque de Dunkeld, et à Nicolas de Otterburn, official de Saint-André et chanoine de Glascow, de se transporter dans les États du duc de Bourgogne, du duc d’Autriche et du comte d’Armagnac, et ailleurs où ils jugeraient utile, pour négocier l’affaire du mariage des deux princesses ses sœurs[38]. Les ambassadeurs étaient aussi porteurs d’une lettre de leur maître pour le duc Sigismond, par laquelle lord Crichton et Nicolas de Otterburn étaient accrédités auprès de lui[39], et d’une lettre pour Charles VII. L’ambassade de Sigismond d’Autriche arriva en Touraine dans le courant d’août ; elle n’y trouva point les ambassadeurs que nous venons de nommer, mais seulement un mandataire du roi d’Écosse, Thomas de Spens, protonotaire apostolique, investi, de concert avec Nicole Chambre, seigneur de la Guerche, — le capitaine de la garde du Roi, — des pouvoirs nécessaires pour contracter le mariage de la princesse Éléonore[40]. Charles VII s’occupa aussitôt de prendre les derniers arrangements[41]. Nous avons le texte du pouvoir (daté de Champigny, le 27 août) qu’il donna à l’évêque de Maillezais, à Bertrand de Beauvau et au sire de Gaucourt pour conclure avec les ambassadeurs du duc Sigismond un traité d’alliance perpétuelle[42]. Les négociations ne tardèrent pas à aboutir à la conclusion de trois traités, passés à la date du 7 septembre 1448 : le premier fixant les clauses du contrat de mariage de Sigismond et d’Éléonore[43] ; le second portant alliance et confédération entre Charles VII et Sigismond[44] ; le troisième portant alliance et confédération entre le roi d’Écosse et Sigismond[45]. Le lendemain 8 septembre, la cérémonie du mariage fut accomplie par l’évêque de Maillezais, en présence du Roi, de la Reine et d’un grand nombre de seigneurs, dans l’église de Beaumont près Chinon[46]. L’ambassade du roi d’Écosse trouva donc l’affaire du mariage conclue, quand, après un long séjour à la cour du duc de Bourgogne[47], elle arriva près de Charles VII, à la fin de septembre[48]. Mais la mission qu’elle avait à remplir s’étendait à d’autres points ; il s’agissait, d’une part, de renouveler les traités d’alliance entre la France et l’Écosse ; de l’autre, de trouver une épouse à Jacques II. C’est ce qui résulte de la lettre du roi d’Écosse à Charles VII[49], remise par les ambassadeurs, et des pouvoirs à eux donnés[50]. Les envoyés du duc d’Autriche et du roi d’Écosse firent un long séjour à la Cour. Il fallait expédier les affaires que les ambassadeurs d’Écosse étaient changés de traiter ; il fallait préparer le départ de la princesse d’Écosse, régler son itinéraire[51], se munir des sauf-conduits nécessaires au voyage[52]. Charles VII remit à Guillaume de Menypeny une lettre l’accréditant auprès de Sigismond[53]. La jeune princesse prit enfin le chemin du Tyrol sous la conduite du sire et de la dame de Gaucourt[54]. Peu après son déport, fut signé à Tours (31 décembre) un traité renouvelant les anciennes alliances entre la France et l'Ecosse et contenant certaines clauses relatives à l’attitude de chacun des alliés à l’égard de l’Angleterre[55]. En quittant la cour de France, les ambassadeurs écossais se rendirent près du duc de Bourgogne. Ils n’avaient trouvé en France, aucune princesse pouvant convenir à leur maître, et Charles VII leur avait conseillé de s’adresser à Philippe le Bon. Ce prince offrit aussitôt la main de sa nièce, Marie de Gueldre, élevée à sa Cour, et qui remplissait toutes les conditions désirables[56]. Après avoir obtenu l’agrément de Charles VII, les ambassadeurs passèrent à Bruxelles le contrat de mariage, à la date du 1er avril 1449[57]. L’échec éprouvé par le duc de Bourgogne, dans ses négociations avec Frédéric III, devait-il le rendre plus circonspect à l’égard de Charles VII ? Nous le voyons, à ce moment, entamer de nouvelles négociations qui aboutirent à la conclusion d’un compromis connu sous le nom d’appointement de Paris. Le duc ne cessait de se plaindre des empiètements de la juridiction royale. Dans une lettre écrite au Roi, le 16 février 1447, il rappelait que ce prince avait donné à Châlons des lettres patentes, portant surséance durant neuf ans aux appels de Flandre ; au mépris de cette ordonnance, d’incessantes poursuites étaient lancées par les officiers royaux. Le duc ne doutait pas que ce fût à l’insu de Charles VII ; il le priait, dans les termes les plus courtois — on pourrait dire les plus humbles, — d’annuler un mandement de relèvement en cas d’appel donné par le Parlement, au sujet d’une sentence rendue à Bruges, ou tout au moins de faire surseoir à l’exécution ; il demandait que des ordres fussent donnés aux gens du Parlement pour que de pareils faits ne se reproduisissent pas[58]. Au mois de mai suivant, une ambassade bourguignonne, composée de Jean Germain, évêque de Chalon, de Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny, et de Pierre de Goux, se rendit à la cour de France ; elle avait mission de porter à la connaissance du Roi et de son Conseil l’exposé des griefs dont le nombre allait chaque jour croissant[59]. Nous avons le compendieux discours prononcé à cette occasion par l’évêque de Châlon[60]. Le prélat avait emprunté au psaume LXVII le texte suivant : Confirma hoc, Deus, quod operatus es in nobis, et il l’expliquait de la sorte : C’est-à-dire, Sire, plaise à Votre Majesté royale de confermer, enteriner, faire garder et mettre en pratique deue le bien que avez fait et ouvré en ce royaulme. Pour s’efforcer de troubler la paix qui règne en France, les ennemis du Roi ont pris un capitaine général qui s’appelle Mauvais rapport, et qui a juré de mettre la discorde au sein de la maison de France. Deux choses sont nécessaires pour triompher de sa fâcheuse influence : Confidence d’abord, et ensuite Espérance. Le discours, rempli d’allégories et de digressions, n’est au fond que le développement de ces deux pensées. L’évêque y fait ressortir les bienfaits de la paix et constate les heureux résultats déjà obtenus : N’est-il pas chose notoire que, par la demourance de paix en votre royaume, votre domaine commence à remettre sus, les églises qui ont esté abatues et les ministres chassés hors, se réedifient, et le divin office commence ; partout les monastères se fournissent de religieux ; les universités sont fréquentées ; votre noblesse, dont les pères ont été morts par guerre, se renouvellent, et leurs enfants se nourrissent dessous paix pour servir au temps à venir ; les villes et villages se resplendissent, remplissent de gens, et se refont les maisons et la terre cultivée. Vers la fin, l’évêque de Châlon trace un brillant tableau des perspectives qui s’ouvriraient si le Roi et le duc de Bourgogne demeuraient en bon accord : avec la puissance du duc, ses grandes possessions hors du royaume[61], on pourrait, une fois la paix conclue avec les Anglais, entreprendre une expédition en Orient et arracher la Grèce au joug des Turcs. Le prélat conclut en ces termes : Sire, donc, gardez l’écusson de paix planté en votre royaume, écrit et scellé de religion, unité de courages, de douceur envers vos parents et subjets, et y planter la haie de Confidence contre Mauvais rapport ; et vous ne doubterez ni Anglois ni Espagnols, ni Arragonnois, ni nations qui soient dessous le ciel, ains profiterez au bien de la foi et l’exaltation d’une très noble maison de votre haute majesté en ce monde temporellement, et après éternellement, ce que vous doint Dieu. Amen. Sur ces entrefaites le duc de Bourgogne obtint une bulle de Nicolas V (23 mai 1447), confirmant celle donnée par son prédécesseur au sujet du différend entre le Roi et le duc : le Pape désignait les évêques de Liège et d’Utrecht et l’abbé de Saint-Aubert de Cambrai pour trancher toutes les difficultés soulevées par l’application du traité d’Arras[62]. Les exhortations à la paix de l’évêque de Châlons coïncident avec la reprise des hostilités entre l’archevêque de Cologne et le duc de Clèves ; elles attestent la crainte qu’avait le duc Philippe de voir une rupture se produire et le Roi entamer contre lui une lutte ouverte avec l’appui du duc Guillaume de Saxe et des autres auxiliaires de l’archevêque[63]. Les inquiétudes du duc ne tardèrent pas à se dissiper : les événements se chargèrent de le rassurer[64]. Au cours de cette année, il continua à être en fréquentes relations avec le Roi[65]. C’est le moment où il s’allie avec le roi d’Aragon, auquel il fait porter le collier de la Toison d’or[66], où il soutient en Lombardie le duc d’Orléans, et se croit à la veille de réussir dans ses négociations avec Albert d’Autriche et Frédéric III. Mais l’échec qu’il subit à Vienne l’amène à entrer en accommodement avec la France. Au mois de mai 1448, deux ambassadeurs se rendent à Tours près du Roi, et de là en Bourgogne vers le chancelier Rolin[67] ; au mois de juillet, une conférence se réunit à Amiens entre des représentants du Roi et du duc[68] ; il est convenu qu’une journée sera tenue le 1er septembre, pour examiner toutes les questions litigieuses ; cette réunion est renvoyée au 25 septembre : c’est à Paris quelle doit avoir lieu. La conférence de Paris marque une nouvelle étape dans les relations entre Charles VII et Philippe le Bon ; elle est, après la conférence de Châlons en 1445, la plus importante des réunions tenues entre les représentants des deux parties. Il convient donc d’exposer avec quelque détail les faits qui s’y rapportent. Dans les amples instructions données par Philippe à ses ambassadeurs, il leur recommandait, avant toutes choses, d’insister sur la stricte exécution du traité d’Arras. Ils devaient réclamer la punition des meurtriers de Jean sans Peur, notamment de Tanguy du Chastel et de Pierre Frotier, auxquels le Roi ne craignait pas de continuer ses faveurs : le titre de prévôt de Paris avait même été maintenu à Tanguy, et il avait été désigné pour faire partie de la grande ambassade envoyée au Pape ; ils devaient exiger que les fondations prescrites à Montereau et aux Chartreux de Dijon, pour le repos de l’âme du feu duc, fussent entin faites ; ils devaient réclamer le paiement intégral des cinquante mille écus dus pour restitution des biens et joyaux du feu duc, sur lesquels quinze mille écus seulement avaient été payés ; ces trois conditions devaient être imposées tout d’abord ; si les représentants du Roi voulaient encore apporter des délais à leur exécution, les ambassadeurs ne passeraient outre qu’en protestant que tout ce qui serait fait ultérieurement ne pourrait y déroger ou préjudicier. Les ambassadeurs aborderaient ensuite les points de détail, longuement énumérés dans leurs instructions[69]. Pierre de Goux était venu de Bourgogne ; en compagnie du président Armenier, trouver le duc à Hesdin pour s’entendre avec lui[70] ; il partit le 22 septembre pour se rendre à Paris, où se trouvèrent bientôt tous les ambassadeurs bourguignons : c’étaient le chancelier Nicolas Rolin, l’évêque de Tournai, le président Armenier, Jean de Groy, seigneur de Chimay ; Gilles de le Woestine, président de la chambre du conseil de Flandre ; Jean d’Auby, Jean le Sot, Guillaume de Zadelaire, Jean de Molesme. Oudart Chuperel, Jean Vincent et Godefroy Cloet[71]. Charles VII avait délégué, pour le représenter, le comte de Dunois, Jean Jouvenel des Ursins, évêque de Laon ; Bertrand de Beauvau, seigneur de Précigny ; Jean Dauvet, procureur général, etc.[72] La conférence s’ouvrit le 1er octobre. Les discussions furent longues et donnèrent lieu à plusieurs échanges de communications entre le duc et ses ambassadeurs[73]. A la date du 19 novembre, les représentants de Charles VII remirent aux ambassadeurs bourguignons un long mémoire contenant leurs réponses aux doléances du duc. Sur les trois premiers points : 1° l’affaire de Tanguy du Chastel ; 2° les fondations et constructions prescrites par le traité d’Arras ; 3° la dette de cinquante mille écus, les ambassadeurs du Roi répondirent qu’ils n’avaient à ce sujet aucune instruction, et qu’ils ne pensaient pas qu’il en dût être parlé ; ils consentaient pourtant à en référer à leur maître. 4° Désordres commis par les gens de guerre de l’un et l’autre parti ; punition des capitaines et gens de guerre qui, depuis le traité d’Arras, ont ravagé les pays du duc. — On tomba d’accord que la meilleure solution était que le Roi donnât à cet égard une abolition générale à ses gens, sujets et serviteurs, et à ceux du duc, pour tous maux, excès et délits commis depuis le traité jusqu’à présent, sauf les deux cas de viol et d’incendie. 5° Procès de Dimanche de Court contre des chevaliers et écuyers picards, sujets du duc. — Le Roi donnera abolition pour tous ceux poursuivis à ce propos et interdira toutes poursuites. 6° Abolition demandée par le seigneur d’Aumont. — Elle lui sera accordée par le Roi. 7° Lettres de marque obtenues par Alabre de Suze et excès commis par lui en vertu de ces lettres. — Alabre sera mandé à Paris et un appointement sera pris avec les ambassadeurs du duc à ce sujet. 8° Lettres de défi de Joachim Rouault au maréchal de Bourgogne. — Défense sera faite à Rouault d’y donner suite. 9° Affaire d’Evrard de la Marck, qui se permet de venir à la Cour, sous prétexte d’un procès pendant entre lui et Saintrailles et Pierre Regnault. — Le procès sera porté devant le connétable à la table de Marbre du Palais et déclaration sera faite à Evrard que le Roi n’entend nullement le soutenir contre le duc. 10° Serment exigé des francs-archers et levée d’hommes d'armes appartenant aux pays du duc, au mépris du traité. — Les sujets et vassaux du duc et de ses serviteurs ne seront point tenus de fournir des hommes ; les arrière-vassaux, sujets du Roi, seront seuls tenus d'en fournir, sauf le service qu’ils doivent à leur seigneur. 11° Différend relatif aux terres des baillages de Mâcon et Saint-Gengoux. —Des commissaires seront nommés pour examiner la question et la trancher d’un commun accord. 12° Différend relatif à d’autres terres du Forez, de la baronnie de Beaujeu, etc. — Même procédure, en appelant des représentants du duc de Bourbon et des autres parties intéressées. 13° Différend relatif à des villages de la châtellenie de Châteauneuf et du baillage de Mâcon dont on veut les distraire pour les faire ressortir à Lyon. — Des commissaires examineront l’affaire, et le lieutenant du sénéchal de Lyon sera, après enquête, autorisé, s’il y a lieu, à laisser provisoirement la jouissance de ces lieux au duc. 14° Contestation relative au titre de bailli de Mâcon pris par le sénéchal de Lyon. — La question sera portée devant le Roi, qui y donnera provision à la satisfaction du duc. 15° Nomination de commissaires royaux sur le fait des péages au baillage de Mâcon. — Information sera faite, sur la demande du duc, par le bailli royal de Mâcon, relativement aux péages nouvellement établis et aux abus qui auraient pu s’introduire. 16° Dixième sur l’épicerie et la droguerie levé au baillage de Mâcon et en Bourgogne. — L’argentier du Roi entendu, il est décidé qu’on cessera de lever cette imposition. 17° Sel et gabelle du sel à Mâcon et en Mâconnais. — Deux commissaires seront nommés par chacune des parties pour régler cette affaire. 18° Grenier à sel de Marcigny. — Des commissaires prononceront, et la jouissance sera maintenue au duc jusqu’à décision prise. 19° Enclaves dans le duché de Bourgogne, le comté d’Auxerre., etc. — Des commissaires examineront l’affaire et y donneront une solution le -plus promptement possible ; le profit des terres en litige sera perçu en attendant par deux personnes commises par le Roi à la nomination du duc, l’un en la marche de l’Auxerrois, l’autre en l’élection de Langres. 20° Limites du royaume et du comté de Bourgogne. — Des commissaires examineront l’affaire ; en attendant leur décision, les choses resteront dans l’état. 21° Attentats au sujet des limites et des enclaves. — Renvoyé aux commissaires nommés. 22° Empiétement à Ussy-l’Évêque. — Même décision ; le duc conservera provisoirement la jouissance. 23° Exploits faits à Nogent par les élus de Tonnerre. — Ordre leur sera donné de les mettre à néant et de s’en départir à l’avenir. 24° Villes et villages du comté d’Auxerre que le bailli de Tonnerre veut en distraire pour en appliquer les profits au Roi. — Ce qui dépend du comté sera restitué. 25° Prétention des grenetiers de Joigny, Saint-Florentin, Tonnerre et Vézelay sur des villes et villages du comté d’Auxerre. — Les habitants du comté prendront leur sel au grenier d’Auxerre ; ceux qui ne résident pas dans les lieux transportés au duc pourront s’adresser aux greniers les plus voisins. 26° Condamnation à une amende dit procureur du duc à Auxerre. — Elle sera mise à néant. 27° Ajournement donné aux habitants de Saint-Bris, Collonges, etc. — Ils seront mis hors de procès. 28° Empêchements donnés par des officiers royaux au baillage de Sens à l’entérinement des lettres de grâce et de rémission du Roi. — Si des empêchements de ce genre ont été ordonnés, ils seront mis à néant. 29° Commission donnée au prévôt de Villeneuve-le-Roi pour appréhender des gens auxquels le duc avait fait grâce. — Si elle a été donnée, elle sera révoquée. 30° Commission sur le fait de nouveaux acquêts. — Elle sera révoquée. 31°-35°. — Satisfaction était également donnée au sujet d’autres menus griefs. 36° Causes et procès des sujets du duc évoqués, au Parlement ou devant les baillis royaux. — Le Roi entend donner prochainement bon ordre au fait de sa justice ; une grande assemblée sera convoquée à Paris ; le duc de Bourgogne sera invité à s’y faire représenter, et cette question pourra alors être résolue ; en attendant, le Roi ordonnera de surseoir aux causes concernant les sujets du duc et de ne plus donner de lettres d’évocation. 37° Refus de donner des lettres de relèvement d’appel. — Ordre sera envoyé de les délivrer, de façon à ce que les sujets du duc n’aient plus lieu de se plaindre. 38° Évocations particulières faites au Parlement. — On en fera le renvoi aussitôt après la rentrée de la Cour. 39° Amendes des appellations, procédant de pays cédés au duc, que le Roi veut appliquer à son profit. — Elles proviennent du report que le Roi s’est réservé. 40° Affaire de Cruzy, Luynes et Gruselles, mis en la main du Roi. — Provision sera donnée au duc au prochain Parlement. 41° Appels venant des pays et lois de Flandre. — Le Roi désignera deux conseillers auxquels seront communiqués toutes les pièces et qui trancheront la question, avec deux commissaires du duc, après enquête faite en Flandre. En attendant, ordre sera donné de surseoir à la réception des appels et à toutes les causes concernant des marchands étrangers, et l’on maintiendra l’exécution des lettres de surséance, pendant neuf ans, relativement aux appels des quatre principales lois de Flandre. 42° Difficultés au sujet de ces lettres de surséance. — Avisé comme dessus. 43° Évocation des causes introduites en la chambre et devant les lois de Flandre, et autres nouvelletés. — Avisé comme dessus. 44° Répits à cinq ans et à un an donnés par le Roi aux sujets du duc. — Avisé comme dessus. 45° Prisonniers de la châtellenie de Courtrai détenus dans les prisons du Roi. — L’affaire sera réglée par les commissaires des parties. 46° Imposition foraine mise à Tournai sur les blés portés à Gand. — L’exécution des mandements royaux cessera et les mandements seront réputés comme non avenus. 47° Imposition foraine mise en plusieurs lieux en deçà de la rivière de Somme. — Elle sera suspendue, à titre de provision ; les gens du duc devront pareillement suspendre la levée de l’imposition foraine à Bar-sur-Seine. 48° Titre de bailli d’Amiens donné au nouveau bailli ordonné par le Roi. — Il s’intitulera désormais bailli d’Amiénois. 49° Aides levées à Picquigny-sur-Somme. — Ordre sera donné d’y surseoir jusqu’à ce qu’autrement soit ordonné. 50° Aides de Ham et Bohain ; empêchements donnés au duc. — Le duc jouira provisoirement des aides de Ham et le Roi de celles de Bohain. 51° Prétention du seigneur de Mauny, maître des eaux et forêts, d’étendre sa juridiction en Ponthieu. — L’affaire est pendant devant le Parlement, à cause de la contestation, relative audit office entre le seigneur de Mauny et le seigneur d’Auxy ; toutefois le seigneur d’Auxy jouira dès maintenant dudit office en ce qui concerne les terres transportées au duc. 52° Pilleries des Anglais à Crotoy. — Il en sera parlé à la journée qui doit se tenir à Louviers avec les commissaires du roi d’Angleterre, et, si le duc veut y envoyer ses gens, ils seront reçus comme ceux du Roi. 53° Titre Par la grâce de Dieu. — Le duc baillera ses lettres patentes dans lesquelles, après avoir exposé comment, après les seignouries des duchés de Lothier, Brabant et Limbourg à lui échues, il ait en toutes ses lettres patentes, au commencement de son tiltre, fait mettre ces mots -parla grâce de Dieu ; en conclusion il confessera que par ce il n’a entendu ne entend vouloir, avoir ou pretendre, ès pays et seigneuries qu’il y a et tient en ce royaulme, aucun plus grant droit qu’il y avoit auparavant lesdictes seigneuries à lui escheues et que ses prédécesseurs y avoient et povoient avoir à pretendre ; et congnoistra ce non obstant le Roy estre son souverain seigneur au regard des terres et seignouries qu’il a et tient en son royaume, sauf et reservé à luy son exemption à sa vie, selon le contenu ou traictié de la paix faicte entre le Roy et lui. Et moyennant ce, le Roy est et sera content que lesdiz mots par la grâce de Dieu soient et demeurent au tiltre de mon dit seigneur de Bourgogne ainsi et par la manière qu’il les y a fait mettre et escrire, et de ce baillera ses lettres patentes, èsquelles seront incorporées et transcrites les lettres de monseigneur de Bourgogne. 54° Les quatre mille livres de rente sur la recette de Normandie. — Les ambassadeurs du duc ayant dit que le Roi avait donné à cet égard des lettres de provision à la duchesse de Bourgogne, à laquelle le duc a abandonné cette rente, les lettres seront produites et provision sera ensuite donnée. 55° Les trois cents livres de rente sur la recette de Meaux. — Les comptes de la ville de Meaux seront examinés pour voir comment la rente a été constituée, et provision sera donnée ainsi qu’il appartiendra. 56° Débat au sujet de lettres d’octroi des prédécesseurs du duc à certaines villes. — Il en sera fait comme au temps du duc Philippe, aïeul du duc. 57° Droit exigé par l’audiencier de la chancellerie. — On veillera à ce que ce droit ne dépasse pas le taux habituel. 58° Vexations dont le duc est l’objet de la part de gens qui se disent étudiants en l’Université de Paris. — Le Roi y pourvoient au bien de tout son royaume. 59° Mainmise du Roi sur le comté d’Étampes et la seigneurie de Dourdan. — Pour Étampes, on a agi en vertu d’une décision du Parlement ; pour Dourdan, la requête sera transmise au Roi. 60° Restitution du comté de Gien. — Il en sera délibéré à la réunion que le Roi doit tenir à Paris sur le fait de la justice, sur le vu des pièces que le duc et son neveu enverront. 61° Restitution de trente-deux mille écus au comte d’Étampes. — Renvoyé à la réunion susdite. 62° Francs archers dans les châtellenies de Péronne, Montdidier et Roye. — On ne fera aucune levée dans les terres cédées au duc. 63° Prétentions des grenetiers de Beauvais et Noyon sur certains villages desdites châtellenies. — Elles seront réprimées. 64° Exécutions faites par le bailli de Chaumont en la terre d’Arc-en-Barrois. — Elles ont été faites par l’autorité du Parlement, devant lequel le duc fera porter l’affaire. 65° Villages du Vimeu, au nombre de cent seize, imposés aux tailles et appatis. —Ils en seront tenus quittes et déchargés. 66° Appatis en Ponthieu réglés à Châlons avec la duchesse de Bourgogne. — Information en sera faite. 67° Tailles et appatis levés dans les trois châtellenies. — Même réponse[74]. Le comte de Dunois et le seigneur de Précigny se chargèrent d’aller en référer au Roi relativement aux points qui n’avaient pas reçu de solution. Sur les trois premiers, le Roi se borna à répondre qu’il avoit bon vouloir et entencion de faire tout ce qu’il appartiendrait par raison et le plus tost que bonnement faire se pourrait. Pierre de Goux et deux de ses collègues se rendirent à Louviers, avec les ambassadeurs du Roi, pour prendre part aux conférences avec les représentants du roi d’Angleterre et traiter les questions intéressant le duc de Bourgogne. A son retour, Goux se rendit près du Roi, avec Jean d’Auby et Jean de Molesme, pour lui soumettre certaines questions réservées à sa décision, et prendre les derniers arrangements. La diplomatie bourguignonne n’était point satisfaite de la réponse évasive donnée par le Roi relativement aux trois premiers points. Un acte notarié fut rédigé à Amiens, le 25 décembre, par les ambassadeurs qui, après avoir pris part aux conférences de Paris, étaient retournés vers leur maître. Il contenait la teneur des réclamations présentées de ce chef au nom du duc de Bourgogne. Une nouvelle ambassade bourguignonne se rendit à la Cour au mois de janvier ; nul doute qu’elle ne soit revenue à la charge. Mais, si Charles VII était disposé à donner à Philippe toutes les satisfactions qu’il estimait lui être légitimement dues, il n’entendait point aller au delà : à la date du 28 janvier, de nombreuses lettres patentes furent rendues en exécution des promesses faites à Paris. Ces lettres étaient relatives aux points suivants : abolition à tous les gens de guerre, sujets et serviteurs des deux parties (art. 4) ; détrousse de Dimanche de Court et autres, faite par le comte d’Étampes et ses gens (art. 5) ; abolition à Jacques, seigneur d’Aumont (art. 6) ; affaire d’Alabre de Suze (art. 7) ; défi de Joachim Rouault (art. 8) ; affaire d’Évrard de la Marck (art. 9) ; levée d’hommes d’armes dans les pays du duc (art. 10) ; nomination de commissaires pour trancher le différend au sujet des terres du baillage de Mâcon (art. 11) ; décharge d’un dixième levé dans le duché de Bourgogne (art. 16) ; nomination de commissaires relativement à l’affaire du sel dans le bailliage de Mâcon (art. 17), à l’affaire du grenier à sel de Marcigny (art. 18), à la question des limites (art. 20), à l’autorisation donnée aux habitants du comté d’Auxerre de prendre leur sel au grenier d’Auxerre (art. 25) ; révocation de commission donnée au prévôt de Villeneuve-le-Roi (art. 29) ; révocation de commission sur la levée de droits d’amortissement à raison d’acquêts (art. 30) ; nomination de commissaires pour trancher la question des appels de Flandre et confirmation des lettres de surséance (art. 41 et 42) ; défense de soumettre à l’imposition foraine les marchandises passant par Tournai à destination de Gand et ailleurs (art. 46) ; jouissance des aides à Ham et à Bohain (art. 50) ; attribution des privilèges de maître des eaux et forêts en faveur du seigneur d’Auxy, dans les pays cédés en vertu du traité d’Arras (art. 51) ; autorisation au duc de Bourgogne de prendre le titre : Par la grâce de Dieu (art. 53)[75]. Les actes que nous venons d’énumérer attestent suffisamment les loyales dispositions du Roi et son ferme désir de donner à son vassal toutes les satisfactions compatibles avec les intérêts et la dignité de la Couronne. Charles VII avait ses vues en agissant ainsi : prévoyant une prochaine rupture avec les Anglais, il voulait écarter tout embarras du côté du duc de Bourgogne. Une détente s’était d’ailleurs opérée dans les relations entre les deux Cours. A ce moment le duc de Bourgogne donnait enfin un époux à sa nièce, Marie de Gueldre, et cet époux il le recevait, on peut le dire, de la main de Charles VII. La puissance bourguignonne, devenue par cette union l’alliée de l’Écosse, se trouvait en même temps rapprochée de la France et rattachée à la politique de celle-ci à l’égard de l’Angleterre. Bientôt une nouvelle ambassade vint trouver le duc au nom de Charles VII. Elle se composait de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol ; de Jean de Lorraine, fils du comte de Vaudemont ; de Guillaume d’Estouteville, seigneur de Blainville, et de plusieurs autres notables gentilshommes[76]. Elle avait mission d’exposer au duc les derniers incidents qui s’étaient produits, entre le Roi et les Anglais, depuis la prise de Fougères, et de lui demander son avis sur l’attitude à prendre. Philippe, très sensible à cette communication[77], répondit qu’il remerciait très humblement le Roi de l’honneur qu’il lui faisait et de la bonne amour et affection qu’il témoignait par là envers lui ; il donnerait volontiers son avis, car, de tout son cœur, il desiroit l’honneur et prospérité du Roy et du Royaume ; après avoir fait examiner tous les documents en son Conseil, il lui semblait que le Roi s’était conduit très prudemment et sagement, particulièrement en ce qui touchait à la paix, et qu’il n’avait tenu ni ne tiendrait à lui qu’elle n’eût été conclue, — du moins une paix honorable et raisonnable. En toutes choses, la conduite du Roi avait été très correcte ; il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour prévenir la rupture, tellement qu’il en a grande louenge et recommandation. Si le plaisir du Roi était de réunir à bref délai une assemblée des gens de son Conseil et des princes du sang pour trancher définitivement la question, ce serait très bien fait, et le duc était prêt à y envoyer ses représentants[78]. Une autre requête fut, paraît-il[79], présentée au duc : on lui demanda d’autoriser les nobles, chevaliers, écuyers et gens de guerre de ses pays à aller servir le Roi (à la solde de celui-ci), si bon leur semblait. Le duc, après en avoir délibéré, fit répondre qu’il avait des trêves avec les Anglais, et qu’il n’avait point l’intention d’entrer en guerre avec eux si les trêves n’étaient point rompues de leur côté ; néanmoins, dans le cas où des nobles et gens de guerre de ses pays voudraient aller servir le Roi, il s’en rapportait à eux et n’entendait point les empêcher de le faire. Tel fut le dernier échange d’ambassades[80] entre Charles VII et Philippe le Bon, avant la campagne qui devait amener la libération du territoire et par là modifier profondément la situation du duc de Bourgogne à l’égard de la Couronne. |
[1] Rôle du 26 mai 1447. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 254.
[2] Ces points étaient les suivants : 1° réparation du préjudice causé au duc Sigismond par la non-exécution, dans le délai fixé, de la promesse relative à la délivrance du jeune duc et la mise en possession de ses seigneuries, ce qui avait empêché l'accomplissement du mariage avec Radegonde de France, morte après l'expiration de ce délai ; 2° mise en liberté du duc Louis de Bavière, oncle du Roi, toujours détenu, d'abord par son fils, puis, après la mort de celui-ci, par le jeune marquis de Brandebourg et la veuve du jeune duc ; 3° revendications financières au sujet des assignations jadis faites au feu roi Charles VI pour la somme de cinquante-cinq mille francs d'or versée en 1405 au duc Louis de Bavière, frère de la reine Isabeau, et les arrérages d'une rente de six mille florins d'or dont aucun paiement n'avait jamais été effectué.
[3] Instructions du 24 février 1447. Original, Portefeuille 96 de Godefroy, à la Bibliothèque de l'Institut ; publiées (avec lacunes) par Tuetey, les Écorcheurs en France sous Charles VII, t. II, p. 150 et suivantes. — Créance exposée le 1er mars à l'archevêque de Trêves. Du Puy, 760, f. 132 ; publiée par Tuetey, l. c., p. 158 et suivantes. — Miles d'Illiers reçut, pour cette ambassade, Une somme de 412 l. 10 s., et Jacquemin de Bussière eut 206 l. 5 s. Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 116 v°.
[4] Voir réponse de l'archevêque de Trêves, et lettre du comte de Blanckenheim au Roi en date du 29 mers 1441. Tuetey, l. c., p. 169 et 175.
[5] Le 13 mars, à Wurtzbourg, l'évêque Gotfridt donnait un sauf-conduit au comte de Blanckenheim et aux autres ambassadeurs qui devaient se rendre à la diète de Nuremberg, convoquée pour la mi-carême ; le 15, Albert, margrave de Brandebourg, délivrait pareil sauf-conduit aux mêmes. Le 19 avril, les consuls de Nuremberg accusaient réception au Roi des lettres par lesquelles il leur annonçait la venue prochaine de nouveaux ambassadeurs dans leur ville ; ils manifestaient en termes chaleureux le bonheur qu'ils auraient à se conformer à ses volontés. Ces trois pièces sont en originaux dans le Ms. fr. 20587, n° 45, 44 et 48.
[6] Pierre de la Roche, clerc Benoit du Puy, CX l. pour porter à messire Adulphe, chevalier, fils du comte de Nasse au pays d’Allemagne, demeuré malade à Lyon, venant devers le Roy lui apporter nouvelles de certains joyaux d’église et autres besognes appartenant au Roy à cause de la feue Reyne sa mère. Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 113 v°.
[7] Voir chapitre IX.
[8] L’électeur Frédéric était alors brouillé avec son frère Guillaume, et celui-ci venait d’intervenir en faveur de l’archevêque de Cologne dans la lutte que ce prince soutenait contre le duc de Clèves.
[9]
Auch, gnediger herre, erbutet sich der Konig von
Franckrich gein uwern gnaden gar fruntlichen... etc. Lettre du 15 juin. Archives de Dresde.
[10] Item der Herczog von Burgundien halt auch sin
hostchaft hie, die mit unwillen und ane ende ist von hynn gescheyden und man
ist ym in dissem hoff also sere grame und widder, als ich ye von ymands also
gemeynlich verhasset vernommen hab. Lettre citée.
[11] Lettre citée, supplément, l.
c., f. 298. Engelhard ajoutait en Post-scriptum : Ydoch muss myn herre von Kollen iglichen monden, iglichem
Pferde egwene gulden zu tranckgeld geben, und sie verkastegen so balde sie
duezsche lande ruren und daruber auch andere mer gescheneke, wie wol das hein
uf des Konigs solt ym solich folck zusenden.
[12] Lettre de Frédéric, duc de Saxe, au Roi. Original, en date du 20 février 1448. Cabinet de l’auteur.
[13] Lettre sans date. Ms. lat. 5414 A, f. 79 v°.
[14] Lettre sans date. Ms. lat. 5414 A, f. 80.
[15] On lit dans les Chroniques messines (p. 258) que le duc de Saxe manda à Mgr le duc de Bourgoigne qu’il avoit prins et conquesté la ville de Lucembourg de nuyt, et tout le pays, et qu’il le regaigneroit de jours.
[16] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 101 et suivantes ; Olivier de la Marche, t. II, p. 115.
[17] Dans une lettre de deux envoyés de la ville de Francfort en mission à Vienne, datée du 15 juillet 1447, on lit que, à la Cour impériale, l'intervention du duc de Bourgogne était envisagée avec satisfaction : on espérait que, en se mêlant directement au conflit entre le duc de Clèves et l'archevêque de Cologne, le duc fournirait un prétexte de s'attaquer à lui et de revendiquer la possession du Luxembourg ; si l'armée qui opérait en Westphalie venait à passer le Rhin, en avait lieu de croire qu'un corps de six mille chevaux viendrait le joindre ; l'archevêque de Trêves s'occupait activement de cette affaire ; on disait qu'il s'entendait avec le duc de Bourgogne contre le roi des Romains, et que le projet de détrôner ce prince avait été mis en avant. Janssen, Francfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 100. — Voir, en particulier, sur la guerre de Clèves-Cologne : Die Chroniken der Niederrhein Städte, Cöln, t. III, p. 787 et suivantes ; Clevische chronik, publ. par le Dr Rob. Scholten, p. 121 et suivantes ; Chronicon Brumwlrense, dans Annalen des histor. Vereins für der Niederrhein, t. XVIII, p. 138 ; Die Soestische Fehde, dans Emminghans, Memorabilia Susatensia, p. 664 et suivantes ; 688 et suivantes ; 703 et suivantes ; Schäten, Annalium Paderbornensium Pars II, p. 584 et suivantes, etc.
[18] Original, ms. fr. 20597, n° 50. La lettre parvint au Roi le 4 juin 1448.
[19] Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 103 v°.
[20] Lettre sans date. Ms. latin 5414A, f. 77.
[21] Lettre originale. Ms. lat. 10187, n° 8.
[22]
Lettre originale. M. lat. 10187, n° 9 ; éd. Stevenson, Letters and papers, etc., t. I, p. 194.
[23] Lettre visée dans la lettre de Charles VII du 7 février 1448.
[24] Original aux archives de Vienne communication de M. A. d'Herbomez ; éditée par Chmel, Gesch. K. Friedrichs IV, t. II, p. 161, avec la date fautive de 1450.
[25] Elle se composait de Louis de Landsee, chevalier, gouverneur du comté de Tyrol, et de Hanze ou Jean Pechl, conseiller du duc Sigismond.
[26] Le 28 février. Voir le recueil : Der Œstereichischer Geschichtsforcher, où le chanoine Chmel a réuni, sous ce titre : Zur Geschichte Herzog Sigismunds von Œsterreich, Nachtrag su den Materialien, les documents relatifs à cette affaire (t. II, p. 448 et suivantes). Le 23 mars 1448, fut passé à Tours un acte par lequel le délai de quatre mois fixé pour la célébration du mariage était prorogé au 1er août.
[27] Lettre de Charles VII. Ms. lat. 5414A, f. 78 ; éditée par d'Achery, Spicilegium, t. III, p. 176, et par Leibniz, Codex juris gentium, p. 379. — Datum in Monte aureo, prope Laverdin. D'après l'itinéraire, la lettre doit avoir été écrite vers le 11 mars 1448.
[28] Lettre originale, Ms. lat. 10187, n° 12 ; éd. Stevenson, t. I, p. 197.
[29] Voir une lettre de Charles VII (sans date) à Sigismond, relative à cette affaire, dans le Ms. lat. 5414A, f. 80.
[30] Voir les documents déjà cités qui se trouvent dans le Ms. latin 17779, f. 49 et suivants, et le Mémoire de M. B. de Mandrot : Étude sur les relations de Charles VII et de Louis XI avec les cantons Suisses, p. 11 et suivantes.
[31] Original, dans Le Grand, vol. IV, f. 15.
[32] Mandrot, l. c., p. 17.
[33] Mandrot, l. c., p. 18. Sitzungsberichte der philos, histor. Klasse der Wiener Akademie, t. II, p. 441 ; Descriptio belli annis 1447 et 1448 gesti, auct. Joh. Gruyere, dans Quellen zur Schweizer Geschichte, t. I (1877), p. 304 et suivantes.
[34] Voir lettre des Pères de Bâle à Sigismond, en date du 25 mai, dans Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 286.
[35] Materialien, l. c., p. 291.
[36] Materialien, l. c., p. 290.
[37] Le commandeur Louis de Landsee, Perceval de Annemberg et Léonard de Volsegk. Materialien, l. c., p. 290 et suivantes.
[38] Œsterr. Geschichtsf, t. II, p. 450.
[39] Lettre sans date. Œsterr. Geschichtsf, t. II, p. 460.
[40] Voir les instructions (sans date) qui furent données à Thomas de Spens par le roi d’Écosse, dans Œsterr. Geschichtsf., p. 462-64. — Il résulte des traités passés le 7 septembre suivant (Materialien, t. I, part. II, p. 290 et suivantes) que, tout en se qualifiant de nuncii, procuratores et commissarii per serenissimum principem et dominum dominum Jacobum, Dei gratia regem Scotorum, ad infra scripta specialiter deputati, les deux représentants du roi d’Écosse ne purent produire le texte de leurs pouvoirs, et qu’ils prirent l’engagement de fournir ces pouvoirs dans le délai d’un mois.
[41] Materialien, t. I, part. II, p. 289.
[42] Le Roi avait tout fait préparer à l’avance. Nous trouvons dans les comptes la mention suivante : M. Jacques de Paranty, notaire apostolique, CX s., pour avoir escript en avril plusieurs lettres et instrumens touchans les fiançailles et mariage de madame Elyenor d’Escosse. Dixième compte de Xaincoins, l. c., f. 129 v°.
[43]
Herrgott, t. III, part. I, n° 30 ; Chmel, Materialien, l. c., p. 290.
[44] Ce traité est visé dans les lettres de ratification données par Charles VII le 30 juin 1449. Materialien, l. c., p. 304.
[45] Materialien, l. c., p. 292.
[46] Acte de mariage, per verba de præsenti, dans Herrgott, t. III, part, I, n° 31. Voir sur la robe de drap d’or donnée par Charles VII à la princesse, un rôle du 27 mars 1450. Supplément aux Preuves de Mathieu d’Escouchy, p. 4.
[47] Du 1er au 14 avril, Rasset de Male, chevaucheur de l’écurie du duc de Bourgogne, accompagne les ambassadeurs à travers les pays du duc ; il leur fait visiter Hesdia, Saint-Pol, Lille, Bruxelles, Gand, etc. Archives du Nord, B 2000, f. 68.
[48] Cette date résulte de la mention placée au bas de l’original de la lettre du roi Jacques apportée par les ambassadeurs : Recepta die XXIX mensis septembri.
[49] Lettre sans date, reçue le 29 septembre 1448, dans le ms. fr. 4054, n° 83 ; éd. Stevenson, l. c., p. 221.
[50] Lettre du 6 mai, insérée dans le traité du 31 décembre 1448 ; voir plus bas.
[51] C’est le chemin que madame Eleonor d’Escoce, duchesse d’Aulterisse, et sa compaignie, ont à tenir leur chemin de Tours à Beauffort en la conté de Ferrettes. Œsterr. Geschichtsf., t. II, p. 460.
[52]
Sauf-conduit du duc de Bourgogne, en date du 22 septembre. Œsterr. Geschichtsf., t. II, p. 459.
[53] Amboise, 9 décembre. Original aux Archives de Vienne, communiqué par M. d'Herbomez ; éd. par Chmel, Œsterr. Geschichtsf., p. 465.
[54] Voir, sur les dépenses faites à l'occasion de ce voyage, le rôle cité, p. 8 et suivantes, 14 et 15.
[55] Archives nationales, J 678, n° 28. Copies dans Du Puy, 753, f. 40, et Brienne, 54, f. 72. Le 30 juin 1449, Charles VII donna des lettres de ratification du traité conclu par ses ambassadeurs. Materialien, t. I, part. II, p. 304.
[56] Jam nubilem et formosam. Rapport des ambassadeurs cité dans Burnett, l. c., t. V, préface, p. LXXIV.
[57] Voir Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 176 ; Olivier de la Marche, t. II, p. 117. Ce chroniqueur dit de Jacques II : Ung moult beau chevalier, josne et vertueux Roy, et fut celluy qui avait la moitié du visaige rouge...
[58] Voir cette lettre, où les faits sont longuement exposés, dans le Ms. fr. 5041, f. 4 ; elle a été publiée en 1859 par Gachard, Compte rendu des séances de la commission royale d'histoire de Belgique, 2e série, t. XII, p. 359.
[59] Sur leur chemin les ambassadeurs recevaient des messages au sujet d'exploits faits par des officiers royaux, et d'entreprises des gens du Roi au préjudice du duc. Voyage de Huguenin de Longchamp (2-9 mai) ; Voyage d'un chevaucheur (22 mai). Archives de la Côte-d'Or, B 1700, f. 136 v° et 137 v°.
[60] Ce discours se trouve in extenso à la Biblioth. nat., dans le Ms. fr. 10142, f. 51-75.
[61] Voici textuellement ce curieux passage : Et, Sire, puis le traictié de paix, vous avez uny à vostre coronne et conjoint en vostre corps vostre parent et subject monseigneur [le] duc de Bourgoigne, non pas seullement comme duc de Bourgoigne ou conte de Flandres, d'Artoys ou de Boulonois, ains le congnoissez estre prince hors de vostre royaulme ès deux pays plus grant terrien, ains avez à vous mirait ung duc de Brebant, ung duc de Limbourg, ung duc de Luxembourg, un conte de Haynau, de Hollande, de Zelande, de Namur, de Bourgongne et un marquis de Saint-Empire, seigneur de Frise. Cette congnoissance vous doibt engendrer confidence en vostre parent que, puis que Dieu luy donné tant de si haultes seigneuries en outre icelles qu'il tient de vostre royaulme, qu'il ne vouldroit penser envers vous ne faire chose qui ne appartienne à un si hault prince. — Cf. le discours prononcé l'année suivante par Jean Jouffroy à Rome devant le pape Nicolas V, où est faite une énumération plus pompeuse encore des possessions du duc hors du royaume. Le cardinal Jean Jouffroy, par Ch. Fierville (1874, in-8°), p. 233.
[62] Archives de la Côte-d’Or, B 11907. Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 264.
[63] Le passage suivant d’une Chronique de l’abbaye de Floreffe, composée entre 1462 et 1473, montre combien la situation était tendue (Monuments pour servir à l’histoire des provinces de Namur, etc., recueillis parle baron de Reiffenberg, t. VIII, p. 163) :
En icelle meisme année
Le duc de Bourgoigne grant armée
Mis sus trestout pour certain :
Car l’on disoit trestout à plain
Que li voir Charte de Franche
Avoit fait grant aliance
Aux duc d’Ostrice et de Zassenne,
Telement que d’une assenne
Feroient gherre au duc de Bourgoigne ;
Et l’archevesque de Coloingne,
Avecques plusieurs Allemans,
Avoient promis estre nuisans
Au puissant duc des Bourguengnons.
[64] Le 3 juillet, juste au moment du siège de Soest, le duc envoie Jean Matte porter de Gand des lettres au Roi, quelque part qu'il soit, pour aucunes matieres secretes. Archives du Nord, B 1994, f. 103.
[65] Ambassade de Pierre de Goux, du 5 septembre au 25 octobre (B 4994, f. 127 v°) ; nouvelle ambassade de Pierre de Bon avec deux autres conseillers, Jean le Sot et Jean d'Auby, en décembre et janvier (B 1999, F. 20 v° ; 1998, L 60 v° et 67 v°).
[66] Le roi d'Aragon avait envoyé des ambassadeurs au duc au mois de mai ; le 11 août 1447, Guillebert de Lannoy partit pour se rendre près du roi d'Aragon et dans d'autres cours ; cette mission l'occupa pendant sept mois.
[67] Leur mission dura du 22 mai au 5 septembre. Archives du Nord, B 1998, f. 51 v°, et 2002, f. 95 v°.
[68] Archives du Nord, B 2002, f. 86 v°.
[69] Instructions aux ambassadeurs du duc pour la journée qui doit être tenue à Paris le 25 septembre, communiquées par le duc à son conseil, le 22 septembre, au château de Hesdin. Archives de la Côte-d'Or, B 11907. — S'ensuivent les points et articles sur lesquels semble que l'on peut besoigner et conclure à ceste presente journée et convencion de Paris, et dont à la journée de Hedin fut parlé. Id., B 11909.
[70] Archives du Nord, B 2002, f. 85.
[71] Archives du Nord, B 2000, f. 75, 77 v°, 78 v° ; 2002, f. 85, 90 ; 2004, f. 121 v°, 123 v°, 131.
[72] Huitième compte d'Étienne de Bonney, dans Cabinet des titres, 685, f. 134.
[73] Le 15 octobre, le duc envoie à Paris Jean Vignier, son conseiller ; le 17 il fait partir un chevaucheur, avec des lettres closes pour le chancelier et ses autres ambassadeurs. Archives du Nord, B 2002, f. 93 v° ; 2000, f. 88 v°.
[74] Collection de Bourgogne, 95, p. 1038 et suivantes.
[75] Je renvoie à mon Catalogue des Actes, où l'on trouvera toutes les indications de sources sur ces lettres, la plupart datées du 28 janvier, sauf quelques-unes qui ne portent que la date du mois.
[76] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 186-187.
[77] Elle fut faite par le comte de Saint-Pol, le seigneur de Bainville et Mathieu Beauvarlet, secrétaire du Roi.
[78] Rapport des ambassadeurs du Roi. Ms. fr. 5040, f. 37 ; édit. Stevenson, t. I, p. 264 et suivantes.
[79] Le rapport des ambassadeurs n'en parle pas ; c'est Mathieu d'Escouchy qui rapporte le fait.
[80] Le duc fit donner deux flacons d’argent au seigneur de Blainville et deux pots d'argent, verrés aux bords, à Beauvarlet. Archives du Nord, B 2002, f. 211 v°.