1444-1449 Situation de la Papauté ; Eugène IV, après avoir consommé l’union avec l’Église grecque, s’efforce d’arrêter l’invasion musulmane. — Ses relations avec Frédéric III ; le roi des Romains se décide à sortir de la neutralité et à reconnaître Eugène IV. — Les électeurs de l’Empire entrent en négociations avec Eugène IV, auquel ils prétendent imposer leurs conditions ; le Pape renvoie la solution à la diète de Francfort, où rien n’est résolu. — Intervention de Charles VII ; pourparlers avec le duc de Savoie, en vue d’obtenir le désistement de l’antipape ; convention du 30 mars 1446. — Le Roi décide l’envoi d’une ambassade à Lyon pour travailler à la pacification ; instructions rédigées à cet effet ; propositions formulées en Conseil au mois de novembre. — Mission donnée à l’archevêque d’Aix, nonce du Pape, et à Élie de Pompadour ; ambassade envoyée à la diète de Nuremberg. — Mort d’Eugène IV, au moment où il venait d’être reconnu comme pape par les princes électeurs ; nomination de Nicolas V ; le nouveau pape notifie son élection à Charles VII. — Le Roi est investi par Nicolas V de la mission de travailler à la pacification de l’Église ; il reçoit une lettre de l’antipape. — Succès de la démarche du roi auprès de l’archevêque de Trêves ; l’archevêque promet de s’employer en personne à la pacification. — Assemblée de Bourges, à laquelle il prend part en son nom et au nom de trois des électeurs de l’Empire ; déclaration fixant les bases des négociations. — Assemblée de Lyon’ instructions données aux ambassadeurs du Roi. — Adhésion de l’Allemagne à Nicolas V. — Conférences de Genève ; articles produits par les plénipotentiaires royaux ; prétentions de l’antipape ; convention du 1er décembre 1447. — Relations de Charles VII avec Nicolas V attitude du Pape ; il s’en rapporte au Roi. — Grande ambassade à Rome ; accueil favorable qu’elle reçoit ; lettre de Nicolas V au Roi. — Continuation des négociations avec l’antipape ; efforts qu’il fait pour obtenir des concessions ; déclaration du 4 avril 1449. — Renonciation de Félix V à la Papauté ; Nicolas V ratifie tout ce qui a été fait ; il adresse à Charles VII un bref de félicitations pour avoir accompli la grande œuvre de la pacification. Une question capitale domine la période dont nous nous occupons et tient l’Europe attentive : la pacification de l’Église. Un nouveau schisme menace de troubler la chrétienté ; la lutte est engagée entre Eugène IV, le pape légitime, et Félix V, l’élu du conciliabule de Bâle. Si nous tournons nos regards vers Rome, un spectacle digne de remarque nous frappe. Tandis que les débris du Concile de Bâle s’agitent vainement autour de l’antipape, que le roi des Romains et les princes du Saint-Empire prétendent conserver à l’égard d’Eugène IV une neutralité qui n’est qu’une hostilité déguisée, que Charles VII, tout en demeurant fidèle à Eugène, ne veut point abandonner la Pragmatique sanction de 1438, nous voyons le trône pontifical retrouver peu à peu son autorité et son prestige. Rentré à Rome à la fin de 1443, en compagnie des Pères du Concile de Florence, le Souverain Pontife achève l’œuvre si heureusement inaugurée. Dans la première session du Concile, tenue à Latran (30 septembre 1444), l’union avec l’Église grecque est solennellement conclue. L’archevêque de Rhodes, envoyé en Orient pour y porter la bonne nouvelle et triompher des résistances de quelques sectes, revient l’année suivante, suivi des délégués des Chaldéens et des Maronites, chargés de faire obéissance au Pape. Dans la deuxième session du Concile (7 août 1445), l’union est consommée par l’adhésion des derniers dissidents. Une bulle spéciale annonce au monde chrétien le grand événement qui vient de s’accomplir[1]. En même temps que l’union avec les Grecs, le Pape poursuit la lutte contre les Turcs : le meilleur moyen d’assurer le succès de son œuvre n’est-il point de protéger l’empire de Constantinople contre l’invasion musulmane ? Aussi Eugène IV n’épargne aucun effort. Dès 1439, il demande des subsides à l’Europe chrétienne et annonce à l’empereur Jean Paléologue de prochains secours[2]. Dans la bulle même où il fait connaître le retour des Grecs à l’unité, il exhorte les princes d’Occident à prêter le secours de leurs armes à l’empire byzantin, enserré de tous côtés par les infidèles[3]. Au mois de janvier 1443, il fait à la chrétienté tout entière un solennel appel[4]. A toute force, il veut assurer la délivrance de la Terre sainte[5]. Jamais le péril n’avait été plus pressant[6]. En reprenant la lutte séculaire du croissant contre la Croix, les Turcs comptaient sur le long sommeil du roi de France[7], toujours absorbé par la guerre avec les Anglais, sur les divisions qui régnaient dans l’Église, sur l’indifférence des princes chrétiens. La guerre civile allumée par la succession au trône de Hongrie, après la mort du roi des Romains Albert, leur offrait une trop belle occasion pour qu’ils la laissassent échapper. Dès 1439, Amurath avait mis le siège devant Belgrade ; en 1442, la Hongrie avait de nouveau été envahie, et il avait fallu l’héroïque valeur de Jean Hunyade pour repousser les agresseurs ; en 1443, les mémorables victoires remportées par Ladislas et Hunyade valurent au jeune roi de Hongrie les félicitations de tous les princes chrétiens, Charles VII en tête[8]. Mais aucun ne s’émut. Seul, le duc de Bourgogne répondit à l’appel du Souverain Pontife en envoyant ses chevaliers combattre dans l’île de Rhodes et sur les bords de la mer Noire[9]. Mais bientôt de graves revers et la mort de Ladislas, tué à la bataille de Varna (19 novembre 1444) mirent l’empire de Constantinople à la merci des Turcs. Par là un coup terrible était porté à l’union récemment conclue entre les Grecs et l’Église romaine[10]. On s’étonne qu’en présence d’un péril aussi redoutable pour la chrétienté, le roi des Romains et les princes électeurs n’aient point fait trêve à leurs mesquines intrigues pour se ranger autour du Pape et tourner toutes les forces du Saint-Empire contre l’ennemi commun. Loin de là. C’est le moment où Frédéric III semble se désintéresser des affaires religieuses. Il n’assiste même pas aux diètes tenues aux mois de février et de novembre 1443. Une nouvelle diète est fixée au jour de l’Ascension (1er mai 1444) : le roi des Romains n’arrive qu’au commencement d’août. Après de longues discussions, il formule des propositions d’accommodement qui ne sont point agréées par les électeurs et qui, portées à Bâle, y sont également repoussées. D’ailleurs, c’est par un motif purement politique qu’il tient à se rapprocher du Pape : inquiet des alliances contractées avec la France par quatre des princes électeurs ; craignant à la fois de voir son autorité s’amoindrir dans l’empire et l’influence de la France prédominer à Rome, il se décide (janvier 1445) à traiter directement avec Eugène IV, et lui envoie son secrétaire Æneas Sylvius. A son tour le pape députe Jean Carvajal près de Frédéric, avec le titre de nonce. Pour rendre plus facile l’accord avec Frédéric III, le pape dépose les archevêques de Cologne et de Trêves, qui faisaient à ce prince une vive opposition et en même temps soutenaient la cause de l’antipape Félix V : ils sont remplacés par un frère bâtard et un neveu du duc de Bourgogne, avec lequel le roi des Romains est dans les meilleurs termes. Au mois de février 1446, le nonce Carvajal réussit à opérer l’accord entre Frédéric et le Pape : moyennant d’importantes concessions et une forte somme d’argent, le roi des Romains se déclare nettement en faveur d’Eugène IV[11]. Mais la question n’est point pour cela résolue : les électeurs de l’empire se montrent très émus de la déposition des archevêques de Cologne et de Trêves ; ils refusent de répondre à la convocation que Frédéric leur avait faite de se rendre à Vienne, et se réunissent spontanément à Francfort le 21 mars 1446. Ils prennent deux importantes résolutions : l’une pour sauvegarder les droits des électeurs, l’autre pour imposer des conditions au Pape, en assignant un terme (1er septembre) à la réponse qui doit leur être donnée. Les ambassadeurs des princes se rendent d’abord à Vienne pour s’assurer l’appui du roi des Romains. Frédéric déclare qu’il a blâmé la déposition des deux princes électeurs, mais il se refuse à approuver l'ultimatum qu’on veut présenter à Eugène IV. Pourtant il envoie de nouveau Æneas Sylvius à Rome, en compagnie des ambassadeurs. Le 6 juillet, les représentants du roi des Romains et des princes électeurs sont reçus par le Pape, qui manifeste des dispositions conciliantes. Eugène IV renvoie la solution à la diète de Francfort, dont la réunion a été fixée au 1er septembre. Cette importante assemblée s’ouvre le 14 septembre 1446 et se prolonge jusqu'au 11 octobre. Le Pape s’y fait représenter par Thomas de Sarzano, évêque de Bologne, et par Æneas Sylvius, qu’il vient d’attacher à sa personne. Jean de Heinsberg, évêque de Liège, Jean Carvajal et Nicolas de Cusa sont désignés comme légats[12]. Le 22 septembre, une déclaration est faite en faveur d’Eugène IV par les représentants du roi des Romains, de concert avec l’archevêque de Mayence, le délégué de l’électeur de Brandebourg et deux évêques. Mais les concessions consenties par le Pape ne satisfont pas la majorité de l’assemblée. Malgré les efforts des envoyés du roi des Romains, la diète se sépare en déclarant qu’une nouvelle démarche sera faite auprès du Pape pour le mettre en demeure d’accepter les propositions des princes électeurs ; le seul tempérament qu’on apporte à ces exigences, c’est que les résolutions à prendre seront rédigées sous forme d’articles et non plus sous forme de bulles. Tel était l’état des relations entre Rome et l’empire à la fin de 1446. C’est alors que Charles VII se résolut à prendre lui-même l’affaire en main. Bien décidé à faire reconnaître l’autorité d’Eugène IV[13], il n’avait cessé de suivre les négociations entamées en vue d’une pacification ; il avait envoyé ses ambassadeurs à Rome, à Bâle, en Allemagne, en Savoie[14] ; à diverses reprises il avait reçu des députés du duc de Savoie, venus pour le solliciter d’intervenir[15] : le duc avait d’abord fait savoir que, dans certaine forme et manière qui seroit plus à plein déclarée par ses ambassadeurs, il était disposé à s’employer auprès de son père pour qu’il s’en rapportât au bon conseil et à la direction, ordonnance et disposition du Roi[16]. Puis ses ambassadeurs, faisant un pas de plus, s’étaient portés garants que leur maître s’en remettrait, sans aucune condition, à la décision du Roi, et qu’il en prendrait l’engagement par lettres patentes[17]. A la date du 30 mars 1446, une convention fut signée à Chinon : il fut décidé qu’au retour du Languedoc, où il était alors eu mission, et au plus tard le 1er juillet, l’archevêque de Reims se rendrait à Lyon, en compagnie d’un notable maître en théologie, et que, de là, il se transporterait à Genève, et ailleurs où il serait besoin, pour poursuivre les négociations[18]. D’amples instructions furent rédigées pour tracer aux envoyés du Roi la marche à suivre : ils devaient, soit à Lyon, soit ailleurs, se mettre en relation avec les représentants du duc de Savoie ou de son père, insister sur les inconvénients qui par chacun jour adviennent à cause des débats et divisions qui de présent sont au fait de l’Église, inconvénients qui iraient en s’aggravant si provision et remède n’y étaient apportés ; sur le péril qui en résultait pour les âmes ; sur la déplorable situation de ceux qui étaient sous le coup des sentences d’excommunication. Tout bon chrétien devait être affligé d’un pareil état de choses. Quant au Roi, il en était très déplaisant pour deux motifs : l’un pour l’amour et l'affection que lui et ses prédécesseurs avaient toujours eu à l’égard des princes de Savoie ; l’autre pour la consanguinité et prochaine affinité existant entre lui et la maison de Savoie, à laquelle il avait donné une de ses filles. Si la maison de Savoie souffrait dans son honneur en une matière telle que le fait de l’Église, il ne pouvait se faire, au point où les choses étaient arrivées, qu’il n’en rejaillît quelque chose sur le Roi, au cas où il ne se serait pleinement acquitté de son devoir envers le duc. Par ces motifs le Roi était naturellement porté, et contraint en quelque sorte, à exhorter les princes de la maison de Savoie de se désister et départir de la voie où ils étaient touchant le fait de la Papauté et la matière de l’Église, et à chercher les voies et moyens convenables pour se mettre en bonne et vraie obéissance envers Dieu et l’Église, pour aviser au salut de leurs âmes et de celles de leurs sujets, pour éviter enfin tous les inconvénients auxquels ils s’exposeraient s’ils persistaient dans leur conduite et ne se décidaient point d’eux-mêmes à porter remède à cette situation. Avant toutes choses les ambassadeurs devaient exiger que la lettre de soumission qui serait donnée par le duc de Savoie leur fût baillée réellement et de fait et qu’ils en fussent saisis ; cette lettre devrait être rédigée de telle façon que le duc de Savoie ne pût jamais en contredire les termes. Si l’on pouvait amener le père du duc à donner son assentiment, soit par lettre, soit verbalement, la chose en vaudrait beaucoup mieux : les ambassadeurs devaient donc, au besoin, aller le trouver, si son consentement pouvait être obtenu au prix de cette démarche. Enfin l’on s’occupait des diverses éventualités qui étaient à prévoir, et l’on indiquait aux ambassadeurs ce qu’ils auraient à faire suivant les circonstances[19]. A Jacques Jouvenel des Ursins furent adjoints Jean d’Étampes, évêque de Carcassonne, Robert Ciboule, maître en théologie, et Jacques Cœur. Cette ambassade fut-elle envoyée dans le délai fixé ? Remplit-elle sa mission ? Nous manquons de renseignements à cet égard[20]. Mais nous savons que, le 25 juillet 1446, le duc de Savoie donnait à Charles VII l’assurance que son père et lui étaient prêts à accepter les décisions du Roi relativement aux affaires de l’Église[21]. Nous savons de plus que, dans l’automne de 1446, Eugène IV envoya en France, avec le titre de légat, Roger Damien, dit Robert, archevêque d’Aix[22]. Il est probable que l'on attendit, pour faire partir l’ambassade, que le Roi se fût concerté avec le légat du Pape. Au mois de novembre suivant Charles VII réunit son Conseil et fit rédiger des propositions qui devaient être communiquées à la fois au Pape et à l’antipape. Le Roi demandait que tous procès, censures et sentences fussent, de part et d’autre, réputés pour non avenus ; que chacun reconnût, comme avant les difficultés qui s’étaient produites, le pape Eugène IV pour vrai Pape ; que Monseigneur Amé de Savoie, appelé, comme on dit, le pape Félix dans les pays de son obédience, conservât un état honorable dans l’Église ; que ceux qui l’avaient soutenu et qui avaient figuré au concile de Bâle fussent maintenus en possession de leurs dignités ecclésiastiques ; enfin que, tout conflit étant apaisé, on procédât d’un commun accord à la tenue d’un Concile général où l’on traiterait de tout ce qui serait utile au salut et au bien de l’Église universelle[23]. L’archevêque d’Aix était depuis trois mois à Tours[24] ; il fut envoyé au Pape, en compagnie de Blaise Gresle[25], et reçut des instructions spéciales. D’une part, il devait faire ressortir le bon et grand vouloir que Charles VII témoignait au bien et tranquillité de l’Église, et exposer en son nom la voie à suivre pour préserver notre Saint Père des oppressions et rigueurs dont il était l’objet et faire cesser le schisme ; d’autre part, remontrer au Pape la grande foule et déshonneur faits au Roi et à sa Couronne en plusieurs manières. — La façon dont on procédait à la nomination des archevêchés et évêchés, la désignation d’étrangers comme titulaires des offices de l'ordre de saint Jean de Jérusalem, les difficultés opposées au choix du nouvel évêque de Nevers, la nécessité de pourvoir les églises cathédrales de titulaires dont la fidélité au Roi ne pût être soupçonnée, l’obligation imposée aux gens d’église de concourir au paiement de l’aide imposée pour la solde des gens de guerre : tels étaient les points que le légat était chargé, en outre, de traiter en cour de Rome[26]. — Élie de Pompadour fut envoyé en Savoie et à Bâle pour communiquer les propositions du Roi à l’antipape et à ses partisans[27] et des ouvertures furent faites au roi d’Angleterre en vue d’obtenir sa coopération[28]. Au mois de février suivant, une notable ambassade[29] partit pour Nuremberg, où devait se tenir une assemblée des princes électeurs afin de délibérer sur l’accord à conclure avec le Pape. Les instructions données aux ambassadeurs portent la date du 24 janvier : ils avaient la double mission de travailler à la paix de l’Église et d’entretenir les princes électeurs des difficultés pendantes avec le roi des Romains au sujet de l’expédition du Dauphin en Alsace, lesquelles n’avaient point reçu de solution[30]. L’archevêque d’Aix n’était point encore arrivé à Rome quand un grave événement se produisit : le pape Eugène IV, dont la santé déclinait depuis quelques mois, expira le 23 février 1447. Avant sa mort, il put recevoir les ambassadeurs du roi des Romains et des princes électeurs. Pleine satisfaction leur fut donnée : par actes en date des 5 et 7 février, la paix fut conclue, et les députés allemands, jurèrent obéissance au Souverain Pontife. Je meurs content, dit Eugène IV, maintenant que j’ai vu le triomphe de l’Église, les Allemands revenus à l’obéissance due au Saint-Siège, et le schisme d’Amédée privé par là de sa principale force[31]. A un Pape qui, par l’austérité et la sainteté de sa vie, par son invincible fermeté, en avait imposé à ses adversaires même, allait succéder un prélat tout récemment revêtu de la pourpre cardinalice. C’était Thomas Parentucelli, surnommé de Sarzano, du lieu de sa naissance, que le pape Eugène IV avait désigné récemment comme l’un de ses représentants à la diète de Francfort. Le nouveau pape fut élu le 6 mars[32], et prit le nom de Nicolas V. Nous avons la lettre par laquelle il notifia son élection à Charles VII, lui demandant de faire faire dans le royaume des prières publiques pour attirer sur sa personne les grâces d’en haut, afin qu’il pût gouverner dignement l’Église et accomplir tout ce qui contribuerait au salut des fidèles, à l’extirpation des hérésies, à la paix du peuple chrétien, à la répression des infidèles[33]. Nicolas V montait sur le trône pontifical animé des dispositions les plus conciliantes. Je prie Dieu, disait-il, qu’il me fasse la grâce de pouvoir exécuter ce que j’ai à cœur de faire, savoir de n’employer, pendant mon pontificat, d’autres armes que la croix de Jésus-Christ2[34]. Un de ses premiers actes fut de ratifier les arrangements faits par son prédécesseur avec les députés allemands[35]. Charles VII s’empressa d’écrire au nouveau Pape pour le féliciter de son avènement. Il chargea en même temps l’archevêque d’Aix d’assurer Nicolas Y de son dévouement et du zèle qu’il apporterait à poursuivre l’extinction du schisme. Le Pape remercia le Roi par une lettre en date du 26 avril. Vos mérites, très cher fils, disait-il, nous laissent dans l’hésitation sur ce que nous avons à faire : devons-nous louer d’abord le dévouement et le zèle admirables dont, à l’exemple de vos prédécesseurs, vous faites preuve pour l’unité et la prospérité de la sainte Église de Dieu ? ou devons-nous vous exhorter à poursuivre les travaux déjà entrepris spontanément par vous pour sa restauration et pour son bien ? Rien, en effet, n’est plus honorable pour vous que d’avoir pris cette tâche si à cœur, et, soyez-en sûr, elle vous procurera, plus que toute autre, autant de gloire qu’elle apportera d’utilité à l’Église de Dieu. C’est là l’œuvre des Rois ; c’est ce à quoi se sont appliqués de toutes leurs forces vos prédécesseurs, ces hommes si illustres et si dignes de louange... Cela a toujours été le propre de l’illustre race des rois de France de supprimer les schismes et de travailler à la paix de l’Église... Marchez sur leurs traces, nous vous en supplions. Efforcez-vous d’achever et de mener à bonne fin la tâche sainte et glorieuse que vous avez commencée... Ne vous fatiguez pas de poursuivre cette entreprise, qui vous méritera la vie éternelle, et sera pour vous et pour vos descendants une source perpétuelle de gloire[36]. L’archevêque d’Aix fut chargé de remettre au Roi la lettre du Souverain Pontife ; il était muni de pleins pouvoirs pour confirmer et mettre à exécution les sentences prononcées contre Amédée et ses partisans. Le Pape lui avait même donné la faculté de confisquer leurs biens et d’en transférer la possession à Charles VII et à ses successeurs[37]. Fort de la confiance dont l’honorait le Souverain Pontife et assuré de l’appui du duc de Savoie[38], Charles VII se mit résolument à l’œuvre. Au mois de mai, il convoqua une grande assemblée, à laquelle devaient prendre part les princes du sang et tous les prélats et gens d’église du Royaume. Le duc de Bretagne fut invité à s’y rendre en compagnie des prélats de son duché[39]. Sur ces entrefaites, Charles VII reçut une longue épître de l’antipape. Amédée demandait que les prélats du royaume fussent autorisés à se rendre à Bâle, ou dans une autre ville à la convenance du Roi, en vue de la tenue d’un Concile universel. Là, en présence des représentants de toute l’Église, il ferait apparaître pleinement la justice de sa cause[40]. Ce n’était point sur ce terrain que Charles VII entendait se placer : son but était d’obtenir d’Amédée une renonciation pure et simple. Pour y parvenir, il comptait sur les assurances données par le duc Louis de Savoie : seul ce prince était à même de triompher de l’obstination que mettait son père à conserver la tiare. On a prétendu que le duc Louis se rendit à Bourges pour conférer avec le Roi[41] ; il est certain qu’il se borna à envoyer des ambassadeurs. On a vu qu’au mois de février 1447 Charles VII avait fait partir une ambassade pour le représenter à la diète de Nuremberg. L’ambassade se rendit d’abord à Trêves auprès de l’archevêque-électeur. Là, elle apprit la mort d’Eugène IV et ne poursuivit point sa route ; mais la mission qu’elle devait remplir auprès de l’archevêque eut un plein succès. Après avoir soutenu le pape Eugène, Jacques de Sierck s’était fait le champion de l’antipape[42]. Déposé par Eugène IV, en même temps que l’archevêque de Cologne, il avait été à l’assemblée de Francfort (juillet 1446) un des plus ardents à combattre les propositions conciliantes de Frédéric III. Il ne fallut pas moins que le prestige de la Couronne et l’habileté de la diplomatie royale pour amener chez l’archevêque un complet revirement ; mais, uni à la France par une étroite alliance, comment aurait-il pu, alors que Charles VII prenait l’initiative d’une négociation ayant pour base la reconnaissance du pontife romain, persister dans une, opposition directe aux vues royales ? Si le roi de France croit être en mesure de pacifier l’Église, disait-il à l’envoyé du duc de Saxe, les princes électeurs ne peuvent se refuser à accéder à la demande de celui qui, entre tous, est appelé le Roi très chrétien[43]. L’archevêque de Trêves fit dire à Charles VII qu’il était prêt à lui complaire, et à le servir comme son allié, bienveillant serviteur, et comme le sien en toutes choses que possible lui seroit. Il déclara qu’il était très joyeux de ce que le Roi avait bon espoir de faire union de la sainte Église ; il s’y emploierait volontiers, car il était mieux enclin à soy entendre et aussi ensuir le très chrestien Roy de France, au fait de l’Église, que nul autre Roy ou prince vivant, nul excepté. Il était lié, cependant, par des engagements avec les autres princes électeurs, et ne pouvait rien faire sans leur assentiment ; il allait en conférer avec eux et tiendrait le Roi au courant ; il prendrait ensuite son avis, car il n’avait d’autre désir que de lui complaire en tout ce qui serait possible. Il exprimait l’espoir que le Roi aurait égard au fait de son église et des siens, tellement que tout se ferait au bien, honneur et profit du Roi et de son royaume, et aussi de l’archevêque, de son église et des siens. Le Roi avait fait solliciter l’archevêque de se rendre à l’assemblée qui devait se tenir à Lyon pour la pacification de l’Église, et il y avait consenti. Mais Jacques de Sierck demanda que, puisque le Pape Eugène venait de mourir, il plût au Roi de ne point faire obéissance au nouveau Pape avant d’avoir conféré avec lui ; car, disait-il, les choses pourront vraisemblablement être disposées de telle façon que le Roi aura pour lui les archevêques de Trêves et de Cologne, et leurs adhérents dans l’Empire ; ce qui ne seroit pas petit honneur et profit au Roi et à eux. Il en résulterait de grands biens, car peut-être pourrait-on conclure les choses très promptement à Lyon. En tout cas, il convenait de tenir l’affaire bien secrète jusqu’à ce que le Roi et l’archevêque eussent pu s’entretenir et prendre une conclusion[44]. L’archevêque de Trêves ne se contenta pas de répondre aux ambassadeurs ; il voulut écrire au Roi. J’ai obéi, disait-il, à tout ce qu’il vous a plu me mander et faire savoir... J'ai la ferme espérance que, de ma réponse et du parfait entier vouloir que j’ai à votre très excellente Majesté royale, en tout ce que possible me sera, complaire et servir, vous serez bien content. Si je puis être en votre ville de Lyon, devers vous, comme votre très excellente Majesté et moi tous deux le désirons, plus particulièrement je vous répondrai et vous parlerai de tout[45]. C’était déjà un important résultat. Là où le roi des Romains avait échoué, le roi de France était au moment de réussir. L’antipape et ses partisans avaient placé leurs meilleures espérances chez les princes du saint empire ; la politique royale allait leur enlever cet appui[46]. Au commencement de juin, l’archevêque de Trêves arriva près du Roi, à Bourges, en compagnie du chancelier de l’archevêque de Cologne et d’un envoyé du duc de Saxe[47] ; il était en outre muni des pouvoirs de l’électeur Palatin. Les pourparlers furent aussitôt entamés, et l’on jeta les bases des négociations qui allaient s’ouvrir[48]. Un grand conseil fut tenu, en présence d’ambassadeurs du roi de Castille et de plusieurs princes du sang. A la date du 28 juin, une déclaration fut rédigée au nom du Roi et de l’archevêque de Trêves, se portant fort pour ses trois co-électeurs. Le Roi et les princes électeurs manifestaient d’abord le désir de travailler efficacement à procurer la paix de l’Église et à mettre un terme aux divisions survenues. Pour cela ils s’efforceraient de procurer la réunion d’un Concile universel ; ils poursuivraient l’abolition des procédures, sentences, censures et autres peines portées de part et d’autre à l’occasion de ces divisions, la réintégration dans leurs charges et dignités de ceux qui en avaient été privés, enfin la reconnaissance unanime du pape Nicolas, lequel, de son côté, mettrait en oubli tout ce qui avait été fait contre son autorité. Les Conciles de Bâle et de Latran se dissoudraient, afin qu’on pût tenir un Concile universel, réunissant toute la chrétienté dans la concorde et dans la paix. Ils déclaraient d’ailleurs ne vouloir nullement porter atteinte aux décrets du Concile de Bâle étant en vigueur soit dans l’empire, soit en France. Ils exprimaient l’espoir que le père de monseigneur le duc de Savoie, conformément aux promesses faites au Roi par le duc, se montrerait favorable au but poursuivi ; tout en renonçant, en vue d’un si grand bien que la paix de l’Église, à la dignité royale, il conserverait une situation honorable dans l’Église, et ses partisans seraient maintenus en possession de leurs titres et bénéfices. Les princes électeurs déclaraient abandonner leur projet de tenir le Concile en Allemagne et se rallier à la proposition du Roi pour sa tenue en France ; ils s’efforceraient d’en assurer la réunion avant les calendes de septembre de l’année suivante. Le Roi s’engageait à demander au Pape Nicolas de recevoir le décret Frequens du Concile de Constance et les autres décrets rendus à Constance ; il réclamerait des bulles pour la célébration du futur Concile. Si le duc de Savoie, ou son père, ou quelqu’un de leurs adhérents refusaient leur adhésion à ces moyens de conciliation, et qu’il fût procédé par le Pape contre les récalcitrants, le Roi et les princes électeurs renonceraient à toute médiation et donneraient tout leur concours au Pape pour l’exécution des sentences portées par lui[49]. De Bourges, l’archevêque de Trêves devait se rendre à Lyon pour prendre part aux conférences. Charles VII désigna des ambassadeurs : c’étaient Jacques Jouvenel des Ursins, archevêque de Reims ; Jacques de Comborn, évêque de Clermont ; le maréchal de la Fayette, Élie de Pompadour, archidiacre de Carcassonne, et Thomas de Courcelles, docteur en théologie[50]. L’archevêque de Trêves partit aussitôt, en compagnie des députés des électeurs de Cologne et de Saxe ; mais le départ de l’ambassade française fut retardé par l’arrivée de l’archevêque d’Aix, légat du Pape, avec lequel le Roi conféra longuement des graves questions qu’il s’agissait de résoudre. L’archevêque avait remis au Roi une nouvelle lettre du Pape[51]. Charles VII y répondit, en faisant part à Nicolas V de ce qui avait été fait à Bourges, de concert avec l’archevêque de Trêves[52]. Les instructions remises par le Roi à ses ambassadeurs leur enjoignaient de s’entendre, pour la marche des négociations, avec l’archevêque de Trêves et les députés des princes électeurs ; le Roi les autorisait à envoyer une députation au duc de Savoie ou à se rendre près de ce prince ; mais ils devaient, autant que possible, s’abstenir de toute communication avec le père de monseigneur de Savoie ; ils devaient également faire en sorte que le cardinal d’Arles ou d’autres envoyés de Bâle, s’ils venaient à Lyon, n’y parussent point avec les insignes cardinalices ; ils avaient mission de remettre ou d’envoyer au duc de Savoie des lettres du Roi, et, en lui exposant leur créance, d’insister sur la nécessité qu’il y avait à ce que le père du duc renonçât à sa prétendue dignité ; ils devaient donner l’assurance que le Roi s’emploierait à ce que la chose s’accomplît en la meilleure forme possible ; s’ils trouvaient le duc de Savoie, son père, et ceux de Bâle en bonne disposition, ils le feraient en toute diligence savoir au Roi, afin d’avoir son avis sur la marche à suivre ; ils useraient de telles exhortations sommations et autres moyens qu’ils jugeraient convenables, sans cependant exécuter aucune menace, soit par voie de censure ecclésiastique, soit au nom de l’autorité royale, sans en référer au Roi, afin d’agir ensuite conformément à sa décision. Si le duc de Savoie se refusait à accepter les propositions formulées, les ambassadeurs l’en sommeraient en vertu de l’obligation contractée par lui, et en outre le requerraient de remettre en leurs mains Madame Yolande — fille de Charles VII, fiancée au prince de Piémont — pour la ramener au Roi. Les ambassadeurs devaient donner souvent de leurs nouvelles au Roi et le tenir constamment au courant des négociations, afin qu’il fût à même de pourvoir à toutes les difficultés. Enfin, ils devaient s’entendre avec l’archevêque d’Aix, légat du Pape, et agir conformément à ses conseils[53]. Pendant que l’archevêque de Trêves et les plénipotentiaires français se dirigeaient vers Lyon, une nouvelle diète se tenait en Allemagne, à Aschaffenbourg, sur l’initiative du roi des Romains. D’importants résultats y furent obtenus. L’adhésion des comtes de Wurtemberg, bientôt suivie de celles des archevêques de Cologne et de Trêves et de l’électeur Palatin, entraîna l’Allemagne toute entière. Le 21 août suivant, à Vienne, Frédéric publiait un édit enjoignant à la nation allemande de reconnaître le vrai Pape. Poursuivant ses négociations avec le cardinal Carvajal, légat du Pape, il tomba d’accord avec lui sur tous les points, et, le 27 février 1448, fut signé un concordat entre le Saint-Siège et l’empire[54]. En outre, Frédéric III s’associa aux pressantes démarches faites par Charles VII auprès de l’antipape : on a de lui une lettre au duc de Savoie, dans laquelle il l’exhortait à poursuivre la renonciation d’Amédée à la Papauté[55]. Au milieu du mois de juillet 1447, les conférences s’ouvrirent à Lyon avec les représentants de l’antipape et du duc de Savoie, en présence d’ambassadeurs du Dauphin[56], du roi de Sicile[57] et du roi de Castille. Après un examen approfondi de la situation, il parut opportun que les ambassadeurs du Roi se transportassent à Genève pour conférer avec l’antipape et le mettre en demeure de tenir les promesses faites en son nom. On en référa aussitôt à Charles VII, qui fit partir le comte de Dunois, avec mission de se joindre à ses autres représentants. Dunois quitta la Cour en compagnie des ambassadeurs que le roi d’Angleterre venait d’envoyer pour prendre part aux conférences[58]. Dès qu’il fut arrivé à Lyon (novembre), les ambassadeurs de France partirent pour Genève ; ils emmenaient avec eux les envoyés du Dauphin et du roi de Sicile. Henri Engelhard, ambassadeur du duc de Saxe, demeuré le seul représentant des princes électeurs, les avait précédés à la cour de l'antipape[59]. Les conférences se poursuivirent à Genève. Les plénipotentiaires français produisirent certains articles précisant les conditions dans lesquelles la pacification devait s’opérer. Le seigneur Félix renoncerait à la papauté au sein du concile de Bâle et, après avoir reçu les lettres de garantie et les sûretés stipulées ci-après, il donnerait au sujet de cette renonciation des lettres en bonne et due forme. Toutes privations, suspensions, procédures, sentences et censures faites ou portées par les pages Eugène et Nicolas contre Félix, le Concile de Bâle et tous ceux qui avaient participé au Concile à un titre quelconque, seraient déclarées abolies, en vertu de lettres de Nicolas. D’autres lettres de Nicolas, données en meilleure forme, prononceraient la réintégration de tous ceux qui auraient été privés de leurs dignités, bénéfices, etc. Les cardinaux de l’une et de l’autre obédience seraient maintenus en possession de leurs honneurs et prérogatives ; il en serait de même à l’égard des officiers résidant actuellement à la cour de Félix ou se trouvant encore à Bâle. Le Pape Nicolas donnerait des lettres par lesquelles il promettrait la convocation d’un Concile général, dont la réunion aurait lieu, dans une ville de France, le premier jour du septième mois après l’accomplissement des conditions que devaient observer Félix et les Pères de Bâle. Il s’engagerait également à lancer la bulle de convocation dans le délai de trois mois. Les dignitaires nommés par Félix et par le Concile seraient maintenus en possession de leurs charges et bénéfices, et Nicolas Y donnerait à cet égard des lettres de confirmation. Celui-ci prendrait l’engagement d’approuver la décision rendue par le Concile de Bâle relativement à la situation faite au seigneur Félix. Enfin le Pape devrait apporter une grande célérité à la publication de sa bulle et s’engager par serment et par vœu à ne point empêcher ni différer la célébration du Concile. De son côté, Félix annulerait toutes suspensions, privations, sentences et peines portées à l’occasion des divisions survenues. Une fois l’annulation desdites censures et peines opérée et la désignation d’un lieu pour la célébration du Concile général en France faite par les lettres susdites, Félix renoncerait actuellement et efficacement — actualiter et efficaciter — à la papauté dans une session du Concile de Bâle, et les Pères de Bâle, là leur tour, annuleraient toutes suspensions, procédures, censures, etc., par eux portées. Les Pères de Bâle reconnaîtraient ensuite Nicolas V comme Souverain Pontife et ordonneraient de lui faire pleine obéissance ; après quoi ils prononceraient leur dissolution, conformément aux décrets. Avec les lettres du Pape devaient être données, du bon plaisir du Pape Nicolas, des lettres des rois de France et d’Angleterre et d’autres princes, promettant : 1° que le Pape Nicolas ne pourrait se soustraire à l’accomplissement d’aucune de ses promesses ni mettre aucun empêchement à la célébration du Concile ; 2° que les princes susdits se feraient représenter au Concile par leurs ambassadeurs et qu’ils lui obéiraient comme au vrai Concile. Si ces garanties ne paraissaient pas suffisantes aux Pères de Bâle, ils pourraient ne reconnaître Nicolas pour Souverain Pontife et ne se dissoudre qu’à partir du jour de la réunion du nouveau Concile universel. Dans le cas où Nicolas, soit directement, soit indirectement, s’opposerait à la célébration du futur Concile, la renonciation et toutes les stipulations ci-dessus seraient considérées comme non avenues[60]. A son tour, l’antipape remit aux plénipotentiaires français des propositions écrites, se déclarant prêt à traiter si elles étaient acceptées par le Pape. Dans une lettre adressée à Charles VII, en date du 20 août, Félix avait déclaré solennellement qu’il ne renoncerait à la papauté que si son compétiteur Nicolas en faisait autant de son côté ou venait à mourir, et qu’il se soumettrait ensuite à la décision du Concile universel[61]. On était loin des espérances que le duc de Savoie avait, l’année précédente, fait luire aux yeux du Roi. Cette fois, l’antipape demandait : 1° que sa renonciation fût faite dans un Concile convoqué de sa propre autorité ; 2° qu’avant cette renonciation il donnât trois bulles : la première pour rétablir dans leurs offices tous ceux de ses partisans qui en avaient été privés par Eugène et par Nicolas ; la seconde pour lever les excommunications et censures portées par lui contre les adhérents d’Eugène et de Nicolas ; la troisième pour confirmer tous les actes accomplis par lui durant le schisme ; 3° qu’il pût remettre librement la tiare aux mains du Concile, lequel procéderait aussitôt à l’élection de Nicolas et rétablirait par un décret tous ceux qui avaient suivi l’un ou l’autre parti ; 4° qu’il demeurerait légat du Saint-Siège par l’autorité du Concile, avec de grandes prérogatives, ce qui serait confirmé par Nicolas[62]. A la date du 1er décembre fut dressé un acte notarié par lequel les plénipotentiaires français et les représentants du Dauphin et du roi de Sicile déclaraient avoir eu communication des propositions du père de monseigneur de Savoie, contenues dans certaine cédule. Il n’avaient pas cru devoir se refuser à accueillir ces ouvertures, en considération des graves inconvénients qu’entraînerait la rupture des négociations ; mais ils protestaient solennellement qu’en agissant ainsi, et en traitant, soit avec le père de monseigneur de Savoie et ses représentants, soit avec les représentants de ceux de Bâle, ils n’avaient rien entendu faire qui pût porter préjudice ou déroger à l’autorité, état et dignité ou à l'honneur de Notre Saint Père le Pape Nicolas V, ni à l’obédience à lui due par les rois et princes dont ils étaient les représentants. Ils n’avaient agi que pour le bien de l’Église universelle, en vue d’obtenir la soumission du seigneur Amédée et de ses adhérents, et sous réserve de l’approbation du Pape[63]. Par une lettre adressée à Charles VII, en date du 3 décembre, l’antipape porta à sa connaissance les conditions moyennant lesquelles il consentait à renoncer à la Papauté[64]. Cependant Charles VII était constamment en relations avec Nicolas V. Au mois d’août, il lui avait envoyé un de ses secrétaires, Jean Herbert[65] ; au mois d’octobre, il fit partir pour Rome un de ses écuyers d’écurie, Raoulin Regnault[66] ; le 28 octobre, il remettait à Jean Cossa, baron de Grimaldi, envoyé du roi de Sicile, des lettres de créance pour le Pape et pour les cardinaux[67] ; il avait reçu de Nicolas V divers messages, un en particulier au sujet de la situation de l’île de Chypre, menacée par les infidèles, et avait aussitôt autorisé la levée dans ses états d’un subside sous forme d’indulgences[68]. En décembre, nouveau message à Rome[69]. Charles VII était aussi en correspondance avec le roi des Romains et avec le cardinal de Saint-Ange, légat du Pape à Vienne[70]. Nicolas V ne tarda pas à être informé des prétentions mises en avant par l’antipape. A la date du 12 décembre, il publia une bulle fulminante, portant confiscation du duché de Savoie et de toutes les possessions d’Amédée qu’il déclarait transférer à Charles VII et à son fils, et exhortant les fidèles à s’enrôler dans une croisade contre Amédée et ses partisans[71]. Le même jour il donnait de pleins pouvoirs à l’archevêque d’Aix pour confirmer et mettre à exécution les sentences prononcées contre Amédée et ses partisans, confisquer leurs biens et en attribuer à perpétuité la jouissance à Charles VII et à ses successeurs. Mais, par un autre bref du 12 décembre[72], Nicolas déclarait s’en remettre au Roi pour régler les conditions d’un accommodement, s’engageant à ratifier tout ce qui serait conclu par lui, pourvu que ce fût conforme à l'honneur et à la dignité du siège apostolique[73]. L’archevêque d’Aix fut investi de la mission de recevoir la soumission d’Amédée et de ses sans, avec faculté de relever ceux-ci des censures et excommunications qu’ils avaient encourues, et de les rétablir dans leurs offices[74]. Peu après, le Pape envoya en France, en qualité de nonce, Alphonse de Segura, doyen de Tolède[75]. Après avoir entendu le rapport de ses ambassadeurs et pris connaissance des propositions de l’antipape, Charles VII conféra longuement avec le doyen de Tolède et avec les membres de son Conseil. Il fut décidé qu’une nouvelle ambassade se rendrait auprès du Pape pour le mettre pleinement au courant de ce qui avait été fait en vue de la pacification, et obtenir de lui une solution. L’ambassade devait en même temps faire obédience solennelle au Souverain Pontife[76]. A la date du 31 mars, Charles VII écrivit au roi des Romains pour lui faire part de l’envoi de son ambassade et l’engager à envoyer, lui aussi, des ambassadeurs pour faciliter la conclusion[77]. Jacques Jouvenel des Ursins, archevêque de Reims ; Élie de Pompadour, qui venait d’être nommé à l’évêché d’Alet ; le maréchal de la Fayette, Tanguy du Chastel[78], Jacques Cœur, Guy Bernard, archidiacre de Tours, et Thomas de Courcelles furent désignés pour se rendre à Rome. Les ambassadeurs du Dauphin et du roi René se joignirent à ceux du Roi[79]. L’entrée solennelle de la grande ambassade dans la ville pontificale eut lieu le 10 juillet 1448, en moult grant et honnourable appareil. Le chroniqueur Jean Chartier dit qu’il n'estoit homme qui oncques eust vu entrer une ambassade avec une si grande magnificence, ni qui eust ouy parler d’une pareille[80]. Déjà se trouvaient à Rome les ambassadeurs du roi d’Angleterre, qui avaient fait savoir au Pape ce qui s’était passé à Genève, et lui avaient fait part des exigences de l’antipape ; Nicolas V avait déclaré que ces demandes étaient inacceptables et qu’elles ne méritaient aucune réponse. Les ambassadeurs du Roi et des princes eurent audience le 12 juillet ; ils remirent au Pape une lettre du Roi[81], et lui exposèrent l’objet de leur mission. L’archevêque de Reims prit la parole, moult solempnellement. Puis les envoyés du Roi et des princes firent obéissance au Souverain Pontife et relatèrent brièvement les négociations entreprises pour la pacification de l’Église. Nicolas V répondit par un long discours. Il témoigna une grande bienveillance aux ambassadeurs, les entretint à plusieurs reprises, discuta avec eux les propositions de l’antipape et leur fit connaître ses intentions. Rien ne fut mis par écrit, parce qu’on voulait que le secret le plus absolu fût gardé jusqu’à ce que le Roi eût donné son approbation. On chargea l’archevêque de Reims de présenter le rapport au Roi et de lui remettre une lettre du Pape. Nous avons reçu les ambassadeurs de Votre Seigneurie, écrivait Nicolas V, non seulement comme de simples fils, mais comme des enfants bien-aimés ; nous leur avons ouvert le fond de notre cœur, sans leur laisser rien ignorer, afin qu’ils puissent être auprès de vous nos meilleurs témoins ; nous avons voulu prendre leur avis, persuadés qu’étant les envoyés d’un prince tel que vous, ils méritaient cette faveur... Notre intention a été aussi de faire voir à Votre Sérénité et à tous les rois et princes de la chrétienté quelle est la clémence et la mansuétude du Siège apostolique et de quel crédit vous jouissez auprès de notre personne : car il n’est rien, l’honneur de Dieu et de son Église étant saufs, que nous ne soyons disposé à vous accorder... Que Votre Sérénité persévère dans sa sainte entreprise jusqu’à ce qu’elle voie l’unité rétablie dans l’Église de Dieu... Continuez aussi à protéger et à défendre le Siège apostolique, que toujours, avant tous autres princes, vos ancêtres ont vénéré et soutenu, méritant par là à juste titre le surnom de rois très chrétiens[82]. Cependant, Frédéric III, ayant enfin reconnu l’autorité de Nicolas V, avait résolu de disperser les débris du concile de Bâle : après de longs efforts, il réussit à faire partir les derniers membres de l’assemblée qui se trouvaient encore à Bâle. Ceux-ci se rendirent à Lausanne, où résidait l’antipape. C’est dans cette ville que les ambassadeurs français se transportèrent après avoir rempli leur mission à Rome[83]. Ils firent connaître à Félix ce qu’ils avaient obtenu du Pape, en l’exhortant de nouveau à donner la paix à l’Église par sa renonciation à la Papauté. Félix demanda à délibérer à ce sujet avec son fils et avec les personnes notables de son conseil. Peu après, il fit savoir qu’il enverrait vers le Roi pour lui soumettre de nouvelles propositions et pria les ambassadeurs d’attendre à Genève le retour de ses envoyés. Les ambassadeurs voulurent bien condescendre à sa demande, et, sur les instances de l’antipape, ils firent venir à Genève le doyen de Tolède, envoyé du Pape et porteur des bulles pontificales, qui s’était installé à Lyon. Le cardinal d’Arles, le maréchal de Savoie et Jean de Grolée, prévôt de Montjou, furent désignés pour aller trouver le Roi. Ils avaient charge de le solliciter de s’employer auprès du Pape en faveur de Félix : on voulait amener Nicolas V à donner son agrément à la convention du 1er décembre 1447. Après en avoir délibéré avec son Conseil, Charles VII fit partir le comte de Dunois et Jean le Boursier pour se rendre en Savoie et, de là, aller se joindre à l’archevêque de Reims et aux autres plénipotentiaires. Les instructions royales furent scrupuleusement suivies. Une nouvelle démarche fut faite auprès de l’antipape : on le supplia de consentir enfin à donner sa renonciation, lui promettant que le pape Nicolas publierait aussitôt trois bulles : 1° pour annuler les procédures faites contre Amédée et ses partisans ; 2° pour confirmer les actes passés par lui ; 3° pour rétablir dans leurs dignités et bénéfices tous ceux, qui en avaient été privés. Le doyen de Tolède, nonce du Pape, produisit alors une bulle de Nicolas V, portant la date du 18 janvier 1449[84]. Le Pape y déclarait nulles et non avenues toutes confiscations, suspenses, excommunications et censures portées, soit par son prédécesseur, soit par lui-même, contre Amédée, les pères de Bâle et leurs adhérents[85]. Mais les représentants de l’antipape ne se déclarèrent point encore satisfaits. Enfin, à la date du 4 avril 1449, un acte fut passé à Lausanne, au nom d’Alphonse de Segura, doyen de Tolède, nonce du Pape ; de Jacques Jouvenel des Ursins, patriarche d’Antioche et évêque de Poitiers[86] ; d’Élie de Pompadour, évêque d’Alet ; de Jean, comte de Dunois, grand chambellan de France ; de Jacques Cœur, de Guy Bernard, de Jean le Boursier et de Thomas de Courcelles, ambassadeurs du roi de France. Il était déclaré qu’après de longues négociations avec les représentants du seigneur Amédée, nommé Félix dans les pays de son obédience, certains articles leur avaient été remis de la part du seigneur Amédée pour conclure l’union et la paix de l’Église, et qu’ils s’étaient engagés, par lettres scellées de leurs sceaux, à remettre aux mains du seigneur Amédée. ou du chapitre de Genève, avant le mois de juillet suivant, trois bulles plombées, expédiées dans la forme habituelle à la Cour romaine, l’une contenant l’annulation des procédures[87], l’autre la réintégration dans les offices, la troisième la confirmation des actes. Sachant qu’ils se conformaient au désir du pape Nicolas en faveur de la paix et union de l’Église et à ses intentions, les soussignés, considérant que les trois bulles présentées au nom du pape n’avaient pas été jugées suffisantes, et voulant, autant qu’il était en leur pouvoir, travailler à la pacification de l’Église, affirmaient par serment et promettaient que les trois bulles, conformes à la minute annexée à l’acte et dûment expédiées, seraient présentées et délivrées par eux ou par leurs représentants, sans dol ni fraude, dans les délais fixés[88]. Le même engagement fut pris dans un autre acte où les deux ambassadeurs du Dauphin figuraient à côté du doyen de Tolède[89]. L’entêtement de l’antipape triomphait des résistances qu’il avait rencontrées à Rome et que la diplomatie royale s’était efforcé de tempérer. Mais le point important, la renonciation à la papauté, était obtenu : le reste était secondaire. L’antipape put donc, conformément à la prétention mise en avant dès le début, donner ses trois bulles : 1° pour confirmer ses propres actes durant le schisme ; 2° pour abolir toutes censures contre les partisans d’Eugène et de Nicolas ; 3° pour rétablir en leurs dignités et bénéfices ceux qui en avaient été privés. Ces bulles portent la date du 5 avril[90]. Deux jours après, dans une session du Concile de Lausanne, Félix fît sa renonciation à la Papauté[91]. Puis le pseudo-concile, sans souci du ridicule auquel il s’exposait, tint encore trois sessions : l’une, le 16 avril, pour rendre deux décrets abolissant les censures portées contre Eugène IV et Nicolas V et contre leurs partisans et confirmant les collations faites par ces deux papes ; l’autre, le 19, pour procéder à l’élection de Nicolas V et ordonner de le reconnaître comme seul pape ; la troisième, le 24, pour nommer Félix cardinal-évêque de Sainte-Sabine et légat perpétuel en Savoie et dans tous les pays de son ancienne obédience. Après quoi les Pères déclarèrent le Concile dissous[92]. Voici en quels termes le chef de l’ambassade, Jacques Jouvenel des Ursins, qui avait mérité les louanges du Souverain Pontife[93], raconte le dénouement de cette longue et épineuse affaire, dans une lettre datée de Lausanne, le 20 avril, et adressée aux membres de la Chambre des comptes dont il était président. Très chers seigneurs et frères, vous plaise savoir comme, après plusieurs longs labeurs, sollicitudes et diligences en la prosécution de la paix et union de notre mère Sainte Église, il a plu à Dieu notre créateur élargir sa grâce à son peuple longuement agité par le schisme et division qui a été, comme savez, depuis dix ans en la chrétienté ; et tellement que, moyennant icelle grâce, par la prosécution et bonne conduite du Roi noire souverain seigneur, très excellent seigneur le père de monseigneur de Savoie, naguères en son obéissance appelé Pape Félix, et de présent monseigneur l’évêque de Sabine, premier cardinal de la Sainte Église de Rome et légat du Saint Siège apostolique, en grande humilité, libéralement et solennellement, a renoncé au droit, titre et possession qu’il pretendoit en la dignité ecclésiastique, laissé et déposé les enseignes et habits... et tous unanimement ont fait obéissance à notre Saint Père le pape Nicolas V, en le reconnaissant vrai Pape unique et vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ... Et, à tout considérer, les matières, les qualités des personnes, et la forme de faire, et les circonstances des choses, c’est tout évidemment œuvre divine, non pas humaine, et en laquelle le Roi notre souverain seigneur a acquis gloire et grand honneur et renommée par toute la chrétienté, et mémoire perpétuelle et immortelle[94]. Les choses étant ainsi arrivées à une solution favorable, il ne restait plus qu’à remplir les formalités convenues. Tandis que, dans tout le royaume, des processions solennelles étaient faites pour rendre grâces à Dieu de cet heureux dénouement et qu’il était célébré par des réjouissances publiques, une nouvelle ambassade partit pour Rome. Le patriarche d’Antioche, l’évêque d’Alet et Jean le Boursier vinrent, en compagnie du doyen de Tolède et de représentants d’Amédée VIII[95], demander au Pape de confirmer tout ce qui avait été fait à Lausanne. Nicolas V accueillit les ambassadeurs avec grande joie. Le 18 juin 1449, il donna les trois bulles promises en son nom : par la première, il ratifiait tous les actes administratifs accomplis par Félix durant le schisme et cassait ce qui avait été fait contre lui ; par la seconde, il confirmait toutes les promotions et collations de bénéfices faites par les pères de Bâle et par Félix et levait toutes les censures portées par eux ; par la troisième, il confirmait l’antipape dans la dignité de cardinal et de légat perpétuel[96]. Jamais plus glorieux témoignage n’a été rendu à la France chrétienne que celui du Pape Nicolas V, dans son bref à Charles VII en date du 4 mai 1449. Par un insigne bienfait de la miséricorde divine, prince très chrétien, le Siège apostolique et toute l’Église catholique ont été remplis de joie, lorsque, grâce à votre conduite sainte et glorieuse, ce schisme si funeste a été détruit. Et, bien que cet acte ait été inspiré par la vertu de l’Esprit-Saint, nous ne doutons pas cependant qu’il n’ait été accompli par Votre Sérénité, dont déjà, du vivant de notre prédécesseur, les services avaient été si utiles. Une telle victoire était bien due à votre piété. Les très chrétiens rois de France avaient si souvent combattu contre les ennemis de la foi, résolus à mourir glorieusement pour le Christ ; ils avaient tant de fois détourné du Saint-Siège les coups de la rage et de la tyrannie qui le menaçaient, qu’il convenait qu’ils eussent un jour à endurer, pour l’unité et la paix de l’Église catholique, des fatigues, des dépenses et des veilles[97]. Œuvre bien digne, assurément, d’un prince chrétien ! Travail dû par lui, avant tout autre, au Créateur de qui il tient son autorité et au Rédempteur qui a daigné mourir pour son salut éternel ! Guerre illustre et combat glorieux que votre piété a livré au démon pour l’Église qui est le corps de Jésus-Christ ! Triomphe digne de celui qu’ont obtenu les fidèles qui ont préféré souffrir mille tourments plutôt que de sacrifier aux idoles !... Nous nous réjouissons donc infiniment dans le Seigneur de ce que votre entreprise soit enfin couronnée du succès que nous souhaitions tant... C’est pourquoi nous rendons de toute notre âme des actions de grâce, si faibles et imparfaites qu’elles soient, à l’Auteur de ce grand acte, priant sa miséricorde de daigner recevoir, comme témoignage de notre gratitude, les désirs même de notre cœur. Mais que rendrons-nous à votre piété qui soit digne d’elle, en retour de tant de fatigues et de dépenses ? Notre cœur, assurément, sent qu’il doit beaucoup plus qu’il ne peut rendre, et le seul aveu de notre reconnaissance sera la meilleure manière de remercier d’un bienfait dont la grandeur nous surpasse. Eh bien ! nous le répétons, et nous le proclamons ! Votre Altesse n’a point dégénéré des rois très chrétiens ses ancêtres ; elle a comblé de bienfaits le Siège apostolique. Aussi nous n'hésitons pas à reconnaître combien nous sommes redevables à sa piété... Que le Dieu tout-puissant, qui semble avoir réservé Votre Majesté pour ces temps difficiles, daigne vous garder à votre royaume et à l’Église tout entière, et qu’il vous comble de bonheur et de gloire ! Ainsi fut dissous, grâce à la persévérance infatigable et à la rare habileté de Charles VII[98], un schisme qui avait un moment troublé la chrétienté et failli renouveler les compétitions et les désordres du grand schisme d’Occident. Désormais la pacification de l’Église était heureusement et définitivement accomplie. |
[1] Héfélé, Histoire des Conciles, t. XI, p. 540-541.
[2] Raynaldi, année 1439, § 10 ; cf. année 1442, § 13.
[3] Hardouin, t. IX, col. 999-1002.
[4] Encyclique Postquam ad apicem, datée des Calendes de janvier 1442 (1er janvier 1443), dans Raynaldi, année 1443, §§ 13 et suivants.
[5] On lit dans une lettre de Cosme de Médicis à Sforza, en date du 28 décembre 1444 : Il Papa vaole armare galce per aquistare la terra santa et spenderavi buona somma di danari e vero gitterà via sichè tante mancho potrebbe di quà. Osio, Documenti diplomatici, t. III, p. 351.
[6] Voir la lettre de frère Barthélemy de Gênes, religieux de l'Ordre des Frères Mineurs, écrite de Constantinople le 3 février 1443, et publiée par Mlle Dupont dans son édition de Jean de Wavrin, t. II, p. 2 et suivantes.
[7] Le Roy de France... dort pour le present. Voir ci-dessus, t. II, chapitre VII.
[8] Dlugossi, Historiæ Polonicæ Libri XII, col. 780.
[9] Voir Jean de Wavrin, t. II, pages 30 à 162, et la relation de Geoffroy de Thoisy, t. III, p. 151 et suivantes.
[10] Voir le Cardinal Bessarion, par M. Henri Vast (1878, in-8°), p. 129 et suivantes.
[11] Chmel, Geschichte K. Friedrichs IV, t. II, p. 382-387 ; G. Voigt, Ænea Sylvio, t. I, p. 346 et suivantes ; Héfélé, Histoire des conciles, t. XI, p. 537.
[12] Leurs instructions écrites portent la date du 22 juillet. Raynaldi, année 1446, § 3.
[13] Le Dauphin suivait en Dauphiné la même politique : par lettres du 5 décembre 1445, il fit défense aux habitants du Dauphiné de reconnaître pour pape Amédée, duc de Savoie, se faisant appeler Félix. Voir Le Grand, VI, f. 356, et VII, f. 2 v°. — On a une lettre du Pape au Dauphin, en date du 23 mai 1446, dans laquelle il se déclare satisfait d'une communication que lui avaient faite des ambassadeurs de ce prince. Le Grand, VII, f. 24.
[14] Ambassade de Robert Ciboule et de Jean d'Auxy en Savoie (juin 1445). Cabinet des titres, 685, f. 104 v° et 116. — Pour ce envoya plusieurs ambasadeurs par diverses foys à Basle, à Romme et en Savoye. J. Chartier, t. II, p. 49. — Sur ces ambassades, voir les instructions à Jourdain du Perac (lisez Perier) dans D. Morice, t. II, col. 1409.
[15] Voir sur les négociations avec le duc de Savoie, l'appointement passé le 30 mars 1446 entre le chancelier et les membres du conseil, d'une part, et Jean de Grolée, prévôt de Montjou, Thomas de Courcelles et Jaques de la Tour, ambassadeurs du duc de Savoie, d'autre part. Le texte est dans Fr. Sclopis, Considerazioni storiche intorno alle antiche assemblée del Piemonte et della Savoia (Turin, 1878, gr. in-8°), p. 387-389 ; d'après l'original remis par les ambassadeurs de Savoie aux archives de Turin, Negos. con Francia, Mazzo 1, n° 13. L'original signé par les ambassadeurs et laissé aux mains des conseillers du Roi est à notre Bibliothèque nationale dans le Ms. fr. 18983, f. 39.
[16] Au bon conseil et à la direction, ordonnance et disposition du Roy touchant le fait du Papat et de ladicte matière de l'Eglise. Sclopis, l. c.
[17] Sclopis, l. c.
[18] Sclopis, l. c. Cf. instructions à l'archevêque de Reims, citées ci-dessous.
[19] Ces curieuses instructions se trouvent dans le vol. 761 de Du Puy, f. 84. C'est par erreur qu'une note placée en tête les indique comme ayant été publiées dans le Spicilegium de D. Luc d'Achery. — A la suite (f. 85) on trouve des Memoires et advertissemens sur le fait de l'Église qui furent remis à l'archevêque de Reims et aux autres ambassadeurs ; il y était fait mention des négociations entamées entre le Roi et le duc de Savoie, des prétentions mises en avant de tenir un nouveau concile, et des conditions dans lesquelles devrait s'opérer la renonciation de l'antipape.
[20] Nous avons déjà mentionné des projets de pouvoirs et d'instructions à l'archevêque de Reims pour traiter en même temps avec le duc de Savoie. L'évêque de Carcassonne et Jacques Cœur avaient été adjoints à l'archevêque, seul investi, au début, de cette mission diplomatique. Voir ms. latin 1779, f. 47 et suivants.
[21] Lettre de Henri Engelhard, envoyé du duc de Saxe, datée de Bourges, le 15 juin 1447. Archives de Dresde, Wittenberg Archiv, Religions-Sachen, f. 297 et suivants.
[22] Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 112.
[23] J. Chartier, t. I, p. 50. — Il est fait mention de ces préliminaires de négociations dans une lettre de Frédéric III au duc de Savoie, publiée par d'Achery, Spicilegium, t. III, p. 773, et dans une lettre de Nicolas V au Roi, en date du 9 août 1448. Id., p. 776.
[24] Voir le bref, daté du V des Calendes de juillet, qui lui fut adressé par Eugène IV. Raynaldi, ann. 1446, § 7.
[25] Monseigneur l’arcevesque d’Aix en Provence, envoyé de par nostre Saint Père pour le fait et union de l'Église, IIc l., pour soy défrayer à Tours pendant trois mois. Neuvième compte de Xaincoins, f. 112. — Maistre Blaise Gresle, conseiller du Roi VIxx XVII l. X s., pour son voyage en décembre 1446 à Rome, en la compagnie de monseigneur l’arcevesque d’Aux. Id., f. 116. — L’archevêque reçut en outre cent livres à son départ. Rôle du 26 mai 1447, dans les Preuves de la chronique de Mathieu d’Escouchy, p. 262.
[26] Instructions à l'archevêque d’Aix, en date du 19 décembre 1446. Minute dans le Portefeuille 231 de Godefroy à la Bibliothèque de l’institut.
[27] Maistre Helie de Pompadour, doyen de Carcassonne, maistre des requestes de l’ostel, IIIc l. en novembre pour soy deffrayer tant en Touraine que pour son voyage en Savoye. Neuvième compte de Xaincoins, f. 116. Cf. rôle du 26 mai 1447, l. c., p. 257. Sur cette ambassade, voir Jean Chartier, t. II, p. 50-51.
[28] Voir les articles rédigés à Londres le 18 décembre 1446, dans Lettres des rois, etc. t. II, p. 471.
[29] Elle était composée de Gérard de Loss, comte de Blanckenheim, Miles d’Illiers, doyen de Chartres, Jean de Grolée, prévôt de Montjou, Werry de Fléville, et Jacquemin de Bussière, secrétaire du roi de Sicile. — La date de février se trouve dans le rôle du 26 mai 1447, l. c., p. 257-258.
[30] L'original de ces instructions (qui concernent exclusivement le second point) se trouve, comme nous l'avons dit, dans le Portefeuille 96 de Godefroy à la Bibliothèque de l'Institut (cf. Tuetey, t. II, p. 130 et suivantes). Il faut rapprocher de ce document la Réponse donnée au mois de mars par l'archevêque de Trêves et qui roule en entier sur les affaires ecclésiastiques (Tuetey, t. II, p. 109 et suivantes).
[31] Voir Héfélé, Histoire des Conciles, t. XI, p. 555 et suivantes.
[32] On dit généralement que ce fut le 5 ; mais la date du 6 se trouve dans la lettre citée ci-dessous.
[33] Lettre du 21 mars 1447. Spicilegium, t. III, p. 767.
[34] Vespasiano, Commentaria della vita di Papa Niccola, dans Muratori, t. XXV, col. 279.
[35] Bulle du 28 mars. Voir Héfélé, t. XI, p. 563.
[36] Ampilssima collectio, t. VIII, col. 988, et (sans date) Raynaldi, année 1447, § 18.
[37] Bref, sans date de mois, qui précède le bref au Roi, dans Raynaldi, l. c. — On lit dans l'Oratio de morte Eugenii IV, etc., d'Æneas Sylvius (Baluze, Miscellanea hisiorica, ed. Mansi, t. I, col. 342) : Aquensis archiepiscopus et orator regis Renati nihil se dubitare dicebunt quin Rex Franciæ totaque Gallia modernum Pontificem sequerentur.
[38] Le Roi a fait communiquer sur ces matières avec le duc de Savoie et ses gens, et l'a trouvé bien enclin et disposé de ensuivre son bon vouloir et entencion. Instructions à Jourdain du Perier, citées ci-dessous. — Le duc envoya en ce moment une nouvelle ambassade au Roi ; mais il lui demandait instamment de ne point faire obéissance au nouveau pape avant la réunion d'un concile général (Chartier, t. II, p. 51).
[39] Au mois de mai, Charles VII lui envoya Miles d'Illiers, doyen de Chartres et conseiller au Parlement. Instructions à Jourdain du Perac (lisez Perier), dans D. Morice, t. II, col. 1409.
[40] Amplissima Collectio, t. VIII, col. 989-991.
[41] Il est fait allusion à ce voyage du duc de Savoie dans l'ouvrage du P. Monod, Amedeus pacificus, etc. (Taurini, 1624, in-4°). Cf. Jean Chartier, t. II, p. 51.
[42] Jamque Jacobus Treverensis, qui olim Engenianus fuerat, nescio qua indignatione motus, Basiliensibus atque ipsi Felici favebat. Æneas Sylvius, De rebus Basileæ gestis Commentarius, dans Fea, Pii II Pont. Max. a calumulis vindicatus, etc., p. 84.
[43] Lettre de Henri Engelhard au duc de Saxe, en date du 15 juin 1447. Archives de Dresde, Wittenberg Archiv, Religions-Sachen, f. 297 et suivants.
[44] Réponse de l'archevêque de Trêves, dans Tuetey, les Écorcheurs en France sous Charles VII, t. II, p. 169 et suivantes.
[45] Lettre du 25 mars. Original dans Le Grand, vol. IV, f. 13 ; publiée par Tuetey, l. c., p. 11344. — L'archevêque demandait en même temps un sauf-conduit pour cent-vingt chevaux et s'informait du moment où le Roi serait à Lyon, afin qu'il pût combiner son voyage en conséquence.
[46] Voici comment Æneas Sylvius s'exprime à ce sujet dans son De Statu Europæ, chap. XXXVIII (dans Freher, t. II, p. 135} : Fuit enim magna spes obtinendm Germaniæ : cum sex principes Electores in eam sententiam fœdus inissent, ut nisi Eugenius postulatis eorum annueret (postulabant antem res prorsus negandas), in Amedei, quem Felicem quintum appellaverunt, obedientiam transirent. Sed cum illorum consilia Fridericus pervertisset et qui sub nomine Synodi Basileæ degebant, abire jussisset, desperato meliori successu, interveniente per legatos suos Carolo Franciæ rege, ecclesiæ paeem dedit.
[47] La lettre de créance donnée à Remi Engelhard par Frédéric, duc de Saxe, porte la date du 10 avril 1447 ; elle fut remise au Roi, à Bourges, le 1er juin. Original, Ms. fr., 2058, p. 49.
[48] Dès le 15 juin, ces bases étaient arrêtées d'un commun accord, entre le Roi et l'archevêque de Trêves. Lettre de Henri Engelhard en date de ce jour.
[49] Ce document a été donné deux fois par H. Luc d'Achery dans l'édition in-4° de son Spicilegium, t. IV, p. 326, et I. XI, p. 796 (et l'édition in-folio, t. III, p. 170). Dans cette seconde version on trouve les signatures. L'acte fut souscrit par Jean Lux, agissant conformément aux ordres de l'archevêque de Trêves, par Jean de Huss (alias de Linssi) protonotaire, représentant l'archevêque de Cologne, par H. Sugelliard (lisez Engelhard), secrétaire du duc de Saxe.
[50] Jean Chartier, t. II, p. 52.
[51] Elle portait la date du 5 mai.
[52] Lettre sans date, ms. lat. 5414A, f. 99 v°. — Jean Herbert fut envoyé à Rome pour porter cette lettre. Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 117 ; lettre du Pape en date du 3 octobre, dans Spicilegium, t. III, (in-fol.) p. 774.
[53] Spicilegium, t. IV, p. 131 ; éd. in-fol., t. III, p. 771.
[54] Voir Héfélé, t. XI, p. 564-566 ; Chmel, Gesch. K. Fried. IV, t. II, p. 429 et suivantes ; Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 245.
[55] Spicilegium, t. III, p. 773.
[56] Guy de Chaourses, seigneur de Malicorne, Jean Girard, archevêque d'Embrun, et d'autres conseillers du Dauphin, se rendirent à Lyon et de là à Genèse ; ils vaquèrent à cette mission pendant trois mois et demi. Compte de Nicolas Erlant, dans Le Grand, vol. VII, f. 93 et 93 v°. Cf. Chartier, t. II, p. 53.
[57] C'étaient Jean Cossa, Charles de Castillon et Nicolas de Brancas, évêque de Marseille. Lecoy de la Marche, le Roi René, t. I, p. 257. Cf. Jean Chartier, t. II, p. 53.
[58] Le 12 juin, Charles VII avait écrit à Henri VI que l'archevêque de Trêves, les ambassadeurs de l'archevêque de Cologne, du duc de Saxe et de l'électeur Palatin, les ambassadeurs du roi de Castille et du duc de Savoie étaient près de lui, pour s'occuper de la matière de l'Église, et que tous voulaient avoir intelligence avec lui sur cette matière. Le 22 juillet, Henri VI lui avait répondu qu'il était très désireux de travailler, de concert avec lui, à la pacification de l'Église, et qu'il enverrait prochainement, ses solempnez ambassadeurs pour faire ce qui sera expédient et necessaire au bien et honneur de nostre dicte mère saincte Église. Il le priait de différer le départ des ambassadeurs français pour Lyon jusqu'à la venue de ses gens, que, en toute diligence, il se préparait à envoyer à Lyon. Lettre du 22 juillet, dans les Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 165-68. Cf. lettre du 28 juillet, remise à l'évêque de Norwich et reçue par le Roi le 22 septembre (p. 168-169).
[59] Il avait été retenu à Lyon par les ambassadeurs du Roi et travaillait activement à atteindre le résultat désiré par le Roi. Lettre de H. Engelhard, datée de Genève, le 27 octobre. Archives de Dresde, l. c. — L'archevêque de Trêves, après avoir eu l'intention de passer par la Savoie (où il était fort mal vu, si bien que l'on voulait s'emparer de sa personne pour le conduire au duc de Bourgogne), se décida à revenir par la France, où il rendit compte à Charles VII de l'état des négociations.
[60] Spicilegium, t. III, p. 768.
[61] Le texte est dans Mansi, t. XXXI, col. 188. Cf. bulle du même jour, id., ibid., col. 189. Voici la teneur de la déclaration de l'antipape : ... Vovemus quod in sacro Basiliensi concilio actu sedente aut allo legitime congregando realiter et cum effectu cedemus papatui, Thoma de Calandrinis de Sarzana, a nonnullis Nicolao Quinto appellato, juri quod prætendit in papatu, similiter cedente, vel, eo decedente, ita quod electio casu decessus interveniente ad solum generale concilium spectare dinoscalur, quod idem ipso casu circa nos contingente volumus observari.
[62] Guichenon, Histoire généalogique de la maison de Savoie, t. I, p. 491.
[63] Voir ce document dans le ms. fr. 20404, f. 5.
[64] Bref du III des nones de décembre 1447, dans Guichenon, Preuves, p. 320.
[65] Neuvième compte de Xaincoins, dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 117. Il est fait mention de cette ambassade dans une lettre du Pape, en date du 3 octobre, adressée au chancelier Jouvenel (Spicilegium, t. III, p. 774).
[66] Dixième compte de Xaincoins, l. c., f. 126 v°.
[67] Ms. latin 5414A, f. 86 v° et 87. Voir, sur la mission de Jean Cossa, Lecoy, le Roi René, t. I, p. 257. On voit par une lettre du Pape à Jean Bureau, en date du 28 février 1448, que Jean Cossa était à ce moment à Rome. Cette lettre est en copie dans le portefeuille 221 de Godefroy, à la Bibliothèque de l'Institut.
[68] Lettre du 18 octobre. Spicilegium, t. III, p. 767.
[69] Voyage de Guy le Barbut, conseiller du Roi. Dixième compte de Xaincoins, l. c., f. 127.
[70] Au mois d'août, le Roi envoya Eustache de Soyecourt en Allemagne et à Vienne, vers le cardinal de Saint-Ange. Neuvième et dixième comptes de Xaincoins, l. c., f. 117 et 121 v° .
[71] Spicilegium, t. III, p. 774.
[72] Voir les deux brefs adressés, l'un à l'archevêque d'Aix, l'autre au Roi, dans Raynaldi, 1447, §§ 18 et 19. Ils ne portent point ici de date précise ; mais dans Martèle, Amplissima collectio, t. VIII. p. 994, le second est daté : Pridie idus decembris (12 décembre). Cf. Georgi, Vita Nicolaï V, p. 30-31.
[73] ... Omnia et singula auctoritate nostra cum eis tractandi, practicandi, concludendi, efficiendi, et promitieniti, quæ circa reductionis hujusmodi necessaria seu opportuna cognoveris, et quæ nostro se redis Apostolicæ statui, honori et dignitati convenire videbuntur... Lettre du Pape au Roi, l. c.
[74] Voir le bref Cum speremus, dans Raynaldi, ann. 1447, § 19.
[75] Voir lettre de Charles VII du 11 mars 1448. Spicilegium, t. III, p. 167. — Don de douze tasses d'argent au doyen de Tolède, en mai 1448. Dixième compte de Xaincoins, f. 120 v°.
[76] Lettre du Roi au Pape, dans Spicilegium, t. III, p, 197.
[77] Voir Spicilegium, t. III, p. 715.
[78] Le comte de Dunois avait d'abord été désigné, et il est nommé dans la lettre du Roi ; mais l'affaire du Mans ayant exigé sa présence, on décida de le remplacer par La Fayette, auquel fut substitué Tanguy du Chastel. (Voir appointement fait à Paris entre les ambassadeurs du Roi et ceux du duc de Bourgogne, dans Collection de Bourgogne, 95, p. 1038 et s.) Du Chastel est désigné ici sous le litre de prévôt de Paris, qui, malgré sa disgrâce de 1425, lui avait été conservé.
[79] C'étaient, pour le Dauphin, Jean Girard, archevêque d'Embrun, et Guy de Chaourses, seigneur de Malicorne ; pour le roi René, Nicolas de Brancas, évêque de Marseille.
[80] Jean Chartier, t. II, p. 55.
[81] Le texte est (sans date) dans Spicilegium, t. III, p. 767. La lettre du Roi aux cardinaux, qui suit, porte la date du 11 mars.
[82] Spicilegium, t. III, p. 776.
[83] Ils passèrent par Rimini le 20 août, avec une suite de cinquante chevaux. Cronica Riminese, dans Muratori, t. XV, col. 963.
[84] Cette bulle est ainsi datée : Anno incarnationis Dominicæ millesimo quadringentesimo octavo, quinto decimo Kalendas februarii, Pontificatus nostri anno secundo. Quelques historiens l'ont placée en 1448, sans s'apercevoir que la seconde année du Pontificat de Nicolas V ne commençant que le 6 mars 1448, elle ne peut être de cette année, et qu'il faut prendre la date de 1448 selon le vieux style ; cela a été une source de grande confusion dans leurs récits.
[85] Spicilegium, t. III, p. 774.
[86] Il venait d'échanger le siège archiépiscopal de Reims contre cette double dignité.
[87] Elle devait être donnée en double : ut una sit sub data ante diem renuntiationis fiendæ per ipsum dominum Amedeum, in sua obedientia Felicem appellatum, alla sub data post dictant renunciationem.
[88] Le texte est dans Guichenon, Histoire généalogique de la maison de Savoie, Preuves, p. 321, et dans d'Achery, Spicilegium, t. III, p. 777.
[89] Spicilegium, p. 778.
[90] Guichenon, Preuves, p. 322 et s. ; Spicilegium, p. 782 et s.
[91] Guichenon, Preuves, p. 328.
[92] Spicilegium, t. III, p. 778-780 ; Raynaldi, année 1449, §§ 5 et 6 ; Guichenon, Preuves, p. 330 et suivantes.
[93] Multa super iis cum præfatis oratoribus suis contutimus, sed maxime cum venerabili fratre nostro archiepiscopo Remensi, viro prudentissimo et gravissimo, cui præ ceteris expressius aperuimus metem nostram... Lettre du 9 août 1448. Spicilegium, t. III, p. 776.
[94] Lettre de Jacques Jouvenel des Ursins aux membres de la Chambre des comptes. Spicilegium, t. III, p. 784.
[95]
Ils passèrent par Pérouse le 6 juin. Diario del Graziano, dans Archivio storico italiano, t. XVI, p. 617.
[96] Guichenon, Preuves, p. 335 et suivantes ; Hardouin, t. VIII, p. 1307 ; Mansi, t. XXIX, p. 228.
[97] Spicilegium, t. III, p. 779.
[98] Les contemporains sont unanimes à attribuer à Charles VII l'honneur de cet important résultat. Le chroniqueur officiel Jean Chartier écrit (t. II, p. 80) : Et ainsi fut sanie la grosse playe qui estoit en saincte Église, par l'union qui a esté mise en icelle par le moyen, pourchas et excessive diligence que le très chrestien Roy de France a fait en ceste partie. — En 1484, les ambassadeurs de France envoyés au Pape étaient porteurs d'instructions où on lisait : Toutes les fois qu'il y a eu scisme en l'Église, les Roys de France ont labouré à l'union ; et mesmement au scisme qui fut du temps de pape Eugène et après de pape Nicolas, lequel scisme fut pacifié par la prudence, frais et labeur de feu le Roy Charles VII, de bonne memoire. (Steph. Baluzii, Miscellanea historica, éd. Mansi, t. I, p. 363.) — Enfin le pape Pie II, si peu favorable à Charles VII, s'exprime ainsi dans ses Commentaires (p. 183) : Postrento cum jam se omnibus contemptui esse cerneret, nec spes ulla esset obedientiæ nanciscendæ, mortuo jampridem Eugenio, ac Nicolao Quinto suffecto, interventu Caroli Francorum regis, pacem ecclesio dare decrevit. Renuntiavit apostolatui... etc.