HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE IV. — CHARLES VII PENDANT LA TRÊVE AVEC L’ANGLETERRE - 1444-1449.

 

CHAPITRE VI. — LA COUR À RAZILLY. - FAVEUR D’AGNÈS SOREL. - INTRIGUES DU DAUPHIN.

 

 

1445-1446

 

Le Roi s’installe au château de Razilly près Chinon. — Faveur d’Agnès Sorel ; nature de son influence. — Les mignons du Roi : Villequier, Gouffier, Clermont, Aubusson. — La garde du Roi : éléments dont elle se compose. — Les princesses d’Ecosse à la Cour. — Enquête sur la conduite de Jamet de Tillay à l’égard de la Dauphine. — Le duc de Bretagne à Chinon ; cérémonie de l’hommage ; joutes à Chinon. — Affaire de Gilles de Bretagne ; son arrestation. — Attitude du Dauphin ; ses intrigues. — Complot dans lequel il veut entraîner Antoine de Chabannes ; desseins du Dauphin ; découverte du complot ; interrogatoire de Chabannes. — Grandes affaires qui occupent le Roi ; mariage de Jeanne de France avec le comte de Clermont ; mort du comte de Vendôme ; naissance de Charles de France. — Le Dauphin quitte la Cour, et se retire en Dauphiné.

 

On se rappelle dans quelles circonstances la Cour avait quitté Châlons. Charles VII rentra aussitôt à Montils-les-Tours ; il ne fit qu’y passer, et vint, au mois de novembre, prendre sa résidence au château de Razilly, à deux lieues de Chinon. C’était un manoir construit par un de ses chambellans, le seigneur de Razilly[1]. Sauf de fréquentes apparitions à Chinon, Charles VII devait y séjourner jusqu’à l’automne suivant. Non qu’il fût, comme on s’est plu à le répéter, systématiquement confiné, loin de tout regard, et inaccessible à son peuple : il se plaisait au contraire à laisser sa porte ouverte pour tous ceux qui avaient quelque requête à présenter[2].

La Reine établit sa résidence à Chinon ; elle venait parfois à Razilly[3]. A ce moment, elle eut une nouvelle grossesse, qui devait être la dernière : le 28 décembre 1446, elle accoucha d’un fils, qui fut l’enfant de prédilection de Charles VII. A cette occasion, le Roi fit à sa femme de beaux présents[4].

Mais, à cette époque, la véritable Reine, ce n’est plus Marie d’Anjou ; c’est Agnès Sorel.

Mademoiselle de Beauté, comme on appelait Agnès, du nom d’une seigneurie qu’elle avait reçue du Roi[5], pouvait à double titre être désignée de la sorte, car, au témoignage de tous les contemporains, elle était d’une merveilleuse beauté[6]. Dans le langage familier de la Cour, on la nommait la belle Agnès[7]. Ses traits étaient d’une telle pureté que le peintre Jean Foucquet les emprunta, dit-on, pour représenter la sainte Vierge dans son célèbre dyptique de Notre-Dame de Melun[8]. Elle avait des yeux bleus et pleins de douceur, une opulente chevelure blonde, le teint d’une admirable fraîcheur, un ensemble de jeunesse, de grâce, d’enjouement offrant un charme incomparable[9].

Agnès Sorel était née vers 1422, vraisemblablement à Froidmantel en Picardie[10], de Jean Soreau, seigneur de Coudun, mort en 1446, et de Catherine de Maignelais[11]. Nous avons raconté plus haut les origines de sa faveur. Elle accompagna sans nul doute le Roi à Nancy et à Châlons[12]. De bonne heure elle eut son logement dans l’hôtel royal, mieux ordonné et plus brillant que celui de la Reine. Le chroniqueur bourguignon Georges Chastellain dit que, pour paix obtenir et avoir son état tout plus sûr et entier, Marie d’Anjou avait dû souffrir qu’une fille pauvre et de naissance médiocre demeurât et conversât journellement avec elle, tint état et rang de princesse, eût une compagnie plus nombreuse et plus brillante que la sienne, attirât enfin les hommages de toute la Cour et du Roi lui-même. Agnès avait, en effet, tous états et services royaux, à l’égal de la Reine ; elle avait même plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie, meilleur linge et couvertures, meilleure vaisselle, meilleurs bagues et joyaux, meilleure cuisine et meilleur tout[13]. Marie d’Anjou avait dû se résigner à la faire asseoir à sa table et même à lui faire fête[14], car le Roi était durement assotté de cette femme[15] et Agnès prit sur lui un tel empire qu’il en vint à ne plus pouvoir se séparer d’elle[16]. Dans toute la chrétienté, dit encore Chastellain, n’y avoit princesse si hautement parée et qui pût se vanter de tenir un tel état : dont cent mille murmures s’élevaient contre elle et non moins contre le Roi29[17]. Agnès portait des queues plus longues que celles d’aucune grande dame du royaume ; ses atours étaient plus brillants, ses robes plus coûteuses. De tout ce qui à ribaudise et dissolution pouvoit traire en fait d’habillement, dit encore le chroniqueur en son rude langage, de cela fut-elle produiseresse et inventeresse ; elle se découvrait les épaules et la gorge de la façon la plus inconvenante ; elle donnait cours, parmi les hommes comme parmi les femmes, au dévergondage le plus éhonté ; jour et nuit elle n’étudioit qu’en vanité pour dévoyer gens et pour faire et donner exemple aux preudes femmes de perdition d’honneur et vergogne et de bonnes mœurs. Nulle ne s’y entendait mieux. Un tel exemple devait porter de tristes fruits : tout le souverain sexe en ressentit la corruption ; la jeune noblesse ne subit point impunément ce contact, et s’abandonna au plaisir, à la vanité, à tous les désordres[18].

Alors même que ce tableau serait un peu chargé — car Georges Chastellain montre ici une indignation assez déplacée sous la plume du chroniqueur officiel de Philippe le Bon, le prince aux vingt-quatre maîtresses et aux innombrables bâtards, — il faut reconnaître que le scandale était grand. Et ce qu’il y avait de plus grave que cette licence et ce luxe effréné, c’était la situation publique officiellement donnée pour la première fois à une favorite[19] ; c’était le faste et les honneurs dont était entourée une autre femme que l’épouse légitime.

Agnès Sorel vivait, au témoignage du chroniqueur officiel, parmi toutes sortes de plaisances mondaines, au milieu des passe-temps et joies du monde[20]. On pouvait dire qu’elle avait tous ses plaisirs et désirs. Comblée de faveurs par Charles VII, elle reçut, après la seigneurie de Beauté-sur-Marne, les châtellenies de La Roquecezière en Rouergue et d’Issoudun en Berry, et la seigneurie de Vernon-sur-Seine. Outre une pension de trois mille livres, elle eut des dons d’argent, et plus tard le Roi lui fit présent des seigneuries de Vernon et d’Anneville[21]. Elle avait le goût des bijoux[22], et l’on rapporte qu’elle fut la première à porter des diamants taillés. Elle aimait les grands et excessifs atours ; ses robes étaient de riches étoffes et garnies de fourrures[23]. Si l’on ne peut admettre — au moins dans le sens où les historiens l’ont prétendu — qu’elle ait eu un rôle politique, on doit reconnaître l’influence considérable qu’elle exerça sur le luxe, sur les arts, sur les mœurs, sur les habitudes de la Cour, et c’est ici que l’on peut constater la nature de cette influence dont on a tant parlé, mais en termes peu conformes à la vérité historique.

La véritable influence d’Agnès trouva sa source, indépendamment du prestige de sa beauté, dans cette bonté compatissante, dans cette facilité à obliger qui formaient un des traits de son caractère. Olivier de la Marche dit qu’elle fit en sa qualité beaucoup de bien au royaume de France, car elle avançoit devers le Roi jeunes gens d’armes et gentils compagnons dont depuis le Roi fut bien servi[24]. On a la preuve de cette action, où le sentiment eut évidemment sa part — nous voulons croire que ce fut en tout bien et tout honneur[25], — et l’on pourrait citer les noms des parents et amis qui furent ainsi avancés et pourvus de charges ou d’honneurs[26]. Il faut convenir, d’ailleurs, qu’Agnès fit un noble emploi des dons prodigués si généreusement par le Roi : l’histoire a conservé la trace de ses aumônes et de ses fondations[27].

Que ces faits ne nous fassent point perdre de vue l’influence fatale qu’elle eut sur Charles VII, qu’elle entraîna dans de coupables dérèglements[28], sur les mœurs du temps, et même sur les affaires publiques. Que d’abus, que d’exemples funestes, que de scandales[29] ! La passion est mauvaise conseillère : quand Agnès était en jeu, Charles VII n'écoutait plus rien. Aussi, plus d’une intrigue, plus d’une division au sein de la maison royale eurent leur origine dans cette faveur scandaleuse. Lorsqu’un courtisan voulait perdre un homme dans l’esprit du Roi, il lui suffisait de l’accuser d’avoir mal parlé d’Agnès[30]. Les âmes honnêtes ne pouvaient voir sans indignation cet adultère public et triomphant. C’était pitié, disait-on, qu’un tel exemple fût donné sur les marches du trône, et les fruits ne pouvaient qu’en être funestes. Quels que fussent alors, d’une part la légèreté des mœurs, de l’autre le respect de la royauté, de sourds murmures s’élevaient contre la favorite et contre le Roi : plusieurs contemporains se sont fait l’écho des justes protestations de la conscience publique[31].

En même temps qu’Agnès Sorel devient maîtresse déclarée, nous voyons apparaître tout un groupe de jeunes et brillants gentilshommes qu’on nomme les mignons du Roi[32]. La plupart doivent être appelés à jouer un rôle important ; il convient donc de les faire connaître au lecteur.

Au premier rang figure André de Villequier. Il appartenait à une vieille race dont les rejetons vinrent au dix-septième siècle se fondre dans la maison d’Aumont. Chastellain le désigne ainsi : Le seigneur de Villequier, normand, celui qui soloit estre (avait coutume d’être) mignon du Roy, et, tout jeune, tant monta haut en la roue de fortune que nul son pareil en son temps[33]. André était fils de Robert, seigneur de Villequier, et de Marie de Gamaches ; il avait deux sœurs : Marguerite, demoiselle de corps de la Dauphine, née vers 1427, et Antoinette[34]. Toutes deux étaient en grande faveur à la Cour[35]. Dès le commencement de 1444, André de Villequier est l’objet des libéralités royales[36] ; au mois de juillet 1445 il se qualifie de chambellan du Roi[37]. Bientôt il devient un personnage : on l’appelle monseigneur de Villequier ; il est constamment auprès de Charles VII, qui le comble de ses dons, et lui facilite l’acquisition de la terre de Montmorillon, appartenant à la veuve de La Hire[38].

Un autre mignon du Roi était Guillaume Gouffier, jeune écuyer bel, net et de bonne taille[39]. D’abord attaché à la personne du comte du Maine[40], il entra au service de Charles VII, en qualité de valet de chambre, en même temps qu’André de Villequier ; comme celui-ci, il fut, à partir de 1444, gratifié de nombreux dons[41].

Il faut nommer encore François de Clermont et Antoine d’Aubusson.

François de Clermont, seigneur de Dampierre, appartenait à une maison du Dauphiné récemment alliée aux d’Amboise et aux Levis. Son frère aîné, Antoine, était chambellan du Roi. Marié le 23 mars 1446 à Jeanne de Montberon, l’une des demoiselles de la Reine, il fut, ainsi que sa femme, l’objet des libéralités de Charles VII. En outre, Marie d’Anjou donna aux nouveaux époux une somme de mille écus[42].

Antoine d’Aubusson, seigneur du Monteil, né vers 1413, fut d’abord écuyer d’échansonnerie du duc de Bourbon et châtelain de Bellegarde en Auvergne (1441). Devenu peu après chambellan du Roi, il s’installa à la Cour, où il était désigné sous le nom de petit Treignac[43] ; il ne tarda pas à épouser Marguerite de Villequier, demoiselle de la Dauphine, qui passa ensuite dans la maison de la Reine.

Les comptes du temps nous révèlent encore le nom de jeunes gentilshommes, attachés à la personne du Roi, qui sont qualifiés d’écuyers de l’hôtel, ou d’écuyers d’honneur. C’étaient Jean et Charles Soreau, frères d’Agnès ; Guillaume Gazeau, Claude de Châteauneuf, Charles de la Fayette, Antoine de Beauvau, Pierre de Courcelles, Jacquet d’Erquinvilliers, Pierre de Montalembert, Poncet de Rivière, Guillaume de Sully[44].

Un des éléments importants de l’entourage du Roi, c’était sa garde. Au milieu des intrigues qui s’agitèrent à la Cour, des complots qui se nouèrent, ce corps d’élite exerça une action salutaire ; Charles VII lui dut peut-être son salut[45]. La garde écossaise, constituée dès les premières années du règne, sous le commandement de Cristy Chambre, venu en France en compagnie du comte de Buchan[46], se composait de vingt-six archers, y compris le capitain[47] ; on l’appelait la grande garde[48]. A côté d’elle, il y avait une compagnie d’hommes d’armes, archers et cranequiniers de la garde du corps, sous le commandement de Nicole Chambre, écuyer d’écurie du Roi, fils de Cristy : elle comptait vingt-cinq hommes d’armes, y compris le capitaine, et quarante-huit archers[49]. Ce corps ne se composait pas uniquement d’Écossais : parmi les archers, il y avait des Allemands[50]. Nous trouvons encore une compagnie de gardes du corps composée de jeunes gentilshommes de la maison du Roi ; au nombre de ceux qui y figurent, en octobre 1445, on remarque : Jean de Ravenel, Pierre de Corguilleray, le Galois de Vaussemain, Pierre de Chambes, Pierre Paviot, Hélion de Vernage, Guillaume Gazeau, Guillaume Gouffier et Guillaume Cleret[51] ; parmi les écuyers de la garde royale, il y avait aussi un Allemand[52]. Enfin Pierre de Martigny, prévôt de l’hôtel, avait sous ses ordres quinze archers et cinq cranequiniers employés à la garde du corps du Roi[53].

Nous avons dit que Nicole Chambre était écuyer d’écurie de Charles VII ; il paraît avoir été fort en faveur auprès de son maître, qui, au mois de janvier 1444, lui donnait une seigneurie[54], et, à Châlons, l’admettait dans son intimité[55]. Nicole était aussi bien vu de la Reine ; on se rappelle que cette princesse conversait familièrement avec lui[56].

Pour achever de nous rendre compte des éléments dont se composait la Cour, à Razilly et à Chinon, il faut signaler la présence auprès de la Reine de deux princesses d’Écosse, sœurs de la Dauphine. Marguerite avait obtenu qu’elles vinssent résider auprès d’elle ; c’était là, sans doute, un de ses vœux les plus chers : elle n’en put voir la réalisation. Jeanne et Éléonore d’Écosse débarquaient sur les côtes de Flandre au moment où l’infortunée princesse expirait à Châlons : elles apprirent en même temps la mort de leur sœur et celle de leur mère, enlevée peu après qu’elles eurent quitté l’Écosse. Le 19 août, une ambassade partit pour se rendre au-devant d’elles à Tournai, où elles s’étaient arrêtées, et les amena le 9 septembre à Tours[57]. Charles VII leur donna bientôt une maison : Jeanne de Tucé, dame de Saint-Michel, fut désignée pour être leur gouvernante, et les personnes attachées à la Dauphine passèrent au service de ses deux sœurs[58]. On songea, paraît-il, à donner Éléonore pour épouse au Dauphin, mais ce projet fut vite abandonné.

Le premier soin du Roi, à son retour de Châlons, fut de prescrire une enquête sur la conduite de Jamet de Tillay à l’égard de sa belle-fille : Gérard le Boursier, maître des requêtes, et Guillaume Bigot, conseiller au Parlement, furent commis pour y procéder. La dame de Saint-Michel fit sa déposition le 11 octobre ; le 12 et les jours suivants on entendit plusieurs des demoiselles de la Dauphine, puis Louis de Laval, seigneur de Châtillon, et Jamet de Tillay. L’information ne fut reprise que sept mois plus tard, par Jean Tudert et Robert Thiboust, en vertu de lettres données à Razilly le 27 mai 1446[59]. Jamet de Tillay fut entendu le 1er juin ; à la requête du Dauphin, la Reine fit sa déposition, le 10 juillet, devant le chancelier Jouvenel et Guillaume Cousinot. Tillay subit un second interrogatoire le 23 août ; il fut confronté le 26 avec Nicole Chambre et Regnault de Dresnay, maître d’hôtel de la Dauphine. On entendit encore Robert Poitevin, médecin du Roi ; Guillaume Leotier, médecin du Dauphin ; Jean Boutet, son apothicaire ; enfin Annette et Jeanne de Guise, demoiselles de la Dauphine et de la Reine[60]. L’enquête fut portée au Roi pour l’examiner en son Conseil : nous ne savons quelle suite y fut donnée. Ce qui est certain, c’est que Tillay conserva ses fonctions et ne cessa d’être en la bonne grâce du Roi.

La Cour était à peine installée à Chinon et à Razilly, que le Roi reçut plusieurs ambassades : Jarretière, roi d’armes d’Angleterre, apporta des lettres de son maître ; le duc de Bourgogne, le duc de Savoie envoyèrent des ambassadeurs. Le duc de Bretagne, qui venait de recevoir à Nantes le comte d’Angoulême et un grand nombre de seigneurs, fit annoncer sa venue. Il arriva au commencement de mars et passa deux mois près du Roi, qui l’accueillit avec empressement. Le jeune duc fut comblé de faveurs[61], et reçut des lettres d’abolition au sujet des alliances conclues par son père avec les Anglais[62].

On vit alors, spectacle inusité, un duc de Bretagne rendre en personne hommage au roi de France, au grand scandale de ses barons[63]. La cérémonie se fit à Chinon, le 14 mars, avec une grande solennité. Le Roi, sortant de sa chambre de retrait, s’avança dans la chambre à parer, où l’attendaient le duc, avec le connétable et les seigneurs bretons ; il était accompagné du Dauphin, des comtes de Vendôme, de Foix, de Tancarville et de Laval, du chancelier, de l’archevêque de Vienne, de l’évêque de Maguelonne, du maréchal de Jalognes, des seigneurs de Culant, de Précigny, de Blainville, de Montgascon, de Maupas, de Châtillon, etc., etc., et enfin d’un personnage qui, avant de descendre dans la tombe — il devait mourir le 6 mai suivant —, reparaissait une dernière fois à la Cour, qu’il n’avait pas revue depuis son expulsion violente de 1433 nous avons nommé le sire de la Trémoille[64]. Le Roi mit beaucoup de bonne grâce dans l’accomplissement de la formalité de l’hommage. Le chancelier ayant voulu faire ôter au duc son épée, Charles VII l’en empêcha en disant : Non point, laissez-le ; il est comme il doit ; et il ajouta avec un sourire qu’il souhaiterait d’en avoir beaucoup comme lui. Ce à quoi le comte de Vendôme fit observer qu’il aurait une grande queue et serait bien accompagné[65].

Il l’était déjà fort brillamment, car il y eut alors à Chinon la plus belle assemblée de princes qu’on eût vue depuis longtemps[66]. Outre ceux que nous venons de nommer, on peut citer le roi René, le comte d’Eu, le comte de Nevers, le duc d’Alençon, le comte du Maine, le comte de Clermont, le comte d’Angoulême. A côté d’eux, on remarquait avec étonnement un prince de la maison de Bourgogne : Charles de Bourgogne, comte de Nevers, cousin germain du duc, devait, selon l’expression d’un chroniqueur, se dessevrer de son nourrisseur, et demeurer au service du Roi[67]. Pendant son séjour à Chinon, une question de logement amena, entre lui et le connétable, une altercation qui nécessita l’intervention du Roi[68].

C’est pour fêter la venue de tous ces princes que fut tenu, au mois de juin 1446[69], entre Razilly et Chinon, le pas du rocher périlleux, appelé aussi l'emprise de la gueule du dragon. Quatre seigneurs avaient entrepris de garder ce pas à force d’armes, et il avait été stipulé qu’aucune dame ni demoiselle ne passerait par le carrefour où le pas avoit été dressé, qu’elle ne fût accompagnée de quelque vaillant chevalier ou écuyer qui seroit tenu de rompre deux lances pour l’amour d’elle. On avait fait planter une colonne sur laquelle était représenté un dragon furieux qui gardait les écus armoiriés des quatre chevaliers entreprenants. Le pas fut tenu par le comte de Foix, le comte de Tancarville et d’autres seigneurs ; le Roi le présida, et il fut très brillant. On y vit le roi René qui, pour ce qu’il étoit encore affligé de tant de pertes et de tant de malheurs, parut revêtu d’une armure toute noire, portant au bras gauche son écu de sable semé de larmes, tenant une lance noire à la main, et ayant un cheval houssé et caparaçonné de noir. Ce fut lui qui remporta le prix du tournoi, dans lequel figurèrent, entre autres seigneurs de la Cour, Pierre de Brezé et Antoine d’Aubusson[70].

De Chinon, les seigneurs se transportèrent à Saumur, où le roi René les convia à un nouveau pas, tenu dans la plaine de Launay. Ferry de Lorraine y fut proclamé vainqueur[71].

Au milieu de ces divertissements, une affaire importante fut traitée entre Charles VII et le duc de Bretagne : celle de l’arrestation du plus jeune frère du duc. — Gilles de Bretagne avait, tout enfant, été confié par le duc Jean V à sa mère Jeanne de Navarre, devenue l’épouse du roi d’Angleterre Henri IV. Élevé à la Cour de Westminster, en compagnie de Henri VI, il était plus Anglais que Français. De retour en Bretagne, il enleva une riche héritière, Françoise de Dinan, alors âgée de huit ans, dont il voulait faire sa femme ; par là il s’attira l’animosité de puissants seigneurs qui recherchaient la main de Françoise. Gilles touchait une pension de deux mille nobles sur le trésor anglais[72]. Il ne se gênait pas pour afficher ses sympathies en faveur des Anglais : Je suis serviteur du roi d’Angleterre, disait-il, et je n’entends pas être le sujet du roi de France. Il ajoutait : Quand j’aurai cinq à six mille Anglais en ma compagnie, je pourrai aller jusqu’à Saint-Mahé de fine poterne, et qui a les champs a l’avantage. Charles VII n’ignorait point les dispositions où était le jeune prince : dès 1443, il avait confisqué ses seigneuries de Chantocé et d’Ingrandes comme étant aux mains d’un prince allié des Anglais, les conseillant, favorisant et confortant ; Prégent de Coëtivy en avait été gratifié.

Au mois de mars 1445, tout en réclamant le paiement de sa pension Gilles de Bretagne noua des intrigues avec Mathew Gough et d’autres représentants de Henri VI en France. Les instructions données à son envoyé tombèrent aux mains du duc de Bretagne, qui fit procéder à une instruction. Gilles avoua ses torts et sollicita le pardon de son frère. Le connétable insistait pour qu’on lui fît grâce : le duc céda, mais en imposant des conditions très dures. La paix semblait rétablie ; des imprudences de Gilles fournirent de nouvelles armes à ses adversaires. Il continua à entretenir des relations avec les Anglais ; il sollicita l’intervention de Henri VI en sa faveur ; bientôt il se retira au château du Guildo, situé sur le bord delà mer, à l’embouchure de l’Arguenon. Rompant l’arrangement passé avec le duc, il s’entendit avec les Anglais, et en particulier avec Mathew Gough, qui le pressait de passer en Angleterre, lui promettant qu’il obtiendrait d’importants avantages territoriaux[73].

Tel était l’état des choses au moment où le duc de Bretagne parut à la Cour. Ce prince représenta vivement le danger qui pouvait résulter de la liaison de son frère avec les Anglais, et manifesta la crainte de le voir, un jour ou l’autre, introduire en Bretagne les ennemis du royaume. On ne tarda point à être informé que Gilles avait fait des ouvertures au capitaine d’Avranches et avait demandé vingt-cinq Anglais pour lui servir de garde ; cette requête avait été agréée. Le duc de Bretagne, d’accord avec le Roi, résolut de faire procéder immédiatement à l’arrestation de son frère. Le 19 juin, à Razilly, en raison de certaines rebellions et désobéissances dont Gilles s’était rendu coupable, il donna ordre à Prégent de Coëtivy, comme son loyal et obéissant sujet, de se porter sur le château du Guildo, de procéder à l’arrestation de Gilles, et de l’amener devant lui en quelque lieu que ce fût[74].

Sur ces entrefaites, le duc de Bretagne avait envoyé à son frère deux de ses confidents, porteurs de lettres du duc et du connétable. Ces deux envoyés devaient engager Gilles à venir trouver le duc, en l’assurant du bon vouloir de celui-ci, et de l’intention où il était de lui donner satisfaction relativement à son apanage ; le connétable devait venir joindre Gilles au lieu qui serait désigné. Ces envoyés trouvèrent le jeune prince entouré d’Anglais. Toutes les instances qu’ils firent pour l’amener à se rendre à l’invitation de leur maître demeurèrent sans effet. Gilles s’emporta, déclara qu’il regardait son frère comme son ennemi mortel et qu’il lui ferait plus de mal que jamais les Penthièvre n’en avaient fait au feu duc. Par ma foi, ajouta-t-il, avant douze jours, je m’en irai en Normandie, et emmènerai ma femme, et ferai demander mon droit par les gens du roi d’Angleterre. Avant un an et demi, mon frère me verra dans la meilleure de ses villes, s’il y vient, et je serai content de le voir face à face[75].

Ceci se passait le 21 juin. Le duc de Bretagne venait de quitter le Roi pour retourner dans son duché ; dès qu’il fut informé de l’accueil fait à ses gens, il en avisa Charles VII, qui lui répondit à la date du 29 : Nous sommes bien déplaisant des paroles de votre frère Gilles, et nous aimerions mieux qu’il se gouvernât envers vous ainsi qu’il le devrait ; il ne fait pas bien d’agir autrement. Quant à l’allée de beau cousin de Laval vers vous, ainsi que le requérez, nous l’eussions volontiers envoyé ; mais, pour ce que nous ne savons si vous aurez à besogner plus largement de gens, nous l’avons encore retenu ici, en attendant d’avoir plus avant de vos nouvelles. Car, au cas où vous en auriez besoin, nous vous enverrions notre dit cousin avec tel nombre de gens qui vous serait nécessaire ; et ne faites doute que, en ce que vous aurez à besogner, nous vous aiderons et secourrons, tant de gens que autrement, en tout ce qui nous sera possible[76].

Charles VII ne tarda pas à être informé que son assistance était inutile. Coëtivy, sous prétexte d’aller inspecter les gens de guerre, s’était rendu à Granville[77]. De là il avait envoyé Regnault de Dresnay, à la tête de quatre cents lances[78], devant le château du Guildo. Dresnay y arriva le 26 juin ; il trouva Gilles jouant à la paume. Sans s’émouvoir, ce prince le fit entrer et lui demanda des nouvelles du Roi. Informé de la mission que Dresnay venait remplir, Gilles n’opposa aucune résistance : il se laissa conduire à Dinan, où il fut remis aux mains des officiers du duc[79].

Le bruit des fêtes de Chinon et de Saumur était à peine dissipé quand une triste nouvelle parvint à la Cour : Catherine de France, comtesse de Charolais, malade depuis quelques mois, était morte à Bruxelles le 28 juillet. Ce deuil, venant s’ajouter à ceux de l’année précédente, dut assombrir l’âme de la pauvre Reine, qui n’avait que trop de sujets de tristesse. Quant au Roi, il allait rencontrer chez son propre fils une source d’amertumes qui ne devait tarir qu’avec sa vie.

 

Depuis sa révolte de 1440, le Dauphin avait cherché à faire oublier ses torts : il n’avait rien néglige pour dissiper le ressentiment de son père et pour se concilier la sympathie des principaux conseillers du trône. Tant que prédomina l'influence du comte du Maine, il se montra empressé à servir ses intérêts : en 1443, il s’employa de sa personne pour obtenir du Parlement l’entérinement des ordonnances qui conféraient au comte, au dépend du domaine royal, d’immenses avantages territoriaux[80]. On a dit que le Roi, en confiant à Louis le commandement de l’armée envoyée contre les Suisses, n’avait cherché qu’à se débarrasser de lui[81] ; c’est une assertion dénuée de tout fondement. Charles VII avait, au contraire, une grande affection pour son fils : à la nouvelle de la blessure reçue par lui au siège de Saint-Hippolyte, il manifesta une vive émotion, craignant que la vie du jeune prince ne fût en danger, et lui envoya message sur message pour le rappeler auprès de lui[82]. De retour près du Roi, le Dauphin, entouré de ses familiers[83] se remit à exercer ce talent d’intrigues qu’il devait pousser si loin. Peu satisfait des libéralités dont le Roi l’avait gratifié à l’occasion de sa campagne de Suisse, il empruntait de l’argent, en demandait de tous côtés, s’adressant pour cela aux bonnes villes[84]. Mêlé aux affaires traitées à Nancy et à Châlons, il se montra l’ardent défenseur des prérogatives royales contre le duc de Bourgogne[85]. Fort mal avec le roi René[86] il était au contraire en bonne intelligence avec le duc d’Orléans[87]. Loin de se montrer, au début, jaloux du crédit de Brezé, il lui fit obtenir le comté de Maulevrier, en récompense de son concours dans les négociations entamées avec le duc de Savoie pour l’abandon des comtés de Valentinois et de Diois[88]. Après la mort de sa femme, dont il s’empressa, dit-on, de rassembler toutes les lettres et toutes les poésies pour les détruire[89], le Dauphin se brouilla avec Dunois, avec Louis de Bueil, et rompit avec plusieurs de ses familiers (18 octobre 1445)[90] ; mais il continua à être en bons termes avec Brezé, auquel il donnait, à Chinon, en janvier 1446, vingt-cinq queues de vin du Rhin[91]. Au mois de mai suivant, le Roi, en considération des dépenses que son fils avait eu à supporter pendant l’expédition contre le comte d’Armagnac, des diligences qu’il y avait faites et de la part qu’il avait eue à cette entreprise, lui fit don des quatre châtellenies du Rouergue[92], confisquées sur le comte. Loin de voir Agnès Sorel d’un mauvais œil, le Dauphin avait cherché à gagner ses bonnes grâces : il lui avait fait présent de riches tapisseries, rapportées par lui du midi[93] ; mais il ne tarda point à changer de sentiments. Des altercations assez vives se produisirent entre le Dauphin et Agnès. Un auteur du temps prétend que Louis alla jusqu’à la menacer un jour l’épée à la main[94] ; d’autres disent qu’il lui donna un soufflet[95]. Toujours est-il que l’ascendant pris par Agnès sur le Roi excita chez le Dauphin un vif mécontentement. S’y mêlait-il un sentiment de jalousie personnelle ? C’est une conjecture qui a été faite récemment[96]. Si Louis fut, comme on l’a insinué, le rival de son père, on comprend le dépit qu’il dut ressentir, et l’on s’explique la scène que nous retrace le pinceau un peu fantaisiste d’Æneas Sylvius.

Personne, comme le disait plus tard Commynes, n’était plus imprudent dans ses discours et plus caché dans sa conduite. Honoré des bontés royales, investi de missions de confiance, placé à la tête des armées, Louis n’était point satisfait ; il lui manquait quelque chose : il voulait être le maître. Depuis longtemps il nourrissait ce dessein. Son attitude lors de la Praguerie avait montré que ni les sages conseils, ni la voix de la raison n’avaient sur lui d’empire[97]. La faveur d’Agnès, le crédit de Brezé l’offusquaient. Avant de chasser la favorite, il résolut de se défaire du ministre, qu’il avait vainement cherché à gagner. Mais si son jeu resta caché, ses paroles finirent par le trahir.

Parmi les serviteurs du Roi se trouvait un hardi compagnon, alors âgé de trente-quatre ans, qui avait figuré un instant dans la Praguerie, et qui, rentré en grâce, était bientôt devenu conseiller et chambellan[98]. C’est sur ce serviteur, qui n’était autre qu’Antoine de Chabannes, que Louis jeta les yeux pour l’exécution de son dessein. Chabannes avait fait avec lui la campagne de Suisse, et se souvenait de son ancien métier d’écorcheur. Une fois il avait été defferé par le maréchal de Bourgogne ; mais il avait pris sa revanche sur les Bourguignons et avait fait de bons prisonniers qui, pour sa seule part, lui valurent bien dix mille écus. Comment, lui avait dit le Dauphin, le maréchal de Bourgogne vous a defferré ! Par la foi de mon corps, ce maréchal fait au rebours des autres, car les autres maréchaux ferrent les chevaux, et celui-ci les defferre. — Monseigneur, vous dites vray, avait répondu Chabannes ; mais, pour ferrer mes chevaux et ceux de ma bande, j’ai eu dix mille écus des pays du maréchal, et je me suis bien chauffé en ses pays et bu de bons vins[99].

Vers la fête de Pâques de l’année 1446 (17 avril), le Dauphin, étant en son retrait, au château de Chinon, fit venir Chabannes, et, le conduisant à une fenêtre qui donnait sur les champs : Voilà, lui dit-il en lui montrant un archer de la garde du Roi qui traversait la douve du fossé, voilà ceux qui tiennent le royaume de France en sujétion. — Qui sont-ils ? demanda Chabannes. — Ces Écossais ; mais, si on le voulait, on les en garderoit bien et ce seroit aisé. — C’est pourtant belle chose que cette garde, dit Chabannes, et, entre autres choses, je la prise plus que chose que le Roi ait faite. Certes, c’est une chose bien honorable à un prince comme le Roi quand il chevauche par la ville ou aux champs, et aussi une grande sûreté pour le fait de son corps : n’eût été sa garde, on eût fait beaucoup de choses qu’on n’à pas osé entreprendre. On passa à d’autres sujets. Il fut question du seigneur de Villars (Antoine de Levis). Chabannes raconta qu’un jour s’entretenant avec Villars, celui-ci lui avait dit que, pendant le séjour de Châlons, il avait cru que le Roi allait donner une plus grande autorité au Dauphin, qu’il semblait prendre confiance en lui et songer à lui confier des missions importantes. Le prince interrompit en disant qu’il n’avait tenu qu’à lui d’avoir ce qu’il eût voulu. — Et comment ?Si eusse bien, reprit textuellement le Dauphin, se j’eusse voulu jouer aux plus savoir ; toutesfois j’ay esté desceu soubs bonne foy, et ne me l’a l’en pas fait ce que je cuidoye2[100].

Le Dauphin n’alla pas cette fois plus loin : il se contenta de donner à Chabannes une mission en Savoie, en lui promettant mille livres de rente sur le comté de Valentinois s’il s’en acquittait bien.

Quelques mois plus tard, Chabannes était de retour. En revenant un jour de Razilly, où séjournait le Roi, Louis le fit venir à ses côtés, et, tout en chevauchant, le prit par le cou et lui dit : Venez ça ! Il n’y a rien à faire que de mettre ces gens dehors. — Et comment ? demanda Chabannes. — Bien ! la chose est facile : j’ai quinze ou vingt arbalétriers et trente archers, ou peut s’en faut ; et vous, n’avez-vous pas des archers ? Il faut que m’en fassiez finance de cinq ou six. Et les deux interlocuteurs désignèrent ceux qui pourraient être employés, entre autres un certain Richard, qui était au duc de Bourbon. Le Dauphin dit alors : Envoyez-les quérir !Mais monseigneur, fit observer Chabannes, la chose n’est pas à faire si aisément, car le Roi a tous les gens d’armes à son commandement, et ils sont ici autour. — J’ai assez de gens, reprit le Dauphin. — Comment pensez-vous faire ceci ? continua Chabannes. — Vous savez, dit le Dauphin, que chacun a loi d’entrer à Razilly qui veut : nous y entrerons les uns après les autres, de telle façon qu’on ne s’en apercevra pas, et nous sommes assez de gens pour le faire. J’aurai mes trente archers et quinze ou vingt arbalétriers, et les gentilshommes de mon hôtel. Je gagnerai bien des gens de l’hôtel du Roi. Mon oncle (le comte du Maine) m’a fait faire le serment à monseigneur de Montgascon et m’a dit qu’il me fera avoir Nicole[101] quand je voudrai ; et quant à ceux de Laval, ils sont bien miens, et d’autres avec eux. Puisque j’ai tous ceux que j’ai nommés, je ne puis faillir à me trouver le plus fort : toutefois il y a deux petites tourelles où il faudra aller tout droit ; mais ce n’est chose qui vaille.

Chabannes écoutait pensif. Monseigneur, dit-il, la chose est bien plus forte à faire que ne cuidez : car, quand vous auriez Razilly et tout ce que vous demanderiez, les gens d’armes viendront incontinent devant, qui prendront tout le monde dedans. — Quand je le voudrai, je ferai bien tant que j’aurai le Coudrin à mon commandement. Ne vous souciez, d’ailleurs, car je vous ferai des biens plus que vous n’en eûtes onques, et se fera bien la chose. Le Dauphin ajouta : Je veux y être en personne, car chacun craint la personne du Roi quand on le voit ; et si je n’y étais en personne, je doute que le cœur ne faillit à mes gens quand ils le verroient ; mais en ma présence chacun fera ce que je voudrai, et tout se fera bien : car je mettrai bonnes gens et sûrs autour de lui ; et au fait de la garde je l’y mettrai bonne et sûre, car j’y mettrai trois ou quatre cents lances. Le Dauphin assura encore Chabannes qu'il lui donnerait des biens et de l’autorité : Je suis content, dit-il encore, que vous couchiez devant le Roi, et nous le contenterons bien au fait de ses mignons (ici il nomma le seigneur de Clermont et un autre)... Quant au sénéchal (Brezé), je sais que vous l’aimez bien. — Si fais mon[102], interrompit Chabannes. — Aussi fais-je, reprit le Dauphin, et suis content qu’il gouverne comme il a accoutumé, mais ce sera sous moi[103].

La conversation en resta là. Peu de jours après, Louis s’informa si les archers étaient arrivés. Envoyez-les quérir, et ne vous souciez de rien, dit-il à Chabannes, car tout est bien. Le Dauphin avait noué des intrigues de tous côtés, et se croyait sûr d’arriver à ses fins. Le sire de Bueil, qui, quelque temps auparavant, était tombé en disgrâce et venait d’être mis hors de la maison du Dauphin, paraissait se rapprocher de Brezé, et devenait le centre de menées fort fictives : c’étaient des voyages perpétuels entre Chinon et Razilly séjour de la Cour, et Ussé, où Bueil était logé. Chaque jour Bueil paraissait plus ardent à la poursuite de ses desseins. Son frère Louis et Méry de Couhé le secondaient, et Jean de Daillon semblait être le principal agent de l’intrigue. Sans cesse il allait du Dauphin au Roi et du Roi au Dauphin ; il était toujours en compagnie du sire de Bueil. Un jour Bueil et Daillon rencontrèrent Chabannes, et lui dirent d'un ton moitié plaisant, moitié sérieux, qu’il avait deux cordes à son arc. — Je n’en ai qu’une, reprit Chabannes, mais elle est si bonne que je compte bien qu’elle ne se rompra pas[104]. — Un des serviteurs de Bueil, Guillaume Benoist, frappé d’une prédiction faite sur son maître et qui le menaçait d’une fin violente s’il restait à la Cour, était accouru tout exprès pour le conjurer de sauver sa vie par une prompte retraite ; inquiet de tout ce qu’il voyait, il s’en ouvrit à Bueil : On parle fort, lui dit-il, de cette entreprise de Daillon, et l'on vous en donne charge à cause que vous semblez la soutenir. — Je ne crains, répondit Bueil, ni sénéchal, ni sénéchalle, ni toutes leurs sénéchalleries pas une fève. Je suis bien vu du Roi, qu’on le veuille ou non, et mieux de Monseigneur que jamais[105].

Un autre serviteur de Bueil, nommé Galchault, traduisait en ces termes à Benoist le sentiment de son maître : Ce gouvernement ne peut durer : pensez-vous que Monseigneur (le Dauphin) et tous les seigneurs endurent plus de voir telles choses ? Tous sont avec Monseigneur et de son serment : et roi de Sicille, et monseigneur Charles, et tous, hors le duc de Bretagne et Foix ; et croyez que bref y verrez autre gouvernement et grosse brigue, car ce sénéchal gâte tout, détruit, prend argent de toutes parts : il a eu, à cause des trêves, quatre cent mille écus ; il a eu du duc de Savoie, pour l’hommage qu’il a fait lui quitter, le comté de Maulevrier, d’autre argent largement ; il tient le Roi en ce gouvernement de cette Agnès emprès la Reine ; il envoya Monseigneur en Allemagne pour en délivrer le pays ; il le laisse sans provision, et lui ôte ses gens à tout bout de champ. Ce sont des articles : tout lui sera bien remontré... Quant au Roi, il n’aime point le sénéchal, et la cause principale est qu’il le reprend trop devant les gens. En outre, monseigneur de Bueil et Villequier c’est tout un, et ils ont d’autres alliés ; donc son fait est bon.

Benoist fit observer que Brezé avait couché avec le Dauphin à Bleré, où il lui avait fait moult bonne chère et de grandes offres, et qu’il avait entendu Floquet parler de prendre quelqu’un : ce devait être le sire de Bueil. Mais Galchaut répondit : De Monseigneur ne doutez : il sait bien que ce qui se fait est tout à sa fin, car croyez que jamais il ne l’aimera, et ne voudrois pas être en son cas. Finalement, les agents du Dauphin se croyaient sûrs de leur affaire ; ils tenaient le sénéchal pour défait, et toute sa bande : bailli de Sens (Dresnay) Précigny et tout. Ils se flattaient même de ne pas rencontrer une grande résistance chez le Roi. Je connais le Roi mieux que homme qui vive, disait l’un d’eux. Quand il se veut défaire de quelqu’un qui le gouverne, il fait ses alliances petit à petit à l’un et à l’autre, un an ou six mois avant qu’il le mette hors[106].

De son côté, Chabannes, que les serviteurs de Bueil appelaient ce faux comte de Dampmartin, interrogeait un des familiers du Dauphin, qui avait été autrefois au service de La Trémoille ; ce familier, nommé Jupilles, lui disait que le Dauphin se méfiait de lui parce qu’il avait deux ou trois fois parlé au Roi. Chabannes, ayant reçu du Dauphin l’ordre de lui remettre deux mille écus sur l’argent qu’il avait rapporté de Savoie, était de plus en plus inquiet, d’autant qu’il voyait sans cesse Jean de Daillon aller trouver le Roi et revenir ensuite vers le Dauphin, avec lequel il s’entretenait pendant une heure ou deux. Jupilles lui-même devenait suspect au Dauphin parce qu’il fréquentait trop Chabannes. Daillon avait la promesse de toucher quatre mille écus, dont deux mille comptant. On remarquait que Louis de Laval, seigneur de Châtillon, autrefois brouillé avec Bueil, s’était rapproché de lui et qu’ils conversaient assez souvent ; que presque tous les jours Louis de Bueil se rendait chez Châtillon, et qu’ils restaient fort longtemps ensemble. Enfin Chabannes dit à Amaury d’Estissac, un des conseillers du Dauphin : Il me semble que Monseigneur ne se conduit pas bien ; je lui vois tenir beaucoup de manières qui ne sont pas bonnes. Parlez-lui et remontrez-lui qu’il se conduise autrement, car je sais qu’il a fiance en vous et qu’il vous croira de ce que vous direz plus que homme qu’il ait avec lui... — Je suis très-courroucé, répondit d’Estissac, qu’il ne se veuille autrement conduire ; je suis plus courrouce de son gouvernement, qu’il ne l’a bon, que de chose qui lui puisse advenir. Il est le plus soupçonneux homme du monde, et il a grand soupçon sur vous et sur Jupilles. — Pourquoi ?Parce qu’on a dit à Monseigneur que c’étoit grande folie de vous souffrir avec lui, et que vous n’étiez pas à lui. — Et à qui donc ?On a dit à Monseigneur que vous n’étiez à l’hôtel que pour épier tout ce qui se faisoit et le rapporter à monseigneur le sénéchal, et que vous étiez à lui.

Peu après Chabannes revint à la charge, et dit à d’Estissac d’insister près du Dauphin sur ce que le Roi n’était pas content de lui, et qu’il voyoit des choses en lui plus que jamais. D’Estissac se borna à répondre qu’il ne savait comment y porter remède. Un autre jour, il s’en ouvrit à Jean Sanglier. Je viens de devers le Roi, lui dit-il, et j’ai parlé à monseigneur le sénéchal. Je me doute que le Roi ne se contentera pas de beaucoup de façons que je vois que Monseigneur commence à tenir ; pour ce, parlez à lui, car je doute qu’il ne se contentera ni de vous, ni de monseigneur d’Estissac, ni d’autres qui sont autour de lui. Et Sanglier répondit : Je ne sais ce que c’est, mais je me doute qu’il n’y ait quelque chose de mal[107].

Chartes VII s’inquiétait, en effet, et tellement qu’il résolut de faire procéder à une, enquête : en vertu d’une commission royale, le chancelier, assisté d’un secrétaire du Roi, recueillit, le 27 septembre 1446, la déposition d’Antoine de Chabannes[108] ; le 18 octobre, un maître des requêtes de l’hôtel du Roi entendit différents témoins sur certaines injures dites et proférées par aucuns sur certains grands seigneurs de son grand conseil[109]. Le 27 octobre, Guillaume Benoist, serviteur du sire de Bueil, fit sa déposition[110] ; un peu plus tard, on interrogea des archers de la garde écossaise et d’autres témoins[111].

De toute cette enquête, il ressortit que le Dauphin avait voulu gagner les capitaines de la garde écossaise, ou s’en défaire s’il ne les pouvait gagner, et que son but était de se débarrasser à tout prix de Brezé. Un déposant déclarait tenir de la bouche même de Jean de Daillon que il y en avoit aucuns qui perdraient la vie en brief ; il n’avait pas douté qu’il ne s’agît du sénéchal, parce que le commun langage étoit que le sénéchal serait mis hors de gouvernement, et que cela aurait lieu par l’influence du Dauphin[112]. Daillon et Louis de Bueil s’étaient hâtés de quitter la Cour ; le premier avait, dans une hôtellerie, laissé échapper l’aveu qu’il s’enfuyait parce qu’on l’accusait, ainsi que son compagnon, d’avoir voulu tuer le sénéchal[113].

S’il en faut croire une chronique domestique de la maison de Chabannes[114], le comte de Dammartin aurait, lui-même, dès le début du complot, reçu dix mille écus pour faire le coup, et ce n’aurait été que sur les instances de son frère Jacques qu’il se serait décidé à dégager sa parole en rendant au Dauphin les dix mille écus. Quoi qu’il en soit, l’affaire était ébruitée ; les révélations abondaient ; la situation du Dauphin n’était plus tenable. Voici, d’après la même chronique, comment aurait eu lieu le dénouement.

Le Roi, une fois convaincu de la culpabilité du Dauphin, le manda en sa présence, et lui reprocha vivement sa conduite : Louis, dit-il, je sais bien la mauvaise volonté que vous avez contre le grand sénéchal, qui m’a bien et loyalement servy, et l’entreprise que vous avez faite contre lui pour lui faire piteusement finir ses jours. Mais je vous en garderai bien. — Monseigneur, répondit le Dauphin avec assurance, je ne fais chose en cette matière qui ne m’ait été conseillée par le comte de Dammartin. — Par saint Jehan ! reprit le Roi, je ne vous en crois pas. Et aussitôt il envoya chercher Chabannes : Comte de Dammartin, lui dit-il, avez-vous conseillé à mon fils le Dauphin de faire mourir le grand sénéchal de Normandie ?[115] Chabannes répondit négativement, et dit qu’il n'avait obéi qu’aux ordres du prince. Sauf l’honneur de Monseigneur, s’écria le Dauphin, vous avez menti !Monseigneur, reprit Chabannes, je vous répondrois autrement que je ne puis faire, car je répondrois touchant cet article de ma personne à la vôtre si vous n’étiez fils de Roi, et j’en suis exempté par cette raison. Mais, Monseigneur, je vous offre, en la présence du Roi, mon souverain seigneur, que s’il y a gentilhomme en votre maison qui me veuille charger sur cette matière, que je lui ferai de ma personne dire le contraire. — Le Roi intervint, et dit à son fils : Louis, je vous bannis pour quatre mois de mon royaume, et vous en allez en Dauphiné. Le Dauphin sortit alors, la tête nue, en disant : Par cette tête qui n'a point de chapperon, je me vengerai de ceux qui m’ont jeté hors de ma maison ![116]

Il y a beaucoup d’exagération dans ce récit. Le Dauphin ne fut point chassé de la Cour : il partit pour le Dauphiné avec une mission de son père, pour travailler à l’exécution de desseins politiques dont nous parlerons plus loin. Quoi qu’il en soit, on peut dire que le Dauphin se mit lui-même hors de sa maison en voulant s’y attribuer, au mépris de tous ses devoirs et par un odieux complot, un rang qui ne lui appartenait pas. A vingt-trois ans il était tel que nous l’avons vu à dix-sept, quand il voulait mettre son père en tutelle et prendre les rênes du gouvernement. On reste confondu devant tant d’audace, de sécheresse d’âme, de froid calcul, de cynisme : quand on a lu ces documents, qui le peignent sous de si saisissantes couleurs, il semble que le personnage moral soit jugé et irrémissiblement condamné.

Les intrigues du Dauphin n’empêchaient pas le Roi de donner son attention aux affaires du royaume. Deux envoyés du duc de Bourgogne, La Broquière et Charny, passèrent plusieurs mois à Chinon. Au mois d’août, Adam Moleyns et Dudley, ambassadeurs du roi d’Angleterre, vinrent trouver Charles VII à Saint-Martin de Candes. Au mois d’octobre Georges Chastellain arriva, chargé d’une mission du duc de Bourgogne. La pacification de l’Église, que le Roi prenait en main avec la ferme volonté d’aboutir à une solution ; l’entreprise sur Gênes, qui devait servir de base à l’exécution de ses desseins en Italie ; la conclusion d’une alliance avec le duc de Milan remplirent les derniers mois de 1446. Les questions d’administration intérieure n’étaient point négligées : le 28 octobre fut rendue une grande ordonnance sur la' réforme judiciaire. Enfin le mariage d’une fille de Charles VII fut conclu : par contrat passé le 23 décembre à Tours, la main de Jeanne de France était donnée à Jean de Bourbon, comte de Clermont[117]. Ainsi se trouvait rapprochée de la maison royale une de ses principales branches, dont le chef avait autrefois causé à la Couronne de graves embarras. Un autre prince de la maison de Bourbon, le vieux comte de Vendôme, grand maître de la maison du Roi, mourut vers cette époque[118]. Charles VII, qui avait pour lui une vive affection, vint à son lit de mort et s’entretint longuement avec lui du passé, comme s’il eût voulu mettre une dernière fois à profit les trésors de sa longue expérience[119].

Nous avons dit plus haut qu’une nouvelle naissance signala la fin de cette année : Charles de France naquit à Tours le 28 décembre[120]. Il fut tenu sur les fonts baptismaux par le comte du Maine, le comte de Laval et le comte d’Évreux (Brezé) et par la dame de la Rocheguyon et la comtesse d’Évreux[121]. Cet événement donna lieu à de grandes réjouissances : En la nativité duquel fut faicte moult grande joye en l’hostel du Roy et en plusieurs bonnes villes du royaulme, dit un auteur du temps[122], et par especial les Parisiens furent grandement rejoys, et firent feux et moult d’autres joyeusetez dedens leur ville.

A ce moment le Dauphin était encore à la Cour : il ne partit pour le Dauphiné que vers le 1er janvier[123]. Le jeune prince devait y séjourner quelques mois, afin de recevoir l’hommage de ses sujets et de favoriser la réalisation des desseins du Roi en Italie[124] ; il y passa dix ans, et, quand il l’abandonna, ce fut pour se mettre en révolte ouverte contre son père.

 

 

 



[1] Le 17 décembre 1439, Charles VII avait autorisé Jean, seigneur de Razilly, à faire fortifier son château (Lettres patentes conservées dans les archives de la famille : voir lettre du marquis de Razilly, adressée en 1860 à M. Vallet de Viriville, dans Ms. fr. nouv. acq. 5088, à Rasilly). — On lit dans le Neuvième compte de Xaincoins (l. c., f. 114) : Messire Jehan de Razillé, chevalier, seigneur dudit lieu, près Chinon, IIc l., en faveur de ce que le Roy y a logé l’année passée pendant huit mois. — Le château de Razilly est situé dans la commune de Beaumont-en-Veron. M. G. de Cougny, qui prépare une Histoire de Chinon, et qui a si profondément étudié tout ce qui concerne la Touraine, a bien voulu (lettre du 28 septembre 1887) nous envoyer la description suivante de ce qui subsiste de ce manoir : Des fortifications élevées par Jehan de Razilly, il ne reste que quelques pans de muraille ébréchés, découronnés de leurs parapets et de leurs mâchicoulis, dont on aperçoit encore quelques rares encorbellements. L’hôtel principal qui, au quinzième siècle, devait présenter de vastes développements, puisque le Roi et sa Cour pouvaient y trouver gite, est réduit aujourd’hui à un étroit corps de logis en partie dérasé, et dont les deux tiers au moins ont été repris en sous-œuvre et remaniés au seizième siècle. Une porte bâtarde, en tiers-point, et qui paraît être murée depuis longtemps, s’ouvrait à la base de la portion ancienne. La chapelle, disposée au sud de ce corps de logis, dont elle est séparée par un espace de quelques mètres, offre un chevet rectangulaire, percé de trois fenêtres en plein ceintre et surmonté d’un pignon aigu, surélevé au quinzième siècle, tandis que la partie inférieure semble appartenir à la fin du douzième. En même temps qu’on exhaussait le grand gable, une seconde travée était construite dans la direction de l’ouest, en vue sans doute du séjour éventuel du Roi et de sa Cour.

[2] Nous avons déjà cité ce mot du Dauphin à Chabannes : Vous savez que chascun a loy d’entrer à Razilly qui veut. Duclos, Preuves, p. 64.

[3] On a d’elle une lettre datée de Razilly, en date du 12 août 1446. D. Grenier, 53 f. 398.

[4] Dans les premiers mois de 1446, le Roi donna à la Reine trois mille livres, pour convertir en vaisselle d’argent pour son hostel. (Huitième compte de Xaincoins. Cabinet des titres, 685, f. 102 v°.) — A la Royne la somme de IIm livres, que ledit seigneur lui a donnée pour avoir robes pour elle en sa relevaille de monseigneur Charles. Rôle de dépenses du 26 mai 1447. Preuves de Math. d’Escouchy, p. 261. — Le 4 août suivant, Marie d’Anjou donnait quittance de cette somme. Original signé, Ms. fr. 20418 fol. 19.

[5] Recherches historiques sur Agnès Sorel, par Vallet de Viriville, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, t. XI, p. 312-13.

[6] Entre les belles c'estoit la plus jeune et la plus belle du monde. (Jean Chartier, t. II, p. 183.) — La plus belle femme jeune qui feust en icellui temps possible de veoir. (Chronique Martinienne, f. 302.) — Une des plus belles femmes que je veiz oncques. (Olivier de la Marche, t. I, p. 55.)

[7] Une damoiselle nommée la belle Agnez. (Jean Chartier, t. II, p. 181.) — Unam præcipuam satis formosam mulierculam, quam vulgo Pulchram Agnetem appellabant. (Thomas Basin, t. I, p. 313.)

[8] Dans le chœur, à côté de la sacristie, se montrent par rareté deux tableaux de moyenne grandeur, peints sur bois et se fermant l'un dans l’autre, dans l’un desquels est représentée une vierge Marie portant un voile blanc sur sa teste et une couronne perlée à hauts fleurons au dessus, la mamelle gauche découverte et ayant la vue baissée sur un petit enfant qui est debout à ses pieds. Aucuns veulent dire que cette image est peinte sous la figure d’Agnès Sorel, amie de Charles VII. Denys Godefroy, Recueil des historiens de Charles VII, p. 885-86. Qu’est devenu l’original du volet de Melun, dont Henri IV, dit-on, avait offert dix mille livres ? On ne sait. Mais la Vierge de Melun était célèbre et on en fit de nombreuses copies. Une d’entre elles se trouve au musée d’Anvers, sous le n° 106 ; une autre est au musée de Versailles, sous le n° 1754 (ici la vierge est seule, sans enfant). Voir la Notice sur Jean Foucquet, qui se trouve en tête de l’ouvrage : Œuvre de Jehan Foucquet, publié par L. Curmer (1867) ; M. de Laborde, Renaissance des arts à la cour de France, t. I, p. 691 et suivantes ; Recherches sur les sépultures récemment découvertes en l'église Notre-Dame de Melun, par Eug. Grésy (Melun, 1845, in-8°), p. 4 et suivantes et planche ; enfin l’article de M. Jules Receveur : Sur un tableau du musée d’Anvers représentant la Vierge sous les traits d’Agnès Sorel, peint par Jean Foucquet, dans le Journal des Beaux-Arts d’Anvers du 31 août 1859. La photographie de ce portrait se trouve au Cabinet des estampes : Le Musée d’Anvers, Ac 21a, et il est reproduit dans le Moyen âge et la Renaissance, t. VI.

[9] Nous ne possédons pas de portrait qui soit en rapport avec la réputation du modèle. On n’a d'Agnès Sorel, outre le tableau dont nous venons de parler, qu’un crayon exécuté seulement vers 1515, publié par M. Niel, Portraits de personnages illustres, t. II ; voir le crayon original au Cabinet des Estampes et la reproduction faite par M. Rouard (François Ier chez Mme de Boisy, Paris, 1863 in-4°), d'après un ms. d’Aix, et la statue mutilée qui se trouvait à Loches sur son tombeau. Ni l’une ni l’autre de ces effigies ne peut donner une idée exacte de l’original. — Il faut consulter aussi le procès-verbal d’exhumation, en date du 5 mars 1777, publié par Delort (Essai critique sur l'histoire de Charles VII, d’Agnès Sorelle et de Jeanne d'Arc), p. 266 et suivantes.

[10] Voir les deux écrits de Vallet de Viriville : Agnès Sorel (Revue de Paris des 1er et 15 octobre 1855), p. 43 et 250 ; Nouvelles recherches sur Agnès Sorel (Paris, 1856, in-8° de 89 p., p. 10 ; extrait du Compte rendu de l’Académie des sciences morales et politiques) ; et la brochure de M. Peigné Delacourt : Agnès Sorel était-elle Tourangelle ou Picarde ? (in-8° de 16 p.) p. 10 et suivantes.

[11] Le P. Anselme, Histoire généalogique, t. VII, p. 701.

[12] On a la preuve de sa présence à Châlons : voir la déposition de Jamet de Tillay dans Duclos, Preuves, p. 47.

[13] Georges Chastellain, t. IV, p. 365.

[14] Luy convenir souffrir de la seoir à sa table et en faire feste. (Chastellain, l. c.) — Dont la Royne avoit moult de douleur à son cueur ; mais à souffrir luy convenoit pour lors. (Journal d’un bourgeois de Paris, p. 387.)

[15] De ceste femme nommée Agnès, et laquelle je vis et cognus, fut le Roy durement assotté. Chastellain, l. c.

[16] In mensa, in cubiculo, in concilio, lateri ejus semper adhœsit, a dit, avec quelque exagération du reste, Æneas Sylvius (Commentarii, p. 163).

[17] Chastellain, l. c., p. 366. Olivier de la Marche dit aussi (t. II, p. 55) : Son estat estoit à comparer aux grandes princesses du royaume.

[18] Chastellain, l. c.

[19] M. Vallet de Viriville qui, certes, n’est point suspect, dit en propres termes (t. III, p. 29) : Par une nouveauté inouïe dans les annales monarchiques, on vit en elle, pour la première fois, une favorite en titre.

[20] Jean Chartier, t. II, p. 181.

[21] Voir Bibliothèque de l'École des chartes, t. XI, p. 314-315, et Vallet, Histoire de Charles VII, t. III, p. 177-78.

[22] Charles VII racheta ses joyaux et bagues après sa mort, pour la somme énorme de 20.600 écus. Bibliothèque de l’École des chartes, t. XI, p. 307.

[23] Tenue jolie de robes, fourrures, colliers d'or et de pierreries. Chartier, p. 181. Sur les fourrures d'Agnès, voir Bibliothèque de l'École des chartes, l. c., p. 309-311.

[24] Olivier de la Marche, t. II, p. 55.

[25] On a insinué qu'elle ne fût pas toujours fidèle à Charles VII. Thomas Basin dit (t. I, p. 313) : Nec eam quippe solam, nec ipsa eum solum.

[26] Geoffroy Soreau, oncle d’Agnès, devint en 1447 administrateur de l’abbaye de Saint-Crépin de Soissons, et évêque de Nimes en 1450 ; Charles et Jean, frères d’Agnès, étaient en 1446 de l’hôtel du Roi, et deux autres de ses frères, André et Louis, hommes d’armes de la garde du Roi. Parmi les jeunes gens d’armes et gentils compaignons, il faut citer en première ligne Guillaume Gouffier, qui parvint si avant dans la faveur royale.

[27] Ladite Agnès avoir tousjours esté de vie bien charitable, large et liberale en aumosnes, et distribuoit du sien largement aux povres églises et aux mendiens. J. Chartier, t. II, p. 183. Voir sur les fondations d'Agnès, Bibliothèque de l'École des chartes, l. c., p. 325, — On a cité (P. Clément, Jacques Cœur et Chartes VII, t. II, p. 120 et suiv., et Vallet de Viriville, Revue de Paris du 15 octobre 1555, p. 459 et suiv.) des lettres autographes d'Agnès Sorel : ces lettres sont apocryphes. Voir à ce sujet une note complémentaire à la fin du volume.

[28] Chastellain dit en propres termes (t. IV, p. 367) que Charles VII fut perdu par elle.

[29] L’évêque Jouvenel s’est fait, en ces termes énergiques, le censeur des abus de son temps : Item, que on advisast aux estas, et que le Roy en son hostel mesme il mist remesde tant en ouvertures de par devant par lesquelles on voit les tetins, tettes et seing des femmes, et les grans queues fourrées, chesnes et aultres choses, car elles sont trop desplaisans à Dieu et au monde, et non sans cause ; et que en son hostel et en celluy de la Royne et de ses enffans ne souffrist hommes ou femmes diffamez de puterye et ribaudie et de tous aultres peschez, car par les souffrir on a veu trop de inconveniens advenir et de punitions divines. J’ay veu des robes de l’ayeule du Roy qui ne traynoient point derrière ung piet. Discours sur la charge de chancelier. Ms.fr. 2701, f. 55 v°.

Dans son Épître sur la reformation du royaume, s’adressant au Roi, il dit encore : Je ne veulx pas dire que vous ne doiez estre large et libéral, et que ne puissiez donner du vostre ainsi que bon vous semble ; mais de appliquer ce que vous exigez pour la guerre en aultre usage, je doubte que ce ne soit charge et en conscience et en honneur. Et peut estre que pour ce que le Roy Jehan le souffrit faire que luy et le royaume en eurent dommage irréparable. Or regardons se le peuple a point congnoissance que, aprez les trêves que vous avez eues avecques vos ennemis, les joustes qui furent en divers temps, qui estoient choses bien superflues et de mal profit, les estas des dames et des damoiselles, en robes, joyaulx et mises que il y faloit faire, lesquelles choses ne povoient estre à l’utilité de la chose publique, mais au proffit d’aucuns marchans qui vendoient ce qui ne leur coustoit que ung escu ou deux, six escus, tant en draps de soye que de martres ou aultres pennes ; quelles pompes y a il en queues et cornes, en chesnes d’or, pierres et aultres habillemens, qui sont desplaisans à Dieu et au monde ! Et ne cesse point, mais croit de jour en jour ; et ne sçay que vous, qui avez sens et entendement, ne doubtez que Dieu ne se courrouce à vous de souffrir telles superfluitez ; et tellement qu’il n’y a damoiselle ou bourgoise qui ne se mecongnoisse et qui ne veuille avoir grans estas ; et par ce moyen se vuide une grande partie de l’or et argent de ce Royaume ; car tous les habillemens, exceptez draps de leine, viennent hors du Royaume.

Et se il vous plaisoit sur ceste matière veoir les ordonnances anciennes faictes par vos predecesseurs, sur le fait des estats, c’est assavoir quelz draps et pennes chascun devoit porter et de quel pris, vous les trouverez en vostre Chambre des comptes. Que pleust à Dieu que vostre plaisir feust d’en faire de pareilles ! Et toutes lesdictes pompes sont aux despens du povre peuple. Et double que ce ne soit de l’argent des aides, qui seroit grand peschié et mal fait.

On dit aussi que vous ordonnés estas pour ceulz de vostre sang et aultres nobles, et dames et damoiselles, qui par moys ou par an ont proufis de vous grans et excessis. Se il est ainsi vous le devés savoir ; faictes visiter les comptes anciens en vostre Chambre des comptes, savoir se vos predecesseurs le faisoient et ordonnoient ainsi des finances levéez pour le fait de la guerre. Et ce que vous leur baillez ou faictes délivrer, c’est leur grant dommage, car se ilz n’avoient que leurs demaines ilz penseroient de les faire valoir, soustendroient leurs maisons comme font les povres gentilzhommes et gens d’esglises et laboureurs. Et au regard dos dames et damoiselles, ce ne leur est que toute oysiveté, mère de tous vices, et mettent à leur mettre à point et à toutes vanités le jour et la nuyt. Et celles et aussi ceulx auxquelz ne faictes aucun bien, qui sont de haulx lieux et lignages, veulent faire pareillement. Et fauldra pour entretenir leurs estas qu’ilz vendent leurs héritages on rentes sur iceulx, qui est en la fin leur destruction...

Vostre peuple, qui voit que faictes les choses dessus dictes, peut juger que vous en deveriez faire grant conscience et que il doit doubter que les prières que on fait pour vous ne sortissent pas effect. Et en vérité, quant vous cesserez à faire lesdictes pensions, les seigneurs seront plus contens qu’ilz ne sont de present ; car ce sont toutes envies qui engendrent haynes couvertes, et cuide chascun avoir desservy de avoir plus l’ung que l’autre.

Et quant de celles qui ont ces horribles et detestables estas, elles en sont plus gentes et habilles que d’avoir si grans heaulmes ne queues pesantes que il faut porter, trayner ou faire porter, qui cliet en ung grant abhominacion de desplaisance au peuple. Et se elles le consideroient, elles en seroient aussi plus belles, car tant a une femme plus humble abit tant plus est plaisante. Il semble de beaucoup que ce soient vieilles mulles ou meschans chevaulx enfrenés de grans paremens pour estre mieulx vendables et puis monstrent leur seing ou lotins : il est grant besoin de donner appétit aux compaignons. Enquerez quel estat portoit madame vostre ayeule et les aultres précédens.

Dieu aucunes foys se courrousse de telz ordures et broullis, c’est assavoir de la forme d’aler des femmes, de la manière de regarder de leurs paremens ; et dit Dieu par la bouche du Propheste que il les fera cesser de mittres, qui sont leurs grans cornes, et pour abresger toutes leurs superfluités ; et sera qu’elles auront pour odeur punesie, sainturc de corde et vestir de meschans draps. Hélas ! mais ce n’est pas tout ; et que dit à vous mesme le propheste pour ce que souffrez les dictes choses ? Pulcherrimi quoque viri tui cadent gladio, et fortes tui in prœlio ; et mœrebunt atque lugebunt et desolata terra sedebit. Et est bien à craindre et doubter que en vostre personne ou en vostre peuple, à cause de ce que permettez ainsi deshonnestement faire Dieu ne face grande punicion. Ms. fr. 2701, f. 98 v°-99.

[30] Sed et cum aliqui bono et honesto homini aliquis canum palatinorum invidiam conflare vellet, atque in eum regiam indignationem excitare, illud sibi pro crimine velut capitali impingebatur, quod de pulchra Agnete locutus fuisset. Thomas Basin, t. I, p. 313-14.

[31] Voir Chastellain, t. IV, p. 365-66 ; Chronique abrégée, dans Godefroy, p. 349, et Journal d’un bourgeois de Paris, p. 388. — L’évêque Jouvenel, dans ses Remontrances sur la réformation du Royaume, écrites vers 1452, fait allusion en ces termes aux désordres de mœurs du Roi : Pensez doneques à vous-mesmes, dit-il, qui avez sens et entendement, que ne les emploiés pas à choses volontaires ou voluptueuses, car vous estes mortel et mourrez, et ne savez quant. Plus loin, prenant texte d'un passage du Deutéronome, il dit que un Roy ne doit point avoir trop grant foison chevaulx ne femmes qui amolient son courage. Ailleurs il insiste davantage en ces termes : Je croy que Dieu vous a donné et le conseil et la voulenté de l’execucion de la conqueste que vous avez faicte ; vous devez aussi demander conseil à vous-mesme, et en ce vous devés fort adviser que en ce faisant ostiez tous courroulx, voluptés, mondaines plaisances et hastivetés. Ms. fr. 2701, f. 88 v°, 89 et 104.

[32] Nous le contenterons bien (le Roi) au regard de ses mignons, disait le Dauphin à Chabannes en 1446. Duclos, Preuves, p. 66.

[33] Chastellain, t. III, p. 17-18.

[34] Elles ne sont pas nommées par les généalogistes (généalogie des Villequier, dans La Roque, Histoire de la maison d'Harcourt, t. II, p. 1803 et 1805, et t. IV, p. 2064 ; Cabinet des titres, dossiers bleus : VILLEQUIER) ; mais il est constant qu’elles étaient sœurs d’André (voir quittance du 4 mai 1447 : Clairambault, 207, p. 8991).

[35] En décembre 1446, le Roi donnait à Marguerite 137 l. 10 s. t., et à André une autre somme de 156 l. 15 s. pour faire robes à ses deux sœurs Marguerite et Thoinine. Clairambault, 207, p. 8989 et 8991.

[36] André de Villequier, escuyer, 41 l. 5 s. pour entretenir son estat, et 68 l. 15 s. en janvier 1443 (1444) pour avoir un cheval, et 68 l. 15 s. en avril 1444 pour maintenir son estat, et pareille somme en may, et 65 l. en aoust 1444 pour avoir un cheval, et 16 l. 10 s. pour un harnois, et 110 l. en septembre 1444 pour son estat. Sixième compte de Xaincoins, l. c., f. 83.

[37] Lettres de Charles VII, données à Sarry-lez-Chalons, le..... jour de juillet 1445. Collection de D. Fonteneau, vol. 24, p. 505 (Ms. lat. 18399). Déclaration de paiement en date du 27 juillet, signée VILLEQUIER. Du Puy, vol. 12, f. 388, et Archives, P 2298, p. 1357. — On a dit qu’André de Villequier prit part en 1433 à l’enlèvement de La Trémoille ; mais, en présence du silence des auteurs contemporains, nous croyons que M. Vallet a eu tort de se faire l'écho de cette assertion, qui ne repose que sur la faible autorité d’un auteur du XVIIe siècle (Maichin, Histoire de Saintonge, etc., p. 141).

[38] Le seigneur de Villequier, escuyer, chambellan du Roy, VIc l. pour soustenir son estat. — Mgr de Villequier, pour luy ayder à payer certaines grandes sommes pour recouvrer la place de Montmorillon de la femme de feu La Hire, Vc l livres. — André, seigneur de Villequier, escuyer, pour ses despens en la compagnie du Roy ou il a esté continuellement occupé, IXc IIIIXX X livres. Huitième compte de Xaincoins (1445-46), l. c., f. 100 v°, 103, 103 v°.

[39] Chastellain, t. III, p. 295.

[40] En 1436, il était sous la tutelle de son oncle Guillaume, et passa l’année suivante sous celle d'un autre oncle, Jean, seigneur de Bonnivet (le P. Anselme, t. V, p. 607). Il figure, entre 1442 et 1445, dans un état des officiers du comte du Maine dressé d’après les comptes du temps, avec cette mention : Hors en 1445. (Fr. 7855, f. 705.)

[41] Guillaume Gazeau, Guillaume Gouffier, escuyers, 110 l. pour leurs despens à Angers en décembre et janvier (1443-1444) ; eux et Robinet de Boutot et Guillaume Claret, 247 l. 10 s. en avril pour entretenir leur estat ; eux et André de Villequier, 178 l. 10 s. pour leurs despens en la ville de Tours ; Guillaume Gazeau et Guillaume Gouffier, 65 l. en septembre pour entretenir leur estat. — Guillaume Gouffier, escuyer, varlet de chambre du Roy, 55 l. pour entretenir son estat, et 82 l. 10 s. pour semblable cause, et 41 l. 5 s. pour sa despense à Troyes. — Guillaume Gouffier et Anthoine de Beauvau, escuyers, LXVIII l. XV s. pour leurs despens en la ville de Tours. — Guillaume Gouffier, escuyer, pour luy ayder à avoir une robe le jour de Noël, XXXIIII l. VII s. V d., et VIXX l. outre ses gages. — Guillaume Gouffier, escuier, IIIIXX l. XVI l. V s. pour ses despens en certaines joustes que le Roy a fait faire à Razillé-les-Chinon. Sixième et huitième comptes de Xaincoins, l. c., f. 83 et 83 v°, 100, 103 v°, 104 ; archives de Niort : communication de M. J. Berthellé, archiviste.

[42] Courcelles, Histoire des pairs de France, t. VII, p. 76 et s. — Don de 467 l. 10 s. fait par le Roi à Jeanne de Montheron, pour avoir robes et autres habillemens à ses noces. Voir Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 257. Sur le don de mille écus, D. Villevieille, Titres originaux, vol. IX, n° 470.

[43] Histoire ms. de Gaston, comte de Foix. Armoires de Baluze, vol. 60, f. 129.

[44] Huitième, neuvième et dixième comptes de Xaincoins, l. c., f. 98 v°, 99, 100, 101, 102, 102 v°, 103, 103 v°, 104,106 v°, 109,109 v°, 114, 115, 117 v°, 124 et s., 129.

[45] Chabannes disait en 1446 au Dauphin : N'eust esté la garde, on eust entrepris beaucoup de choses qu'un n'a pas fait. Déposition de Chabannes, dans Duclos, p. 62.

[46] Archives, X2a 18, au 20 juin et au 9 décembre 1427 ; Clairambault, 28, p. 2045 ; Cabinet des titres, 684, f. 366 v°, 370 v° et suivants.

[47] Ms. fr. 26065 (Quittances), n° 3602, 3737, 3769 ; Pièces originales, 659 : CHAMBRE, n° 3 et s. ; Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 98 v°.

[48] Elle est ainsi désignée dans le sixième compte de Xaincoins, f. 82, 83 v° et 84 v°.

[49] Sixième et huitième comptes de Xaincoins, f. 82 v°.

[50] Sixième compte de Xaincoins, f. 80 v° et 82 v°.

[51] Sixième et huitième comptes de Xaincoins, f. 85 v° e t98 v° — Dès 1428, Geoffroy, seigneur de Rochechouart, avait sous ses ordres dix hommes d’armes, pour la garde et seurté de la personne du Roy. (Fr. 20684, f. 664-665.) Cette compagnie passa ensuite sous le commandement de Christophe d’Harcourt. (La Roque, Histoire de la maison d’Harcourt, t. I, p. 903 ; t. IV, p. 1729.) On trouve cette mention dans le Huitième compte de Xaincoins (f. 100 v°) : Jacques, seigneur de Montmirat, IIIc X l. XIII s. VII d. pour bons services à la garde du corps du Roy.

[52] Un compte de Xaincoins mentionne Jehan de Messenen, escuyer des pays d’Allemagne. Huitième compte de Xaincoins, f. 98 v°.

[53] Huitième compte de Xaincoins, f. 98 v° ; cf. f. 103.

[54] Lettres du 12 janvier 1444. Archives, P 1905, n° 6290.

[55] Voir les dépositions dans l’enquête sur la mort de la Dauphine. Duclos, Preuves, p. 44 et 52.

[56] Duclos, Preuves, p. 50.

[57] Compte de Hubert Parcault, maître de la chambre aux deniers de la Dauphine. Le Grand, VI, f. 280 ; fragment reproduit dans Lettres de Louis XI, t. I, p. 202.

[58] Compte de Hubert Parcault. Le Grand, VI, f. 280.

[59] L’original est à la Bibliothèque nationale, Moreau, 1047, n° 52 ; Cf. Duclos, Preuves, p. 40.

[60] Voir ces dépositions dans Duclos, Preuves, p. 41 et suivantes. Les autres se trouvent dans Dupuy, 762, f. 45-57.

[61] Lettres du 1er avril 1446, cassant un ajournement devant le Parlement de Paris donné à la requête du comte de Penthièvre (D. Morice, t. II, col. 1373) ; lettres du 20 mai, donnant au duc l’hôtel de Nesle à Paris (Original, Archives de la Loire-Inférieure, E 105 ; I). Félibien, Histoire de Paris, t. III, p. 561, avec la date fautive du 24 mai).

[62] Lettres du 16 mars 1416 (Original, Archives de la Loire-Inférieure, E 94 ; D. Morice, t. II, col. 1400). Les termes de ces lettres étaient aussi modérés que possible : ... Soubs umbre de certaines confederations et pactions que feu nostre frère le duc de Bretaigne derrainement trespassé, son père, lui estant en bas aage, et autres leurs subgiez et parens, pour preserver leur pays, terres et seigneuries des maulx et inconveniens qui par chascun jour advenoient à cause des guerres et divisions qui long temps ont esté en nostre royaume, firent avec nos ennemis, en nous desadvouant et à eulx adherans, ainsy que on dit. — Le connétable de Richemont, le comte d'Étampes et Pierre de Bretagne étaient compris dans l'abolition.

[63] Chastellain, t. II, p. 159.

[64] La Trémoille fut fort bien traité avec le Roi, qui fit délivrer au mois d'avril 1446 des lettres de rémission à son neveu Jacques de Pons et à son fils bâtard. Archives, JJ 117, n° 238, et K 68, n° 46 ; JJ 177, n° 186.

[65] On a conservé l’acte d’hommage du duc de Bretagne. Il a été publié par les historiens de Bretagne et en particulier par Dom Lobineau, dans son Histoire de Bretagne, t. II, col. 1081.

[66] Gruel, p. 397.

[67] Chastellain, t. II, p. 166. — Le comte de Nevers reçut alors du Roi une somme de deux mille livres (Huitième compte de Xaincoins, f. 100). Peu après, il lui fut attribué une pension annuelle de huit mille livres (Id., f. 109 v°.)

[68] Voir Gruel, p. 39. En la fin fallut que monseigneur de Nevers s’en allast assez tost : et despuis en furent grandes paroles devant le Roy, et s’y rendit toute la seigneurie... Et furent monseigneur de Bourbon (le comte de Clermont) et monseigneur d’Eu pour accompagner monseigneur de Nevers ; et Monseigneur n’y mena que luy et ses gens...

[69] La date est fixée par le passage suivant, extrait du Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 107 v° : Guillaume du Bois, dit Willequin, XX l. XII s. VI d., pour avoir assishté aux joustes qui se sont faites, puis la Pentecoste, tant devers le Roy, à Razillé, près Chinon, que devant le Roy de Secille à Saumur, et durant icelles fait plusieurs esbatemens et dit plusieurs plaisantes paroles.

[70] Histoire manuscrite de Gaston, comte de Foix, par Guill. Le Sieur, dans les Armoires de Baluze, vol. 60, f. 129 ; Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 113 v°. Math. d’Escouchy. t. I, p. 107 ; Vulson de la Colombière, le Vray théâtre d’honneur et de chevalerie (1647, in-fol.), t. I, p. 81.

[71] Voir Lecoy de la Marche, le Roi René, t. I, p. 146. René fit exécuter un tableau représentant cette fête et en fit présent à Charles VII.

[72] Rymer, t. V, part. I, p. 128.

[73] Voir D. Lobineau, t. II, p. 10 et suivantes ; D. Taillandier, t. I, p. 624 et suivantes ; D. Morice, t. II, col. 1364, 1375, 1387-3188, 1397-1398, 1408 et suivantes.

[74] Lettres du duc de Bretagne, publiées par Marchegay, Cartulaire des sires de Raye, p. 92.

[75] D. Morice, t. II, col. 1379 et 1408.

[76] D. Morice, t. II, col. 1404.

[77] Monseigneur l’amiral, IIc livres, pour un voyage à Grantville visiter les gens de guerre. Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 105.

[78] Et fut conclu que messire Regnault de Denesay iroit pour faire l’execution et meneroit les cent lances de monseigneur le grand seneschal. (Gruel, p. 397.) — On lit dans le huitième compte de Xaincoins (l. c.) : Messire Regnault de Dresnesay, chevalier, bailli de Sens, c 1. pour deffrayer aucuns gens de guerre, les mener en Anjou et en Bretagne. — Berry dit (p. 429) : Et furent à sa prinse quatre cens lances des gens du Roy, dont furent conduiseurs messire Pregent de Cœctivy, admirai de France, messire Regnault du Dresné, bailly de Sens, et messire Pierre de Brezé, seneschal de Poitou. Mais Brezé ne fut pas employé dans cette mission : le 26 juin, le jour même où Gilles était arrêté, il contresignait des lettres de Charles VII données à Razilly.

[79] Berry, p. 429 ; Gruel, p. 397.

[80] Voir t. III, chapitre XVI.

[81] C’est ce que prétend un auteur bourguignon contemporain, Thierry Pauwels, doyen du chapitre de Saint-Martin à Gorcum, dans un écrit intitulé : De rebus actis sub ducibus Burgundia (Collection des Chroniques belges, p. 253) : Karolus vero Rex, postquam vicerat Normanniam, misit Ludovicum delphinum filium suum cum grandi compagnia supra Renum contra Switenses et Renenses, eo quod tam grandia abhominabilia mala fecerat in Francia contra Deum et justiciam, sperans quod ibi trucidaretur cum suis : erat enim gibbosus et perservæ naturæ, non timens Deum. — il faut dire que l’insinuation se retrouve dans la bouche des partisans du Dauphin : Il envoya Monseigneur en Allemagne pour en délivrer le pays. Voir plus loin.

[82] Cette particularité est consignée dans la relation du commandeur d’Issenheim, publiée par Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. II, p. 519 : Rex Francie pater ejus, audita vulneratione predicta, condoluit acerrime, et ex post, ut dicitur, non quievit sed semper stetit in continua angustia, credens eumdem filium suum esse mortuum, et misit ad eum continuos nuncios cum licteris exhortando ut statim velit ad ipsum regem personaliter venire, si vitam ipsius patris diligat, quia nunquam pater ipse letabitur donec filium suum facie ad faciem conspexerit.

[83] Le Dauphin avait alors pour maîtres d’hôtel Aymar de Poisieu, dit Capdorat, Gabriel de Bernes et Rogerin Blosset ; pour chambellans, Guy de Chaourses, dit Malicorne, et Jean de Daillon ; pour écuyer tranchant, Guillaume Sanglier. Voir les extraits de comptes publiés dans les Lettres de Louis XI, t. I, p. 189-90.

[84] Remboursement d’une somme de 5.500 l. empruntée à Jean de la Borderie, maître de sa chambre aux deniers (14 février 1445) ; lettres aux habitants de Châlons, de Senlis, etc. Lettres de Louis XI, t. I, p. 21, 197, 198.

[85] Le Dauphin avait eu maille à partir avec ce prince, au sujet des ravages exercés par ses troupes sur les pays du duc. Voir plus haut, chapitre IV.

[86] Voir la relation des ambassadeurs milanais citée plus haut, chapitre III.

[87] Voir une lettre autographe, sans date, au duc d’Orléans. Sachant que ce prince avait envie d’avoir un mulet, il lui envoyait le sien ; mais, disait-il, c’est en esperance que vous me donerés ung levryer ; et sy vous le faytes et vous prenés playsir en autre chouze, soyt en mulle, mullet ou troton, je vous en recompanseré byen. Lettres de Louis XI, t. I, p. 31.

[88] Déposition de Guillaume Benoist. Ms. nouv. acq. fr. 1001, f. 37.

[89] C’est du moins ce que dit l’abbé Le Grand dans son Histoire manuscrite (fol. 90) : Il ramassa toutes les lettres et tous les vers de la Dauphine et les supprima. Les dépositions des témoins dans l’enquête ordonnée par Charles VII ne semblent pas aussi affirmatives. On lit dans la déposition d’Annette de Guise (âgée de quinze ans) : Et tantost après ladicte Marguerite de Salignac dit à elle qui parle que Mgr le Daulphin luy avoit chargé de scavoir à toutes les femmes de là court si elles avoient nulles lettres de madicte dame..... Et depuis elle qui parle a sceu par messire Regnault que mondit seigneur le Dauphin n’avoit point chargié ladicte Marguerite de recouvrer lesdictes lettres. Du Puy, 762, f. 53 v°-54. Cf. Déposition de Jeanne de Guise, f. 54 v°-55.

[90] Révocation des dons faits par le Dauphin, scavoir de la seigneurie de Valbonnois au comte de Dunois, de Saint-Symphorien d’Ozon à Jean Sanglier, de Quirieu et la Balme à Louys de Bueil, de la Buissière à Eynard de Clermont, de Falavier, Puisiguié, Meysieu à Aimard de Poisieu, dit Capdorat, le 18 d’octobre 1445. Extr. de la Chambre des comptes du Dauphiné, dans Le Grand, VII, f. 358.

[91] Troisième compte de Nicolas Erlant, cité dans le Grand, VI, f. 378.

[92] Archives, JJ 176, n° 437.

[93] Comme aultrefois, par le commandement et ordonnance de Monseigneur, nous eussions prins la place de l’Isle Jordain, appartenant à nostre feu cousin d’Armignac, et mesmement la personne de nostre dit cousin, en laquelle place avait lors, entre aultres choses, aucunes pièces de tapysseries, lesquelles ordonnasmes prendre à nostre aîné et féal conseiller et chambellan Jean de Daillon, seigneur de Fontaines, pour icelles nous garder ; et despuis les feïsmes reprendre de lui et les donnasmes à feue damoiselle Agnès Sceurelle. (Lettres du 8 juillet 1452. Collection de D. Housseau, vol. IX, n°3946 ; Bibliothèque de l’École des chartes, t. XI, p. 308.) — Louis, d’ailleurs, ne se piquait pas de fidélité conjugale : pendant son union avec Marguerite d'Écosse, il eut une fille naturelle. Voir Le Grand, Hist. ms., t. I, f. 214, et le P. Anselme, t. I, p. 122.

[94] Ferunt Delphinum, his motum, unam ex illis nudo insectatum ense occidere voluisse, illamque necem haud alibi effugere quam in cubiculo regio potuisse... Pii secundi Pontificis Maximi Commentarii, p. 160.

[95] Jean Bouchet, écrivain du seizième siècle, dans ses Annales d’Aquitaine, p. 259. — M. Vallet dit, à propos des historiettes d’Æneas Sylvius et de Bouchet : Ceux qui ont couché par écrit ces actes hypothétiques de grossièreté ou de violence ne paraissent point avoir vu de près les choses : ils n’avaient cure des us et traditions de la monarchie (Agnès Sorel, dans la Revue de Paris, p. 271). Il faut remarquer pourtant que c’était une tradition constante, à la fin du quinzième siècle, qu'Agnès avait été la cause principale de la rupture du Dauphin avec son père. Aliénor de Poitiers écrit dans les Honneurs de la Cour : J'ai veu le Roy de France, père du Roy Charles à présent, estre deschassé du Roy Charles son père, pour aucun débat dont on dit que la belle Agnès estoit cause. (Mémoires sur l’ancienne chevalerie, t. II, p. 165.)

[96] M. Vallet pense qu’une scène allégorique de la salle des Angelots, dans la maison de Jacques Cœur, s’applique à Agnès et au Dauphin. Voir Histoire de Charles VII, t. III, p. 280-83.

[97] Dès le temps de la Praguerie, là où ses mœurs commençoient à estre cognues en leur bourgeon, y perçut-on ce qu'on y trouva depuis, ja soit ce que longuement l'avoit bien sçu dissimuler : c'estoit de plus faire et user de propre teste que par conseil, et plus par volonté que par raison. Chastellain, t. IV, p. 195-96.

[98] Il est ainsi qualifié dans une quittance du 5 mai 1444, où il s'intitule comte de Dammartin et vicomte de Breteuil. Clairambault, 26, p. 1947. — Le 20 juillet suivant, il donnait quittance d'une somme de huit cents livres tournois, à lui octroyée pour avoir des habillements et être plus honorablement au service du Roi. Clairambault, 147, p. 3733.

[99] La Chronique Martinienne, f. 288.

[100] Déposition de Chabannes, en date du 27 septembre 1445. J'ai revu ce curieux document, qui a été publié dans les Preuves de Duclos, sur la minute originale qui se trouve dans le manuscrit 15537, f. 8-12, et sur une copie du temps, dans la collection Gnignières, Fr. 20427, fol. 2. J'y ai relevé de nombreuses additions au texte imprimé.

[101] Nicole Chambre, capitaine de la garde du corps du Roi.

[102] Voir sur mon, particule affirmative Molière, Bourgeois gentilhomme, acte III scène III, et Malade imaginaire, acte I, scène II ; — Corneille, La Galerie du palais, acte IV, scène XII ; — Montaigne, Essais, livre II, chap. XXXVII ; — Lexique de la langue de Corneille, par F. Godefroy, t. II, p. 55 ; — et édition de Molière de M. L. Moland, t. VI, p. 172, note 1.

[103] Déposition de Chabannes, l. c.

[104] Déposition de Chabannes, l. c.

[105] Déposition de Guillaume Benoist, l. c.

[106] Déposition de Guillaume Benoist, l. c.

[107] Déposition de Chabannes.

[108] Preuves de Duclos, p. 61.

[109] Information faicte par moy Blanc Barbin, conseiller et mestre des requestes de l'ostel du Roy nostre sire, commissaire ordonné..., etc. Ms. nouv. acq. fr. 1001, f. 40, et Le Grand, vol. VII, fol. 50-53.

[110] Le Grand, vol. VII, fof. 38-48 v°.

[111] Déposition de Crespin Chambre (21 mars 1447). Ms. fr. 15537, f. 8 ; — Déposition de Jean de Dresnay (30 avril 1447). Id., fol. 15.

[112] Information de Blanc Barbin, Ms. nouv. acq. fr. 1001, f. 40.

[113] Information de Blanc Barbin, Ms. nouv. acq. fr. 1001, f. 40.

[114] Chronique Martinienne.

[115] La chronique place ici dans la bouche du Roi une appellation qui ne put être donnée à Brezé que plus tard, après la conquête à la Normandie.

[116] Chronique Martinienne, p. 289.

[117] Voir le texte de ce contrat : Archives, P 1364, cote 1370 ; édité dans l'Ancien Bourbonnais, t. II, p. 152.

[118] La date du 21 décembre 1446, donnée par le P. Anselme (t. I, p. 322), est douteuse ; il est certain que le comte fit un codicille le 14 ; mais il parait avoir survécu pendant quelques mois.

[119] Chastellain, t. II, p. 175.

[120] On a des lettres missives du Roi à ses bonnes villes, leur annonçant la naissance de son fils. M. Merlet a publié celles qui furent adressées à la ville de Chartres, mais avec la date fautive du 8 septembre. Voir Lettres des Rois, etc., aux évêques, etc., de Chartres (Chartres, 1855), p. 12.

[121] Note sur la garde d'un ms. intitulé : Privilèges de la Couronne de France (Latin 9814) ; Chronique dans un ms. de Guignières (Fr. 21978). Cf. Vallet de Viriville, dans l'Athenæum, 1856, p. 252.

[122] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 111.

[123] Le 7 janvier, il était à Lyon. — Cette date est donnée par le quatrième compte de Nicolas Erlant, dans Le Grand, vol. VI, f. 378 v°.

[124] On voit par les instructions secrètes données en février 1451 à l'évêque de Maillezais que le Roi donna congé à son fils de partir, espérant qu'il reviendrait bientôt ; il s'en alla en Dauphiné pour faire épaule au fait de Gènes, pour prendre ses hommages et pour avoir quelque aide de son dit pays, et incontinent soy en retourner devers le Roy. (Ms. fr. 15537, f. 62 et 63 v°.) — On voit dans un autre document, en date du 23 novembre 1456, que quand maudit seigneur partit de lui (le Roi) il n'eut congié de demeurer que quatre mois ; et il a demouré près de dix ans, ajoute-t-on, ou grant regret et desplaisir du Roy. (Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 339.) Enfin, dans une lettre du 27 septembre 1456, le Roi constatait que le Dauphin s'était éloigné de sa seule volonté. (Chastellain, t. III, p. 217.) Cf. Ms. fr. 15517, f. 2.