HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE IV. — CHARLES VII PENDANT LA TRÊVE AVEC L’ANGLETERRE - 1444-1449.

 

CHAPITRE IV. — LES CONFÉRENCES DE CHÂLONS.

 

 

1445

 

Attitude de Philippe le Bon depuis le traité d’Arras ; il ne s’inspire que de vues personnelles ; il conclut un traité séparé avec l’Angleterre. — Menaces d’un conflit entre le Roi et le duc ; entreprises des écorcheurs sur les pays du duc ; incident du passage de Floquet et de Matthew Gough en Picardie ; le duc rassemble une armée ; inquiétudes qu’il conçoit de l’expédition du Dauphin ; ravages commis par les écorcheurs en Franche-Comté ; la guerre existe de fait. — Moyens employés par le Roi pour prévenir une rupture : ambassade de Pierre de Brezé ; conférence de Bruxelles. — On décide la réunion d’une nouvelle conférence ; mémoires remis par la chancellerie bourguignonne ; préliminaires de la conférence de Reims. — Nouvelles menaces de conflit durant la retraite des écorcheurs après l’expédition du Dauphin mesures prises par le Roi et le Dauphin pour prévenir toute agression. — Instructions du duc à ses ambassadeurs ; ouverture des conférences à Reims ; arrivée de la duchesse de Bourgogne et des ambassadeurs de son mari ; exposé des griefs et des réclamations du duc. — Les conférences se poursuivent à Châlons ; mémoire présenté par la duchesse de Bourgogne ; points mis en discussion. — Arrangements pris avec la duchesse. — Nouvelles difficultés qui surgissent aussitôt : passage du sire d’Orval à travers la Bourgogne ; prise d’armes d’Évrard de la Mark. — Le duc tient l’assemblée solennelle de la Toison d’or ; affront qu’il reçoit en pleine réunion des chevaliers de son ordre.

 

La double démonstration de Charles VII dans l’est de la France avait causé de vives inquiétudes à la cour de Bourgogne. Elle faillit être l’étincelle venant allumer un grand incendie. Pour se rendre compte de cette émotion, il faut revenir un peu eu arrière et examiner quelle avait été l’attitude du duc Philippe depuis le traité d’Arras.

Au lendemain du traité, on avait pu se demander si Philippe allait profiter des avantages dont le pacte de réconciliation le mettait en possession, pour jouer un rôle prépondérant dans les affaires du royaume. Les diplomates les plus éclairés de sa Cour lui donnaient, à cet égard, des conseils pleins de sagesse[1]. Devenir l’arbitre de la situation en se montrant généreux envers le beau-frère du Roi, René d’Anjou, que les hasards de la guerre avaient fait son prisonnier ; en opérant la pacification entre la France et l’Angleterre, fût-ce au prix de l’abandon, libéralement consenti, des villes de la Somme ; en prenant auprès des Anglais l’initiative de démarches pour obtenir la délivrance du duc d’Orléans : tel était le noble rôle assigné au duc Philippe. Si, avec le sentiment de ses devoirs de prince du sang, ce prince eût possédé une réelle élévation dans les vues, un noble désintéressement dans la conduite, il n’eût pas manqué de suivre la voie si bien tracée par Hugues de Lannoy.

Mais Philippe le Bon était souverain indépendant en même temps que prince du sang. Possesseur d’importants territoires hors du royaume, il n’avait d’autre préoccupation que de les accroître. Pour lui, le traité d’Arras n’était point seulement une revanche prise sur d’anciens adversaires, un triomphe sur la Couronne, humiliée et contrainte de subir sa loi ; c’était aussi un moyen de satisfaire d’ambitieuses visées, et surtout de favoriser les intérêts privés de sa maison.

L’attaque de Calais en 1436, la libération de René d’Anjou en 1437, la tentative de pacification entre la France et l’Angleterre en 1439, la délivrance du duc d’Orléans en 1440, autant de faits qui révèlent, chez le duc Philippe, une pensée personnelle. Au lieu de joindre ses troupes à celles du Roi pour hâter l’expulsion des Anglais, il agit isolément, sans concerter son action avec Charles VII[2]. Loin d’aboutir à la réconciliation des deux couronnes, ni même à la conclusion d’une trêve — chose, à coup sûr, aussi praticable alors que cinq ans plus tard —, il se borne à conclure des traités particuliers, dans le but de sauvegarder les intérêts commerciaux de ses propres sujets, et de mettre son territoire à l’abri d’incursions hostiles : par là, le premier, il porte atteinte au traité d’Arras, qui interdisait à chacune des parties de traiter séparément avec les Anglais[3]. Enfin, loin de se contenter des immenses avantages que lui procurait le pacte de 1435, le duc, dès le début, se montre exigeant, querelleur, soulevant sans cesse de nouvelles difficultés, assiégeant Charles VII de réclamations aussi minutieuses que puériles. Il va même plus loin. Quand il a réussi, par son action personnelle et privée, à tirer le duc d’Orléans de sa prison d’Angleterre, il forme une coalition entre les princes du sang, afin de forcer la Couronne à subir sa loi. Si cette tentative demeure infructueuse, c’est uniquement parce qu’il rencontre chez le Roi une fermeté de résolution qu’il n’avait point encore appris à connaître. Contraint de renoncer pour un temps à poursuivre ses revendications, il ne désarme point. Tous ses efforts tendent à se mettre à l’abri du côté de l’Angleterre, avec laquelle, au mépris du traité d’Arras, il conclut (avril 1443) une trêve particulière[4].

Étranger aux négociations entamées avec l’Angleterre à la fin de 1443, Philippe vit avec dépit ces négociations aboutir au traité du 28 mai, signé en présence de ses ambassadeurs, obligés de se résigner au rôle de simples spectateurs. Il conçut surtout un vif déplaisir du mariage de Henri VI avec Marguerite d'Anjou[5], cette même princesse dont Charles VII avait empêché l’union avec le comte de Nevers. Le duc ne se dissimulait pas les conséquences d’un si grave événement. Il les exagéra même, car il se persuada que la réconciliation entre la France et l’Angleterre allait se faire à ses dépens : il crut que l’occupation de la Hollande et de la Zélande par Henri VI seraient le gage de l’abandon de la Normandie, et que le Roi voulait faire revenir à la Couronne toutes les terres tenues en fief par lui et ses prédécesseurs, dont la conquête s’opérerait d’un commua accord entre Charles VII et Henri VI. Tel est, du moins, le prétexte que la chancellerie bourguignonne fit valoir, plus tard, pour justifier le duc d’avoir traité séparément avec les Anglais[6].

Au printemps de 1444, la situation était devenue tellement tendue qu’on pouvait se demander si le traité d’Arras resterait longtemps en vigueur, et si, à la pacification accomplie en 1435, n’allait point succéder une hostilité déclarée.

Nous n’avons aucun renseignement sur l’attitude prise par les ambassadeurs bourguignons aux conférences de Tours ; mais il y a un fait indubitable : c’est que, dès ce moment, Philippe traitait séparément avec les Anglais. Nous savons en outre qu’il était en relations assidues, soit avec la Cour de Westminster, près de laquelle il entretenait des ambassadeurs, soit avec le duc d’York, lieutenant du roi d’Angleterre en France : la duchesse de Bourgogne envoyait alors à ce prince messages sur messages[7]. Il n’est pas douteux que la diplomatie bourguignonne s’efforçait de combattre les influences prédominant dans le Conseil privé, et qui avaient fait décider le mariage de Henri VI avec une princesse française.

Aussitôt qu’il eut connaissance des arrangements pris à Tours, Philippe fit partir un ambassadeur pour la Cour de France[8]. Il en députa un autre au Dauphin[9], avec lequel, depuis le voyage de Dieppe et l’expédition contre le comte d’Armagnac, il n’avait cessé d’être en relations, se plaignant amèrement des désordres commis par les troupes royales, soit en Picardie, soit sur les frontières de Bourgogne. De leur côté Charles VII et son fils envoyèrent une ambassade qui, après avoir été reçue par le duc à Bruxelles, se rendit à Lille pour conférer avec ses conseillers[10].

Une grande froideur continuait à régner entre le duc de Bourgogne et le roi René. Celui-ci ne cessait de porter plainte près du Roi, du Dauphin, de tous les seigneurs du Conseil, contre la rigueur dont Philippe avait usé à son égard, lors des arrangements pris à Lille en janvier 1437, et de solliciter que réparation lui fût donnée. Le roi René poussait, disait-on, à une rupture entre Charles VII et le duc de Bourgogne, et il avait à la Cour des amis qui agissaient dans ce sens[11].

Les continuelles agressions des gens de guerre contre les possessions du duc pouvaient à elles seules entraîner un conflit. Au printemps de 1444, une bande faisant partie de l’armée qui, sous les ordres du Dauphin, avait opéré contre le comte d’Armagnac, s’était ruée sur la Bourgogne et avait occupé le village d’Epoisses. Le maréchal de Bourgogne avait dû prendre les armes ; il avait taillé en pièces les routiers[12]. À cette nouvelle le Dauphin, furieux, avait déclaré, en proférant un grand serment, qu’il irait en personne tirer vengeance de la détrousse de ses gens ; et le duc, ayant eu connaissance du fait, dit très haut que lui aussi se porterait de sa personne dans son duché pour le défendre. Pour apaiser le différend, il fallut, de part et d’autre, l’intervention de notables et sages personnes[13].

Ce n’était pas seulement en Bourgogne que de tels faits se produisaient. Le 26 avril 1444, le duc écrivait, de Bruges, au Roi et au Dauphin et chargeait ses ambassadeurs, alors à la Cour, de porter plainte relativement à l'apparition des écorcheurs dans le duché de Luxembourg[14]. Il était question du passage de gens de guerre à travers la Picardie, avec de l’artillerie[15]. Le 6 mai, le maréchal de Bourgogne convoquait des troupes pour résister aux écorcheurs qui venaient de s’emparer de Clamecy et se répandaient dans le Mâconnais et le Charolais, où ils commettaient de grands ravages[16]. Le Dauphin venait pourtant d’envoyer aux capitaines qui étaient en Nivernais l’ordre de ne point inquiéter les pays du duc[17], et le maréchal de Jalognes s’était hâté de faire évacuer Clamecy, qui fut remis aux mains du comte de Nevers, moyennant l’engagement pris par ce prince, sous peine d’avoir dix mille écus à payer au maréchal et à ses capitaines, de ne jamais les inquiéter relativement à cette prise[18].

L’entrée des écorcheurs dans le duché de Luxembourg et l’entreprise sur Clamecy n'étaient point des faits isolés. La présence simultanée de gens de guerre en Picardie, en Hainaut et sur les frontières de la Bourgogne pouvait faire craindre une invasion en règle[19]. On voyait même des capitaines anglais marcher de concert avec les capitaines de l'armée royale : Matthew Gough s’avançait à travers la Picardie en compagnie de Floquet, comme s’ils eussent été frères d’armes, comme si les Français et les Anglais fussent soudain devenus alliés[20]. Chaque jour parvenaient au duc de Bourgogne des rapports où l’on montrait les capitaines des deux nations s’assemblant pour détruire ses pays de Picardie et de Bourgogne, où l’on prétendait que c’était sous les ordres du Dauphin lui-même que les écorcheurs devaient opérer en Bourgogne[21]. A ces nouvelles, le duc donna (premiers jours de juin) l’ordre d’assembler des gens d’armes en Picardie, en Hainaut et en Bourgogne[22], et fît partir le seigneur de Ternant et Toison d’or pour aller trouver le Dauphin, qu’on disait être déjà sur les rives de la Loire, tout près du Charolais[23]. L’armée de Picardie devait se réunir à Saint-Quentin le 30 juin ; mais sa convocation fut renvoyée au 15 juillet[24]. Le comte d’Étampes, capitaine général au nom du duc, s’avança de Saint-Quentin jusqu’à Lihons-en-Santerre, prêt à repousser Floquet et Matthew Gough s’ils tentaient de forcer le passage[25]. Ce prince conclut un arrangement avec les deux chefs : moyennant l’engagement de passer en haste et le plus courtoisement que faire pourroient, ils furent autorisés à traverser la Picardie[26].

Bientôt le duc de Bourgogne fut informé que le Dauphin allait prendre le commandement d’une formidable armée. Il put croire que le voyage d’Allemagne n’était qu’un prétexte, et que cette expédition était dirigée contre ses propres pays[27]. On disait même que le Dauphin voulait se rendre maître du comté de Mâcon et des autres territoires cédés au duc en vertu du traité d’Arras[28]. De Lille, le 12 juillet, un héraut fut envoyé au Dauphin et au maréchal de Bourgogne, touchant la venue de monseigneur le Daulphin, à tout son estat, ès pays de Bourgogne, sans compaignie de gens d’armes, et autres choses et matieres secrètes[29]. En même temps le duc donna l’ordre de .tenir son armée de Picardie prête à entrer en campagne[30], et de presser l’achat de l’artillerie nécessaire pour cette armée[31]. Sur la sollicitation de son conseil à Dijon, il fit partir le seigneur de Montagu, avec cinq cents archers, pour prêter main-forte à ses gens en Bourgogne[32].

Nous avons vu que le Dauphin arriva le 20 juillet à Langres, où rendez-vous avait été donné à son armée. Ce même jour les États de Bourgogne se réunissaient et votaient une aide de six mille francs destinée au paiement de six cents hommes d’armes, pour employer au reboutement et résistance, se mestier est, des gens du Roy et de monseigneur le Daulphin, nommez escorcheurs, estans présentement en grant nombre et puissance en la ville de Langres et sur le pays d’environ, afin qu’ils ne se boutent ou entrent ez païs de Bourgoigne[33]. Dès le 7 juillet le Conseil de Dijon, apprenant que le Dauphin devait venir à Troyes et de là à Langres, avait tenu une importante réunion des seigneurs du duché et de la comté, pour examiner ce qu’on devait faire[34]. Le 14, les officiers du duc à Auxerre envoyaient à la hâte vers leur maître pour savoir quelle attitude ils devaient prendre à l’égard du Dauphin, dont la venue leur était annoncée[35]. A Dijon, le Conseil décida aussitôt l’envoi d’une ambassade pour faire des représentations au jeune prince et lui offrir quinze queues de vin[36]. Quant au duc, il renvoya au Dauphin, à la date du 3 août, le seigneur de Ternant et Toison d’or[37]. Ces ambassadeurs n’avaient pas seulement mission d’agir pour que l’armée respectât les possessions bourguignonnes ; ils devaient entrer en pourparlers en vue d’un résultat auquel Philippe attachait beaucoup d’importance : il s’agissait d’obtenir du jeune prince la ratification du traité d’Arras[38]. Tout d’abord, le duc fit remettre au Dauphin une somme de dix mille saluts d’or, dont Louis donna quittance le 20 août, à Montbéliard ; en même temps il fit distribuer à Jean de Bueil et à d’autres seigneurs diverses sommes s’élevant à trois mille cinq cents saluts d’or[39].

Toutes les démarches du Conseil de Dijon et du duc furent impuissantes à protéger la Franche-Comté. Cette province était sur le chemin que le Dauphin devait suivre pour se rendre de Langres à Montbéliard ; elle fut cruellement ravagée ; Luxeuil et d’autres places furent occupées ; les plus horribles traitements furent infligés aux malheureux habitants de cette contrée[40]. Certains capitaines ne cachaient point leur hostilité à l’égard de Philippe, et leurs gens étaient animés d’une véritable fureur. Partout où ils rencontraient les bannières du duc de Bourgogne, ils les abattaient, les foulaient aux pieds ou les brûlaient, avec les propos les plus méprisants. Traîtres chiens de Bourguignons, disaient-ils en apostrophant les gens du duc, voici, en dépit de votre duc de Bourgogne ! Tantôt ils injuriaient en ces termes les défenseurs des places : Traîtres chiens de Bourguignons, où est-il votre duc de Bourgogne ? Il dort ! Vous cuidiez donc qu’il n’y eût plus personne en France ! Tantôt ils accablaient de coups les infortunés paysans, avec ces paroles : Traître chien de Bourguignon, mâtin ! va quérir ton duc de Bourgogne, qu’il te vienne revengier ![41]

En apprenant ces faits, le duc Philippe entra dans une violente colère. Il fit partir (18 août) le seigneur de Charny, qui joignit le Roi à Langres[42] et s’employa par tous les moyens à rendre favorable à son maître les conseillers du trône[43] ; il donna ordre d’emprunter immédiatement une somme de seize mille saluts d’or pour le paiement de l’armée du maréchal de Bourgogne, destinée à combattre les écorcheurs, et de réunir les États du duché et de la comté pour leur faire voter les sommes nécessaires aux besoins de la défense[44] ; déjà, à vrai dire, on était sur le pied de guerre : au commencement d’octobre, un sergent royal du bailliage de Sens portait plainte au sujet d’une détrousse dont lui et d’autres officiers du Roi avaient été victimes, près de Lure, de la part de gens d’armes bourguignons[45].

Il fallait à tout prix parer à un danger aussi imminent et éviter une conflagration générale. C’est ce que comprit Charles VII. Assailli de réclamations par le duc de Bourgogne[46], non seulement il fit tout ce qui était en son pouvoir pour prévenir le conflit[47], mais il rappela Pierre de Brezé, qui était, on l’a vu, un des chefs de l’armée opérant devant Metz, et le fit partir aussitôt pour aller trouver le duc. L’ambassade dont Brezé était le chef se composait de notables conseillers du trône, parmi lesquels on peut nommer Jean Rabateau, président au Parlement, ainsi que d’un représentant du roi René[48] ; elle arriva à Bruxelles au commencement d’octobre. Averti de la venue des ambassadeurs[49], Philippe, en l’absence de la duchesse, qui se trouvait alors en Hollande, avait appelé auprès de lui les principaux membres de son Conseil[50]. En même temps il avait donné ordre de licencier les capitaines rassemblés pour combattre les écorcheurs[51].

Au moment où s’ouvrit la conférence avec les ambassadeurs du Roi, le duc Philippe prenait ses mesures dans l’éventualité d’une rupture. Non content de seconder sous main les habitants de Metz dans leur lutte contre l’armée royale[52], il contracta des alliances avec les princes allemands : le 11 octobre, à Heidelberg, Louis, comte Palatin du Rhin, se déclarait l’allié du duc et prenait l’engagement de lui prêter son appui contre tous ceux qui lui porteraient dommage[53] ; le 23 octobre, une ambassade partit pour se rendre près du duc Albert d’Autriche et entamer avec ce prince des négociations qui devaient se prolonger pendant plusieurs années.

La conférence de Bruxelles ne dura pas moins de trois semaines[54]. Outre la grave question des gens de guerre, qui occasionnait un si grand émoi, on agita d’autres questions dont la chancellerie bourguignonne se préoccupait depuis longtemps, et qui avaient donné lieu à d’incessants pourparlers : c’est ainsi qu’au mois de mai précédent une réunion avait été tenue à Langres pour s’occuper du différend relatif aux limites de la Franche-Comté[55]. Les ambassadeurs du Roi demandèrent aussi qu’une solution fût donnée aux difficultés pendantes entre le roi de Sicile et le duc de Bourgogne, et réclamèrent l’exécution de sentences rendues par le Parlement contre les habitants de Bruges et les Flamands[56].

Il n’était point possible de régler tous les points, si multiples et si embrouillés, qui étaient l’objet d’un litige entre le Roi et le duc. Un mémoire, rédigé par la chancellerie bourguignonne, fut remis à Pierre de Brezé, et il fut convenu qu’après le retour du Roi de son expédition de Lorraine, une nouvelle conférence serait tenue. La date en fut fixée au 15 janvier suivant. D’ici là, et jusqu’au 1er mars, toutes choses devaient demeurer en suspens ; en outre, le Roi devait faire évacuer les places du Luxembourg occupées par ses gens de guerre.

Dès le 21 novembre, en présence des ambassadeurs français, qui, après un séjour à Tournai, étaient venus le rejoindre à Valenciennes[57], le duc Philippe fit dresser, en trente-deux articles, l’interminable énumération de ses doléances[58]. D’autre part, il fît rédiger à Dijon par son Conseil un mémoire précisant les points sur lesquels des informations devaient être prises avant la réunion de la conférence[59]. Enfin il donna ordre de procéder à de minutieuses enquêtes sur les désordres commis en Franche-Comté par les gens de l’armée du Dauphin[60].

De son côté, la chancellerie royale ne resta point inactive. Au mois de décembre, une ambassade alla porter à Lille l’expression de ses griefs et de ses plaintes[61]. A ce moment, le duc de Bourgogne fit partir, pour aller trouver le Roi, le seigneur de Charny et Guillaume Fillastre, évêque de Verdun[62] ; lui-même se rendit à Bruges, où une journée avait été fixée au 15 décembre pour l’examen des questions en litige au sujet du ressort du pays de Flandre[63].

Cependant le Dauphin, en quittant l’Alsace, était venu s’établir à Montbéliard, et ses troupes commençaient à opérer leur mouvement de retraite. Le Conseil de Dijon vit avec terreur s’avancer de nouveau ces hordes indisciplinées, et s’empressa d’envoyer vers le Dauphin pour lui demander de faire respecter cette fois les possessions du duc de Bourgogne[64]. Louis s’empressa de lui donner satisfaction : il fit rédiger des lettres patentes portant défense aux gens du bâtard d’Armagnac, non seulement de commettre aucun dommage sur les terres du duc, mais même d’y pénétrer[65]. Le héraut Salins partit aussitôt pour aller trouver le bâtard d’Armagnac et arrêter la marche de ses gens ; ceux-ci ne tinrent aucun compte de l’ordre du Dauphin. En outre, la garnison laissée à Montbéliard ne tarda pas à se répandre dans les pays du duc de Bourgogne. Le 23 janvier un nouveau message fut envoyé à Nancy pour porter plainte à ce sujet[66] : le Roi donna (4 février) des lettres patentes faisant défense aux troupes de passer par la Bourgogne. Le même jour le Roi et le Dauphin écrivirent au Conseil de Dijon : le Roi témoignait de sa ferme intention de faire respecter les possessions bourguignonnes ; quant au Dauphin, il se plaignait de ce que, dans son trajet de Montbéliard à Nancy, les habitants de Granges et de Lure lui avaient refusé le passage[67].

Le Conseil de Dijon, agissant en vertu des ordres du duc, continuait à poursuivre auprès du Dauphin la ratification du traité d’Arras : le 22 janvier un écuyer d’écurie du duc, Antoine de Lornay, partait chargé de cette mission[68]. De son côté, le duc envoya au Dauphin son roi d’armes Toison d’or[69]. Le seigneur de Charny était toujours à Nancy près du Roi : sans cesse de nouvelles réclamations sur les incursions des gens de guerre lui étaient transmises par le Conseil de Dijon[70]. Guillaume de Courcillon, bailli du Dauphiné, avait demandé au bailli de Charolles d’autoriser le passage à travers les pays du Duc des troupes allant joindre la garnison de Montbéliard. L’affaire fut portée à Dijon, et de là à Nancy. Le Roi donna aussitôt l’ordre d’interdire le passage de ces troupes[71]. Au mois de mars, de nouvelles bandes, venant d’Alsace, s’avancèrent vers la Franche-Comté. Muni des lettres du Roi et du Dauphin qui enjoignaient de ne point traverser les pays du duc, le héraut Salins se présenta devant les capitaines pour leur notifier cette interdiction ; mais il ne réussit pas à les arrêter. Le sire de Bueil s’emporta et fit entendre contre le maréchal de Bourgogne des paroles menaçantes[72]. Voyant les ordres du Roi méconnus, le Conseil de Dijon envoya un nouveau message à Nancy[73]. Charles VII s’empressa de lui donner satisfaction à la date du 18 mars, le maréchal et le Conseil, agissant conformément aux lettres du Roi et du Dauphin, faisaient défense formelle aux capitaines de traverser les pays du duc[74].

Tandis que le Conseil du duc à Dijon, justement alarmé du voisinage des écorcheurs, poursuivait ses réclamations et que le maréchal de Bourgogne se mettait en armes pour repousser toute agression, le duc de Bourgogne, à son insu peut-être, était menacé d’un autre côté.

Nous avons vu plus haut que le comte de Blanckenheim s’était rendu à Nancy en même temps que l’archevêque de Trêves. Blanckenheim était Luxembourgeois et très dévoué aux ducs de Saxe : il fit tout au monde pour engager le Roi, d’une part, les deux ducs, de l’autre, à prendre résolument en main l’affaire du Luxembourg. Il avait trouvé Charles VII tout disposé à soutenir les deux ducs dans l’affirmation de leurs droits ; on lui avait même laissé entendre, à la Cour de France, que, si ces princes le voulaient, le Roi, en faisant évacuer l’Alsace par ses troupes, saurait bien où les conduire, c’est-à-dire dans le Luxembourg, et qu’avant deux mois elles seraient maîtresses de toute la contrée. Blanckenheim, revenu à Trêves au moment de la conclusion du traité d’évacuation (13 février), fut mis en relation par l'archevêque de Cologne avec le représentant des ducs de Saxe, Henri Engelhard, qui s’empressa de leur faire part de ces ouvertures. D’autres projets hostiles au duc de Bourgogne étaient formés : on devait proposer à Boppart un arrangement par lequel, en retour de l’évacuation de l’Alsace, une alliance serait conclue entre la France et le jeune Ladislas, roi de Hongrie, lequel, moyennant une somme d’argent, abandonnerait au Roi ses droits sur le Brabant, la Hollande et la Zélande ; le Roi se faisait fort de s’en rendre maître, et promettait en outre aux ducs de Saxe de les aider à s’emparer du Luxembourg. Le bruit courait à Nancy qu’en quittant l’Alsace, le 20 mars, conformément à la convention passée, les troupes royales seraient dirigées sur le Luxembourg. On ne cessait d’agir auprès du Roi en faveur des ducs de Saxe. D’un autre côté, ceux-ci recevaient de leur envoyé les nouvelles les plus favorables sur les bonnes dispositions des habitants et leur hostilité de plus en plus marquée à l’égard du duc de Bourgogne : Une troupe de cinq cents hommes au moins, écrivait Engelhard à la date du 23 février, s’est formée en secret dans le pays, bien décidée, si vous renoncez à occuper le duché, à s’opposer au duc de Bourgogne et à garder le duché pour le vrai héritier, c’est-à-dire pour le roi Ladislas. Il ajoutait que, devant une démonstration armée, la ville de Luxembourg n’hésiterait pas à ouvrir ses portes. Toutes les instances d’Engelhard furent vaines : les ducs de Saxe ne bougèrent pas ; ils n’envoyèrent personne à l’assemblée de Boppart ; ils ne répondirent même pas à leur ambassadeur.

Le 4 mars, celui-ci, dans une nouvelle lettre, exposait ce qui s’était passé à Boppart et communiquait les renseignements apportés de Nancy par le chancelier de Savoie, Guillaume Bolomier, qui était retourné près du Roi. Le chancelier avait parlé du Luxembourg. Le Roi avait dit qu’il voudrait que ce pays lui échût, mais à titre définitif et sans clause de rachat : autrement non ; que si les ducs de Saxe songeaient de nouveau à se mettre sur les rangs, il les aiderait volontiers en leur prêtant des troupes, et cela pour rendre la pareille au duc de Bourgogne, lequel, bien qu'il ne fût pas encore en guerre avec lui, avait envoyé des auxiliaires aux Messins[75]. Charles VII avait ajouté qu’une conférence allait s’ouvrir à Reims avec le duc de Bourgogne, et qu’il n’avait guère d’espoir d’arriver à une entente ; dans cette éventualité, il pourrait être d’autant plus utile aux ducs de Saxe ; si, au contraire, la réconciliation s’opérait, il n’oublierait pas pour cela ses nouveaux alliés, et ne traiterait avec le duc qu’à la condition qu’il respecterait les droits des ducs de Saxe. J’ai demandé au chancelier, écrivait Engelhard, dans quelle direction les troupes allaient se porter, et je ne puis douter que ce ne soit contre le duc de Bourgogne ; cela plairait beaucoup aux Anglais... Enfin, on répète partout, sur le Rhin et sur la Moselle, que les troupes songent à se diriger vers le Luxembourg[76].

En quittant Trêves, après la signature des traités du 13 février, le comte de Blanckenheim s’était rendu à Liège. On se rappelle qu’il était alors, en l’absence de l’évêque, un des gouverneurs de la principauté. Blanckenheim fit voir les présents qu’il avait reçus du Roi : un drap d’or et deux belles cuirasses ; il annonça que Charles VII lui avait promis quatre mille hommes d’armes pour soutenir sa lutte contre le duc de Gueldre[77]. Puis il repartit aussitôt pour Nancy, d’où il revint à Liège, porteur de propositions en vue de la conclusion d’une alliance entre le Roi et les Liégeois[78].

Telle était la situation au moment où allait s’ouvrir la conférence de Reims. La chancellerie bourguignonne déployait une grande activité pour réunir toutes les pièces qui pouvaient servir de base aux revendications du duc. A. la date du 18 février, fut dressé un état des lettres, titres et autres renseignements que devaient emporter les ambassadeurs bourguignons. Les représentants de Charles VII ne tardèrent pas à arriver à Reims ; ils y reçurent une lettre du duc, leur signifiant la venue de ses envoyés et s’excusant en même temps de ce qu’ils ne pouvaient arriver au jour fixé[79]. Le 4 mars, le duc remit à ses ambassadeurs de longues instructions. Elles portaient : 1° sur ce qu’ils auraient à répondre aux demandes présentées par les ambassadeurs du Roi, et dont ceux-ci lui avaient laissé la teneur ; 2° sur ce qu’ils devraient dire à l’appui des plaintes formulées par le duc et remises par écrit aux ambassadeurs du Roi.

Les principales questions à traiter étaient les suivantes : appatis levés sur les sujets du duc depuis la trêve avec les Anglais ; occupation de places du duché de Luxembourg par les gens du Roi ; courses de la garnison de Darney en Franche-Comté ; ravages commis par les garnisons des places frontières occupées par les gens du Roi et du Dauphin ; punition des meurtriers du duc Jean sans Peur, conformément au traité d’Arras ; fondations à faire à Montereau ; dette de trente-cinq mille écus non acquittée par le Roi ; dette de six mille écus à l’égard de la veuve d’Antoine de Vergy ; délivrance de Gien-sur-Loire aux comtes de Nevers et d’Étampes ; paiement aux mêmes de trente-deux mille écus à eux dus ; jouissance des terres du comté de Mâcon abandonnées au duc par le traité d’Arras ; enclaves de l’élection de Langres ; entreprises des gens du Roi en Franche-Comté ; empêchements mis par les officiers royaux à la jouissance des greniers à sel, aides et tailles de Bar-sur-Seine ; affaire de l’évêque de Langres ; prétentions du bailli de Sens et du prévôt de Villeneuve-le-Roi à la connaissance des délits commis dans le duché de Bourgogne ; entreprises des officiers royaux dans le même duché ; prétentions des gens du Roi au sujet de la monnaie de Dijon ; empêchements mis à la jouissance du profit des monnaies de Mâcon, Auxerre, Amiens et Saint-Quentin ; nomination faite par le Roi d’un bailli d’Amiens au préjudice des droits du duc ; empêchements mis à la jouissance des bénéfices vacants en régale dans l’évêché de Thérouanne[80].

Le 5 mars, le duc de Bourgogne fit délivrer leurs pouvoirs à ses ambassadeurs[81]. C’étaient Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny ; Etienne Armenier, président du Conseil de Dijon ; André, seigneur de Humières ; Philippe de Courcelles, bailli de Dijon ; Philippe Maugart, maître des requêtes de l’hôtel du duc, et Louis Domessent, l’un de ses secrétaires. La duchesse de Bourgogne devait se rendre en personne à Reims pour représenter son mari et diriger les débats. Le seigneur de Humières se rendit d’abord à Nancy, près du Roi, en compagnie de Jean Tronson, archidiacre de Bruxelles, conseiller et maître des requêtes de l’hôtel[82].

Le président Armenier et Philippe de Courcelles arrivèrent à Reims dans les premiers jours de mars ; ils furent aussitôt rejoints par l’évêque de Verdun, Maugart et Domessent. La duchesse Isabelle ne partit de Bruxelles que le 13, accompagnée du seigneur de Charny[83]. Le maréchal de Bourgogne et le Conseil du duc à Dijon étaient en correspondance suivie, soit avec la duchesse, soit avec les ambassadeurs, pour les tenir au courant des empiètements des officiers royaux ou des menaces des écorcheurs[84]. Nous avons une lettre du maréchal de Bourgogne, en date du 9 avril, adressée à la duchesse de Bourgogne, dans laquelle il déclarait savoir que le Roi et le Dauphin avaient mandé secrètement aux capitaines de vivre sur la Bourgogne jusqu’à la réunion de la conférence de Reims, et de se donner carrière de telle sorte qu’on eût à se plaindre de leur conduite[85]. Pourtant, à la date du 7 mai, le maréchal constatait que les pays du duc étaient évacués[86].

Les conférences ne tardèrent point à s’ouvrir. Le Roi était représenté par le comte de Vendôme, Jacques Jouvenel des Ursins, archevêque de Reims ; Jean Rabateau, président au Parlement ; Yves de Scepeaux, président du conseil Delphinal, et Regnier de Bouligny. On mit aussitôt en délibération les points litigieux, en écartant certaines questions que la duchesse se réservait de traiter quand le Roi serait présent, savoir : l’affaire du roi René, l’affaire des appels de Flandre, la ratification du traité d’Arras par le Dauphin et par les princes du sang, enfin l’évacuation de Montbéliard.

Le Roi était encore retenu dans l’est ; mais la Reine, le Dauphin et la Dauphine arrivèrent à Châlons dans les premiers jours de mai. La duchesse de Bourgogne s’y rendit également, et les conférences entamées à Reims se poursuivirent dans cette ville.

A la date du 11 mai, les ambassadeurs bourguignons remirent aux représentants du Roi un mémoire sur les points suivants : le différend survenu entre la ville de Dieppe et les pays de Flandre, Hollande et Zélande, différend qui menaçait de dégénérer en guerre ouverte ; la prétention des officiers royaux de faire participer la ville de Bar-sur-Seine aux frais de nourriture et de logement des gens de guerre établis dans l’élection de Langres ; les appatis que les gens du Roi voulaient faire lever dans le comté de Ponthieu ; la jouissance des bénéfices vacants en régale à Saint-Quentin ; le fait des Committimus et les privilèges du duché de Bourgogne[87].

Le 12 mai fut présenté un nouveau mémoire, contenant d’autres revendications. Elles portaient sur la ratification du traité d’Arras que, conformément au texte de ce traité, devaient donner le Dauphin, le roi de Sicile, le duc de Calabre, le comte du Maine et le comte d’Angoulême ; sur le paiement d’une somme de cinq cent mille francs, due par le Roi pour d’anciennes dettes contractées par la Couronne à l’égard des ducs Philippe et Jean, aïeul et père du duc actuel ; sur une autre dette de trois cent quarante sept mille cinq cent quatre-vingt-onze livres tournois, contractée par Charles VI à la date du 20 avril 1407 ; sur d’autres dettes s’élevant d’une part à cent mille écus d’or et de l’autre à quatre-vingt-seize mille francs, dues au duc comme comte de Hainaut ; sur cinq mille livres parisis de terres d’une valeur de dix mille florins donnés jadis par Philippe de Valois à Henri, fils aîné de Jean duc de Brabant, avec les arrérages ; sur cinq mille livres parisis de terres venant d’un don fait par le même Roi à Godefroy, fils cadet du duc Jean, avec les arrérages ; sur soixante mille écus d’or dus depuis 1411 à Antoine, duc de Brabant, oncle du duc ; sur les arrérages de la rente que le duc avait le droit de prendre sur les revenus de la ville de Paris à cause de son hôtel de Plaisance ; sur les deniers des aides et gabelles du comté de Ponthieu depuis le décès du Dauphin Jean, lesquels avaient été donnés au duc par lettres de Charles VI en date du mois de septembre 1418 ; sur la jouissance des libertés et franchises accordées en 1347 par Philippe de Valois aux habitants du Brabant ; sur la jouissance de l’hôtel du Porc-Épic, à Paris, et de ses dépendances, appartenant au duc comme héritier d’Antoine, duc de Brabant ; sur la réparation due pour les excès commis par les gens de guerre sur les terres du duc en Bourgogne, Charolais et Maçonnais, et qui étaient estimés à plus de six cent mille écus d’or ; sur la réparation des excès commis en Artois et en Picardie, et dans une partie du Hainaut, s’élevant à plus de huit cent mille écus d’or ; sur la réparation des excès commis par les gens du Dauphin lors du voyage de Dieppe, s’élevant à plus de deux cent mille écus d’or[88].

De telles réclamations suffisent à montrer combien la situation était tendue et quelles craintes les meilleurs esprits pouvaient concevoir de voir la guerre se rallumer[89]. L’animosité contre le duc était grande au sein du grand Conseil et chez certains princes du sang[90]. D’autres membres du Conseil s’efforçaient de combattre ces dispositions hostiles, et, par dessus tous, le Roi se montrait disposé à faire taire les ressentiments et à empêcher tout conflit[91].

Tel était l’état des choses quand Charles VII arriva à Châlons, le 29 mai 1445. La discussion s’ouvrit aussitôt sur les points jusque-là réservés.

Le plus important était la révision des traités passés avec le roi René, au mois de janvier 1437. Le Roi, se faisant l’interprète des réclamations de son beau-frère, demandait que le duc de Bourgogne le tînt quitte des sommes que René s’était engagé à verser, lesquelles montaient à quatre cent vingt mille six cents écus d’or, et qu’il lui fît remise des places de Neufchâteau et de Clermont-en-Argonne. Le second point était l’affaire du ressort de la Flandre au Parlement de Paris ; le troisième, la ratification du traité d’Arras par le Dauphin et par d’autres princes du sang ; le quatrième, l’évacuation de Montbéliard par les troupes royales.

Aussitôt saisie de la demande présentée en faveur du roi René, la duchesse de Bourgogne, qui était en correspondance suivie avec son mari[92], produisit les offres qu’elle était chargée de faire au nom de celui-ci. Le Roi les ayant jugées insuffisantes, Isabelle, qui voulait de tout son pouvoir s’employer à l’entretennement de la bonne amour et union qui doit estre entre le Roy et ses parents et subgez, envoya hastivement demander au duc de nouvelles instructions, afin de pouvoir besoigner plus avant[93].

A la date du 24 juin, la duchesse fit remettre au Roi un mémoire contenant l’énoncé des concessions qu’elle était autorisée à faire. Moyennant l’accomplissement des stipulations suivantes[94], le roi René serait tenu quitte des sommes qu’il devait au duc.

I. D’abord et en toutes choses, le traité d’Arras sera entièrement juré et promis à tenir et garder à tousjours par le Dauphin, le roi de Sicile, le duc de Calabre, son fils, le comte du Maine, le comte d’Angouleme, le comte de Foix, et par d’autres seigneurs tant du sang royal que autres du royaume ; chacun de ces princes et seigneurs donnera à cet égard des lettres patentes scellées de son sceau.

II. Le roi de Sicile confirmera, approuvera et ratifiera expressément toutes et chacune des choses conclues et promises par lui lors du traité passé pour sa délivrance ; lesquelles choses seront et demeureront valables à toujours, sans que jamais on puisse dire, alléguer ou poursuivre rien de contraire. Il s’engagera en outre à ce que jamais aucunes requîtes ou poursuites ne soient faites contre le traité, soit par voie amiable, soit par voie de rigueur ou autrement en quelque manière ni par quelque personne que ce soit[95]. Le roi de Sicile donnera à cet égard ses lettres et scellés, en due forme, la meilleure et la plus sûre qu’on saura aviser ; il fera confirmer et approuver ces lettres par le Roi, te Dauphin, le duc de Calabre, le comte du Maine et autres, de manière à ce que la chose soit et demeure en perpetuelle seurté.

III. Avant la délivrance de ses deux places, le roi de Sicile rendra ou fera rendre au duc de Bourgogne le scellé remis par celui-ci à l’archevêque de Trêves, scellé par lequel il s’était engagé à ne point mettre hors de ses mains la ville de Neufchâteau jusqu’à ce que le roi de Sicile lui eût payé la somme de dix mille écus que le duc avait avancée pour lui comme pleige pour la délivrance du seigneur de Rodemach ; il paiera en outre ce qui pourra être dû, jusqu’au jour de la délivrance des deux places, sur les gages des capitaines qui les ont tenues en garde[96].

IV[97]. La place de Montbéliard sera remise et délivrée réellement et de fait aux mains du seigneur ou des seigneurs de Wurtemberg, comtes de Montbéliard. Ni le Roi ni le Dauphin ne la pourront reprendre sans le consentement et la volonté expresse du duc de Bourgogne. S’il arrive que cette place soit remise aux mains du duc, celui-ci ne l’abandonnera pas avant d’avoir recouvré le scellé remis par le Dauphin aux comtes de Montbéliard et la quittance desdits comtes. En attendant que Montbéliard soit remis au duc ou aux comtes, on fera évacuer la place par les gens de guerre qui l’occupent et on n’y laissera aucune garnison. La duchesse de Bourgogne fera mener l’artillerie royale étant dans la place, soit à Langres, soit à Châlons, à la volonté du Roi. Les places de Neufchâteau et de Clermont, et les scellés du roi de Sicile, demeureront aux mains du duc jusqu’à ce que la remise de Montbéliard ait été effectuée.

V[98]. En ce qui touche au fait de Flandre, le duc de Bourgogne, ainsi qu’il l’a déjà dit, n’entend aucunement empêcher que les causes de celles des parties qui demeurent dans le royaume soient portées, en appel de la chambre du Conseil à Gand, devant le Parlement ; mais il ne saurait en être de même pour les sentences et jugements rendus par les Lois du pays de Flandre. Il est inadmissible que le Parlement connaisse des appels qui seraient faits de cette juridiction : les lois ne sont pas les mêmes en Flandre et dans le royaume ; les usages et les traditions s’y opposent ; enfin les formes de procédure sont absolument différentes.

VI[99]. En ce qui concerne les appatis, la duchesse fera connaître à son mari ce qui a été dit et fait à ce sujet et, dans le délai d’un mois, le duc fera donner réponse. En attendant, rien ne sera levé sur ses sujets.

D’autres points avaient été longuement débattus dans les conférences, tels que les fondations pour le meurtre de Montereau, l’affaire des enclaves, etc. Ils ne reçurent point de solution[100].

En ce qui concernait les fondations, le Roi avait affirmé que, lors de la conclusion du mariage de sa fille avec le comte de Charolais (septembre 1438), le duc de Bourbon et le comte de Vendôme, qui avaient pris part à la négociation, lui avaient fait savoir que le duc de Bourgogne ne présenterait ultérieurement aucune réclamation à ce sujet, et qu’ils avaient sur ce point ordonnances du duc. La chose ayant été vivement contestée, le Roi dit qu’il s’en rapportait aux deux princes sus-nommés, ajoutant que, si le duc de Bourgogne ne les voulait avouer, il ferait faire les fondations, conformément au traité. La duchesse, tout en déclarant qu’à sa connaissance le duc son mari n’avait fait aucun abandon à cet égard, se chargea de lui transmettre cette réponse.

Quant aux enclaves, après de longues et stériles discussions le Roi avait proposé que quatre commissaires, dont deux à sa nomination et deux à la nomination du duc, fussent chargés de procéder à une enquête, et que le résultat de cette enquête fût porté devant le Parlement, qui déciderait en dernier ressort. La duchesse se chargea de communiquer cette proposition à son mari, lequel devait donner réponse dans le délai d’un mois. Jusque-là les choses devaient rester en suspens.

Une foule de points secondaires n’ayant pu être abordés ou résolus, il fut décidé, sur la motion de membres du Conseil royal, que deux journées seraient tenues entre les commissaires de chacune des parties, l’une à Langres, relativement aux villes de Franche-Comté, l’autre à Tournai, relativement à celles du Hainaut et des environs. On devait également traiter à Langres la question des privilèges du duché de Bourgogne.

C’est le 6 juillet que les stipulations faites, d’un commun accord, entre les parties, reçurent leur forme définitive. Le roi René et la duchesse Isabelle mirent leurs signatures au bas d’un acte contenant toutes les dispositions relatives à l’abandon des sommes réclamées par le duc de Bourgogne, à la remise des places de Neufchâteau et de Clermont, à la restitution des scellés[101]. Le Roi et la duchesse Isabelle signèrent un acte réglant les conditions de l’évacuation de Montbéliard[102].

 

Le duc de Bourgogne était à Namur pendant que sa femme terminait de la sorte les négociations avec la Couronne. A son retour il prit connaissance des arrangements conclus, et, bien qu’il estimât qu’ils fussent pour la plupart à son préjudice[103], il ne laissa pas de les ratifier[104]. Mais de nouvelles difficultés ne tardèrent point à surgir. Amanieu d’Albret, seigneur d’Orval, au mépris des ordres du Roi, avait traversé la Bourgogne à la tête de ses troupes et ravagé le Maçonnais et le Charolais. A cette nouvelle, Philippe fit partir en toute hâte le seigneur de Charny pour se plaindre de ces excès et en demander réparation. L’ambassadeur portait en même temps la ratification des conventions faites à Châlons entre Charles VII et la duchesse Isabelle. Il fut reçu parle Roi le 31 juillet, et demanda un récépissé des lettres du duc ; mais, au lieu d’un récépissé en règle, il n’obtint qu’une simple cédule, signée par un secrétaire, constatant la remise des lettres. En outre, dans une séance du grand Conseil, à laquelle assistait le seigneur de Charny, Jean Dauvet, procureur général du Roi, protesta contre le titre : Par la grâce de Dieu, que prenait Philippe ; il déclara que le duc de Bourgogne ne devait pas s’attribuer ce titre, et que, en conséquence, ses lettres n’étaient reçues que sous toutes réserves des droits du Roi[105]. En ce qui touchait au passage du sire d’Orval à travers la Bourgogne, satisfaction fut donnée au duc : le Roi déclara qu’il allait faire faire une enquête à ce sujet ; il envoya un des maîtres des requêtes de son hôtel à Mâcon pour procéder à cette opération[106].

Une nouvelle cause de conflit surgit sur ces entrefaites. Au mois de juin 1445, le duc de Bourgogne avait reçu des lettres de défi du damoiseau de la Mark[107]. Evrard de la Mark, seigneur d’Aremberg, était en démêlés avec certains seigneurs du pays des Ardennes, et le différend avait été porté devant le duc de Bourgogne et devant l’évêque de Liège. N’ayant pu obtenir satisfaction, La Mark, bien qu’il fût, comme il le disait, jeune homme de âge, de sens et pauvre d’argent, n’avait pas craint de prendre à partie son puissant suzerain relativement à l’assistance qu’il donnait à ses adversaires, et de lui déclarer la guerre. On s’était moqué tout d’abord, à la cour de Bourgogne, de cet audacieux défi ; mais quand on vit le damoiseau garnir de gens de guerre ses places d’Hargimont et de Rochefort, et recevoir des renforts amenés par des capitaines de l’armée royale qui prirent le commandement des deux places, on se mit en mesure de repousser par la force cette agression. Antoine, seigneur de Croy, gouverneur du comté de Namur, et Jean de Croy, grand bailli de Hainaut, furent chargés de lever des troupes, et l'évêque de Liège, duquel relevait Evrard, fut mis en demeure de prêter main-forte au duc[108].

Le Roi était intervenu auprès de l’évêque, et lui avait offert ses lettres de protection et de sauvegarde s’il voulait soutenir La Mark. La commune de Liège était disposée à entrer dans les vues du Roi ; mais l’influence du chapitre prévalut : au lieu de soutenir son allié naturel, l'évêque obéit aux injonctions du duc de Bourgogne et joignit ses troupes aux siennes. Evrard eut bientôt sur les bras une armée de près de vingt mille combattants et fut écrasé par le nombre. Daudonnet, le capitaine français qui occupait Rochefort, se vit dans la nécessité de traiter pour l’évacuation de cette place, et Pierre Regnault, frère de La Hire, qui commandait à Hargimont, ne tarda pas à suivre son exemple[109]. Evrard de la Mark fut privé de toutes ses possessions ; malgré les secours pécuniaires qu’il reçut du Roi[110], il mourut misérablement quelques années plus tard[111].

La fin de l’année 1445 fut employée à assurer l’exécution des stipulations relatives à l’évacuation de Montbéliard. Joachim Rouault, qui commandait dans cette place au nom du Roi, devait l’abandonner à la fin de juillet. La remise n’eut lieu qu’à la fin d’octobre. Le héraut bourguignon Salins fut désigné pour conduire les troupes royales à travers la Bourgogne et veiller à ce qu’elles ne commissent aucun dégât[112].

Le 11 décembre 1445, Philippe le Bon tint son assemblée solennelle de la Toison d’or, qui n’avait pas eu lieu depuis cinq ans. Le duc d’Orléans s’y rendit en personne. Le duc de Bourgogne était entouré de toute sa cour : son fils, le comte de Charolais, le vieil Hugues de Lannoy, les deux Croy, Bauffremont, Ternant, Créquy, le bâtard de Saint-Pol, revêtus de leurs riches manteaux brodés d’or, portant au cou le collier de la Toison d’or. Devant le duc marchaient deux sergents d’armes portant des masses, avec les armoiries de France et de Bourgogne, comme il appartenait au premier et doyen des pairs du royaume. La fête dura trois jours entiers. Dans le conclave furent élus chevaliers de la Toison d’or le roi d’Aragon, François de Borselle, Henri de Borselle, seigneur de la Vère, amiral de Zélande, le ber d’Auxy et le seigneur de Humières[113].

Au milieu de cette pompe et de ces réjouissances apparut soudain, dans la salle du banquet, parmi ces chevaliers parés de leurs plus riches vêtements, revêtus de leurs manteaux, dans la gloire et solennité de leur estat, en face de ce prince qu’on eût pris plutôt pour un empereur que pour un simple duc, un homme qui s’était glissé inaperçu. Quel était cet homme ? Un huissier du Parlement de Paris. Que venait-il faire ? Il était porteur d’un exploit au nom d’un certain Dimanche de Court, personnage inconnu et peu estimable, paraît-il. Cet huissier, tout délibéré, et avec l’intention d’esvergonder la compagnie, présenta au duc de Bourgogne, à son neveu le comte d’Étampes et à un certain nombre de seigneurs picards, un ajournement pour comparaître en personne devant le Parlement. Se jetant à genoux, son exploit à la main, il remplit sans sourciller son office ; comme si, dit le chroniqueur bourguignon, il était venu dire au tout-puissant duc d’Occident : Voici le fléau de cette fière exallation que avez prise qui vous vient corriger droit ici et pincer, et vous montrer ce que vous êtes[114]. Une telle humiliation, reçue en un pareil moment, ne pouvait passer inaperçue et appelait une vengeance. Quelque temps après, le duc chargea un de ses pannetiers, qui n’était autre que son futur historiographe Georges Chastellain, d’aller se plaindre au roi de France de ce que, au mépris du traité d’Arras, un de ses sujets s’était permis de venir ainsi l’ajourner en personne[115].

Malgré tous les efforts de la duchesse de Bourgogne et les conventions passées à Châlons, l’harmonie était loin d’être rétablie entre le Roi et son ambitieux vassal. Le problème restait en suspens, et les causes de conflit subsistaient comme une menace pour l’avenir.

 

 

 



[1] Voir t. III, chapitre III.

[2] C'est ce que Charles VII rappelait plus tard, avec autant de raison que de force, quand, à la date du 11 mars 1459, il répondait en ces termes au duc de Bourgogne, se vantant de l'assistance armée qu'il avait alors donnée contre les Anglais : Le Roi est bien souvenant de l'armée que maudit seigneur de Bourgoigne fist pour le temps de lors, et s'il eust communiqué au Roy son intencion de ce qu'il voulait faire, le Roy l'eust adverty de bon cueur de ce qu'il lui eust semblé plus utile et proufitable en ladicte matiere, et de sa part se y fust tellement employé, tant de gens comme de sa personne, se besoing en eust esté, qu'il en eust peu ensuit grant bien ou Royaume. Chronique de Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 399.

[3] Ce point ne fut pas oublié dans les reproches adressés ultérieurement au duc, relativement à son attitude depuis le traité d'Arras. Voir le document de 1459, l. c., p. 409.

[4] Voir tome III, p. 262.

[5] Matrimonium hoc secutæ sunt induciæ belli, dit l’un des plus intimes confidents du duc Philippe. — Jouffroy, Oratio ad Pium papam, p. 185.

[6] Le fait est énoncé dans les réponses de la chancellerie française aux plaintes du duc, en date du 11 mars 1459. Chronique de Mathieu d'Escouchy, t. II, p. 409. S'il en faut croire un document cité par D. Salazar (Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 258), et que nous n'avons pas retrouvé, la duchesse de Bourgogne, au mois de mars 1444, poursuivait la conclusion d'un traité d'alliance avec les Anglais ; on disait ouvertement dans les pays du duc que six à huit mille Anglais allaient débarquer à Calais.

[7] Voir t. III, p. 271, notes 4 et 6. — Au commencement de janvier 1444, le héraut Luxembourg est envoyé en Angleterre, pour aucunes choses et matières secrètes. (Archives du Nord, B 1978, f. 137.) Le 22 mars, Chastelbelin le héraut porte des lettres closes de la duchesse de Bourgogne au duc d’York, pour certaines matières touchant abstinence de guerre. (B 1978, f. 146 v°.) Le 24 mai, Talent, poursuivant d’armes, partait avec des lettres closes de la duchesse adressées au duc d’York pour demander la mise en liberté des capitaines et gens de guerre de la garnison de Rue, et aussi pour la surseance de guerre faicte entre mon dit seigneur d’une part et lesdiz Angloiz d’autre (B 1982, f. 93 v°.) Le 6 juin, Gaultier de la Mandre, doyen de Saint-Pierre de Cassel, partait pour certain voiage par lui fait par le commandement et ordonnance de mondit seigneur devers le Roy et le cardinal d’Angleterre et autres seigneurs du conseil dudit Roy. Il fut employé à ce voyage jusqu’au 28 septembre (B 1982, f. 64 et 1983, n° 31). Le 15 juin un messager part de Bruges pour porter à cet ambassadeur des lettres closes du duc et de la duchesse (B 1982, f. 88 v°). Le 3 juillet, Talent allait remettre des lettres closes de la duchesse au duc d’York et au comte de Suffolk (Id. f. 95).

[8] Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny, partit le 12 juin de Bruges, et rejoignit le duc à Lille le 21 juillet. Archives du Nord, B 1982, f. 80 v° ; 1988, f. 65 ; 1983, n° 1.

[9] Philippe, seigneur de Ternant, partit le 12 juin et revint le 27 juillet. Archives du Nord, B 1982, f. 60 v°.

[10] Guillebert de Lannoy fut mandé par le duc pour être auprès de lui au retour des ambassadeurs qui avaient assisté aux conférences de Tours ; il partit de l’Écluse le 28 juin, se trouva à Lille avec les ambassadeurs du Roi, et rentra à l’Écluse le 19 juillet. Archives du Nord, B 1982, f. 64 v° ; 1983, n° 32. — Nous voyons par le Sixième compte de Jean de Xaincoins que Rogerin Blosset, écuyer d’écurie du Roi, fut envoyé, de Tours, vers le duc de Bourgogne. Cabinet des titres, 685, f. 84.

[11] Voir Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 45.

[12] Monstrelet, t. VI, p. 95-96.

[13] Monstrelet, l. c.

[14] Archives du Nord, B 1982, f. 78 v°.

[15] Catalogue Joursanvault, n° 149.

[16] Voir Inventaire des titres de Nevers, col. 594 ; Canat, l. c., p. 443 ; Tuetey, les Écorcheurs sous Chartes VII, t. I, p. 57-58.

[17] Archives du Nord, B 1982, f. 78 v° ; Canat, l. c., p. 442.

[18] Voir ce document dans Tuetey, l. c., p. 38, note.

[19] Voir Tuetey, l. c., p. 59-60. Cf. Archives du Nord, B 1982, f. 92, 92 v°, 94 v°.

[20] Et se logerrent ces deux cappitainnes journellement assez prez l'ung de l’autre et se tenoient pour ce voiage comme frères d’armes. Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 11. — Militum quoque Franciæ et Angliæ sub unis castris admiratione rei tam novæ successit stupenda certe adfœderatio, etc. Jouffroy, l. c., p. 185.

[21] Mathieu d’Escouchy, p. 13 ; Canat, p. 443.

[22] Archives du Nord, B 1982, f. 92, 92 v°, 94, 86, 86 v°, 87, 97 v°, 98. — L’armée de Picardie fut convoquée par le duc à Saint-Quentin pour le 30 juin, pour résister à l'encontre des escorcheurs qui veulent entrer en ses pays et seigneuries pour les rober, pillier et destruire, comme l’en dit.

[23] Archives du Nord, B 1982, f. 69 v°. C'est l'ambassade du 12 juin, mentionnée ci-dessus. André de la Croix se rendit également près du Dauphin (Premier compte de Martin Cornille, cité par Canat, p. 143). — Le 19 juin, le duc envoya hastivement, jour et nuit, porter des lettres closes à Charny, son ambassadeur près du Roi, et à Ternant, son ambassadeur près du Dauphin (Archives du Nord, B 1982, f. 90). Vers le 29 juin, le héraut Amiens partit à son tour avec des lettres closes pour Toison d'or, employé dans l'ambassade au Dauphin (Id., B 1982, f. 94 v°).

[24] Lettres patentes du duc en date du 28 juin, envoyées au sénéchal de Ponthieu, au bailli de Hainaut, au gouverneur d'Arras, au bailli d'Amiens, au gouverneur de Pérenne, au sénéchal de Boulonais, aux baillis d'Ypres, d'Audenarde, de Courtrai, de Bruges, etc., avec ordre de les faire publier. Archives dit Nord, B 1982, f. 93. — Le 27 juillet, le comte d'Étampes était à Saint-Quentin, entretenant son armée sur les champs. Id., f. 99 v° et suivants.

[25] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 14. — Du 1er au 9 août le clerc du receveur général fut employé à Lihons-en-Santerre au paiement de 1536 paies d'hommes d'armes et gens de trait estant sous monseigneur d'Estampes pour resister à l'encontre de Floquet, Matago et plusieurs routiers qui estaient lors audit pays de Sancerre à grant puissance. Archives du Nord, B 1982, f. 104 v°.

[26] Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 15-16 ; Jean Jouffroy, Oratio ad Pium Papam, p. 185-186. — Le 25 août le duc faisait porter hastivement, jour et nuit, des lettres closes au comte d'Étampes à Péronne, touchant l'approuchement et venue des escorcheurs ou pays de Picardie. Archives du Nord, B 1982, f. 108.

[27] Jean Jouffroy dit en propres termes (Oratio ad Pium Papam, p. 185) : Hos certis indiciis Philippus compertum habens in se venire, composuit et ipse agmen fere sine ullis impedimentis et nulli rei magis apertum quam praelio.

[28] On lit dans un billet attaché à une lettre (en allemand) adressée par le margrave de Bade à l’ammeister de Strasbourg, à la date du 18 juin 1444 (Archives de Strasbourg, AA 187) : Le seigneur de Blamont, maréchal de Bourgogne, a écrit à son oncle, le comte Jean de Fribourg, qu’on tient pour certain, dans son pays, que le Dauphin a l’intention d’entrer avec ses troupes en Allemagne pour venir en aide au duc d’Autriche, et qu’il pense, pendant cette expédition, reconquérir le comté de Mâcon et d’autres seigneuries que le duc de Bourgogne détient entre ses mains.

[29] Archives du Nord, B 1982, f. 96.

[30] Lettres du 14 juillet, par lesquelles le duc mandait que, toutes excusacions cessans, à tout le plus grant nombre de gens d’armes et de trait, montez, armez et habillez, on vint le servir et accompagner en l’armée qu’il faisait présentement mettre sus. Archives du Nord, B 1982, f. 96 et 96 v°.

[31] Archives du Nord, B 1982, f. 96 v°. — Vers le 22 juillet, le duc fit partir un de ses échansons, Pierre de Vaudrey, avec une mission secrète : il devait aller en certains lieux pour matieres secretes touchans ses affaires, dont mon dit seigneur ne veult aultre declaración estre faicte. Id., f. 98 v°.

[32] Le 26 juin, le duc envoya au comte d’Étampes l’ordre de faire partir ces cinq cents archers. Archives du Nord, B 1982, f. 91. Cf. Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 17.

[33] Canat, l. c., p. 444-45.

[34] Compte de Louis de Visen, dans Collection de Bourgogne, 65, f. 165.

[35] Collection de Bourgogne, 21, f. 82 v°.

[36] Collection de Bourgogne, 51, f. 208 v°, et 21, f. 83 v°.

[37] Archives du Nord, B 1982, f. 70, 76 et 102 v°, et 1983, n° 13.

[38] Collection de Bourgogne, 21, f. 83 v°.

[39] Compte de Jean de Visen. Archives de la Côte-d’Or, B 1699 et 1700 ; extraits dans La Barre, t. II, p. 186, note 6, et Collection de Bourgogne, 65, f. 165 v°. Voir la quittance du Dauphin, publiée par Tuetey, t. II, p. 12-14.

[40] Voir sur ces excès des écorcheurs, les détails rassemblés par M. Tuetey, t. II, p. 177-197, et les enquêtes dont il a publié le texte, t. II, p. 304-380.

[41] Enquêtes dans Tuetey, t. II, p. 322, 346, 351, 353, 373.

[42] Archives du Nord, B 1982, f. 107. Charny était le 8 septembre à Langres, d’où il envoya un message au duc pour lui rendre compte de sa mission. Archives du Nord, B 1982, f. 107 ; Compte de Jean de Visen, cité par Tuetey, t. II, p. 50. — Le 23 août, un chevaucheur de l’armée partit d’Arras avec des lettres pour le seigneur de Croy à Namur, le Roi et le seigneur de Charny, étant près de celui-ci, touchant certaines entreprises du Dauphin et de ses gens sur les terres du duc. Archives du Nord, B 1982, f. 108.

[43] Charny emportait une somme de 1.700 livres en monnaie de Flandre, qu’un changeur d’Arras avait été convertir à Tournai en écus d’or, pour les baillier à monseigneur de Charny et les porter par le commandement et ordonnance de mon dit seigneur devers le Roy en certains lieux et pour matières secretes dont mon dit seigneur ne veult aultre ne plus expresse declaración estre faicte. Archives du Nord, B 1982, f. 108 v°-109.

[44] Compte de Jean de Visen. Extraits dans Tuetey, t. II, p. 50-54 ; Canat, p. 446. Archives du Nord, B 1982, f. 121 v°.

[45] Compte de Jean de Visen, dans Tuetey, t. II, p. 53.

[46] Le 7 septembre, un chevaucheur de l’écurie partait d’Arras, porteur de lettres closes du duc pour le Roi, étant à Langres, pour le maréchal de Bourgogne, étant en armes aux environs de Montbéliard, et pour les gens du Conseil à Dijon (Archives du Nord, B 1982, f. 111 v°). Le 20 septembre, le duc envoyait des lettres closes au maréchal et aux gens du Conseil à Dijon, et de là au seigneur de Charny, alors auprès du Roi (id., f. 115). Le héraut Luxembourg vint aussi trouver le Roi, et repartit en compagnie de l’ambassade dont il va être parlé (id., f. 133).

[47] Voir l’enquête du 8 janvier 1445, dans Tuetey, t. II, p. 306-307.

[48] C'était Charles de Castillon, seigneur d'Alboigne. Dixième compte d'Étienne Bernard, dit Moreau, dans le ms. 1185 du Cabinet des titres, f. 88 v°. — Georges Chastellain, le futur chroniqueur, alors au service de Brezé, accompagna son maître à Bruxelles. Œuvres de Georges Chastellain, t. I, p. XIV, note 2.

[49] Le 26 septembre, le duc faisait provision de vaisselle d’argent pour les présents à leur offrir (Archives du Nord, B 1982, f. 120 v°). — Sur cette ambassade, voir Archives du Nord, B 1988, f. 63 ; 1983, n° 10 ; Enquête du 8 janvier 1445, dans Tuetey, t. II, p. 307 ; Documents cités par Potvin, Œuvres de Ghillebert de Lannoy, p. 214.

[50] Guillebert de Lannoy, Jean, bâtard de Saint-Pol, Simon de Lalain, Jean de Thoisy, archidiacre de Tournai, Philippe Maugart, le seigneur d’Antoing, le seigneur de Roubais, etc. Archives du Nord, B 1982, f. 114 v°, 116 v° et 117 ; 1983, n° 10, 18 et 32 ; 1988, f. 63.

[51] Lettres closes à Jean de Croy, au bâtard de Saint-Pol, au seigneur de Humières, etc., Archives du Nord, B 1982, f. 116 v°. Cf. f. 120 et 123 v°.

[52] Voir Relation du siège de Metz, par MM. de Saulcy et Huguenin, p. 128-129.

[53] Voir le texte de ce traité, Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXII.

[54] Elle durait encore le 23 octobre, jour où le duc envoya à Douai et à Lille chercher aucunes lettres touchans le traictié de la paix nagaires faite à Arras. (Archives du Nord, B 1982, f. 120.) — Le 1er novembre, le duc envoyait un chevaucheur de son écurie porter des lettres closes en Hollande à la duchesse (Id., ibid., f. 121 v°).

[55] 23 janvier 1444 : Commission du duc pour régler l’affaire des limites ; premiers jours de mai : Assemblée tenue à, Langres, relativement aux terres enclavées. Compte de Jean de Visen, dans la Collection de Bourgogne, 23, f. 6 ; Canat, p. 443.

[56] Ces renseignements nous sont fournis par le document en date du 21 novembre, cité ci-dessous.

[57] Le 16 novembre, le duc envoyait des lettres closes aux ambassadeurs du Roi, alors à Tournai, par lesquelles il les requérait de venir vers lui pour l'expedition de ladicte ambassade. Archives du Nord, B 1982, f. 123.

[58] Archives de la Côte-d’or, B 11908. — Les ambassadeurs partirent le 22 novembre et furent accompagnés par le héraut Luxembourg. Archives du Nord, B 1982, f. 123, v° 124. Brezé reçut en présent une coupe d’or, id., f. 126.

[59] 5 décembre 1444. Archives de la Côte d’or, B 11906 ; Histoire de Bourgogne, l. c., p. CLXXIII.

[60] Enquêtes judiciaires faites du 4 novembre au 22 décembre 1444. Archives de la Côte-d'Or, B 11881 ; extraits dans Tuetey, t. II, p. 304-380.

[61] Cette ambassade est mentionnée dans un inventaire cité par Tuetey, t. II, p. 71, note, et qui se trouve aux Archives du Nord, B 1539-40.

[62] Ambassade de Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny, du 16 décembre 1444 au 4 mars 1445 ; Ambassade de l’évêque de Verdun, en janvier. Archives du Nord, B 1982 f. 121 v°, et 1983, n° 11 ; B 1982, f. 137 v° et 142.

[63] Archives du Nord, B 1982, f. 104 v° et 133 v° ; 1983, n° 11, et 1988, f. 75.

[64] Collection de Bourgogne, 21, f. 83 v°, et 51, f. 208 v°.

[65] Compte de Jean de Visen, dans Tuetey, t. II, p. 70 ; Collection de Bourgogne, 21, f. 84.

[66] Compte de Jean de Visen, dans Tuetey, t. II, p. 72 et 78.

[67] Voir le texte de ces deux lettres dans Tuetey, t. II, p. 31 et 29.

[68] Compte de Jean de Visen de 1444-45. Extraits dans la Collection de Bourgogne, 65, f. 165 v°.

[69] Toison d’or fut employé à cette mission du 5 février au 16 mai. Archives du Nord, B 1988, f. 62.

[70] Compte de Jean de Visen, t. II, p. 74-75.

[71] Voir les lettres publiées par M. Tuetey, t. II, p. 32 et suivantes, et le Compte de Jean de Visen, t. II, p. 75.

[72] Compte de Jean de Visen, t. II, p. 79.

[73] Compte de Jean de Visen, t. II, p. 81-82.

[74] Le Roi avait lui-même écrit aux gens du Conseil pour leur dire de ne point livrer passage aux troupes. Lettre du 9 avril 1445. Collection de Bourgogne, 21, f. 84.

[75] Von wegen des landes Luczemburg hat der Kemmerling mit dem Konige personlich als er sagt gerett, der hab ym geantwert mochte das ewiglich an yn Romen ane behelteniss der abelosung, so wolte er des ingehn, sust nicht ; wolten aber nwere gnaden wider darczu gedencken wolte er uch gerne behulfflich sin, syne volk zulihn, das er wol witler den von Burgundien, wiewol er mit ym in fehden noch aicht were tun mochte, so als der von Burgundien den von Mecz uber yn volk gelegen hett, doch das das wolk durch uwer gnaden wurde gewilligt... Archives de Dresde, l. c.

[76] Lettre du 9 avril 1445. Collection de Bourgogne, 21, f. 84.

[77] Chronique de Jean de Slavelot, p. 549.

[78] Chronique de Jean de Slavelot, p. 551.

[79] Lettre du 24 février. Archives du Nord, B 1982, f. 100 v° et 142.

[80] Archives de la Côte-d’Or, B 11906 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXV.

[81] D. Villevieille, Trésor généalogique, vol. IV, f. 47.

[82] Archives du Nord, B 1988, f. 71 v°-72. — Le 4 mars, le duc fit partir un chevaucheur de l’écurie pour porter des lettres closes au Dauphin à Nancy, et de là au maréchal de Bourgogne et aux gens du Conseil à Dijon. Id., B 1982, f. 143 v°.

[83] Archives du Nord, B 1988, f. 69 v°-70 v° ; Le Grand, vol. VI, f. 229 v° ; Compte de Jean de Visen, dans Tuetey, t. II, p. 15.

[84] Lettre des gens du Conseil du 8 avril ; lettre du maréchal du 9 ; lettre des gens du Conseil du 10 ; lettres des mêmes du 11 et du 17. Le Grand, VI, f. 250 v° et 246, et Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXX-LXXXII.

[85] Le Grand, VI, f. 246 v° ; Histoire de Bourgogne, l. c., p. CLXXX.

[86] Lettre aux ambassadeurs. Histoire de Bourgogne, l. c., p. CLXXXII.

[87] Collection de Bourgogne, 99, p. 460 ; Preuves de Mathieu d’Escouchy, p. 99-105.

[88] Archives de la Côte-d’Or, B 11906 ; Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 105-112.

[89] Mathieu d'Escouchy dit (t. I, p. 43) que les besoingnes advenues depuis la paix d'Arras entre les gens et les pays du Roi et du duc donnaient lieu à de telles difficultés que on doubloit que rigueurs et dissensions s'esmeussent d'ung costé ou d'autre ou prejudice des dessus dis Roy de France et duc de Bourgoingne et de leurs pays et subgez. — Le prieur Maupoint, dans son Journal (Mémoires de la Société de l'histoire de Paris, t. IV, p. 36), dit que plusieurs doubtèrent très fort de nouvelle guerre entre le Roy nostre sire et monseigneur le duc de Bourgongne.

[90] Et comme il estoit lors assez commune renommée, ledit Roy de Secile et aultres seigneurs de sa partie estoient assez enclins et desirans que on recommençast derechief la guerre contre icellui duc de Bourgoingne. Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 45.

[91] Et cellui qui plus le excusoit (le duc), en tous rapports qui s’en faisoient, c’estoit mesme la personne du Roy de France ; et ne voloit nullement que on procedast rigoureusement contre luy, mais estoit contant que en touttes ses affaires se conduisissent le plus courtoysement que faire le porroient. Mathieu d’Escouchy, l. c.

[92] Les 22, 26 et 30 mai, des lettres closes du duc furent portées à la duchesse par des chevaucheurs de l'écurie. Archives du Nord, B 1988, f. 114 v°, 133 v° et 103 v°.

[93] Réponse de la duchesse, en date du 24 juin. Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXXIII. — Le 10 juin, Perrenet Denis, huissier d'armes du duc, partait de Gand pour aller, jour et nuit, trouver la duchesse ; le 13, Chasteaubelin le héraut parlait avec des lettres closes du duc pour la duchesse. Archives du Nord, B 1988, f. 112 v° et 108 v°. — Brezé agissait de son côté auprès du duc : Georges Chastellain, qui alors était encore à son service, fut envoyé à Gand à deux reprises. Œuvres de Georges Chastellain, t. I, p. XIV, nota 2 ; Archives du Nord, B 1988, f. 196.

[94] Il y a une première version de ce texte, présentant quelques différences qui seront relevées quand elles en vaudront la peine. Dans cette première version, le Dauphin n'était nommé qu'après le roi de Sicile, et le nom du comte d'Angoulême était omis. Les deux textes sont dans les Preuve de l'Histoire de Bourgogne, t. IV, p. CLXXXII et CLXXXIV.

[95] Cette clause ne se trouve que dans la première version.

[96] Cette clause ne se trouve que dans la première version.

[97] Tout ce paragraphe manque dans la deuxième version.

[98] Ce paragraphe ne se trouve que dans la deuxième version, dont il termine le texte. Dans la première on lit : Item, et moyennant ce, le fait de Flandres sera appointié en la manière qui s’ensuit, etc.

[99] On lit ici dans la première version : Item, et semblablement le fait des appuis que l'on veult lever durant les grèves de France et d'Angleterre, sera appointid en la manière qui s'ensuit, etc. — Pour trouver le texte de l'arrangement pris à cet égard il faut recourir à un autre document, que nous avons publié parmi les Preuves de la chronique de Mathieu d'Escouchy, p. 103.

[100] Dans la première version on lit, relativement à ces points : Item et que toutes les autres choses et articles qui sont esté pourparlez et debatus avec les gens du Conseil du Roy par les ambassadeurs de mondit seigneur estans avec madicte dame, seront expédiez et depeschez ainsy qu’ils ont esté conclus et avisez, et le tout sans prejudicier au traicté de la paix d’Arras, lequel en tout et pour tout sera et demourra en sa force et vigueur, sans y rien changer ou innover. — Nous empruntons ces stipulations au document visé dans la note précédente, l. c., p. 103-105.

[101] Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXXV.

[102] Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXXXVI ; et plus correctement, Tuetey, l. c., t. II, p. 201. — Le 10 juillet suivant, conformément au traité, Charles VII nommait le comte de Saint-Pol à la garde de Montbéliard (lettres patentes publiées par Tuetey, t. II, p. 207). Voir sur les suites de l’affaire de la remise de Montbéliard et l'accomplissement du traité avec, le roi René, les détails circonstanciés donnés par M. Tuetey, t. I, p. 362 et suivantes.

[103] Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 51.

[104] Les lettres de ratification du traité passé avec le Roi furent remises à Charles VII le 31 juillet par le seigneur de Charny (Instructions du 21 janvier 1446). La confirmation du traité avec le roi René ne fut donnée par le duc de Bourgogne que le 28 octobre suivant, à Middelbourg. Histoire de Bourgogne, l. c., p. CXC.

[105] Ces détails nous sont fournis par les Instructions du duc de Bourgogne en date du 21 janvier 1446, citées plus loin.

[106] Blanc Barbin, qui était le 12 septembre à Maçon. Tuetey, l. c., t. I, p. 348, et t. II, p. 94 ; Canat, Documents inédits, p. 447.

[107] Lettres en date du 6 juin, insérées dans la Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 72-74. — Dès le 21 mai, le duc écrivait à Jean de Croy, grand bailli du Hainaut, de surveiller les agissements d’Évrard, de Floquet et d’autres écorcheurs. Archives du Nord, B 1988, f. 102.

[108] Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 74 et suivantes ; Jean de Stavelot, p. 552 et suivantes.

[109] Mêmes sources ; Adrien de Vieux-Bois, dans Amplissima collectio, t. IV, col. 1214-1215.

[110] Les comptes de Jean de Xaincoins contiennent la mention de plusieurs dons faits à Evrard, qui vint à la Cour soutenir un procès qu’il avait contre Saintrailles (Cabinet des titres, 685, f. 103 v°, 111 v° et 113 v°). Ces largesses attirèrent l'attention du duc de Bourgogne, qui, plus tard, s’en fit un grief contre le Roi.

[111] Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 74 et suivantes.

[112] Tuetey, l. c., t. I, p. 349-50.

[113] Olivier de la Marche, t. II, p. 83 et suivantes.

[114] Voyez Georges Chastellain, qui raconte tout au long cette scène dans son Exposition sur vérité mal prise (dans les Œuvres, t. VI, p. 289). — Ne scai de qui instigué ou non, dit le chroniqueur, qui ajoute dans son style figuré : Dame ymagination, te semble-t-il que ceci procedast de bon fonds, ne qu'en tel cas se pust entendre autre chose, fors que hautaine envie et venin de cœur ? Nenny certes.

[115] George le Chastellain, escuier, panetier de monseigneur, la somme de CVIII francs demy, pour un voiage par lui fait, par le commandement et ordonnance de mondit seigneur, devers le Roy, pour certaines choses touchans le fait de la terre de Cousy et conté de Tonnoire, et aussy le ajournement d’aucuns ses vassaulx et féaux de Picardie, qui avoient esté adjournez en personne en la cour de Parlement à Paris contre ung appellé Dimanche de Court, auquel voiage il vacqua depuis le XXVIIe jour de septembre l’an mil CCCC XLVI, jusque au XVe jour du mois de novembre ensuivant. Archives du Nord, B 1991, f. 77 v°, cité par M. Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Georges Chastellain, t. I, p. XVII, note 2.