HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE IV. — CHARLES VII PENDANT LA TRÊVE AVEC L’ANGLETERRE - 1444-1449.

 

CHAPITRE PREMIER. — LES EXPÉDITIONS DE SUISSE ET DE LORRAINE. CAMPAGNE DU DAUPHIN.

 

 

1444

 

Allégresse générale à la nouvelle de la trêve avec l’Angleterre ; après avoir délivré ses sujets des maux de la guerre, Charles VII veut les mettre à l’abri des routiers. — Ouvertures faites par Frédéric III, en lutte contre les Suisses, en vue d’obtenir un corps de troupes ; après avoir échoué tout d’abord, il revient à la charge et demande le secours de la France ; la campagne du Dauphin est décidée. — Véritable but de cette campagne ; visées de la politique royale ; la limite du Rhin ; pendant que le Dauphin marche contre les Suisses, le Roi se décide à attaquer Metz. — Arrangements faits avec les Anglais après la trêve ; négociations entamées pour la libération du comte d’Angoulême ; appréciations de ce prince sur la situation ; lutte d’influences autour du Roi. — Départ du Dauphin pour son expédition ; concentration de l’armée à Langres ; marche sur Montbéliard. — Effroi causé en Alsace par sa venue ; entrée de l’avant-garde en Suisse ; victoire de Saint-Jacques. — Négociations avec la ville de Bâle et les cantons suisses, bientôt suivies de la conclusion d’un traité d’alliance entre le Dauphin et les confédérés. — Attitude du roi des Romains à Nuremberg ; ambassade envoyée au Dauphin ; négociations entamées. — Le Dauphin s’installe à Ensisheim ; ses troupes occupent la haute Alsace et se répandent dans la basse Alsace ; Strasbourg est menacé. — Suite des négociations entre le roi des Romains et le Dauphin ; ambassade de Charles VII ; réponse du Dauphin aux plaintes de Frédéric. — Mesures militaires prises par ce prince ; le Dauphin n’en poursuit pas moins sa marche en avant ; il s'arrête au moment où l’on croit qu’il va attaquer Strasbourg. — Négociations entre le duc Albert d’Autriche et le Dauphin ; on convient d’une suspension d’armes. — Le Dauphin quitte l’Alsace, après avoir assigné des cantonnements à ses troupes.

 

Si l’on veut se faire une idée de l’allégresse qui éclata de toutes parts à la nouvelle de la conclusion d’une trêve entre la France et l’Angleterre, il faut se rappeler la situation du royaume à cette époque. Les lignes suivantes du Jouvencel nous font entrevoir un coin du tableau : En passant mon chemin, me trouvay en pays moult desollé et desert, pour tant que longtemps y avoit eu guerre entre les habitans du païs, qui moult estoient povres et en petit nombre ; car, pour vous dire, ce sembloit mieulx receptacles de bestes sauvaiges qu’il ne sembloit estre habitación de gens[1]. Une vie nouvelle s’ouvre, en quelque sorte, pour ces populations réduites au désespoir. Tel un condamné, qui, après une longue captivité au fond d’une sombre prison, voit tout à coup tomber ses fers ; avec quelle ivresse ne s’empare-t-il pas de ces biens incomparables dont, depuis tant d’années, il était privé : l’éclat du jour, les splendeurs de la nature, la liberté, la tranquillité, la paix ! Dans tout le royaume, et jusque dans les provinces occupées par l’ennemi, la joie est immense, indicible[2]. Les communications se rétablissent comme par enchantement ; les haines s'effacent ; une sécurité inconnue succède à des périls incessants. Chacun reprend les travaux abandonnés avec autant de confiance que si une paix perpétuelle avait été conclue. Les terres en friche sont mises en culture ; les villages se repeuplent ; les marchands se livrent à leur négoce, et l’on s’étonne de pouvoir traverser sans encombre les terres restées anglaises. Hommes et femmes sortent en foule des villes pour se répandre sur les roules, visiter les lieux de pèlerinage et accomplir les vœux faits dans des jours d'angoisse. On voit des vieillards à cheveux blancs rechercher la trace de leurs demeures et s’efforcer de reconnaître les lieux associés aux joies, aux malheurs, aux désastres d’un passé déjà lointain. Chacun contemple avec bonheur ces forêts, ces champs, tout incultes et déserts qu’ils soient, ces vertes prairies, ces fleurs, ces sources, ces ruisseaux, toutes ces merveilles de la nature qu’un grand nombre, enfermés depuis leur enfance dans l’enceinte des villes, ne connaissent que par ouï-dire[3]. Chose merveilleuse ! Des gens ennemis la veille, ne respirant que le sang et la vengeance, oublient soudain leurs querelles pour se tendre une main amie, s’asseoir à la même table, prendre part en commun à des festins et à des danses. Les gens de guerre des deux partis en font autant, se félicitant d’avoir échappé à de tels périls. Partout ce ne sont que réjouissances publiques, feux de joie, processions solennelles, chants du Te Deum ; les cris mille fois répétés de Noël ! Noël ! retentissent d’une extrémité à l’autre du royaume[4].

Dans ce concert unanime, quelques voix discordantes se font pourtant entendre : certains regrettent que Charles VII n'ait pas poursuivi les hostilités, estimant que la trêve sera plus profitable aux Anglais qu’aux Français[5].

Mais ce n’était point assez de mettre le pays à l’abri des maux de la guerre ; il fallait le délivrer en même temps d’un fléau non moins redoutable, les ravages des routiers. Que faire de ces terribles bandes dont l’indiscipline avait jusque-là résisté à tous les efforts ? L’unique préoccupation du Roi fut de les éloigner du royaume. Nous allons voir comment il y parvint.

Dès l’année précédente il avait reçu des ouvertures du duc Frédéric d’Autriche, roi des Romains, alors en lutte avec les Suisses. Depuis longtemps la plupart des cantons avaient secoué le joug des ducs d’Autriche. Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle (17 juin 1440), Frédéric avait hautement manifesté l’intention de rentrer en possession des pays jadis soustraits à la domination de ses prédécesseurs. Ce jour-là même, des négociations, entamées secrètement avec des représentants du canton de Zurich, aboutirent à une alliance. De concert avec le nouveau roi des Romains, Zurich, la ville directoriale, posait les bases d’une confédération des cantons sous la direction suprême des ducs d’Autriche[6]. Peu après (19 septembre), Frédéric fit solennellement son entrée dans cette ville, au milieu des acclamations populaires ; la communauté lui prêta le serment de l’Empire et jura d’observer le traité d’Aix-la-Chapelle[7]. Dans l’assemblée des députés des cantons confédérés, tenue à Constance, Frédéric, sollicité de confirmer, à l’exemple de son prédécesseur Albert, les franchises des cantons, ne voulut point y consentir : il déclara qu’auparavant il fallait que les choses fussent remises en l’état où elles étaient avant la paix de cinquante ans[8]. C’était ranimer de vieilles susceptibilités. Furieux de se voir refuser ce qu’ils considéraient comme un droit, les confédérés s’assemblèrent à Bade (1er avril 1443), en présence du margrave Guillaume de Hochberg, gouverneur au nom de la maison d’Autriche dans la Souabe et les contrées voisines. Zurich peut-elle, au moment où le roi des Romains refuse aux Suisses la confirmation de leurs franchises, maintenir son étroite union avec lui, contrairement au sentiment unanime des Confédérés, sans violer les alliances perpétuelles ? telle fut la question posée à l’assemblée par les représentants des cantons. Elle ne pouvait être tranchée que par les armes. La guerre contre Zurich commença aussitôt : Schwyz en donna le signal ; Lucerne, Uri et Unterwalden entrèrent en campagne, bientôt suivis par Glaris, Zoug, Berne et Soleure. De leur côté le margrave et les seigneurs autrichiens déployèrent leurs bannières, et la mêlée devint générale[9].

Le margrave de Hochberg, voyant Zurich attaquée par la Confédération tout entière, voulut s’assurer le secours des princes de l’Empire : il n’obtint de succès qu’auprès des deux comtes de Wurtemberg. La situation troublée de l’Allemagne ne permettait pas de compter sur l’intervention de Frédéric III. Le margrave résolut de s’adresser au duc de Bourgogne. Mais Philippe répondit : J’ai déjà reçu pareille demande des Confédérés. Je connais trop leur insolence à l’égard de la maison d’Autriche pour leur donner mon appui ; mais, avant de secourir le roi des Romains, j’attendrai l’exécution de ses promesses au sujet des fiefs impériaux des Pays-Bas et aussi du Luxembourg, sur lequel j’ai d’incontestables droits[10].

Informé par son représentant du refus du duc de Bourgogne, Frédéric prit le parti de s’adresser au Roi de France. Invoquant auprès de lui la cause de tous les rois, de tous les seigneurs, contre des sujets, des vilains, qui osaient attaquer la ville impériale de Zurich et outrager par là le Saint-Empire, il demandait à Charles VII de pouvoir prendre à sa solde, à des conditions déterminées, un certain nombre de ces Armagnacs qui guerroyaient en France. Par ce moyen il pourrait éteindre un incendie dont tous les rois éprouveraient sans cela un notable dommage.

La lettre du roi des Romains, rédigée par le célèbre Æneas Sylvius, alors son secrétaire, porte la date du 22 août 1443[11]. On a aussi une lettre du jeune Sigismond, duc d’Autriche, fiancé à Radegonde de France, écrite dans les termes les plus pressants[12].

Pierre de Mörsperg, porteur des deux messages, ne réussit point dans sa mission : Charles VII lit une réponse dilatoire. Mais la Reine profita de l’occasion pour donner une marque de sympathie à son futur gendre : elle lui envoya une haquenée[13].

Sur ces entrefaites une trêve fut conclue entre le margrave de Hochberg et la ville de Zurich, d’une part, et les Confédérés, de l’autre ; elle devait durer jusqu’au 23 avril 1444[14]. Le margrave mit ce temps à profit. Dans une diète des seigneurs et communautés de Thurgovie, il fit déclarer (3 novembre 1443) que si le roi des Romains n’envoyait de prompts secours, les Etats de l’Autriche antérieure, y compris l’Alsace, se verraient dans l’obligation de se donner au duc de Bourgogne. Devant cette menace, Frédéric sortit de son inaction. Il hypothéqua ses seigneuries pour lever des troupes ; il fit des démarches de plusieurs côtés, à Zurich, en France, à la cour de Bourgogne[15]. L’ambassadeur envoyé près de Charles VII eut mission formelle de solliciter son assistance contre les Suisses[16].

C’était le moment où venaient d’être entamées avec l’Angleterre des négociations pour la conclusion d’une trêve. Charles VII n’hésita pas, cette fois, à accueillir les ouvertures du roi des Romains[17]. Il fut décidé qu’une armée, composée tout ensemble de gens de guerre français et anglais[18] serait envoyée, sous les ordres du Dauphin, pour prêter main-forte à la maison d’Autriche[19]. Des mesures furent prises aussitôt dans ce but[20]. Nous avons une lettre écrite par la Reine peu après le moment où la chose avait été résolue : le jeudi après la Pentecôte (4 juin 1444) elle s’adressait au margrave Jacques de Bade pour lui annoncer le prochain départ du Dauphin, à la tête d’une nombreuse armée, et lui donner l’assurance qu’elle faisait tous ses efforts pour épargner les horreurs de la guerre aux États du margrave et du comte Palatin[21], et qu’elle avait à cet égard la promesse du Roi et de son fils : Quand vous apprendrez, disait-elle, que le Dauphin s’avance, allez à sa rencontre et rappelez-lui cette promesse : il la tiendra, car je l’ai reçue de sa bouche[22].

Le but que se proposait Charles VII, en cédant aux sollicitations de Frédéric III, n’était pas seulement d’entretenir — conformément au style de la chancellerie royale — les anciennes alliances et les relations d’amitié de la Couronne avec les ducs d’Autriche[23]. Il voulait surtout, suivant une énergique et fort juste expression, oster le mauvais sang qui si longtemps avoit altéré le corps de son royaume3[24]. Dans une lettre du mois d’octobre suivant, adressée aux habitants de Reims, le Roi laissait entendre clairement son intention : Vous savez, disait-il, les grans et comme innumerables charges que, pour le fait de la guerre, nous avons eu et avons à supporter, et mesmement pour descharger nostre païs de Champagne et autres pays de nostre obeissance des gens de guerre qui y vivoient, à la grande charge et dommaige de nos subgets d’iceulx païs, et envoier et entretenir hors de nostre royaume lesdictes gens de guerre, à ce que plus ne retournent en nostre dit païs pour y faire les dommaiges qu’ilz ont accoustumé de y faire[25]. Il s’agissait donc — comme à ce moment le Dauphin le faisait écrire aux bonnes villes, en sollicitant leur concours financier — de jeter les gens d’armes hors du royaume[26].

Les contemporains les mieux informés ne se méprirent pas sur le véritable dessein du Roi : le témoignage du commandeur de Saint-Antoine de Viennois à Issenheim[27] est, à cet égard, précieux à recueillir. Dans une relation adressée le 5 septembre 1444 aux bourgeois de Strasbourg, il s’exprimait en ces termes : Voici la cause de la venue dans nos contrées de ces étrangers, telle que je l’ai apprise des principaux d’entre eux, dignes de toute créance. Une fois la paix ou la trêve conclue entre les rois de France et d’Angleterre, il était à craindre qu’il ne fût plus possible de licencier ces compagnies sans exposer à un massacre ceux qui auraient voulu les chasser de force et sans risquer la destruction totale dû territoire. En conséquence, le Roi tint conseil avec les grands du royaume et agita cette grave question. Enfin, ayant eu connaissance des dissentiments qui s’étaient élevés de nos côtés entre les nobles et quelques communes, il prit la décision d’envoyer ces gens de guerre au secours du duc d’Autriche, afin d’en purger le sol de la France, et le Dauphin leur fut donné pour chef, avec d’autres seigneurs, de peur qu’ils ne se figurassent être expulsés du royaume. Sous couleur de ce, ils sont entrés et espèrent rester dans ces parages jusqu’à la fin des trêves existantes entre les susdits rois, c’est-à-dire une année et demie. Pendant ce temps ils pourront faire beaucoup de mal, si Dieu n’y pourvoit[28].

On pourrait citer d’autres témoignages, tels que ceux de Cosme de Médicis et d’Æneas Sylvius, attestant que, avant toutes choses, Charles VII voulait mettre son royaume à l’abri des excès d’une soldatesque sans frein[29].

Est-ce à dire que, soit au début de la campagne, soit au cours de la double expédition dont le récit va suivre, d’autres visées ne se soient présentées à l’esprit du Roi ? Sans admettre, comme n’a pas craint de le prétendre un historien célèbre[30], que, dans une sorte de manifeste, Charles VII ait déclaré hautement qu’il se sentait d’autant plus disposé à répondre favorablement à la requête des princes de la Maison d’Autriche, que, depuis bien des années, la France avait été injustement dépouillée de sa frontière naturelle, le Rhin, et qu’il était de son devoir de la rétablir[31], nous pouvons supposer que le Roi ne voulut point négliger une si belle occasion d’étendre, du côté de l’Allemagne, l’influence et la suprématie de sa Couronne.

C’était, en effet, une antique tradition que le royaume de France avait comme limite, sinon le Rhin, au moins la Meuse et l’Escaut. En énonçant le fait, dans sa description du royaume, le héraut Berry montre bien que cette tradition était encore en pleine vigueur. Après avoir décrit la frontière et parcouru le littoral de la Méditerranée, depuis la rive droite du Rhône jusqu’à Lyon, il ajoute : Et de là est formé du fleuve de Sonne (Saône) dudit Lyon jusqu’à Leuseu (Luxeuil), ès marches de Lauraine. Et près de là commence le fleuve de la Meuse, dont ledit royaume est farmé contre les Allemaignes jusques à la conté de Henault et au païs du Liège. Et à une journée de là est farmé du fleuve de l’Escault, qui part d’enprès Bouhain en Cambrexis jusques à la mer de Flandres où tumbe ledit fleuve. — Les paroles du héraut Berry, dit M. Aug. Longnon[32], auquel nous empruntons cette citation, ont ici une autorité incontestable, car elles nous apprennent ce que le monde officiel d’alors considérait, non seulement comme les frontières naturelles du royaume, mais aussi comme les limites qu’avait assignées à la France un traité déjà vieux de six siècles, le traité de Verdun de 843, que les juristes de la fin du moyen âge invoquaient fréquemment, sans en connaître, plus que nous, le texte, qui probablement ne leur eût pas toujours donné raison.

Nous avons parlé de la limite du Rhin. Certains esprits, plus aventureux que le sage Berry, ne craignaient pas d’affirmer comme un fait incontestable que, dans l’entrevue de Vaucouleurs entre Philippe le Bel et l’empereur Albert, celui-ci avait, avec le consentement de ses barons, accordé au roi de France que les limites du royaume qui, depuis le partage de Charles le Chauve, n’allaient que jusqu’à la Meuse, s’étendraient désormais jusqu’au Rhin. Boutaric, dans sa savante étude sur Philippe le Bel[33], et après lui, un érudit distingué, dans un mémoire sur les relations de la France avec l’Allemagne au quatorzième siècle[34], ont reconnu l’existence d’un traité secret attestant à la fois les visées ambitieuses du roi de France et le consentement tacite donné par l’empereur à la réalisation de ses desseins. Telle fut sans doute l’origine des prétentions dont nous rencontrerons plus loin l’expression.

En même temps qu’une armée formidable était envoyée, sous les ordres du Dauphin, pour guerroyer sur les rives du Rhin, le Roi allait entreprendre en personne une expédition contre la ville impériale de Metz.

Les historiens lorrains racontent, et tout le monde répète après eux, que, vers le mois de mai 1444, Isabelle, duchesse de Lorraine, voulant se rendre à Pont-à-Mousson pour gagner les indulgences accordées par le Pape Eugène IV à ceux qui feraient le pèlerinage de saint Antoine, se fit précéder par ses bagages. Les habitants de Metz, depuis de longues années créanciers de la maison d’Anjou pour des sommes importantes, ne manquèrent pas une si belle occasion de se nantir d’un gage : ils firent main basse sur les chariots de la duchesse, et les emmenèrent, sous bonne escorte, dans leur cité. Isabelle eut beau réclamer : les Messins déclarèrent qu’ils ne rendraient les bagages que contre le paiement des sommes dues, en capital et intérêts. Furieuse, la duchesse serait venue aussitôt en Anjou pour se plaindre à son époux, et, sur les instances du roi René, l’expédition aurait été décidée[35].

Cette anecdote a tous les caractères d’une fable. Il est établi qu’Isabelle n’était pas alors en Lorraine[36], car elle ne quitta l’Anjou qu’à la fin de l’année ; le fait, en le tenant pour exact, n’a donc pu se passer en 1444. Quoi qu’il en soit, le roi René avait de sérieux griefs contre Metz, et c’est sur son initiative que la campagne fut entreprise[37].

 

Avant d’entamer le récit de cette double expédition, il faut nous arrêter un instant aux arrangements pris avec les Anglais, au lendemain du traité du 28 mai.

Une ambassade, composée de Pierre de Brezé et de Jean Havart, partit pour Rouen, où se trouvait encore le comte de Suffolk[38]. Une convention fut signée pour régler la façon dont seraient établis les impôts destinés à remplacer les appatis ou contributions de guerre[39] ; on échangea les lettres de ratification du traité de Tours[40] ; on prit des mesures pour assurer la stricte observation de la trêve[41] ; enfin on s’occupa de la libération du comte d’Angoulême, que le duc d’Orléans poursuivait en ce moment même auprès de Suffolk[42].

Tout enfant — il avait alors douze à treize ans — Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, avait été, en vertu du honteux traité de Buzançais (14 novembre 1412), remis comme otage aux mains des Anglais[43]. Depuis ce temps il était demeuré prisonnier en Angleterre. Doué d’une force d’âme et d’une piété peu communes, il avait attendu patiemment l’heure de la délivrance, livré à l’étude des saintes Écritures et à des travaux littéraires[44]. Au moment où s’ouvrirent les négociations de 1444, le comte d’Angoulême fut amené à Cherbourg. Aussitôt arrivé, il s’empressa d’écrire à son frère pour le supplier de s’employer activement à sa libération[45]. Le comte se trouvait être le prisonnier du duc de Somerset ; or Suffolk avait une grande influence sur ce prince. Le duc d’Orléans et Dunois ne tardèrent point à tomber d’accord avec le comte de Suffolk : le 12 mai fut signé à Tours un acte par lequel, moyennant le paiement immédiat au duc de Somerset d’une somme de douze mille saluts d’or et l’engagement de verser une somme de soixante mille saluts — engagement souscrit par les ducs d’Alençon et de Bourbon, le comte de la Marche, le comte de Dunois et le sire de Lohéac —, le comte d’Angoulême devait être mis en liberté[46].

Sur ces entrefaites, le duc de Somerset vint à mourir (17 mai). De là des difficultés nouvelles, qui préoccupaient à juste titre le comte d’Angoulême : il écrivit (11 juin) d’une façon très pressante au duc d’Orléans et à Dunois pour leur tracer la marche à suivre[47] ; il adressait en même temps au premier des conseils et des observations qui méritent d’attirer notre attention.

Monseigneur mon frère, disait-il, comme celui qui plus doit aimer votre bien et honneur, je vous écris mon avis qui est tel : il est de nécessité, pour le bien de la paix que vous avez commencée et dont vous avez l’honneur, que vous vous teniez près du Roi, et que, pour nulle occupation, vous ne vous en absentiez ; car en cet article gît l’avancement de la paix, votre honneur et profit, et ma délivrance. Pour acquérir l’amour du royaume et pour tirer le Roi des mains où il est, faites que, par votre moyen, l’ameniez à Paris. Que toute diligence soit faite que le mariage du roi d’Angleterre soit consommé, et pour cause. Faites que, pour l’évacuation des gens d’armes de notre parti, vous soyez secondé et qu’on vous prête assistance pour avoir votre héritage de Lombardie. Plaise vous moi aider à cette fois, car onques n’en eûtes tel marché ; si mes amis me manquent à cette fois pour si peu, je me tiens pour abandonné.... Faites que le Roi me fasse quelque don sur Tournai ou sur autre place pour m’acquitter par deçà, car je sais que, quand il me verra, il m’aidera[48].

Le 28 juin, le comte d’Angoulême écrivait encore à Dunois relativement aux scellés des princes et aux douze mille saluts qu’il avait à payer ; il ajoutait en post-scriptum : Je voudrais que vous vous tinssiez à la cour du Roi plus que ne faites, car à mon avis ce serait votre profit et notre grand bien[49].

Ces lettres jettent un jour nouveau sur les intrigues qui s’agitaient alors à la Cour ; elles révèlent le mécontentement qu’excitait, chez certains princes du sang, l’ascendant pris par Pierre de Brezé et par d’autres personnages. Gruel nous apprend que, pendant le séjour de Charles VII à Saumur, dans l’automne de 1443, l’amiral de Coëtivy fut éloigné de la Cour, et que Pierre de Brezé entra au gouvernement, en compagnie de Jamet de Tillay et de Jean de Maupas, seigneur du Mesnil-Simon, dit le Petit-Mesnil[50]. C’est évidemment à cette révolution de palais, et peut-être aussi à la récente faveur d’Agnès Sorel, que le comte d’Angoulême fait allusion. Ce qui n’est pas douteux, c’est que les influences que ce prince redoutait ne tardèrent point à prévaloir : sa délivrance se trouva retardée de plusieurs mois, et les projets d’intervention en Lombardie, mis en avant par le duc d’Orléans, furent écartés[51]. Pourtant Charles VII ne se refusa point à seconder par les voies diplomatiques les desseins de son cousin d’Orléans : Gaucourt, envoyé à Nuremberg vers le roi des Romains, fut chargé de défendre les intérêts du duc d’Orléans et de faire des ouvertures relativement au mariage du comte d’Angoulême avec une princesse de la maison d’Autriche[52].

 

Dans les premiers jours de juin, le Dauphin partit pour se mettre à la tête de l’armée qu’il devait conduire contre les Suisses. Depuis quelques mois on n’avait cessé de diriger des gens de guerre et de l’artillerie vers l’est de la France[53]. Avant son départ, le jeune prince reçut, soit pour lui, soit pour le paiement de ses troupes, des sommes importantes[54]. Le 2 juillet, il était à Mehun-sur-Yèvre[55] ; le 6, à la Charité[56] ; le 20, il faisait son entrée dans la ville de Langres, assignée comme lieu de rendez-vous à son armée[57]. Là il reçut une ambassade du margrave Guillaume de Hochberg et des seigneurs autrichiens, chargée d’exposer la situation critique de Zurich et de demander une prompte assistance[58]. Il en reçut une autre du comte Palatin du Rhin, venant le prier de ne rien entreprendre contre ce prince et les siens[59] ; une autre du conseil du duc de Bourgogne à Dijon, ayant mission de faire plusieurs remontrances, et de présenter douze queues du meilleur vin de Bourgogne[60]. Enfin arriva un envoyé des comtes Louis et Ulrich de Wurtemberg, avec l’offre d’une forte somme d’argent pour prévenir l'occupation du comté de Montbéliard[61].

A la date du 28 juillet, la concentration de l’armée était opérée : elle comptait au moins trente mille hommes[62] ; mais, dans ce nombre, s’il faut en croire un auteur contemporain, il n’y avait guère plus de six à sept mille combattants de bonne estoffe et conduite[63]. Le reste se composait d’un ramassis d’aventuriers de tous pays, attirés par l’espoir du gain, de valets et de pages ; on y voyait même des femmes : un témoin oculaire affirme qu’il y en avait plus de deux mille[64]. Un matériel considérable d’artillerie, qu’on avait fait venir à grands frais, devait permettre d’entreprendre au besoin le siège des places. Autour du Dauphin se trouvaient réunis les principaux capitaines qui avaient figuré dans la lutte contre les Anglais : Jean, seigneur de Bueil, lieutenant et capitaine général du jeune prince ; Philippe de Culant, seigneur de Jalognes, maréchal de France ; Charles, seigneur de Culant ; Amanieu d’Albret, seigneur d’Orval ; Robert de Sarrebruck, seigneur de Commercy ; Antoine, vicomte de Clermont ; Antoine de Chabannes, Jean Sanglier, Robinet d’Estouteville, Gilles de Saint-Simon, Robert de Brezé, et les routiers les plus fameux : les deux Brusac, Blanchefort, Salazar, Lestrac, L’Espinasse, La Hire le jeune, le Roucin, Jean de Ravenel, Pierre Aubert, Dimanche de Court, etc., etc. Le Dauphin avait à ses côtés Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu. Sa maison était là presque tout entière : Amaury d’Estissac, premier chambellan ; Gabriel de Bernes, Aymar de Poisieu dit Capdorat, et Rogerin Blosset, maîtres d’hôtel ; Joachim Rouault, premier écuyer ; Jean de Daillon, seigneur de Fontaines ; Jean, seigneur de Montejean, Louis de Bueil, Guy de Chaourses, seigneur de Malicorne, chambellans[65]. Comme gardes du corps, le Dauphin avait quatre cents Espagnols, sous les ordres de Chausse de Sanac[66]. Des Bretons, des Écossais et un contingent important d’Anglais, sous les ordres du célèbre Matthew Gough[67], figuraient parmi ses troupes.

L’armée s’ébranla dans les premiers jours d’août[68]. Ces hordes indisciplinées s’avancèrent par la Franche-Comté, dévastant tout sur leur passage, commettant les plus effroyables excès. Le Dauphin était le 6 août à Jonvelle, où il reçut une nouvelle ambassade du margrave Guillaume, le pressant au nom du roi des Romains de se hâter et mettant toutes les places à sa disposition[69] ; vers le 10, il était à Luxeuil, et le 12 à Lure. Sur ces entrefaites eut lieu (15 août), à Altkirch, une conférence entre ses représentants, d’une part, le lieutenant du margrave et les seigneurs autrichiens, de l’autre, afin d’arrêter définitivement les stipulations relatives à la campagne : il fut convenu que le logement et les vivres seraient fournis pour vingt-cinq mille chevaux ; on consigna dans une cédule l’indication des villes et forteresses où les troupes seraient logées[70]. Malgré l’opposition de certains de ses conseillers, le Dauphin voulut occuper Montbéliard, qui lui offrait une place de retraite pour ses gens : le 17, à Dampierre-sur-le-Doubs, fut signée une convention réglant les conditions auxquelles la ville serait remise entre ses mains pendant une durée de dix-huit mois[71]. Il y fit son entrée le 19, et y donna audience à une troisième ambassade du margrave[72], venant exposer les dangers de la situation : Zurich était à la veille de se rendre ; le 12 août, les Suisses avaient mis le siège devant Farnsburg, château situé sur le versant nord du Farnsberg, à dix kilomètres de Leistal ; il fallait à tout prix hâter la marche de l’armée. Un conseil de guerre fut tenu le 20, pour délibérer sur le plan de campagne. Attaquerait-on Bâle tout d’abord ? Se porterait-on directement sur Zurich ? Il fut décidé qu’une partie de l’armée serait détachée pour faire lever le siège de Farnsburg ; Jean de Bueil en prit le commandement, et partit aussitôt[73].

Le dimanche 23 août, le Dauphin, à son tour, quitta Montbéliard, y laissant une garnison de trois cents hommes. Tandis que son armée traversait la haute Alsace pour aller rejoindre l’ennemi, il s’arrêta au château de Waltighoffen.

Chacun, en Alsace et dans les pays environnants, se demandait avec anxiété quels étaient ses desseins. Le terrible passage des écorcheurs en 1439 avait laissé de sinistres souvenirs. La terreur était universelle. Depuis quelque temps les bruits les plus alarmants ne cessaient de circuler[74]. En présence d’un péril qui chaque jour devenait plus menaçant, chacun ne songeait qu’à se mettre eu mesure de repousser l’agression[75]. Les plus clairvoyants avaient, plusieurs mois à l’avance, poussé le cri d’alarme, et désigné l’Allemagne comme le but qu’on voulait atteindre[76]. D’une ville à l’autre on se communiquait les nouvelles, on grossissait à plaisir le nombre des envahisseurs, on les voyait déjà se portant sur le Rhin[77]. La croyance générale était que le Dauphin voulait s’emparer de Strasbourg[78]. On lui prêtait l’intention de détruire Bâle, d’exterminer ensuite les Suisses, enfin d’étendre sa domination sur toute la région[79]. A Bâle, on s’attendait à soutenir un siège : à la première nouvelle des ravages commis par les écorcheurs, les magistrats s’empressèrent d’écrire au Dauphin (22 août) pour se plaindre de tels excès et manifester leur étonnement d'être traités en ennemis[80]. A Spire, où l’on croyait toute la haute Alsace déjà au pouvoir des écorcheurs, on faisait provision d’armes et de munitions[81].

La marche en avant du Dauphin justifiait toutes ces craintes. Loin de tenir compte du message des Bâlois, il vint faire une reconnaissance sous les murs de leur ville (25 août), en habit dissimulé, et avec une faible escorte. Il fut accueilli, paraît-il, par des coups d’arquebuses, tirés des remparts, qui blessèrent plusieurs personnes autour de lui[82].

Cependant l’avant-garde de l’armée française, guidée par Burckardt Mönch de Landscrone et par d'autres seigneurs autrichiens, après avoir passé le 23 devant Bâle, s'avançait dans la direction de Liestal. Dans la nuit du 25 au 26 août, les Suisses qui, quelques jours auparavant, avaient renforcé le corps de troupes occupé devant Farnsburg, se décidèrent à marcher au devant de l'ennemi[83]. Les Français, sous les ordres, d'an-tonie de Chabannes et de Salazar, avaient franchi la Birse et étaient déjà parvenus jusqu'à Muttenz et Prattelen, à quatre heures de marche de Farnsburg. Au petit jour, ils furent attaqués par environ trois mille fantassins. Les avant-postes durent se replier sur Muttenz. Là s'engagea une première action, où nos soldats furent défaits et contraints de repasser la Birse. Enivrés par leur victoire, les Suisses, sans tenir compte ni des instructions reçues au départ de Farnsburg ni des ordres réitérés des chefs, franchirent à leur tour la Birse. Jean de Bueil, avec sa cavalerie et le gros de l'armée, occupait une très forte position sur un plateau situé à moins d'un kilomètre de la rivière. Voyant l'ennemi monter à l'assaut, il lança en avant une partie de ses hommes d'armes. Après une lutte acharnée, qui se prolongea jusqu'au soir, et dont le théâtre principal fut la maladrerie de Saint-Jacques, les Suisses, accablés par le nombre, exterminés par l'artillerie, succombèrent pour la plupart[84].

La bataille de Saint-Jacques eut pour résultat immédiat la levée des sièges de Farnsburg et de Zurich. Les troupes de Bueil, lancées aussitôt en avant, s'arrêtèrent à la nouvelle de la double retraite opérée par les assiégeants[85]. Bâle, qui avait fait de formidables préparatifs, n'avait pas osé, malgré l'ardeur guerrière d'une partie de la population, se porter au secours des confédérés. Les habitants, retranchés derrière leurs murailles, laissèrent passer un corps d’environ six mille chevaux qui, se détachant de l’armée, se répandit sur les deux rives du Rhin, dans la direction du Brisgau, où plusieurs villes furent occupées[86]. Les paysans d’outre-Rhin, tout d’abord, avaient accueilli les Français comme des libérateurs, comme des envoyés de Dieu venant les délivrer du joug des Bâlois[87] ; ils ne tardèrent pas à être cruellement désabusés : à la modération dont, paraît-il, les écorcheurs avaient fait preuve au début, succédèrent les excès trop habituels à ces gens avides de sang et de pillage. Aussi furent-ils fort maltraités, et bien vite obligés de rétrograder[88].

Le Dauphin était resté étranger à l’action engagée sur la Birse. De Waltighoffen où il se trouvait pendant la bataille, il se rendit à Altkirch, où les blessés avaient été transportés. C’est là que, le 31 août, il reçut une députation des Pères de Bâle et des bourgeois, où figuraient les cardinaux d’Arles et de Saint-Calixte[89], l’évêque de Bâle, plusieurs prélats, le bourgmestre de la ville et de notables bourgeois. Le cardinal d’Arles prit la parole et exprima l’étonnement que causait la venue du fils aîné du Roi, de l’héritier du trône, dans le dessein d’envahir une ville où le saint concile avait combattu pour la foi, ville paisible, remplie de toute justice et vertu. Le succès d’une telle entreprise ne manquerait pas d’amener la destruction complète de la foi chrétienne et de l’Église catholique ; ce serait le déshonneur perpétuel de la maison de France[90].

Sans même consulter son Conseil, le Dauphin répondit sur-le-champ : Je suis venu, non pour jeter le trouble dans l’Église, que, à l’exemple de mes ancêtres, je veux défendre jusqu’au sang, mais pour réduire les adversaires de mon frère et alié le duc d’Autriche, qui jadis a été uni à ma sœur. Si la ville de Bâle est l'adversaire du duc d’Autriche et l’alliée de ses ennemis, je l’attaquerai de tout mon pouvoir, et je la soumettrai à l’autorité du duc d’Autriche. Que la ville de Bâle renonce à son alliance avec les Suisses, qu’elle me fasse obéissance et me donne satisfaction pour mes dommages et dépens ; enfin qu’elle promette de ne rien faire à l’avenir contre la maison d’Autriche : je la laisserai en paix[91]. La députation repartit le lendemain, après avoir conclu une trêve de huit jours, pendant laquelle les négociations devaient se poursuivre.

Le 6 septembre, Jean de Bueil et Gabriel de Bernes se rendirent à Bâle pour conférer avec les représentants de la cité, auxquels se joignirent les Pères du Concile, l’évêque de Bâle et les envoyés de Berne et de Soleure : Quel est votre seigneur et maître ? demandèrent aux Bâlois les envoyés du Dauphin. Car vous devez avoir un seigneur, comme nous mêmes nous en avons un. Gabriel de Bernes fit un long exposé des griefs du Dauphin : il se plaignit d’abord de la façon dont ce prince avait été reçu quand il avait paru sous les murs de Bâle : on avait tiré sur lui et tué plusieurs de ses gens ; grave insulte qui ne pouvait rester impunie. Il déclara ensuite que, de toute antiquité, la ville de Bâle était sous la protection du royaume de France, comme cela ressortait clairement de plusieurs actes et instruments. Les circonstances difficiles où le Roi s’est trouvé placé dans ces derniers temps lui ont fait négliger l’exercice de son droit, mais son dessein est de faire revivre ces anciennes traditions. J’ai donc mission de demander que la ville de Bâle prête serment et fasse hommage à Monseigneur le Dauphin, lequel ensuite confirmera les libertés et privilèges de la ville et lui en accordera d’autres[92].

Les délégués du Conseil de ville répondirent à l’ambassadeur. L’irruption dans le pays d’une armée qui ne cachait pas ses projets sur la ville de Bâle justifiait à elle seule et excusait pleinement les actes d'hostilité dont le Dauphin se plaignait. Quant au lien avec la Couronne qu’il prétendait leur imposer, ils le repoussaient avec indignation, déclarant qu'ils ne reconnaissaient aucunement ce prétendu droit, qu’ils n’avaient jamais eu à l'égard de la France la moindre relation de dépendance, et qu’ils ne devaient point en avoir[93].

La conférence dura huit jours. Quand les négociations furent assez avancées, une nouvelle ambassade se rendit près du Dauphin, à Ensisheim, où il avait établi sa résidence. Là fut conclue, à la date du 13 septembre, une trêve de vingt jours avec les communes confédérées de Bâle, Berne et Soleure[94]. Cette suspension d’armes fut notifiée, le 20 septembre par Gabriel de Bernes, muni des pleins pouvoirs du margrave Guillaume, à tous les capitaines de l’armée du Dauphin et aux seigneurs qui avaient envoyé des lettres de défi aux villes de Bâle, Berne et Soleure. En même temps le Dauphin donna des lettres de protection à l’évêque de Bâle et à deux seigneurs du pays. La ville de Zurich ne voulut point être comprise dans la trêve[95].

Les arrangements faits à Ensisheim devaient être le prélude d’une prompte pacification. Le duc de Savoie prit le rôle de médiateur entre le Dauphin et les cantons suisses. Deux puissants seigneurs, Jean, comte de Fribourg, seigneur de Neufchâtel — longtemps gouverneur de Bourgogne pour Philippe le Bon — et Jean d’Arberg, comte de Valengin, intervinrent en personne. Les conférences eurent lieu dans la petite ville de Zofingen, située sur les confins de l’Argovie et du canton de Soleure, en présence des ambassadeurs du duc de Savoie. Ceux-ci. après avoir conclu un traité particulier entre le duc et le Dauphin (17 octobre), posèrent, à la date du 21 octobre, les bases d’un accord entre le Dauphin et la Ligue helvétique[96]. Le jeune Louis y donna son approbation le 28, à Ensisheim[97]. Voici quelles en étaient les stipulations.

Le Dauphin s’engage à entretenir bonne intelligence et ferme amitié avec les villes et communes de Bâle, Berne, Lucerne, Soleure, Uri, Schwytz, Unterwalden, Zoug et Glaris, ainsi qu’avec leurs alliés, en particulier le duc de Savoie, le comte de Fribourg et le comte de Valengin, les villes de Bienne et de la Neuveville. Il promet de faire en sorte que les communes suisses ne subissent à l’avenir aucun dommage et que les relations commerciales ou autres avec la France soient libres et sans danger. Par l’entremise du Dauphin, les nobles qui ont déclaré la guerre à Bâle et aux autres communes de la Suisse seront mis en demeure d’accéder à la paix ; s’ils refusent, ils y seront contraints par la force des armes. Le Dauphin veillera également à ce qu’aucun acte d’hostilité ne soit commis dans les places qu’il occupe sur les deux rives du Rhin, et il empêchera que ses gens — sauf les ambassadeurs et marchands des deux nations — ne traversent le territoire des communes suisses. En ce qui concerne la paix entre la maison d’Autriche et la ville de Zurich, d’une part, et les confédérés, d’autre part, le Dauphin n’interviendra qu’avec l’agrément des deux parties ; le traité ne souffrira d’ailleurs aucune atteinte, dans le cas où ces négociations n’aboutiraient pas. Les Pères du Concile de Bâle obtiendront du Dauphin des lettres de sauvegarde en bonne et due forme. Tous les capitaines actuellement au service du Dauphin, et ceux qui y entreront plus tard, jureront sur les saints Évangiles de respecter le traité[98].

Tel fut le premier résultat, assez inattendu, à coup sûr, de l’expédition du Dauphin. A peine entamée, la guerre contre la Suisse se terminait par la conclusion d’un traité d’alliance avec les Confédérés ; et le Dauphin se chargeait de mettre à la raison ces mêmes nobles qui lui avaient servi de guides, au cas où ils se refuseraient à observer le traité ; enfin il se posait comme médiateur entre les Confédérés d’une part, la Maison d’Autriche et la ville de Zurich, de l’autre. Les rôles étaient ainsi singulièrement intervertis : Frédéric III et ses représentants allaient se trouver placés en face de cette étrange alternative, ou d’accepter les conventions faites par le Dauphin, ou d’en appeler aux armes.

 

Quelle avait été, pendant ce temps, l’attitude du roi des Romains ? Arrivé le 1er août à Nuremberg, où depuis longtemps une diète avait été convoquée[99], il fut assailli de plaintes au sujet de l’invasion des écorcheurs. Les députés de Strasbourg, en particulier, insistèrent vivement pour qu’il empêchât à tout prix l’occupation de l’Alsace[100]. Frédéric parut sensible au danger qu'on lui signalait ; il promit d’envoyer une ambassade au Dauphin, et déclara que lui-même et les princes de l’empire se porteraient, s’il le fallait, au secours des provinces menacées[101]. Mais grand devait être son embarras : n’était-ce pas lui qui avait appelé ces bandes, objet de terreur pour la contrée ? comment les arrêter, alors que, à titre d’auxiliaires, elles marchaient contre les Suisses ? Pourtant Frédéric désigna des ambassadeurs pour se rendre près du Dauphin, avec mission de l’exhorter à éloigner ses troupes, et de lui rappeler que le Saint-Empire et la couronne de France étaient unis par des traités d’alliance[102]. Cette ambassade fut-elle envoyée ? Il est probable que son départ fut différé, car, le 25 août, veille de la bataille de Saint-Jacques, nous trouvons les ambassadeurs sur la route de Brisach à Ensisheim, allant joindre le Dauphin[103].

A la nouvelle de la bataille, le roi des Romains prit des mesures indiquant à la fois l’intention de poursuivre vigoureusement la guerre contre les Suisses et d’empêcher l’armée du Dauphin de prendre ses cantonnements en Alsace. Le duc Albert d’Autriche, frère de Frédéric, fut placé à la tête de l’armée destinée à opérer en Suisse (30 août) ; déjà il était gouverneur des possessions autrichiennes en Souabe, en Alsace et dans les pays environnants : le roi des Romains prolongea jusqu’en 1448 la durée de ses pouvoirs (29 août)[104]. En outre Albert reçut le gouvernement du Tyrol, ce qui indiquait nettement le dessein de continuer à exclure le titulaire, le jeune duc Sigismond[105]. En même temps Frédéric s’assura le concours du margrave de Brandebourg et du jeune Louis de Bavière[106].

L’ambassade du roi des Romains arriva le 29 août[107] à Altkirch, auprès du Dauphin. Elle se composait de Pierre de Schomberg, évêque d’Augsbourg ; du docteur Jean d’Aich, du comte de Starhemberg, de Thierry de Halvill, etc. Elle exprima au jeune prince le profond étonnement qu’avait éprouvé le roi des Romains, uni au Roi et à la couronne de France par une si étroite amitié, quand il l’avait vu, à la tête d’une immense horde de barbares[108], entrer sur le territoire de l’empire, occuper les villes impériales et dévaster toute la contrée, sans que rien légitimât une telle invasion. A cette ouverture le jeune Louis répondit qu’il était venu en allié et non en ennemi, ajoutant fièrement que son intention était de recouvrer certaines terres anciennement soumises au royaume de France, et qui s’étaient volontairement et frauduleusement soustraites à son obéissance[109] ; il se réservait d’ailleurs d’envoyer des ambassadeurs au roi des Romains, afin de l’instruire plus à fond de ses volontés[110].

Ces ambassadeurs partirent le 3 septembre pour se rendre à Nuremberg[111]. A son tour, Louis portait plainte au sujet du défaut d’exécution des conventions relatives au logement et à la nourriture de ses troupes. En insistant sur les services rendus par la couronne de France à la Maison d’Autriche et sur ceux qu’il était disposé à lui rendre encore, les ambassadeurs devaient réclamer une solution immédiate : il fallait, pour épargner à la contrée et aux pays voisins des désordres sans cela inévitables, que l’armée pût prendre ses quartiers d’hiver. Les ambassadeurs devaient en outre rappeler au roi des Romains la promesse faite par lui de mettre en liberté son pupille le duc Sigismond, que, depuis plusieurs années, il retenait arbitrairement, et solliciter le prompt accomplissement du mariage de ce prince avec Radegonde de France[112].

Justement offensé du changement d’attitude du roi des Romains et du mauvais procédé dont ce prince usait à son égard, le Dauphin voulait à toute force ouvrir les hostilités ; il commença même des préparatifs pour assiéger Mulhouse. On eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu’au lendemain de l’envoi d’une ambassade il ne pouvait se permettre une telle agression. Louis ne s’arrêta que devant les pressantes supplications des seigneurs du pays[113]. Mais il plaça des garnisons dans les forteresses voisines de Mulhouse, et fit occuper plusieurs places de la haute Alsace. Une convention, passée avec Conrad de Bussnang, évêque démissionnaire de Strasbourg, le rendit maître de Rouffach et d’Eguisheim[114].

Quittant Altkirch, le Dauphin ne tarda pas à s’établir à Ensisheim, au centre de la haute Alsace[115]. Déjà le bruit courait qu’il allait marcher sur Strasbourg, et l’on ne doutait pas qu’il ne voulût forcer cette ville à reconnaître son autorité[116]. N’avait-il pas fait choix d’ambassadeurs pour entrer en pourparlers avec les habitants et sondé le commandeur d’Issenheim pour savoir si celui-ci consentirait à leur servir d’introducteur[117] ? Il ne tarda pas, en effet, à envoyer par un de ses hérauts une sommation à la ville de Strasbourg[118].

Cependant, la horde d’aventuriers affamés et déguenillés dont se composait en majeure partie l'armée du Dauphin[119] marchait résolument eu avant. Évitant les villes fortifiées, elle occupait les places de moindre importance, et nombre de châteaux lui ouvraient leurs portes. Les écorcheurs ne tardèrent pas à déborder de la haute Alsace dans la basse Alsace. Le 9 septembre, un corps de douze mille chevaux vint s’établir autour de Schlestadt, et de là rayonna dans la contrée. Sur ces entrefaites, Strasbourg vit arriver des bandes non moins nombreuses qui pillèrent tous les villages environnants. Dans le courant de septembre, six mille chevaux se répandirent entre Strasbourg et Haguenau. Du 9 au 16, Ebersheim, Bleinschwiller, Erstein, Plobsheim, Geispoltzheim, Eschau furent occupés. Si l’on observe que les deux dernières places sont l’une à treize, l’autre à onze kilomètres de Strasbourg, on peut se rendre compte de l’effroi qui régnait dans cette ville. D’autres places, telles que Barr, Epfig, Stotzheim, tombèrent également au pouvoir des écorcheurs, qui firent une double tentative sur Saint-Hippolyte et Dambach, et livrèrent deux assauts successifs à Rhinau[120]. Au même moment, quatre mille Anglais, sous les ordres de Matthew Gough, pénétraient en Alsace par la montée de Weinbourg, près de Saverne[121] : on eût dit qu’un mouvement convergent s’opérait vers Strasbourg et que cette ville allait subir une vigoureuse attaque.

Le jour même où apparaissait, d’une façon si menaçante, cette nouvelle troupe, un messager se présentait aux portes de Strasbourg, porteur d’une lettre de Pierre de Brezé : il venait demander, au nom du Roi, qu’on lui fît ouverture de la ville et qu’on pourvût à l’entretien de son armée ; il avait mission de réclamer des Strasbourgeois l’engagement de ne s’allier avec aucune autre ville ; s’ils voulaient envoyer une députation au Roi, elle serait conduite auprès de lui en toute sécurité. Un refus péremptoire fut la seule réponse à cette communication[122]. Le lendemain 19, une grosse troupe s’avança jusque sous les murs de Strasbourg[123].

Chose digne de remarque : au moment où Charles VII faisait sonder les habitants de Strasbourg pour savoir s’ils seraient disposés à lui ouvrir leurs portes, le roi René proposait aux habitants de Colmar de renouveler le traité de protection passé jadis avec leur ville[124], s’engageant à le faire confirmer par le Roi et par le Dauphin. Pareille démarche fut faite auprès des habitants de Schlestadt, de Kayserberg, et sans doute d’autres villes encore[125]. A Colmar, on venait justement de porter plainte auprès du Dauphin contre les excès de ses gens de guerre[126] : comment aurait-on pu accueillir une telle demande ?

Rien ne pouvait mettre la population à l’abri de ceux qu’on appelait les Armagnacs (armen jecken). Trop fidèles à leurs habitudes invétérées, ils pillaient, rançonnaient, mettaient tout à feu et à sang, abusaient des femmes, faisaient subir d’affreux supplices aux malheureux paysans. C’était, de toutes parts, le même cri d'horreur au sujet de ces crimes et de ces déprédations[127].

Tandis que l’invasion s’étendait de la sorte à toute l’Alsace, les ambassadeurs du Dauphin étaient à Nuremberg, attendant la réponse du roi des Romains[128]. Elle ne fut point de nature à leur donner satisfaction. Relativement au logement des troupes, Frédéric se bornait à dire que son frère le duc Albert allait se rendre eu Alsace, muni de pleins pouvoirs, et qu’une fois sur les lieux il donnerait la provision demandée ; en ce qui concernait le duc Sigismond, Albert était chargé de tout arranger à la satisfaction du Roi et du Dauphin[129].

Les envoyés du Dauphin avaient à peine quitté Nuremberg que deux ambassadeurs du Roi y arrivèrent : c’étaient le sire de Gaucourt et Jean Franberger, déjà mêlés autrefois aux négociations entre la Couronne et la maison d’Autriche[130]. Dès le mois d’avril 1444, Charles VII avait reçu une ambassade des États du Tyrol, sollicitant son concours pour obtenir la mise en liberté de leur seigneur le duc Sigismond. Il avait répondu à cette ouverture par la promesse d’une prompte intervention ; et aussitôt il avait écrit au duc de Milan et au doge de Venise pour leur demander de joindre leurs efforts aux siens[131]. C’est en accomplissement de cette promesse que Charles VII envoyait des ambassadeurs à Nuremberg[132], et le principal objet de leur mission était l’affaire du duc Sigismond. Cette fois Frédéric dut se montrer plus explicite : il déclara qu’avant la fête de l’apparition Notre Seigneur (6 janvier) il laisserait à son neveu toute liberté de se rendre dans ses États, et qu’il autorisait à le dire en son nom au Roi[133].

A Nuremberg, les membres de la diète étaient fort émus de la situation de l’Alsace, et se demandaient jusqu’où irait l’audace de cette multitude qu’on avait eu l’imprudence d’attirer sur le territoire de l’empire. Le premier mouvement fut de prendre les armes contre ces alliés de la veille devenus les ennemis du lendemain. Au moment même où le duc Albert partait pour l’Alsace, le comte Palatin Louis de Bavière fut investi du commandement, et rendez-vous fut donné à Strasbourg, pour le 16 octobre, aux contingents des villes impériales[134]. Mais comment Frédéric III, qui n’avait pas su triompher de la résistance des Suisses, aurait-il pu se mesurer avec une armée comptant dans ses rangs les capitaines les plus expérimentés de l’époque ?

Ces menaces n’émurent pas le Dauphin et ses conseillers. A la fin de septembre, Louis se porta vers Marckolsheim, place située dans la basse Alsace, sur les bords du Rhin. Cette ville appartenait à l'évêque de Strasbourg, Robert de Bavière, cousin de l’électeur Palatin[135]. L’évêque vint trouver le Dauphin, et cette entrevue donna lieu à des commentaires peu bienveillants pour le prélat[136]. La marche en avant du jeune prince redoubla les craintes des Strasbourgeois. On prêtait toujours au roi de France l’intention de revendiquer la possession de tout le territoire situé en deçà du Rhin[137]. De Marckolsheim, le Dauphin envoya une sommation à Rhinau, place située à vingt-sept kilomètres de Strasbourg ; secourus par les Strasbourgeois, les habitants firent bonne contenance et repoussèrent l’attaque, infligeant aux envahisseurs des pertes sensibles. On fut plus heureux à Saint-Hippolyte, qui, après deux assauts successifs, consentit à traiter. Poursuivant sa route, le jeune Louis s’avança sur Chatenois, au nord-ouest de Schlestadt, tandis que le maréchal de Jalognes s’emparait de Rosheim et de Niedernai. Il semblait qu’il ne restât plus au maréchal qu’à opérer sa jonction avec les Anglais de Matthew Gough, qui déjà avaient dépassé Wasselonne, et, à ce moment même (30 septembre), après un vigoureux assaut, occupèrent la petite place de Wangen. De Chatenois, le Dauphin se porta sur Lambach, dont il fit le siège. Mais là il reçut une blessure qui nécessita un repos de quelques jours, et le fit rétrograder jusqu’à Chatenois[138].

Ce fut le signal d’un temps d’arrêt dans la marche offensive de l’armée française. Vivement ému à la nouvelle que son fils avait été blessé, Charles VII lui envoya messages sur messages pour le presser de revenir sans délai auprès de lui[139]. Peut-être, trouvant qu’on allait trop loin, voulut-il empêcher que la guerre ne prît le caractère d’une lutte ouverte contre l’empire[140]. Toujours est-il que, dès qu’il fut en état de monter à cheval, le Dauphin abandonna la basse Alsace : il revint s’installer à Ensisheim, où il se trouvait le 17. C’est là qu’il reçut une communication du frère du roi des Romains.

Le duc Albert venait d’arriver en Alsace. Accompagné des margraves de Bade et de Brandebourg, du comte Ulric de Wurtemberg et de Guillaume de Hochberg, il s’avança jusqu’à Brisach pour se rencontrer avec le jeune prince[141]. L’entrevue eut lieu vers le 20 octobre, près de Brisach[142] ; elle aboutit à la conclusion d’une trêve de trois semaines, durant laquelle les troupes devaient s’abstenir de toute agression[143]. On espérait pendant ce temps arriver à un accord. Il fut convenu qu’une nouvelle conférence aurait lieu à Rosheim[144].

Les négociations se poursuivirent d’abord à Ensisheim[145], entre les ambassadeurs du duc Albert et les conseillers du Dauphin, sans aboutir à aucun résultat. Les ambassadeurs ne craignirent pas de soutenir que la demande de secours faite jadis au Roi par le roi des Romains était conditionnelle ; que ce prince n’avait pas compté sur l’envoi d’un aussi grand nombre de gens de guerre ; qu’il avait été question seulement d’un secours de cinq mille hommes ; enfin que le marquis de Rothelin et les seigneurs autrichiens n’avaient aucunement reçu le pouvoir d’introduire le Dauphin, avec une telle armée, dans les possessions de la maison d’Autriche, de lui faire ouverture de places, ni de traiter avec lui de la subsistance des troupes Les ambassadeurs se plaignirent enfin des désordres commis par les troupes du Dauphin, et de ce que ce prince avait, a ce qu'on disait, demandé à Bâle et à Épinal, ville de l'évêché de Metz et de l'empire, de lui ouvrir leurs portes[146].

Le Dauphin fit répondre qu'il n’aurait jamais pensé que, en reconnaissance des grands services, amitiés et plaisirs qu'il avait faits au roi des Romains en venant à son secours avec si noble et grande puissance, on pût lui opposer de telles chicanes ; ce n’était point chose honorable de quérir fuite et prendre escusacion par telles subtivitez. Le Dauphin avait agi comme il devait le faire ; il avait tout abandonne pour répondre à la requête du roi des Romains. C'était chose notoire que le gouverneur et les seigneurs du pays d'Autriche avaient incessamment sollicité la venue du Dauphin, et fait avec lui certaines conventions : en tout cela ils n'avaient pu agir sans le sçu et le consentement du roi des Romains, lequel avait lui-même, par ses premières lettres, requis l'assistance du Roi. Le Dauphin persistait donc à demander au roi des Romains que, conformément aux conventions passées avec lui, des vivres fussent assurés à l’armée jusqu’à la Saint-Jean et qu'elle reçût assignation de places pour vingt-cinq mille hommes Moyennant cela, le Dauphin veillerait sur ses gens et leur donnerait l’ordre de ne se livrer à aucun dommage ; sinon il ne répondait de rien, car les excès qui pourraient être commis au pays d’Autriche seraient le résultat de la non-exécution des promesses faites[147].

Le Dauphin ne paraissait pas disposé à quitter Ensisheim avant d’avoir obtenu la satisfaction demandée. Tout en arrêtant la marche de son armée, il la maintint dans les positions conquises.

Le bruit de son expédition s'était répandu au loin : dans le courant de novembre, des ambassades du Pape, de la seigneurie de Gênes, du duc de Milan, arrivèrent à Ensisheim, Une ambassade du duc Albert, à la tête de laquelle était l'évêque d'Augsbourg, vint tenter un dernier effort pour obtenir l'évacuation immédiate de l'Alsace[148]. Au jour convenu, le duc Albert s'était rendu à Rosheing : au lieu du Dauphin, il n'y avait trouvé que le maréchal de Jalognes, qui avait établi là son quartier général[149] ; c'est alors qu'une nouvelle ambassade avait été dirigée sur Ensisheim.

Dans cette conférence, le ton des ambassadeurs se radoucit singulièrement. On venait d'apprendre qu'un traité avait été conclu entre le Dauphin et les Suisses ; en outre, l'évêque d'Augsbourg arrivait de Nancy, où il avait été trouver Charles VIL Le Roi l'avait reçu très froidement; à sa 'demande d'évacuation de l'Alsace, il avait répondu par ces paroles : Ce que mon fils a entrepris dans ce pays, il n'a qu'à le continuer[150]. L'évêque commença par remercier le Dauphin, au nom du roi des Romains, chef de la maison d'Autriche, du secours qu'il avait prêté à ce prince contre les Suisses, anciens ennemis de sa maison. Grâce à l'intervention du Dauphin, la paix était maintenant en voie de conclusion : la cause ayant cessé, l'effet devait également prendre fin. En conséquence, les ambassadeurs avaient mission de solliciter le Dauphin de se retirer ; car, d'une part, la maison d'Autriche ne l'avait point requis de venir en personne, et, d'autre part, elle n'avait jamais pensé qu'il se ferait accompagner d'une telle multitude, composée de gens qui devaient ruiner le pays et y causer tous les maux imaginables[151].

A cette requête, le Dauphin fit répondre en ces termes : il avait été heureux de pouvoir venir en aide à la maison d’Autriche ; il apprenait avec plaisir que, grâce à ce secours, l’accord avait pu s’établir entre elle et ses ennemis. En entrant en Allemagne, son but principal avait toujours été de confondre les ennemis de la maison d’Autriche ; ce qu’il eût fait si les promesses du comte de Lutzelstein et de Pierre de Mörsperg, venus vers lui au nom de cette maison, avaient été tenues ; mais il n’avait rien obtenu à cet égard. Il s’était donc vu dans la nécessité d’entretenir ses troupes à grands frais et de s’assurer par la force des armes la possession de places de sûreté pour s’y retirer lui et les siens, et s’y mettre, durant l’hiver, à l’abri du froid et des attaques de l’ennemi ; il n’y était parvenu qu’au prix de l’effusion de son propre sang et de la perte d’un grand nombre de ses meilleurs hommes d’armes, les uns tués, les autres blessés. Aussi lui semblait-il impossible, dans l’état où lui et les siens se trouvaient, exténués, blessés et mal vêtus, d’abandonner un bon pays et des lieux bien fortifiés pour affronter les rigueurs de l’hiver dans des contrées inconnues. Si toutefois il plaisait à la maison d’Autriche, l’hiver écoulé, de l’indemniser de ses dépenses, il offrait d’évacuer, au mois de mars prochain, le pays et les places qu’il occupait, à moins qu’on ne préférât remplir les engagements contractés au début à son égard[152].

Après cet échange d’explications, les ambassadeurs se retirèrent : les uns retournèrent près du duc Albert ; les autres se rendirent près du Roi à Nancy pour le presser de nouveau d’engager le Dauphin à évacuer l’Alsace.

Les choses en étaient là quand, dans les derniers jours de novembre, le Dauphin, quittant Ensisheim, se retira à Montbéliard pour aller ensuite rejoindre son père à Nancy. Il ne partit pas sans avoir assigné à son armée des cantonnements pendant l’hiver : toute la contrée était couverte de troupes, depuis Altkirch, au sud de la haute Alsace, jusqu’à Molsheim et Marlenheim, non loin de Strasbourg[153].

Attaquer une armée aussi formidable pour la contraindre à la retraite était une entreprise au-dessus des forces de la maison d’Autriche. En dépit des appels aux armes, des rendez-vous militaires[154], des ordres réitérés de marche contre l’ennemi[155], le duc Albert et le comte Palatin restèrent sur la défensive. Livrées à elles-mêmes, les villes d’Alsace résistèrent comme elles purent aux envahisseurs[156]. On dut se résigner à attendre du temps ce qu’on ne pouvait obtenir par la voie des armes.

Il nous faut maintenant revenir en arrière pour assister aux opérations de la seconde armée, commandée par le Roi en personne ; nous verrons ensuite quelle fut l’issue des négociations relatives à l’évacuation de l’Alsace.

 

 

 



[1] Le Jouvencel, par Jean de Bueil, publié pour la Société de l'histoire de France par MM. L. Lecestre et Camille Favre, t. I, p. 19.

[2] ... Immensa et, quæ vix referri possit, lætitiæ. Thomas Basin, t. I, p. 161.

[3] Juvabat et silvas videre, et agros, licet ubique pæne squalentes et desertos, viventia prata, fontesque atque amnes, et aquarum rivulos, de quibus quidem a multis, qui urbium claustra numquam exierant fama dumtaxat, experimento vero nulla notifia habebatur. Thomas Basin, p. 162.

[4] Voir sur ce soudain et merveilleux changement, Thomas Basin, t. I, p. 161-162 ; Chronique de Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 5-6 ; Registres de la cathédrale de Rouen, cités par Ch. de Beaurepaire, les États de Normandie, p. 83, note ; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 574, etc.

[5] Voir Mathieu d'Escouchy, p. 8.

[6] Voir Die Eidgenössischen Absrhiede aus dem Zeitraume von 1421 bis 1477, 211. Cf. Pfister, Histoire d'Allemagne, t. VI, p. 205-206, et Müller, Histoire de la Confédération suisse, t. V, p. 269 et 274-281.

[7] Müller, t. V, p. 291-292.

[8] Voir Müller, t. V, p. 300 ; cf. t. IV, p. 159.

[9] Müller, t. V, p. 325 et suivantes.

[10] Müller, t. V, p. 359.

[11] Le texte est dans Schoepflinus, Alsatia diplomatica, t. II, p. 371. Cf. Müller, t. V, p. 360-361 ; Barante, t. VII, p. 183-184.

[12] Lettre du 21 août 1443 : original, Le Grand, vol. 4 (Fr. 6963) f. 1 ; éditée par Sehoepflinus, Alsatia diplomatica, t. II, p. 372. — Sigismond n'avait alors que seize ans.

[13] Mandement de la Reine en date du 6 septembre 1443. Ms. fr. 20418, n° 34.

[14] Müller, t. VI, p. 14.

[15] Müller, t. VI, p. 22-23.

[16] En l’an mil CCCCXLIIII, le Roy des Romains et ses frere et neveux, ducz d’Autriche, voyans la grande hostilité, destruccion, invasion de perseqution de gens et de païs que les Suisses avoient faiz et portez, faisoient et portoient incessamment en la seigneurie d’Autriche, eurent par plusieurs foiz requis ou fait requerir le Roy nostre dit souverain seigneur, par leurs ambaxeurs et lettres expresses, de leur envoyer aide et secours pour leur aider à resister à l’entreprise desdiz Suisses. Instructions de Charles VII en date du 24 janvier 1447, publiées par Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. II, p. 151. Cf. les Remontrances du 13 mars 1445, id., ibid., p. 139.

[17] Il est fait mention dans les comptes de la présence d’un ambassadeur allemand à Tours. (Sixième compte de Jean de Xaincoins, dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 83.) Il est question en outre, de l’envoi d’un matériel de guerre fait, en 1443-44, par le duc d’Autriche : un huissier d’armes du Roi fut chargé de conduire de Tours à Lyon un chariot plein de cranequins, targes, salades et autres menues choses envoyées par le duc d’Autriche au Roy. (Id., ibid., f. 85.)

[18] C’est ce qui résulte de ce passage de Berry (p. 425) : En ce temps conclut le Roy en son Conseil qu’on envoyeroit les gens d’armes de France, tant François comme Anglois, pour vivre en Allemagne et faire guerre cependant que les trêves dureroient et demeureroient en leur vertu.

[19] On lit dans Adrien de But (Chroniques belges, p, 275) : Hoc tempore medio rex Francorum ordinavit tam Francos quam Anglicos, cum Delphino primogenito suo, dirigere versus Almaniam, quorumdam occasione qui Francos infestaverant alia parte...

[20] Les comptes nous donnent quelques renseignements à ce sujet : Pierre de Fontenil fut envoyé en Picardie ; Robert d’Estouteville à Granville ; Olivier de Couvran et Olivier de Broon reçurent 300 l. t. pour tirer leurs gens de Granville et les mener en certain voyage à eux ordonné. Sixième compte de Xaincoins, ms. 685 du Cabinet des titres, f. 84.

[21] Marie d’Anjou s’intéressait à ces deux princes à un double titre : Jacques, margrave de Bade, avait épousé Catherine de Lorraine, sœur d’Isabelle, mariée à René d’Anjou, lequel était donc beau-frère du margrave ; Louis de Bavière, comte Palatin du Rhin, était à la veille d’épouser Marguerite de Savoie, veuve de Louis III, roi de Sicile, et par conséquent belle-sœur de la Reine.

[22] Nous ne possédons cette lettre que dans un texte allemand publié par Fugger, Ehrenspiegel, etc., éd. de Birken, p. 550.

[23] Icelui nostre souverain seigneur, considérant les grandes amour, affinitez et alliances qui tous jours avoient esté entre luy et les dessudiz (Frédéric, Albert et Sigismond), et désirant ensuivre les bons et louables faiz de ses predecesseurs, aussi en faveur de son beau filz le duc Sigismond d’Autriche, leur voulant à tout son povoir secourir et aider... Instructions citées plus haut.

[24] C’est à tort que certains historiens (et en particulier M. de Barante) ont placé cette expression dans la bouche du Roi ; elle est du président Fauchet. Voir Origines des chevaliers, armoiries et heraux, etc., recueillies par Claude Fauchet, à la suite des Antiquitéz, Gauloises et Françoises. Paris, 1610, in-4°, p. 527.

[25] Original, aux archives de Reims. Cf. les lettres patentes du 9 janvier 1445 (Archives, K 68, n° 9), publiées par M. Tuetey, les Écorcheurs, etc., t. I, p. 307, note ; une lettre du Dauphin aux habitants de Senlis, en date du 17 juillet 1445, dans Lettres de Louis XI, t. I, p. 21 ; enfin un passage de Thomas Basin, t. I, p. 164-165, et celui de Berry, cité plus haut.

[26] Communication faite, à la date du 24 juillet 1444, aux habitants de Mâcon. Canat, Documents inédits pour servir à l'histoire de Bourgogne, p. 445.

[27] M. Tuetey nous dit (t. I, p. 274) qu’il n’a pu retrouver le nom de ce personnage ; il nous paraît résulter de documents conservés aux archives de Strasbourg (AA 180), et enregistrés dans l'Inventaire imprimé (t. I, p. 65), qu’il s’appelait Jean Berthonelli. Ses lettres nous apprennent en outre qu’il était neveu de l’évêque de Mondovi (Aymeri Segaud), l’un des prélats du Concile qui séjournaient encore à Bâle.

[28] Lettre du commandeur d’Issenheim aux habitants de Strasbourg, en date du 5 septembre 1444, dans Tuetey, t. II, p. 511 et suivantes. Passage traduit par l’auteur, t. I, p. 138.

[29] Dans une lettre de Cosme de Médicis à Sforza, en date du 20 décembre 1444, publiée par Osio (Documenti diplomatici, etc., t. III, p. 350-351), on lit : L'andata del Dalfino nella Magna... è per tenere quelle genti d'arme fuori del reame. Cf. lettre de Gerolamo di Siena au duc de Milan, en date du 15 juillet 1444 (Id., ibid., p. 308). — Æneas Sylvius dans le chap. XXXIX de son Europe Status (ap. Freher, 3e édit., t. II, p. 136), s'exprime ainsi : Ut Franciam militaribus spoliis atque incendiis diu agitatam tantisper sineret requiescere.

[30] Müller, Histoire de la Confédération suisse, t. VI, p. 113 (suivi par M. de Barante, dans son Histoire des ducs de Bourgogne, t. VII, p. 189).

[31] Müller a rédigé ce prétendu manifeste à l'aide de passages empruntés à de vieux auteurs allemands, tels que Schilter (Remarques sur la chronique de Kœnigshoven, p. 1002) : Und liess andeuten dass Strasburg und die gantze Landschaft bin an Rhein au Frankreich gehörten, et Wimpheling (Germania ad remp., dédicace) : Vendicare velle jura domus Galliæ, que usque ad Rhenum extendi dicebat ; quæ de causa urbem Argentinam obessurum se asservabat. Mgr Héfélé s'est fait, de nos jours, l'interpréte de ce sentiment : L'intention du Dauphin, dit-il (Histoire des Conciles, t. XI, p. 515), n'était pas tant de combattre les Suisses que de s'emparer, au bénéfice de la France, de la rive gauche du Rhin.

[32] Les limites de la France, dans la Revue des questions historiques, t. XVIII (1875), p. 445-446.

[33] La France sous Philippe le Bel, p. 398-400.

[34] Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l’Allemagne de 1292 à 1378, par Alfred Leroux, Paris, 1882, gr. in-8°, p. 103-108. Cf. l’opuscule du Dr Janssen : Frankreichs Rheinglüste and deutsch-feindliche Politik in früheren Jakrhunderlen, 2e édit. (Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1883), p. 2 et suivantes.

[35] Histoire de Metz, par les Bénédictins, t. II, p. 642 ; Histoire de Lorraine, par D. Calmet, nouv. édit., t. V, p. 486-487.

[36] Les comptes du trésorier du roi René établissent qu’Isabelle était encore en Anjou au mois d’octobre 1444, époque où elle reçut un message de son mari (Extraits du 10e compte d’Étienne Bernard, dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 89). Au mois d'août, Guillaume l’Auvergnac, huissier d’armes du Roi, était envoyé à Angers vers la reine de Sicile, porteur de lettres closes de Charles VII (Sixième compte de Xaincoins. Id., f. 85).

[37] Voir Thomas Basin, t. I, p. 163. — Voici comment Jean Chartier raconte les choses (t. II, p. 43) ; on remarquera qu’il ne souffle mot de l’incident de la duchesse : Lesdictes treves données... supplia au Roy de France le Roy de Secille qu'il lui pleust donner confort, secours et aide à conquerer la ville de Metz en Lorraine et autres certaines places adjacentes estans oudit pays, lesquelles lui estoient rebelles et desobeissans, combien qu’elles soient de son propre domaine, comme il disoit.

[38] Nous voyons dans le Sixième compte de Jean de Xaincoins que Pierre de Brezé fit plusieurs menus voyages en juillet 1444. Il reçut à ce moment 500 l. t. pour soustenir ses despens. Cabinet des titres, 685, f. 80 v° et 82.

[39] Il est fait allusion à cette convention, dont nous n’avons pas le texte, dans les instructions du duc de Bourgogne à ses ambassadeurs en date du 4 mars 1445. — Des lettres de Charles VII, en date du 15 juillet 1444, portent règlementation sur la matière (Archives du Nord, B 1538). Le 28 juillet suivant, le Roi nomma un receveur général des deniers levés à ce propos (Idem). — Un voyage de Jean Havart, de Sens à Vernon et à Rouen, pour le fait des ordonnances des apatis, est mentionné dans le compte cité ci-dessus (f. 84 v°.).

[40] Les lettres de ratification de Henri VI sont datées du 27 juin 1444. Rymer, t. V, part I, p. 133.

[41] Le duc d’Orléans, le comte de Vendôme, Pierre de Brezé et Bertrand de Beauvau, seigneur de Précigny, signataires du traité, agirent d’abord comme conservateurs de la trêve (Voir acte du 8 juillet 1444, dans Doat, 9, f. 303). Peu après Dunois fut nommé conservateur général de la trêve.

[42] Le 5 juillet, le duc d’Orléans faisait payer au comte de Dunois 50 écus d’or par lui avancés à Cognac, poursuivant d’armes du comte d’Angoulême, pour être allé de Tours, le lendemain de la Pentecôte (1er juin), à Rouen, en la compagnie du comte de Suffolk, et de là vers le comte d’Angoulême à Cherbourg, pour l’affaire de la délivrance de ce prince. British Muséum, Additional Charters, n° 476 et 3980 ; cf. n° 3982.

[43] Voir tome I, chap. VIII. — Le comte d’Angoulême était né, non le 26 juin 1404, comme l’ont dit tous les historiens, mais entre le 1er mai 1399 et le 1er mai 1400, ainsi qu’il résulte des recherches d’un élève de l’École des Chartes, M. G. Dupont-Ferrier, qui prépare une thèse sur le comte d’Angoulême.

[44] Voir la Vie du très illustre et vertueux prince Jean comte d’Angoulême, par Jean du Port (1589), réimprimée en 1842 par M. Eusèbe Castaigne (in-8° de XXXII-112 p.).

[45] Lettre entièrement autographe, datée de Cherbourg le 9 avril. Archives, K. 64, n° 3717. C’est à tort que M. Vallet, qui mentionne cette lettre dans son édition de la Chronique de Cousinot (p. 90, note 1), lui donne la date de 1445.

[46] Ce document, qui se trouve en copie contemporaine dans le ms. fr. 2811, n° 19, a été publié dans la Revue des documents historiques, t. IV, p. 21.

[47] Très chier et très amé frère bastard, écrivait le comte à Dunois, veuilliés savoir que ay sceu... l’appointement qui, par vostre bon moyen, a esté prins avecques mon cousin de Southfollz touchant mon fait. L’apointement est très bon, ce ne fust l’inconvénient de la mort du duc de Somerset, mon maistre... et ne rompera point, se la faute ne vient de nostre costé... Et pour que, par Coingnac, je ay sceu plusieurs choses, et que principalement par vostre moyen ma délivrance ce treuve, et ce elle sortit effet à ceste fois je congnois que vous en estes cause, sy vous prie, et tant affectueusement que plus puis, que à ce ne vueilliés rien espargner, et prendre en vous entièrement toute, la conduite de la chose, laquelle je vous balle comme à celuy à qui j’ay et bien doy avoir plus parfaite confiance. — Texte copié par M. Rathery sur l’original et publié dans la Revue des documents historiques, t. IV, p. 22, note. — Voir la procuration donnée le 9 juin par le comte. Archives, K 68, n° 6.

[48] Original autographe, réintégré aux Archives nationales (K. 64, n° 3720), par les soins de M. Léopold Delisle, qui a publié, en 1884, le texte de cette curieuse lettre dans la Bibliothèque de l’École des chartes, t. XLV, p. 103. Voir tirage à part : Deux lettres de Bertrand du Guesclin et de Jean le Bon, comte d’Angoulême (Paris, Champion, 1884, in-4° de 7 p. avec fac-similé). — Nous avertissons, une fois pour toutes, que souvent les textes donnés dans ces pages sont un peu rajeunis, afin d'en faciliter la lecture ; ce n’est que dans les notes que nous reproduisons scrupuleusement l’original.

[49] Texte publié dans la Revue des documents historiques, t. IV, p. 23, d'après l’original, faisant partie de la collection de M. Eugène Minoret.

[50] Gruel, p. 395.

[51] Il est fait allusion en ces termes aux projets agités alors, dans les Réponses du Dauphin aux remontrances du roi des Romains durant la campagne de Suisse et d’Alsace : Item deveroit considérer le roi des Romains que monseigneur le Dauphin, à la puissance de ses gens d’armes, peut donner secours et ayde au Roy de Sicile son oncle contre ses ennemis qui sont prochains du royaume, et aussy recouvrer plusieurs lieux et seigneuries du royaume qui sont tenus et occupez par aucuns princes ; lesquelles choses avoit et a bien à cuer ledit monseigneur le Dauphin. Tuetey, t. II, p. 132. — Dans un autre document, émané de la chancellerie royale, il est dit : Le Roy n’avoit que faire d’envoyer mon dit seigneur et ses gens audit pais d’Alemaigne... car assez avoit à les employer, s’il eust voulu, sur ses ennemis et adversaires et de son royaume, et aussi pour le Roy de Sicile, son frere, au recouvrement de son royaume. Tuetey, t. II, p. 147.

[52] Voir les instructions données par le duc d'Orléans à Gaucourt, au mois de juillet 1444. — Ces instructions, qui se trouvent en original, aux Archives, K 58, n° 2, parmi les pièces du règne de Charles VI, ont été récemment publiées par le comte Albert de Circourt dans les Documents luxembourgeois concernant le gouvernement du duc Louis d’Orléans (T. XL des Publications de la section historique de l’institut royal grand ducal, de Luxembourg ; tirage à part : Luxembourg, imprimerie de la Cour, 1886, gr. in-8°, p. 93-95). On voit dans ce document que le comte d’Angoulême, qualifié de quarte personne de la couronne de France, devait être élargi le 1er novembre suivant. Gaucourt était également chargé de se plaindre au roi des Romains du tort fait au duc d’Orléans relativement au duché de Luxembourg et au comté de Chiny, sur lesquels il avait un gage de 56,337 fr. d’or, que le duc Louis, son père, avait payés comptant jadis au marquis de Moravie, en priant Frédéric de l’aider à faire valoir son droit, et luy estre bon seigneur et parent quand il le requerra ; enfin Gaucourt devait rappeler que le duc Louis avait prêté à l’empereur Wenceslas une somme de 30.000 fr. d’or, quand celui-ci était venu en France, et que cette somme n’avait jamais été remboursée.

[53] Nous avons la trace de voyages faits par ordre du Roi pour faire venir les troupes qui se trouvaient en Saintonge, en Limousin et en Périgord (Sixième compte de Xaincoins, l. c., f. 84 et 85 v°). Les gens de guerre qui avaient fait la campagne contre le comte d’Armagnac furent dirigés vers l'est. Cela résulte de lettres de rémission où sont racontés les désordres commis par eux et les attaques dont ils furent l’objet (Archives, JJ 177, n° 61 et 202). Le Roi fit distribuer, au mois de juin, 2,682 l. 10 s. aux troupes venant de Gascogne ès marches de France, pour garder que icelles n’entrassent ne feissent leur passage par le Limousin (Ms. fr. 21495, f. 37). Le 18 mai, on menait de Dieppe à Saint-Quentin de l’artillerie destinée au Dauphin (Catalogue Joursanvault, n° 149).

[54] Monseigneur le Dauphin, 2.000 l. t. pour don et 4.000 l. t. pour conduire les gens d’armes hors des pays obeissans au Roy en autres pays pour vivre durant la trêve prise avec les Anglois. — Monseigneur le Dauphin, 2.000 l. t. pour son voyage qu’il faisoit en Allemagne. Sixième compte de Xaincoins, l. c., f. 81 v° et 83. — Le Dauphin fit donner quittance de 8.000 l. par Jean de la Borderie, maître de sa chambre aux deniers, les 8 et 31 mai. A Anthoine Raguier, huit mille livres pour le payement des gens d’armes qui alloient lors en la compagnie de monseigneur le Dauphin au voiage qu’il faisoit en aucunes parties d’Allemagne. Extraits de comptes dans Le Grand, vol. 6, f. 224, publiés par M. Charavay dans le t. I des Lettres de Louis XI, p. 189.

[55] Compte de Jean de la Borderie, maître de la chambre aux deniers du Dauphin, dans Le Grand, vol. 6, f. 278 v°. — Il résulte de lettres patentes du Dauphin conservées aux archives de l’Isère et utilisées par M. l’abbé U. Chevalier pour son Itinéraire de Louis XI dauphin, que le jeune prince se rendit en Bourbonnais au mois de juin. On a la trace de son passage à Saint-Pourçain du 15 au 22 juin.

[56] Lettre missive datée de cette ville. (Lettres de Louis XI, t. I, p. 16.) Le 8 juillet le maréchal de Bourgogne envoyait une ambassade au Dauphin sur les marches de la rivière de Loire. (Collection de Bourgogne, 51, f. 208.) Le 9 ou passait à Semur la montre de la compagnie du maréchal, pour résister aux escorcheurs estant à la Charité et à l’entour. (Canat, l. c., p. 444.)

[57] C’est la date que donne M. Tuetey dans son savant ouvrage les Écorcheurs sous Charles VII (t. I, p. 168), d’après une lettre du 26 juillet adressée par un bourgeois de Montbéliard au magistrat de Strasbourg et tirée des archives de cette ville. Il y a aux mêmes archives (AA 185) une lettre de Jean d’Esch, en date du 24 juillet, annonçant que le Dauphin est à Langres à la tête de cinquante mille chevaux. Cf. Janssen, Frankfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 60.

[58] Cette ambassade se composait de Jacques, comte de Lützelstein ; Pierre de Mörsperg, Sivery de Feningen, Martin de Halmestadt, etc. Tuetey, t. I, p. 172 ; t. II, p. 160 ; Instructions du 24 janvier 1447, dans le Portefeuille 96 de Godefroy, à la Bibliothèque de l’institut. Cf. Remontrances des ambassadeurs français envoyés à Boppart, dans Tuetey, t. II, p. 139. — M. Tuetey nous reproche (t. II, p. 161 note) d’avoir cité, dans notre édition de Mathieu d’Escouchy (voir t. I, p. 16 et 19), les instructions du 24 janvier au lieu des lettres de créance du 1er mars. Il nous permettra, à notre tour, de lui signaler l’omission, dans son livre, de quatre paragraphes des instructions du 24 janvier contenant les passages visés par nous (ces paragraphes auraient dit prendre place au tome II à la suite de la p. 151). Les deux documents sont d’ailleurs identiques, sauf quelques variantes, lesquelles ne portent point, comme le pense M. Tuetey (t. I, p. 270), sur les prétendues additions relatives à la bataille de Saint-Jacques et aux premières ambassades allemandes, qui ne sont autres que le texte des quatre paragraphes omis par lui.

[59] Il est fait mention de cette ambassade dans une relation allemande en date du 18 septembre. L’ambassade revint le 23 août à Spire. Urkunden und Schriften belreffend den Zug der Armagnaken, publié par Wülcker dans les Mittheilungen aus dem Frankfurter Stadt-Archive (1873, in-4°), p. 37 et 28.

[60] Collection de Bourgogne, 21, f. 83 v°, et 51, f. 208.

[61] Tuetey, t. I, p. 172 et 199.

[62] Voir l’excellent exposé de M. Camille Favre dans son Introduction historique placée en tête de l’édition du Jouvencel, t. I, p. XCVII.

[63] Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 11.

[64] Dans une lettre de Hans Bruck, en date du 8 août, on lit qu’il y en avait bien six mille. Une lettre de Jean d’Esch, secrétaire de la ville de Metz, en date du 9 août, mentionne, d’après un trompette envoyé à Langres, la présence de deux mille femmes. Tuetey, t. I, p. 151.

[65] Voir l'énumération faite par M. Tuetey, t. I, p. 157-161. C'est par erreur qu'il nomme (p. 160) Jean de Bourbon, comte de Clermont, qui était près de Charles VII et contresigna les lettres données à Épinal le 11 septembre. Ce n'est pas ce prince que le commandeur d'Issenheim désigne (t. II, p. 517) sous le nom de Dominus de Claromonte, baro, mais Antoine, seigneur et vicomte de Clermont, auquel le Dauphin donna, par lettre du 24 juillet, une somme de 300 florins (Clairambault, 152, p. 3835). Sur d'autres gratifications faites par le Dauphin, voir Tuetey, t. I, p. 173.

[66] Voir un document publié dans les Preuves de la Chronique de Mathieu d'Escouchy, p. 93.

[67] Matthew Gough n'arriva qu'après le 15 septembre; mais, dès le mois de juillet, il y avait, sous les ordres de trois capitaines, un corps qui ne comptait pas moins de six mille hommes. Janssen, Frankfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 60 ; Relation du commandeur, dans Tuetey, t. II, p. 518.

[68] Le 2 août, le margrave de Bade écrivait à la ville de Strasbourg que le Dauphin s'avançait à la tête de quarante mille chevaux, avec quatorze cents voitures portant l'artillerie et les échelles. Archives de Strasbourg, AA 187.

[69] Elle se composait de Pierre de Mörsberg, Sivery de Feningen, et Martin de Halmestadt. (Tuetey, I. I, p. 174 ; t. II, p. 160. Cf. Instructions du 24 janvier 1447, passage omis par M. Tuetey.) — On lit dans une lettre d'Henri de la Tour à Jean d'Esch : Embassadeurs bien notables ly estoient venus du duc d'Otheriche qui le hastoient, car ilz lui avoient apporté lettres de par lui et lui offre toutes ses places pour obéir à lui comme à lui meismes. (Tuetey, t. II, p. 507.)

[70] Ce point important est nettement établi par les documents. Voir Tuetey, t. I, p. 185 ; t. II, p. 129 et 140 ; cf. p. 507.

[71] M. Tuetey donne (t. I, p. 204) la traduction de cet acte d’après le texte allemand conservé aux archives du Bas-Rhin. — Le 16 août, le Dauphin était aux Granges (canton de Villersexel). Collection de Lorraine, 8, n° 65.

[72] Instructions du 24 janvier (passage omis par M. Tuetey), dans le Portef. 96 de Godefroy à la Bibliothèque de l’institut ; cf. Tuetey, t. II, p. 161.

[73] Voir le récit de M. Camille Favre, l. c., p. CI-CII. Cf. Tuetey, t. I, p. 145-146.

[74] Chose curieuse, dans les deux années qui précédèrent la campagne du Dauphin, de vagues rumeurs s’étaient répandues en Alsace. De tous côtés on s’attendait à l’invasion d’un peuple étranger (ein frömde Volck). Voir, entre autres documents, une lettre de la ville de Colmar à l’évêque de Strasbourg, en date du 28 septembre 1442, dans le Cartulaire de Mulhouse, publié par M. X. Mossmann, t. II, p. 105. Cf. Matériaux pour servir à l’histoire de l’invasion des Armagnacs, tirés des archives de Colmar, par le même, dans la Revue d’Alsace, nouvelle série, t. IV (1875), p. 155 et s. — Dès le 14 juin 1443, le margrave de Bade signalait aux magistrats de Strasbourg un rassemblement des Armagnacs (Armen Yecken) du côté de Metz, et leur promettait son assistance. Archives de Strasbourg, AA 187. Cf. Tuetey, t. I, p. 144.

[75] Au mois de juin 1444, à Strasbourg, on s’occupait à mettre les forteresses en état de défense (lettres du 11 juin : Archives de Strasbourg, AA 188). — Au mois de juillet, deux diètes furent convoquées à Molsheim, l’une par l’évêque de Strasbourg, l’autre par le comte Palatin du Rhin, afin de résister aux écorcheurs (Mossmann, dans la Revue d’Alsace, Cartulaire de Mulhouse).

[76] Dès le 7 février 1444, le comte de Fribourg, gouverneur du duché de Bourgogne, écrivait au margrave Guillaume de Hochberg : Sachez, cher frère, que les écorcheurs se sont rassemblés et que leur projet est d’envahir le pays allemand, comme vous l’apprendrez par la copie (que je vous envoie présentement) d’un ordre que le roi de France a envoyé à ses capitaines, lequel ne m’a été communiqué qu’aujourd’hui. Par cela vous comprendrez bien qu’ils ont l’intention d’entrer dans le pays d’Allemagne... (Texte allemand, aux Archives de Strasbourg, AA 183.) — Le 2 juillet, le margrave de Bade écrivait à l’ammeister et au sénat de Strasbourg : Nous avons reçu un message de la reine de Sicile, par lequel nous comprenons il n’en pouvoir douter que l’intention du Dauphin est de se porter en Allemagne avec un grand corps d’armée. (Id., ibid., AA 187.)

[77] Le 5 juin 1444, Jean d’Esch, secrétaire do la ville de Metz, annonçait à l’ammeister de Strasbourg qu’un rassemblement de troupes se formait en Lorraine (Id., AA 183). — Le 11 juin, l’ammeister enregistrait les nouvelles suivantes : Les troupes étrangères étaient au moins trois fois plus fortes qu’à leur première invasion ; elles étaient à trois ou quatre journées de marche au delà de Nancy, et leur nombre augmentait journellement ; le bruit courait qu’elles voulaient entrer en Alsace pour se porter sur le Rhin, soit par en haut, soit du côté de Lutzelbourg (Id., AA 188). Le li juin, Jean d’Esch écrivait à l’ammeister de Strasbourg : Il y en a qui nous ont écrit qu’ils croient que ces troupes, ou la plus grande partie d’entre elles, ont l’intention d’envahir l’Alsace, et il y en a qui croient qu’elles veulent aider à combattre les Suisses. (Id., AA, 185.)

[78] Dans une lettre du 21 juillet, Jean d’Esch disait qu’on prêtait au Dauphin le dessein d’assiéger Strasbourg, pour réunir à la France cette ville qui, d’après les anciennes chroniques, lui avait appartenu. (Id., AA 185.) — Le 24, il écrivait : Les uns lui supposent l’intention d’envahir le territoire de Metz ; les autres pensent qu’il se jettera sur l’Allemagne. (Id., ibid. : cf. autre lettre de même date, dans Janssen, Frankfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 60.)

[79] A la date du 19 août, le commandeur d’Issenheim écrit : Volui a notis meis et amicis persentire quid iste dominus intendat facere ; nichil aliud sencio, nisi quod velit primo Basileam destruere et deinde Suitenses totaliter confundere et demum in Alamania regnare. (Tuetey, t. II, p. 509.) — On lit dans la chronique de Mutius (ap. Pistorius, Rerum germanicarum Scriptores, 3e édit., t. II, p. 940 : Circa hæc tempora Delphinus, magnis copiis per Gallias et Brittaniam contructis, ingressus est Germaniam, præcedebant de ejus præposito varii et diversi rumores. Ferebant quidam venisse contra confœderatos Helvetiorum, imperiumque totum quoque arma sumpturum, quam primum Delphinus aggrederetur eos. Erat etiam fama propterea primum coactos, ut disturbarent concilium Basiliense, Eugenium papam magnani summam pecuniæ in eam rem expendisse. Nec deerant qui dicebant ipsum venire ut reciperet omnia quæ ad Galliam pertinebant usque ad Rhenum, obsessurumque Argentinam et alias civitates in ea Rheni ripa. Et hoc probabile erat et propterea muniebant se urbes, militesque ad se accipiebant.

[80] Voir le texte de la lettre dans Tuetey, t. I, p. 214 note ; cf. lettre du magistrat de Bâle à la ville de Strasbourg du 24 août. Archives de Strasbourg, AA 191.

[81] Lettres du bourgmestre de Spire en date du 23 août, dans Wülcker, l. c., p. 28.

[82] Tuetey, t. I, p. 234 (avec la date du 24 ; cf. t. II, p. 512) ; Favre, l. c., p. CIII-CIV.

[83] Nous suivons le récit de M. Camille Favre, qui résume tous les témoignages.

[84] Sur la bataille de Saint-Jacques, voir Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 19-21 ; Jean Chartier, t. II, p. 45 ; Th. Basin, t. I, p. 182; Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. I, p. 347-235 ; Müller, Histoire de la Confédération suisse, t. VI, p. 94-111 ; et surtout Camille Favre, Introduction historique de l'édition de Jouvencel, chap. VII.

[85] Cela résulte des instructions du 13 avril 1445. Voir le texte dans Tuetey, t. II, p. 128 ; cf. p. 141. Un document cité par M. Tuetey (t. I, p. 237) montre que l'on s'était avancé jusqu'à Batsthol et Waldenhourg.

[86] Ces troupes, commandées par le damoiseau de Commercy et Jean de Montgomery, s'emparèrent, d'un côté, de Rheinfelden et Laufenburg ; de l'autre, de Sückingen et Waldshut. Lettre de Jean Kunig, en date du 30 août, aux archives de Strasbourg, AA 190 ; Lettre du bourgmestre de Bâle en date du 10 septembre, et autres lettres des 14, 18 et 20 septembre, dans Wülcker, l. c., p. 34-49 ; Relation du commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. II, p. 513. Cf. Janssen, Frankfurts Reichecorrespondenz, t. II, p. 68.

[87] Elles (ces troupes) se comportèrent si modestement pendant huit jours que les habitants, tout réjouis, croyaient déjà avoir mis à leurs pieds la ville de Bâle. Les populations de ces villes voulurent aller au devant d'elles avec le Saint-Sacrement, disant que c'étaient des envoyés de Dieu. Beinheim, dans Ochs, Gesch. von Basel, cité par M. Ch. Bonnard dans l'édit. franç. de Müller, t. VI, p. 115, note 22.

[88] Voir à ce sujet la relation du commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. II, p. 513 ; Müller, t. IV, p. 116-17, et les documents publiés par Wülcker, l. c.

[89] Il n'est pas admissible, comme le dit M. Tuetey (t. I, p. 240), qu'un de ces cardinaux ait été Jean de Torquemada, cardinal de Sainte-Calixte (sic), théologien du pape Eugène IV. Comment un cardinal attaché à la personne du Pontife romain aurait-il pu être à Bâle à ce moment ? Il s'agit évidemment de Jean de Ségovie, créé par Félix V cardinal du titre de Saint-Calixte. C'est le Johannes de Bogonia (?) dont parle Chmel, Geschichte K. Friedrich IV, t. II, p. 233 note.

[90] Relation du commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. II, p. 513-14 ; cf. t. I, p. 241-242 ; Lettre du magistrat de Bâle dans Müller, Reichstag Theatrum, p. 232, et Relation anonyme dans Wülcker, l. c., p. 31 et suivantes. — L'évêque qui prit la parole après le cardinal d'Arles était, non l'évêque de Montréal, comme le dit M. Tuetey (p. 241), mais l'évêque de Mondovi.

[91] Relation contemporaine allemande publiée dans Amtliche Sammlung der ättern Eidgenossischen Abschiede, t. II, n° 279. Je suis l'analyse donnée par M. Tuetey, t. I, p. 243.

[92] Amtliche Sammlung, t. II, p. 180 : lettre de Hans Rote, bourgmestre de Bâle, en date du 11 septembre, dans Wülcker, p. 34.

[93] Dans sa lettre du 11 septembre, adressée aux députés réunis à Nuremberg, Hans Rote déclarait que les Bâlois résisteraient, avec l'aide de Dieu, à de telles prétentions ; il exprimait l'espoir que le roi des Romains et la diète de Nuremberg interviendraient pour empêcher ce dessein d'aboutir et pour qu'on ne les enlevât pas à l'empire. Wülcker, p. 34.

[94] Amtliche Sammlung, t. II, p. 180 et suivantes ; Tuetey, t. I, p. 242 et suivantes.

[95] Tuetey, t. I, p. 246-247.

[96] M. Tuetey a mis le fait en pleine lumière. L'acte passé à Zolingen est celui qui se trouve à notre Bibliothèque nationale dans le Portefeuille Fontanieu 119-120.

[97] Acte conservé eu original dans les archives de Bâle, et publié en 1863 dans le recueil des actes de la Confédération suisse : Amtliche Sammlung der ättern Eidgenossischen Abschiede, t. II, p. 801 et suivantes. Cf. Tuetey, t. I, p. 251.

[98] J'ai suivi l'analyse donnée par M. Tuetey, t. II, p. 9.52-53. — Voir sur les difficultés faites par la ville de Bâle pour l'exécution du traité, et sur l'Intervention de Berne, le mémoire de M. Bernard de Mandrot : Relation de Charles VII et de Louis XI avec les cantons suisses (Zurich, 1881, in-8°), p. 9-10. 

[99] C'est par erreur que M. Tuetey dit (t. I, p. 145 et296) que l'assemblée de Nuremberg fut réunie pour prendre des mesures, d'abord contre les Suisses, puis contre les écorcheurs ; la diète de Nuremberg avait été convoquée longtemps auparavant pour s'occuper des affaires de l'Église, 

[100] Voir lettre des députés de Strasbourg, en date du 10 août, dans Schilter, édition de la Chronique de Königshoren, p. 981.          

[101] Lettre du 10 août, citée plus haut.

[102] Lettre du roi des Romains à l'archevêque de Mayence (13 août), dans Gudenus, Codex diplomaticus, t. IV, p. 288 ; Lettre des députes de Francfort (16 août), dans Janssen, Frankfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 62.

[103] Lettre de Jean Kunig, en date du 30 août. Archives de Strasbourg, AA 190. M. Tuetey (t. I, p. 145-146) se trompe en disant que cette ambassade avait pour objet d'accélérer la marche du Dauphin ; elle venait, comme il le reconnaît plus loin (p. 212 et 256), non pour solliciter, mais pour se plaindre.

[104] Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 140-142 ; Chmel, Gesehichte K. Fried. IV, t. II, p. 286 et 298 ; Jäger, Der Streit der Tiroter Landschaft, etc., p. 115.

[105] Jäger, Der Streit der Tiroter Landschaft, etc., p. 115.

[106] Ce prince retenait depuis plusieurs années en captivité son vieux père le duc Louis le Barbu, oncle de Charles VII (il était frère d'Isabeau de Bavière), et le Roi avait en vain réclamé contre cette inique détention. Voir Chmel, Geschichte K. Fried. IV, t. II, p. 300-301 ; Jäger, Der Streit der Tiroter Landschaft, etc., p. 118.

[107] La date est fixée par la lettre de Jean Kunig du 30 août, déjà citée.

[108] Cum tam multo et magno barbarorum exercitu. Relation du commandeur d’Issenheim, dans Tuetey, t. II, p. 514.

[109] C’est ici qu’apparaissent pour la première fois les intentions menaçantes de la France à l'égard de l’Empire. Æneas Sylvius, dans sa célèbre épître LXXXVII, datée de Nuremberg, et qui paraît avoir été écrite le 22 septembre, dit à ce sujet : Postquam Delphinus Belligardi potitus est, famam undique sui adventus publicavit, sed non uno modo apud omnes. Apud aliquos namque se in auxilium nobilitatis venisse prædicabat, tanquam in Germania per cominunitates esset oppressa. Apud alios vero vocatum se dicebat per Romanorum regem contra Suitenses. Nonnullis autem se velle vindicare jura domus Franciæ asseverabat, quæ usque ad Rhenum protendi dicebat. Ex hac causa urbem Argentinam obsessurum se affirmabat. Dicebat enim etiam et propter ducem Sigismundum se venisse. Et has rumores ubique publicari studebat, non quod ita esset, sed quod favorem ob eam causam sese putabat habiturum. — Ce passage de la lettre d’Æneas Sylvius se retrouve presque textuellement chez un moine contemporain (Viti, prioris Eberspergensi, ord. S. Ben., Cronica Bavariorum, dans Rerum Boïcarum scriptores, t. II, p. 725), et aussi dans la chronique strasbourgeoise de Materne Berler (Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, t. II, p. 61). Dès le 24 juillet précédent, tandis que le Dauphin était encore à Langres, un correspondant de la ville de Francfort écrivait que l’on projetait d’occuper toute la rive gauche du Rhin : Die andern meynen sie wollent den ganzen Rinstram in nemmen. (Janssen, Frankfurts Reichscorrespondenz, t. II, p. 61.)

[110] Ces détails sont donnés par le commandeur d’Issenheim dans sa relation en date du 5 septembre. Tuetey, t. II, p. 515. Cf. Relation anonyme dans Wülcker, p. 37 et suivantes.

[111] L’ambassade se composait d’Amaury d’Estissac, de Jean de Finstingen, d’Aymar de Poisieu, dit Capdorat, de Raoulin Regnault et de Jacquemin de Bussières. Instructions de Charles VII en date du 24 janvier 1447, dans Tuetey, t. II, p. 152. Sur cette ambassade, voir l’épître LXXXVII d’Æneas Sylvius.

[112] Voir les documents publiés par Tuetey, t. II, p. 19-30, 141-142, 152. — Lee ambassadeurs du Dauphin devaient dire aussi que, pour le grand desir, amour et affinite qu'il a à monseigneur le duc Sigismond et de voir sa personne, il plût au roi des Romains de renvoyer et laisser aller vers lui, car en ce monde ne luy peutt faire plus grand plaisir.

[113] Nobiles patriæ affertunsissime supplicarum domino Dalphino propter Deum gent hoc non fleret. Relation du commandeur d'Issenheim, l. c., p. 515.

[114] Tuetey, t. I, p. 215.

[115] Il y était le 6 septembre, et peut-être dès le 5.

[116] Voir la relation du commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. I, p. 273-274 et t. II, p. 516. Le 2 septembre, la ville de Rothembourg sur le Neckar envoyait à Strasbourg, pour s'employer à la défense, Louis Zimmermann, expert dans l'art de la guerre (Archives de Strasbourg, AA 189). Ulm fit partir un corps d’arquebusiers qui séjourna plusieurs semaines à Strasbourg (idem). On lit dans les Commentaires de Pie II (p. 161) : In Argentines duxit et late populatus agros divitem abegit prædam.

[117] Relation du commandeur, l. c.

[118] Ce fait est établi par une lettre des délégués de la ville de Strasbourg à Nuremberg en date du 18 septembre, en réponse à une lettre du magistrat de Strasbourg leur annonçant que le Dauphin demandait la soumission de Strasbourg (AA 192), et par une relation allemande de même date, mentionnant la venue du héraut (Wülcker, l. c., p. 39).

[119] Le quart d’entre eux avait à peine une cuirasse ; pour un homme bien équipé, trois ou quatre ne l’étaient point du tout ; ils étaient sans aucune arme sans souliers, ni culottes, ni chapeaux, en méchants et sales vêtements ; comme d’autres bandits, ils n’avaient que ce qu’ils gagnaient par le meurtre et par le pillage. Relation allemande contemporaine, dans Schilter, p. 931, citée par Müller, t. VI, p. 117, note.

[120] Relations allemandes dans Schilter, p. 918 et 1003, et dans Code historique et diplomatique de la ville de Strasbourg, t. I, deuxième partie, p. 162-163 ; lettres des bourgmestres de Bâle et de Strasbourg, et autres documents dans Wülcker, p. 34, 36, 39, 41 et 28.

[121] Lettre de l'évêque de Strasbourg du 31 septembre, citée par Tuetey, t. I, p. 278-279 (Archives de Strasbourg, AA 182) ; Relation du 18 septembre dans Wülcker, p. 39. — On voit par le sixième compte de Xaincoins (l. c., f. 82 v°) que, au départ, Charles VII avait fait compter à Matthew Gough une somme de 2.750 livres. — Des lettres de Henri VI, en date du 31 août 1445 (Ms. fr. 26074, n° 5299), montrent que les gens de guerre anglais étaient ou service tant de nostre oncle en France comme de nostre cousin le Daulphin son filz.

[122] Ces détails sont empruntés à deux documents publiés par Wülcker, l. c., p. 35 et 39. — Le messager se nommait Jean de Ivenheim ; on le disait originaire de Cologne.

[123] Lettre du 20 septembre, dans Wülcker, l. c., p. 39.

[124] Réponse de la ville de Colmar, en date du 24 septembre, Voir Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. II, p. 130 et suivantes, et l'Invasion des Armagnacs en Alsace, dans Revue d'Alsace, t. IV, p. 166 ; cf. p. 170-176.

[125] Cela résulte des documents recueillis par M. Mossmann. — Schilter donne (p. 999) le texte, d'une circulaire du roi René, en date du 19 novembre, dans laquelle ce prince faisait savoir qu'ayant reçu la demande de protection et garde qui lui avait été adressée, il en avait référé au Dauphin, et qu'il envoyait Jean de Fenestrange (Finstingen) pour conclure définitivement l'affaire.

[126] Voir la lettre des habitants de Colmar au Dauphin, en date du 15 septembre 1444. Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. II, p. 126 ; Charavay, Lettres de Louis XI, t. I, p. 191. Cf. Mossmann, p. 127 et 137.

[127] Dès le 19 août, le commandeur d'Issenheim écrivait (Tuetey, t. II, p. 509) : Audivi atque vidi ita nephanda et crudelia facta, sicut unquam audita sunt aut visa a quocumque, non posset homo excogitare genera tormentorumque ipsi preparant pauperibus hominibus quos in suis tenent manibus, contremesco certe quociens horum memoriam habeo. — On lit dans une lettre allemande du 17 septembre (Wülcker, l. c., p. 41) : Ils commettent partout des atrocités, coupent la gorge aux malheureux qui n'ont rien à leur donner, attachent les femmes et les filles sur des vans pour les violer, lient ensemble plusieurs prisonniers par les pieds et les mettent à genoux dans des granges à battre le blé et l'avoine pour eux ; ils s'emparent du bétail, puis offrent à qui veut trois vaches pour un florin et deux chevaux de labour pour un florin, et ainsi des veaux et des poulains.

[128] Les ambassadeurs du Dauphin étaient arrivés à Nuremberg le 11 septembre, en compagnie de l'évêque d'Augsbourg ; ils y étaient encore le 22 septembre, comme nous le montre l'épître LXXXVII d'Æneas Sylvius. Voir le mémoire de Voigt, dans Archiv für Kunde Œsterreichischer Getchichts-Quellen, t. XVI, p. 358. — Sur la perplexité où l'on était à Nuremberg, voir une lettre du 13 septembre dans Palacky, Archiv Cesky, t. II, p. 430.

[129] Documents publiés par Tuetey, t. II, p. 141-142 et 153.

[130] Documents publiés par Tuetey, t. II, p. 142-143.

[131] Lettre de Charles VII en date du 9 avril 1444, publiée par Jäger, Der Streit der Tirolerlandschaft mit Kaiser Friedrich IV, p. 176.

[132] Chmel, Der Œsterreichische Geschichtsforscher, t. II, p. 455. — On trouve mentionné dans le sixième compte de Xaincoins un paiement de 400 l. à Caucourt, pour un voyage devers l'empereur. Cabinet des titres, 685, f. 84.

[133] Document dans Tuetey, t. II, p. 113.

[134] Frankfurts Reichscorrepondenz, t. II, p. 74 ; Wülcker, l. c., p. 16; Tuetey, t. I, p. 291-298.

[135] Et non son frère, comme le dit M. Tuetey (t. I, p. 282, 315 et 326).

[136] On disait qu'il voulait livrer ses places au Dauphin. Voir Tuetey, t. I, p. 282.

[137] Le roi de France se propose de reprendre tout le pays qui autrefois a appartenu à la France, en énumérant les villes et territoires situés de l'autre côté du Rhin, écrivait, le 1er octobre, de Nuremberg, Walter de Schwartzenberg à la ville de Francfort. Janssen, l. c., p. 77.

[138] Voir, sur ces faits, Tuetey, t. I, p. 277, 283-287. Une flèche atteignit le jeune prince au genou et cloua pour ainsi dire sa jambe à la selle de son cheval (Zantfiel, dans Amplissima Collectio, t. V, col. 251).

[139] Relation du commandeur d'Issenheim, l. c, p. 519.

[140] Berry dit formellement (p. 426) que ce fut sur l'ordre du Roi que le Dauphin quitta l'Alsace.

[141] Voir à ce sujet la seconde relation du commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. II, p. 522, et une lettre du 19 octobre, dans Wülcker, p. 49.

[142] Le 19, le commandeur rencontra plusieurs des princes à moitié route entre Brisach et Ensisheim ; dans une lettre du Dauphin au duc Albert, en date du 23 novembre (Lettres de Louis XI, t. I, p. 18), il est fait allusion à cette entrevue : Requisivimus vos ante villam de Brisaco.

[143] C'est ce qui résulte d'une lettre du duc Albert au Dauphin, en date du 3 novembre (Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 151), et d'une lettre du Conseil de ville de Francfort, en date du 5 novembre (Wülcker, p. 19).

[144] Le 2 novembre, le comte Palatin du Rhin écrivait de Spire au magistrat de Strasbourg, que le roi des Romains avait député plusieurs princes de l'empire au Dauphin, pour négocier la paix ; il lui donnait l'ordre de tenir son contingent prêt à marcher pour le cas où les négociations n'aboutiraient pas. Archives de Strasbourg, AA 181 (Inventaire, t. I, p. 65).

[145] C'est à ce moment, et non au commencement de 1445, que doivent, selon nous, se rapporter les négociations visées dans le document publié par M. Tuetey, t. II, p. 127-133.

[146] Réponse du Roy des Romains, dans Tuetey, t. II, p. 130-131.

[147] Replicque de Monseigneur le Dauphin, Tuetey, t. II, 131-133. — Il n'est pas probable que l'ambassade chargée par le Dauphin de porter cette réponse ait pu remplir sa mission : le roi des Romains avait quitté Nuremberg au milieu du mois d'octobre. Le 14 il était à Ratisbonne ; il alla le mois suivant s'établir à Neusstadt, près de Vienne.

[148] Dans cet exposé des négociations de la maison d’Autriche, je me sépare de M. Tuetey, qui place l’ambassade de l’évêque d’Augsbourg avant l’entrevue du Dauphin avec le duc Albert. 1° Il est constant que l’entrevue eut lieu le 19 ou le 20 octobre, au moment même où le Dauphin revenait à Ensisheim, et il ne peut être question d’une ambassade à Ensisheim avant cette époque ; 2° La relation attribuée au commandeur d’Issenheim, qui est la seule source pour l’ambassade de l’évêque d’Augsbourg, est évidemment de la fin de novembre ; or, on lit dans cette relation, au sujet de l’ambassade : Novissime, videlicet a X diebus proxime preteritis citra, etc.

[149] Lettre de Conrad Bock, magistrat de Strasbourg, au magistrat de Spire, en date du 24 novembre 1444, dans Wülcker, p. 53.

[150] Lettre du 24 novembre.

[151] Relation latine attribuée au commandeur d'Issenheim, dans Tuetey, t. I, p. 260-261, et t. II, p. 521-522 ; même relation (en allemand) dans Wülcker, l. c., p. 51-52.

[152] Mêmes sources.

[153] Voir l'état dressé avec beaucoup de soin par M. Tuetey, t. I, p. 291-295.

[154] Le 4 novembre, à Spire. Tuetey, t. I, p. 301-302.

[155] Lettres de l'électeur Palatin à la ville de Francfort et à la ville de Strasbourg. Tuetey, t. I, p. 302-304.

[156] Voir la lettre pleine de menaces adressée le 1er novembre, par deux capitaines, à la ville de Strasbourg, dans Tuetey, t. I, p. 311-312.