HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE III. — CHARLES VII DEPUIS LE TRAITÉ D'ARRAS JUSQU'À LA TRÊVE AVEC L'ANGLETERRE - 1435-1444.

 

CHAPITRE XII. — RELATIONS AVEC LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES - 1435-1444.

 

 

Attitude de l'empereur Sigismond à l'égard du duc de Bourgogne. — Relations de la France avec le duc Frédéric d'Autriche ; mort de l'empereur Sigismond. — Election d'Albert d'Autriche ; Charles VII lui envoie un ambassadeur ; nouvelle ambassade au duc Frédéric. — Mort d'Albert ; élection de Frédéric III. — Le nouveau roi des Romains écrit à Charles VII. — Relations de l'Angleterre avec les princes allemands. — Correspondance de Sigismond, duc d'Autriche, avec Charles VII au sujet de soc mariage. — Relations de Frédéric III avec Henri VI et Philippe le Bon. — Question de la succession du Luxembourg ; le duc de Bourgogne s'assure l'héritage de la duchesse de Luxembourg. — Difficultés qu'il rencontre ; entrevue du duc et de Frédéric III à Besançon. — Philippe poursuit ses desseins ; il fait la conquête du Luxembourg ; traité par lequel le duc et la duchesse de Saxe renoncent à leurs droits en sa faveur. — Attitude des électeurs de l'Empire à l'égard de la France. Relations avec l'Écosse ; assassinat de Jacques Ier ; situation de ce royaume ; mariage d'Isabelle d'Écosse avec le nouveau duc de Bretagne. — Relations avec la Castille ; anarchie qui règne dans ce pays ; ambassades de Charles VII en Castille. — Attitude d'Alphonse V, roi d'Aragon. — Relations avec la Savoie ; le duc Louis contracte une alliance avec Philippe le Bon. — Concours prêté par Charles VII à René d'Anjou dans le royaume de Naples ; intervention du Roi près d'Alphonse V ; échec définitif du roi René. — Le duc d'Orléans revendique la possession d'Asti ; traité conclu avec le duc de Milan et ratifié par Charles VII. — Attitude des républiques de Gènes, Florence et Venise. — Conclusion.

 

Parmi les motifs qui avaient déterminé Philippe le Bon à conclure le traité d'Arras, il faut compter, sans contredit, la crainte que lui inspirait l'attitude hostile prise à son égard par l'empereur Sigismond.

On se souvient qu'au mois de juin 1434, Sigismond avait solennellement rompu avec le duc de Bourgogne, et que, quelques mois plus tard, il lui avait envoyé une déclaration de guerre[1]. Le traité signé le 21 septembre 1435 allait-il apporter une modification à cette situation ? Aux termes de ce traité, Charles VII était tenu de renoncer à son alliance avec l'empereur contre le duc de Bourgogne, et à toutes alliances semblables, pourvu que, de son côté, le duc renonçât à ses alliances contre la France[2]. Mais l'empereur mettrait-il en oubli les griefs personnels qu'il avait à l'égard de Philippe ? N'allait-il pas s'unir plus étroitement avec l'Angleterre, qui n'avait cessé de rechercher son amitié et ne négligeait aucune occasion de lui être agréable[3] ? Le sentiment intime de Sigismond nous est révélé par Gilles Carlier, doyen de Cambrai, dans son Liber de Legationibus : l'empereur entendait maintenir son alliance avec la France ; il estimait que la réconciliation opérée entre Charles VII et le duc de Bourgogne le laissait libre de traiter avec Philippe ; il se montrait donc disposé à la conclusion d'une trêve, à la condition toutefois que le duché de Luxembourg y fût compris[4]. Le vieil empereur se préoccupait de la situation de ce pays : nous le voyons, au mois de décembre 1436, écrire à l'archevêque de Trèves pour l'engager à coopérer, avec son ambassadeur Hartung van Clux, à la pacification du Luxembourg, et donner des instructions à cet effet[5].

Cependant, à la cour d'Innsbruck, on n'avait pas abandonné le projet d'alliance entre le jeune Sigismond[6] et Radegonde de France. A la fin de.1436, le duc Frédéric écrivait au duc de Lorraine (René d'Anjou), le chargeant de l'excuser auprès du Roi de ce qu'il n'avait point encore envoyé d'ambassadeurs pour conclure le mariage[7].

A ce moment, Charles VII songeait à l'exécution d'un plan destiné à procurer l'affermissement et l'accroissement des maisons de France et d'Autriche. Il s'agissait d'un double mariage : 1° entre Jacques de France, alors âgé de cinq ans, et Anne, fille aillée d'Albert, duc d'Autriche ; 2° entre Charles d'Anjou et Catherine, seconde fille d'Ernest, duc d'Autriche. Un mémoire fut rédigé et porté, au nom du Roi, à Frédéric, pour faire valoir les avantages résultant de ces alliances. On insistait en particulier sur les belles espérances que donnait déjà le second fils du Roi, à l'égard duquel l'empereur Sigismond avait, deux ans auparavant, montré de si favorables dispositions[8] ; on faisait valoir les qualités personnelles de Charles d'Anjou, prince brave, véritable homme de guerre, doué d'une beauté remarquable ; on rappelait les brillantes alliances de la Maison à laquelle il appartenait, et les grandeurs de cette race des fils de France qui prospère partout où elle s'établit, qui a produit Robert, roi de Sicile, Lods, roi de Hongrie, Philippe, roi de Navarre, et donné des rois à Pile de Chypre. Dans la pensée du Roi, ces deux mariages devaient vraisemblablement être le point de départ d'autres alliances entre les maisons de France et d'Autriche. Si le duc Frédéric jugeait à propos que le Roi envoyât des ambassadeurs à l'empereur et au duc Albert, le Roi le priait d'en donner avis à Bâle à l'archevêque de Tours, ou, en l'absence de ce prélat, à l'archevêque de Lyon[9].

Qu'advint-il de ces ouvertures ? La mort de Jacques de France, survenue le 2 mars 1437, empêcha sans doute d'y donner suite.

Sur ces entrefaites, l'empereur Sigismond fut sollicité par le roi de Portugal, toujours en relations intimes avec la cour de Westminster, d'intervenir auprès de l'Angleterre en faveur de la paix[10]. Ce rôle de pacificateur, qui lui avait souri au début de sa carrière, eût été un honneur pour sa vieillesse, en même temps qu'une suprême réparation du mal fait à la France par l'alliance de 1416. De son côté, le roi d'Angleterre adressait à Sigismond un éloquent appel en faveur de la paix de l'Église, menacée par les emportements du Concile de Bâle[11]. L'empereur ne renonçait point à agir près du Concile pour le ramener à de meilleures dispositions ; mais son rôle dans les affaires politiques de l'Europe était désormais fini. Absorbé par les chagrins que lui faisait éprouver sa seconde femme, Barbara de Cilly, dont les scandales et les complots méritaient un sévère châtiment ; affaibli par l'âge et surtout par les infirmités, Sigismond n'eut que le temps de faire arrêter Barbara et de pourvoir à la succession au trône de Bohême : il mourut à Znaïm, le 9 décembre 1437, à l'âge de soixante-neuf ans[12].

Avec lui disparaissait le dernier empereur de la maison de Luxembourg. L'empire retournait à la maison de Habsbourg. Mais la politique de Sigismond lui survécut dans la personne de son fidèle chancelier, Gaspard Schlick, auquel il avait rendu ce témoignage : Nous devons à Schlick d'avoir pu surmonter tous les obstacles et ceindre la couronne, ce que, sans lui nous n'eussions jamais pu obtenir'[13]. Sigismond avait marié sa fille Élisabeth à Albert, duc d'Autriche ; il désirait vivement que ce prince fût désigné pour son successeur. Albert reçut d'abord (19 décembre 1437) la couronne de Hongrie. On lui fit jurer à son couronnement de ne point accepter la dignité impériale ; et pourtant ce fut sur lui de préférence à Frédéric, électeur de Brandebourg, que se réunirent les suffrages des électeurs de l'empire, le 18 mars 1438, à la diète de Francfort. Retenu par le serment qu'il avait prêté, redoutant le poids de la couronne, Albert hésita pendant quelque temps. Enfin, cédant aux instances des princes et en particulier de son cousin Frédéric, de la branche de Styrie, il se fit relever de son serment et accepta le titre de roi des Romains[14].

Il y avait cent trente ans que l'empire était sorti de la maison de Habsbourg ; il y revenait sans que cette maison l'eût cherché, et c'est à elle que, jusqu'à l'heure marquée pour sa ruine, devait échoir l'honneur de présider aux destinées du saint empire romain.

Albert avait quarante ans. Élevé, sous la tutelle des ducs Frédéric et Ernest d'Autriche, par André Blank, depuis évêque de Freisingen, et par Reinprecht de Walsee qui devint grand maître de son hôtel, il était en possession d'une haute situation, duc à la noblesse de son caractère, à son prestige personnel, à l'énergie et à la bravoure dont en mainte occasion il avait fait preuve. Au milieu des scandales de mœurs que donnaient à l'envi la plupart des princes de son temps, Albert se faisait remarquer par l'inviolable fidélité qu'il gardait à son épouse. Animé d'une foi vive et ardente, il montrait tant de droiture et de résolution dans ses actes que les Pères de Bâle l'avaient comparé à un carré impénétrable de tous côtés[15].

Par sa mère, Jeanne de Bavière, le nouvel empereur avait des liens de parenté avec Charles VII ; il était, en outre, le propre cousin germain de Philippe le Bon[16]. Albert ne tarda pas à recevoir un ambassadeur du Roi. Jean de Werdes, dit Lescot, arriva porteur d'une lettre dans laquelle le Roi, en le félicitant sur son élection, rappelait les liens de parenté qui l'unissaient à la Couronne et les antiques alliances de la France avec les ducs d'Autriche ; en même temps, Charles VII parlait d'une sentence impériale rendue Bude, le 28 octobre 1423, contre le prince d'Orange, au sujet du comté de Genève ; il faisait allusion aux divisions qui régnaient dans l'Église, et sollicitait Albert de travailler à l'apaisement du conflit, se déclarant prêt à le seconder ; en terminant, il lui faisait connaître qu'une grande assemblée venait d'être tenue à Bourges au sujet des affaires ecclésiastiques, et qu'il se proposait d'envoyer de-solennelles ambassades au Pape et au Concile. Le Roi manifestait l'espoir qu'avec la grâce de Dieu, ses efforts en faveur de la paix de l'Église seraient couronnés de succès[17].

Albert était alors occupé à lutter contre les Polonais et les Utraquistes, retranchés dans Tabor. A son arrivée à Agram, l'ambassadeur apprit que l'empereur était en Bohême ; mais bientôt il vit arriver le chancelier Gaspard Schlick, se rendant à la diète de Nuremberg, en compagnie d'un baron autrichien et d'un certain nombre de conseillers du trône. Jean de Werdes était porteur d'une lettre du Roi pour le chancelier[18] ; il la lui remit, et lui exposa l'objet de son ambassade. Le chancelier donna une longue réponse, où il s'étendait sur le point spécial qui intéressait le Roi, savoir la sentence contré le prince d'Orange, et aussi sur la question du vicariat du Dauphiné, soulevée du vivant de l'empereur Sigismond, et qui n'avait point reçu alors de solution[19]. Dans une lettre adressée à Charles VII, le chancelier lui annonça que son ambassadeur ne pouvant sans danger se rendre en Bohème, il avait transmis, par un messager sûr, la lettre du Roi à l'empereur ; il ajoutait qu'il était dans l'impossibilité de rechercher présentement, dans les registres de la chancellerie impériale, le texte de la sentence de 1423, et d'en délivrer la copie demandée ; en ce qui concernait l'affaire du vicariat, il promettait de s'en occuper ; il faisait part au Roi des démarches faites par l'empereur en faveur de la paix de l'Église, et l'assurait du vif désir qu'avait son maître de travailler à l'apaisement du conflit[20].

Nous n'avons pas d'autres renseignements sur la mission de Jean de Werdes[21] ; mais nous savons qu'au printemps de 1439, une ambassade, à la tête de laquelle était le sire de Gaucourt, se rendit en Allemagne[22]. Le duc d'Autriche Frédéric avait sollicité l'envoi de cette ambassade, allant jusqu'à offrir d'en supporter les frais ; elle semble avoir eu cette double mission : insister près de l'empereur pour qu'il unît ses efforts à ceux du Roi afin de prévenir un schisme, donner une conclusion aux négociations pendantes avec le duc Frédéric.

Gaucourt arriva en Autriche au moment où Albert venait de partir pour une expédition contre les Turcs ; il était en compagnie d'Hélie de Pompadour et de Jean Framberger, lequel, on s'en souvient, avait été très activement mêlé aux négociations de 1430-31[23]. Les ambassadeurs passèrent un mois à la cour de Frédéric. On s'occupa de la révision des traités conclus huit ans auparavant ; il fut convenu qu'au lieu des trente-cinq mille florins promis, le duc d'Autriche paierait, dans l'espace de quatre mois, une somme de quatre-vingt mille ducats : c'était une réduction de vingt-sept mille ducats sur la somme primitivement fixée. En outre Frédéric s'engagea à verser à Gaucourt, en récompense des soins par lui donnés à tees négociations, une somme de dix mille ducats, qui devait lui être comptée à Genève dans le même délai de quatre mois. Le jeune Sigismond fut appelé à confirmer l'engagement pris par son père : en présence du chanoine Hugues Briat, de maître Corald, son précepteur, et d'un autre conseiller du duc d'Autriche, il fit la déclaration suivante : Monseigneur de Gaucourt, mon père vous a promis dix mille ducats d'or. Donnez-moi votre main. Je vous jure et je vous promets par serment, sur la foi et l'honneur de mon corps, que, dans le cas où mon père ne vous paierait pas cette somme, moi je vous la paierai[24].

Deux mois après le départ des ambassadeurs, mourait le duc Frédéric d'Autriche (24 juin 1439)[25]. Son fils Sigismond passa sous la tutelle du duc Frédéric, de la branche de Styrie, lequel ne devait pas tarder à être appelé à la dignité impériale.

Le grand prince qui venait à peine de monter sur le trône était déjà, en effet, à la veille de disparaître. Il fut emporté presque subitement[26], dans le cours de sa campagne contre les Turcs : Albert mourut le 27 octobre 1439, à Langendorf, près de Kemorn.

Les électeurs de l'empire étaient réunis à Mayence pour les affaires de l'Église, quand la nouvelle leur arriva soudain. Ce fut un deuil général : Depuis la naissance du Christ, dit l'auteur de la Vie de Sigismond[27], la mort d'aucun roi n'excita autant de regrets parmi les nobles et les bourgeois, parmi les riches et les pauvres. Tout se trouvait remis en question, à un moment aussi critique pour les destinées de l'Église que pour l'empire d'Allemagne. Qu'allaient devenir les États héréditaires d'Albert ? Leur sort dépendait de la naissance de l'enfant qu'on attendait, car l'empereur laissait sa femme enceinte. Quant au trône impérial, un parti puissant soutenait la candidature du duc Frédéric : ce fut lui qui réunit tous les suffrages (11 novembre 1439).

A un prince accompli, expérimenté, dans toute la force de l'âge, succédait un jeune homme, âgé de vingt-cinq ans, sans initiative, sans expérience, dépourvu de tous les talents qui distinguaient son prédécesseur. Autant Albert était actif et énergique, autant Frédéric était mou et indécis. On dit qu'il laissa s'écouler onze semaines avant de pouvoir se décider à accepter la couronne qui lui arrivait si inopinément. Abandonnant la régence de la Hongrie et de la Bohême, il ne garda que la tutelle en Autriche.

Une des premières préoccupations de Frédéric fut de travailler à empêcher un schisme devenu imminent. Une grande assemblée fut convoquée à Mayence pour le 2 février 1441, afin de s'occuper des affaires de l'Église. Frédéric écrivit à Charles VII pour lui demander d'envoyer des ambassadeurs à la diète, où il se proposait de se rendre ; il ajoutait que, si le Roi voulait y venir en personne, ce serait aussi profitable à sa gloire qu'au résultat qu'on s'efforçait d'obtenir[28].

L'Angleterre avait les yeux constamment tournés vers l'Allemagne. A la nouvelle de la mort de Sigismond, il y avait eu des cérémonies funèbres dans toutes les églises du royaume ; le roi, avec une suite imposante de membres du clergé et de barons, avait assisté au service célébré dans la cathédrale de Saint-Paul. Henri VI s'employa aussitôt à prévenir l'élection d'un empereur hostile à son royaume. Après l'élection d'Albert, une ambassade, à la tête de laquelle se trouvaient les évêques de Chichester et de Rochester, fut envoyée (mai 1438) au nouvel empereur, qui ne tarda pas à recevoir l'ordre de la Jarretière[29]. Le roi d'Angleterre était en correspondance suivie avec l'archevêque de Cologne[30] ; il échangeait aussi des lettres avec le duc d'Autriche, le comte Palatin du Rhin Louis, l'archevêque de Münster et les autres électeurs de l'empire[31]. On songeait alors à lui faire épouser une princesse allemande. En janvier 1438, il fut question d'envoyer dans ce but une ambassade au duc d'Autriche ; on cherchait en même temps à conclure une alliance avec ce prince[32]. Les ambassadeurs chargés de féliciter l'empereur sur son élection, eurent mission de demander pour Henri VI la main d'une de ses filles[33]. Ces projets n'eurent pas de suite ; mais l'Angleterre ne cessa d'être activement mêlée aux affaires allemandes.

Dès 1436, nous voyons Henri VI en relations avec Arnould, duc de Gueldres et de Juliers, propre beau-frère de Philippe le Bon ; les ambassadeurs anglais envoyés à Bâle se rendent, en passant, à la Cour de ce prince[34]. En décembre 1439, le roi d'Angleterre conclut une alliance avec l'archevêque de Münster, qui devient son homme lige[35]. Après l'élection de Frédéric, il exprime sa joie dans une lettre à l'archevêque de Cologne, et félicite en même temps ce prince de travailler avec tant de zèle à la pacification de l'Église[36]. Bientôt il s'adresse à Frédéric lui-même, à propos de son avènement ; il écrit également aux princes électeurs[37]. Mais c'est avec l'archevêque de Cologne que sont entretenues les relations les plus intimes : la paix de l'Église, les négociations avec la France forment le thème habituel de la correspondance. Au mois de mai 1440, Henri VI donnait des instructions pour conclure un traité avec l'archevêque, qui avait demandé à devenir son homme lige[38] ; le traité fut passé le 23 août suivant[39]. De son côté, l'archevêque, non moins ardent pour la conclusion de la paix entre l'Angleterre et la France que pour la pacification de l'Église, prit l'initiative d'une intervention : dans ce but il envoya deux ambassadeurs à Henri VI[40]. Le roi d'Angleterre était depuis longtemps en rapport avec un autre électeur de l'empire, Louis, comte Palatin du Rhin. La Couronne était débitrice envers ce prince d'une somme de cinq mille marcs pour le douaire de sa mère, Blanche de Lancastre ; avec les arrérages, la dette s'élevait à huit mille trois cents marcs. Le roi d'Angleterre s'était engagé à payer douze cents marcs par an ; mais, malgré les réclamations de Louis de Bavière, le paiement était toujours différé. Dans ses lettres, Henri VI, ne pouvant s'acquitter, se borne à gémir sur les lourdes charges qui pèsent sur son Trésor, et à remercier le comte de la patience dont il fait preuve[41].

Nous avons dit que le jeune Sigismond d'Autriche était passé sous la tutelle de son oncle Frédéric, devenu bientôt roi des Romains. A la fin de 1440, Charles VII reçut une lettre de Sigismond, où il témoignait du désir qu'il avait toujours de s'unir à Radegonde. Le Roi et la Reine répondirent aussitôt au jeune prince, en lui donnant le nom de fils[42]. Vous avez bien su, disait le Roi, les diligences et manières par nous en ce tenues devers feu notre cousin le duc Frédéric, votre père (que Dieu absolve !). Il n'a pas tenu à nous que les choses n'aient été poussées plus loin ; mais toujours notre dit cousin les a tenues en délai, sans doute à cause des grandes affaires qui lui sont survenues. Absorbé à ce moment par son expédition en Champagne, le Roi promettait à son futur gendre de lui faire connaître prochainement sa volonté à ce sujet.

Peu après Sigismond revint à la charge, et envoya un nouveau message. Nous avons la réponse du Roi, datée de Limoges, le 14 mai 1442. Charles VII déclarait être prêt à la réalisation du mariage ; il demandait à Sigismond de lui faire connaître au plus tôt ses intentions à cet égard ; dès que le jeune prince aurait mis à exécution les promesses faites au sire de Gaucourt, celui-ci partirait pour conclure le mariage. La Reine écrivit à Sigismond dans les mêmes termes[43].

Durant cette même année il fut question d'un mariage entre Frédéric III et Marguerite d'Anjou. Les choses prirent assez de consistance pour qu'une ambassade fût envoyée vers la reine Yolande. Nous avons la trace de dépenses faites, vers le mois de septembre 1442, pour vestir Madame Marguerite, à la venue des ambassadeurs de l'empereur ès villes de Saumur et Angiers[44] ; mais nous ne possédons point d'autres détails sur cette négociation[45].

Frédéric III était en rapports fréquents avec Henri VI[46]. On a une partie de la correspondance échangée entre les deux princes ; elle a trait principalement aux affaires de l'Église[47] : le roi d'Angleterre exhorte l'empereur à secourir le vaisseau de saint Pierre dans sa détresse, et à l'amener dans un port tranquille[48]. Au mois de mai 1440, on avait décidé, en Angleterre, d'envoyer une ambassade à Frédéric[49] ; le départ fut ajourné : c'est seulement au mois de juillet 1441 que partirent les envoyés de Henri VI ; ils avaient mission de prendre part à une diète qui devait se tenir à Francfort[50].

Les relations entre l'empire et le duc de Bourgogne restaient froides. Philippe avait envoyé des ambassadeurs à Aix-la-Chapelle pour le couronnement de Frédéric, afin de lui rendre les foi et hommage dus pour les terres relevant de l'empire ; Jean Jouffroy fut chargé crime mission près de, l'empereur au mois de juin 1441[51]. En juillet 1442, le duc se fit représenter à la diète de Francfort[52]. Mais de nombreuses questions restaient en litige, et une nouvelle source de conflits venait de surgir dans l'affaire du Luxembourg.

Cette affaire tient une si grande place dans la politique du temps qu'elle mérite d'être exposée avec soin.

Élisabeth de Luxembourg, fille unique de Jean, duc de Görlitz, mort en 1396, et nièce des  deux empereurs Wenceslas et Sigismond, avait épousé en premières noces, le 27 avril 1409, Antoine de Bourgogne, duc de Brabant, frère de Jean sans Peur. Par son contrat de mariage, elle, avait reçu en dot la somme de cent vingt mille francs ; mais au lieu de lui payer cette somme, Wenceslas lui avait donné en hypothèque le duché de Luxembourg, le comté de Chiny et l'avonerie d'Alsace, avec faculté de devenir titulaire de ces seigneuries en les dégageant des mains du margrave Josse de Moravie[53]. Élisabeth ayant usé de cette faculté, Wenceslas, par acte du 10 août 1411, lui renouvela l'engagement. du Luxembourg et des deux autres seigneuries, moyennant cent vingt mille florins du Rhin, avec réserve du droit de les dégager au profit de la couronne de Bohême[54]. Par un autre acte (13 juillet 1416), Wenceslas autorisa l'empereur Sigismond son frère à revendiquer tous les droits de sa maison sur le Luxembourg et sur l'Alsace. Après la mort de Sigismond, sa fille unique, Élisabeth, mariée à Albert, duc d'Autriche, empereur en 1438, signifia à sa tante l'intention où elle était d'exercer son droit de retrait. Mais l'empereur étant mort, sa veuve, en mariant sa fille Anne à Guillaume duc de Saxe[55], donna aux jeunes époux, par acte du 23 décembre 1439, le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, avec faculté de dégager ces seigneuries des mains d'Élisabeth de Görlitz, et sans réserve de ses propres droits, au cas où elle aurait un fils[56]. Or, le 22 février 1440, la veuve de l'empereur Albert accoucha d'un fils posthume, nommé Ladislas.

Élisabeth de Görlitz, accablée de dettes, ne cherchait qu'une occasion d'aliéner son duché. Dès le 14 mars 1427, en transigeant pour son douaire avec le duc de Bourgogne, elle avait cédé à ce prince son droit sur le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, et l'avait institué son héritier après sa mort[57]. Cet acte ne paraît pas avoir eu un caractère authentique, car, treize ans phis tard, Élisabeth accueillit des ouvertures qui lui furent faites d'un autre côté.

Nous n'entrerons pas dans l'examen d'une série de documenta où l'historien a quelque peine à se reconnaître. Qu'il nous suffise de dire qu'à la suite d'une alliance contractée entre l'archevêque de Trèves, Jacques de Sierck, et Guillaume, duc de Saxe (4 février 1440), l'archevêque traita avec la duchesse Élisabeth, Kant relativement à la vente du Luxembourg qu'au paiement de ses dettes et à la revendication de toutes ses prétentions pécuniaires à l'égard du duc de Bourgogne[58]. Par lettres de 26 décembre 1440, la duchesse Élisabeth déclarait avoir vendu à l'archevêque le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, moyennant cent dix mille florins du Rhin, reçus comptant ; mais l'acte définitif ne fut passé que le 1er mai 1441[59]. La reine de Hongrie Élisabeth, veuve de l'empereur Albert, avait, à la date du 25 mars précédent, donné son autorisation pour la conclusion du traité[60]. Dans un autre acte, sans date, la duchesse Élisabeth déclarait que, par l'entremise de l'archevêque de Trèves, elle avait cédé le duché de Luxembourg, le comté de Chiny et l'avouerie d'Alsace à Guillaume, duc de Saxe, et à Anne, sa femme — fille de la reine Élisabeth, comme on l'a vu plus haut —, moyennant le paiement de certaines sommes ; elle renonçait à toutes prétentions sur ces seigneuries et ordonnait à ses sujets de prêter serment au duc de Saxe[61]. Cet acte resta-t-il à l'état de projet, comme l'état du document peut le faire supposer ? Fut-il passé sous forme authentique, comme cela parait résulter d'autres documents[62] ? Toujours est-il qu'il n'y avait là qu'un contrat conditionnel. Les stipulations n'ayant pas été remplies dans les délais voulus, il demeura frappé de nullité.

La cession faite à l'archevêque de Trèves avait, au contraire, un caractère définitif. Et, à partir de ce moment, nous voyons la duchesse Élisabeth faire du prince électeur son préteur attitré et son universel fondé de pouvoirs, spécialement à l'égard du duc de Bourgogne. Élisabeth était alors très excitée contre le duc. Dans un des actes rendus à cet effet, elle déclarait que ce prince était l'auteur des grands malheurs et des-injustices dont elle avait souffert pendant son veuvage[63]. Elle fit même préparer une déclaration, destinée à être envoyée au roi des Romains et aux électeurs de l'empire, dans laquelle il était dit que Philippe, au mépris de tout droit et de toute justice, la privait de son douaire en Brabant, Hollande et Zélande, et retenait ses joyaux[64].

La duchesse Élisabeth n'avait pas besoin de faire appel au roi des Romains contre le duc de Bourgogne : dès le 16 mai 1441, Frédéric avait déclaré qu'il ne traiterait pas avec ce prince avant que satisfaction n'eût été donnée par lui pour les sommes dues à la duchesse Élisabeth[65]. C'était le moment où Frédéric venait d'être désigné par la reine Elisabeth comme tuteur de son fils Ladislas[66].

Après la naissance de ce fils, la reine Élisabeth confirma l'acte passé en faveur de son gendre et de sa fille : le 10 août 1440, elle écrivait à la duchesse Élisabeth qu'elle leur avait cédé le Luxembourg[67]. En même temps, elle déclarait aux États qu'elle avait chargé son gendre, le duc de Sage, de prendre le gouvernement du pays, les exhortant à recevoir le duc et sa femme comme souverains[68].

En traitant avec l'archevêque de Trèves, la duchesse Élisabeth avait agi, on l'a vu, avec la pleine approbation de la veuve de l'empereur Albert. Au mois d'avril 1441, la duchesse chargea l'archevêque d'aller trouver la reine Élisabeth et le roi des Romains pour prendre avec eux divers arrangements[69]. Jacques de Sierck se rendit à Vienne, où il fut comblé de marques de faveur. La reine Élisabeth donna (22 juillet) son approbation à l'acte par lequel sa tante avait vendu le Luxembourg à l'archevêque[70]. Frédéric qui, comme tuteur de Ladislas, avait donné déjà (29 mai 1441) son approbation à la donation faite par la reine Élisabeth, le 23 décembre 1439, au duc et à la duchesse de Saxe, visa (23 juillet) les lettres de la reine et en confirma toutes les clauses[71]. Un mois auparavant, persistant dans ses dispositions à l'égard du duc de Bourgogne, Frédéric avait promis à la duchesse Élisabeth de ne faire aucune concession de fiefs au duc Philippe et de ne point entrer en arrangements avec lui avant que ce prince ne se fût engagé à remettre à la duchesse son douaire en Hollande, Zélande et Brabant, et à lui faire rendre ses joyaux[72].

L'archevêque de Trèves donna, à la date du 31 juillet 1441, des lettres par lesquelles il reconnaissait le droit de rachat du Luxembourg comme pouvant être exercé ; soit par la reine Élisabeth ou son fils Ladislas, soit par le duc nia duchesse de Saxe[73]. Puis il quitta la Cour impériale, ayant obtenu, pour la duchesse Élisabeth aussi bien que pour lui-même et pour son père, Arnold de Sierck, toutes les satisfactions qu'il pouvait désirer.

Mais tandis qu'étaient pris ces arrangements, qui semblaient devoir régler définitivement le sort du Luxembourg, la diplomatie bourguignonne travaillait sans relâche. Les choses furent conduites avec autant de promptitude que de mystère. Le 12 septembre 1441, à Trèves même, la duchesse Élisabeth signait un papier de quelques lignes, en allemand, portant pouvoir à Floris de Buschuissen, son prévôt à Ivoix, de traiter avec le duc de Bourgogne, soit du règlement de la question de son douaire, soit de la cession du duché de Luxembourg[74]. Le 4 octobre suivant était passé à Hesdin un acte par lequel la duchesse Élisabeth transportait au duc Philippe le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, avec le duché de Gorlitz et le droit sur l'avouerie d'Alsace, moyennant le paiement d'une rente de sept mille florins du Rhin et de dix-huit mille florins, savoir deux mille comptant et seize mille un an après la prise de possession[75]. Au mois de janvier 1442, la duchesse Élisabeth était à Bruxelles, où se trouvait la duchesse de Bourgogne : là elle ratifia le traité du 4 octobre, passa une convention avec Isabelle pour l'exécution du traité, et nomma le duc de Bourgogne mainbourg et gouverneur du duché de Luxembourg[76]. Le 31 janvier suivant, à Nevers, duc de Bourgogne approuvait la convention passée à Bruxelles, et déclarait prendre le Luxembourg sous, sa garde[77]. Une ambassade bourguignonne, à la tête de laquelle était Guillaume, seigneur de Lalaing, partit aussitôt pour Thionville, afin d'opérer, au, nom du duc, la prise de possession[78]. Dès l'arrivée de cette ambassade, la duchesse Élisabeth rit savoir, par lettres patentes, qu'elle avait demandé l'assistance du duc de Bourgogne, afin de mettre un terme aux calamités dont elle et ses pays avaient à souffrir, et ordonna à tous ses sujets de recevoir le duc comme mainbourg et administrateur du duché de Luxembourg, et du comté de Chiny[79].

Cette déclaration fut très mal accueillie. Les bourgeois se mirent en armes, envahirent le palais de la duchesse, et l'obligèrent à quitter Thionville. Élisabeth se retira à Dijon, où elle ne tarda pas à recevoir les lettres de défi du comte de Gleiches, représentant les héritiers du pays de Luxembourg, et le en grand nombre de seigneurs[80].

Ainsi se trouvait brusquement compromis le fruit des efforts de la politique bourguignonne. Pour atteindre le résultat poursuivi, il fallait désormais recourir à la force.

 Conformément à la volonté exprimée par l'empereur Frédéric[81], l'autorité du duc de Saxe ne tarda pas à être' reconnue dans tout le duché de Luxembourg. Le.21 mai suivant ; Frédéric prit de nouveaux engagements à l'égard du duc et de la duchesse de Saxe[82]. A la diète de Francfort (juillet 1442), où l'empereur s'empressa de faire droit à toutes les requêtes présentées par l'archevêque de Trèves[83], la question du Luxembourg fut agitée. La duchesse Élisabeth se présenta en personne, assistée d'ambassadeurs du duc de Bourgogne. Un arrangement provisoire fut pris et une trêve conclue jusqu'au 1er novembre[84]. Mais le duc.de Bourgogne n'ayant pas voulu accepter ce qui avait été réglé par l'empereur et ayant fait pénétrer des gens de guerre dans le Luxembourg[85], Frédéric, par lettres du 13 août 1442, ordonna à l'archevêque. de Trèves de protéger le duché contre cette attaque, et de faire proclamer le duc de Saxe comme souverain[86]. En même temps il chargea l'archevêque de Cologne d'intervenir auprès du duc de Bourgogne et de f amener à composition[87].

Telle était la situation au moment où le duc de Bourgogne, apprenant que l'empereur devait passer dans le voisinage de ses états, sollicita et obtint qu'il Se rendit à Besançon pour y conférer avec lui.

Philippe arriva dans cette ville le 29 octobre. Le surlendemain ; on annonçait la venue de l'empereur. Le duc se porta à sa rencontre jusqu'à La Vèse, à une demi-lieue hors des murs. Les deux princes se découvrirent, descendirent de cheval, et le duc mit un genou en terre[88]. Frédéric prit la tête du cortège, et fit son entrée sous un poêle de drap d'or porté par les plus notables bourgeois. Quelques jours après arriva la duchesse de Bourgogne, et Frédéric alla au-devant d'elle. Les relations contemporaines ne tarissent pas sur les banquets et les fêtes où se déploya la magnificence bourguignonne ; elles' sont plus sobres de détails sur les conférences entre les deux princes. Elles nous apprennent seulement que le premier point traité fut l'affaire de la succession de Hainaut ; le second, l'affaire de la réunion du Brabant aux possessions du duc ; le troisième, la vieille querelle relative au douaire de Catherine de Bourgogne, mariée à Léopold, duc d'Autriche[89]. Mais l'affaire principale était celle qu'Olivier de la Marche se garde de mentionner, savoir la succession du Luxembourg.

Dix jours se passèrent dans ces conférences. Le chroniqueur bourguignon nous dit que l'accord se fit d'une façon complète, et que les deux princes se séparèrent en se donnant de mutuels témoignages d'amitié[90]. Il n'est pas douteux que Philippe déploya tant d'habileté et sut si bien gagner les bonnes grâces de l'empereur, qu'il obtint tout ce qu'il pouvait désirer. Frédéric renonça à tous les droits de l'empire sur la Hollande, la Zélande, la Frise et le Brabant ; il consentit à ce que le duc eût le gouvernement du Luxembourg jusqu'à la mort de la duchesse Élisabeth[91] ; il fit plus : au, mépris des droits du duc et de la duchesse de Saxe, il prit des arrangements aux termes desquels le Luxembourg devait être attribué, dans l'avenir, au fils du duc de Clèves et de Catherine, duchesse d'Autriche[92].

L'entrevue de Besançon avait donc produit, pour la politique bourguignonne, d'importants résultats : si elle ne résolvait pas toutes les difficultés que Philippe devait rencontrer avant d'arriver à, ses fins, elle rendait sa route, plus libre et plus facile.

Sur ces entrefaites, le duc de Bourgogne reçut une lettre de Frédéric et Guillaume, ducs de Saxe, protestant contre son intervention dans les affaires du Luxembourg, au mépris de leurs droits et des arrangements, pris à Francfort par le roi des Romains en présence de la duchesse Élisabeth et des ambassadeurs du, duc, et demandant que la question fût remise. à la décision du.roi des. Romains. Philippe répondit le 29 décembre. Il ne savait rien des arrangements pris à Francfort, sinon qu'une trêve avait été conclue ; acceptant la mainbournie, il n'avait fait qu'user de son droit ; il s'adresserait volontiers à la duchesse Élisabeth pour l'engager a s'en rapporter à la décision du roi des Romains[93]. Le duc écrivit en même temps au comte Palatin du Rhin et à l'archevêque de Trèves[94]. Mais il sentait bien que la voie des armes était seule capable de lui procurer la solution désirée. Plus que jamais le duc et la duchesse de Saxe persistaient à revendiquer la possession du Luxembourg : ils sollicitaient l'archevêque de Trèves de se rendre près du roi des Romains, pour empêcher qu'on ne ravit le Luxembourg à ceux qui avaient le droit pour eux[95] ; ils persistaient à demander que le différend fût porté devant Frédéric et les électeurs de l'empire ; ils proposaient de s'en rapporter, soit au Concile de Bâle, soit à l'archevêque de Trèves et aux autres princes électeurs, soit à une assemblée composée de délégués des villes impériales[96]. Une conférence fut tenue à Trèves (24 juin 1443) entre leurs représentants et ceux du duc  de Bourgogne, sans qu'on parvint à s'entendre[97]. A ce moment, la communauté de Luxembourg fit acte public d'adhésion à Frédéric et Guillaume de Saxe[98].

Le duc de Bourgogne n'attendit pas davantage. Ses troupes campaient déjà dans le Luxembourg ; il donna ordre à Simon, de Lalaing d'attaquer Thionville. Cette tentative, faite au mois d'août 1443, fut infructueuse[99]. Alors le chic entra lui-même en campagne. Quittant Dijon, où il s'était concerté avec la duchesse Élisabeth, il se rendit à Mézières (8 septembre) et envahit le Luxembourg[100]. Déjà. Simon de Lalaing venait' de rendre maître d'Ivoy, de Montmédy et d'autres places. Villy fut assiégé et pris. Virton, Arlon, Esch, à quatre lieues de Luxembourg, furent occupés. Laissant cette ville sur' la gauche, le duc s'avança jusqu'à Florenge, en compagnie de la duchesse Élisabeth. Là devait se tenir une conférence avec le comté de Gleichen, représentant le duc de Saxe[101].

Cependant l'empereur ne laissait rien percer de ses dispositions favorables au duc de Bourgogne. Par un acte passé à Vienne, le 14 octobre, il déclara qu'en présence des graves difficultés soulevées relativement à la possession du Luxembourg et du refus opposé à la proposition d'arbitrage du duc de Saxe, il réservait à celui-ci tous ses droits[102].

La conférence de Florenge n'amena  aucun résultat ; elle se poursuivit à Arlon. On discutait sans pouvoir s'entendre : Le duc de Bourgogne fit remettre aux représentants du duc de Saxe un long mémoire, où apparaît dans un jour complet la duplicité de sa politique[103]. Pourtant on finit par s'en remettre à la médiation de l'archevêque de Trèves. Ce prince, qui déjà, dans l'automne de 1442, avait conféré à Dijon avec le duc[104], reçut, d'abord à Septfonds, puis à Trèves, les ambassadeurs des parties[105]. Grâce à son intervention, grâce surtout aux succès militaires des Bourguignons, qui s'emparèrent de Luxembourg (22 novembre) et occupèrent peu après le château (11 décembre)[106], un traité fut passé à la date du 29 décembre[107]. Moyennant la somme de cent vingt mille florins de Hongrie, payable moitié à la Saint-Jean, moitié à Noël de l'année 1444, le duc et la duchesse de Saxe abandonnaient au duc de Bourgogne tous leurs droits sur le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, sauf réserve du droit de rachat en faveur de Ladislas, après la mort de la duchesse Élisabeth[108]. Ce traité fut successivement ratifié par la duchesse Élisabeth, par le duc de Bourgogne, par le duc et la duchesse de Saxe, enfin par l'empereur Frédéric, comme tuteur de Ladislas[109]. On s'étonne qu'après une si longue résistance, le duc et la duchesse de Saxe se soient montrés d'aussi facile composition ; on s'étonne plus encore qu'ils aient pris l'engagement de faire distribuer une somme de six mille florins aux conseillers du duc de Bourgogne qui avaient participé à là conclusion du traité[110].

Ainsi fut dénouée cette grave question de la succession du Luxembourg ; elle devait plus tard être soulevée de nouveau et devenir l'occasion d'un conflit où la France joua un rôle considérable.

 

En dehors des empereurs d'Allemagne — ou plutôt des rois des Romains, car le roi des Romains ne prenait le titre d'empereur que quand il avait été couronné par le Papp., — et des ducs d'Autriche, nous ne rencontrons, pour cette période, que fort peu de princes allemands avec lesquels Charles VII ait entretenu des relations.

L'archevêque de Cologne, Thierry de Meurs, était inféodé à l'Angleterre ; le comte Palatin du Rhin, Louis le Barbu, allié la maison de Lancastre par son mariage avec, Blanche, fille de Henri IV, mourut en 1439 (20 décembre), et son file Louis, né en 1424, suivit la politique paternelle. L'archevêque de. Trèves, Jacques de Sierck, ancien chancelier de René d'Anjou, était le seul parmi les princes électeurs qui eût des sympathies pour la France. L'archevêque de9Mayence, Thierry d'Espach, restait étranger aux affaires de France. Il intervint pourtant, en 1439, conjointement avec Othon de Ravière, frère du comte Palatin, auprès de Charles VII ; mais son intervention avait uniquement pour objet d'arrêter les ravages des écorcheurs, qui avaient envahi l'Allemagne. On a publié la réponse faite par Charles VII à ces deux princes, et l'on a justement vanté la noblesse et la générosité des sentiments dont elle est empreinte : le Roi exprimait la douleur qu'il avait ressentie à la nouvelle des excès commis ; les liens qui l'unissaient à l'empire, le désir qu'il avait d'entretenir d'amicales relations avec le roi des Romains et avec les princes du saint empire augmentaient la tristesse que lui faisaient éprouver de tels désordres ; il gémissait autant que s'ils avaient eu lieu dans 'son royaume et que si ses propres sujets en eussent été victimes, ; il ne les avait d'ailleurs autorisés en aucune façon : suivant la commune renommée, ses gens de guerre n'avaient fait que répondre à l'appel de seigneurs et de villes de l'empire, dévorés de haine et ne cherchant qu'à assouvir leur vengeance ; il promettait à l'avenir d'étouffer dans son germe toute tentative d'invasion. Les coupables n'avaient échappé à un châtiment justement mérité qu'à la faveur des guerres qui déchiraient son royaume, car, au milieu du bruit des armes, disait-il, les lois se taisent quelquefois et la rigueur de la justice se trouve momentanément suspendue[111].

 

Il nous reste à examiner quelles furent les relations de la France avec l'Écosse, la Castille et l'Italie, durant la période qui nous occupe.

La conclusion du mariage entre le Dauphin et Marguerite d'Ecosse semblait devoir être le signal d'une intervention plus efficace de Jacques Ier en faveur de la France. On a vu plus haut que ce prince avait eu la pensée de se rapprocher de l'Angleterre, et les choses avaient même été poussées assez loin[112]. La mission diplomatique de Regnault Girard eut pour résultat de mettre un terme à ces négociations et de rejeter plus que jamais l'Écosse dans l'alliance française.

Une autre ambassade ne fut peut-être pas étrangère à ce résultat. Au commencement de 1436, on vit arriver à la cour de Jacques Ier un jeune diplomate, se présentant comme investi d'une mission du Concile de Baie et du Pape : c'était un secrétaire du cardinal Albergati ; du nom d'Æneas Sylvius. Parti d'Arras après la conclusion du traité, il avait vainement tenté de pénétrer en Écosse par l'Angleterre ; n'ayant pu obtenir le sauf-conduit demandé, il avait dû reprendre la mer, et s'était rendu à Bruges. Là, il s'était embarqué de nouveau, et après une traversée dés plus périlleuses ii avait atteint le but de son voyage. Que venait faire cet ambassadeur ? Poursuivre au nom du Pape et du Concile la délivrance d'un prisonnier ? Réconcilier le roi Jacques avec l'un de ses prélats ? Ce sont là les motifs que plus tard Æneas Sylvius lui-même mit en avant pour colorer sa mission secrète[113] ; mais ce n'est certes pas en vue d'un tel résultat qu'il venait en Écosse. Le cardinal Albergati craignait les conséquences d'un retour offensif de l'Angleterre contre la France ; il eût voulu qu'une diversion, opérée par le roi d'Écosse, vint protéger Charles VII contre une nouvelle attaque[114].

On prétend[115] que, tout en recevant un accueil gracieux, Æneas Sylvius ne réussit pas dans sa mission : Jacques Ier aurait rejeté la pensée d'une guerre avec l'Angleterre ; il aurait promis seulement d'envoyer des ambassadeurs pour offrir son intervention entre la France et l'Angleterre, et, en cas de non-réussite, de ne porter aucun secours aux Anglais. Mais, dans un ouvrage dicté par lui, /Encas déclare avoir 'obtenu tout ce qu'il demandait[116], et ce qu'il entend ici des prétextes donnés par lui s'applique peut-être au but réel qu'il était chargé de poursuivre. Toujours est-il que le secrétaire d'Albergati revint comblé des faveurs du roi d'Écosse, qui paya tous ses frais de voyage et lui fit de beaux présents[117].

Cependant l'Angleterre, sans tenir compte des plaintes du roi Jacques ; laissait violer impunément la trêve avec l'Écosse[118]. Elle fit plus : mécontente de la conclusion du mariage de Marguerite, et craignant sans doute qu'un nouveau contingent écossais ne vint grossir les rangs de l'armée de Charles VII[119], elle mit sur pied une flotte, destinée à intercepter le passage de la Dauphine.

Quelque infructueuse qu'ait été une pareille tentative, elle n'en causa pas moins une vive irritation à la cour d'Écosse. Si, comme on le dit, Jacques Ier avait hésité un moment à prendre les armes, il s'y résolut soudain. Ayant rassemblé une armée formidable, il vint (10 août 1436) mettre le siège devant Roxburg. Le château était au moment de se rendre quand tout à coup la Reine arriva au camp. Aussitôt le siège est levé, l'armée dissoute, et le roi reprend brusquement le chemin du nord[120].

Que s'était-il passé ? La suite des événements jette sur ces faits une sombre lueur. Un complot dynastique était ourdi contre la maison régnante ; six mois après (21 février 1437), le roi Jacques succombait à Perth sous les coups de Robert Graham et de ses complices. Ce grand prince n'était âgé que de quarante-trois ans.

Le trône passait à un enfant de six ans. La reine s'enfuit avec son fils et s'enferma dans le château d'Édimbourg, dont le capitaine était William, baron de Crichton, grand maitre de l'hôtel du feu roi. Ce personnage devait jouer un rôle prépondérant dans les affaires d'Écosse. Le Parlement fut assemblé à Édimbourg (25 mars). La garde du jeune roi fut confiée à la reine jusqu'à ce qu'il eût atteint sa majorité. Jacques II fut couronné dans l'abbaye d'Holyrood, et Archibald, comte de Douglas, fut nommé lieutenant général du royaume[121].

Nous ne retracerons pas l'histoire d'Écosse pendant cette régence, si pleine de vicissitudes et de troubles : le jeune roi n'est qu'un jouet aux mains des grands se disputant le pouvoir. Bornons-nous à dire que le 'premier soin des conseillers du trône fut d'assurer la cessation des hostilités avec l'Angleterre : une trêve de neuf ans fut signée, à partir du 1er mai 1438[122].

On s'explique le rôle effacé de l'Écosse dans les affaires de France, durant les années qui suivirent le mariage du Dauphin avec Marguerite. En 1437, le duc de Bretagne entama des négociations en vue du mariage de son fils Gilles avec une des filles du feu roi : des ambassadeurs furent envoyés en Écosse pour conclure cette alliance[123]. Mais le projet ne put aboutir. Peu après, par suite d'une de ces révolutions de palais si fréquentes pendant la minorité de Jacques II, le pouvoir échappa aux Douglas. Le jeune comte William et son frère James furent arrêtés (24 novembre 1440) sous l'inculpation d'un crime de haute trahison, et ne tardèrent pas à périr sur l'échafaud. Crichton et Livingston, deux rivaux qui s'étaient unis pour renverser l'ennemi commun, prirent la direction des affaires. A. ce moment, une nouvelle ambassade bretonne arriva en Écosse : cette fois il ne s'agissait plus d'un projet de mariage pour le fils cadet du duc de Bretagne. L'héritier de son duché, le comte de Montfort, était devenu veuf par la mort d'Yolande d'Anjou ; Jean V demandait pour lui la main d'Isabelle d'Écosse[124]. Le traité de mariage fut passé le 19 juillet 1441[125], et fut ratifié par le duc de Bretagne le 29 septembre suivant[126]. Au mois d'août 1442, une ambassade partit, avec mission de conduire la jeune princesse en Bretagne[127]. Quand elle arriva, le duc Jean V venait de mourir (28 août). Le mariage ne fut célébré que le 30 octobre, à Auray. Le 9 décembre suivant, le nouveau duc se fit couronner à Rennes, en présence du connétable de Richemont, du chancelier de France, des ducs d'Orléans et d'Alençon, du comte de Vendôme, de Dunois et de Pierre de Brezé[128].

 

Nous avons mentionné plus haut[129] la conclusion du traité de Madrid, signé le 29 janvier 1435 entre la Castille et la France. Aussitôt après, une ambassade était venue, conformément à l'usage, apporter à Charles VII, au nom de Jean II[130], l'original de l'acte[131]. Dans les premiers jours de juin 1435, Jean Cornillo, archidiacre de Cuença, était à Amboise, où se trouvait alors la Cour ; il était assisté par Iñigo d'Arceo, procureur du roi de Castille en France et boursier des marchands castillans qui résidaient dans le royaume. Sur la demande des représentants de Jean II, le Roi confirma les privilèges commerciaux des Castillans[132].

Les relations entre les deux pays paraissent avoir été interrompues jusqu'en 1441. La Castille était toujours agitée par des troubles incessants. Le caractère indolent de Jean II, l'ambition démesurée de son favori le connétable de Luna, l'avidité des grands, telles étaient les causes de l'anarchie qui y régnait[133]. Pendant trente années, comme on l'a très bien dit, c'est un dédale de trahisons de combats, de félonies, d'actions héroïques, de soudains revirements où le roi a pour adversaire ceux qui naguère étaient ses défenseurs, où des ennemis redeviennent brusquement.des alliés, où le pardon est accordé, où la confiance est rendue avec une facilité aussi grande que la mobilité de tous ces turbulents grands seigneurs[134]. En l'absence d'Alphonse V, qui, en 1435, avait de nouveau quitté l'Aragon pour faire valoir ses prétentions sur le royaume de Naples, sa femme doña Maria et son frère le roi de Navarre Jean II conclurent un traité de paix avec la Castille (22 septembre 1436). Mais cette pacification fut de courte durée : un parti de mécontents, soutenu par le roi de Navarre et par son frère l'infant don Henri, se forma en Castille ; il obtint l'éloignement du connétable Alvaro de Luna (1439). L'année suivante, à la suite d'une prise d'armes, l'infant don Henri s'empara de la direction des affaires et maria le prince don Henri, héritier du trône de Castille, à doña Blanca, infante de Navarre. Poussé par les mécontents, le jeune prince se révolta contre l'autorité paternelle. Sortant un moment de sa torpeur, Jean II, dans le cours de 1441, envahit la Navarre et s'empara de plusieurs places. Mais les rebelles ayant occupé par surprise Medina del Campo, Jean se trouva à leur merci : le 23 juin 1441 fut signé un traité par lequel les rois de Castille et de Navarre déclaraient s'en rapporter à la décision de la reine, du prince don Henri, de l'amiral et du comte d'Alva. Tenu par le roi de Navarre dans un honteux esclavage et gardé à vue, Jean II n'eut plus bientôt qu'un pouvoir nominal. Cette situation se prolongea jusqu'en 1444. Le prince don Henri s'étant alors mis secrètement en relation avec son père, celui-ci parvint à s'échapper et passa dans le camp du prince. L'armée des confédérés fut dispersée ; le roi de Navarre dut chercher un refuge en Aragon. Enfin, l'année suivante, la victoire d'Olmedo (19 mai 1445) vint assurer le triomphe de la Castille, sans pour cela mettre un terme aux troubles résultant des divisions entre le père et le fils[135].

D'après ce tableau rapide on peut constater que, dans les dernières luttes que la France eut à soutenir contre l'Angleterre, l'alliance castillane ne lui fut pas plus profitable que l'alliance écossaise. Toutes les tentatives faites pour obtenir une action efficace de la part de Jean II demeurèrent infructueuses. Non que le roi de Castille Mt indifférent à la situation du royaume : nous le voyons se réjouir de la prise de Paris[136] ; mais, dans la situation précaire où il se trouvait, il était réduit à l'impuissance. L'ambassade de l'évêque de Toulouse en 1437[137] et de Jean de Lizac en 1441[138] ; celle qui parait avoir été envoyée à la fin de 1442, lors de l'expédition de Guyenne, ne furent suivies d'aucun effet. Nous savons qu'un chevalier castillan vint trouver Charles VII à Montauban, pour concerter avec lui les mesures à prendre en vue d'une attaque contre les Anglais ; on a vu plus haut[139] que cette entreprise ne fut point tentée. Il fut question, d'envoyer une ambassade en Castille, et aussi en Écosse, relativement aux négociations entamées pour la paix avec l'Angleterre : dans sa réponse aux remontrances des princes, en mai 1442, le Roi déclarait ne pas vouloir traiter définitivement avec les Anglais, ou conclure avec eux une trêve de longue durée, sans le consentement de ses alliés ; car, disait-il, nous avons trouvé leur alliance bonne et sure, et nous pouvons compter sur la fidélité des gens de leur pays, lesquels ont rendu à la maison de France de si grands services[140]. Ces négociations furent ajournées ; quand, au commencement de 1444, elles furent reprises et qu'une trêve fut conclue, la Castille et l'Écosse figurèrent parmi les puissances alliées comprises dans le traité du 28 mai.

 

En Aragon régnait un prince dont le caractère offrait un frappant contraste avec celui de Jean II. Plein d'énergie, d'initiative, doué de toutes les qualités qui font un grand roi, Alphonse V aurait pu avoir une haute influence sur les affaires de l'Espagne ; mais son activité se portait au dehors, et la maison de France avait trouvé en lui un adversaire dans le royaume de Naples. Compétiteur de René d'Anjou, il avait triomphé définitivement en 1442 ; allié constant de l'Angleterre, il ne cessait d'entretenir avec Henri VI des relations amicales. On s'étonne donc qu'il ait été question d'une alliance entre les maisons de France et d'Aragon. L'annaliste Zurita nous apprend pourtant qu'en 1444 Alphonse V, alors maître du royaume de Naples, donna l'ordre à don Raymond de Moncada de se rendre en France, afin de demander pour l'infant don Ferdinand la main d'une fille de Charles VII[141]. Une maladie très grave, qui mit le roi d'Aragon aux portes du tombeau, fit ajourner ce dessein, qui bientôt fut abandonné.

Mais s'il n'y avait alors aucune relation officielle entre les cours de France et d'Aragon, il y avait échange.de communications privées entre la reine clona Maria et certains conseillers influents du trône. On a publié récemment une lettre de la reine d'Aragon, adressée, en date du 17 décembre 1442, à l'amiral de Coëtivy, et accréditant près de lui un ambassadeur, Bernard Albert[142].

 

Les affaires italiennes intéressaient la France à un double titre : Charles VII avait pour alliés le duc de Milan et le duc de Savoie, et il devait chercher à tirer parti de ces alliances ; d'autre part, voyant son beau-frère le roi René revendiquer les droits presque séculaires de la maison d'Anjou, et se lancer à la poursuite d'un trône dont ni son père, ni son aïeul n'avaient pu s'assurer la possession, il était naturellement porté à le soutenir.

On a vu que, dans les premiers mois de 1436, une négociation avait été entamée avec le duc de Savoie pour la conclusion d'un mariage entre Charles d'Anjou et Marguerite de Savoie, veuve de Louis, roi de Sicile. D'autres pourparlers, engagés à la même époque entre les cours de France et de Savoie, devaient avoir une issue plus favorable. Des ambassadeurs d'Amédée VIII[143] vinrent trouver le Roi à Tours, où fut signé, le 16 août 1436, le contrat de mariage de Yolande de France avec Amé de Savoie, fils acné de Louis de Savoie, prince de Piémont. Le traité stipulait que les deux enfants seraient unis quand leur âge le permettrait[144] ; une dot de cent mille écus d'or était donnée à Yolande, qui devait résider en Savoie jusqu'à la consommation du mariage[145]. Par un acte séparé, il fut stipulé que le duc de Savoie donnerait passage, à travers ses états, des troupes étrangères, moyennant le paiement des vivres qui leur seraient nécessaires, et qu'il s'engagerait à ne point prendre à son service des troupes engagées ou licenciées par l'autre partie ; enfin aucun traité ne devait être conclu, de part et d'autre, sans que chacun des deux princes y fût compris[146]. Le même jour Charles VII déclarait qu'ayant obtenu du duc de Savoie, pour faciliter l'accomplissement des affaires importantes qu'il avait en vue, un prêt de soixante-trois mille ducats, il en avait reçu comptant trente-trois mille[147]. Enfin Charles VII ordonna de faire payer au duc les arrérages d'une rente de trois mille livres tournois que ce prince avait le droit de prendre sur le profit de la rêve levée au nom du Roi dans le baillage de Mâcon et la sénéchaussée de Lyon[148]. Le traité conclu à Tours fut ratifié par Amédée VIII le 28 août suivant[149].

Les relations avec la cour de Savoie se poursuivirent durant les années suivantes ; mais les affaires traitées paraissaient avoir été de médiocre importance[150]. Amédée VIII, sans renoncer à la politique, comme on l'a cru à tort[151], s'était enfermé en 1434 dans sa retraite de Ripaille ; c'est là que vinrent le chercher, en 1439 (5 novembre), les suffrages du conciliabule de Bâle[152]. L'antipape Félix V institua duc de Savoie son fils aîné, Louis. Le nouveau duc ne tarda pas à s'unir par une étroite alliance avec le duc de Bourgogne : nous avons mentionné plus haut le traité passé à Chalon, le 10 juillet 1443, entre lui et Philippe le Bon. Les deux princes s'engageaient à entretenir, tant qu'ils vivraient, des relations fraternelles, et à s'assister mutuellement, à toute puissance, de corps et de chevance[153]. Au même moment le duc Louis se mit en relations avec Charles VII : une ambassade de Savoie vint trouver le Roi à Poitiers, à son retour du midi[154] ; nous ne possédons aucun renseignement sur l'objet de cette ambassade.

En partant pour Naples, au mois d'avril 1438, le roi René reçut de Charles VII une somme de vingt mille florins[155]. C'était le seul secours que, dans la situation du royaume, il fût possible de lui donner. Mais le Roi n'avait cessé d'agir en sa faveur par les voies diplomatiques. On a la trace d'ambassades envoyées dans ce but vers le Pape, à Florence, en 1435 et 1436[156]. Au mois d'avril 1439, le sire de Gaucourt et Thibaud Lemoine, évêque de Chartres, partirent pour l'Italie : ils avaient mission de se rendre d'abord près du Pape, et de là à Naples, pour tenter de conclure une paix entre le roi René et Alphonse V, son compétiteur[157]. Après s'être entendu avec les envoyés du Roi, Eugène IV chargea l'évêque d'Albano d'aller à Naples, afin de prendre part aux négociations[158]. Le Pape se montrait d'autant plus favorable à René, que le roi d'Aragon, en 1437, s'était adressé au Concile de Bâle pour obtenir la consécration de ses droits sur le trône de Naples, et qu'il était entré dans une coalition ayant pour but la déposition d'Eugène IV et la nomination d'Amédée VIII comme pape. Alphonse avait même envoyé un messager à Louis, prince de Piémont, pour l'engager à soutenir vigoureusement cette candidature, lui promettant tout son appui[159].

Gaucourt et l'évêque de Chartres arrivèrent à Gaëte, près du roi d'Aragon, au milieu du mois de juin : Alphonse V les accueillit avec empressement, et les admit à sa table[160]. Mais les succès remportés par René, en obligeant Alphonse à se retirer en Calabre, vinrent interrompre les négociations[161].

Une nouvelle ambassade ne tarda pas à rejoindre la première : l'évêque de Conserans et Tanguy du Chastel arrivèrent au mois de septembre 1439 dans le royaume de Naples ; ne trouvant plus le roi d'Aragon à Gaète, ils se rendirent près du roi René. A ce moment, Alphonse V sollicita une trêve, qui tout d'abord lui fut refusée ; l'intervention des ambassadeurs français en amena bientôt la conclusion[162].

Les avantages qui avaient signalé l'année 1439 ne furent pas de longue durée. Ce n'était point sans raison que Charles VII travaillait, de concert avec la reine Yolande, à amener un accord : une nouvelle ambassade partit dans ce but[163]. Mais les hostilités n'avaient point tardé à être reprises, et, en dépit des secours donnés à René par le Pape et la république de Gênes, l'habileté, l'astuce, l'infatigable persévérance de son rival devaient triompher. Après une résistance héroïque et des prodiges de vaillance, René, assiégé dans Naples (novembre 1441), succomba sous le nombre et la trahison : le 2 juin 1442, Naples tombait au pouvoir d'Alphonse V, qui livra la ville au pillage ; le 3, le roi René s'embarquait avec ses chevaliers français et les rares Napolitains demeurés fidèles à sa cause. Il gagna Florence ; de là, après s'être convaincu de l'impossibilité d'un retour offensif, il fit voile pour la Provence[164]. Le 14 juin 1443, son rival était reconnu par le Pape[165].

Un autre prince du sang royal avait profité de l'ambassade du sire de Gaucourt pour conclure une alliance avec le roi d'Aragon[166], et il allait se faire dans le nord de l'Italie le représentant de l'influence française. Nous voulons parler du duc d'Orléans qui, du chef de sa mère Valentine de Milan, possédait la seigneurie d'Asti et en avait reçu l'investiture de l'empereur Sigismond par acte du 3 juillet 1414[167]. Pendant longtemps, cette seigneurie avait été laissée aux mains du duc de Milan ; mais Charles d'Orléans, au moment où il recouvra la liberté, se mit en négociations avec ce prince pour reprendre possession d'Asti. Nous avons la mention d'un acte du 31 août 1440, par lequel un envoyé de Philippe-Marie promettait, au nom de son maître, d'abandonner au duc d'Orléans, dans le délai de six mois, le gouvernement de la seigneurie[168]. Cet engagement n'était point rempli l'année suivante, car, à la date du 30 décembre 1441, le même envoyé, Jean de Fagnan, était à Blois, promettant, au nom du duc de Milan, de gouverner bien et loyalement la seigneurie pendant l'espace de six mois, et de la remettre ensuite entre les mains du duc d'Orléans, conformément aux conventions faites[169]. Dans le cours de cette année, et une seconde fois en 1442, le comte de Dunois se rendit près du duc de Milan[170]. Il s'agissait de la conclusion d'un traité entre les deux ducs. Le traité fut passé à Lusignan, le 22 mai 1443, entre Aloys Boz, écuyer de salle et procureur de Philippe-Marie, et le comte de Dunois ; il fut ratifié le même jour par Charles VII. Une alliance était contractée entre le duc d'Orléans, comme seigneur d'Asti, et le duc de Milan ; le comte de Dunois, investi de la charge de gouverneur d'Asti, ne pouvait être révoqué sans le consentement du duc de Milan ; les conventions intervenues entre les deux princes devaient avoir une durée de quarante ans[171]. Malgré tout, le duc Philippe-Marie ne livra pas Asti : nous verrons plus loin le duc d'Orléans s'adresser à l'empereur Frédéric (juillet 1444) pour lui demander d'intervenir comme suzerain et de le faire mettre en possession de sa seigneurie[172].

 

La république de Gênes soutenait à Naples la cause du roi René. Elle se mit en rapport avec Charles VII : on a une lettre de Janus de Campo-Fregoso, en date du 25 août 1437, sollicitant l'appui du Roi et fui demandant d'user de son influence auprès des princes chrétiens en faveur du roi de Chypre, dont le royaume était menacé par les Turcs[173]. Quant à Florence et Venise, étroitement unies, elles étaient alliées de l'Angleterre. — Parmi les princes italiens avec lesquels Charles VII entretenait des rapports, Nicolas d'Este, marquis de Ferrare, mourut le 10 décembre 1441, ne laissant qu'un fils naturel ; et Jean-Jacques Paléologue, marquis de Montferrat, était à la veille de terminer sa carrière : il mourut en 1445.

Au point de vue des relations extérieures, cette période de 1435-1444, est, si l'on peut parler ainsi, une période de transition. Sans rester étrangère aux affaires de l'Europe, la France y joue, sans contredit, un rôle moins important que l'Angleterre. C'est à peine si, à la faveur de ses relations avec l'empereur et avec le duc d'Autriche Frédéric, elle commence à pénétrer en Allemagne ; en Écosse et en Castille, moins heureuse que par le passé, elle ne tire aucun profit de ses alliances ; en Italie son rôle est très effacé : elle n'intervient que dans les affaires de l'Église, et elle est impuissante à empêcher la ruine définitive des espérances de la maison d'Anjou dans le royaume de Sicile.

 

 

 



[1] Voir t. II, chapitre XI.

[2] Voir le texte du traité dans l'édition d'Olivier de la Marche donnée par MM. Beaune et d'Arbaumont ; il est établi sur l'original des lettres de confirmation données par Charles VII en date du 10 décembre 1435. Voici le passage en question : Item, et renoncera le Roy à l'aliance qu'il a faicte contre mondit seigneur de Bourgoingne, et à toutes autres aliances par lui faictes, avec quelques princes ou seigneurs que ce soient, à l'encontre de mondit seigneur, pourveu que mondit seigneur le face pareillement. Mémoires d'Olivier de la Marche, t. I, p. 233.

[3] En avril 1434, Henri VI avait mis à la disposition de Sigismond un certain nombre de colliers d'or et d'argent de l'ordre de la Jarretière. Voir Rymer, t. V, part. I, p. 5.

[4] Le Liber de Legationibus, où le doyen de Cambrai raconte les missions remplies par lui au nom du concile de Bâle, se trouve dans Monumenta conciliorum generanum seculi decimi quinti. Voir t. I, p. 698.

[5] Table chronologique des chartes et diplômes relatifs à l'histoire de l'ancien pays de Luxembourg, per M. Würth-Paquet, dans les Publications de la section historique de l'Institut royal grand ducal de Luxembourg, t. XXVI, p. 82-86.

[6] Il avait alors neuf ans, étant né le 26 octobre 1427.

[7] Lettre du 19 décembre 1436, publiée par Brandis, Tirol unter Friedrich von Œsterreich, p. 574.

[8] Voir t. II, chapitre XI.

[9] Voir le texte de ce curieux mémoire dans Chmel, Materialien zur Œsterreichische Geschichte, t. I, p. 35 ; cf. d'Herbomez, l. c., p. 28.

[10] Le 6 mars 1437, l'empereur faisait savoir le fait aux légats du Concile. Monumenta, etc., t. I, p. 855.

[11] Bekynton's Correspondence, t. II, p. 83 ; Patricius, Hist. Conc. Basil., cap. LXII, dans Hardouin, t. IX, col. 1146.

[12] Voir le pompeux éloge fait de Sigismond dans une lettre de Henri VI à Théodoric de Meurs, archevêque de Cologne. Bekynton's Correspondence, t. I, p. 246-247.

[13] Pfister, Histoire d'Allemagne, édit. allem., t. III, p. 461 ; traduct., t. V, p. 166.

[14] Voir Kurz, Œsterreich unter Kaiser Albrecht dem zwegten, t. II, p. 272 et suivantes, et Chmel, Geschichte Kaiser Friedrichs IV, t. I, p. 400 et suivantes.

[15] Fugger, Spiegel der Ehren des Erzhauses Œsterreich, etc., cité par Pfister, t. V, p. 187.

[16] Étienne II, duc de Bavière, père de la reine Isabeau, était cousin germain de Jeanne de Bavière ; Marguerite de Bavière, mère du duc Philippe, était sœur de Jeanne.

[17] Lettre sans date. Copie moderne, dans le ms. latin 5456, f. 96. — Les instructions données à Jean de Werdes se trouvent aux folios 99 v et suivants.

[18] Lettre datée de Bourges, au mois de juin 1438. Ms. latin 5456, f. 98 v°.

[19] Relation de Jean de Werdes. Ms. latin 5456, f. 106 v°.

[20] Ms. latin 5156, f. 104. Cette lettre porte la date du 11 octobre, qui est contradictoire avec celle du 8 novembre donnée dans la relation.

[21] On trouve dans le ms. lat. 17184 (anc. Blancs-Manteaux, 8), f. 108 v°, des lettres d'Albert, roi des Romains, tirées des manuscrits de Saint-Vincent du Mans, qui pourraient faire croire à la conclusion d'une alliance entre l'empereur et Clades VII. On lit en effet en tête de la copie : circa 1437. La pièce se retrouve dans des formulaires du temps : mss. fr. 6022, f. 90 v° ; 14371, f. 81 v°, et 5024, f. 158. Mais, dans ce dernier manuscrit, la pièce est datée du 8 décembre 1299. Or, en nous reportant aux actes passés lors de la conclusion de l'alliance entre Albert Ier et Philippe le Bel, nous avons rencontré le document en question ; il porte la date des nones de septembre de l'année 1299, et a été imprimé par Leibniz, Code : juris gentium, p. 40-41. Les copistes avaient seulement substitué le mot Karolus au mot Philippus. — Voir sur cette alliance entre la France et l'empire le savant mémoire de M. Alfred Leroux : Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l'Allemagne, de 1292 à 1378 (Paris, 1882), p. 97 et suivantes.

[22] C'est ce qui résulte d'une lettre du pape à Albert, en date du 4 des nones de juillet. Raynaldi, ann. 1439, § 22.

[23] Ces renseignements nous sont fournis par le curieux mémoire présenté plus tard (1448) par Gaucourt au duc Sigismond d'Autriche, et dont le texte a été donné par M. A. d'Herbomez : Le traité de 1430 entre la France et l'Autriche, p. 77-82. Sur les négociations de 1430-31, voir plus haut, t. II, chapitre IX.

[24] Mémoire de Gaucourt. Voir la brochure de M. d'Herbomez, p. 30 et 79-80.

[25] Sur cette date, voir Albert Jäger, Der Streit der Tiroler Landschaft mit Kaiser Friedrich III, etc., dans le t. XLIX, 1re partie de la collection intitulée : Archiv fur œsterreichische Geschichte. Tirage à part (Wien, 1873), p. 6.

[26] Non sans soupçon d'empoisonnement. Voir Chronique de Dynter, t. III, p. 524, et Chronica Petri monachi Bethleemitici, dans les Chroniques relatives à l'histoire de la Belgique, etc. (textes latins), publiées par M. Kervyn de Lettenhove, p. 387.

[27] Windock, Vie de l'empereur Sigismond ; cité par Pfister, t. V, p. 194.

[28] Lettre du mois de mai 1440, dans Lünig, Spicilegium ecclesiasticum des Teutschen Reichsarchiv, t. I, p. 145, et Preuves des libertés de l'église gallicane, 2e partie, p. 199.

[29] Proceedings and ordinances, t. V, p. XXVIII-XXIX, 87, 96-98.

[30] Lettre du 18 février 1438, où Henri VI exprime le désir de nouer avec lui des relations plus fréquentes ; lettre du 20 février sur la mort de l'empereur, etc. Bekynton's Correspondence, t. I, p. 220, 246, 131, 73, 75 ; cf. Proceedings and ordinances, t. V, p. 81 et 86.

[31] Bekynton's Correspondence, t. I, p. 183, 215. Proceedings, t. V, p. 87 et 96-97.

[32] Proceedings, t. V, p. 86-87. Cf. Bekynton's Correspondence, t. I, p. CLXXXVI et 68.

[33] Proceedings, t. V, p. XXIX, 96-97.

[34] Stevenson, Letters and papers, etc., t. II, p. 429-31 (avec la date fautive de 1435) ; Bekynton's Correspondence, t. I, p. 105 et 104 (cf., p. CLXXXVII et CCIV).

[35] Rymer, t. V, part. I, p. 67 ; Bekynton's Correspondence, t. I, p. 214.

[36] Bekynton's Correspondence, p. 94. Cf. lettre du 14 mai 1440, p. 96.

[37] Lettres du 5 et du 13 mai 1440 à l'empereur ; lettre du 5 mai à Frédéric, duc de Saxe. Bekynton's Correspondence, t. I, p. 107, 243, 105.

[38] Proceedings and ordinances, t. V, p. LXXXVI, 126-130 : Rymer, t. V, part. I, p. 78.

[39] Rymer, t. V, part. I, p. 103. Voir Proceedings, t. V, p. 176. Cf., p. 181.

[40] Voir les deux documents en date du 2 septembre 1440. Bekynton's Correspondence, t. II, p. 72-75.

[41] Bekynton's Correspondence, t. I, p. 180, 182, 184.

[42] La lettre de la Reine est du 7 janvier ; celle du Roi du 30 janvier 1441. Les textes sont aux archives de Vienne ; ils ont été publiés par Chmel, Materialien sur Œsterreichische Geschichte, II, partie II, p. 61.

[43] Chmel, Materialien, t. I, part. II, p. 62 et 83.

[44] Mandement du 11 septembre 1442. Fragments de comptes aux Archives nationales, K 504, n° 1.

[45] Voici la seule indication que nous ayons rencontrée, en dehors de la précédente ; elle se trouve dans le huitième compte d'Étienne Bernard, dit Moreau, conseiller et trésorier général des finances du roi de Sicile pour l'année finissant le 30 septembre 1443. On y mentionne un paiement de 353 l. 19 s. fait, par mandement du 10 octobre 1442, à Nicole Muret, conseiller du roi René, pour la dépense des gens du conseil dudit seigneur à Angers et à Saumur à la venue des ambassadeurs de l'empereur. Extraits dans le vol. 685 du Cabinet des titres, f. 68.

[46] Voir Rymer, t. V, part. I, p. 103 et 109.

[47] Voir lettres de Henri VI des 30 juin, 7 et 25 décembre 1440, etc. ; 3 février, 1er juillet 1441 ; lettres de Frédéric III des 27 juin 1440 et 16 juin 1441. Bekynton's Correspondence, t. I, p. 134, 166, 168 ; t. II, p. 57, 94-99, 100.

[48] Lettre du 7 décembre 1440. Voir t. II, chapitre II.

[49] Rymer, t. V, part. I, p. 78 ; Bekynton's Correspondence, t. I, p. 166-167.

[50] Voir le sauf-conduit donné par Frédéric III à la date du 4 juillet 1441. Id., t. II, p. 102. Cf. Proceedings and ordinances, t. V, p. 197.

[51] Il fut employé à cette mission de 25 juin an 26 septembre 1441. Archives du Nord, B 1975, f. 48.

[52] Voir l'exposé de la chancellerie bourguignonne en date du 26 octobre 1448, dans le t. XXVIII des Publications de l'Institut royal grand ducal de Luxembourg, p. 146.

[53] Chronique de Dynter, t. III, p. 178 ; Bertholet, Histoire du duché de Luxembourg, t. VII, p. 219 et suivantes, et Preuves, p. LXVIII.

[54] Voir le texte dans la Chronique de Dynter, t. III, p. 196.

[55] Il faut noter que Guillaume n'avait alors que quinze ans, et sa femme Anne quatre ou cinq seulement. C'est ce qui résulte d'un curieux document reproduit par M. Würth-Paquet dans les Publications de l'Institut royal grand ducal de Luxembourg, t. XXVIII, p. 155. Cf. Georgi Spalatini Vitæ aliquot electorum et ducum Saxoniœ, ap. Menckenius, t. II, col. 1080, qui place la naissance de Guillaume en 1424 et celle d'Anne en 1431. On s'étonne après cela que Frédéric ait pu, dans des lettres du 13 avril 1445 (Publications, etc., t. XXVIII, p. 78), déclarer que Guillaume allant incessamment consommer son mariage avec Anne, les habitants du duché de Luxembourg devaient lui prêter serment.

[56] Voir le texte dans Publications de l'Institut royal grand ducal, t. XXVII, n° 5, p. 29-70 ; cf. Bertholet, t. VIII, Preuves, p. XII.

[57] Voir l'analyse dans Publications, etc., t. XXVI, p. 57. Le duc passa aussitôt son droit à son cousin germain, le duc de Brabant. Voir Berthold, t. VIII, Preuves, p. V.

[58] Voir l'énumération de ces actes dans la Table chronologique dressée par M. Würth-Paquet, vol. XXVIII des Publications de l'Institut royal grand ducal, sous les n° 10, 41, 13, 15, 52, 53, 61, 68-89, 78, 78-82, 85-87.

[59] Lettres du 26 décembre 1440. Original aux archives de Coblence ; texte publié par M. Würth-Paquet, l. c., sous le n° 73 (p. 32-34) ; cf. avec l'acte inscrit sous le n° 5 (dont l'original est à Berlin) ; Lettres du 1er mai 1441, texte inscrit sous le n° 98, et publié in-extenso (p. 40-43) ; cf. le reçu de la duchesse, n° 99.

[60] Table chronologique, l. c., n° 93.

[61] Table chronologique, l. c., n° 8. Cf. n° 6, 62 et 63.

[62] Voir l'exposé publié sous le n° 236, p. 145.

[63] V. les lettres d'Élisabeth en date du 26 janvier 1441. Table chronologique, vol. XXVIII, n° 87.

[64] Cet acte, qui porte la date du 14 février 1441, parait être resté à l'état de projet ; il est inscrit sous le n° 90.

[65] Lettres du 16 mai 1440. Table chronologique, l. c., n° 35.

[66] Acte du 10 avril 1440. Table chronologique, l. c., n° 32.

[67] Lettres du 10 août 1440, publiées sous le n° 41.

[68] Lettres du même jour, publiées sous le n° 42.

[69] Table chronologique, l. c., n° 95-97.

[70] Lettres du 22 juillet 1441, publiées sous le n° 109  (p. 48-50).

[71] Lettres du 23 juillet 1441, publiées sous le n° 110 (p. 50-56).

[72] Lettres visées, dans les lettres de l'archevêque de Trèves, données à Vienne le 6 juillet 1441, par lesquelles il s'engage à ne point délivrer les lettres de Frédéric à la duchesse Élisabeth contre le gré du roi des Romains. Table chronologique, l. c., n° 101

[73] Voir Table chronologique, n° 118.

[74] Table chronologique, l. c. Texte publié sous le n° 114.

[75] Table chronologique. Texte publié sous le n° 116.— Voici dans quels termes lettons-port était fait : Ledit Floris, comme procureur de ma dite dame et par vertu du pouvoir par elle a luy donné, renunce, cède, quitte et transporte à mon dit seigneur le ducq de Bourgogne et de Brabant, perpetuellement et à tousjours, la dite duché de Luxembourg et comté de Chini, pour icelles duchié, terres et revenues dores eu avant tenir et posseder par mon dit seigneur le ducq et ses hoirs, successeurs ou ayans cause, heritatiblement et perpetuellement, sans y rien reserver ne retenir de la part de ma dite dame la duchesse. Il est assez curieux de rapprocher de cet acte ce passage de l'exposé fait par le duc, le 23 octobre 1443, aux ambassadeurs du duc de Saxe (p. 152) : Et ce que avez dict que traicté secret doye avoir esté faict entre notre dite tante et nous, par lequel, après le decès d'elle, nous doyons succeder heritablement ès dits pays de Luxembourg et Chiny..... de pareillemens sommes de ce bien esmerveillez, car nous ne vouldrions requerir à ycelle notre tante chose qu'elle ne peult faire par honneur, et ne cuidons poinct que aultrement elle voulsist faire.....

[76] Actes des 10 et 11 janvier 1443. Voir n° 124, 125 et 126. — Il est curieux de constater, comment le duc de Bourgogne arrangé les choses dans l'exposé remis en octobre 1443 sua ambassadeurs du don de Skie (voir Table chronologique, n° 286, p. 140). La duchesse Élisabeth a toujours eu la pleine possession du Luxembourg et joui du droit de désigner tels maimbourgs et gouverneurs qu'il lui a plu, jusqu'à ce que les ducs de Saxe, qui bout du tout estrangiers de la couronne de Bohême et de la maison de Luxembourg, se sont efforcés de la debouter de ses pays. Alors la duchesse, d'accord avec les États, a envoyé ses gens vers le duc, et y est venue elle-même en personne, pour solliciter son appui et lui demander de prendre la maimbournie. Le duc, bien qu'il eût voulu s'en excuser, ayant assez d'autres affaires, mais prenant en considération cette situation, et en especial que les princes doibvent et sont tenuz et astrains de raison et par honneur d'eulx acquitter et employer à la garde de teintes dames veufves en leur bon droict et les preserver à leur pouvoir de toute violence et oppression, a accédé au désir de la duchesse : par pitié pour sa tante ; et ne lui pouvant par honneur refuser sa requeste, il a accepté la maimbournie, non pour faire tort à personne, mais pour garder et défendre le bon droit de sa dite tante.

[77] Table chronologique, l. c., n° 130, 131 et 132.

[78] Voir, sous le n° 134, le texte des instructions que leur donna la duchesse de Bourgogne (p. 72-75). L'ambassade vaqua pendant quarante et un jours, du 6 février au 29 mars 1442. Archives du Nord, B 1982, cité par MM. Beaune et d'Arbaumont, dans leur édition d'Olivier de la Marche, t. II, p. 6, note.

[79] Table chronologique. Texte publié sous le n° 135.

[80] Voir n° 137-139 et n° 236. Cf. l'énumération des nobles qui prirent les armes contre le duc, p. 187.

[81] Lettres du 13 avril 1442, déclarant que les habitants de Luxembourg doivent prête foi et hommage au duc de Saxe, recevoir le capitaine qu'il leur enverra, et lui payer les rentes et revenus. Texte publié sous le n° 145.

[82] Table chronologique, l. c., n° 149. Cf. tee actes passés à Cologne, le 25 juin suivant, par le duc de Saxe avec l'archevêque de Trêves, n° 154-157.

[83] Table chronologique, l. c., n° 167-175.

[84] Voir la lettre de duc de Bourgogne au duc de Saxe en date du 29 décembre 1442, publiée sous le n° 188, et l'exposé de la chancellerie bourguignonne, daté d'Arlon, 26 octobre 1443, publié sous le n° 236 (p. 146).

[85] Le fait est constaté dans l'exposé cité ci-dessus, chapitre V in fine.

[86] Table chronologique, n° 176.

[87] Voir l'exposé cité ci-dessus (chap. VI).

[88] Je suis la relation publiée par Dunod, Histoire de l'église de Besançon, t. I, p. 265-268, d'après un manuscrit écrit, d'après lui, l'année même de l'entrevue. S'il en fallait croire Olivier de la Marche (t. I, p. 278-277), le duc ne serait pas descendu de cheval, et il explique longuement pourquoi Philippe ne fit pas comme les aultres princes de l'empire font journellement devant leur empereur ou devant le Roy des Rommains, ayant possession par election.

[89] Olivier de la Marche, t. I, p. 279-80.

[90] Et sur les matieres debatues par le Conseil, d'ung chascun costé, furent tant baillées de responses et si notablement les causes remontrées qu'ils se partirent en bon accord (t. I, p. 281).

[91] Pontus Heuterus, Rerum Burgundicarum lib. VI, p. 122 ; Chroniques de Jean Stavelot (dans la Collection des chroniques belges), p. 504.

[92] Voir la charte donnée par le duc de Saxe à la date du 29 janvier 1443 (Table chronologique, l. c., n° 192). On ne s'explique pas les termes de cette charte : Jean de Clèves était fils de Marie de Bourgogne et non d'une Catherine, duchesse d'Autriche : il avait une sœur, Catherine, mariée en 1430 à Arnould d'Egmont, duc de Gueldres. Est-ce d'un fils issu de cette union qu'on veut parler ?

[93] Table chronologique. Texte publié sous le n° 188.

[94] Lettres visées dans la même table, Table chronologique, n° 188.

[95] Lettres du 29 janvier 1443. Table chronologique, n° 193.

[96] Voir le document publié sous le n° 203.

[97] Document publié sous le n° 203.

[98] Par acte passé à Luxembourg, le 15 juillet 1443, la communauté de cette ville déclarait tendre foi et hommage à Frédéric et Guillaume, ducs de Saxe, comme représentant les héritiers légitimes de duché, tant et aussi longtemps qu'un accord amiable ne serait point intervenu entre ces princes, d'une part, et Élisabeth de Görlitz et le duc de Bourgogne, d'autre part. Table chronologique, n° 205.

[99] Chronique du doyen de Saint-Thiébaud, dans dom Calmet, t. V, Preuves, p. C.

[100] Olivier de la Marche, t. II, p. 14 et suivantes.

[101] Olivier de la Marche, t. II, p. 20 et suivantes, 23 et suivantes.

[102] Table chronologique, l. c. Texte publié sous le n° 230.

[103] Table chronologique, n° 236. Nous avons déjà fait de nombreux emprunts à ce curieux exposé, qui occupe les pages 135 à 161.

[104] Voir l'exposé cité, p. 143, 149 et 151.

[105] Procès-verbal du 19 novembre 1443, publié sous le n° 244 ; traité du 29 décembre, publié sous le n° 252.

[106] Mémoires d'Olivier de la Marche, t. II, p. 35 et suivantes ; Monstrelet, t. VI, p. 90-92.

[107] Voir Table chronologique, n° 251 et 252.

[108] Voir le texte, n° 252 (p. 179-87).

[109] Voir Table chronologique du tome XXIX, n° 15, 25, 27 et 34. Cf. n° 41.

[110] Voir la Table chronologique du tome XXIX, n° 50. — Les conseillers de duc qui avalent pris part à la conclusion de ce marché, étaient le chancelier Solin, Antoine de Croy, le seigneur de Montaigu, le seigneur de Ternant, le seigneur de Créquy, le seigneur de Bergues et Simon de Lalaing. Le duc de Saxe leur avait fait taire une promesse secrète, qui n'était pas encore effectuée le 3 septembre 1444.

[111] Tuetey, les Écorcheurs en France, t. I. p. 109. Le texte de la lettre, en date da 20 août 1439, est publié en note (p. 110-111) d'après une copie qui se trouve aux Archives de Strasbourg.

[112] Voir t. II, chapitre XI.

[113] Pii II Commentarii, p. 4.

[114] Voir Enea Silvio de' Piccolomini, par G. Voigt, t. I, p. 90 et suivantes.

[115] Voigt, Enea Silvio de' Piccolomini, p. 90 et suivantes.

[116] Nihil non impetravit ab his quæ petitum venerat. Pii II Commentarii, p. 4.

[117] Voigt, Enea Silvio de' Piccolomini, p. 90 et suivantes.

[118] Ce n'est qu'en février 1436 que l'Angleterre se décida à offrir une réparation pour ces infractions à la trêve. Voir Rymer, t. V, part. I, p. 25.

[119] Le bruit courait que les Écossais allaient en grand nombre venir au secours de Charles VII. Voir lettre des ambassadeurs normands en Angleterre ; datée de Porsmouth le 25 janvier 1436. Lettres des rois, etc., t. II, p. 439.

[120] Tytler, History of Scotland, t. III, p. 296 et suivantes, Burnet, préface du t. IV des Exchequer Rolls of Scotland.

[121] Tytler, t. IV, p. 1 et suivantes ; Burnet, préface du tome V des Exchequer Rolls.

[122] Rymer, t. V, part. I, p. 47. Cf. la lettre de Henri VI au roi Jacques, publiée dans Bekynton's Correspondence, t. I, p. 99, qui parait se rapporter à cette année, et le pouvoir donné pour traiter, en date du 20 mars 1438, dans Rymer, l. c.

[123] C'étaient Maurice de Pluscallec et Alain de Kerouseré, archidiacre de Léon. D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 606.

[124] D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 606.

[125] Archives de la Loire-Inférieure, E 12 ; D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 606 ; The exchequer Rolls of Scotland, t. V, p. LVIII (préface) et p. 118.

[126] Original, aux Archives de la Loire-Inférieure, E 12.

[127] Les ambassadeurs étaient William Foulis, archidiacre de Saint-Andrews, sir George Crichton de Cairnes et Blackness, amiral d'Écosse, et William Monypenny, lequel, dans la suite, devait jouer un rôle important à la Cour de France. The exchequer Rolls of Scotland, t. V, p. LVIII (préface) et p. 118.

[128] D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 618 et 621-622 ; Burnet, Exchequer Rolls of Scotland, p. LV.

[129] Voir t. II, chapitre XI.

[130] Jean II donna des pouvoirs à cet effet à l'archidiacre de Cuença, le jour même où il ratifia le traité, savoir le 31 janvier 1435. Archives, J 604, n° 80.

[131] Il se trouve encore aux Archives nationales. A ce propos, rectifions la note donnée plus haut (t. II, p. 489, note 3) : il faut lire 604, n° 79 bis, et non 605, n° 80.

[132] Lettre du mois de juin 1435. Ordonnances, t. XIII, p. 209. On voit par l'acte qui suit que ces lettres ne peuvent erre postérieures au 15 juin.

[133] Voir le jugement d'un contemporain, Fernan Peres de Guzman (dans Generaciones y semblanças, ch. XXXIV), traduit par le comte de Puymaigre dans son beau livre intitulé : La Cour littéraire de Don Juan II, roi de Castille (Paris. 1873), t. I, p. 22.

[134] Le comte de Puymaigre, l. c., p. 21.

[135] Voir Ferreras, Histoire d'Espagne, t. VI, passim ; D. Modesto Lafuente, Historia general de España, t. VIII, p. 215-235 ; Cavanilles, Storia de España, t. IV, p. 165-172.

[136] De las quales nuevas el Rey hubo gran placer, por el alianza é amistad que con el Rey de Francia tenia. Cronica del rey Don Juan, ann. 1436, chap. II.

[137] Voir lettres du 28 janvier 1438. Ms. fr. 20889, n° 27.

[138] Voir lettres du 7 avril 1441. Ms. fr. 20977, f. 2364.

[139] Chapitre IX.

[140] Monstrelet, t. VI, p. 32.

[141] Zurita, Anales de la corona de Aragon, t. 288 v° ; Ferreras, Histoire d'Espagne, t. VI, p. 548.

[142] Tortose, le 17 décembre 1442. Lettres missives originales du chartrier de Thouars, publiées par M. Marchegay, en 1871, dans le Bulletin de la Société archéologique de Nantes, t. X, p. 160.

[143] C'étaient les évêques de Genève et de Belley, Jean de Seyssel, maréchal de Savoie ; Amé de Chalant, seigneur de Varey ; Jean du Saix, seigneur de Banains ; Jacques de Loriol, docteur en lois et en décret, et Guillaume Rigaud, maître d'hôtel du duc.

[144] Amé était né le 1er février 1435, et Yolande le 23 septembre 1434.

[145] Original. Archives, J 409, n° 60 ; Guichenon, Histoire généalogique de la maison de Savoie, t. II, p. 418 ; Léonard, Recueil des Traitez, t. I, p. 451.

[146] Guichenon, l. c., p. 416 ; Lünig, Codex Italia Diplomaticus, t. III, col. 1107.

[147] Archives de Turin, Trattati, n° 17. Voir Bianchi, le Materie politiche relative all' estero degli Archivi di Stato Piemontesi, p. 100. — Autre quittance du 16 juillet 1437. Mêmes sources.

[148] Lettres du 5 juin 1439. Archives, P 19611, cote 906. — Cette affaire fut réglée par un accord intervenu à la date du 16 septembre 1441.

[149] Archives, J 409, n 61.

[150] Le 8 juin 1437, Bermond de Sommières, seigneur du Cayla, conseiller et chambellan du Roi, partait de Montpellier pour aller porter au duc de Savoie des lettres de Charles VII (Pièces originales, 2714 : SOMMIÈRES). — Le 4 février 1438, une somme de 500 l. t. était payée à Jean de Montmorin, envoyé en Savoie et en Dauphiné, en compagnie de Guillaume le Tur et autres, pour l'affaire du Valentinois (Clairambault, 78, p. 6081). — Le 17 mai 1438, Charles VII ordonnait à tous capitaines et gens de guerre étant dans son royaume de ne point entrer, loger ou séjourner dans les terres du duc de Savoie (Archives de Turin, Negoc. con Francia, mazzo 1a, n° 11). — Au mois de novembre 1138, des ambassadeurs du duc de Savoie venaient à Paris (Archives de la Côte-d'Or, B 7416). — Le 6 février 1489, le duc de Savoie écrivait, de Ripaille, à Charles VII, relativement à l'affaire du Valentinois (Archives de l'Isère, B 2989, f. 20 et 31) ; Charles VII lui répondit à la date du 1er mars (Id., ibid., f. 21 et 30). — Le 27 avril 1439, Charles VII constatait que Louis, duc de Savoie, avait prolongé jusqu'au 1er mai 1440 le délai de remboursement des 83.000 ducats par lui prêtés (Archives de Turin, Trattati, n° 18).

[151] Voir sur ce point historique le mémoire de M. Lecoq de la Marche : Amédée VIII et son séjour à Ripaille, dans la Revue des questions historiques, t. I, p. 192-203.

[152] Sur Amédée VIII, voir l'appréciation d'Æneas Sylvius, dans Europœ statua sub Frederico III, cap. XXXVIII.

[153] Voir chapitre X.

[154] Passeporto per gli ambasciatori del duce di Savoia, nel loro ritorno di Poitiers. 3 août 1443. Document des Archives de Gènes, communiqué par M. Ch. Casati à M. Vallet de Viriville, et cité par lui dans son Histoire de Charles VII, t. II, p. 445, note.

[155] Voir D. Calmet, Histoire de Lorraine, t. V, p. 54.

[156] Celles de Jean Bernard et de Jean d'Étampes. Compte d'Étienne Bernard, dit Moreau, du 15 mars 1435 au 30 septembre 1436 ; extraits dans Cabinet des titres, 685, f. 44 v° ; Document du 28 août 1438, dans le dossier ESTAMPES : Pièces originales, 1076. On a une lettre du Pape à René, portée par Jean d'Étampes. Raynaldi, ann. 1437, § 25.

[157] Ces ambassadeurs étaient au mois de mai à Florence près d'Eugène IV, auquel ils remirent un mémoire contenant l'exposé des droits du roi René au royaume de Naples (Archives, KK 1126, f. 531 v° ; Raynaldi, année 1439, § 24). Le cinquième compte d'Etienne Bernard, dit Moreau, dont nous avons dos extraits dans le vol. 685 du Cabinet des titres (f. 58-60), nous apprend que Gaucourt arriva à Naples le 20 juin 1439, et qu'il y resta jusqu'au 8 octobre suivant ; il était accompagné de Jean Michel, conseiller de la reine Yolande, qui vaqua durant dix mois à sa mission (Id., f. 48). Le P. Anselme (t. VIII, p. 367) mentionne cette ambassade, d'après ce compte, dont il avait eu connaissance.

[158] Lecoy de la Marche, le roi René, t. I, p. 182. Cf. Raynaldi, année 1439, § 38.

[159] Lecoy de la Marche, t. I, p. 183.

[160] Voir sur cette réception l'Histoire d'Alphonse V de Peregrin, dont M. Lecoy de la Marche a publié un fragment, t. II, p. 408-409. Le dîner eut lieu le 17 juin, d'après les comptes cités par M. Lecoy, t. I, p. 182, note 1.

[161] Le 24 août, Castel-Nuovo tomba en son pouvoir, et le lendemain il occupa le château de l'Œuf, qui fut assigné comme résidence aux ambassadeurs. Lecoy, t. I, p. 179-180, et t. II, p. 431.

[162] Peregrin, l. c., t. II, p. 412-14 ; cf. t. I, p. 184.

[163] Elle se composait d'Hélie de Pompadour, conseiller au Parlement, et du seigneur de Hangest. Cinquième compte d'Étienne Bernard (1er octobre 1439 -30 septembre 1440). Extraits dans le ms. 685 du Cabinet des titres, f. 59.

[164] Lecoy de la Marche, t. I, p. 185-220. — C'est à tort que l'auteur, s'appuyant sur un passage de l'Histoire de Charles VII de M. Vallet de Viriville (t. III, p. 376), prétend que Charles VII, loin de protéger le roi René, ne cessa même pas d'entretenir des relations amicales avec le roi d'Aragon (p. 223). — On a vu plus haut qu'il n'y eut alors aucunes relations entre Charles VII et Alphonse V, en dehors de l'intervention en faveur de René.

[165] Lecoy de la Marche, t. I, p. 266.

[166] Une lettre en papier, donnée le XVIe jour d'aoust 1439, du Roy Alphonse, par la grace de Dieu, Roy d'Aragon et de Sicile, etc., signée comme il dit de sa main et de son annel, apportée par monseigneur Raoul de Gaucourt, par laquelle ledit Roy s'allie avec monseigneur le duc. Inventaire de Pierre Sauvage, garde des sceaux du duc d'Orléans. Archives, K 602.

[167] Vidimus aux Archives, K 87, n° 32.

[168] Inventaire de Pierre Sauvage.

[169] Inventaire de Pierre Sauvage. — Le 31 octobre, Jean de Fagnan délivrait des lettres au nom de son maitre, portant ratification de cet appointement.

[170] Lettres en date du 28 mai 1442 : Pièces originales, 1034 : DU BEUF ; Instructions à Gaucourt : Archives, K 58, n° 2 ; Catalogue Joursanvault, n° 568.

[171] Archives, K 67, n°. 22a-c.

[172] Archives, K 58, n° 2.

[173] Ms. latin, 5414A, f. 75 v° ; D. Luc d'Achery, Spicilegium, t. VII (éd. in-4°), p. 260.