HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE III. — CHARLES VII DEPUIS LE TRAITÉ D'ARRAS JUSQU'À LA TRÊVE AVEC L'ANGLETERRE - 1435-1444.

 

CHAPITRE IV. — LES CONFÉRENCES DE GRAVELINES.

 

 

Rapports de Charles VII avec le duc de Bourgogne depuis le traité d'Arras. — Affaires en litige ; plaintes formulées par le duc. — Mariage de Catherine de France avec le comte de Charolais ; Ambassade envoyée pour conduire la jeune princesse à Saint-Omer ; Célébration du mariage. — Intervention de la duchesse de Bourgogne dans les négociations avec l'Angleterre. — Pourparlers préliminaires avec le cardinal de Winchester. — Conférences de Gravelines. — Rupture des négociations.

 

Sans être jamais intimes, les relations de Charles VII et de Philippe le Bon furent d'abord amicales. Le Roi débuta par une démarche pleine de courtoisie. tin fils lui était né : il choisit le duc de Bourgogne pour parrain de l'enfant, qui reçut le nom de Philippe. Aussitôt après le baptême, il écrivit (4 février 1436) une lettre affectueuse au duc : Veuillez, disait-il, avoir pour agréable ce que fait en avons et reputer notre dit fils pour votre filleul, comme si, en propre personne, l'eussiez levé et tenu sur les saints fonts. Car Dieu sait que en toute bonne amour et intention l'avons ainsi fait, et même pour toujours mieux accroître et continuer amour entre vous et nous, notre lignée et la vôtre[1].

Le duc fit très bon accueil au héraut Coutances, qui lui apporta le message royal[2]. Il le chargea d'une lettre où il exprimait au Roi sa reconnaissance pour l'honneur qui lui était fait et son sincère désir de maintenir une paix dont l'accomplissement l'avait rendu si joyeux[3]. Le 13 février il fit partir Bertrandon de la Broquière, son premier écuyer tranchant, avec mission d'offrir à la Reine un riche tableau d'or garni de pierreries et un cornet d'or, enrichi de pierres précieuses, destiné au nouveau-né[4].

Dans cet échange de communications, les affaires politiques eurent bien vite leur place. C'est ainsi que, dans les lettres que nous venons de citer, le Roi rappelait qu'il avait déjà écrit au duc pour le presser de mettre René d'Anjou en liberté, et revenait à la charge ; il parlait aussi d'une difficulté soulevée au sujet de l'évêché de Tournai, dont Jean d'Harcourt n'avait pu entrer en possession. Le duc répondit assez sèchement sur le premier point ; sur le second il opposa un refus formel[5].

Le traité d'Arras, par ses multiples stipulations, par les points délicats auxquels il touchait, ne pouvait manquer de soulever bien des difficultés.

Charles VII s'était empressé de donner au duc de Bourgogne, au point de vue des concessions territoriales, les satisfactions auxquelles il avait droit ; à la date du 2 février 1436, les généraux des finances avaient pris des mesures pour assurer, sous ce rapport, l'exécution du traité[6]. Dès le mois de décembre précédent, le Roi avait donné des lettres relativement à la fabrication de nouvelles monnaies[7] et aux fondations à faire à Montereau[8]. Malgré cela, les réclamations ne tardèrent point à se produire. Dans l'année 1436, ce fut un perpétuel envoi d'ambassades. En février-et mars partirent le roi d'armes Toison d'or et Jean Viguier, huissier d'armes du duc[9]. Au commencement d'avril, le chancelier Rolin envoya une ambassade qui vint trouver Charles VII à Issoudun[10]. A la fin du même mois et en juin, Philippe de Morvilliers fit deux voyages à la Cour[11]. Au mois d'août, le chancelier Rolin porta plainte sur des abus commis par les officiers royaux au préjudice de son maitre[12]. Philippe était pourtant obligé d'user de ménagements : il venait d'éprouver devant Calais un humiliant échec ; sa situation était pleine de périls, et il sollicitait du Roi, contre les Anglais, un appui qu'il était, d'ailleurs, aux termes du traité d'Arras, en droit de réclamer[13].

Dans le cours de l'année 1437, plusieurs ambassades bourguignonnes se rendirent en France. Au mois de mars, Philibert Andrenet, Bertrandon de la Broquière et Jean de Terrant partirent, porteurs d'instructions et mémoires[14]. Ils avaient pour mission spéciale de traiter la question du partage entre le comte de Nevers et le comte d'Étampes[15]. Jean de Croy les suivit bientôt[16]. Peu après, et pendant l'absence du Roi qui était alors dans le midi, le chancelier Rolin envoya un membre du Conseil, de Dijon à Paris, où se trouvaient le connétable et le chancelier de France[17]. De son côté, Charles VII députa à la Cour de Bourgogne l'évêque de Toulouse : cette ambassade semble avoir eu pour objet l'affaire de l'évêché de Tournai, qui se termina, au grand mécontentement du Roi, par l'échec de son protégé, Jean d'Harcourt, sacrifié à Jean Chevrot, le favori du duc[18]. Enfin, dans le courant de cette année, Toison d'or fut envoyé au Roi, qui faisait le siège de Montereau, et Philibert Andrenet vint, à diverses reprises, trouver Charles VII ou ses conseillers[19].

De nouvelles difficultés ne tardèrent point à surgir. Un des plus fameux capitaines français, La Hire, était en démêlés avec le seigneur d'Offemont, qu'il avait fait prisonnier et mis à rançon. Un jour, à Beauvais, pendant une partie de paume, La Hire fut saisi traîtreusement. Le Roi s'interposa en sa faveur près du duc de Bourgogne, et écrivit à ce prince plusieurs lettres très pressantes. Philippe fit comparaître devant lui les parties, à Douai, et mit un terme au différend[20]. — Une autre affaire donna lieu à de plus longues contestations. La ville de Mailly-le-Châtel, dépendant du comté d'Auxerre, se trouvait parmi celles abandonnées au duc en vertu du traité d'Arras. Or, Forte-Epice, qui s'en était emparé par surprise, refusait de l'évacuer. Germain Trouvé vint solliciter le Roi d'ordonner la remise de la place : Charles VII donna aussitôt commission à Simon Charles d'aller la faire restituer au duc de Bourgogne[21].

Cette période fut marquée, pour le duc, par une formidable coalition, qui absorba toute son attention. A. peine de retour du siège de Calais, les Brugeois s'étaient révoltés et avaient massacré le représentant du duc (26 août 1436) ; la duchesse de Bourgogne, qui se trouvait dans la ville, avait vu saisir, dans sa propre litière, deux de ses femmes, que le peuple avait gardées comme otages. Gand ne tarda point à suivre l'exemple de Bruges : Philippe, venu pour calmer, par son intervention, l'irritation des bourgeois, échoua complètement et subit de cruelles humiliations : les archers de sa garde fluent désarmés sous ses yeux, et trois de ses conseillers bannis, comme coupables de haute trahison[22]. Une pacification, opérée à ce moment, ne fut que momentanée : au mois d'avril 1437 une double sédition éclata, presque en même temps, à Gand et à Bruges. En traversant cette -dernière ville pour se rendre en Hollande, le duc se trouva en présence d'une formidable insurrection : le maréchal de l'Isle Adam fut tué ; lui-même courut les plus grands dangers et ne dut son salut qu'à la fuite. Il revint à Lille, la rage dans le cœur, et jura de tirer des Brugeois une vengeance éclatante. Gand fit bientôt sa soumission ; Bruges, abandonnée par toutes les autres villes, dut subir la loi du vainqueur : cette loi fut implacable. La sentence du 4 mars 1438 devait rester célèbre dans les annales de la Flandre ; les proscriptions et les supplices vinrent frapper les rebelles, leur laissant de longs et cruels souvenirs[23].

Une fois délivré des craintes que ces troubles lui avaient inspirées, le duc de Bourgogne fut libre de poursuivre ses revendications et de réclamer le redressement des abus dont il prétendait avoir à se plaindre. A l'entendre, ses officiers ne cessaient de lui faire parvenir l'expression de leurs griefs, et jusqu'ici ses protestations étaient demeurées sans résultat. Après des démarches réitérées[24], Philippe fit rédiger un long mémoire, contenant l'énoncé de toutes ses plaintes, et chargea trois ambassadeurs d'aller le présenter au Roi : Étienne Armenier ; président du Parlement de Bourgogne, Philippe, seigneur de Ternant et Philibert Andrenet, seigneur de Coursan, partirent le 21 février 1438[25].

Le duc de Bourgogne se plaignait, d'une façon générale, de l'inexécution de certains articles du traité d'Arras et des empêchements mis par les officiers royaux à l'exercice de ses droits. Il demandait que le Roi désignât des commissaires pour régler toutes les difficultés. Les réclamations particulières portaient sur des affaires locales au sujet desquelles il réclamait satisfaction ; sur des empiétements et des abus dont il demandait la suppression ; sur des questions de juridiction et de limites qui restaient à trancher ; sur les lettres d'abolition que le Roi devait délivrer pour des faits remontant au règne de Charles VI ; sur les lettres de confirmation attendues pour les nominations faites par le duc. Ce mémoire, qui ne contient pas moins de vingt-sept articles, atteste l'humeur processive de Philippe et nous donne la mesure de ses exigences à l'égard de la Couronne[26].

Nous avons les réponses faites par la chancellerie royale à. chacun des articles ; elles sont pleines de modération, et témoignent du désir qu'on avait de ménager le duc et d'éviter les conflits. Le Roi accède à la nomination de commissaires qui régleront les questions en litige ; il consent à interdire au Parlement de connaître des affaires soulevées par la récente guerre de Gand ; il donne satisfaction au duc sur un grand nombre de points de détail[27].

Un projet de mariage entre le fils du duc Philippe et une fille du Roi parait avoir été mis en avant dès le lendemain du traité d'Arras[28]. Il fut repris dans le courant de l'année 1438. Jacques de Crèvecœur, qu'un chroniqueur qualifie de moult sage et prudent seigneur[29] ; Étienne Armenier, président du Parlement de Bourgogne, et Philippe de Nanterre, Maitre des requêtes de l'hôtel du duc, furent les négociateurs de ce mariage, destiné à entretenir l'alliance, amour et affection que le duc et la duchesse portaient à monseigneur le Roi et à sa maison, et à les augmenter et accroitre. Leurs pouvoirs sont du 8 septembre[30] ; mais, dès le mois de juillet, ils s'étaient mis en route pour aller trouver le Roi[31], qui les accueillit avec empressement[32]. Pendant près de trois mois il y eut un perpétuel échange de communications entre le duc et ses ambassadeurs, auxquels fut adjoint le célèbre Hugues de Lannoy[33]. Après de longs pourparlers fut signé à Blois (30 septembre 1438) le contrat de mariage de Charles de Bourgogne, comte de Charolais, et de Catherine de France. Les stipulations de ce contrat reçurent le même jour l'approbation royale[34]. La dot de la princesse était fixée à cent vingt mille écus, payables moitié lors de la solennisation du mariage, moitié un an après.

Les ambassadeurs bourguignons profitèrent de leur séjour à la Cour pour traiter les questions en litige. C'est évidemment à leur requête que Charles VII donna, à la date du 15 septembre, des lettres patentes défendant à ses capitaines, sous les peines les plus expresses, de porter aucun dommage aux terres du duc de Bourgogne[35] : les écorcheurs étaient alors fort menaçants, et l'on se préparait en Bourgogne à leur opposer une vigoureuse résistance. Nul doute enfin que la mission de Lannoy ne se rattachât à la reprise des négociations avec l'Angleterre.

C'est dans les premiers mois de 1438 que la duchesse de Bourgogne avait renoué avec la Cour de Westminster des relations interrompues depuis la fameuse ambassade de Toison d'or, en octobre 1435. Un diplomate habile, rompu aux finesses de la politique anglaise, s'était rendu en Angleterre au commencement de mai : ce diplomate n'était autre que Hugues de Lannoy. A peine arrivé, il se mit en relations avec le duc de Glocester et d'autres membres du Conseil privé[36]. Ses ouvertures furent accueillies favorablement. Le premier point à régler était la reprise des rapports commerciaux entre la Flandre et l'Angleterre. Un conseiller du duc, Henri Utenhove, partit le 25 août, avec mission de suivre les négociations[37]. Le 21 novembre suivant, à la requête de Henri Beaufort, cardinal de Winchester, Henri. VI donnait des lettres de sauf-conduit à un envoyé de la duchesse de Bourgogne[38] ; le surlendemain, il signait des pouvoirs au cardinal, à l'archevêque d'York et à d'autres de ses conseillers pour traiter avec les ambassadeurs de cette princesse[39]. De son côté, la duchesse de Bourgogne se rendait à Saint-Omer, en compagnie de l'évêque de Tournai, du seigneur de Crèvecœur et d'autres conseillers de son mari, pour se mettre en rapport avec les Anglais[40]. Les négociations ne tardèrent point à s'ouvrir sur cette double base : rétablissement des relations commerciales entre l'Angleterre et la Flandre ; tenue d'une conférence pour s'occuper de la paix avec la France. Le Conseil privé de Henri VI, qui avait reconnu l'impossibilité de traiter avec Charles VII sans la participation du duc de Bourgogne, n'hésita point à donner son assentiment.

Informée de ce résultat, la duchesse de Bourgogne s'empressa d'en aviser le Roi[41]. Charles VII fit partir aussitôt, pour se rendre près d'Isabelle, un de ses maîtres d'hôtel, Regnault Girard — le même que nous avons vu, en 1435, chargé de la délicate mission de ramener d'Écosse la Dauphine, — et un de ses conseillers, Robert Mallière[42]. Ces deux ambassadeurs devaient assister la duchesse dans la conférence projetée.

A la fin de janvier 1439, le cardinal de Winchester, accompagné de l'archevêque d'York et d'autres notables conseillers de Henri VI, se rendit à Calais. Une première conférence fut tenue entre Calais et Gravelines ; il y fut décidé que, dans le courant de l'année, on se réunirait, soit à Cherbourg, soit à Calais, et que le duc d'Orléans serait présent[43]. Conformément à ces préliminaires, le 4 mars suivant, le roi d'Angleterre déclara consentir à ce que les conférences fussent tenues à Calais, ou à Cherbourg si l'Adversaire de France le préférait, et à ce que le duc d'Orléans y assistât[44]. De son côté, Charles VII, après avoir mûrement examiné la question[45] et malgré la vive opposition de certains membres du Conseil, décida qu'il entrerait en négociations avec les Anglais[46]. Le 7 avril, du fond de l'Auvergne où il se trouvait, partirent des lettres portant pouvoir au duc de Bourgogne, au comte de Vendôme, au chancelier Regnault de Chartres, au bâtard d'Orléans, et à un grand nombre d'autres conseillers de la Couronne, d'aller traiter de paix finale entre les royaumes de France et d'Angleterre[47]. Le 8 mai, à la requête de la duchesse de Bourgogne, des lettres, de sauf-conduit furent délivrées aux ambassadeurs de France pour se rendre sur les marches de Calais[48]. Enfin, les 23 et 25 mai, Henri VI donna à ses ambassadeurs des pouvoirs et des instructions[49].

Les plénipotentiaires français étaient chargés en même temps de conduire à la cour de Bourgogne la fiancée du comte de Charolais. On cédait en cela aux instances du duc Philippe, qui avait demandé, conformément au traité du 30 septembre 1438, que la jeune princesse fût remise entre les mains de la duchesse sa femme[50].

Catherine de France était alors âgée seulement de six ou sept ans. Elle partit de Tours, conduite par Louis de Bourbon, comte de Vendôme, Jean de Bretagne, comte de Penthièvre, Jean de Chalon, comte de Tonnerre, Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, Jean d'Harcourt, archevêque de Narbonne, et Jacques de Chatillon, seigneur de Dampierre[51] ; elle était accompagnée de sa gouvernante, la dame de la Roche-Guyon, et de douze dames ou demoiselles. Elle fut reçue pompeusement à Reims par le chancelier, le connétable et le bâtard d'Orléans. L'entrée eut lieu le 19 mai[52]. Le cortège prit ensuite le chemin de la Flandre. A Cambrai attendaient les représentants du duc de Bourgogne : c'étaient les comtes de Nevers et d'Étampes et le chancelier Rolin, entourés d'un grand nombre de seigneurs et de dames, parmi lesquelles les chroniqueurs nomment la comtesse de Namur, la dame de Crèvecœur et la dame de Hautbourdin. De là on se dirigea vers Saint-Omer, où se trouvaient alors le duc et la duchesse de Bourgogne. Philippe vint au-devant de la princesse pour lui souhaiter la bienvenue. Les noces furent célébrées au milieu de divertissements et de joutes qui se prolongèrent pendant plusieurs jours[53]. Le duc et la duchesse firent grand honneur à leur belle-fille, lui donnant la première place et l'appelant Madame, comme il appartenait à la fille du Roi[54].

De Saint-Orner, où ils séjournèrent durant le mois de juin, les plénipotentiaires français se rendirent le 28 juin à Calais, où, deux jours auparavant, étaient débarqués le cardinal de Winchester et les autres ambassadeurs anglais, en compagnie du duc d'Orléans. C'était la première fois que le duc se retrouvait en présence de son frère le bâtard, et cette entrevue ne fut pas sans émotion. Charles d'Orléans eut avec le bâtard et les autres représentants du Roi un long entretien.

Les préliminaires ayant été réglés et la duchesse de Bourgogne étant arrivée de Saint-Omer, les conférences s'ouvrirent le 6 juillet, près du château d'Oye. Des tentes, magnifiquement ornées, avaient été construites pour le cardinal, pour la duchesse, pour les ambassadeurs de France. Une grande tente servait en outre de salle de réunion. Le cardinal de Winchester, médiateur du côté de l'Angleterre, présidait, ayant à sa droite la duchesse de Bourgogne, qui remplissait le même rôle du côté de la France. La duchesse avait un cortège de dix dames. Près d'elle était une jeune princesse de la maison de Bourgogne, Anne de Clèves, fiancée au prince de Viane, fils du roi de Navarre. Le duc d'Orléans n'était point présent. Craignant qu'on ne cherchât à le faire évader, les Anglais ne lui avaient pas permis de quitter Calais, où il était étroitement gardé[55].

Charles VII avait pour ambassadeurs le comte de Vendôme, les archevêques de Reims et de Narbonne, le bâtard d'Orléans, le premier président Adam de Cambray, Jacques de Châtillon, seigneur de Dampierre, Regnault Girard, seigneur de Bazoges, Robert Mallière, maître des comptés ; et André du Beuf, secrétaire. Les représentants de Henri VI étaient l'archevêque d'York, le duc de Norfolk, les évêques de Norwick, Saint-David et de Lisieux, les comtes de Stafford et d'Oxford, les lords Bourchier et Hungerford, etc. Thomas Bekynton et Jean de Rinel remplissaient les fonctions de secrétaires[56]. Les Pères de Bâle avaient envoyé des ambassadeurs[57].

Tout d'abord surgirent des difficultés au sujet des lettres de pouvoirs.

Les ambassadeurs de France se récrièrent sur le nom de Charles de Valois donné au Roi, alors que jusqu'ici on l'avait toujours appelé : Notre adversaire de France. Ils protestèrent également contre la prétention, émise au nom du roi d'Angleterre, de maintenir son droit à la couronne et de conserver le titre de roi de France. Enfin ils insistèrent sur l'insuffisance des pouvoirs donnés aux ambassadeurs anglais pour arriver à la conclusion de la paix, et déclarèrent qu'ils ne procéderaient pas plus avant si ces pouvoirs n'étaient modifiés.

De leur côté les ambassadeurs anglais prétendirent que les pouvoirs donnés par Charles VII étaient obscurs et contradictoires, et qu'ils devaient également être modifiés.

Le cardinal et les plénipotentiaires anglais tinrent conseil et résolurent de changer les termes des lettres de commission : quand on se serait mis d'accord avec la partie adverse sur leur teneur, les nouvelles lettres seraient envoyées en Angleterre pour y être scellées.

Les pouvoirs des plénipotentiaires français furent corrigés de façon à donner satisfaction aux Anglais.

Le 10 juillet, on se réunit de nouveau au lieu désigné pour la tenue des conférences. La nouvelle rédaction des pouvoirs fut approuvée de part et d'autre[58]. L'archevêque d'York prit alors la parole en latin. Conformément aux instructions de Henri VI, il demanda que son maître fût autorisé à jouir librement et paisiblement du royaume et de la couronne de France, protestant qu'il n'entendait pas renoncer à un droit et à un titre qu'il tenait de Dieu, et qui avait été consacré par de nombreuses victoires. Si l'Adversaire de France consentait à cette concession, il croyait pouvoir affirmer que le roi d'Angleterre lui ferait des ogres qui seraient de nature à lui donner pleine satisfaction.

L'archevêque de Reims répondit en français. Il maintint énergiquement le droit suprême du Roi et déclara qu'il ne pouvait être contesté ; il demanda donc que, conformément à la justice, il lui fût permis d'en jouir librement et en paix. Les traités sur lesquels on s'appuyait avaient été conclus durant la démence du feu Roi, sans la participation et le consentement de son maître[59].

L'archevêque d'York répliqua. Conformément à ses instructions, il termina en insistant sur les considérations générales qui militaient en faveur de la paix, et fit connaître les offres du roi d'Angleterre. Ces offres consistaient dans l'abandon de toutes les terres situées au sud de la Loire, c'est-à-dire du Languedoc et des pays voisins, jusqu'à concurrence d'un revenu de vingt mille livres sterling par an. Mais ces terres devraient être tenues en hommage du roi d'Angleterre.

Le chancelier de France arrêta l'archevêque, et déclara que ni lui et ses collègues ne procéderaient plus avant 1° si le roi d'Angleterre ne renonçait à toutes prétentions sur la couronne, sur le titre de Roi et sur les armes de France ; 2° si ce prince ne consentait à tenir en hommage les terres qu'il posséderait dans le royaume ; 3° s'il ne restituait à chacun ce qui lui appartenait tant au spirituel qu'au temporel. Il ajouta qu'il était autorisé à offrir au roi d'Angleterre toutes les terres qu'il avait dans le duché de Guyenne, à tenir en hommage de la Couronne.

Cette offre fut repoussée avec dédain par les plénipotentiaires anglais, et la séance fut levée.

Après le dîner, la duchesse de Bourgogne, se faisant l'interprète du cardinal de Winchester, s'efforça en vain d'obtenir des ambassadeurs de France l'abandon de la clause relative à l'hommage. On se sépara, en fixant la prochaine réunion au 13 juillet.

Ce jour-là, Isabelle se rendit à Melgate, près de Calais, où elle eut un long entretien avec le duc d'Orléans, en présence du cardinal et des ambassadeurs de France.

Sur ces entrefaites, une indisposition de Philippe le Bon[60] appela la duchesse à Saint-Omer. Ce fut seulement le 18 que les négociations purent être reprises.

La duchesse de Bourgogne fit savoir qu'il lui paraissait impossible d'arriver à conclure la paix, puisque le roi de France réclamait une renonciation formelle à la couronne de la part du roi d'Angleterre, et que celui-ci refusait de rien tenir en hommage de la partie adverse. Elle proposa donc de traiter sur les bases suivantes : conclusion d'une trêve de trente, vingt ou quinze années, laissant les choses en suspens ; le roi d'Angleterre, durant ce laps de temps, s'abstiendrait de prendre le titre de roi de France, mais il aurait la faculté de le reprendre et de continuer la guerre ; il abandonnerait toutes ses possessions en France, sauf celles qu'on serait d'accord de laisser entre ses mains ; chacun reprendrait ensuite possession de ce qui lui appartenait ; enfin le duc d'Orléans serait mis en liberté, sans avoir de rançon à payer[61].

En recevant cette ouverture, les ambassadeurs anglais s'empressèrent de déclarer qu'ils n'entendaient rien faire qui pût porter préjudice au droit de leur maître, et que, s'ils faisaient quelque concession, ce serait uniquement afin de maintenir la foi catholique, de favoriser la conclusion de la paix et d'éviter l'effusion du sang chrétien.

Mais une difficulté se présentait : le duc d'Orléans n'était point d'accord avec la duchesse de Bourgogne sur les termes de la proposition faite par celle-ci. Le texte, rédigé après coup, différait, paraît-il, de la communication verbale de la duchesse. Une négociation reposant sur des bases aussi incertaines n'avait guère chance d'aboutir.

Au bout de quelques jours, les ambassadeurs anglais firent connaître leur réponse. Elle consistait en une contre-proposition : ils déclaraient, au nom de leur maître, se contenter de ce que possédaient en France ses prédécesseurs avant que le titre de roi et la couronne leur fussent échus, en y ajoutant la ville et les marches de Calais, le château et la seigneurie de Guines et les autres châteaux du voisinage, le tout à tenir de Dieu, sans hommage.

On leur demanda de s'expliquer sur ces anciennes possessions. Ils répondirent qu'ils entendaient y comprendre les duchés de Normandie et de Bretagne, le comté de Flandre, le duché d'Anjou, le comté du Maine, le duché d'Aquitaine, y compris les terres de Gascogne et le pays basque, le duché de Touraine, les comtés de Toulouse, de Poitou et de Ponthieu, la ville de Montreuil, et les seigneuries de Beaufort et de Nogent.

Quant à la cédule présentée par la duchesse de Bourgogne, elle semblait aux ambassadeurs conçue dans des termes tellement vagues qu'il leur était impossible de se prononcer à ce sujet : il faudrait au moins, disaient-ils, que l'on spécifiât les terres qu'on entendait offrir au roi leur maître pendant la durée de la trêve.

Pour la première fois, à la date du 22 juillet, les ambassadeurs de France entrèrent dans la voie des concessions : conformément à la proposition de la duchesse de Bourgogne, ils consentaient à abandonner au roi d'Angleterre deux des bailliages de Normandie, le bailliage de Caen et le bailliage de Coutances.

Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne, prit alors la parole pour exposer les motifs qui avaient porté la duchesse à formuler sa proposition. Cette communication n'eut d'autre résultat que de faire apparaître avec quel dédain les plénipotentiaires anglais avaient accueilli les offres de la duchesse. Isabelle manifesta une violente émotion. Le secrétaire Bekynton rapporte qu'elle versa des larmes. Étaient-elles de rage ou de douleur, ajoute-t-il, je ne sais. — Qu'avez-vous à dire sur la forme de la cédule ? s'écria la duchesse. — Nous n'avons pas de pouvoirs pour traiter sur de telles bases, répondirent les ambassadeurs. Toutefois ils promirent que, si l'on consentait à énumérer les terres qui seraient offertes à leur maître, ils lui transmettraient la cédule.

Les ambassadeurs de France ripostèrent par une autre demande, relative à la désignation des terres que la partie adverse regardait comme appartenant aux rois d'Angleterre.

Cependant les choses n'avançaient point, et déjà le bruit courait à Calais que les ambassadeurs de France allaient se retirer. Bientôt on reçut de la duchesse de Bourgogne une convocation pour une nouvelle conférence, fixée au 27 juillet.

Cette journée s'écoula en pourparlers stériles, et l'on s'ajourna au 29, pour aller conférer, près de Calais, avec le duc d'Orléans.

Sur ces entrefaites, les ambassadeurs de France produisirent de nouvelles offres, contenant l'abandon de tout le duché de Normandie, sauf le Mont-Saint-Michel, avec réserve de l'hommage du duché de Bretagne.

Pas plus que les précédentes, la conférence du 29 ne donna de résultat. Après communication des dernières propositions faites, d'un commun accord, par le duc d'Orléans et la duchesse de Bourgogne[62], on décida que, de part et d'autre, les ambassadeurs en référeraient à leurs maîtres, et qu'une nouvelle réunion aurait lieu le 4 ou le 11 septembre suivant.

Le cardinal de Winchester et le duc d'Orléans restèrent à Calais ; le duc de Norfolk et les autres ambassadeurs firent voile (5 août) pour l'Angleterre.

Sur ces entrefaites parvint à Calais la nouvelle que le connétable venait de s'emparer de Meaux. Cette nouvelle fut aussitôt transmise au delà du détroit et y excita une vive émotion.

 

Le 9 septembre, l'archevêque d'York et ses collègues débarquaient, porteurs d'instructions datées du 30 août[63]. Les plénipotentiaires avaient ordre de déclarer que leur maitre n'entendait renoncer ni au titre de roi ni à la couronne de France ; qu'il ne rendrait point, comme on lui demandait de le faire, les bénéfices et autres possessions, et ne mettrait point le duc d'Orléans en liberté. Ils étaient pourtant autorisés à faire certaines concessions territoriales : le roi d'Angleterre était disposé à se contenter du duché de Normandie y compris le mont Saint-Michel, du duché de Guyenne, et des villes de Calais, Guines et autres environnantes, le tout à tenir de Dieu, sans hommage.

Le surlendemain 11 septembre, les plénipotentiaires anglais se rendirent au lieu fixé pour la convocation. Mais un héraut, chargé d'aller à Gravelines notifier leur venue, revint avec la nouvelle que, depuis le 30 juillet, aucun ambassadeur français n'avait paru dans ce lieu. Une protestation fut aussitôt rédigée, et les ambassadeurs reprirent le chemin de Calais.

Là ils furent informés, par le cardinal de Winchester, que Adversaire de France avait écrit au duc d'Orléans et à la duchesse de Bourgogne qu'il ne pouvait consentir à traiter sur les bases proposées sans l'agrément des princes du sang et des membres de son Conseil, et qu'une assemblée avait été convoquée à Paris pour le 21 septembre, terme le plus rapproché qu'on pût fixer à cause de l'éloignement du Dauphin, alors en Languedoc. Charles VII demandait donc, pour la reprise des conférences, un sursis jusqu'à ce que cette assemblée eût été tenue[64].

Fort mécontents de cet ajournement, où ils virent un subterfuge pour rompre les négociations, les ambassadeurs déclarèrent qu'il n'y avait pas lieu de poursuivre les conférences ; ils consentirent pourtant à ce que le cardinal de Winchester, le duc d'Orléans et la duchesse de Bourgogne continuassent à agir comme médiateurs.

La duchesse de Bourgogne avait demandé un sauf-conduit, qu'on s'empressa de lui envoyer. Une dernière conférence fut tenue le 15 septembre, au lieu ordinaire des séances. Le cardinal, le duc d'Orléans et les ambassadeurs anglais s'y rencontrèrent avec la duchesse Isabelle, qui vint accompagnée du chancelier Rolin et de l'évêque de Châlons, ambassadeur de Charles VII. La duchesse insista pour l'adoption de sa proposition ; mais elle ne put convaincre le cardinal, qui lui répondit qu'il n'y avait pas lieu d'espérer qu'on traitât sur ces bases. Dans le cours de la conférence, le cardinal accusa le Roi d'avoir eu recours à la fraude pour suspendre tes négociations, car on avait fait au congrès d'Arras des offres plus considérables que celles qui avaient été produites à Gravelines. La duchesse répondit que le roi d'Angleterre était alors plus puissant, et elle fit allusion aux villes qu'il avait perdues depuis cette époque.

Toutefois Isabelle n'abandonnait pas l'espoir de reprendre les négociations : elle fit décider qu'à la saison nouvelle une conférence serait tenue au même lieu, et que chacune des parties y enverrait ses ambassadeurs ; le jour fixé fut le 15 avril ou au plus tard le 1er mai 1440. Dans des lettres en date du 15 septembre, la duchesse résuma l'état des négociations et prit acte de la convocation faite pour l'année suivante, sauf ratification des deux rois[65].

Au cours des explications échangées avec le cardinal, la duchesse avait demandé, avec une feinte indifférence, si la trêve conclue entre l'Angleterre et la Flandre serait maintenue, et s'il y avait lieu de poursuivre les pourparlers relatifs à la reprise des relations entre les deux contrées, Le cardinal ayant déclaré y consentir, les ambassadeurs bourguignons chargés de la négociation du traité de commerce se hâtèrent de se rendre près de lui (18 septembre)[66]. Le temps pressait, car les représentants de Henri VI devaient quitter Calais le 24. Retardés par les vents contraires, ils ne mirent à la voile que le 2 octobre : dès le 29 le traité de commerce était signé[67].

Telle fut l'issue des conférences de Gravelines. Elles n'avaient abouti qu'à constater l'inanité des efforts de la duchesse de Bourgogne pour arriver à un accord entre la France et l'Angleterre. Seul le duc son mari en tirait profit, car l'habile médiatrice avait su obtenir, à la dernière heure, la conclusion d'un traité assurant la reprise des relations commerciales entre la Flandre et l'Angleterre.

 

 

 



[1] Le texte de cette lettre a été donné par Saint-Remy, t. II, p. 367-369. — Nous en nous une copie, tirée des Registres de l'hôtel de ville d'Amiens, dans la collection Grenier, vol. 100, p. 43.

[2] Le 21 mars 1436, le duc, par un mandement donné à L'Écluse, visait le paiement de 120 l. fait à Coutances, héraut du Roi, venu à Bruxelles nous apporter nouvelles que madame la Royne estait accouchiée d'un beau fils, qui avoit esté tenu sur phons ou nom de nous. Archives du Nord, B 1958, n° 5.

[3] Lettre sans date. Saint-Remy, t. II, p. 369-373.

[4] En outre cinq cents écus Philippus devaient être distribués aux dames et damoiselles qui norissoient et gouvernoient ledit enfant. Archives du Nord, B 1957, f. 367 v° ; 1961, f. 104.

[5] Sur l'affaire de l'évêché de Tournai, voir Monstrelet, t. V, p. 57-61.

[6] Moreau, 432, f. 233. Ce sont ces lettres, qui visent les lettres de Charles VII ratifiant le traité d'Arras, données le 10 décembre 1435 précédent, qu'indique évidemment M. Gachard, dans son édition de l'Histoire des ducs de Bourgogne par M. de Barante, t. I, p. 565, note. Le transport avait été fait par les lettres du 10 décembre 1435.

[7] Lettres du 24 décembre 1436. Archives de la Côte-d'Or, B 11201.

[8] Lettres du 21 décembre 1435. Cf. lettres du 12 janvier 1437. Archives de la Côte-d'Or, B 11902 ; Collection de Bourgogne, vol. 10, f. 40.

[9] Le 1er février, Toison d'or partait pour la Cour de France, et sa mission se prolongea jusqu'au 26 avril. (Archives du Nord, B 1957, f. 136 v°.) Au mois de mars, étant à la Cour, il recevait 50 l. (La Roque, Histoire de la maison d'Harcourt, t. IV, p.1729.) — Le 17 février, le duc faisait payer 55 l. à Jean Viguier, huissier d'armes et valet de chambre, envoyé du pays de Brabant vers le Roi, pour aucunes ses grans affaires qui grandement le touchent et qu'il a très à cueur. (Archives de la Côte-d'Or, B 1649, f. 128 v°.)

[10] L'Itinéraire donne la date du 15 avril. L'ambassade se composait de Jean de Croy, de Jacques, seigneur de Crèvecœur, et de Jean de Terrant ; elle avait charge de dire aucunes choses qui fort touchoient les affaires d'icellui seigneur (le duc). (Archives du Nord, B 1957, f. 127 v°.) Les ambassadeurs partirent de Semur le 27 mars et revinrent à Dijon le 2 mai. (Archives de la Côte-d'Or, B 1649, f. 129 ; La Barre, t. II, p. 168 note et 218 note ; Canat, t. I, p. 373.) — C'est sans doute à ce moment que fut pris un arrangement portant que les prisonniers faits de part et d'autre seraient mis en liberté sans rançon. (Voir lettres de rémission du mois de décembre 1446, dans Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. I, p. 16 note.)

[11] 27 avril-23 juin ; fin juin-21 novembre. Archives du Nord, B 1969, f. 212 v°.

[12] Par lettres données à Dijon le 9 août, Me Germain Trouvé, conseiller du duc, reçut 27 fr. pour un voyage fait, par ordre du chancelier et des gens du Conseil, vers le Roi, pour lui porter plusieurs memoires de par eulx touchans certains abuz faix ès pais et seignories de mon dit seigneur en Bourgoigne et appartenances par plusieurs ses gens et autres officiers royaux, afin de lui requerir de par mondit seigneur de y faire mettre provision, à l'entreteuement des prerogatives, noblesses et preheminences deux à mondit seigneur en ses pals de Bourgoigne. Archives de la Côte-d'Or, B 1659, f. 129.

[13] Mémoire de Louvet, déjà cité. Archives de Turin. — Voir le passage du traité dans Olivier de La Marche, t. I, p. 230.

[14] Les lettres du duc relatives à leur mission sont du 16 mars 1437. La Broquière donna quittance le 11 juin (Archives de la Côte-d'Or, B 1665, f. 78, 78 v° et 95). Il fut employé dans cette ambassade jusqu'au 11 novembre suivant (Archives du Nord, B 1963, f. 97 v°). Cf. pour cette ambassade, mêmes archives, B 1966, f. 168.

[15] Archives du Nord, B 1961, f. 126 v°.

[16] Archives du Nord, B 1961, f. 107. — Voir Monstrelet, t. V, p. 345, et Gallia chriatiana, t. IV, col. 231-232.

[17] C'était Germain Trouvé, le même que, l'année précédente, il avait chargé d'une mission' auprès du Roi. Les lettres de commission sont datées de Dijon le 6 mai 1437. Archives de la Côte-d'Or, B 1665, f. 76 v°.

[18] Voir Monstrelet, t. V, p. 61.

[19] Toison d'or fut employé à cette mission du 19 septembre au 13 novembre (Archives du Nord, B 1966, f. 167). Les comptes mentionnent des voyages faits par Philibert Andrenet, soit vers le Roi, soit vers le duc de Savoie, aux dates suivantes : 15-29 mars, 2-8 avril, 9-19 avril, 29 mai-28 juillet, 6-26 septembre, 15 octobre-1er novembre 1437 (Archives de la Côte-d'Or, B 1665, f. 95 et 95 v°).

[20] Voir Monstrelet, t. V, p. 298, 301.

[21] Onzième compte de Mahieu Regnault. Archives de la Côte-d'Or, 13 1663 ; extraits dans la Collection de Bourgogne, vol. 65, f. 155. Cf. Tuetey, les Écorcheurs sous Charles VII, t. I, p. 44-48.

[22] Tableau fidèle des troubles et révolutions arrivés en Flandre, etc., par Beaucourt de Noortvelde (Bruges, 1792, in-8°), chapitre IX ; Histoire de Flandre, par M. Kervyn de Lettenhove, t. III, p. 419 et suivantes.

[23] Kervyn, l. c., p. 240-46.

[24] Jean Trousson, secrétaire du duc, partit le 13 décembre 1437, et sa mission se prolongea durant quatre-vingt-deux jours (Archives du Nord, B 1963, f. 95 v°). — Philibert Andrenet fit deux voyages en janvier 1438 : du 2 au 17 et du 19 au 30 (Archives de la Côte-d'Or, B 1665, f. 96).

[25] Archives du Nord, B 1963,  f. 97, et 1966, f. 166 v°.

[26] Le duc de Bourgogne faisait en outre valoir des réclamations au sujet de très anciennes dettes, contractées par Charles VI envers le duc de Brabant, et qui n'avaient jamais été soldées, savoir : 100.000 livres, dues conformément à des lettres du 28 mai 1408, sur lesquelles 45.550 restaient à acquitter ; 61.249 l. dues sur la pension du duc de Brabant (de 10.000 l.), conformément à des lettres du 24 mai 1404. Archives de la Côte-d'Or, B 11906.

[27] Copie contemporaine sans date, Archives de la Côte-d'Or, B 11904 ; autre copie, incomplète au début, 11906. — Ce document a été utilisé par le continuateur de D. Plancher (t IV, p. 229), qui le place à l'année 1436, sans s'apercevoir qu'il y fait allusion à la guerre de Gand. Nous croyons qu'il se rapporte à l'ambassade de février 1438.

[28] C'est au moins ce qu'affirme Saint-Remy (t. II, p. 366), qui devait être bien informé.

[29] Monstrelet, t. V, p. 344.

[30] Archives, J 251, n° 36.

[31] Voici les dates données dans les comptes, pour la mission de ces ambassadeurs : Jacques de Crèvecœur, du 5 juillet au 5 novembre ; Philippe de Nanterre, du 10 juillet au 6 novembre ; Étienne Armenier, du 25 juillet au 25 octobre. Archives du Nord, B 1966, f. 130, 112 v°, 104 v°. Cf. B 1963, f. 126.

[32] Monstrelet, l. c. Ce chroniqueur dit que la fille du Roi dont il s'agissait était nouvellement trespassée, et que le duc envoya à ses ambassadeurs l'ordre de faire la demande de la maisnée, nommée Catherine. Or il n'y a pas trace de cette mort : Catherine était bien la seconde fille du Roi, et il ne pouvait s'agir de Radegonde, depuis longtemps promise à Sigismond, duc d'Autriche.

[33] La mission de Hugues de Lannoy dura du 26 juillet au 13 novembre (Archives du Nord, B 1982, f. 61). Nous avons relevé encore deux voyages de Jean Viguier, huissier d'armes et valet de chambre du duc (11 juillet-20 septembre et 20 septembre-21 novembre) et l'envoi de plusieurs chevaucheurs (B 1969,  f. 156 ; R 1963, f. 126 v° et 130 r ; B 1983, n° 33).

[34] Original à la Bibliothèque nationale, Chartes de Colbert, 355, n° 210 ; autre original, Archives du Nord, B 1516 ; Archives nationales, J 251, n° 37. Le texte est imprimé dans Léonard, Recueil des Traitez, t. I, p. 31.

[35] Original, Chartes de Colbert, 355, n° 209. Le texte est publié par Canat, l. c., p. 385.

[36] Proceedings and ordinances, t. V, p. 95.

[37] Archives du Nord, B 1966, f. 167 v°.

[38] Sauf-conduit délivré le 21 novembre 1438 à Sampson de la Laing, militem illius ducis Burgundiæ se dicentis, qui nuper ad dictum avunculum Regis a consanguines sua ducissa Burgundiæ cum litteris in nuncium venit. Ce sauf-conduit était d'une durée de deux mois. Rymer, l. c., p. 58.

[39] Pouvoir en date du 23 novembre 1438. Rymer, l. c., p. 56.

[40] Archives du Nord, B 1966, f. 128 et 128 v°.

[41] Jean Viguier partit le 21 novembre pour se rendre près du Roi. Archives du Nord, B 1969, f. 58 v° ; cf. f. 156.

[42] Regnault Girard, seigneur de Bazoges, conseiller et maître d'hôtel du Roi ; Robert Mallière, conseiller et maitre des comptes. Rymer, l. c., p. 59. Cf. Archives du Nord, B 1969, f. 156 v°.— Il y a dans Clairambault, 53, p. 4029, une quittance de cent livres, signée de Regnault Girard, en date du 14 décembre 1438, pour un voyage qu'il fait présentement vers le duc de Bourgogne. — Le 11 décembre Valentinois, le poursuivant recevait 55 s. t. pour aller de Bourges à la Charité porter lettres closes, de par le Roi et son Conseil, à Robert Mallière, et rapporter réponse. Pièces originales, 1955 : MALLIÈRE.

[43] Monstrelet, t. V, p. 341-53. Cf. Protestation du duc de Glocester contre l'élargissement du duc d'Orléans, dans Stevenson, t. II, p. 445.

[44] Rymer, t. V, part. I, p. 59.

[45] Le 16 février, Jean Viguier partait de Saint-Omer pour aller trouver le Roi à Limoges et avoir son scellé de entretenir certaine journée prinse avec les Angloiz pour le fait de la paix des deux royaumes de France et d'Angleterre. Archives du Nord, B 1969, f. 156 v°. Cf. B 1666, f. 113.

[46] Le Roy estant à Riom, en caresme dernier passé a eu un an, print sa conclusion sur la paix generalle de Franck et d'Angleterre. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 5. Cf. lettres du 18 mars 1439, où il est question de certaine convention et assemblée qui se doit faire au mois de may prochain ès marches de Calais d'aucuns de nos gens avecques ceux de nostre adversaire d'Angleterre pour entendre et besoingner au fait de la paix generale de nostre royaume et de cellui d'Angleterre... Fontanieu, 117-118.

[47] Ces lettres sont dans D. Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CLXIII. — La veille de la date de ces lettres, 6 avril, le Roi ordonnait de payer 1.000 l. t. au bâtard d'Orléans pour le voyage de Calais. Quittances des 14 avril et 4 mai 1439. Clairambault, 1122, n° 35 et 36.

[48] Rymer, t. V, part. I, p. 59. Le héraut Touraine et Porc Espy, poursuivant d'armes, étaient à Rouen au milieu d'avril pour solliciter des sauf-conduits. Lettres de Henri VI données à Rouen le 21 avril 1439. Ms. fr. 26065, n° 3756.

[49] Rymer, p. 61, 61, 64 ; Proceedings and ordinances, t. V, p. 354 et 349 ; Bréquigny, 82, f. 34, 39, 59, 69.

[50] Mission de Jean Viguier vers le Roi au Puy, vers la Reine et la comtesse de Charolais à Tours, tant pour le fait de la journée advisée estre tenue pour le fait de la paix generale de France et d'Angleterre, comme pour la venue devers mondit seigneur de madame Katherine de France. Il partit le 14 avril de La Haye, où était le duc. Archives du Nord, 13 1969, f. 156 v° ; Archives de la Côte-d'Or, B 1673, f. 76 et 76 v°.

[51] Monstrelet, t. V, p. 400 ; Jean Chartier, t. II, p. 9. — Le nom du comte de Penthièvre est fourni par un curieux document : c'est une lettre de la reine Marie d'Anjou, datée de Tours, le 11 mai, et adressée au chancelier Rolin, par laquelle elle lui recommande les intérêts du comte. Original, British Museum, Additional manuscripts, n° 21505.

[52] Jean Chartier, l. c. Voir, sur les présents faits à la jeune princesse et à son escorte, Varin, Archives législatives de la ville de Reims, 2e partie, t. I, p. 639, note.

[53] Monstrelet, t. V, p. 401.

[54] Ces détails sont donnés par Aliénor de Poitiers, dans ses Honneurs de la Cour, où elle constate que le Roi avait défendu aux dames de l'escorte de Catherine de France de lui laisser prendre le pas sur sa belle-mère la duchesse de Bourgogne, car il disoit que la dite dame estoit fille de Roy, cy estoit sa belle-mère. Mémoires sur l'ancienne chevalerie, t. II, p. 160.

[55] Ces renseignements, et ceux qui vont suivre, sont empruntés à un journal écrit par Thomas Bekynton, secrétaire du roi Henri VI ; il est conservé en copie dans la collection Bréquigny (vol. 81, f. 230-327), et a été imprimé par sir Harris Nicolas dans le tome V des Proceedings and ordinances (p. 334-407). Voir la longue analyse que le savant éditeur en donne dans sa préface, p. XXXV-LXII.

[56] Proceedings, t. V, p. XXXV, XLII, 347, 349.

[57] Bibliothèque de Genève, Ms. lat. n° 27, p. 57-59 (Catalogue Sennebier, p. 99-100).

[58] Il est à noter qu'on maintint les dates primitives de ces lettres (7 avril et 23 mai). Voir Proceedings, t. V, p. LI.

[59] L'éditeur anglais, sir Harris Nicolas, a dénaturé le sens du texte en faisant dire au chancelier (Préface, p. LII), qu'il ne pouvait conclure une paix générale en raison de la maladie de son souverain et de l'absence du Dauphin. Le texte montre bien que, dans sa bouche, il s'agissait de Charles VI et du Dauphin Charles : Ad pacem generalem dixit quod non valuit, quod Rex eoque erat tunc indispositus et insenrabilis, et Delphinus, cujus notorie interfuit, non erat ad hoc vocatus neque consensit (p. 353).

[60] Voir à ce sujet un document en date du 3 octobre 1439. Pièces originales, 1692 : LESCRIVAIN.

[61] Voir le texte des propositions formulées par la duchesse et le duc d'Orléans, dans le Journal de Bekynton : Proceedings, t. V, p. 367-369. Cf. Préface, p. LVI-LVII.

[62] Voir Proceedings, t. V, p. 378-382, et Documents inédits, Mélanges historiques, t. II, p. 158-188.

[63] Le texte est dans Proceedings, p. 388-395.

[64] Proceedings, p. 395-397.

[65] Ces lettres se trouvent dans le recueil de M. Champollion-Figeac, Lettres de rois, reines, etc., t. II, p. 457. Henri VI y donna son approbation le 22 octobre suivant (p. 456).

[66] Proceedings, t. V, p. 399.

[67] Proceedings, t. V, p. 400 et suivantes ; Rymer, t. V, part. I, p. 65. — L'original de ce traité est aux Archives du Nord, B 1510.