HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE II. — LE ROI DE BOURGES - 1422-1435

 

CHAPITRE XIV. — L'ADMINISTRATION DU ROI DE BOURGES - 1422-1435.

 

 

§ II. — FINANCES, MONNAIES, AGRICULTURE, COMMERCE, INDUSTRIE, ARMÉE.

 

Tentatives de réforme en matières de finances ; haut personnel de l'administration financière. — Administration des monnaies de 1422 à 1485. — Tableau des sommes votées par les États généraux de Languedoil et de Languedoc. — Expédients auxquels on a recours pour se procurer les ressources nécessaires : emprunts ; joyaux engagés ; aliénations du domaine. Largesses du Roi : dons en argent ; dons de seigneuries, de châteaux, de châtellenies ; doit de capitaineries et d'offices de châtelain ; dons de traites. — Mesures prises pour réagir contre cette tendance ; leur inefficacité. — Dépenses personnelles du Roi ; luxe et misère. — État de l'agriculture et du commerce ; maux de tout genre dont souffrent les populations. Mesures prises en faveur du commerce, de la navigation, de l'industrie. — Armée : Charles VII ne renonça pas, comme on l'a dit, à se servir de l'élément national ; appels faits à la noblesse ; troupes recrutées en Écosse, en Lombardie, en Castille, en Aragon. — Désordres auxquels se livrent les gens de guerre ; vains efforts du gouvernement royal pour remédier à cet état de choses ; insuccès de la tentative de réforme du connétable de Richemont. L'anarchie continue jusqu'à ce que la paix conclue avec le duc de Bourgogne permette de travailler efficacement à la réforme de l'armée.

 

En considérant l'état d'anarchie où se trouvait la France dans les premières années du règne de Charles VII, en voyant l'impuissance du pouvoir, résultant, soit des variations survenues dans la direction gouvernementale, soit surtout des circonstances, elles-mêmes, on pourrait croire que rien ne fut tenté pour remédier au mal. Le tableau de la situation financière que le gouvernement royal ne craignit pas de tracer lui-même, dans l'ordonnance du 25 septembre 1443, quand il se sentit assez fort pour réprimer les abus, atteste les profondeurs de l'abîme, mais laisse dans l'ombre les efforts poursuivis durant ces années troublées où l'on était réduit aux expédients. Il y eut pourtant un travail lent et pénible, entrepris par les hommes qui dirigeaient les affaires. Tandis que les fluctuations de la politique amenaient de brusques changements dans le pouvoir et que des réformes pompeusement annoncées demeuraient sans résultat, un groupe de conseillers intègres et dévoués travaillait avec persévérance : on doit leur tenir compte de ces labeurs, quelque stériles qu'ils aient pu être.

La réforme monétaire opérée au mois de septembre 1422[1], fut le signal d'autres mesures ayant pour objet d'imprimer une direction nouvelle à l'administration financière. Au mois d'avril 1423, Guillaume Toreau, premier maitre des requêtes de l'hôtel du Roi, et Regnier de Bouligny, général des finances, furent nommés commissaires généraux sur le fait et gouvernement des monnaies et du revenu, émolument et profit d'icelles, et de toutes les autres finances[2]. Ces deux personnages se trouvaient par là investis de pouvoirs supérieurs à ceux des généraux des finances, mais leurs fonctions paraissent avoir été de courte durée[3] : par d'autres lettres en date du 17 août 1423, le Roi procéda à la nomination de nouveaux généraux et commissaires sur le fait de toutes ses finances, tant en Languedoil qu'en Languedoc : c'étaient Guillaume de Champeaux, Alexandre Le Boursier et Jean de La Barre[4]. — Regnier de Bouligny resta-t-il seul en possession d'une autorité qui aurait fait de lui comme une sorte de surintendant des finances ? Nous ne savons. Ce qui n'est pas douteux, c'est qu'à cette époque il jouissait d'une grande autorité près du Roi[5], qui ne cessa d'ailleurs de lui témoigner sa confiance. Le receveur général des finances était Guillaume Charrier qui, sauf une courte intermittence, devait conserver ses fonctions pendant de longues années. Jean Gerbe, trésorier général durant la régence, ne tarda pas à être remplacé par Macé Heron. Hemon Raguier conserva la charge de trésorier des guerres. Quant aux, généraux maîtres des monnaies, Jean et Pierre Gencien, Bernard Braque, Jean Jarze et Jean de Ponchier, ils paraissent avoir conservé leurs fonctions. Un peu plus tard, nous rencontrons, dans l'exercice de ces mêmes fonctions, Guillaume Le Marié et Jean du Moustier, puis Jean de Beaune.

A une date qui nous paraît devoir être fixée à la fin de mars 1425, le président Louvet fut investi de pouvoirs extraordinaires : il fut nommé, aux termes de l'ordonnance, general et souverain gouverneur par dessus toutes nos finances presentes et à venir, tant de celles de nos receptes ordinaires et de nos monnoyes, que de nos aides et autres subventions octroyées ou à octroyer, de traites de vin, sel et autres denrées, et generalement de toutes nos finances quelles qu'elles soient, tant ordinaires que extraordinaires, de nos pays de Languedoc et duché de Guyenne. Ces pouvoirs étaient suspensifs de ceux des commissaires des finances en Languedoc, et spécialement de ceux qui avaient été conférés à Jean Havart[6]. Il paraît que cet acte fut rendu en dehors de toute délibération du Conseil, et que, peu après, Louvet se fit attribuer les mêmes pouvoirs pour le Dauphiné[7]. Mais sa disgrâce arriva avant qu'il eût eu le temps de les exercer[8].

Le 18 mars 1425, au lendemain de la prise de possession de l'épée de connétable par le comte de Richemont, le Roi avait déclaré, dans des lettres s'adressant au receveur général d'une aide imposée en Dauphiné et conformément au vote des États de cette province, qu'aucun paiement ne devait être fait sans lettres patentes émanées de lui et expédiées par son trésorier général Macé Heron, commis à la distribution des finances[9]. Quelques mois plus tard, Macé Heron fut remplacé par Jean Taumier, qui eut des pouvoirs plus étendus[10]. Le nouveau receveur général prêta serment le 1er août entre les mains du chancelier, et le 9 devant la Chambre des Comptes[11]. Cette révolution dans l'administration financière — car la mesure avait ce caractère — fut suivie de la révocation du receveur général Guillaume Charrier[12]. Enfin, dans le cours de la même année, Jean de Nerly, receveur générai en Languedoc, fut remplacé par Jean Seaume[13].

La Cour des comptes avait été définitivement installée à Bourges et constituée par la nomination de Guillaume de Champeaux comme président[14]. Une cour des aides fut établie par lettres du 22 octobre 1425, et bientôt installée à Poitiers. Hugues Comberel, évêque de Poitiers, Maurice Claveurier, Thibaut de Vitry, Geoffroy Vassal, Aimeri Marchand et Guillaume Le Tur furent appelés à en faire partie. Ils étaient institués juges et generaux en souveraineté quant au fait de la justice des aides et gabelles et des circonstances et dependances, sans toutefois qu'aucune atteinte fut portée à l'autorité des généraux sur le fait des finances. Les nouveaux conseillers avaient des pouvoirs analogues à ceux dont jouissaient à Paris les généraux conseillers sur le fait de la justice des aides. Jean Chastenier, l'un des, secrétaires du Roi, fut nommé greffier, et Yvonnet Petit huissier de la Cour des aides[15].

L'ordonnance du 12 juin 1426, sur laquelle nous reviendrons plus loin, prescrivit de nouvelles règles relativement à l'administration des finances. Le Roi décida qu'à l'avenir aucun mandement ne serait donné qu'en vertu d'une délibération du Conseil, où devaient siéger, avec un certain nombre de personnages désignés dans l'acte[16], les généraux conseillers sur le fait des finances, au nombre de quatre, ou tout au moins ceux qui résidaient près du Roi. Les mandements ne devaient être vérifiés et expédiés que par exprès commandement du Roi, donné en son Conseil[17].

Le Languedoc continuait à avoir son administration spéciale. Guillaume de Champeaux, évêque de Laon, tout en conservant le titre de président de la Chambre des comptes, fut placé à la tête de cette administration, comme général conseiller sur le fait et gouvernement des finances dans le Languedoc et le duché de Guyenne.

Durant le ministère de La Trémoille, ce fut Regnier de Bouligny qui eut la haute direction de l'administration financière du royaume[18].

Nous avons parlé du Conseil institué dans les pays d'outre-Seine, après la campagne du sacre. Ce fut Jean Tudert, doyen de Paris, qui, pendant la durée de son fonctionnement, fut chargé de la direction des finances[19].

A la même époque (décembre 1429), Jean de la Barre, trésorier général du Dauphiné, puis général conseiller sur le fait des finances, fut commis à la recette et distribution de toutes les finances, et le Roi déclara que tous paiements seraient faits à l'avenir sur des lettres du nouveau receveur[20].

Un correcteur des comptes, office créé par ordonnance du 14 juillet 1410 — fut institué par Charles VII à la date du 8 avril 1432. C'est André Le Roy qui fut pourvu de cette charge.

 

On a vu plus haut que le retour à la forte monnaie avait été opéré par lettres du 22 septembre 1422, et que cette mesure ne reçut d'exécution qu'après l'avènement de Charles VII[21]. Les documents du temps constatent que la livre tournois baissa tout d'un coup dans la proportion d'un vingtième[22]. Le premier acte que nous rencontrons, relativement à l'administration des monnaies, est une ordonnance du 16 novembre 1422, prescrivant la fabrication de nouvelles espèces, spéciales au Dauphiné, sur le pied de monnaie vingtième[23]. Après le rétablissement de la forte monnaie, les États du Dauphiné avaient fait observer que cette province n'était point pourvue d'espèces blanches au nom et aux armes du Roi comme Dauphin, ainsi que cela s'était fait de toute ancienneté. Le Roi s'empressa de faire droit à cette requête[24] : car — disons-le en passant — il témoigna toujours d'un vif empressement à déférer aux vœux qui lui furent exprimés par ses sujets du Dauphiné[25]. Par contre, il renouvela l'interdiction faite aux habitants de Pamiers, qui, sous l'inspiration du comte de Foix, avaient établi une monnaie dans leur ville, de continuer à s'en servir[26].

Lorsque Guillaume Toreau et Regnier de Bouligny reçurent des pouvoirs exceptionnels, il fut décidé que désormais les deniers provenant des monnaies ne seraient employés que sur lettres signées par les deux commissaires généraux, ou tout au moins par l'un deux, et moyennant décharge du receveur général Guillaume Charrier. En outre, aucune dépense ne devait être faite qu'en vertu d'une affectation spéciale, prescrite par le Roi. Des lettres de Charles VII, en date du 10 avril 1423, ordonnaient aux maîtres particuliers des monnaies d'obéir à ses commissaires généraux, et de ne bailler, payer ou delivrer dorenavant aucune chose de la revenue et profit des monnaies à quelconques personnes, ni pour quelconques décharges ou lettres sur ce faites ou levées par avant ou depuis la date de ces presentes, ou autre cause que ce soit, sinon par la decharge du receveur general, en laquelle soient les signes des deux conseillers ou de l'un deux. Ordre était donné à ces fonctionnaires de certifier le Roi de la réception de ses lettres[27]. En même temps, le Roi déclarait qu'à cause du très grand besoin et necessité qu'il avait d'avoir à sa disposition la plus grande finance que faire se pourra, afin d'assurer le paiement des gens d'armes qu'il avait mandés et qu'il faisait venir de toutes parts pour résister aux Anglais et les chasser du royaume, il avait, par délibération de son Conseil, ordonné que dorénavant serait fabriquée, dans toutes ses monnaies, de la monnaie blanche des pied et loi qui avaient été réglés naguères ; et qu'en outre, comme il y avait suffisamment de monnaie noire pour le gouvernement de son peuple, on n'en fabriquerait plus. Le Roi ordonnait donc une fabrication générale de la nouvelle monnaie blanche[28].

Par une ordonnance spéciale au Dauphiné, il fut décidé que les gros qui avaient cours dans ce pays pour un denier tournois, n'auraient cours désormais que pour une maille tournois[29].

La nouvelle monnaie blanche avait été émise, au mois de janvier 1423, sur le pied de monnaie trente sixième. Voici les espèces qui étaient alors en circulation : des deniers d'or fin, dits écus à la couronne, ayant cours pour vingt-cinq sous tournois[30] ; 2° des deniers d'or fin, appelés petits moutons, ayant cours pour dix-sept sous six deniers[31] ; 3° des deniers d'argent appelés grands blancs, de dix deniers ; 4° des deniers appelés petits blancs, de cinq deniers[32] ; 5° des deniers noirs appelés doubles, de deux deniers ; 6° de petits deniers tournois, valant un denier ; 7° de petites mailles, valant une maille[33]. Les changeurs, marchands et autres étaient autorisés à affiner tout leur billon air-dessous de cinq deniers de loi, argent le Roi, et des affineurs devaient être installés dans les monnaies de Tours, Angers, Poitiers, La Rochelle, Saint-Pourçain, Lyon, Bourges et, Saint-André-les-Avignon[34].

Le gouvernement royal constatait que, depuis la réforme opérée, il y avait une diminution notable dans le profit des monnaies[35]. Une nouvelle ordonnance du 4 novembre 1423 prescrivit de faire crier et publier, en tous lieux de l'obéissance du Roi[36], que mil, de quelque estat qu'il soit, ne soit si hardi de prendre ou mettre en appart ou en couvert, en fait de marchandise ou autrement, en quelque manière et pour quelque pris que ce soit, aucunes monnoyes d'or ou d'argent autres que les suivantes[37] : deniers d'or fin dits francs à cheval, ayant cours pour vingt sous tournois ; deniers d'argent appelés grands blancs de dix deniers ; petits blancs de cinq deniers ; deniers noirs appelés doubles ; petits deniers tournois et petites mailles. Cette ordonnance prohibait l'emploi de toutes autres monnaies, sauf certaines exceptions déterminées[38] ; elle contenait en outre toute une série de mesures relatives à l'administration des monnaies[39] ; enfin elle déclarait supprimées les monnaies de Beaucaire, Pont-Saint-Esprit, Villefranche, Figeac, Le Puy, Loches, Chinon, Niort, Périgueux et Riom, dont plusieurs avaient été nouvellement instituées. Pour assurer l'exécution de l'ordonnance, on établissait aucunes bonnes personnes et convenables, qui devaient veiller à prévenir toute infraction, et auxquelles on attribuait le produit du quart de toutes les confiscations de monnaies prohibées et du billon d'or et d'argent[40].

La réforme opérée dans le royaume ne s'était pas étendue au Languedoc, où, en mars 1423, on réclamait encore, aux États tenus à Carcassonne, l'abolition de la faible monnaie. La question se compliquait du paiement, alors à opérer, de l'aide de deux cent mille livres récemment votée par les États. Le Conseil de Toulouse se réunit avec les capitouls de Toulouse, les consuls de Carcassonne, du Puy, et d'autres bonnes villes, pour prendre les mesures réclamées par les États. Des lettres du Roi, en date du 3 août, données par le Conseil siégeant en Languedoc, et où se trouvaient, avec l'archevêque de Reims, un des commissaires généraux nouvellement institués, Guillaume Toreau[41], et deux généraux des monnaies[42], prescrivirent de reprendre à perte tous les doubles de deux deniers, les petits deniers et mailles, et de les faire porter dans les hôtels des monnaies pour en faire de la monnaie blanche[43]. Par un acte de même date, des mesures de détail furent prises d'un commun accord entre le Conseil et les représentants des bonnes villes[44]. Les États de Languedoc, réunis à Montpellier l'année suivante (mai 1424), s'occupèrent encore des monnaies. Ils demandèrent en particulier au Roi de maintenir sans changement ou altération les monnaies (énumérées dans l'ordonnance du 4 novembre 1423) dont il avait fixé le cours, ce qui fut promis en son nom par ses commissaires ; d'avoir dans son royaume des monnaies uniformes de poids et de loi, ce qui fut également promis ; de donner des lettres d'abolition à tous ceux qui auraient transgressé aux ordonnances sur le fait des monnaies, ce qui fut accordé ; de permettre que les monnaies mises en circulation par des marchands étrangers pussent être acceptées en paiement, ce qui fut accordé moyennant que ces espèces fussent, dans un délai de quinze jours, portées aux monnaies royales, conformément aux ordonnances[45].

L'ordonnance du 4 novembre 1423 n'ayant point été strictement observée en Dauphiné, le Roi s'eu plaignit en termes très vifs dans ses lettres patentes du 14 février 1424, et prescrivît de la mettre à exécution sans plus de délai[46]. Mais le gouvernement lui-même ne tarda pas à apporter des modifications aux décisions prises : à la fin d'août 1424, il prescrivait de fabriquer des écus d'or qui devaient avoir cours pour vingt-cinq sous tournois, et l'on cessa aussitôt toute émission de francs d'or[47]. En 1425, de nouvelles modifications furent apportées à la fabrication des espèces : on renonça aux petits blancs de cinq deniers, et on ordonna de convertir tout le billon d'argent en parpailloles aux trois fleurs de lis, de dix deniers[48]. Les États de Dauphiné avaient demandé d'être pourvus de bonne monnoye et souffisant, par laquelle ils pussent secourir à leur necessité et marchander en leurs pays voisins, ainsy que besoing leur est : le Roi, déférant à cette requête, prescrivit, par lettres du 15 mars 1425, la fabrication de gros de douze deniers, de demi-gros de six deniers, et de quarts de gros delphinaux, appelés liards, sur le pied de monnaie vingt septième[49]. Le 11 juin 1425, le gouverneur du Dauphiné notifiait les nouveaux règlements relatifs aux monnaies[50].

Quand le connétable de Richemont arriva au pouvoir, toutes les commissions données jusque-là furent annulées, par lettres du 29 juillet 1425, et le nouveau receveur général, Jean Taumier, eut la haute main sur toutes les monnaies du royaume[51]. D'autres lettres du même jour déclarèrent que les gardes et maîtres particuliers des monnaies devraient obéir à Jean Taumier, et lui livrer tous les profits des monnaies[52].

Malgré cette nomination et la création faite, lors de la réunion des États de Poitiers, de généraux conseillers et commissaires sur le fait de la réformation des monnaies et autres abus, et aussi des nouveaux acquets, lesquels entrèrent aussitôt en fonction[53], l'administration des monnaies ne fut point améliorée. Les nouveaux commissaires firent plus de mal que de bien[54] ; l'affaiblissement des espèces suivit une marche progressive dans le cours de l'année 1426, et l'on constata bientôt un renchérissement de l'or[55]. De nouvelles espèces furent fabriquées par lettres du 16 mai 1427[56]. Le prix du marc d'argent, qui s'élevait à onze livres au mois de novembre 1426, et qui était tombé à sept au mois de janvier suivant, arriva successivement à onze, quinze et vingt livres en 1428 et 1429[57]. Durant cette période de détresse financière, on prescrivit la fabrication d'espèces à trois deniers de loi[58] ; bientôt on descendit à deux deniers et à un denier huit grains[59]. Le marc d'or, qui valait soixante-douze livres en mai 1427, monta en juillet 1428 à quatre-vingt-dix-sept livres dix sons, et en mars 1429 à cent cinq livres[60] ; le titre des écus à la couronne fut réduit à seize carats. L'écu monta rapidement de quarante-cinq sous tournois à soixante et à soixante-dix[61]. Le gouvernement royal, sentant, dans la pénurie où l'on se trouvait, la nécessité d'user de tolérance au sujet de l'introduction de monnaies étrangères, autorisa les habitants de Montpellier à user pendant deux ans de ces monnaies, à la condition de les porter aux changeurs après les avoir reçues[62].

La crise prit fin au mois d'octobre 1429. Un changement soudain s'était opéré : le Roi avait été sacré à Reims. Une ordonnance du 9 octobre prescrivit de fabriquer les espèces-suivantes : 1° des royaux, d'or fin, ayant cours pour vingt-cinq sous tournois[63] ; de grands blancs ayant cours pour dix deniers[64] ; de petits blancs ayant cours pour cinq deniers ; des doubles noirs ayant cours pour deux deniers ; de petits deniers noirs et de petites mailles ayant cours pour un denier et pour une maille. Toutes les monnaies antérieures furent décriées, sauf les derniers écus d'or, qui devaient avoir cours pour quinze sous tournois. Les dispositions relatives au change, à la manière de stipuler les marchés et contrats, à l'exportation de l'or et de l'argent furent renouvelées. Les monnaies ne devaient dorénavant être baillées qu'à des personnes du royaume, et à des gens experts et suffisants[65].

Mais, sur certains points situés sur la frontière, la mesure parut trop radicale, et l'on demanda un sursis- à son exécution, motivé sur la crainte de voir la monnaie royale transportée en pays ennemi où elle aurait un plus haut prix, et faire défaut dans les contrées soumises à l'obéissance royale. C'est ainsi que les habitants de Troyes formulèrent une demande de ce genre, et, après un premier refus, finirent par l'emporter[66].

Une nouvelle ordonnance, en date du 20 mars 1430, prescrivit la fabrication d'espèces spéciales au Dauphiné, dans le but de favoriser les relations commerciales qui, dans cette province, se faisaient surtout avec les pays étrangers[67].

L'année suivante fut signalée par d'importantes mesures relatives aux monnaies. Le 28 mars 1431, le Roi, considérant qu'il appartient à lui et à nul autre, en vertu de son droit, de son autorité et de sa souveraineté et majesté royale ; d'ordonner et instituer des monnaies en son royaume, et que personne ne peut en établir de sa propre autorité ; considérant, d'autre part, que personne ne peut s'entremettre du fait des monnaies sans avoir été institué par lui, et ce sous peine de crime de lèse-majesté ; que cependant de graves abus ont été commis sous ce rapport par plusieurs de ses sujets de divers états[68], dont il est résulté plusieurs inconveniens et dommages irreparables, au préjudice du Roi et de la chose publique, et à la grant charge et oppression du peuple ; le Roi donc, ayant une grande déplaisante de ces faits et voulant porter remède au mal, après grande et mûre délibération du Conseil, déclarait abolir les faulses monnoyes établies dans certaines villes, et décrier toutes les monnaies qui y avaient été fabriquées, comme fausses, contrefaites et mauvaises ; il supprimait, en outre, les monnaies de Saint-André-les-Avignon, Villefranche, Loches, Melun, Sens et Château-Thierry, et ne laissait subsister que les monnaies suivantes : Tours, Angers, Poitiers, Chinon, La Rochelle, Limoges, Figeac, Saint-Pourçain, Bourges, Orléans, Tournai, Troyes, Châlons, Manjou (sic pour Mâcon), Lyon, Toulouse, Montpellier, Pont-Saint-Esprit, Crémieu, Romans et Montélimar[69]. Aucune fabrication d'espèces ne devait être faite en dehors de ces ateliers monétaires, sous peine de forfaiture, et les délinquants devaient être punis comme faux monnayeurs. Tous les officiers des monnaies et autres qui participeraient aux opérations des fausses monnaies devaient être pris et punis par les généraux réformateurs sur le fait des monnaies ; quant à ceux qui, de leur propre autorité, auraient établi des monnaies dans leurs terres, forteresses et autres places, ils devaient être jugés par le Parlement. Le quart des amendes et profits était attribué à ceux qui dénonceraient les malfaiteurs. Les généraux réformateurs et les membres du Parlement étaient chargés de publier et de faire observer partout cette ordonnance[70].

Par lettres du 5 avril suivant, le Roi, considérant que, par son ordonnance du 28 mars, il avait pourvu aux fraudes, malefices, abus et mauvaisetiés qui se commettaient dans certaines fausses monnaies en supprimant ces monnaies, déclarait, conformément à l'advis et délibération de plusieurs de son sang et autres gens de son grand Conseil, qu'il établissait dans son royaume une nouvelle monnaie sur le pied trente-deuxième, et ordonnait la fabrication des espèces suivantes : royaux de vingt-cinq sous, grands blancs de dix deniers ; petits blancs de cinq deniers ; deniers noirs de deux deniers ; petits deniers noirs d'un denier ; petites mailles d'une maille[71].

Ces deux ordonnances soulevèrent encore, dans leur application, de sérieuses difficultés. Sur certains points on ne voulut pas se soumettre à la réforme des monnaies, sous prétexte que les nouvelles espèces étaient introuvables et que les changeurs n'en étaient point pourvus. A Troyes, une émeute éclata au mois de mai, et l'agitation se propagea dans toute la contrée. Le Conseil de ville, afin de calmer les murmures du peuple qui avait tellement à souffrir que c'est à peine s'il pouvait avoir du pain, se vit contraint de décider que la monnaie aurait cours comme par le passé sans aucune mutation. Et comme on refusa de prendre cette monnaie, il en vint à décréter le cours forcé[72].

Ces réformes monétaires devaient être illusoires : les abus auxquels on cherchait à porter remède subsistèrent malgré tous les efforts du gouvernement royal. D'ailleurs, des mutations incessantes servaient de prétexte à des résistances qui, comme à Troyes, trouvaient leur raison d'être dans la misère populaire. Dans le cours de l'année 1431, nous rencontrons deux antres ordonnances, du 15 septembre[73] et du 4 décembre[74], prescrivant la fabrication de nouvelles espèces. Elles attestent le désordre financier qui régnait : on défaisait le lendemain ce qu'on avait fait la veille.

On continua, durant les années 1433 à 1435, la fabrication sur le pied de monnaie trente-deuxième[75], mais sans émettre de nouvelles espèces. Aucune innovation ne fut introduite ; on se borna à maintenir les choses en l'état, en réprimant les abus partout où on le pouvait. C'est ainsi qu'au commencement de 1432, une commission fut donnée à trois membres du Conseil pour opérer en Auvergne une réforme sur le fait des changeurs[76], et qu'à Nîmes, en 1434, les commissaires réformateurs envoyés en Languedoc condamnèrent les habitants à une amende de 2,550 moutons d'or : la chose fut réglée par un accord intervenu le 10 décembre 1434 : les habitants obtinrent rémission pour les contraventions aux ordonnances dont ils s'étaient rendus coupables[77].

 

Nous avons constaté plus haut que de 1422 à 1435, les États de Languedoil et de Languedoc tinrent périodiquement leurs assemblées, et que d'importants subsides y furent accordés au Roi. Voici le tableau des sommes votées par les États[78] :

Malgré les expédients auxquels on avait en recours, on ne tirait pas des monnaies le même profit qu'au temps de la régence. Les revenus du domaine et lei autres revenus ordinaires étaient de nulle valeur. D'un autre côté, les sommes votées par les États de Languedoil allaient décroissant d'année en année. La guerre, en se prolongeant, rendait les ressources moins abondantes et les rentrées de plus en plus laborieuses. Souvent le produit des aides était employé au paiement de dépenses déjà faites. C'est donc à des emprunts qu'il fallut recourir pour faire face aux besoins urgents : c'est là ce qui caractérise la période qui nous occupe. On emprunte aux villes, on emprunte à l'université d'Angers, on emprunte à des marchands, on emprunte surtout aux conseillers du trône. Nous avons signalé déjà les prêts qui furent faits, soit par le président Louvet, soit par La Trémoille[79]. Parmi les autres préteurs, nous rencontrons le maréchal de la Fayette, Regnault de Chartres, le duc d'Alençon, le comte Dauphin d'Auvergne, Randon de Joyeuse, gouverneur du Dauphiné, Regnier de Bouligny, Guillaume d'Avaugour, Robert Le Maçon, Pierre de Beauvau, Gabriel de Bernes, Robert d'Étampes, Denis de Chailly, bailli de Meaux, Girard Blanchet, Christophe d'Harcourt, Adam de Cambray, président au Parlement, le sire de Gaucourt. De simples écuyers, comme Guillaume de Coytelles, capitaine de Rochefort[80] ; des maîtres d'hôtel du Roi, comme Le Gallois de Puy du Fou[81] ; des généraux des monnaies, comme Bernard Braque[82], un des queux (cuisiniers), du Roi, comme Lubin Raguier[83] ; des femmes même, comme la veuve du chancelier de Marie[84], fournissent à leur souverain les sommes nécessaires pour pourvoir à la défense d'une place, à une expédition urgente, ou même aux dépenses courantes. Quand on a épuisé tous les moyens, on engage les joyaux de la' couronne et les terres du domaine.

Nous avons l'inventaire des joyaux de la couronne dressé par Jean Pergaut, valet de chambre du Roi et garde de ses Coffres et joyaux, à la date du 31 juillet 1424[85]. On constate qu'il n'y avait plus à la couronne que deux fleurons[86]. Les autres avaient été mis en gage, soit au temps de Charles VI, soit, durant la régence. En février 1423, le Roi avait engagé au président Louvet, pour quatre mille écus d'or, son grand diamant nommé le miroir, ce qui lui avait permis de s'habiller somptueusement et de donner très libéralement des étrennes aux dames de la Reine et à certains de ses familiers[87]. En 1425, fors de sa disgrâce, Louvet avait encore entre les mains un fleuron de la couronne, un fermaillet, un collier garni de balais et de perles, enfin une perle dite la perle de Navarre[88]. Au temps où le miroir et les autres joyaux furent engagés, la misère était telle qu'on n'y trouvait nul remède, et qu'il fallait tirer parti de ce qu'on avait sous la main pour subvenir au fait du Roy[89]. Charles VII en arriva à mettre en gage la garniture d'or dé son heaume (casque)[90].

Quant aux aliénations du domaine, nous avons des lettres de Charles VII, en date du 20 avril 1423, par lesquelles il confirme son ordonnance du 31 mars 1422 portant commission pour l'aliénation de terres du domaine en Dauphiné et ratifie tout ce qui a été fait en outre de ces lettres[91]. Randon de Joyeuse, gouverneur du Dauphiné, avait fait au Roi, pour l'achat de chevaux, de harnais de guerre, de vaisselle d'argent, et pour sommes remises comptant pour les frais de l'armée d'Écosse, des avances s'élevant à cinq mille livres : il reçut en garantie les château et châtellenie de Beauvoir en Royans[92]. Regnault de Chartres avait fait également des avances jusqu'à concurrence de seize mille livres : la ville de Vierzon lui fut abandonnée pour l'acquit de ses créances[93]. Le maréchal de Séverac était créancier de sommes qui montèrent successivement au chiffre énorme de quatre-vingt douze mille livres : il reçut en paiement la châtellenie et la seigneurie de Cessenon[94], puis, à la place de cette châtellenie, le profit des tailles, aides et subsides en Rouergue, Auvergne, Gévaudan et Languedoc jusqu'à son entier remboursement[95]. Denis de Chailly, bailli de Meaux, qui avait fait une avance de deux mille livres pour le ravitaillement de Lagny, reçut en garantie la ville de Crécy en Brie[96].

Charles VII donnait beaucoup. Au temps de sa plus grande misère, il n'hésita jamais à récompenser largement ses serviteurs. En faisant le relevé des dons qui, durant les premières années du règne, se succèdent sans relâche[97], on croirait que le trésor est si bien garni qu'il est permis d'y puiser à pleines mains. Mais ; si les dons continuent à pleuvoir, peu à peu leur réalisation ne s'effectue qu'avec difficulté. Si l'on compare les lettres du Roi avec les quittances de paiement, on s'aperçoit que parfois de longs mois et souvent des années s'écoulent sans que l'acte puisse recevoir son exécution[98]. Quand il n'a pas d'argent, Charles VII donne des terres, des châteaux, des châtellenies ; que d'actes de ce genre on peut citer ! C'est la seigneurie d'Aubigny-sur-Nère donnée à Jean Stuart, qui durant la régence avait déjà reçu là seigneurie de Concressault[99] ; c'est la seigneurie de Montreuil-Bonnin donnée à un autre écossais, Laurent Vernon, moyennant la remise entre les mains du Roi du comte de Somerset, fait prisonnier par ce capitaine[100] ; ce sont les châtellenies de Chateauvillain, Quirieu et La Balme données à Imbert de Grolée, sénéchal de Lyon, et l'office de châtelain de Crémieu donné à Claude de Sassenage, qui avaient également remis au Roi le sire de Toulongeon[101], fait prisonnier à La Gravelle[102] ; ce sont les châteaux et châtellenies de Nyons dont les revenus sont attribués à Tanguy du Chastel (29 avril 1423) ; ce sont les châteaux et châtellenies de Serre dont Gabriel de Bernes a aussi les revenus, avec le profit des péages (4 juillet 1423) ; de Symphorien d'Ozon, donnés à Guillaume de Chaumont (15 juin 1424) ; de Quint et de Pontaix en Valentinois, donnés à Christophe d'Harcourt (16 juin 1424) ; de Montauban et de Saint-Auxerre (?) en Dauphiné, donnés à Raymond de Montauban, seigneur de Montmor (octobre 1424) ; de Jonage et de la Batie de Montluel, donnés au seigneur de Saint-Priest (18 mars 1423[103]). D'autres fois, ce sont des capitaineries et des offices de châtelain que le Roi donne à ses serviteurs : le président Louvet a la capitainerie de Saint-André de Villeneuve (16 novembre 1422) ; le maréchal de la Fayette la capitainerie de Saint-Sulpice (20 avril 1423) Raymond de Solignac celle de Montcuq (2 mai), etc. Des écuyers d'écurie comme Sibuet Rivoire (22 août 1424), de simples écuyers de cuisine comme Pierre de la Barre (30 janvier 1423) et Jacques de Mante (13 mars 1433) reçoivent des offices de châtelains. Enfin de nouvelles libéralités s'exercent sous forme d'abandon des droits de traite sur les vins : de nombreux seigneurs bretons sont l'objet de cette faveur[104], ainsi que des familiers du Roi[105].

De bonne heure on s'efforça de réagir contre cette tendance à des dons excessifs et à de perpétuelles aliénations du domaine. Peu de jours après la date de l'ordonnance citée plus haut, dans laquelle le Roi déclarait confirmer les aliénations opérées en Dauphiné durant sa régence, fut rendue une autre ordonnance (2 mai 1423). Le Roi constatait que, pour satisfaire à des besoins urgens, il avait dû vendre à plusieurs personnes certaines de ses places, terres, rentes et juridictions, fiefs et hommages en Dauphiné, sauf le droit de rachat qu'il s'était réservé ; mais il n'entendait pas qu'on s'appropriât ce qu'il avait donné et qu'on crût que les terres aliénées étaient irrévocablement sorties du domaine ; il donnait donc ordré de tenir et de faire tenir par tous ceux qu'il appartiendrait les terres sujettes à rachat en son propre nom, et à son profit et utilité, sans souffrir que d'autres en jouissent et sans avoir égard aux lettres ou mandements à ce contraire[106].

Mais ce ne fut qu'après l'arrivée aux affaires du connétable de Richemont et lors de la réunion d'États généraux qui eut lieu à Poitiers en octobre 1425, qu'on prit à cet égard des mesures décisives.

A la date du 18 octobre, une ordonnance fut rendue solennellement, par manière de loy, edict, constitucion, et pragmatique sanction. Le Roi déclarait révoquer tous dons, cessions, transports et aliénations de son domaine et de ses greniers à sel et aides, faits — soit à perpétuité ; soit à vie, soit temporairement, tant lors de sa régence que depuis de duchés, comtés, baronnies, terres, seigneuries, villes, châteaux et châtellenies, héritages, rentes, revenus, hôtels, maisons et possessions quelconques, tant en son royaume qu'en Dauphiné ; il annulait aussi tous dons de pensions faits sur son domaine ou sur ses greniers. Et oultre, disent les lettres, avons ordonné et déclaré par manière de loy, edit et constitucion, generale que doresnavant ne ferons teles alienacions ; et s'aucunement les faisons, nous vouions qu'elles soient de nulle valeur ou affect[107].

Le 12 juin 1426, une mesure encore plus rigoureuse fut prise. Par lettres de ce jour le Roi, considérant l'impossibilité où il était de faire face aux charges de la guerre au moyen des ressources dont il disposait, ni même des aides et octrois que lui faisait son peuple et qui ne pouvaient être entièrement payés à Cause de la misère publique ; considérant aussi qu'il était convenable que, pour subvenir à ses charges et soulager son peuple le plus qu'il pourrait, il s'aidât préalablement du sien même, déclarait, après avoir pris l'avis de la reine de Sicile, des costes de Clermont et de Richemont, du sire d'Albret et du comte de Comminges, révoquer tous dons et taxations faits au temps passé et jusqu'à présent sur le fait de ses finances, et mettre en ses mains pour un an tous ses revenus quelconques, provenant soit du domine, soit des monnaies, soit des greniers à sel, soit des traîtres et autres recettes ordinaires et extraordinaires. L'ordonnance ne s'appliquait qu'aux pays de Languedoil et au Dauphiné. Tous les gages des officiers royaux étaient supprimés, sauf ceux des membres du Parlement, des maîtres des requêtes et des capitaines et autres gens ordonnés pour la guerre[108].

Mais ces mesures restèrent pour ainsi dire à l'état de lettre morte. Les dons et assignations recommencèrent somme par le passé, et tout projet de réforme ne tarda point à être abandonné[109]. Bien plus, à la fin du gouvernement de La Trémoille, on revint d'une manière officielle au système des aliénations. Par lettres du 18 mars 1433, le Roi, considérant que, pour poursuivre la guerre en la saison prochaine, il lui fallait promptement des ressources que le produit des aides et ses autres revenus ne pouvait lui fournir à cause de leur diminution et des charges dont ils étaient grevés, donnait commission au sire de Gancourt, gouverneur du Dauphiné, et à Girard Blanchet, maitre des requêtes, d'engager en Dauphiné des châteaux, forteresses, terres, seigneuries et revenus jusqu'à concurrence de douze mille florins[110].

Une autre commission, bien différente, fut donnée le 24 octobre suivant à quatre conseillers du Roi. Les revenus du Dauphiné venaient d'être attribués à la Reine, et Charles VII avait ordonné que tout ce qui avait été distrait de son domaine y ferait retour : c'est pour mettre cette décision à exécution et régler toutes les questions litigieuses qui pourraient en résulter, que ces commissaires furent nommés[111].

Pendant les premiers mois qui suivent l'avènement de Charles VII, les comptes de l'hôtel, que nous possédons jusqu'à la fin du premier trimestre de 1423, montrent que les dépenses se font avec une certaine largeur[112]. Les comptes de l'hôtel de la Reine prouvent également qu'on pourvoit sans y regarder de trop près aux besoins journaliers[113]. Par lettres du 13 janvier 1424, le Roi ordonnança une somme mensuelle de trois cents livres pour la dépense de l'hôtel du Dauphin[114]. Malgré la pénurie du trésor, le luxe n'était pas banni de la Cour : par mandement du 8 janvier 1425, une somme de quatre mille livres fut allouée à Étienne Filleul, marchand d'Avignon, pour diverses étoffes achetées en plusieurs fois[115]. Au milieu de sa plus grande détresse, Charles VII continua à être servi avec de la vaisselle d'or, de vermeil et d'argent[116]. Il y eut pourtant, on l'a vu plus haut, un moment où la table royale était à peine fournie[117], où le Roi et la Reine sentirent l'étreinte de la misère qui régnait de toutes parts[118]. En décembre 1429, il fallut, pour faire face à la dépense du Dauphin, supprimer une partie des gages des gens du Roi en Dauphiné[119]. C'est seulement en avril 1433, qu'on assura le paiement régulier des dépenses de l'hôtel de la Reine et de ses enfants, au moyen d'un impôt extraordinaire sur le produit des greniers à sel du Languedoc[120].

 

L'histoire de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, durant les treize premières années du règne de Charles VII, n'est guère que l'histoire de la misère publique. Les traits en sont épars dans les chroniqueurs qui enregistrent les cris de détresse des populations, dans les doléances présentées au Roi par les États généraux ou par les villes. La guerre qui se poursuivait sans relâche, les ravages des gens de guerre, l'absence de sécurité dans les communications, la difficulté des transports, tout se réunissait pour apporter de perpétuelles entraves à la culture des terres et au négoce. Sur beaucoup de points les moissonneurs ne pouvaient rentrer leurs récoltes, ni les voituriers circuler sur les chemins sans avoir une escorte. On hésitait à mener les bestiaux aux pâturages. Les gens d'armes occupant les garnisons, qui auraient dû protéger les populations rurales, empêchaient souvent toute culture et répandaient autour d'eux la terreur. Les pauvres laboureurs en étaient réduits à abandonner leurs maisons et à se réfugier dans les villes, où ils vivaient de la charité des habitants ; parfois ils voyaient ceux-là même qui les avaient dépouillés venir vendre sous leurs yeux le produit des vols et des rapines. Quand les pillards ne trouvaient plus rien, ils mettaient le feu aux villages. Trop souvent les malheureux paysans qui, fuyant 'devant l'incendie et la ruine, arrivaient à grands troupeaux devant les villes, s'en voyaient refuser l'entrée : on se bornait à leur distribuer aux portes, moyennant finance, dit pain et du vin ; ils devaient s'estimer heureux si on leur offrait un asile dans les hôpitaux, mais pour une nuit seulement : dès le lendemain ils étaient impitoyablement renvoyés[121].

Il résultait de cette cruelle situation, se prolongeant durant tant d'années, un renchérissement des vivres qui plusieurs fois alla jusqu'à la disette. Les épidémies, moins fréquentes toutefois qu'avant 1422, vinrent encore ajouter aux maux dont on souffrait. Les années 1431 à 1433 furent particulièrement funestes sous ce rapport. A partir du mois de mars 1433 sévit une sorte de peste qui dura près d'une année[122]. Le peuple est tant destruit et tant povre, disaient les conseillers du duc de Bourgogne dans un mémoire adressé à leur maitre en 1432, que plus ne peut ; et encore cette fois y survient très grand faulte et chierté de vivres, par especial de bleds et de vins, par quoy est chose comme impossible d'avoir aide d'eux [123].

Nous avons une ordonnance du Roi, en date de novembre 1422, réglant le prix des vivres, denrées et marchandises dans la ville et la châtellenie de Poitiers : le vin, la viande, les cuirs, la volaille, les fruits, la cire, l'acier, le fer, le chanvre, le lin, la laine, le drap, les harnais, le bois, le charbon sont compris dans ce règlement, où l'on fixe également le prix des charrois, des salaires, de la confection des vêtements, etc. Les denrées et marchandises non taxées dans l'ordonnance devaient être mises à prix raisonnable par ceux qui seraient commis à cet effet, selon la disposition du temps et necessité du peuple, en gardant tousjours le bien et proufit de la chose publique, par manière que la marchandise se puisse conduire et que le peuple puisse vivre[124]. Une autre ordonnance du mois de janvier 1425 réduisit le prix des vivres dans le Languedoc[125].

Le gouvernement royal prit des mesures pour favoriser la sécurité des transactions. Dans ce but, des lettres de sûreté furent délivrées à certains marchands : ordre était donné à tous justiciers, officiers, serviteurs et sujets du Roi de donner aux porteurs de ces lettres un libre passage, et de les laisser circuler paisiblement et plainement par les bonnes villes, cités, châteaux ou forteresses, ponts, ports et passages, soit par mer, soit par terre, avec leurs denrées, marchandises et autres biens quelconques, sans qu'ils pussent être l'objet d'aucun arrêt, déplaisir ou empêchement, en quelque manière que ce fût[126]. Ces lettres de sûreté avaient aussi pour but, soit d'assurer l'approvisionnement de l'hôtel du Roi, de l'hôtel de la Reine et de celui de leurs serviteurs, soit de faciliter le ravitaillement d'une place située dans une contrée où l'importation des denrées étrangères était interdite[127]. Les marchands castillans[128], les marchands de Savoie[129], de Portugal[130] et de Flandre[131] furent aussi l'objet de mesures destinées à faciliter leur négoce.

Les marchands fréquentant la Loire avaient su élever leurs efforts et leurs sacrifices à la hauteur des dangers et des calamités qui les entouraient[132] : au temps de la régence, ils avaient prêté de l'argent au Dauphin. En 1428, alors que les Bourguignons étaient maîtres du cours de la Loire jusqu'à Cosne, ils s'adressèrent au Roi et lui firent connaître les abus qui se pratiquaient sur la basse Loire, au mépris de leurs droits. Charles VII, par une ordonnance du 19 février 1429, ordonna d'informer contre les capitaines du château d'Angers et d'autres places voisines, au sujet des subsides qu'ils levaient en sus des péages autorisés par les édits royaux[133]. A l'assemblée d'États tenue à Saumur en mars 1431, les désordres et les abus dont souffrait le commerce fluvial furent de nouveau dénoncés par les mêmes marchands : une ordonnance du 15 mars 1431 prononça l'abolition de tous péages mis, imposés ou accrus depuis soixante ans, pour quelque cause que ce fût, sous peine de confiscation de terre et de biens ; ordre fut donné à Jean Mauloue, conseiller au Parlement, de se transporter sur les lieux et de procéder à une information sur les abus commis[134].

Mais, jusqu'au traité d'Arras, les marchands demeurèrent impuissants contre les prétentions des gens de guerre. Le Roi lui-même se vit dans l'obligation de tolérer ces abus, quand il ne les sanctionna pas, comme cela arriva dans un cas où La Trémoille se fit octroyer, pour le péage de l'île du Tancré, des privilèges exorbitants[135]. Les difficultés devinrent telles que certains marchands durent renoncer à leur négoce. Dans une requête présentée au Roi en juin 1436, on constatait que jà s'en est ensuivy la destruction de plusieurs marchans, et generalement pourroit ensuir la totale destruction du fait de la marchandise[136].

Les marchands de Troyes ayant sollicité, en 1429, l'autorisation de former, dans l'intérêt de la navigation, une hanse ou société franche de tous droits, virent leur demande agréée par lettres du 16 novembre 1429[137]. Sur la requête des habitants de Troyes, des travaux pour, la navigation de la Barse furent autorisés par lettres des lei octobre 1431, 13 janvier et 20 septembre 1432[138]. On s'occupa également de rendre le Clain et la Vienne navigables[139]. Enfin des lettres furent données le 18 mars 1430 pour la réparation d'une levée sur le Rhône[140].

Les ports ne furent pas négligés : nous avons la trace de mesures prises pour la conservation de la robine de Lattes[141], pour l'entretien et la prospérité du port d'Aiguemortes[142], pour la répression des extorsions des maîtres des ports[143]. Par lettres du 23 septembre 1421, le Roi ordonna une enquête relativement à une demande présentée par les habitants de Montpellier, qui voulaient que les navires approvisionnant cette ville pussent venir à Lattes sans aller raisonner à Aiguemortes, où ils étaient soumis à un droit[144].

Pour faciliter les transactions commerciales, plusieurs foires furent établies. Nous citerons celles de Laon[145], de Montargis[146] et de Châteauroux[147].

Donnons ici une preuve de la sollicitude royale à l'égard des marchands par lettres du 6 janvier 1425, Charles VII, considérant que Jean de Seriers, marchand et bourgeois de Montpellier, avait envoyé de Montpellier à Bourges, en 1418, certaines denrées et marchandises qui furent saisies, ordonna de lui payer la somme de trois cents livres, prix de leur estimation[148].

On rencontre enfin quelques ordonnances en faveur des métiers. A la demande de son peintre, Henri Mellein, Charles VII exempta les peintres et vitriers de toutes impositions, obligations de guet et garde, et autres subventions quelconques[149]. Les chaudronniers de Normandie virent leurs statuts confirmés[150]. Dans des lettres du 3 février 1435, Charles VII, voulant soulager son peuple le plus possible, et mesme les povres personnes qui vendent menues denrées de leur creu et nourritures appelés quinqualerie, déclara exempter d'impositions en Poitou tous les marchands qui vendraient de ces denrées jusqu'à concurrence de cinq sous tournois par jour[151].

 

On a dit que Charles VII, irrité, aigri, rebuté par les malheurs de sa situation, négligea systématiquement les ressources pie lui offrait son propre royaume pour pourvoir à la défense du territoire, et que son erreur fatale fut de placer uniquement son espoir dans des auxiliaires étrangers[152]. Ce n'est pas exact. L'ordonnance du 30 janvier 1424, alléguée à l'appui de cette assertion, ne fut qu'une mesure transitoire, et le gouvernement royal mit constamment à profit l'élément national. Nous en avons pour preuve une autre ordonnance, déjà citée, en date du 16 mars 1424, par laquelle furent convoqués le ban et l'arrière-ban ; et l'on a vu plus haut que ce ne fut pas le seul appel adressé à la noblesse durant la période la plus critique du règne. Si Charles VII, ainsi que nous l'avons constaté, chercha dans des contingents venus principalement d'Écosse, et aussi de Lombardie, de Castille et d'Aragon[153], les moyens de soutenir la lutte contre l'invasion, il ne cessa de s'appuyer sur sa noblesse et même sur ses bonnes villes[154]. D'ailleurs, les archers écossais, les arbalétriers lombards apportaient à son armée un élément qui y faisait défaut, car le plus souvent les villes étaient impuissantes à fournir les milices qui auraient dû composer l'infanterie. Il faut remarquer aussi que le service militaire, tel qu'il était réglementé par la législation en vigueur, avait un caractère exceptionnel et transitoire. Or la guerre était devenue un état permanent, et les institutions devaient nécessairement subir une modification : il fallait demander à un élément nouveau les ressources que le pays, après des années de luttes et d'efforts réitérés, était impuissant à donner. De là ces troupes formées d'auxiliaires étrangers ; de là ces corps francs enrôlés sous des capitaines prenant à leur solde un certain nombre de gens de guerre, et que l'on voit apparaître sous le nom de brigands, de routiers, et plus tard d'écorcheurs. C'était un fléau pour les populations ; mais les besoins de la défense devaient passer avant toute autre considération.

On ferait tout un chapitre, si l'on voulait exposer en détail les effroyables excès dont les gens de guerre se rendirent coupables et qui devaient se prolonger encore pendant plusieurs années ; nous y reviendrons en parlant de la réforme de l'armée. Ces horreurs, qui dépassent tout ce que l'imagination peut rêver, attestent assez dans quelle anarchie était plongée la France. Et ce qu'il y avait de plus lamentable, c'est que de tels excès ne pourraient être attribués aux entraînements de la lutte ou à la rage des envahisseurs : c'est au sein même des troupes enrôlées pour défendre le territoire et pour protéger les populations ; c'est de sang-froid et en quelque sorte méthodiquement qu'ils se produisent. Il n'y a qu'une voix dans les auteurs et dans les documents du temps pour accuser à cet égard les Bretons et les Écossais. Ces derniers en arrivèrent à répandre autour d'eux une véritable terreur. Ceux qui étaient pourvus d'une solde régulière, ne laissaient pas pour cela de vivre sur le pays, et se livraient à toutes sortes d'exactions[155]. Les Gascons, qui vinrent en 1425 avec le comte de Foix, ne se rendirent pas moins redoutables : la ville de Tours, menacée de recevoir une garnison de ces nouveaux auxiliaires, fit les plus vives instances pour qu'une telle calamité lui fût épargnée[156]. Les troupes royales occupant les garnisons, et même les corps, d'élite, montraient pareille indiscipline : lors du voyage de Charles VII au Puy, en décembre 1424, la grande gendarmerie se signala par les ravages qu'elle exerça[157].

Aucun mal ne fut plus souvent et plus énergiquement signalé au Roi que celui dont nous parlons ; aucun ne fut davantage l'objet de ses sollicitudes. Le désir d'une prompte répression apparaît constamment dans les documents émanés de son initiative, et plus d'une mesure atteste les efforts tentés pour remédier à un tel état de choses. Mais la situation était plus forte que toutes les bonnes intentions : le gouvernement royal, impuissant à détruire le mal, dut se contenter de chercher à l'atténuer.

Quand le comte de Richemont eut pris l'épée de connétable, son premier soin fut de convoquer les chefs de l'armée pour procéder à une réforme : on devait, après enquête, envoyer aux frontières tous ceux qu'on aurait reconnus aptes à la défense, et licencier les autres[158]. Mais Richemont n'aboutit à aucun résultat : pendant le temps qu'il eut en main le pouvoir, les abus ne cessèrent pas. Nous en avons une preuve incontestable dans ce qui se passa à Tours : les plaintes incessantes adressées par les habitants au connétable, pour être délivrés des pillards occupant les garnisons voisines[159], n'amenèrent que de belles promesses et des mesures illusoires[160].

On a la formule d'une circulaire rédigée pour être adressée par le Roi à ses capitaines. Cette circulaire défendait de faire, loger les gens de guerre dans tel endroit, et d'y prendre ou fourrager avoine, blé, foin, vin, bétail, volaille, ou autres choses quelconques, sous peine d'être si grièvement puni que cela servirait d'exemple aux autres[161]. On a aussi des lettres royaux prescrivant, soit de purger la forêt d'Orléans des brigands, gens de compagnie, qui l'infestent[162], soit de faire évacuer les gens de guerre occupant les châteaux de Touraine[163], soit de faire déloger ceux qui ravagent le Berry et y font des dommages innumerables[164]. C'était là le seul remède qu'on pût opposer au fléau : envoyer les gens de guerre sur les frontières afin de les empêcher de vivre sur le pays. C'est ainsi qu'en août 1426, le Roi résolut de faire passer son armée au delà de la Loire, tant pour faire guerre à noz anciens ennemis les Angloys, dit-il dans des lettres du 3 août, comme pour des-charger noz diz subgez des griefz et oppressions que icelles gens d'armes leur ont fait et font, à nostre très grant desplaisance[165].

Dans une lettre missive un peu antérieure, le Roi faisait savoir aux habitants de Tours qu'il avait fait passer la Loire à plusieurs gens d'armes et de trait, sous les ordres des sires de Graville et de Culant, et comme ils pourraient, laisser de ce côté du fleuve, et en particulier à Tours, grand quantité de leurs malades et bagaiges, il les priait instamment de les recevoir libéralement et gracieusement, de les traiter amiablement et debonnairement, et de les conforter et secourir[166]. Au mois de septembre 1426, le comte de Vendôme fut chargé de la répression du brigandage en Touraine[167]. Aux États de Mehun, en novembre et de Montluçon en décembre 1426, on délibéra longuement afin d'aviser et trouver voie et manière de faire cesser les paieries, et patiz[168]. Il fut décidé que les gens de guerre seraient répartis sous le commandement de quatre chefs militaires, savoir : le connétable dans l'Anjou et le Maine ; le comte de Poix dans la Touraine et le Blésois ; le comte de Clermont sur les marches du haut pays, et le sire d'Albret en Guyenne[169]. Mais cette mesure, si elle fut mise à exécution, n'amena aucune amélioration dans la situation. Aux États de Chinon, tenus en avril 1428, les plaintes retentirent de nouveau, et l'on vota une aide de cent mille livres sur l'Anjou, la Touraine, le Berry et le Poitou, pour faire cesser les pilleries et roberies[170].

En avançant dans cette période du règne, on rencontre, soit des paiements faits à des routiers pour obtenir l'évacuation du pays qu'ils occupaient, soit des traités passés par les capitaines, qui traitent en quelque sorte de puissance à puissance avec les commissaires royaux ou avec les représentants des États de la province. C'est toujours la même conclusion qui se dégage : on a recours à tous les expédients, et c'est à peine si l'on trouve un palliatif à ce mal qui dévore le pays et s'ajoute à tous les désastres de l'occupation étrangère. La paix seule pouvait permettre de porter un remède efficace à cet effroyable désordre : le traité d'Arras rendit possible l'ordonnance de 1439 ; cinq ans plus tard, la trêve avec l'Angleterre donna enfin au gouvernement royal les moyens d'entreprendre la réforme de l'armée d'une manière complète et définitive.

 

FIN DU DEUXIÈME VOLUME

 

 

 



[1] Voir t. I, chapitre XI.

[2] C'est ce qui résulte des lettres de Charles VII du 10 avril 1423. Archives de Grenoble, B 2825, f. 262. — On remarquera que l'ordonnance cabochienne de 1413 avait remplacé les trésoriers et les généraux des finances par deux commis ordonnés par le Roi pour le gouvernement des finances de tout le royaume. Dareste, Histoire de l'administration, t. II, p. 345.

[3] Guillaume Toreau partit en mission pour Toulouse le 27 juillet 1423 ; il y mourut dans le courant d'août. Archives, KK 53, f. 168.

[4] Ms. fr. 20936, f. 111. — Leurs prédécesseurs, on l'a vu, étaient en fonctions dès les derniers mois de 1418. C'étaient Regnier de Bouligny, Guillaume de Lucé et le même Alexandre Le Boursier.

[5] Cela est attesté par les dons qui lui furent faits. En janvier 1421, le Dauphin lui donna un cheval ; il en reçut un autre le 25 février 1422, et une hacquenée en septembre suivant. Archives, KK. 53, f. 76, 120 et 123.

[6] Cette ordonnance, dont la date est restée en blanc, se trouve dans plusieurs formulaires du temps : Mss. fr. 5024, f. 163 v° ; 5053, f. 157 ; 6022, f. 92 v° ; 14371, f. 83 v°.

[7] Lettres du 5 juillet 1425. Archives, X1a 8604, f. 76 v°. Voir ci-dessus, chap. II.

[8] Voir plus haut, chapitre II.

[9] Ms. fr. 20627, n° 11.

[10] Il était nommé trésorier général sur le fait de toutes finances ordinaires, telles qu'amendes, épaves, mortailles, régales, forfaitures, confiscations, traites de blé, vins et autres marchandises, en Languedoil et en Languedoc, quart du sel en Poitou, gabelles de tous greniers à sel du Languedoc, et monnaies. Archives de Grenoble, B 2825, f. 175 v°.

[11] Archives de Grenoble, B 2825, f. 178 v°.

[12] Des lettres du 25 décembre 1425 font allusion à la desmission de Guillaume Charrier. Ms. fr. 20594, n° 23. Cf. ms. fr. 20889, p. 67. — Une lettre missive de Charles VII du 28 janvier 1426 fait mention de Jean Taumier comme étant encore en charge (Chartes royales, XVI, n° 357) ; mais Guillaume Charrier avait repris ses fonctions dès le 23 février suivant. Pièces originales, 1111 : FAVEROT.

[13] Voir des lettres des 9 et 10 novembre 1425. Pièces originales : FOIX et SEAUME.

[14] Au commencement de 1422.

[15] Ordonnances, t. XIII, p. 105.

[16] Voir plus haut, chapitre III.

[17] Ordonnances, t. XIII, p. 117.

[18] Il figure toujours au sein du Conseil comme conseiller general sur le fait et gouvernement de toutes finances, tant en Languedoil qu'en Languedoc. Nous le trouvons ainsi désigné dans des lettres des 10 mai et 23 septembre 1429, 17 mai 1430, 3 janvier 1431, juin 1431, 1er septembre 1432 et 23 mars 1433.

[19] Le P. Anselme, t. II, p. 375.

[20] Lettres du 28 décembre 1429. Archives de Grenoble, B 3179.

[21] Le 7 novembre 1422. Voir tome I, p. 404. — C'est ce qui a pu tromper Cousinot, qui dit, dans la Geste des nobles (p. 189) : Et au commencier de son regne, abati ses monnoies qui trop foibles estoient ; si fist ouvrer nouvel pié de plus forte monnoye.

[22] On voit par le Quart compte de l'hôtel, du 1er juillet au 30 novembre 1422, (ms. fr. 6749, f. 2), que 1.500 livres, en forte monnaie, équivalaient à 30.000 livres tournois en faible monnaie.

[23] Savoir des gros au Dauphin, ayant cours pour 12 bons deniers viennois ou parisis, et de petits deniers blancs appelés quarts, aux armes de France et de Dauphiné écartelées, ayant cours pour trois bons deniers viennois ou parisis. Archives de Grenoble, B 2827, f. 20 v°-21.

[24] Voir sur cette fabrication deux lettres missives du gouverneur Joyeuse, tirées du registre 2827, f. 5 et 6, et reproduites par M. Morin, Numismatique féodale du Dauphiné, p. 277, note 3.

[25] C'est la remarque que fait M. Morin, p. 270.

[26] Lettres du 19 décembre, indiquées par D. Vaissète, t. IV, p. 460. — La monnaie de Pamiers avait déjà été décriée par lettres du 4 mai 1421.

[27] Archives de Grenoble, B 2825, f. 162.

[28] Archives de Grenoble, B 2825, f. 162.

[29] Lettres du 4 janvier 1423. Archives de Grenoble, B 2961, f. 169. — L'ordonnance constate que quinze de ces gros faisaient ung bon gros viennois, et que trente de ces mailles valaient un gros viennois.

[30] Ils furent émis par lettres du mois de janvier. Ces écus étaient à un demi carat de remède, et de 64 de poids au marc de Paris. On donnait aux changeurs, pour chaque marc d'or fin, soixante quatre de ces écus, faisant 80 l. t. Lettres des généraux des monnaies du 21 janvier 1423, B 2827, f. 19, éditées par Morin, l. c., p. 280, note 3.

[31] Ils furent émis au mois de février. A cette date on donnait aux changeurs 84 l. t. du marc d'or.

[32] On donnait aux changeurs, pour chaque marc d'argent, 7 l. 10 s. t. en janvier, et 8 l. 10 s. t. en février.

[33] Lettres des généraux maîtres des monnaies du 21 janvier ; lettres du 2 mars, dans Morin, p. 282, note 2 ; lettres du Roi en date du 4 novembre 1423, citées plus loin.

[34] Lettres des généraux maîtres des monnaies du 21 janvier 1423. — Il y eut aussi deux affineurs à Grenoble pour tout le Dauphiné : lettres du gouverneur Randon de Joyeuse en date du 8 février 1423, citée par Morin, l. c., p. 281-82. — Des lettres du 22 mai autorisèrent les maîtres particuliers des monnaies et les marchands et changeurs, en Dauphiné, à faire affiner à leurs dépens tout leur billon à 3 deniers de loi et au-dessous, pourvu que l'opération eût lieu en présence d'un des gardes ou contre-gardes de l'atelier où ce billon serait porté. Il était défendu de délivrer des espèces noires à l'avenir. Archives de Grenoble, B 2827, f. 23 ; cf. Morin, p. 284.

[35] Pour la grant diminucion du prouffit du seigneuriage de noz monnaies qui sont de present... Lettres du mois de décembre 1423. Ms. fr. 5024, f. 162.

[36] Le texte que nous avons est spécial au Dauphiné, mais la mesure fut évidemment générale.

[37] Ces espèces étaient émises sur le pied de monnaie trente deuxième. Voir les documents cités par Morin, l. c., p. 285, note 2.

[38] Ces exceptions portaient sur les monnaies suivantes, fabriquées depuis la réforme monétaire, et qui subissaient les réductions que voici : grands blancs de dix deniers, sept deniers ; petits blancs de cinq deniers, trois deniers ; doubles noirs de deux deniers, un denier ; petits deniers d'un denier, une maille.

[39] Dispositions relatives à l'exportation des monnaies, au fait du change, au poinçonnage de la vaisselle par les orfèvres, aux lieux où pourra se faire le change ; aux pièces étrangères, devant dire cisaillées et mises au marc pour billon ; aux contrats, qui devaient dire faits à sous et à livres, non à sommes de marc d'or ou d'argent, ni à pièces d'or. Les tabellions étaient tenus de prêter serment à cet égard.

[40] Cette ordonnance rendue à Tours le 4 novembre 1423, soubz le seel dont nous usions durant le temps de nostre regence. Elle porte la souscription : Par le Roy Dalphin en son conseil, J. le Picart, et n'est revêtue d'aucune signature de membres du grand Conseil. Original, Archives de Grenoble, B 2846 ; copies du temps, B 2827, f. 26, et 2961, f. 179. — Il faut la comparer avec l'ordonnance de Henri VI du 22 juin 1423, dont elle semble s'être inspirée (Voir Ordonnances, t. XIII, p. 29).

[41] Il est encore qualifié, dans l'acte particulier passé avec les capitouls et consuls, de chancelier de la Royne, c'est-à-dire d'Isabeau de Bavière. De même, pendant longtemps, Tanguy du Chastel fut appelé : Monseigneur le prevost de Paris. D. Vaissète, t. IV, preuves, col. 419.

[42] C'étaient Pierre Gencien et Jean Monnier, appelé ailleurs du Moustier.

[43] D. Vaissète, t. IV, preuves, col. 417. — La perte était de la différence du parisis au tournois.

[44] D. Vaissète, t. IV, preuves, col. 419.

[45] Cahier de doléances, dans D. Vaissète, t. IV, preuves, col. 424-26.

[46] Archives de Grenoble, B 2827, f. 39 v°. Cf. Morin, p. 290.

[47] Lettres visées dans des lettres du gouverneur du Dauphiné du 10 septembre 1424, B 2827, f. 57. Cf. Morin, p. 291. — Les nouveaux écus étaient à vingt-trois carats de loi et un demi carat de remède, de soixante-dix au marc de Paris ; les changeurs devaient avoir, de chaque marc d'or fin, soixante-dix de ces écus, soit 87 l. 10 s. t. Voir Le Blanc, Traité historique des monnoyes de France, p. 324.

[48] C'est ce qui ressort des lettres du gouverneur du Dauphiné en date du 1er février 1425. Morin, p. 292.

[49] Original, Archives de Grenoble, B 2846 ; copie du temps, B 2827, f. 61. — Le marc d'argent valait 6 l. 5 s. t. Cf. lettres exécutoires du 6 avril 1425 (B 2827, f. 61 v°), et du 18 mai (f. 65).

[50] B 2827, f. 77. Voir Morin, p. 294-96.

[51] B 2825, f. 175 v°.

[52] B 2825, f. 174.

[53] Voir les lettres du 30 avril 1426. Ordonnances, t. XIII, p. 115.

[54] Par lettres du 30 avril 1426, le Roi, à la requête des états de Poitou, mit fin brusquement à la mission des commissaires, réformateurs, qui avaient commencé par molester les gens d'église et autres de ses sujets. Ordonnances, l. c.

[55] Lettres de l'évêque de Laon, en date du 10 juillet 1427. Archives, K 62, n° 35.

[56] Archives de Grenoble, B 2827, f. 95. — Cf. une pièce mutilée de 1426, ms. fr. 21434, n° 13.

[57] Le Blanc, Traité des monnoyes, p. 325.

[58] Lettres du 1er septembre 1428. Archives de Grenoble, B 2847, f. 118 v°.

[59] 2 mars, et 10 juin 1429. Le Blanc, p. 325.

[60] Le Blanc, p. 324.

[61] Ms. fr. 471, f. 58 v°.

[62] Lettres du 18 août 1428. Germain, Histoire du commerce de Montpellier, t. II, p. 352.

[63] Ces royaux étaient à un quart de carat de remède, de 64 deniers de poids au marc de Paris, et l'on donnait aux changeurs 77 l. 10 s. du marc d'or fin.

[64] A cinq deniers de loi argent le Roi et de 6 s. 8 d. de poids au marc ; on donnait 7 l. t. du marc.

[65] Item que nulles de nos dictes monnoies ne soient plus baillées à nul homme oultremontaing, mais soient baillées à gens du royaume souffisans et bien applegez. Cette ordonnance, qui reproduit la plupart des dispositions de celle du 4 novembre 1423, se trouve dans le Registre B 2827 des Archives de Grenoble, f. 134-138 v°. — Cf. lettres des généraux maures des monnaies du 18 octobre, reproduites par M. Morin, p. 313, note. — Il est fait allusion à la forte et nouvelle monnoye qui de present a cours dans deux lettres de l'évêque de Laon, en date du 13 décembre 1429. Fr. 26425, n° 151, et 26429, n° 45. Cf. 25967, n° 559 et 561.

[66] Histoire de Troyes, par Boutiot, t. II, p. 517-18.

[67] Archives de Grenoble, Original, B 2846 ; Ordonnances, t. XIII, p. 151.

[68] Charles VII se souvenait sans doute des lettres d'abolition qu'il avait dû donner, en mai 1423, aux comtes de Foix et de Comminges.

[69] La monnaie de Mirabel avait été transférée à Montélimar par lettres de 9 juillet 1426. B 2821, f. 94.

[70] Elle est donnée à Poitiers, le 28 mars 1430 avant Pâques, et porte la souscription suivante : Par le Roy en son Conseil, MALLIÈRE. Ordonnances, t. XIII, p. 164-67. Nous en avons rencontré un vidimus original aux Archives de Grenoble, B 2846.

[71] Ordonnances, t. XIII, p. 168. L'original est à Grenoble, B 2846. — Les grands blancs, petits blancs et doubles, récemment fabriqués, devaient avoir cours pour 8 deniers, 4 deniers, et un denier et maille la pièce.

[72] Boutiot, Histoire de Troyes, t. II, p. 525 ; Un chapitre de l'Histoire de Troyes, p. 17.

[73] Ces lettres ordonnent la fabrication de royaux ayant cours pour 30 s. t. : on donnait aux changeurs de ces deniers valant 102 l. t. ; de deniers blancs ayant cours pour 15 d. : on damait 9 l. t. du marc ; de grands blancs ayant cours pour 10 d. ; de petits blancs ayant cours pour 5 d. ; enfin de doubles noirs, de petits deniers et de petites mailles. On n'a pas ces lettres, mais on en commit la teneur par les lettres des généraux maîtres des monnaies du 22 septembre 1431, publiées par M. Morin, l. c., p. 323, note 2.

[74] Par ces lettres, le Roi, informé des nombreuses fraudes dont on s'était rendu coupable en altérant le titre et le poids des pièces d'or et d'argent, de l'avis de plusieurs princes du sang et de membres du Conseil, ordonna la fabrication : de royaux ayant cours pour 25 s. t., de pareille forme à ceulx que on faisoit nagaires en nos dictes monnoyes par avant ceux que l'on fait et qui à present ont cours : on donnait pour chaque marc d'or 83 royaux valant 78 l. 15 d. t. ; de grands blancs (10 d.), de petits blancs (5 d.), de doubles noirs (2 d.), de petits deniers et de petites mailles. — Les royaux de 70 au marc, de 30 s., ne devaient plus valoir que 22 s. 6 d. ; les grands blancs de 15 d. que 10 d. ; ceux de 10 d. que 8 d., les petits blancs de 8 d. que 4 d., etc. Archives de Grenoble, B 2827, f. 165 v°. Cf. Lettres des généraux mares des monnaies du 8 décembre, dans Morin, p. 325, note 1.

[75] Lettres du gouverneur du Dauphiné en date du13 octobre 1433, indiquées par Morin, p. 328, et autres documents cités dans la note 3.

[76] Archives, X2a 21, au 1er juillet 1432.

[77] Histoire de Nîmes, par Renard, t. III, p. 185, et preuves, p. 246.

[78] Pour les sources, voir, au chapitre précédent, les États généraux.

[79] Voir plus haut, aux chapitres IV, V et VI, passim.

[80] Il avait prêté 2.000 écus d'or. Le 22 juin 1425, il donna une quittance de 200 l. t. qui lui avaient été allouées sur le revenu de Rochefort, par manière de provision. En 1426, il fut nommé écuyer d'écurie du Roi. Pièces originales, 921 : COYTELLES.

[81] En 1423, il avait prêté 100 livres. Cabinet des titres, 685.

[82] En 1423, il avait prêté 130 écus d'or. Cabinet des titres, 685.

[83] En 1423, il avait prêté 1000 l. pour le paiement des gens d'armes étant employés pour la défense de Beaugency et du cours de la Loire. Pièces originales, BOYAU et RAGUIER.

[84] Elle avait prêté 653 l. 15 s., qui furent employés à la réparation du Mont-Saint-Michel. Cabinet des titres, 685.

[85] Original, signé par Jean Pergant. Archives, J 475, n° 98 ; édité Archives historiques du Poitou, t. II, p. 298. Cet inventaire fut le même jour, par ordre du Roi, et en présence de membres du Conseil et de la Chambre des comptes, déposé dans les Archives de la Chambre des comptes.

[86] 1° Un grand fleuron d'or, appelé le quart grant fleuron de la bonne couronne du Roy, garni d'un gros balai pesant 159 carats ½, d'un autre du poids de 82 carats, de neuf autres pesants de 17 à 39 carats ½, de trois gros saphirs, de huit diamants et de vingt-neuf grosses perles ; on constatait qu'il manquait à l'épi du fleuron un gros balai que l'on dit estre à Jennes (Gênes) ; 2° un autre fleuron, appelé le petit fleuron de la couronne du Roy, garni de six balais cabochons pesant de 13 carats ½ à 74 carats, de quatre saphirs, d'un diamant et de neuf grosses perles.

[87] Vidimus des lettres de Charles VII du 18 février 1423, au British Museum, Additional Charters, n° 3169. Cf. la réponse de Louvet citée ci-dessous.

[88] Réponse du président Louvet à Adenet de Trochelles, huissier d'armes du Roi, au sujet des articulations contenues dans les lettres données par Charles VII le 5 juillet. Mirandol, le 16 août 1425. — Le Grand, VI, f. 5 et s.

[89] Même document.

[90] Item, pour racheter les garnitures d'or du heaume du Roy, qui estoient en pige de IIIc moutons d'or. État des sommes prêtées par La Trémoille (octobre 1428). Archives nationales, J 183, n° 142, et Archives du duc de la Trémoille.

[91] Archives de Grenoble, B 3045, f. 236. Ces lettres sont contresignées par le président Louvet.

[92] Lettres du 23 juillet 1424. Archives de Grenoble, B 3044, f. 309.

[93] Lettres du 7 août 1425. Archives nationales, P 13781, cote 3036.

[94] Lettres du 1er février 1426. Blanchard, t. I, p. 241.

[95] Lettres du 18 décembre 1425. Doat, 214, f. 292. Cette ordonnance était rendue non obstant l'ordonnance et restriction derrenièrement faite à l'assemblée des Estats (de Poitiers) de non baillier ou aliener aucune chose de nostre domaine ne des autres aides et subsides, sinon pour le fait de nos presentes guerres, et quelconques autres ordonnances, restrictions, mandemens ou deffenses à ce contraires.

[96] Lettres du 2 mars 1433. Archives, J 194, n° 57 et s. Cf. Vallet, t. II, p. 275 note.

[97] Relevons seulement quelques dons pour l'année 1423 : Jean de Gamaches, échanson de la Reine, reçoit à trois reprises (26 janvier, 14 mars, 6 avril 1423) des sommes s'élevant à 500 L ; Jean Savart, écuyer tranchant, 200 1. (26 janvier) ; le seigneur de Pierre, conseiller et chambellan, 1000 l., en récompense de ses services dans las guerres(12 mars) ; Pierre de Montmorin, chambellan, 300 l. (17 mars) et 600 l. (17 août) ; Lancelot Rogre, écuyer d'écurie, 300 l. (26 avril) et 200 l. (6 juillet) ; Culot Coustane, gouverneur de Clermont, 200 l. (14 mai) et 60 l. (31 mai) ; Gabriel de Bernes, 100 l. (8 juin) ; Guy de Chauvigny, vicomte de Brosses, 1000 l. (14 juin) et 600 l. (11 août) ; Bertrand, seigneur de la Tour, 1000 I. (14 juin) ; Jean Chastenier, 400 l. (juillet) ; Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, 500 l. (juillet) ; Jean, seigneur de Langeac, 500 l. (11 août), etc., etc. Nous avons, pour la plupart de ces dons, les quittances qui furent délivrées, et nous pouvons constater ainsi que le paiement fut immédiat.

[98] Un don de 1000 l. avait été fait à Olivier Leet. Par lettres du 21 novembre 1423, le Roi ordonna de payer 700 l. formant le solde ; mais on voit par des lettres du 26 décembre 1424 que cette somme n'était pas encore payée. Il en fut de même pour une somme de 1000 l. octroyée à Guillaume d'Estaing par lettres du 27 novembre 1423 et qui n'était pas payée le 26 décembre 1424. Un don de 100 livres, fait le 10 février 1424, n'est payé que le 12 août 1425 ; un autre don de 200 l., fait à Pierre de Chantelle, confesseur du feu Roi, n'avait pu être acquitté : à la date du 25 mars 1424, le Roi ordonna de payer pour l'acquit de ce don 140 l. en forte monnaie. Jean d'Aulon, auquel 1000 l. sont données par lettres du 20 juillet 1424, ne touche cette somme que le 18 juin 1426. Béraud, sire d'Apchier, qui reçoit 1000 l. par lettres du 8 janvier 1425, ne touche cette somme que le 6 mal 1426. Hector de Honfleur qui, le même jour, a un don de 200 l., ne les touche que le 8 février 1429. Le sire d'Albret, auquel 2.000 l. sont allouées le 3 septembre 1431, ne peut être payé qu'en février 1435. Voir Chartes royales, XIV, n° 23 et 28 ; Pièces originales, 1075 : ESTAING ; idem, 1045 : DURY ; Idem, 1009 : DOLON ; idem, 78 : APCHIER ; idem, 2027 : MONTLAUR ; idem, 25 : ALBRET (n° 148 et 149). On pourrait multiplier à l'infini les indications de cette nature.

[99] Lettres du 23 mars 1423, publiées par le P. Anselme, t. V, p. 921.

[100] Lettres de mai 1423. Archives, K 168, n° 92.

[101] Lettres du 16 septembre 1423. Archives de Grenoble, B 8044, f. 313 et 318 ; B 8223, bis, f. 262.

[102] Les lettres en faveur de Grolée et de Sassenage n'ayant pas reçu d'exécution, le Roi dut les confirmer par d'autres lettres en date des 16 avril 1424, 8 janvier et 9 mai 1425.

[103] Archives de Grenoble, B 3223 bis, f. 237 ; 3044, f. 278 et 404 ; Chevalier, Documents historiques inédits, p. 381-82.

[104] Lettres des 10 juillet et 12 décembre 1423 ; 12 février, 21 et 22 septembre, 4 octobre, 21 octobre (trois lettres), n'octobre, 23 octobre 1424 (deux lettres), 7 et 16 octobre et 29 novembre 1427.

[105] Lettres du 19 février, 20 et 21 octobre, 22 décembre 1424.

[106] Archives de Grenoble, B 3045, f. 229. Ces lettres sont données : Par le Roy Daulphin en son conseil : MORCHESNE. Cf. ms. fr. 5271, f. 135.

[107] Chartes royales, XIV, n° 35. — Ces lettres sont données : Par le Roy en son grant conseil : VILLEBRESME.

[108] Ordonnances, t. XIII, p. 117.

[109] Le 9 mai 1428, le Roi, considérant que, sous prétexte de la révocation faite en octobre 1425, on avait empêché Raymond de Montauban d'entrer en possession des châteaux et châtellenies à lui attribués par lettres du 5 octobre 1424, ordonna de lui en donner la jouissance. Archives de Grenoble, B 8044 et s.

[110] Ordonnances, t. XIII, p. 185.

[111] Ordonnances, t. XIII, p. 190.

[112] Mandat de paiement de 10.000 l. au maitre de la chambre aux deniers, en date du 1er février 1423. Une somme de 3862 l. est ordonnancée pour dépenses extraordinaires faites à l'entrée de l'archevêque de Bourges. Archives, KK 50, f. 87 v°.

[113] Archives, KK 58, f. 2, 25, 28, 49, 67.

[114] Archives, KK 58, f. 49 v°.

[115] Ces achats avaient été faits par l'entremise du président Louvet, et le paiement en avait été diligemment pourchassé pendant un an. La moitié de la somme dut être payée sur les deniers de raide octroyée au Roi par les États de Languedoc assemblés au Puy ; l'autre sur l'aide qui serait votée par les États du Dauphiné dans la réunion fixée au 28 janvier. L'ordonnance est contresignée par Louvet.

[116] Le 18 mai 1428, Jean du Mesnil, premier écuyer tranchant du Roi, donnait une quittance de 200 l. pour les trenchouers (assiettes) du poids de neuf marcs d'argent, tout dorés, et pour les couteaux de Piques dernièrement passé. Clairambault, 74, p. 5767.

[117] Voir plus haut, chapitre IV.

[118] Voir plus haut, chapitre IV.

[119] Lettres du 6 décembre 1429. Archives de Grenoble, B 3179.

[120] Lettres du 4 avril 1433. Pièces originales, 2030 : NOYERS. Ct. lettres du 27 avril 1434. Chartes royales, XIV, n° 84.

[121] Voir en particulier l'Histoire de Troyes, par M. Boutiot, t. II, p. 553, 535, 538, 556, 558, 570, etc.

[122] Journal d'un bourgeois de Paris, p. 262-63 et 295.

[123] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXII.

[124] Archives, X1a 8604, f. 35. — Ce document a été publié dans le tome I des Archives historiques du Poitou.

[125] D. Vaissète, t. IV, p. 464.

[126] Ms. fr. 5024, f. 81 v°. Voir Vallet, Mémoire sur les institutions de Charles VII, p. 79.

[127] Ms. fr. 5024, f. 81 v°, et f. 82.

[128] Lettres de mars 1424 et de juin 1435, confirmant les privilèges des marchands castillans et prorogeant l'exemption de tous impôts dont ils jouissent. Ordonnances, t. p. 44 et 209.

[129] Lettres du 25 avril 1424. Archives de Lyon, CC, pièces mêlées ; lettres du 16 septembre 1427 : Ms. fr. 8664, f. 59. Voir Vallet, Mémoire sur les institutions de Charles VII, p. 78-79.

[130] Sauf-conduits donnés à des marchands portugais. Ms. fr. 5094, f. 85.

[131] Sauf-conduits donnés à des marchands flamands. Voir Archives, X1a 18, au 19 février 1432.

[132] Mantellier, Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t. I, p. 98.

[133] Mantellier, t. I, p 98.

[134] Mantellier, t. I, p. 99 et t. III, p. 1 ; Ordonnances, t. XIV, p. 7, note b.

[135] Mantellier, t. I, p. 110.

[136] Mantellier, l. c.

[137] Boutiot, Un chapitre de l'histoire de Troyes, p. 9-10, et Histoire de Troyes, t. II, p. 514-515.

[138] Mêmes sources, p. 48-49 et p. 560-61. Cf. Notice sur la navigation de la Seine et de la Barse, par Boutiot, dans les Mémoires de la Société académique de l'Aube, t. XX, p. 75.

[139] Voir un article de M. Redet dans les Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, t. VII, p. 423 et s. Cf. Mélanges de la collection des documents inédits, t. III, p. 256.

[140] Ms. latin 9177, f. 263.

[141] Lettres des 10 juin 1427 et 1er juin 1428. Histoire du commerce de Montpellier, par Germain, t. II, p. 343.

[142] Histoire d'Aiguemortes, par Di Pietro, p. 149, 180 et 181 ; D. Vaissète, t. IV, p. 471-72.

[143] D. Vaissète, t. IV, p. 464.

[144] Histoire du commerce de Montpellier, par Germain, t. II, p. 383-85

[145] Lettres de 1432, remplaçant la foire de huit jours qui se tenait à Laon, à la Saint-Thomas, par une foire franche de huit jours. Histoire de Laon, par Melleville, t. I, p. 258.

[146] Lettres de mai 1430, établissant deux nouvelles foires franches à Montargis. Privilèges de Montargis, p. 16.

[147] Lettres du 24 septembre 1432, établissant un marché et deux foires à Châteauroux. Archives, K 176, n° 138.

[148] Chartes royales, XIV, n° 30.

[149] Lettres du 3 janvier 1431. Ordonnances, t. XIII, p. 160.

[150] Lettres du 22 novembre 1434. Ordonnances, t. XVIII, p. 676.

[151] Fontanieu, 117-118.

[152] Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. I, p. 390, et Mémoire sur les institutions de Charles VII, p. 63-64.

[153] Saint-Remy constate qu'à Gravant, il y avait dans l'armée française des Lombards, des Aragonais, des Écossais et des Espagnols (t. II, p. 76-77).

[154] Dans des lettres écrites aux Lyonnais après la défaite de Gravant (2 août 1423), le Roi dit : Toutes voyes n'y avoit-il au dit siège que très peu et comme riens des nobles de nostre royaume, mais seulement Escoz, Espaignaux et autres gens de guerre estrangiers qui avoient acoustumé de vivre sur le pays, par quoi le dommaige n'est pas si grant. Archives de Lyon, AA 68.

[155] On lit dans la réponse aux requêtes du chancelier d'Écosse relativement aux prétentions de la comtesse de Douglas sur la Touraine : Jasoit ce que plusieurs qui avoient receu les dictes souldes, non obstant ce que dit est, firent de grans exactions en ce royaume, montans à grans sommes de deniers, dont les subgiez du Roy souffrirent et porterent grans pertes et dommages. Ms. lat. 10187, f. 5 v°.

[156] Archives de Tours, Registres des Délibérations, III, f. 178, 181 v°, 188, 200 v° 212, et IV, aux mois de décembre 1456 et janvier 1427.

[157] Chronique de Etienne Médicis, p. 246.

[158] Lettre du connétable aux habitants de Lyon, en date du 2 juin 1425. Revue du Lyonnais, t. XIX, p. 328.

[159] Ces plaintes commencèrent dès le mois d'avril 1425, quand Richemont, qui avait demandé 500 fr. aux habitants de Tours pour la vuidance des gens d'armes estans au dit pays de Touraine et faire cesser les pilleries et roberies, passa par leur ville ; elles se prolongèrent jusqu'à la disgrâce du connétable. Archives de Tours, Registres des délibérations, II, part. V, au 26 avril et au 7 octobre 1425 ; III, f. 39 v°, 63 v°, 86 v°, 68, f. 69 v° et s., 72 v°, 83,97, 121, 127, 183 v°, 187, etc. ; Registres des comptes, XXII, f. 98, 101, 107 v°, etc.

[160] Voir Registres des délibérations, IV, aux dates suivantes : 27 mai, 2 juillet, 9 juillet 1427.

[161] Ms. fr. 5624, f. 123.

[162] Ms. fr. 5024, f. 128.

[163] En janvier 1426. Archives de Tours, Registres des délibérations, III, f. 72 v°.

[164] Ms. fr. 5014, f. 129.

[165] Archives d'Orléans, Compte de Jacques de Loynes. Nous devons à l'obligeance de M. Boucher de Molandon la communication du texte de ces lettres.

[166] Lettre du 27 février 1426, visée dans les Registres des délibérations, f. 77 v°.

[167] Même registre, f. 107 v°.

[168] Archives de Tours, Registres des délibérations, IV, au 4 décembre 1426 et au 3 janvier 1427.

[169] Archives de Tours, Registres des délibérations, IV, au 4 décembre 1426, au 19 janvier et au 7 février 1427.

[170] Archives de Tours, Registres des délibérations, IV, au 5 avril 1428 ; Registres des comptes, XXIV, f. 46 v°.