HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE II. — LE ROI DE BOURGES - 1422-1435

 

CHAPITRE XI. — LA DIPLOMATIE DE CHARLES VII JUSQU'AU TRAITÉ D'ARRAS.

 

 

§ V. — LE CONCILE DE BÂLE ; RELATIONS AVEC LES DIVERSES PUISSANCES DE 1431 À 1435

Convocation d'un concile à Bâle ; petit nombre des Pères ; la première session est tenue le 14 décembre 1431, au moment où le Pape prononce la dissolution du Concile et sa translation. — Les Pères se décident à passer outre et continuent leurs sessions. — Relations de Charles VII avec Eugène IV ; démarches faites par les Pères de Bâle près du Roi ; assemblée de Bourges. — Intervention de l'empereur Sigismond en faveur du Concile. — Véritable caractère du Concile ; témoignage d'Æneas Sylvius. — Nouvelles démarches du Concile près du Roi, qui se décide à taire partir des ambassadeurs pour le représenter. — Le Pape, sur les instances de l'empereur, consent à laisser le Concile poursuivre ses travaux. — Charles VII agit près du Concile dans le sens de la conciliation ; lettre qu'il lui adresse pour le supplier de montrer plus de modération à l'égard du Pape. — Eugène IV a pour lui tous les princes chrétiens. — Arrivée de Sigismond à Bâle, au retour de son voyage d'Italie ; nouvelle approbation donnée par le Pape au Concile, qui reçoit les légats du Saint-Siège. — Politique de Sigismond à l'égard du duc de Bourgogne et du Roi ; plus il s'éloigne du premier, plus il se rapproche du second, avec, lequel il finit par contracter une alliance contre le duc ; sympathie croissante qu'il témoigne à la France ; déclaration de guerre au duc de Bourgogne. — Continuation des rapports de Charles VII avec Frédéric, duc d'Autriche ; ils n'aboutissent à aucun résultat. — Relations avec les princes italiens : le marquis de Montferrat, le marquis de Ferrare, le duc de Milan ; ambassades envoyées à Eugène IV. — Ambassade en Castille ; traité de Madrid ; démarches faites près du roi de Navarre et du roi d'Aragon. — Relations avec l'Écosse ; situation de ce royaume ; les rapports sont rétablis entre Charles VII et Jacques Envoi d'une ambassade pour aller chercher la princesse Marguerite ; convention faite à ce sujet. — Difficultés que rencontrent les ambassadeurs près de Jacques Ier ; communications avis le roi d'Écosse et avec ses ambassadeurs ; délai apporté à l'exécution des engagements pris ; le roi d'Écosse promet enfin de faire passer la Dauphine en France au mois de mars 1436.

 

Le pape Martin V avait, quelques jours avant sa mort, décidé la réunion du Concile qui, aux termes d'un décret du concile de Sienne[1], devait se tenir à Bâle. Ce 'n'est pas sans une certaine répugnance qu'il avait pris cette résolution, car, se souvenant des dissensions du concile de Constance, il avait en horreur le nom même de Concile[2]. La bulle de convocation portait la date du 1er février 1431, et le cardinal de Saint-Ange, Julien Cesarini, était désigné comme légat[3]. Le jour même de son couronnement (12 mars), Eugène IV confirma les pouvoirs du cardinal. Celui-ci était déjà parti pour l'Allemagne[4] ; il avait pris le chemin de Nuremberg, où l'empereur avait convoqué une diète pour s'occuper de l'affaire des Hussites.

Aux termes des décrets de Constance et de Sienne, le jour marqué pour l'ouverture du Concile était le 3 mars 1431. Or, ce jour-là il ne se trouva à Bâle que le seul abbé de Vézelay. L'abbé, s'étant rendu à la cathédrale, prit acte, le lendemain 4 mars, en présence des chanoines, de l'absence des prélats qui avaient été convoqués, et proposa, en attendant leur venue, de délibérer sur les questions qui devaient être soumises au Concile[5]. Au commencement d'avril, arrivèrent, avec trois députés de l'Université de Paris, l'évêque de Chalon et l'abbé de Cîteaux. Le cardinal Cesarini, retenu à Nuremberg parla croisade contre les Hussites, qui venait d'être décidée et à laquelle il voulait prendre part en personne, envoya à Bêle deux délégués qui, à la date du 23 juillet, déclarèrent le Concile ouvert[6]. Le cardinal étant arrivé, à son tour, le 9 septembre, et ayant constaté le petit nombre de prélats présents à Bêle — il n'y avait encore que trois évêques et sept abbés adressa, à la date du 19 septembre, une circulaire à tons les évêques de la chrétienté pour les presser de se rendre au Concile[7]. Il écrivit en même temps au roi Charles VII pour l'intéresser à la réunion de l'assemblée[8].

Sur ces entrefaites, le pape Eugène IV, voyant d'une part le peu d'empressement que les prélats mettaient à se rendre à Bâle, désirant d'autre part travailler à la réunion des Grecs à l'Église latine — laquelle, suivant le vœu manifesté par l'empereur grec et le patriarche de Constantinople, ne pouvait être mise en délibération que dans une ville italienne, — écrivit à son légat, à la date du 12 novembre 1431, pour l'engager à dissoudre le Concile et à le transférer à Bologne, où il se réunirait dans un délai de dix-huit mois. Cette lettre était contresignée par onze cardinaux[9].

Mais, dans l'intervalle, les rares prélats qui se trouvaient à Bâle s'étaient empressés de commencer leurs sessions : la première fut tenue le 14 décembre, sous la présidence du cardinal Cesarini, au moment même où le Pape prononçait, par une bulle du 18 décembre, la dissolution du Concile, et écrivait à l'empereur Sigismond pour l'informer de sa résolution[10]. Le cardinal-légat, obéissant au Souverain Pontife, abandonna la présidence du Concile dès que la bulle de dissolution parvint à sa connaissance ; mais, en même temps, il adressa à Eugène IV une lettre fortement motivée où il le suppliait de revenir sur sa décision et de laisser siéger le concile à Bâle[11]. Quant aux prélats réunis dans cette ville, ils envoyèrent au Pape une ambassade pour lui faire connaître l'intention où ils étaient de passer outre ; et, sans même attendre sa réponse, ils lancèrent, à la date du 21 janvier, une lettre encyclique par laquelle ils déclaraient qu'ils ne se dissoudraient pas[12].

La lutte était engagée, et les princes allaient avoir à prendre parti pour le Concile ou pour le Pape.

Eugène IV, par une lettre en date du 12 mars 1431, avait notifié son élection à Charles VII[13]. Le Roi envoya au nouveau pontife une ambassade, à la tête de laquelle était. Jean Jouvenel, conseiller au parlement[14].

Nous avons vu que le cardinal de Saint-Ange avait écrit à deux reprises au Roi : il ne tarda pas à lui envoyer (30 octobre 1431) un ambassadeur qui, dans les premiers jours de janvier 1432, était encore à la cour de Chinon[15]. Sur les instances du cardinal, le Roi se décida à convoquer les prélats de son royaume. Les lettres données à cet effet portent la date du 14 janvier 1432[16].

L'assemblée s'ouvrit à Bourges le 26 février. La grande question agitée à Constance et qui allait être reprise à Bâle, savoir la supériorité du Pape sur le Concile, se posait au sein de la réunion du clergé de France. Le débat eut beaucoup d'ampleur : deux jurisconsultes et un théologien furent chargés de prendre la parole en faveur du Concile ; tous les autres argumentèrent dans un sens opposé[17]. Après mûre délibération, les prélats se prononcèrent unanimement en faveur du Concile[18]. On rédigea un acte qui, sous le titre d'avis au Roi, résumait l'opinion de l'assemblée. Le concile de Bâle, y était-il dit, a été canoniquement convoqué pour mettre fin au schisme des Hussites ; c'est une œuvre non seulement honnête et utile, mais nécessaire dans les circonstances où se trouve l'Église ; car l'hérésie des Hussites pourrait devenir un incendie dont le royaume lui-même ne serait point à l'abri. N'a-t-on pas vu déjà plusieurs de ses parties en recevoir les atteintes ? Le Concile peut seul rétablir l'union dans l'Église. Pour combattre efficacement l'hérésie, il doit d'abord faire régner la paix entre les princes chrétiens. Le Concile est également indispensable pour travailler à la réforme du clergé. Les prélats supplient donc le Roi, en lui rappelant ce que ses prédécesseurs ont fait contre l'hérésie, de suivre leurs traces comme roi très chrétien, et d'envoyer, en son nom aussi bien qu'au nom de l'Église gallicane, une ambassade solennelle au Pape pour l'exhorter à ne plus s'opposer à la continuation du Concile. Ils lui demandent également d'écrire à l'empereur, au duc de Savoie et au duc de Milan, pour leur demander de favoriser le Concile, convoqué d'après les pressantes instances de l'empereur lui-même, de donner leur protection aux prélats français qui s'y rendront, et de ne pas permettre qu'on entreprenne rien à Bâle contre le Pape, la curie romaine ou le patrimoine de l'Église, ce qui pourrait envenimer l'es choses et entraîner la suspension ou la dissolution du Concile, en compromettant les heureux effets espérés de sa réunion. Les prélats demandent en terminant au Roi que l'archevêque de Lyon, désigné comme représentant du clergé de France, soit envoyé par le Roi en ambassade vers le Pape et qu'il fasse connaître cette résolution au Concile, en lui envoyant immédiatement une ambassade. Ils le prient d'autoriser les évêques de France à se rendre au Concile. Enfin ils se déclarent prêts à contribuer pour le quart d'un décime aux frais des voyages et négociations, et sollicitent le Roi de s'opposer à la levée de toute contribution sur le clergé de France, faite par le Pape sans l'assentiment du Concile[19].

Amédée de Talaru, archevêque de Lyon, se rendit à Issoudun, près du Roi[20], en compagnie de l'évêque d'Orléans, qui avait été chargé d'assurer l'exécution des décisions de l'assemblée, pour lui rendre compte de ce qui avait été fait à Bourges. Le Roi y donna son entière approbation, et, malgré les résistances de l'archevêque, le désigna comme chef de l'ambassade qui devait se rendre près du Souverain Pontife.

Tout en se montrant favorable à la tenue du Concile, l'archevêque de Lyon craignait, non sans raison, que les prélats assemblés à Bâle ne dépassassent la mesure. Aussi, dans la lettre qu'à la date du 28 avril 1432 il écrivit à Louis de la Palu, évêque de Lausanne, un des Pères du Concile, pour le mettre au courant de ce qui s'était passé à Bourges, il disait : J'estime qu'il convient de traiter Notre Saint Père le Pape avec beaucoup de douceur, car il est le chef de l'Église, et si le chef est abaissé, les membres deviendront arides et infructueux[21].

Les Pères de Bâle, enchantés de la réunion de l'assemblée du clergé de France et de la décision du Roi, adressèrent à Charles VII des lettres de remerciement[22]. Ils écrivirent aussi aux membres du conseil, au sire de la Trémoille et aux archevêques de Reims et de Lyon[23]. Mais la situation des affaires ne permettait pas une intervention immédiate de la France[24]. D'ailleurs, une mesure que venait de prendre Charles VII[25] n'était pas de nature à disposer favorablement le Pape à son égard : il était impossible d'espérer un bon résultat de la mission de l'archevêque de Lyon. Aussi celui-ci, après avoir attendu quelques mois, au lieu de se rendre en Italie, prit le chemin de Bâle[26].

Il était réservé à l'empereur Sigismond d'opérer un rapprochement momentané entre le Pape et le Concile[27]. Il se trouvait en Italie, depuis le mois de novembre 1431, dans le but de se faire couronner, et était en négociations avec le Souverain Pontife. Déjà il avait ceint la couronne de fer à Milan ; mais il dut attendre longtemps à Sienne, où il avait établi sa résidence, avant d'aller à Rome recevoir la couronne impériale. Enfin, les obstacles étant levés et tous les arrangements conclus, l'empereur fut couronné le 31 mai 1433[28]. Il passa trois mois à Rome, s'employant toujours à procurer la conciliation entre le Pape et le Concile. Mais il eut plus de peine peut-être à empêcher le Concile de procéder contre le Pape qu'à amener celui-ci à autoriser la continuation du Concile : les pères de Bâle voulaient déclarer Eugène IV contumace, et leur attitude devenait de plus en plus violente. La plupart des historiens et le plus récent comme le plus éminent par le caractère et par la science n'a point évité ce travers[29] — ont donné tort au Pape dans toute cette affaire. La vérité est que l'assemblée de Bâle est loin de mériter les éloges qu'on s'est plu à lui décerner. Écoutons à cet égard un témoin peu suspect. Æneas Sylvius, engagé fort avant dans la lutte, puisqu'il était au Concile comme secrétaire du cardinal Capranica, a porté ce jugement quand le temps et l'âge l'eurent éclairé sur le caractère véritable de l'assemblée. Il y avait à Bâle quelques cardinaux qui s'étaient échappés de la Cour romaine, et qui, n'étant pas bien avec le Pape, critiquaient ouvertement sa conduite et ses mœurs. D'autres officiers du Pape s'y rendaient tous les jours... Tout ce peuple de courtisans déchirait de mille manières différentes la réputation de son ancien maître Il y avait aussi des députés de la célèbre Université de Paris, il y avait des docteurs de Cologne et des autres Universités allemandes, et tous, d'un commun accord, exaltaient jusqu'aux nues l'autorité du Concile général. Il se trouvait peu de personnes qui osassent soutenir les droits du pontife romain : tous ceux qui prenaient la parole flattaient les passions de la multitude[30].

Si l'on veut un autre témoignage, moins important assurément, mais qui, en pareille matière, n'est point à dédaigner, nous citerons Voltaire, dont le sens historique triomphe parfois de sa haine aveugle et de ses habitudes de persiflage : Il faut avouer, a-t-il écrit, que les pères de Bâle agirent quelquefois comme de fâcheux imprudents, et qu'Eugène IV se conduisit comme un homme habile[31].

Cependant le Concile n'épargnait aucune démarche auprès de Charles VII[32]. Vers la fin de mai 1432, il lui envoya l'évêque de Maguelonne et l'abbé de Saint-Cornille[33] ; en août, l'évêque de Novarre et l'abbé de Saint-Ambroise de Milan[34]. Ces deux derniers ambassadeurs avaient mission de demander au Roi d'adhérer au Concile, de s'y faire représenter, et d'y envoyer les prélats de son royaume ; de donner des lettres patentes où il ferait connaître ses dispositions favorables au Concile et autoriserait le clergé de France à se rendre à Bâle ; d'écrire aux archevêques et évêques pour qu'ils se mettent promptement en route et fassent partir leurs suffragants, abbés et autres ; d'autoriser les poursuites, selon la forme, contre les prélats et autres qui ne se rendraient pas au Concile dans le terme fixé, et cela par lettres patentes ; d'engager les princes ses alliés, et spécialement le roi d'Espagne, à adhérer au Concile et à y envoyer leurs représentants ; enfin de ne point prêter l'oreille à ceux qui voudraient proroger ou dissoudre le Concile, ou bien changer le lieu de sa réunion[35].

Le Roi répondit de la façon la plus satisfaisante à toutes ces requêtes. On a les réponses faites en son nom à chacun des articles. Il accorda tout ce qu'op lui demandait, promit d'écrire aux princes ses alliés, et fit savoir qu'il avait déjà écrit aux rois de Castille et d'Écosse ; il ne fit de réserves que sur un point qui concernait les collations, déclarant que ni lui ni ses prédécesseurs n'avaient l'habitude de se mêler des affaires de l'Église, et sur le dernier article, disant qu'il avait délibéré à cet égard, et qu'il ne changerait rien à sa résolution[36].

Par lettres patentes du 19 août, les prélats du royaume eurent ordre de se rendre à Bâle ou de s'y faire représenter[37], et, à la date du 1er septembre, le Roi écrivit lui-même au Concile pour accuser réception des lettres qu'il avait reçues et annoncer le départ d'une ambassade notable. Il exhortait en même temps les Pères à la concorde, et leur recommandait instamment d'éviter toute matière dont se puist ensuivre aucune division en l'Église[38].

L'archevêque de Lyon partit au mois d'octobre 1432, en compagnie de Jordan Morin ; il était à Bâle le 14 novembre, jour où il exposa sa créance au Concile[39], et son intervention s'exerça aussitôt dans le sens de la conciliation[40].

Au mois de février 1433, le Pape, cédant aux instances de Sigismond, consentit enfin à laisser le Concile suivre, le cours de ses travaux (bulle du 14 février), et envoya quatre nonces, porteurs de ses instructions. Le ter mars, il désigna, pour présider l'assemblée, les cardinaux de Sainte-Sabine, d'Albano, de Sainte-Croix et de Saint-Marc, auquel fut adjoint le cardinal de Saint-Ange (décret du 8 mai). Le 10 mai, il fit connaître ses décisions aux Pères de Bâle, en leur demandant de faire bon accueil à ses représentants, et de s'occuper des trois affaires les plus importantes, savoir : l'extirpation de l'hérésie, la réforme de l'Église et la paix entre les princes chrétiens. Un décret fut rendu dans ce sens le 1er juillet ; et, par une bulle du 29 juillet, le Pape déclara nul et sans valeur tout ce que les Pères avaient fait contre lui ou tout ce qui s'écartait de la mission qui leur avait été donnée. Enfin, le 1er août, par la célèbre bulle : Dudum sacrum generale Basileense concilium, Eugène IV fit un nouveau pas dans la voie de la conciliation : il consentit à ce que les actes du Concile eussent une valeur légale à partir de l'ouverture de ses sessions ; il rétracta l'ordre de translation ; enfin il adhéra au Concile, promettant de le soutenir moyennant que ses légats en eussent la présidence[41].

Grâce aux représentations de l'empereur Sigismond, de Charles VII, des princes électeurs, et aussi du gouvernement anglais, dont les ambassadeurs étaient également favorables aux idées de conciliation[42], le Concile n'avait point fulminé contre le Pape ; mais si la rupture avait pu être évitée, on n'était pas arrivé à un rapprochement. Malgré les avances si généreusement faites par Eugène IV, les Pères de Bâle se montraient intraitables à son égard, et persistaient à vouloir le déposer. Dans leur douzième session (13 juillet 1433), ils rendirent deux décrets : par l'un, ils menaçaient le Pape de suspension si, dans un délai de soixante jours, il ne donnait point son adhésion sans conditions au Concile ; par l'autre, ils supprimaient la plupart des collations de bénéfices faites par le Pape depuis un temps assez long.

Le roi Charles VII, qui venait de compléter sa représentation auprès du concile par l'envoi des archevêques de Bourges et de Tours, des évêques d'Orléans et dé Senlis et de l'abbé de Saint-Nicolas d'Angers[43], intervint alors personnellement : le 28 août, il adressa au Concile la lettre suivante, datée de Loches.

AU TRÈS SAINT SYNODE DE BÂLE, LÉGITIMEMENT ASSEMBLÉ SOUS L'INSPIRATION DU SAINT-ESPRIT, CHARLES, PAR LA GRÂCE DE DIEU, ROI DE FRANCE, ET DE L'ÉGLISE LE DÉVOT FILS.

Pères orthodoxes, c'est la charité de Jésus-Christ, c'est l'amour filial que nous portons à notre Saint Père le Pape, c'est le juste honneur que nous lui devons, c'est notre zèle fervent et celui même de votre sainte congrégation pour la paix, qui nous engagent à vous écrire sur ce sujet.

Nous avons appris, Pères très aimés, Pontifes très dignes de nos respects, que, dans votre dernière session, vous avez promulgué un décret contre notre bienheureux Père le Souverain Pontife de l'Église universelle ; et, pour vous dire la vérité, nous en avons été très effrayé, craignant, non sans raison, les scandales qui en résulteraient, le trouble des consciences et la division des .royaumes, attendu que les rois et princes chrétiens, si intéressés en une telle affaire, sont en très petit nombre représentés dans cette assemblée, et que ceux qui y siègent sont loin d'avoir adhéré unanimement à ce décret. Pour notre part, nous devons de toutes nos forces prévenir de tels malheurs, et tous nos vœux tendent à ce que la sainte Église catholique en soit préservée. Réfléchissez mûrement, Pères pleins de zèle, et, envisagez les conséquences. Nous vous supplions, par les entrailles de la miséricorde et de la charité de Jésus-Christ, de ne point tant molester notre Saint Père le Pape, de peur qu'un schisme pestilentiel et digne d'horreur ne soit engendré. Hélas nous frémissons encore au souvenir de la cruelle division qui a régné si longtemps, et qui n'a été récemment apaisée qu'au prix de tant de peines et de tant de veilles. Que Dieu et son Christ, époux de l'Église catholique, nous préservent du retour d'un tel fléau !

 

Le Roi offrait de s'employer pour la paix ; il annonçait l'envoi d'un ambassadeur (Simon Charles), et promettait d'envoyer vers le Pape pour le supplier de céder aux vœux du Concile et aux siens[44].

L'empereur, les électeurs de l'empire, la reine de Sicile, le roi d'Angleterre, le doge de Venise, les ducs de Bourgogne et de Savoie, agirent de leur côté auprès du Concile pour empêcher la déposition du pape[45]. Eugène VI, en écrivant au doge Foscari, pouvait à juste titre constater que tous les rois et princes chrétiens étaient de son parti[46]. Ceux-là même qui avaient favorisé la tenue du Concile, à cause des heureux résultats qu'ils en attendaient, étaient unanimes à blâmer les violences des Pères et à leur conseiller la modération. Sigismond était encore à Rome quand avait été donnée la bulle du ter août ; il avait expressément déclaré que le Pape, en agissant ainsi, faisait plus qu'il ne devait : Si les Pères de Bâle, avait-il dit, n'acceptent pas cette bulle, je ferai merveille contre eux[47]. En arrivant à Bâle (11 octobre), l'empereur fit tous ses efforts pour détourner le concile du schisme. Le 7 novembre, dans la quatorzième session, un nouveau délai de quatre-vingt-dix jours fut, sur la demande de Sigismond, accordé au Pape pour accepter les conditions formulées par le Concile.

Eugène IV n'attendit, pour prendre une décision, ni le délai que daignait lui accorder le Concile, ni la démarche qui fut faite collectivement auprès de lui, au nom de l'empereur, du roi Charles VII et du duc de Bourgogne[48] par une bulle en date du 15 décembre, qui reproduisait en grande partie les termes de la bulle du ter août, il donna son approbation au Concile, supprimant les procédures faites contre les Pères et leurs partisans, et révoquant les bulles de dissolution. Dans une lettre à Sigismond en date du 12 janvier 1434, le Pape déclara qu'il avait préféré faire des concessions sur son droit, pour le bien des fidèles, que- maintenir intactes la dignité et l'autorité de sa personne et de son siège[49]. Il écrivit dans le même sens aux princes-électeurs, à Charles VII et au roi de Pologne[50].

De son côté, le Concile, revenant à de meilleures dispositions et tenant compte au Pape de ses concessions, annula tout ce qu'il avait fait contre Eugène IV, et admit ses légats à la présidence[51]. Le 24 avril 1434, les légats et les nonces furent introduits dans le synode. Deux jours après, fut célébrée, sous la présidence des légats, la dix-septième session du Concile, en présence de l'empereur Sigismond[52].

 

Après avoir fait l'exposé sommaire des démêlés entre le concile de Bâle et le Pape, démêlés où le roi Charles VII et le duc de Bourgogne joignirent leur action personnelle à celle de l'empereur, il faut nous arrêter à la politique de Sigismond, soit à l'égard du premier, soit à l'égard du second ; car le rôle grandissant du Concile, la situation que l'empereur y avait acquise à son retour d'Italie donnaient à l'attitude qu'il allait prendre une grande importance, en ce qui concernait les affaires de France.

Nous lisons dans une lettre écrite le 5 novembre 1433, par Quentin Menart, prévôt de Saint-Omer, au duc de Bourgogne : Mon très redoubté seigneur, j'ai écrit naguères à monseigneur votre chancelier qu'il lui plût vous avertir 'd'avoir avis, puisque l'empereur est près de vous, d'avoir communication avec lui en quelque lieu sûr pour vous ; car cette communication vous serait peut-être très profitable, tant pour vos pays de Brabant et de Limbourg que pour le Luxembourg, et aussi pour empêcher que l'adversaire ne s'unisse à lui ; car il me semble, par les paroles que j'ai entendues de lui avant mon départ de Bâle, que, si on le veut bien conduire, en lui faisant quelque plaisir, on en fera ce qu'on voudra'[53].

Le prévôt de Saint-Omer était mal informé : l'empereur, revenu à Bâle le 18 octobre, ne devait pas quitter cette ville avant le 19 mai 1434, et n'avait aucune occasion de se rencontrer avec le duc de Bourgogne ; enfin, au lieu de pouvoir faire ce qu'on voudrait de Sigismond, on allait rencontrer chez lui un ennemi déclaré de la puissance bourguignonne.

Lors de son ambassade de 1431 près du duc d'Autriche, Simon Charles s'était rendu, au mois d'octobre à Feldkirch près de l'empereur[54]. Peut-être avait-il alors posé les préliminaires d'une alliance entré l'empire et la France. L'empereur étant parti pour l'Italie le mois suivant, les choses restèrent en suspens jusqu'à son retour.

Cependant la chancellerie bourguignonne n'était pas sans inquiétudes sur la nature des relations existant entre le Dauphin et le roi des Romains ; elle se défiait des paroles doucereuses à l'aide desquelles Sigismond avait l'habitude de déguiser ses intentions[55]. Pour parer aux dangers qui menaçaient le duc de Bourgogne et imprimer une bonne direction aux négociations qui ne pouvaient manquer de s'ouvrir pour la paix, tout un plan fut concerté : les ambassadeurs envoyés à Bâle au mois de mars 1433, aussi bien que ceux qui les rejoignirent au mois de septembre, furent chargés de le mettre à exécution[56].

Aussitôt que Charles VII fut avisé du retour de l'empereur, il s'empressa de lui envoyer une ambassade. Simon Charles fut désigné pour se rendre à Bâle ; il y arriva dans le courant d'octobre[57]. Dès le 5 décembre, l'empereur prit l'initiative d'une proposition de paix générale, et offrit d'envoyer au Roi des ambassadeurs en compagnie de ceux du Concile[58]. A la fin de février, arriva près de l'empereur le sire de Gaucourt, muni de pleins pouvoirs pour traiter[59]. Il fut bientôt suivi de René d'Anjou, duc de Bar, qui poursuivait alors la solution de son différend avec le comte de Vaudemont[60]. Sans craindre d'infliger un public affront au duc de Bourgogne, contre lequel son animosité allait toujours croissant, l'empereur évoqua devant son tribunal l'affaire de la succession de Lorraine[61]. Dans une allocution adressée aux Pères du Concile, étant venu à parler du duc de Bourgogne, Sigismond dit en propres termes qu'il volait de trop haute aile[62], et prétendait en avoir plus qu'il ne convenait à un vassal de l'empire. L'empereur exprima le désir que le Concile, revenant sur une décision antérieure, donnât la préséance aux ambassadeurs des grands électeurs sur ceux du duc. Le duc de Bourgogne, ajouta-t-il, n'occupe que le cinquième ou le sixième rang dans la Maison de France ; il est vraiment trop fort qu'il veuille se targuer de sa qualité de prince de cette Maison, avec laquelle il est en guerre, pour prendre le pas sur les électeurs qui sont le fondement du Saint-Empire[63].

Un autre propos, tenu à Bâle à cette époque par l'empereur, n'était pas moins significatif. Sigismond songeait à un mariage entre Jacques de France, second fils de Charles VII, et la fille de son gendre, le duc Albert d'Autriche ; il se préoccupait des dispositions du jeune prince, lequel, bien qu'il n'eût alors que cinq ans, était, d'après un mémoire rédigé en France, beau et bien portant, et destiné à de grandes choses, au dire des gens compétents. A ce sujet, l'empereur dit : Je crois à la fortune du prince Jacques. Qui sait si un jour il ne deviendra pas mon fils et mon héritier ?[64]

C'est au mois de juin 1431, à la diète d'Ulm, qu'avec l'assentiment des représentants de l'empire Sigismond déclara officiellement qu'il contractait une alliance avec le roi de France contre le duc de Bourgogne[65]. A la date du 21 juin, l'empereur lança un manifeste dans lequel il déclarait que le duc de Bourgogne, vassal du Saint-Empire, avait méprisé la majesté impériale ; qu'il détenait dans la basse Allemagne des principautés appartenant à l'empire et dont il avait usurpé la possession ; que depuis longtemps l'empereur aurait dû procéder contre lui en raison de ses violations du droit et de son esprit de révolte ; que ses avertissements et sa mansuétude ayant été inutiles, justement courroucé de la, conduite du duc et voulant le ramener à son devoir et à l'honneur, l'empereur avait fait alliance avec le roi de France[66].

L'empereur ne craignait point, on le voit, de donner un éclatant retentissement à sa rupture avec le duc de Bourgogne. Il s'adressa aux princes du Saint-Empire pour les engager à entrer dans sa querelle. Il écrivit aux villes impériales[67]. Liège reçut, également une lettre[68]. Enfin, au commencement de 1435, Sigismond envoya au duc de Bourgogne des lettres de défi[69]. Mais ces démonstrations risquaient fort de rester à l'état de vaine menace. La plupart des princes auxquels l'empereur avait fait appel lui répondirent qu'ils n'entendaient pas épouser sa querelle ; le concile de Bâle lui adressa des remontrances, et ses propres ambassadeurs au Concile le supplièrent de ne point donner suite à son défi[70].

Le duc de Bourgogne n'était pas, d'ailleurs, resté inactif. Dès le 24 juillet 1434, il avait écrit aux rois de Pologne et de Danemark, aux ducs Eric, Frédéric et Sigismond de Saxe, à Ernest, Guillaume, Louis, Jean, Othon et Henri, comte Palatins du Rhin et ducs de Bavière, aux archevêques de Cologne, de Trêves et de Mayence, et leur avait envoyé ses ambassadeurs pour prévenir des démonstrations hostiles de ces princes[71]. Il leur adressa, à la fin de l'année, une nouvelle communication[72]. Bientôt il put être rassuré sur le danger d'une prise d'armes.

Mais, pour la politique française, que l'empereur fit ou non la guerre à Philippe, un grand résultat était acquis : Sigismond était devenu l'ennemi du puissant duc de Bourgogne, et la France comptait un allié dans le chef du Saint-Empire. C'est à ce moment que l'empereur, voulant donner au Roi un témoignage de sa sympathie, s'empressa de déférer à une requête qui lui fut présentée en son nom par Simon Charles, son ambassadeur, et institua le dauphin Louis vicaire de l'Empire dans le Dauphiné et le royaume d'Arles[73].

Charles VII ne négligeait pas ses relations avec Frédéric, duc d'Autriche[74]. Un des conseillers de ce prince était venu vers lui[75]. Au moment où la guerre se ralluma entre la Bourgogne et la France, une ambassade solennelle partit pour Innsbruck, avec mission de demander un nouveau secours, ou, à défaut d'hommes, une somme de trois cent mille florins d'or pour la solde d'une armée[76]. Frédéric n'accueillit pas la demande du Roi[77]. Il lui envoya son chapelain Hugues Aubriot, curé de Beaufort, avec charge de l'excuser de ne pouvoir déférer à ses désirs et de lui reparler du mariage de son fils avec Radegonde. Nous avons une lettre, écrite à Aigueperse le 12 juillet 1434, par laquelle le Roi accuse réception du message remis par cet ambassadeur, et promet d'envoyer des conseillers au duc pour traiter de cette matière et lui faire connaître ses intentions[78]. Deux jours après, Vanchelin de la Tour écrivait au duc d'Autriche pour le mettre au courant de la situation : le Roi avait reçu avec bienveillance son chapelain ; il était toujours disposé à conclure le mariage projeté ; le bailli de Vitry terminait en affirmant au duc que la main de Radegonde n'était pas accordée, et qu'aucun traité n'avait été conclu à cet égard en dehors de l'accord passé avec lui[79]. Mais Radegonde devait mourir avant que ce projet de mariage pût être réalisé, et la France ne devait guère tirer profit de l'alliance avec le duc Frédéric.

L'alliance du duc de Milan n'avait pas été plus utile à la cause royale. L'heure n'était point venue, d'ailleurs, où Charles VII pouvait intervenir dans les affaires italiennes. Nous ne trouvons, au cours de la période qui précède la conclusion du traité d'Arras, que des relations passagères avec l'Italie. Ainsi, au moment où la Pucelle arriva à Chinon, Simon Charles revenait d'une mission dans cette contrée, et spécialement à Venise[80] ; il semble avoir été chargé de demander un emprunt à la République[81]. Mais Venise était alors en bons rapports avec le duc de Bourgogne[82], et on ne voit pas que Simon Charles ait rien pu obtenir[83]. C'est sans doute à la même époque qu'il faut rattacher la demande d'un prompt secours de gens d'armes et d'arbalétriers adressée par Charles VII au marquis de Montferrat, Jean-Jacques Paléologue, beau-frère du duc de Savoie[84].

Un autre souverain du nord de l'Italie était depuis longtemps en rapports avec Charles VII. Dans une lettre aux habitants de Tournai en date du 26 novembre 1424, le Roi annonçait qu'il attendait un contingent venant à son secours sous les ordres du marquis de Ferrare. Cette assistance fût-elle donnée ? C'est douteux. Toujours est-il que Nicolas d'Este resta le fidèle allié de la France. Au mois de septembre 1431, on négociait le mariage de Jean, comte d'Angoulême, avec une de ses filles[85]. Le 1er janvier 1432, Charles VII, voulant récompenser le marquis de sa fidélité, lui accorda le droit de porter un écusson parti de France et de Ferrare. Les lettres constataient que Nicolas d'Este serait tenu, ainsi que ses successeurs, de servir le Rai toutes les fois qu'ils en seraient requis[86]. Elles furent apportées à Ferrare le 1er mai par le hérault Dauphin. Le 10 mai suivant, le marquis prenait, par lettres patentes, l'engagement de servir à ses dépens dans leurs guerres le roi de France et ses successeurs, et prêtait serment de fidélité[87]. En mai 1434, Charles VII envoya au marquis de Ferrare Jean, sire de Torchefelon, un de ses Chambellans, et Guimel de Cavaillon, pour affaires touchant grandement le bien de sa seigneurie2[88]. Le marquis était devenu un des princes les plus influents de la péninsule : la conclusion du traité du 26 avril 1433, par lequel il avait mis fin aux divisions qui régnaient entre les souverains italiens, lui avait acquis le surnom d'arbitre de l'Italie[89].

Le duc de Milan n'avait cessé d'être en rapports avec Charles VII. On a une lettre adressée par lui au Roi, à la date du 28 septembre 1427, pour lui recommander un fils de Nicolas d'Este, du nom de Meliaduso, qui venait se fixer en France[90]. La même année, le roi de France figure en tête des alliés du duc dans le traité de paix conclu entre les ducs de Milan et de Savoie, par l'entremise de l'empereur (2 décembre 1427), traité qui stipulait un mariage entre Philippe-Marie Visconti, et Marie, fille d'Amédée VIII[91]. En 1431, le marquis de Montferrat ayant formé une ligue avec les républiques de Venise et de Florence contre le duc de Milan, voulut profiter du mécontentement causé au Roi par l'appui qu'Amédée avait prêté au prince d'Orange pour l'amener à se déclarer contre lui. D'actives démarches furent faites dans ce but. Gaucourt et Villandrando furent sollicités d'entrer à main armée en Savoie, et un familier du marquis vint trouver le président Adam de Cambray et Jean Tudert, doyen de Paris, qu'on savait être en grand crédit près du Roi, pour déterminer celui-ci à agir. Cette intrigue arriva à la connaissance d'Amédée VIII, qui s'interposa entre le duc de Milan, son gendre, et son beau-frère le marquis de Montferrat, menaçant ce dernier, s'il ne faisait la paix avec Philippe-Marie, de lui déclarer la guerre[92]. Le marquis, qui espérait avoir l'appui de Charles VII, résista au duc de Savoie : de là une déclaration de guerre et une ligue entre les ducs de Savoie et de Milan contre le marquis de Montferrat (18 décembre 1431), bientôt suivie d'ailleurs d'une pacification[93].

Pourtant l'alliance du versatile duc de Milan avec la France n'était rien moins qu'assurée : il était sans cesse en relations avec le duc de Bourgogne[94], et, par un traité conclu le 14 octobre 1434 avec le duc de Savoie, il s'était engagé à fournir à celui-ci, en cas de guerre avec le duc de Bourbon, un contingent de mille chevaux et de mille hommes de trait, à ses dépens[95]. Le duc soutenait cependant en Italie les intérêts français : au mois de juin 1435, il entra en négociations avec des ambassadeurs de René, roi de Sicile, pour la conclusion d'un traité d'alliance offensive et défensive[96]. L'acte fut signé à Milan le 21 septembre 1435, le jour même où était conclu le traité d'Arras. Ce traité devait avoir une durée de soixante années. Mais soixante jours ne s'étaient pas écoulés que Philippe-Marie s'entendait avec son prisonnier Alphonse, roi d'Aragon, sacrifiant ainsi le roi René[97].

Les relations avec la cour de Rome n'offrent que peu d'intérêt durant cette période, en dehors de l'affaire du concile de Bâle et de l'intervention du cardinal de Sainte-Croix en faveur de la paix dont il a été parlé plus haut. Plusieurs ambassadeurs furent envoyés par Charles VII à Eugène IV : Jean Jouvenel, en 1431, comme on l'a vu[98] ; puis Hardouin, seigneur de Maillé, en 1432[99]. Au mois de février 1435, Robert Rogier, secrétaire du Roi, était à Florence près du Pape ; à la date du 15, il écrivait' aux gens du Conseil en Dauphiné que Eugène IV, pour contemplation du Roi, avait accepté de lui abandonner le pariage qu'il avait à Montélimar, dans le comté de Valentinois et de Diois, moyennant que le Roi lui en fit hommage, avec service de vingt lances, et qu'il le tînt quitte des trente mille florins dus par le Pape, aux termes d'un traité fait entre les rois de France et le feu comte de Valentinois[100].

 

Depuis longtemps, aucune ambassade française n'avait franchi les Pyrénées, et Charles VII n'avait point encore ; à l'exemple de ses prédécesseurs, renouvelé les antiques alliances entre la France et la Castille. Le dernier traité signé était celui de Valladolid, en date du 7 décembre 1408[101]. Le 28 juin 1434, Charles VII, de Lyon où il se trouvait, donna des pouvoirs à Denis du Moulin, archevêque de Toulouse, Jean de Bonnay, sénéchal de Toulouse, Thierry Le Comte, son chambellan, et maître Henri de Fresnoy, un de ses secrétaires, pour se rendre à la cour de Madrid et traiter d'un renouvellement d'alliances[102].

A l'arrivée des ambassadeurs de France, Jean II envoya au devant d'eux, à une lieue de Madrid, le connétable don Alvaro de Luna, avec une suite nombreuse de prélats et de seigneurs. On leur fit une magnifique réception. Le roi leur donna audience dans une grande salle du palais, assis sur son trône, ayant à ses pieds un grand lion, qui ne laissa pas que de causer une certaine frayeur à l'archevêque de Toulouse. L'accueil fait aux ambassadeurs fut des plus gracieux : le roi les fit asseoir à ses côtés, leur demanda des nouvelles du roi de France et de quelques grands seigneurs du royaume, et, après avoir pris grand plaisir à les entendre, les invita à dîner. Peu après, il leur donna une nouvelle audience pour entendre l'exposé de leur créance, fait par l'archevêque de Toulouse[103]. Bien que nulle difficulté ne parût avoir été soulevée, les ambassadeurs firent un assez long séjour à la Cour : nous savons, par une quittance de Denis du Moulin, que le voyage des ambassadeurs ne dura pas moins de six mois[104]. Le traité fut signé à la date du 29 janvier 1435. Il était passé au nom du connétable de Luna, de don Juan de Cerezuela, archevêque de Tolède, et du comte de Benavente, ayant mandat spécial de leur maître. Rappelant les traités antérieurs conclus entre Charles V et Henri II, en 1368, puis entre Charles VI et les successeurs d'Henri, il reproduisait in extenso la teneur du traité de Valladolid, et en confirmait toutes les clauses, sauf celle relative au roi d'Aragon, lequel, d'allié du roi de Castille, était devenu son ennemi[105]. Par lettres du 31 janvier, Jean II donna son approbation au traité et jura de l'observer[106].

Nous ne devons point passer sous silence les rapports, d'ailleurs très éphémères, que, pendant la première période de son règne, Charles VII entretint avec les autres souverains qui régnaient en Espagne. On a vu[107] que, lors de sa régence, la Navarre lui était hostile, et que l'Aragon gardait une sorte de neutralité. Des ouvertures paraissent avoir été faites par Charles VII au roi de Navarre dès 1423[108] ; mais la mort de ce prince, qui survint bientôt, en faisant passer le trône à Jean II, fils d'Alphonse V, marié à Blanche de Navarre, rattacha intimement la Navarre à l'Aragon : le 16 septembre 1426, le roi et la reine de Navarre donnaient une procuration pour faire hommage en leur nom au roi d'Angleterre du duché de Nemours[109]. La politique d'Alphonse V était alors opposée aux intérêts français. Aussi les démarches que, sur l'initiative du comte de Foix, Charles VII fit auprès de lui, en 1426, pour obtenir un secours, n'eurent-elles d'autre résultat que de procurer l'envoi de quelques chevaliers aragonais[110] qui vinrent en France avec un faible contingent. C'est d'ailleurs avec l'assentiment du roi d'Aragon que ces chevaliers s'enrôlèrent sous la bannière royale ; Alphonse V écrivit même à ce propos au Roi[111]. Au commencement de 1428, Charles VII qui, dans sa détresse, frappait à toutes les portes, envoya Girard Blanchet au roi d'Aragon[112]. Cet ambassadeur partit le 25 mars ; il revint le 4 septembre[113]. Mais Alphonse V mit pour condition à l'assistance qu'il prêterait au Roi la cession des sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne et de la seigneurie de Montpellier[114]. De pareilles exigences coupèrent court aux négociations. L'Aragon, bientôt en lutte avec la Castille, alliée de la France, resta favorable à la cause anglaise : Alphonse V était en relations suivies avec le duc de Bourgogne[115] et avec le roi d'Angleterre, qui le pressait de conclure un traité d'alliance[116] ; bientôt, d'ailleurs, il fut entièrement absorbé par sa seconde expédition à Naples.

 

Depuis longtemps les ragions avec l'Écosse étaient demeurées interrompues, et le traité du 19 juillet 1428 n'avait reçu aucune exécution. Charles VII ne semblait pas pressé d'y donner suite, et, au milieu du grand travail de réorganisation intérieure qui l'occupait, Jacques Ier avait paru oublier ce traité. Ce prince, qu'un érudit écossais appelait récemment le plus grand et le plus habile de tous les Stuarts rois d'Écosse[117], avait courageusement entrepris de porter remède à la situation de son royaume, depuis longtemps livré à l'anarchie ; il avait procédé avec une inflexible rigueur, imposant à tous le respect du pouvoir royal et la stricte observation des lois[118]. Après avoir rétabli son autorité sur de solides fondements, il avait repris les négociations avec l'Angleterre, en vue d'amener une pacification entre les deux royaumes. Au mois de février 1429, une conférence avait eu lieu entre le roi Jacques et son oncle le cardinal de Westminster[119], et le 12 juillet une convention avait été signée entre les ambassadeurs d'Angleterre et d'Écosse, pour la réparation des infractions aux trêves[120]. L'année suivante, de nouveaux efforts avaient été faits pour amener le roi d'Écosse à rompre avec la France et à conclure avec l'Angleterre une paix définitive.

Le 15 décembre 1430, par un traité signé à Édimbourg, la trêve entre l'Angleterre et l'Écosse avait été, comme on l'a vu plus haut[121], renouvelée pour une période de cinq années[122]. Les négociations avaient été reprises l'année suivante[123]. Lord Scrope envoyé en Écosse, fit des propositions très avantageuses, que l'opposition des prélats, à la session du Parlement tenue à Perth au mois d'octobre 1431, empêcha seule d'aboutir[124]. En 1433, le héraut Garter revint à la cour d'Édimbourg. Enfin, au commencement de 1434, un ambassadeur anglais fut chargé de négocier le mariage du roi d'Angleterre avec une fille de Jacques[125].

Il était donc urgent pour la France de ne point laisser plus longtemps le traité de 1428 à l'état de lettre morte. On s'en préoccupait dès l'année 1433. A l'entrée de l'hiver, Charles VII envoya deux ambassadeurs au roi d'Écosse, avec mission de lui dire que l'état de ses affaires, devenu plus prospère, le dispensait de lui demander une assistance armée, mais qu'il était toujours désireux de voir se réaliser le mariage projeté, et qu'il sollicitait le roi de faire partir la jeune princesse pour la France.

Jacques Ier n'accueillit pas favorablement cette ouverture. Tout en se montrant disposé à secourir le Roi et à lui envoyer, quand il le voudrait, l'armée appointée, il fit valoir le jeune âge de Marguerite et la rigueur de la saison pour ne pas se rendre au désir qui lui était exprimé. Le bruit avait couru en Écosse que des pourparlers avaient été entamés en vue d'une autre alliance pour le Dauphin : faisant allusion à cette rumeur, Jacques Ier exprima à Charles VII sa gratitude de l'avoir rassuré et de lui avoir fait connaître une fois de plus son sentiment à cet égard. Il profita de l'occasion pour calmer les craintes que le Roi avait pu concevoir relativement à ses négociations avec l'Angleterre : on avait, en effet, cru un moment en France à la conclusion d'un traité de mariage et de paix entre l'Écosse et l'Angleterre, au préjudice du traité de 1428. Jacques Ier, dans sa réponse, déclarait que son intention n'avait jamais été de faire un semblable traité, et qu'il était toujours disposé à maintenir loyalement son alliance avec la France ; il avait bien été en pourparlers avec les Anglais relativement à là paix, mais sans que cela pût porter atteinte aux conventions faites ; il ajoutait même que ; si des difficultés financières ne le paralysaient, il serait disposé à donner aux Anglais assez à faire chez eux pour que cela favorisât le relèvement du Roi et du royaume ; en donnant au Roi l'assurance qu'il était toujours prêt à remplir ses engagements, Jacques le sollicitait d'en faire autant de son côté, et de lui faire certifier, à bref délai, à quelle fin et exécution il tendait, car la longue attente où on l'avait laissé était également préjudiciable au Roi et à lui, et le préjudice était plus grand que le Roi ne pensait.

La lettre où Jacques faisait au Roi cet exposé porte la date du 8 janvier 1434[126]. Elle ne fut remise à destination qu'au mois d'août suivant[127]. Charles VII n'hésita pas à accéder à la demande du roi d'Écosse : après avoir pris l'avis de son Conseil, il décida qu'une ambassade partirait aussitôt pour la cour d'Édimbourg. Les personnages désignés pour remplir cette mission furent Regnault Girard, chevalier, seigneur de Bazoges, conseiller et maître d'hôtel du Roi[128], et un écuyer écossais, Hue Kennedy, que Charles VII avait nommé écuyer de son écurie.

Regnault Girard fit tout au monde pour être déchargé de son ambassade. La saison était contraire, fit-il observer ; le Roi se trouvait à la fois en guerre avec le roi d'Angleterre et avec le duc de Bourgogne, et n'avait à attendre du duc de Bretagne ni faveur ni secours : cela rendait l'ambassade bien dangereuse et perilleuse. Il offrit, pour eschever (éviter) le danger de la mer, de donner quatre cents écus à celui qui le remplacerait, et supplia, le Roi de le tenir pour excusé. Charles ne se rendit point aux instances de son conseiller : il enjoignit expressément à Regnault Girard de partir. Celui-ci se soumit, voulant obéir au Roi comme à son maître et souverain seigneur. Le comte de Vendôme, grand maître d'hôtel, et Jean Chastenier, général des finances, se rendirent aussitôt à La Rochelle, pour s'occuper de l'embarquement de l'ambassade et assurer son prompt départ[129].

Les ambassadeurs étaient porteurs de lettres missives du Roi pour le roi et pour la reine d'Écosse, et aussi pour la Dauphine, en même temps que d'instructions détaillées. Ces instructions, signées de la main de Charles VII, sont du 4 octobre 1434.

Les ambassadeurs, après les préliminaires accoutumés sur la santé de la famille royale d'Écosse et sur le bon état et prospérité du Roi, de la Reine et de leurs enfants, avaient charge de faire connaître au roi d'Écosse la situation du royaume, et d'excuser le Roi de ne lui avoir point envoyé son ambassade dans le délai fixé, pour prendre appointement final sur la venue de la Dauphine. Il en avait été empêché par les très grandes et comme insupportables charges qu'il avait eues continuellement, par les très grandes et somptueuses dépenses qu'avaient occasionné les nombreuses armées qu'il avait eu à former pour résister à la fois aux Anglais et au duc de Bourgogne leur allié — lesquels, d'ailleurs, avaient plus perdu que gagné, le Roi ayant recouvré plusieurs places, telles que Chartres, Provins et Moret, — et enfin par les grandes occupations, mises et dépenses que le Roi avait eues à ce sujet. Un autre obstacle avait été apporté par le manque de personnes ayant l'habitude de la mer ou consentant à s'exposer aux dangers d'un pareil voyage, ce qui empêchait le Roi d'envoyer une ambassade plus nombreuse et plus solennelle. Les ambassadeurs devaient donc prier le roi d'Écosse, en raison de ces considérations, eu égard aussi au jeune âge du Dauphin et de la Dauphine, de ne point s'offenser du délai mis à l'envoi de l'ambassade, et de n'avoir aucune imagination que ce retard pût être occasionné par d'autres motifs, car le Roi n'avait jamais varié dans ses intentions relativement au mariage, et il était persuadé qu'il en était de même de la part du roi d'Écosse.

Pour mieux faire apparaître les dispositions du Roi, de la Reine et du Dauphin, et leur vif désir d'arriver à la consommation du mariage aussitôt que les parties auraient l'âge voulu, les ambassadeurs devaient dire au roi d'Écosse que le Roi les avait chargés, de le prier d'envoyer la Dauphine, soit présentement si cela était possible, soit du moins en la saison prochaine, au port de La Rochelle, où le Roi la ferait honorablement recevoir, ainsi qu'il appartenait à son état.

Si le roi d'Écosse alléguait que le Roi eût dû envoyer des seigneurs de son sang, avec des navires et une armée, pour ramener la Dauphine et lui faire une escorte digne d'elle, les ambassadeurs avaient charge de répondre que, d'une part, les grandes affaires du Roi et le besoin qu'il avait d'avoir continuellement les princes du sang autour de sa personne pour le fait de la guerre et pour d'autres motifs ; d'autre part, la pénurie de navires de guerre qu'on ne pourrait trouver qu'en Espagne — et qu'on ne pouvait aller chercher sans que les Anglais en eussent connaissance et sans exposer par là même la Dauphine et sa suite à de graves dangers — avaient déterminé le Roi à faire présenter sa requête au roi d'Écosse par la présente ambassade, en la chargeant d'aviser avec lui aux moyens les plus sûrs d'assurer l'heureuse traversée de la princesse.

Dans le cas où le roi d'Écosse ne voudrait pas se charger de tous les frais de voyage, les ambassadeurs devaient lui demander de fournir au moins l'escorte assurant la sécurité de la Dauphine pendant la traversée ; le Roi, de son côté, fournirait une flotte pouvant porter au besoin jusqu'à deux mille combattants.

Si le roi d'Écosse parlait aux ambassadeurs de l'armée de six mille hommes qu'aux termes du traité de 1428 il devait envoyer avec la Dauphine pour servir le Roi moyennant que celui-ci fournît la flotte nécessaire au transport, les ambassadeurs devaient répondre que le Roi n'était pas en mesure de se procurer cette flotte sans le concours du roi d'Espagne, ce qui entraînerait de longs délais et de très grands frais ; que les pays et les sujets du Roi avaient de lourdes charges à supporter pour soutenir plusieurs armées indispensables pour le fait de sa guerre, et qu'il lui serait impossible de pourvoir aux besoins de l'armée d'Écosse ; que c'était par ce motif que le Roi, ainsi qu'il l'avait écrit au roi d'Écosse, avait toujours différé, tant pour soulager ses peuples que pour ne pas être trop à charge à son allié, de solliciter l'envoi de cette armée, d'autant que, grâce à Dieu, il avait pu tenir tête à ses ennemis[130] ; que, d'ailleurs, il comptait que, s'il en avait besoin, le roi d'Écosse ne l'abandonnerait pas, et lui donnerait, non seulement une armée de six mille hommes, mais un secours plus considérable ; et que, de son côté, le Roi ne manquerait jamais, s'il en était besoin, de venir en aide au roi d'Écosse avec toute sa puissance, comme il le devait à son bon frère et allié.

Les ambassadeurs avaient enfin mission de dire au roi d'Écosse que, s'il entrait-dans ses intentions, conformément aux traités, de faire la guerre aux Anglais, soit sur leurs frontières, soit autre part, ce serait pour le Roi un grand allégement, et qu'il lui en saurait grand gré, car cette diversion servirait utilement sa cause[131].

Aux deux ambassadeurs désignés dans les instructions, on en adjoignit un troisième : c'était Aymeri Martineau, licencié-en-lois, maître des requêtes de l'hôtel du Roi. Un marché fut fait avec un écuyer habitant La Rochelle, Jacques Puver, pour le transport des ambassadeurs en Écosse et la fourniture éventuelle de la flotte qui devait ramener la Dauphine. Il fut convenu que Jacques Puver accompagnerait les ambassadeurs, et que si le roi d'Écosse exigeait que les frais du passage fussent supportés par le Roi, il viendrait aussitôt en faire part à celui-ci, et prendre toutes les mesures nécessaires pour retourner avec les navires au port indiqué[132].

En envoyant à La Rochelle le comte de Vendôme[133] et Jean Chastenier, Charles VII les avait chargés de donner à ses ambassadeurs l'ordre formel de mettre à la voile le 44 novembre. Cet ordre fut ponctuellement exécuté. C'est avec une certaine solennité que s'effectua le départ de l'ambassade qui allait chercher au-delà des mers la future compagne de l'héritier du trône. Le comte de Vendôme et Chastenier accompagnèrent les trois ambassadeurs jusqu'à une lieue de La Rochelle, au point où ils devaient s'embarquer ; tous les gens d'état de la ville firent de même. Et atant, raconte Regnault Girard dans la Relation que nous avons sous les yeux, priasmes à mon dit seigneur de Vendosme qu'il luy pleust nous recommander à la bonne grace du Roy ; et illec prismes nostre congé pour aller à nostre navire. Et ne fut pas sans deuil et sans grans pleurs d'une part et d'autre. Regnault monta sur un baleinier du nom de Marie, dont, dit-il, le maure, emprès Dieu, était Tassin Petel. Tant en gens de terre que de mer, on était au nombre de soixante-trois.

Nous ne suivrons pas les ambassadeurs dans les péripéties de la traversée, signalée par une grande et merveilleuse tourmente qui dura cinq jours et cinq nuits, et lança le navire en plein Océan, à plus de cent lieues des côtes d'Irlande. C'est seulement le 8 janvier, après avoir relâché pendant six semaines en Irlande, qu'on atteignit le rivage d'Écosse. Dès le lendemain, les ambassadeurs furent conduits par Hue Kennedy chez une de ses parentes, dont le fils avait servi dans la garde écossaise, et qui, pour l'honneur du Roi, leur fit très bonne chère. Ils allèrent ensuite accomplir un vœu que, dans leur détresse, ils avaient fait à saint Trignan, au pays de Galles : ils déposèrent, dans l'église où 'ce saint était vénéré, une nef d'argent aux armes de Charles VII. De là ils se rendirent à Dumbarton, où ils attendirent les ordres du roi d'Écosse.

Pendant ce temps, Kennedy leur préparait une entrée digne du souverain qu'ils représentaient. Il convoqua le ban et l'arrière-ban de ses parents et de ses amis : de cette façon, les ambassadeurs eurent une suite d'au moins soixante chevaux. C'est le 25 janvier qu'ils firent leur entrée dans la capitale de l'Écosse, accompagnés de l'évêque de Brechin et d'autres conseillers du roi Jacques, venus au devant d'eux jusqu'à Glascow. Le lendemain, ils eurent audience du roi, qui les reçut grandement et honorablement. Regnault Girard exposa l'objet de sa mission, en présence d'une notable assemblée de seigneurs et de gens d'église.

Les négociations furent aussitôt ouvertes entre les ambassadeurs de Charles VII et les conseillers de Jacques Ier. Cinq à six jours s'écoulèrent, sans qu'on pût arriver à une conclusion. Le roi Jacques interrompit la conférence, et la prorogea au 21 février à Saint-Johnston, voulant, dit-il, s'entendre auparavant avec la reine. Les ambassadeurs trouvèrent à Saint-Johuston le roi et la reine d'Écosse et la princesse Marguerite. Après la remise des lettres missives du Roi, les pourparlers furent repris. On tint plusieurs réunions, et enfin on arriva à un accord, moyennant qu'on se bornât à régler ce qui concernait le passage de la Dauphine.

La convention, signée de la main du roi d'Écosse, porte la date du 26 février 1435. Il était stipulé que la Dauphine passerait en France avant le mois de mai suivant, et s'embarquerait à Dumbarton, accompagnée de deux mille combattants pour assurer la sécurité de sa personne ; que les navires seraient fournis par le Roi, à ses frais, dans le délai voulu, et garnis de vivrés ; que les deux mille hommes seraient fournis et avitaillés par le roi d'Écosse ; que si le Roi voulait employer ces deux mille hommes, ils pourraient rester en France, et que s'il ne les gardait pas, le roi d'Écosse pourvoirait à leur retour[134] ; que la Dauphine et sa suite devraient s'embarquer dans le mois qui suivrait l'arrivée des navires à Dumbarton, et qu'un dédommagement serait donné aux marchands et aux maîtres des navires si on les faisait attendre. Le roi d'Écosse désirait savoir quelle demeure serait assignée à sa fille en France jusqu'à la consommation du mariage, et demandait qu'une résidence fût fixée, où elle serait gardée par un des siens et entourée de dames d'Écosse et de ses serviteurs ; il consentait à ce que la Dauphine se rendît près du Roi et de la Reine toutes les fois qu'il leur plairait, et à ce qu'on lui donnât une maison française, pour lui apprendre son estat et les manières par delà Jacques demandait enfin que, pour la sécurité de sa fille, on envoyât une galère, garnie de vogueurs et arbalestriers, en plus des navires nécessaires pour les deux mille hommes, s'engageant d'ailleurs, pour alléger les charges du Roi, à fournir les navires de ceux qui ne serviraient pas à la défense et à les avitailler.

Martineau et Kennedy, accompagnés de Joachim Girard, fils de Regnault, partirent aussitôt pour la France, afin de tout disposer. Un poursuivant du roi d'Écosse leur fut adjoint, avec mission de rapporter la réponse de Charles VII[135]. Regnault demeura seul en Écosse, non sans grand ennuy et desplaisir.

Pour mieux faire sa cour à la Dauphine, il se fixa à Stirling, lieu où résidait la princesse, et occupa ses loisirs en visitant les principales villes d'Écosse. Partout, raconte-t-il, il fut si bien reçu, pour honneur du Roi, et se vit l'objet de tant de témoignages de sympathie de la part de toutes les classes de la population, qu'il lui semblait qu'il ne pouvait y avoir de meilleurs ni plus loyaux Français.

A la fin de mai 1435, n'ayant encore aucunes nouvelles de France, l'ambassadeur se rendit près du roi Jacques, et obtint que le délai fixé fût prorogé jusqu'au 20 septembre.

Enfin Martineau arriva, accompagné du poursuivant Dragance. Il était porteur d'une lettre de Charles VII pour le roi d'Écosse et d'instructions adressées, ainsi qu'une lettre, à Regnault Girard, en date des 28 mai et 2 juin. Le Roi chargeait ses ambassadeurs de faire savoir au roi d'Écosse que ses mesures étaient prises avec Jacques Puver peur le transport de la Dauphine avec son escorte de deux mille hommes, et que la flotte quitterait le 15 juillet le port de La Rochelle ; qu'il fournirait le pain, le biscuit, le sel, le vin et autres breuvages, et que le roi d'Écosse aurait à fournir le reste, ainsi que cela avait été convenu. Le Roi remerciait de l'offre qui avait été faite de laisser les deux mille hommes à son service, mais il déclinait cette offre, et demandait le rembarquement immédiat des troupes aussitôt après l'arrivée de la Dauphine ; il avait d'autant moins besoin d'un secours armé qu'une journée était fixée au 1er juillet, à Arras, pour traiter de paix finale avec le roi d'Angleterre et le duc de Bourgogne ; le Roi devait avoir de notables représentants à cette journée, et il en ferait connaître le résultat au roi d'Écosse, lui donnant l'assurance qu'il ne serait rien fait au préjudice de l'alliance existant entre la France et l'Écosse. Le Roi envoyait en Espagne pour avoir la galère demandée, et il écrivait à ce sujet à son frère le roi d'Espagne, dont il attendait sous peu les ambassadeurs, avec lesquels il allait poursuivre la chose à toute diligence. Si la galère était arrivée le 15 juillet, le Roi la ferait partir avec les autres vaisseaux ; et s'il ne pouvait se la procurer, il enverrait un navire pouvant transporter deux mille hommes, bon, legier et le meilleur et le plus seur qu'il se pourra trouver en toute la coste d'Espagne. Quant à la résidence de la Dauphine, le Roi avait l'intention de faire venir immédiatement la princesse auprès de lui, et de procéder aussitôt à la célébration du mariage. La Dauphine résiderait près de la Reine, comme sa fille, afin de pouvoir apprendre les états et manières de France ; il ne semblait pas au Roi chose honneste et convenable qu'elle demeurât ailleurs qu'avec la Reine ; il n'y avait donc pas lieu de lui assigner un lieu de résidence.

Le 12 septembre 1435, la flotte française abordait à Dumbarton, où se trouvèrent hue Kennedy et Joachim Girard. Les deux envoyés revinrent avec une lettre missive du Roi pour le roi d'Écosse, et des mandements et instructions pour Regnault Girard. Dans sa lettre, le Roi se déclarait très joyeux des arrangements pris avec ses ambassadeurs pour la venue de la Dauphine ; il annonçait l'envoi de la flotte, garnie de tout ce qui était nécessaire, et priait le roi Jacques de faire partir la princesse, que le Roi appelait déjà sa fille ; le plus diligemment qu'il serait possible ; des ordres avaient été donnés pour qu'elle fût reçue à La Rochelle ainsi qu'il appartenait à son honneur et à celui du roi Jacques, tellement que celui-ci en serait bien content et joyeux, et qu'il pourrait connaître le plaisir qui le Roi prenait à la venue de la princesse, et à l'entretien et accroissement des bonnes alliances, amitiés et confédération., existant entre les deux couronnes[136].

La lettre adressée à Regnault Girard portait la date du 13 juillet. Le Roi lui faisait savoir que tout ce qui avait été convenu en Écosse était ratifié ; il lui envoyait le double des instructions remises à Aymeri Martineau, pour le cas où quelque empêchement surviendrait à celui-ci ; il lui adressait en outre d'autres instructions et des pouvoirs, afin qu'il pût en user si besoin était ; il lui recommandait de l'aviser sans retard de l'époque où la Dauphine arriverait à La Rochelle.

Les lettres de pouvoir auxquelles le Roi faisait allusion étaient datées du 16 juillet. Le Roi y déclarait que, pour mettre à exécution les conventions faites avec le roi d'Écosse et arriver à l'accomplissement et perfection du mariage du Dauphin avec Marguerite, il avait fait disposer des vaisseaux en grand nombre, et qu'il envoyait au roi d'Écosse ses ambassadeurs pour ramener la princesse en la présente saison, conformément à ce qui avait été convenu ; il donnait donc pouvoir et mandement spécial à Regnault Girard de requérir et prier le roi d'Écosse d'envoyer sa fille au port de La Rochelle, afin de faire et solemniser ledit mariage, et le consommer en temps voulu et convenable, conformément aux traités sur ce faits, et, pour cela, de régler tous les points de détail.

Dans ses nouvelles instructions à ses ambassadeurs, en date du 13 juillet, le Roi les chargeait d'exposer tout ce qu'il avait fait pour assurer l'accomplissement de la convention du 26 février ; il n'avait pu envoyer de galère, comme le roi d'Écosse le lui demandait, car les rois de Castille et d'Aragon étaient toujours en guerre, et cela rendait très difficile de faire sortir des navires des ports d'Espagne ; le Roi n'avait même pas encore la réponse au message qu'il avait envoyé. Les ambassadeurs devaient insister pour un prompt départ. Si l'on disait en Écosse que le Roi eût dû envoyer quelques grands seigneurs pour accompagner la princesse, ils avaient charge de répondre qu'après avoir eu à ce sujet plusieurs conseils et délibérations, il avait semblé que cela ne devait point se faire, aux termes du traité de mariage, et que t'eût été plus contraire à l'honneur du roi d'Écosse que si l'on avait agi autrement ; mais qu'une fois descendue dans son royaume, la Dauphine serait tellement reçue et accompagnée que l'honneur du Roi, aussi bien que l'honneur du roi d'Écosse, seraient pleinement gardés. Ils devaient s'employer de toutes leurs forces à empêcher que le roi d'Écosse ne donnât à sa fille une maison écossaise pour rester près d'elle, et devaient assurer le roi d'Écosse que le Roi pourvoirait à l'état de la Dauphine de façon à lui donner entière satisfaction, et que le Roi et la Reine la traiteraient comme si elle estoit leur fille charnelle. Si l'on ne pouvait faire autrement, on s'arrangerait pour que la suite de la Dauphine fût réduite à une ou deux femmes et à autant d'hommes ; car, disait le Roi, tant qu'elle aura avec elle des gens de sa nation, elle ne apprendra voluntiers françoys, ou l'estat de ce royaume. Le Roi chargeait aussi ses ambassadeurs de donner au roi d'Écosse des nouvelles de ce qui s'était passé depuis le départ d'Aymeri Martineau : la prise de l'abbaye et de la ville de Saint-Denis, de Pont-Sainte-Maxence et de Rue, à la très grande confusion et diminution des ennemis of adversaires du Roi, et la défaite du comte d'Arundel. Le Roi avait grand espoir que brièvement, au plaisir et aide de Dieu, ses gens feraient contre ses ennemis de grands exploits de guerre ; il avait envoyé sur ses frontières, tant du côté de la Normandie comme au-delà de l'Oise et de la Seine, un grand nombre de gens de guerre, qui jusque-là vivaient sur ses pays et les pillaient, ce qui avait fort soulagé son peuple. Le Roi faisait ensuite donner au roi d'Écosse des nouvelles de l'assemblée d'Arras, et manifestait l'espérance qu'il en résulterait un grand fruit polir lui et pour son royaume : Quoi que ce soit, ajoutait-il, rien au Roi ne tiendra ; car il se met tant et si avant en son devoir, et plus que en son devoir, que Dieu et tout le 'monde peuvent connaître son bon vouloir, et aucune charge ne pourra lui en être donnée[137].

Les trois ambassadeurs, accompagnés de Joachim Girard, se rendirent à Stirling, où était le roi d'Écosse. Ils lui présentèrent la lettre missive du Roi, et le supplièrent de faire partir la Dauphine, ainsi qu'il avait été convenu. Mais quelle ne fût pas leur surprise quand le roi Jacques leur répondit que flotte avait trop taré à venir ; que l'on était sur l'heure où tout mariage entre gens de bien est défendu ; qu'il ne pouvait envoyer la Dauphine en la saison présente, et qui pour rien au monde la reine ne le souffrirait, à cause du danger auquel on s'exposait ; que les ambassadeurs savaient bien eux-mêmes en quel péril ils s'étaient trouvés durant leur traversée ; qu'il n'enverrait la Dauphine qu'en la saison nouvelle, et qu'il attendrait la lune de mars pour la mettre à l'aventure de Dieu.

Une contestation assez vive s'engagea relativement à la flotte. Le roi d'Écosse prétendait que, puisque les navires n'étaient point arrivés dans le délai fixé par la convention, c'était au Roi qu'il appartenait de les entretenir à ses frais. Regnault Girard invoqua la cédule, signée de la main du roi d'Écosse, par laquelle le délai avait été prolongé jusqu'au 20 septembre ; il déclara en outre qu'il n'avait aucune instruction pour trancher la difficulté, et fit remarquer que, pour dire la vérité, les gens qui devaient escorter la Dauphine n'étaient pas prêts à partir. Mais le roi d'Écosse tint bon, et insista pour que les frais fussent à la charge du Roi.

Regnault Girard, voyant l'attitude prise par le roi Jacques, jugea qu'il était à propos de faire usage du pouvoir que le Roi lui avait envoyé. Il se rendit donc de nouveau près de Jacques, et lui remit, en grande humilité, les lettres de pouvoir données par le Roi à la date du 16 juillet, en le suppliant de se les faire lire. Après que le roi d'Écosse en eut entendu la lecture, l'ambassadeur lui fit, au nom du Roi, requête et sommation de faire partir la Dauphine, et d'observer les appointements faits sur la matière.

Le roi d'Écosse demanda à Regnault Girard de lui laisser les lettres pour les communiquer à sa femme et à son Conseil, promettant de les lui rendre le lendemain, ce qui lui fut accordé.

Le lendemain, l'ambassadeur s'étant rendu chez le roi, celui-ci déclara qu'il consentait à payer les frais de séjour de la flotte, et qu'il s'entendrait à cet égard avec les maîtres des navires ; il engagea Regnault, ainsi que ses compagnons, à prendre patience jusqu'au mois de mars, promettant qu'à cette époque il ferait partir la Dauphine, bien et honorablement accompagnée[138].

Nous laisserons les ambassadeurs français en Écosse, où ils devaient séjourner encore pendant six mois, et nous reviendrons en France, où les négociations pour la paix et le congrès d'Arras doivent maintenant fixer notre attention.

 

 

 



[1] Voir Héfélé, Hist. des Conciles, traduction française, t. XI, p. 143-45.

[2] Héfélé, t. XI, p. 169 ; Labbe, Sacrosancta Concilia, t. XII, col. 488.

[3] Monumenta conciliorum generalium seculi decimi quinti. Vindob., 1873, t. I, p. 67, et t. II, p. 53-55.

[4] Il était parti dès le 23 ou 24 janvier 1431. Monumenta, t. I, p. 67 ; t. II, p. 13.

[5] Monumenta, t. I, p. 68 ; t. II, p. 14.

[6] Monumenta, t. I, p. 91 ; Héfélé, Hist. des Conciles, t. XI, p. 177 ; — Hist. de l'église gallicane, t. XX, p. 204.

[7] Monumenta, t. I, p. 110 ; t. II, p. 33-34.

[8] La lettre est datée du 22 septembre. Amplissima collectio, t. VIII, col. 28. Il y a une autre lettre du cardinal au Roi en date du 7 octobre, le priant d'envoyer au concile les prélats de son royaume. Id., ibid., col. 32

[9] Monumenta, t. II, p. 67 ; Héfélé, Hist. des Conciles, t. XI, p. 185-87.

[10] Monumenta, t. II, p. 72-75 ; Héfélé, t. XI, p. 193.

[11] Lettre du 13 janvier 1432. Monumenta, t. II, p. 95-107 ; Héfélé, p. 194 et s.

[12] Monumenta, t. II, p. 118-120 ; Héfélé, p. 201.

[13] Original dans le Portefeuille 254 de Godefroy, à la Bibliothèque de l'Institut ; cf. à la Bibliothèque nationale, Brienne, 155, f. 546, et arm. XVII de Baluze, f. 277 ; publiée Preuves des libertez de l'église gallicane, t. I, p. 14.

[14] Il était de retour en France le 21 août 1431 : à cette date le Roi ordonna de lui payer la somme de 400 l. t. en récompense de ses services pendant le temps qu'il avait été près de sa personne et durant son ambassade vers le Pape. Clairambault, 170, p. 5463.

[15] Lettres du 7 janvier, portant don de cent l. t. à Pierre Porcher, docteur en théologie, envoyé du cardinal. Chartes royales, XIV, n° 73. Cf. Monumenta, t. I, p. 124, et t. II, p. 35.

[16] Les lettres de convocation sont dans Fontanieu, 117-118.

[17] Lettre de l'archevêque de Lyon du 28 avril 1432. Labbe, t. XII, col. 998.

[18] Labbe, t. XII, col. 998.

[19] Le texte est dans Labbe, t. XII, col. 813-817. Cf. les récits de Patricius (Labbe, t. XIII, col. 1495) et de Jean de Segovie (Monumenta, t. II, p. 137-40).

[20] Le samedi veille des Rameaux. Lettre de l'archevêque de Lyon, déjà citée, l. c., col. 998.

[21] Lettre citée, col. 1000.

[22] Lettre du 9 mai 1432. Labbe, t. XII, col. 828.

[23] Labbe, t. XII, col. 829-31. Cf. Jean de Segovie, Monumenta, t. II, p. 185.

[24] Lettre de l'archevêque de Lyon, déjà citée, col. 998.

[25] Lettre du 10 mars 1432, relative aux bénéfices conférés à des étrangers. Ordonnances, t. XIII, p. 177. — Nous reviendrons plus loin sur cet acte, en parlant des affaires ecclésiastiques à l'intérieur.

[26] Lettre de l'archevêque, col. 998-1000. — Il arriva en novembre 1432.

[27] Sigismond était tout dévoué au concile. Il écrivait de Plaisance, le 20 février 1432, aux Pères, qu'il avait envoyé vers le Pape et lui avait fait dire qu'il resterait attaché au concile tuque ad mortem. Voir Amplissima collectio, t. VIII, col. 66-68. Cf. lettre du 16 mars, col. 82-84.

[28] Voir sur ces négociations, Héfélé, Histoire des Conciles, t. XI, p. 204, 214 et s., 227-28, 236, 243, 242, etc., et Aschbach, Geschichte Kaiser Sigmund's, t. IV, chap. IV et V.

[29] Nous voulons parler de Mgr Héfélé, le savant évêque de Rottembourg, dont la partialité se laisse trop souvent apercevoir dans sa savante Histoire des Conciles.

[30] Pius II Pont. Max. a calumniis Vindicatus, auct. Car. Fea (Romæ, 1823, in-8°). Bulla retractationis, p, 153-54.

[31] Voltaire, Annales de l'empire depuis Charlemagne, dans les Œuvres, édit. de Genève, in-4°, t. XXV, p. 301. — Il parait qu'il y eut dans cette démarche précipitée des pères, dit encore Voltaire à propos de la déclaration que le Pape n'avait pas le droit de dissoudre le concile, plus de zèle que de prudence, et que ce zèle pouvait être funeste. Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, chap. LXXXVI. Œuvres, t. IX, p. 186.

[32] Il avait agi aussi près du duc de Bourgogne et du roi d'Angleterre ; le duc, dès le 7 avril, écrivait au Pères qu'il pressait le départ de ses ambassadeurs et qu'il s'était employé en leur faveur près du gouvernement anglais. Martène. Amplissima collectio, t. VIII, col. 105.

[33] Jean de Segovie, ap. Monumenta, t. II, p. 187.

[34] Martene, Amplissima collectio, t. VIII, col. 168 ; cf. Jean de Segovie, ap. Monumenta, t. II, p. 266.

[35] Amplissima collectio, t. VIII, col. 168.

[36] Respondit se deliberasse quod sequi votebat, et nunquam erat sententiam mataturus. — Par lettres du 10 septembre 1432, le Roi nomma un receveur général du dixième levé dans son royaume pour les frais de l'ambassade au concile. Chartes royales, XIV, n° 73.

[37] Amplissima collectio, t. VIII, col. 160.

[38] Amplissima collectio, t. VIII, col. 167. — On a une lettre du sire de la Trémoille, datée du 2 juin, par laquelle il répond au concile : il s'est employé à ce qu'on demandait, et les ambassadeurs ont obtenu satisfaction (col. 171).

[39] Monumenta, t. II, p. 277 ; cf. p. 355.

[40] Une lettre, datée de Bâle le 4 décembre [1431] et adressée au cardinal des Ursins, fait allusion à cette intervention. Mansi, t. XXXI, col. 160.

[41] Voir Héfélé, Histoire des Conciles, t. XI, p. 233-251.

[42] Le 10 août 1433, Eugène IV écrivait à Henri VI pour le remercier de l'appui que ses ambassadeurs au concile lui avaient prêté. Amplissima collectio, t. VIII, col. 629.

[43] Ces ambassadeurs étaient arrivés à Bâle en mai 1433. Ils avaient pleins pouvoirs pour traiter les questions religieuses, mais non pour s'occuper de la paix du royaume. J. de Segovie, ap. Monumenta, t. II, p. 555.

[44] Amplissima collectio, t. VIII, fol. 633, et (très fautivement) Lettres des Rois, etc., t. II, p. 455. — Cette lettre arriva à Bâle vers le 18 novembre. Gilles Carlier, doyen de Cambrai, dans son Liber de Legationibus, la caractérise en ces termes dédaigneux : Cui ne fecunditas deerat neque facundia. Monumenta, t. I, p. 450.

[45] Amplissima collectio, t. VIII, col. 627, 628, 629, 636, 638, 641.

[46] Raynaldi, ann. 1433, § 19. — On a la trace d'une lettre écrite par Charles VII au Pape, et dans laquelle il prenait l'engagement de défendre le Souverain Pontife et la religion contre les entreprises des pervers qui abusent du Concile de Bâle pour les attaquer. Inventaire des Archives du Vatican, aux Archives nationales, L 378.

[47] Quod si recusarent, mirabilia adversus illos pollicitus est se esse facturum. Raynaldi, ann. 1433, § 19.

[48] Cette ambassade n'arriva à Florence que dans le courant de janvier 1434. Voir la lettre du Pape au duc de Savoie dans Guichenon, t. II, et Fl. Blondel, Histor. Romanorum decad. tres, lib. V (Éd. de Bâle, 1531, p. 477).

[49] Raynaldi, ann. 1434, § III.

[50] Raynaldi, ann. 1434, § IV.

[51] Histoire des Conciles, t. XI, p. 275 et s. ; Histoire de l'Église gallicane, t. XX, p. 252-53.

[52] Histoire des Conciles, t. XI, p. 275. — Comme preuve de ses dispositions conciliantes, le Concile, dans sa session suivante, tenue le 26 juin, renouvela, —en l'absence des légats pontificaux, — le décret de la première session du concile de Constance, déclarant qu'un Concile général tient immédiatement sa puissance du Christ, et que tout homme, même le Pape, est obligé de lui obéir en tout ce qui concerne la foi, l'extirpation de l'hérésie et la réforme générale de l'Église dans son chef et dans ses membres ; que, de plus, tout chrétien, le Pape même, s'il désobéit à un Concile général en ces trois points, doit être puni selon les canons.

[53] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXXVI. — A la réception de cette lettre, le duc de Bourgogne s'empressa d'envoyer à l'empereur Jean Desfruyn, chanoine de Besançon, et Guillebert de Lannoy, qui furent employés à cette ambassade du 15 décembre 1433 au 26 janvier 1434. Archives de la Côte d'Or, B 1653, f. 83.

[54] Monumenta conciliorum generalium seculi decimi quinti, t. I, p. 117, 189-30. On voit par les séjours de Sigismond qu'il était à Feldkirch le 23 septembre, et qu'a y resta jusqu'au mois de novembre (Aschbach).

[55] Est autem rex Romanorum dominus qui multum ducitur per blandicias. Instructiones aliqua circa facienda per dominum ducem ad conservacionens et augumentum statua sui. Archives de la Côte d'Or, B 11615. Je dois la copie de ce document à l'obligeance de M. J. d'Arbaumont.

[56] Ces instructions portaient sur les points suivants : Il fallait s'assurer s'il existait une alliance entre le Dauphin et l'empereur ; il fallait gagner par des présents tous ceux qui pouvaient favoriser le fait du duc de Bourgogne, et se rendre favorables les ambassadeurs du duc de Milan ; il fallait régler l'attitude à prendre quand il serait question de la paix ou de la conclusion d'une trêve à longue échéance : le duc de Bourgogne aurait ici l'appui du duc de Bretagne et du duc de Savoie ; on devait se mettre en garde coutre les agissements de l'Espagne et de l'Allemagne : car l'Espagne avait toujours favorisé le Dauphin ; il fallait s'assurer l'amitié des archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves et des autres électeurs de l'Empire ; il fallait, en outre, rester étroitement uni à l'Angleterre ; comme la paix est désirée par tout le monde en France, et qu'elle est nécessaire au salut du royaume, on doit y tendre par tous les moyens.

[57] Monumenta, t. I, p. 457, 501, 506.

[58] Monumenta, t. I, p. 529.

[59] Le P. Anselme, Histoire généalogique, t. VIII, p. 367.

[60] Monumenta, t. II, p. 651.

[61] Le 22 février 1434, un mandement impérial fut rendu pour assigner à Bâle, au 4 avril, les parties intéressées, afin de juger le différend entre le duc de Bar et le comte de Vaudemont. Malgré les efforts des ambassadeurs du duc de Bourgogne, l'affaire suivit son cours ; les deux compétiteurs comparurent devant l'empereur, qui, à la date du 24 avril, rendit une sentence en faveur de René. Voir le Roi René, par M. Lecoy de la Marche, t. I, p. 108-109.

[62] Nimis alte volabat.

[63] Jean de Ségovie, ap. Monumenta, t. II, p. 663-664.

[64] Volo cogitare de magnificatione dicti domini Jacobi, et taliter quod fortasse erit michi filius et heres. — Document publié par Chmel, Materialen zur Œsterreichischen Geschichte, t. I, p. 35 ; cf. d'Herbomez, le Traité de 1430 avec le duc d'Autriche, p. 26-27.

[65] Aschbach, Geschichte Kaiser Sigmund's, t. IV, p. 181.

[66] Nous avons le texte adressé au duc de Savoie. Guichenon, t. II, p. 290.

[67] Chronique de Metz, publiée par Huguenin, p. 196 ; Archives de Strasbourg, AA 148 (Inventaire, p. 54), etc.

[68] Cette lettre porte la date du 16 décembre. Chronique d'Edmond de Dynter, publiée par le chanoine de Ram, t. III, p. 511.

[69] Chronique de Dynter, t. III, p. 507 ; Archives de Strasbourg, AA 146 (Inventaire, p. 51). — Voir sur ce défi la lettre des ambassadeurs anglais au concile de Bile adressée à l'empereur, en date du 5 mars 1435, par laquelle ils se portent médiateurs entre Sigismond et Philippe. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXLVI.

[70] Ces détails sont donnés par les ambassadeurs anglais dans une autre lettre adressée au duc de Bourgogne à la date du 11 mars 1435 (Archives de la Côte d'Or, B 11615 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXLVII). L'évêque de Lubeck, ambassadeur de l'empereur, avait dit que dudit fait et de tout le demené estoit très dolent, et estoit petitement fait.

[71] Chronique de Dynter, t. III, p. 508-511. — On trouve là la liste complète des princes auxquels le duc écrivit.

[72] Chronique de Dynter, t. III, p. 513-516.

[73] Un examen plus approfondi de la pièce datée par M. l'abbé Chevalier (Choix de documents historiques sur le Dauphin, p. 286) de 1424, avec un point d'interrogation, et la comparaison de cette pièce avec d'antres actes, nous a fait reconnaître qu'il faut lui donner la date de février 1435. C'est donc au commencement de cette année que le vicariat fut donné au Dauphin, conformément au pouvoir cité plus haut au chapitre VIII, et le passage relatif au vicariat qui se trouve à cette page doit être supprimé.

[74] On a une lettre, sans date, adressée par lui au duc Frédéric, pour poursuivre la restitution d'une somme prise à un de ses sujets, et où il parle de ses succès militaires : .... Et esse incolumus divine que etiam fieri auxilio his diebus agenda bella qua nostra tanta felicitate viguere ut in admirationem stuporem nostris hostibus miraculum utque procedant algue pergratum nobis feceritis. Ms. fr., nouv. acq. 1001, f. 15.

[75] Nuper vir discretus ille et gravis præpositus Brixonensis, ambassator vester... Même lettre.

[76] Cette ambassade se composait de l'archevêque de Tours, Philippe de Coetquis ; de Simon Charles, chevalier, président de la Chambre des Comptes ; de Jean Franberger, premier écuyer d'écurie de la Reine, et d'un secrétaire, Jean de Disoin. Mémoire de Gaucourt, publié par M. d'Herbomez, p. 78 ; cf. p. 29-30.

[77] Mémoire de Gaucourt, publié par M. d'Herbomez, p. 78 ; cf. p. 29-30.

[78] Lettre conservée aux Archives de Vienne, et publiée par M. d'Herbomez, p. 75-76.

[79] Lettre conservée aux Archives de Vienne, et publiée par M. d'Herbomez, p. 76-77 ; cf. p. 26-27.

[80] Ipse loquens missus fuerat per regem in ambaxiata apud Venetias et circa mensem martii rediit. Déposition de Simon Charles : Procès, t. III, p. 115.

[81] Il y a dans des Formulaires du temps, plus d'une fois cités, des lettres patentes sans date, portant pouvoir de se rendre vers la seigneurie de Venise, afin d'obtenir un secours d'argent jusqu'à concurrence de 200.000 l., et de donner toutes les garanties requises. Mss fr. 5024, f. 153 ; 5053, f. 145 v° ; 6022, f. 86 v° et 14371, f. 77 v°.

[82] Le 26 mai 1424, le duc envoyait des ambassadeurs à la République. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XL.

[83] Venise était alors peu disposée à donner son concours, même pour les intérêts les plus graves : le 6 décembre 1425, la République, par un acte rendu à la majorité de 104 voix contre 16 et 2 bulletins blancs, refusa de prêter de l'argent au roi de Chypre, menacé par le sultan d'Egypte. Histoire de l'île de Chypre, par M. de Mas Latrie, t. I, p. 516.

[84] Pouvoir sans date et sans indication de noms d'ambassadeurs. Mss. fr. 5053, f. 144 ; 6022, f. 86 et 14371, f. 77.

[85] Le marquis de Ferrare était bien de son temps. Marié trois fois, et en troisième lieu (1429) à Richarde, fille du dernier marquis de Saluces, il avait fait mourir sa seconde femme, pour l'avoir surprise en flagrant délit d'adultère avec un de ses fils naturels. Nicolas ne se gênait pas de son côté, car on lui donne jusqu'à vingt-deux bâtards.

[86] Muratori, Delle antichita Estensi, t. II, col. 195 ; Art de vérifier les dates, t. III, p. 697. Voir lettres du marquis en date du 10 mai 1432, dans Du Puy, vol. 28, f. 204.

[87] Muratori, l. c., col. 197.

[88] Lettres du 18 mai 1434, portant paiement aux deux envoyés. British Museum, Addit. Charters, 4385, cité par M. Vallet dans la Bibliothèque de l'École des chartes, t. VIII, p. 145-46.

[89] Voir Sismondi, Histoire des républiques italiennes, t. IX, p. 17.

[90] Le texte en est donné dans Osio, Documenti diplomatici tratti dagli archivi Milanesi, t. II, p. 340. C'était un fils naturel ; il devint évêque de Commachio.

[91] Osio, l. c., p. 348 ; Guichenon, Histoire généalogique, p. 195.

[92] Il y a aux Archives de Turin plusieurs documents sur cette affaire : 1° lettres du duc de Milan par lesquelles il s'oblige à secourir le duc de Savoie an cas où le marquis de Montferrat, d'accord avec les républiques de Venise et de Florence, lui ferait la guerre (24 mai 1431) ; 2° traité conclu par le duc de Savoie, stipulant au nom de l'empereur Sigismond, contre le marquis, déclaré rebelle à l'empire (13 juillet 1431) ; 3° convention passée entre le duc de Savoie et le gouverneur du Dauphiné (12 septembre 1431). Bianchi, Le materie politiche degli archivi di Stato piemontesi, p. 99, 123, 165.

[93] Guichenon, t. I, p. 472-73 ; Bianchi, l. c., p. 123. Le 14 décembre le marquis de Montferrat écrivait au duc de Savoie pour le prier de s'employer en sa faveur auprès du duc de Milan. Bianchi, l. c., p. 123.

[94] Par mandement du 21 octobre 1432, le duc faisait faire un paiement à Guiselin Vlieghe pour un voyage secret fait naguère à Venise et ailleurs sur les marches de Lombardie (Archives du Nord, B 1945, f. 147 v°). En 1433, le duc de Bourgogne donnait une gratification à Milan, héraut du duc de Milan, venu vers lui à Gand (Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. I, p. 266). En 1434, vers le mois d'octobre, le duc recevait à Mâcon Nicolas de Labecque, venu de Milan en ambassade pour aucunes choses secrètes (Sixième compte de Jean Abonnel, cité par Canat, Documents inédits pour servir à l'histoire de Bourgogne, t. I, p. 356, note 2).

[95] Guichenon, t. II, p. 295.

[96] Lecoy de la Marche, Le Roi René, t. I, p. 141-142.

[97] Le Roi René, t. I, p. 143.

[98] Voir plus haut au début de ce chapitre.

[99] Lettre du Pape au Roi, visée dans Fontanieu, 115-116.

[100] Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, par l'abbé U. Chevalier, p. 286.

[101] Voir t. I, chapitre IX.

[102] Ce pouvoir est, ainsi que le traité du 29 janvier 1435, dans Leibniz et dans Du Mont. Il est conservé en original aux Archives, J 605, n° 78 ; nous en retrouvons le texte (sans date) dans plusieurs formulaires du temps (Mss. fr. 5053, f. 141 ; 6022, f. 85 ; 14371, f. 76).

[103] Cronica del reg don Juan et segundo, éd. de 1877, p. 518.

[104] Quittance de Denis du Moulin, en date du 20 novembre 1435, de 1.200 moutons d'or que le Roi avait ordonné de lui verser pour le parpalement du voyage de Castille. Ms. fr. 20977, p. 273 ; cf. ms. fr. 20889, p. 71.

[105] Original, Archives, J 605, n° 80 ; Leibniz, Codex diplomaticus, p. 354 ; Du Mont, Corps diplomatique, t. II, part. II, p. 273. Ce traité est reproduit dans celui de Saint Jean de Luz, conclu en 1478, et publié par Léonard, Recueil des traités, t. I, p. 284 et s. On a omis ici dans le texte le nom du troisième ambassadeur français, Thierry Le Comte.

[106] Mêmes sources, sauf Leibniz.

[107] Tome I, chapitre IX.

[108] Bertrand de Goulard, conseiller et chambellan du Roi, fut désigné pour aller en ambassade vers le roi de Navarre. Cinquième compte de Guillaume Charrier. Cabinet des titres, 685.

[109] L'hommage fut fait à la date du 22 avril 1427. Archives, J 619, n° 25 et 26.

[110] Le 12 août 1426, Thierry Le Comte, gouverneur de Montpellier, certifiait que au mois de juillet, Bernard Albert, chevalier du pays d'Aragon, ayant cent hommes d'armes et cent saquemans en sa compagnie, avait passé ses montres devant lui (Pièces originales, 842 : CONTE (le)). Le 28 août suivant, Charles VII donnait des lettres pour le paiement de la solde de Bernard Albert et de ses gens (Pièces originales, 20 : ALBERT). Bernard Albert était procureur du roi d'Aragon dans ses fiefs de Roussillon et de Cerdagne. — Un antre chevalier aragonais, Martin de Cernais, vint aussi en France, et reçut le titre de chambellan (Pièces originales, 637 : CERNAIS).

[111] Il est fait mention de cette lettre dans un acte du 23 janvier 1427, publié dans les Mélanges de la Collection de documents inédits, t. IV, p. 311.

[112] Gaucourt avait été désigné pour cette ambassade ; il est probable qu'il fut remplacé par Blanchet.

[113] Lettres du Roi, en date du 1er octobre 1428, ordonnant de lui payer la somme de 500 l. t. Pièces originales, 384 : BLANCHET. — Pour se rendre le roi d'Aragon favorable, Charles VII lui envoya des ménétriers. Mélanges cités ci-dessus, t. IV, p. 313.

[114] Cette prétention fut formulée par un ambassadeur du roi d'Aragon, Jean d'Olcina, l'un de ses secrétaires. Ferreras, Histoire d'Espagne, t. VI, p. 327.

[115] Voyage secret de plusieurs ambassadeurs bourguignons envoyés au roi d'Aragon : 10, juillet 1427-15 février 1428. Archives du Nord, B 1938, f. 163 v°-164.

[116] Voir Rymer, t. IV, part. IV, p. 140, 150 et 166-67 ; British Museum, Vespasian, C XII.

[117] M. George Burnett, préface au tome IV des Exchequer Rolls of Scotland, p. CXXI.

[118] Voir Tytler, History of Scotland, t. III, et G. Burnett, préface citée.

[119] Voir Burnett, l. c., p. CIII-CIV.

[120] Rymer, t. IV, part. IV, p. 148

[121] Voir chapitre IX.

[122] Rymer, t. IV, part. IV, p. 169.

[123] Voir les nombreux sauf-conduits donnés par le gouvernement anglais à des envoyés du roi d'Écosse, du mois de janvier au mois de novembre 1431. Du 2 au 14 mars, des ambassadeurs écossais séjournèrent à Londres. Rymer, t. IV, part. IV, p. 172-174.

[124] Life and death of James the first, p. 12 ; Scotichronicon, ap. Hearne, t. IV, p. 1308 et s. ; Liber Pluscardiensis, p. 378-79 ; Tytler, t. III, p. 281-83 ; Burnett, l. c., p. 108.

[125] Voir au British Museum les documents réunis dans le Ms. Vespasian, F VII, f. 47 à 58 (A catalogue of the manuscripts in the Colonian library, 1812, in fol., p. 496). Cf. Rymer, t. IV, part. IV, p. 179 et s.

[126] Elle se trouve en tête d'une relation de l'ambassade pour le mariage d'Écosse, que nous avons trouvée dans le ms. fr. 17330, n° 9, et qui, à en juger par l'écriture, a été copiée au XVIe siècle. Le début de la lettre de Jacques Ier manque dans ce manuscrit.

[127] Et non en octobre, comme le dit la Relation : car, d'une part, les instructions du Roi, dont il sera question plus loin, portent la date du 4 octobre, et d'autre part, les lettres du Roi relatives à la fourniture éventuelle de navires pour le passage de la Dauphine sont du 13 septembre. Il est donc évident que la lettre du roi d'Écosse dut arriver dans le courant du mois d'août.

[128] Il était maître d'hôtel dès le mois de juillet 1423. Archives, KK 50, f. 90.

[129] Tous ces détails sont empruntés à la Relation citée. On a des lettres du 26 novembre 1434, relatives à la mission du comte de Vendôme et Jean Chastenier ; elles sont tirées des Archives de la Rochelle : grâce à une obligeante communication de Mme Vallet de Viriville, nous les avons trouvées dans les papiers de M. Vallet de Viriville, d'après une copie envoyée par l'archiviste, M. Jourdain.

[130] Le véritable motif était que, par le traité de 1428, on avait, dans un jour de détresse, pour obtenir ce secours, stipulé l'abandon du comté de Saintonge au roi d'Écosse, et qu'on ne voulait pas se mettre dans le cas d'avoir à remplir une obligation aussi onéreuse. C'est ce qui résulte d'un acte, d'une date postérieure, qui suit la Relation de Regnault Girard, et où on lit : Si au temps advenir, le Roy d'Escosse ou ses successeurs demandoient ledit conté de Saintonge, l'on leur peult respondre raisonnablement que quant le Roy envoyera querir lesdiz six mil combattans promis de la partie dudit Roy d'Escosse, que lors le Roy tiendra les appointemens fais par son chancelier ; et s'ils vouloient dire que pour la venue de ma dicte dame la Daulphine ils avoient baillé lesdiz six mil combattans, ou partie d'iceula, pour la conduire et amener, et que par ainsi devoient avoir ledit conté, l'on leur peut répliquer que pour la venue de ma dicte dame la Daulphine ledit Roy d'Escosse fist nouveau traicté et appointement avec messire Regnault Girard et ses compagnons..., etc.

[131] Instructions du 4 octobre 1434. Ms., fr. 17330.

[132] Lettres de Charles VII données à Tours le 13 septembre 1434. — Le Roi avait stipulé que, dans le cas où Regnault Girard trouverait, en Écosse de meilleures conditions pour le passage que celles qui avaient été convenues avec Jacques Puver, il serait libre de résilier le marché. — Par lettres en date du 28 septembre 1434, le Roi autorisa Regnault Girard à passer un nouveau marché en Écosse, s'il y avait lieu.

[133] Regnault Girard dit qu'il y vint soubdainement. Le Roi tenait à ce que les choses se fissent rapidement.

[134] Le Roi devait aviser le roi d'Écosse de ses intentions avant le départ, et lui faire savoir quel appointement on ferait à ses troupes si elles restaient en France, car, disait-il, il ne veult point envoyer gens qui pillent et derobent le royaume de son dit frère.

[135] On trouve dans les Rolls (t. IV, p. 671) un paiement fait pour l'avitaillement d'un navire allant en France (compte du 11 juin 1434 au 28 juillet 1435), et pour l'envoi d'un ambassadeur en France (p. 610).

[136] Lettre sans date, insérée dans la Relation de Regnault Girard.

[137] Tous ces documents sont reproduits in extenso dans la Relation de Regnault Girard.

[138] Tous ces détails sont tirés de la Relation de Regnault Girard.