§ IV. — DE 1431 A 1433 Le duc de Bourgogne, mécontent des échecs subis par lui dans la campagne de 1430-31, se plaint aux Anglais et réclame un changement de politique. — Nouvelle intervention de Martin V en faveur de la paix ; il meurt, mais son successeur Eugène IV continue son œuvre. — Au mois d'avril 1431, Philippe entre en pourparlers avec Charles VII ; nouvelle ambassade ; trêve de deux ans conclue le 8 septembre ; trêve particulière pour le Bourbonnais. — Arrivée du cardinal de Sainte-Croix ; démarches qu'il fait près des princes ; accueil qu'il reçoit. — Conférence de Lille ; trêve de six ans, s'étendant à toutes les possessions des deux puissances ; proposition de paix générale formulée par les ambassadeurs français. — Ambassade de Charles VII à Dijon près du duc ; on regarde la paix comme faite. — L'état maladif du cardinal de Sainte-Croix retarde la conférence projetée à Auxerre ; réunion préliminaire à Semur ; propositions du cardinal ; dispositions des parties. — Mémoire sur la situation envoyé par les conseillers du duc à leur maître ; réponse de Philippe. — Conférence d'Auxerre ; en présence des difficultés qu'il rencontre, le cardinal proroge la réunion. — Mission de Gaucourt près du duc pour l'observation des trêves. — Nouvelle conférence à Seine-Port ; le cardinal va trouver le Roi pour aplanir les difficultés. — Troisième conférence à Corbeil ; rupture définitive. — Le duc de Bourgogne craint que sa brouille avec Bedford n'amène une rupture entre les Anglais et lui ; mission de Hugues de Lannoy en Angleterre ; son entrevue avec le duc d'Orléans, qui déclare l'ami du duc. — Complot dirigé contre le duc par La Trémoille ; il est découvert ; menaces de guerre du côté de la Bourgogne, bientôt suivies de la reprise des hostilités. — Intervention du duc de Bretagne en faveur de la paix ; honteux traité conclu avec les Anglais par le duc d'Orléans, qui se porte également médiateur ; réunion projetée à Calais ; elle n'a point lieu ; le duc de Bretagne poursuit ses efforts, qui demeurent stériles. Les échecs que rencontra le duc de Bourgogne, dans la campagne de 1430-1431[1], lui furent très sensibles. Il se plaignit avec amertume aux Anglais des sacrifices d'hommes et d'argent que lui imposait une guerre où il avait eu à lutter, non seulement contre la France, mais contre les nouveaux alliés de la France, les Liégeois et l'empereur[2]. Il était, disait-il, très fort et très expressement grevé : le duché de Bourgogne et le comté de Charolais étaient exposés, sur une frontière de cent soixante lieues, aux courses et aux attaques des Français ; le Rethelois était détruit ; l'Artois ravagé ; la Picardie entamée ; les trois Châtellenies et le comté de Namur, dont le revenu était si considérable, ne produisaient rien, et lui occasionnaient au contraire des frais pour la garde des villes et forteresses. Et il fallait qu'il supportât à lui seul, à ses périls et dépens, tout le poids de la lutte ! Aucun autre seigneur ou parent du roi d'Angleterre n'en faisait autant. Autrefois, ajoutait-il, quand une guerre éclatait, le roi l'entreprenait et la conduisais à ses frais. Le duc consentait à entretenir encore, pendant deux mois, mille hommes d'armes en Picardie et mille en Bourgogne, mais il demandait que, passé ce délai, il plût au roi de faire la guerre à ses dépens. Il terminait en disant qu'il lui déplaisait fort de ce que, depuis le siège d'Orléans, les closes n'avaient pas bien marché. Mais, en fait de guerre, ce n'est pas de nouvel que les choses ne viennent pas toujours il volonté, car Dieu est par dessus, qui en fait à son plaisir et volonté[3]. Philippe ne faisait là d'ailleurs, que renouveler, avec plus de force et d'une façon en quelque sorte comminatoire, les plaintes déjà formulées dans une lettre adressée par lui au roi d'Angleterre, à la date du 4 novembre 1430[4], lettre où il allait jusqu'à prédire la chute de la domination anglaise en France, si l'on ne montrait pas plus d'énergie dans la lutte et plus d'activité à assurer les ressources financières. A cette même date, le duc avait envoyé à Henri VI deux de ses conseillers, pour insister près de son gouvernement sur la nécessité d'un changement de politique[5]. Dans les instructions données à ses ambassadeurs, le duc faisait allusion à une communication que le Pape lui avait fait transmettre par son procureur en cour de Rome[6], chargé de se rendre près de lui à cet effet : les cardinaux des Ursins et de saint Pierre ad vincula étaient désignés pour se rendre en France et y travailler à la paix générale[7]. Martin V s'était, en effet, résolu à reprendre ses desseins interrompus de 1422. Il avait écrit au duc de Bourgogne en faveur de la paix, lui faisant même un devoir de conscience d'abandonner les Anglais, s'ils s'obstinaient à vouloir poursuivre les hostilités[8]. Par lettres du V des calendes de décembre (27 novembre) 1430, il avait donné mission à Nicolas Albergati, cardinal de Sainte-Croix, de se rendre en France pour travailler à la paix[9]. Le 31 décembre, le Pape écrivait à Henri VI pour le disposer favorablement en faveur de son légat[10]. La mort de Martin V, survenue sur ces entrefaites (20 février 1431), retarda la réalisation de ce projet. Mais son successeur Eugène IV (Gabriel Condolmieri), élu le 3 mars, s'empressa de confirmer les pouvoirs donnés à Nicolas Albergati : il le fit par un bref du III des calendes de mai (29 avril) 1431[11]. Il écrivit en même temps au duc de Bourgogne pour accréditer le cardinal auprès de lui, l'exhortant vivement à accueillir favorablement ses ouvertures[12]. Il écrivit aussi à divers princes du sang, en particulier à René d'Anjou[13]. Le cardinal de Sainte-Croix se mit aussitôt à l'œuvre, s'adressant à la fois au Roi, au roi d'Angleterre et au duc de Bourgogne[14], et exhortant les princes à conclure une trêve de quatre mois et à députer près de lui leurs ambassadeurs à Nevers, au jour qu'il assignait[15]. C'était le moment où Philippe, fatigué d'une lutte qui tournait de plus en plus à son désavantage, semblait ne chercher qu'un moyen d'en sortir honorablement. Dès le mois d'octobre 1430, il avait autorisé son conseil siégeant à Dijon à négocier avec la duchesse de Bourbon la conclusion de trêves partielles, mettant à 'l'abri des attaques des Français le Mâconnais et le Charolais[16]. En décembre, il envoya Philibert Andrenet au duc de Savoie[17]. Au mois d'avril 1431, il entra en pourparlers avec Charles VII pour la conclusion, d'une trêve. Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, et Guy de Jaucourt, seigneur de Villarnoul, vinrent trouver le Roi à Chinon[18]. Ils retournèrent ensuite près du duc, et revinrent au mois de juillet ou d'août[19] : le 8 septembre suivant, un traité fut signé, stipulant une trêve de deux ans entre le Roi et le duc de Bourgogne pour les pays voisins de la Bourgogne et de la Champagne[20]. Chose digne de remarque, c'était la première fois que les deux parties négociaient directement, sans le concours d'aucun intermédiaire. Il fut convenu qu'une ambassade serait envoyée par Charles VII au duc de Bourgogne pour plus sûrement besoigner au surplus[21]. D'autres négociations s'ouvrirent à Bourg-en-Bresse, le 21 septembre 1431, entre des ambassadeurs du duc de Bourgogne et du duc de Savoie, d'une part, et de la duchesse de Bourbon, d'autre part. Elles aboutirent, à la date du 24 septembre, à la conclusion d'une trêve particulière au Bourbonnais. Le traité fut approuvé le 8 octobre par la duchesse de Bourbon et le comte de Clermont, et le 19 par le duc de Bourgogne[22]. Le comte de Clermont s'intitule dans l'acte lieutenant general du Roy ès pays de Masconnois et Lyonnais jusques à la Charité-sur-Loire. Mais, en traitant avec le duc, il avait, parait-il, outrepassé ses pouvoirs, car le Roi, par lettres patentes du 2 novembre, lui fit défense de livrer, comme il s'y était engagé, la place de Marcigny, récemment conquise sur les Bourguignons, et lui enjoignit, sur la foy, loyauté et obéissance qu'il lui devoit, et sur tant qu'il doubtoit envers lui faillir et encourir son indignation et male grace, de maintenir l'occupation de la ville et d'achever les fortifications commencées sur l'ordre du Roi[23]. C'est au milieu d'une guerre acharnée, et qui sévissait de toutes parts[24], que le cardinal de Sainte-Croix apparut de nouveau en France comme l'ange de la paix[25]. Il se mit aussitôt à l'œuvre, et commença par visiter Charles VII ; puis il se rendit près du jeune roi d'Angleterre, qui se trouvait alors à Rouen[26]. Malgré les dispositions favorables témoignées par Charles VII dans une lettre au cardinal où il s'empressait de déférer à ses désirs[27], les choses ne marchèrent pas aussi vite que l'espérait Albergati. Pourtant, le 1er octobre 1431, conformément à la pro-- messe faite à Chinon, le Roi donnait des pouvoirs à l'archevêque de Reims, à Christophe d'Harcourt et à Adam de Cambray pour aller traiter de la paix générale avec le duc de Bourgogne[28]. De son côté, Henri VI écrivait de Rouen, à la date du 6 octobre, au duc de Bourgogne, une lettre où il lui faisait connaître, en même temps que la démarche faite auprès de lui par le cardinal de Sainte-Croix, la réponse donnée par son conseil : après mûre délibération, on avait dit au cardinal que, pour reverence de Nostre Seigneur, evitation de l'effusion du sang humain, et repos, paix et transquillité du povre peuple, le roi était entièrement disposé, comme il l'avait toujours été, à tous bons, amiables, raisonnables et honnestes moyens de paix, mais qu'il ne ferait rien que par l'avis du duc de Bourgogne, sans l'assentiment duquel il ne pouvait ni ne devait traiter de paix finale avec son adversaire. Il ajoutait que le cardinal avait fait des ouvertures relativement à la conclusion d'une trêve, et qu'il y avait donné en principe son consentement. Il annonçait la venue du cardinal qui, très content et joyeux des réponses à lui faites, se rendait près du duc pour connaître ses intentions[29]. Deux mois plus tard, de Paris où il s'était rendu pour son couronnement, Henri VI écrivait au cardinal de Sainte-Croix, en réponse à une lettre qu'il avait reçue, pour l'assurer de ses dispositions favorables à la paix et lui faire savoir que, puisque le duc de Bourgogne s'y prêtait, il acceptait la tenue d'une conférence pour le ter mars suivant[30]. Enfin, le 25 décembre, le jeune roi écrivait au duc, à la réception d'une lettre du cardinal, alors malade, qu'il acceptait la date du 1er mars, et qu'il avait pour agréable le choix de Cambrai, ou tout autre auquel la partie adverse donnerait son assentiment ; il demandait au duc de désigner de notables conseillers pour se trouver avec les siens à la conférence, et y faire, disait-il, à la louange de Dieu, honneur de nous et de vous, et tranquillité du peuple chrestien tout ce qui lors sera avisé à faire en la matière[31]. Le duc de Bourgogne paraissait enfin entrer résolument et sans arrière-pensée dans la voie de la conciliation. Il reçut à la fin d'octobre la visite du cardinal de Sainte-Croix[32]. Peu soucieux de mécontenter le gouvernement anglais, il s'abstint de paraître à la cérémonie du couronnement de Henri VI (16 décembre 1431). Pendant que le jeune roi d'Angleterre était à Paris, Philippe tint à Lille, avec les ambassadeurs de Charles VII[33], une conférence qui aboutit à un traité signé le 13 décembre. Ce traité ne contenait encore que des préliminaires de paix. Nous n'avons point le texte de ces remontrances et requêtes présentées par les ambassadeurs de France relativement à la paix générale, dont parlent les lettres du 13 décembre, et auxquelles il est fait allusion dans une lettre du duc de Bourgogne à Henri VI ; les détails nous manquent sur cette conférence de Lille. Mais un résultat considérable y fut obtenu. Pour la première fois, la trêve, qui devait avoir une durée de six années, s'étendait à toutes les possessions des deux puissances[34]. Les ambassadeurs de France s'étaient même engagés, par lettres spéciales, à y comprendre d'autres villes tenant le parti du duc[35], et notamment Paris, Saint-Denis, Corbeil, Meaux et Chartres, si ces villes voulaient y être comprises[36]. En outre, pour permettre au duc de ne point violer l'engagement pris par lui avec les Anglais, lors du traité d'Amiens, on lui accorda la faculté de mettre à la disposition des ducs de Bedford et de Bretagne, et de chacun d'eux, s'il en était requis, un secours armé de cinq cents lances[37]. Les ambassadeurs avaient promis au nom du Roi que, pendant la durée de la trêve, aucun traité préjudiciable au duc ne serait conclu ou renouvelé[38]. Enfin, le Roi comprenait ses alliés dans le traité, et notamment le roi de Castille. Le 29 décembre, le duc de Bourgogne fit part au roi
d'Angleterre de ce qui avait été conclu avec les ambassadeurs de Charles VII.
Ceux-ci avaient formolé certaines propositions relatives à une paix générale,
et s'étaient montrés disposés à prendre part à des conférences avec le roi
d'Angleterre et le duc. Pour préparer les voies, le duc avait amplié les trêves conclues antérieurement, en la
forme dont le roi pourrait avoir connaissance par la copie de l'acte qu'il
lui envoyait. Laquelle chose, écrivait le
duc, j'ay faicte principalement afin de parvenir à
ycelle paix generale... et aussi pour ce que
requis en estoie et sais par les trois Estats de mes pays et par plusieurs
vos bonnes villes, et que je ne pouvois ne puis plus supporter à mes depens
la charge de la guerre, pour laquelle supporter ne m'avez aidié ne secouru
comme besoin estoit, ja soit ce que, par pluseurs fois, vous en aye fait
prier et requerir[39]. Tout paraissait disposé pour l'ouverture des conférences au temps indiqué. Les ambassadeurs du Roi, après un séjour assez prolongé à Lille', avaient rendu compte à Charles VII de leur mission, et celui-ci avait donné ses lettres de ratification du traité du 14 décembre et des clauses secrètes qui y avaient été ajoutées[40]. A la date du 2 février 1432, Henri VI avait désigné les ambassadeurs qui devaient se rendre en France pour traiter avec son adversaire[41]. Le duc de Bourgogne avait quitté Lille le 19 janvier[42] pour se rendre en Bourgogne. Mais l'état de santé du cardinal de Sainte-Croix retarda la réunion. Le cardinal, après son voyage à Lille, était tombé malade à Neufchâtel, d'où il envoya son auditeur à Henri VI ; il se remit en route vers le 14 décembre pour aller trouver le Roi[43]. Puis il rejoignit Philippe à Dijon, où, à la date du 7 avril, le duc écrivait qu'il attendait de jour en jour les ambassadeurs de son adversaire Charles de France[44]. L'archevêque de Reims, chancelier de France, et le premier chambellan La Trémoille étaient, en effet, partis de Chinon dans les premiers jours d'avril, à la tête d'une notable ambassade ; ils s'avançaient avec prudence, craignant d'être attaqués en route, et arrivèrent à Dijon le jeudi-saint (17 avril)[45]. Le 8 mai, le duc donnait ses lettres de commission aux ambassadeurs qui devaient le représenter à la journée, fixée d'un commun accord au 8 juillet, à Auxerre. C'étaient les évêques de Langres et de Nevers, le chancelier Rolin, le prince d'Arlay, le maréchal de Bourgogne et d'autres notables conseillers, au nombre de treize[46]. Les instructions, signées le même jour, attestent la circonspection et l'extrême réserve avec lesquelles le duc s'engageait dans ces négociations. Les ambassadeurs bourguignons devaient conserver une attitude d'expectative, et ne rien conclure sans la participation des représentants du roi d'Angleterre[47]. Le seul fait de la réunion tenue à Dijon avait une importance considérable. L'archevêque de Lyon, écrivant le 28 avril à l'évêque de Lausanne au sujet de l'affaire du Concile, regardait la paix comme faite[48]. Le chancelier, dans une lettre écrite de Dijon à son chapitre de Reims, exprimait l'espoir d'aboutir à un heureux résultat[49]. A la date du 10 mai, le Concile avait adressé aux princes chrétiens, et spécialement à ceux qui étaient en lutte en France, un suprême appel pour la paix[50]. Mais ces efforts et ces espérances ne devaient point produire les fruits attendus : on était loin d'arriver au terme. Le duc de Bourgogne donna avis au chancelier anglais Louis de Luxembourg et au Conseil de Henri VI à Paris de ce qui avait été fait à Dijon[51]. Le cardinal de Sainte-Croix écrivit, de son côté, au régent Bedford[52]. Le Conseil de Paris ne voulut prendre aucun parti sans en avoir référé au Conseil d'Angleterre. Toutefois, il fit savoir secrètement au duc, par un message verbal, que le gouvernement anglais se ferait représenter à la conférence d'Auxerre. Le duc se hâta d'en informer son chancelier, à la date du 16 juin, en lui recommandant la discrétion la plus absolue, et en lui disant que, si l'on ne pouvait arriver à une paix générale, il fallait au moins conclure une Crève d'une longue durée, et qu'il eût à s'y employer de tout son pouvoir[53]. En attendant l'ouverture de la conférence, les conseillers de Philippe le Bon s'étaient installés à Semur, où ils séjournèrent à partir du 4 juillet[54]. Les ambassadeurs du Roi arrivèrent dans cette ville le 30 juillet[55], et y restèrent jusqu'au 6 août[56]. Le cardinal de Sainte-Croix, retenu de nouveau à Pouilly par la maladie, au moment où il se rendait à Auxerre, avait fini par rejoindre les représentants des deux parties ; mais les ambassadeurs anglais n'étaient point arrivés[57]. On tint pourtant, en attendant la réunion officielle, définitivement fixée au 31 octobre, une conférence préliminaire. Le cardinal, après avoir entendu les députés des parties[58], n'hésita pas à déclarer que, si le roi d'Angleterre ou le régent Bedford ne se faisaient pas représenter à Auxerre, on pouvait et l'on devait même, en l'absence des Anglais, procéder à une paix particulière entre Charles VII et le duc de Bourgogne. Le chancelier Rolin et les autres ambassadeurs du duc se récrièrent vivement, disant qu'ils n'avaient aucuns pouvoirs à cet égard, et qu'ils devaient se borner à transmettre cette opinion au duc pour qu'il donnât son avis avant la journée. Le cardinal reprit qu'il ne proposait pas un appointement, mais qu'il lui avait paru utile de faire cette déclaration, et qu'il se proposait même d'en écrire très nettement au roi d'Angleterre et au régent[59]. Des entretiens privés eurent lieu à Semur entre les ambassadeurs français et bourguignons. Les premiers furent sondés sur les intentions du Roi relativement à la paix générale ; ils laissèrent entendre qu'il n'était disposé à faire aux Anglais aucune cession territoriale. Après ces échangés de communications, les représentants du duc demeurèrent convaincus que le Roi ne désirait pas la paix avec l'Angleterre, et qu'il n'enverrait un sauf-conduit aux ambassadeurs que par égard pour le duc, dans un vague désir de conciliation, mais sans avoir l'intention d'en venir à des résolutions pratiques. Les ambassadeurs français avaient insisté sur l'impossibilité de faire la paix avec l'Angleterre, disant qu'ils savaient bien que, s'il advenait que Henri VI se fit représenter à la journée d'Auxerre, les dissentiments entre le Roi et le duc s'accentueraient encore davantage, car il serait question du traité de Troyes et de la mort du duc Jean à Montereau, ce qui amènerait inévitablement les ambassadeurs français à parler de la mort du duc d'Orléans et à dire des choses qui pourraient être désagréables au duc. — Quant aux prétentions du duc de Bourgogne, elles furent formulées discrètement par ses ambassadeurs : il voulait avoir la Champagne. Mais, au premier mot qui fut prononcé relativement à un abandon éventuel de cette province, les ambassadeurs français déclarèrent qu'il n'y fallait point songer et que les États du royaume n'y consentiraient jamais[60]. La tendance du cardinal de Sainte-Croix à conclure au besoin une paix séparée ; les dispositions de Charles VII, révélées par ses ambassadeurs, donnèrent à penser aux ambassadeurs bourguignons. Ils venaient de voir un certain nombre de seigneurs du parti de leur maître, et des plus puissants, comme le prince d'Orange, traiter séparément avec le Roi[61], et ils craignaient que ce mouvement ne se généralisât. Ils constataient en outre que les frontières bourguignonnes étaient très exposées, et livrées chaque jour, malgré la trêve, à plus forte guerre ; ils redoutaient enfin une prise d'armes générale, dont le bruit s'était répandu. Bref, ne sachant que juger et dire, mais prévoyant plus de mal que de bien du côté des Français, qui, la chose leur semblait évidente, voulaient, par telles manières et voyes obliques, contraindre le duc à faire la paix avec eux à leur plaisir, les ambassadeurs bourguignons se décidèrent à en référer à leur maître. Dans un mémoire remis à un serviteur du chancelier Rolin,
ils lui exposèrent le résultat des conférences de Semur et les craintes que
leur avaient suggérées les entretiens qu'ils avaient eus, soit avec le
cardinal, soit avec les ambassadeurs français. Il n'est point douteux,
disaient-ils, que le cardinal veut entraîner le duc à conclure une paix
séparée. Or, quoiqu'il soit un très bon preudhomme
et notable seigneur, et de très bonne vie ; bien qu'il fasse preuve
d'une très grande affection à l'égard du duc, plusieurs pensent qu'il est
plus favorable au parti du Dauphin qu'à celui
du roi et du duc. Quant aux ambassadeurs de
France, on sait désormais à quoi s'en tenir sur leurs dispositions. Aussi,
avant d'aller plus loin, il convient que le duc se prononce sur l'attitude
qu'il lui plaît que prennent ses envoyés, relativement à la proposition de
paix particulière qui sera faite, et qu'il envoie à Auxerre de notables clercs
et chevaliers de ses pays de Flandre et d'Artois, munis de bonne et souffisante instruction quant aux termes et manières qu'il veut que l'on tienne en son
nom, tant au sujet de la paix particulière et de ce qui en découle que de la
paix générale, da fait des trêves et des autres questions qui pourront être
soulevées. Si le duc ne se rend pas à ce vœu, qu'il mande au moins à ses
ambassadeurs, par escripture de sa propre main,
ce qu'ils auront à faire, spécialement en ce qui concerne la. Champagne et la
mort du duc d'Orléans, si l'on en parle ; car sans cela ils seraient obligés
de rester dans les termes des instructions données par lui avant son départ
de Bourgogne, et dont ils lui envoient le double. Il faut que le duc sache bien que le cardinal entend qu'à la conférence d'Auxerre ses ambassadeurs devront être prêts à traiter, soit de la paix générale, soit de la paix particulière. Le cardinal est persuadé qu'ils ont dès à présent pouvoir d'agir ainsi ; il a rappelé, à plusieurs reprises, que, lors de son séjour à Dijon, le duc lui avait déclaré que, dans le cas où le roi (Henri VI) ne voudrait pas se faire représenter à Auxerre, il y enverrait néanmoins ses gens. Le cardinal compte que ce sera pour travailler dans ce sens. Il importe donc que le duc fasse bien connaître ses intentions à ses ambassadeurs et leur trace en toutes choses la marche à suivre. Il faut aussi que le duc indique, pour le cas où les ennemis ne feraient pas ce qui a été réglé par le cardinal et en particulier ne donneraient pas le sauf-conduit demandé pour les gens du roi — rendant par là impossible la tenue de la journée d'Auxerre, — ce qu'il lui plaira qu'on fasse, et quelles requêtes on devra présenter en son nom au cardinal : soit pour ne point abandonner la matière, soit pour la remettre à une autre journée, à Bâle ou ailleurs, en requérant lettres testimoniales des diligences et devoirs faits en cette partie de la part du duc. Les ambassadeurs insistaient ensuite près de leur maitre sur la nécessité de pourvoir à la défense de ses pays, ravagés par l'ennemi, malgré les trêves, et comme abandonnés ; car si le duc se décide à venir lui-même en armes pour châtier ceux qui détruisent ses terres, non-seulement sa présence fera justice des pillards, mais elle ne pourra que favoriser le résultat de la journée d'Auxerre ; et si l'on aboutit à un échec, ou sera prêt du moins à résister aux ennemis qui, en cas de rupture, doivent, dit-on, envahir le pays du duc avec toutes leurs forces. La réponse que fit le duc à ses ambassadeurs n'était point de nature à rendre leur tâche facile. Le duc pensait que l'on devait tendre à la paix générale par toutes voies et manières raisonnables, conformément à cc qui avait été décidé à Dijon eu présence des ambassadeurs du Dauphin et à ce qui avait été convenu avec le cardinal. On devait tenir la main, par toutes voies et manières, à ce que les gens du Roy et de monseigneur le Regent aient sauf-conduit du Dauphin. S'il était parlé de la more du duc d'Orléans, on dirait que ce qui concerne cet événement a été réglé jadis par des traités solennels, et si l'on insistait, on répondrait, autant qu'on le pourrait, à l'honneur et decharge de Monseigneur (le duc) et de sa partie. Si les ennemis ne voulaient pas donner de sauf-conduit ni traiter de paix générale, il semblait au duc que l'on ne devait pas abandonner la matière, mais la remettre à une autre journée, soit à Bâle, soit ailleurs, au gré du cardinal. Il semblait également au duc qu'il était expédient de prendre du cardinal des lettres testimoniales des diligences faites de son côté, et du demené de toute la matière, autant qu'on le pourrait, à son honneur et décharge. Et par ainsi, concluait le duc, mondit seigneur n'est point deliberé et ne luy semble point faisable de se bouter pour le present en termes nouveaux de paix particulière, mais toujours tenir la main à paix generale pour le plus expedient, sans autre deliberation[62]. Il n'était point inutile d'analyser ces documents : ils nous font bien connaître les secrètes dispositions de Philippe, et ils expliquent l'insuccès des conférences d'Auxerre. Le cardinal de Sainte-Croix, qui avait profité de l'intervalle entre la réunion de Semur et celle d'Auxerre pour aller conférer avec le régent Bedford[63], arriva au jour fixé. Il trouva à Auxerre les ambassadeurs du duc de Bourgogne et ceux du roi d'Angleterre. Les envoyés du duc de Bretagne arrivèrent à leur tour[64]. On attendit vainement pendant plusieurs semaines les ambassadeurs de France, qui parurent seulement le 27 novembre, donnant d'ailleurs, parait-il, de plausibles excuses pour un retard si prolongé[65]. On se mit aussitôt à l'œuvre. Mais les difficultés ne tardèrent pas à surgir, et les choses prirent une tournure qui montra combien étaient illusoires les espérances qu'on avait pu concevoir. Comme le remarque judicieusement le héraut Berry, chacune des parties voulait, à tort ou à raison, avoir le royaume, et un chascun se vouloit dire Roy de France[66]. Sur l'initiative des ambassadeurs anglais, il fut d'abord question de trêves générales ; mais les ambassadeurs de France ne voulurent entamer aucune négociation sur ce terrain, disant qu'un semblable traité serait de nul effet, et que d'ailleurs il leur serait impossible de le faire observer[67]. Ils demandèrent qu'avant toute chose les princes captifs en Angleterre fussent conduits en France, en un lieu où ils pussent prendre part aux négociations. Les ambassadeurs de Bourgogne et d'Angleterre convinrent que la demande était assez raisonnable, bien qu'à leur avis elle eût dû être formulée plus tôt ; mais les derniers déclarèrent n'avoir aucune instruction à cet égard et se trouver dans l'obligation d'en référer à leur maître. Cet incident décida le cardinal de Sainte-Croix à proroger la conférence au 21 mars suivant, en un lieu situé entre Corbeil et Melun, si les parties y consentaient[68]. Pendant le cours de ces négociations, le sire de Gaucourt avait été chargé d'une mission spéciale, en vue d'assurer l'exécution des trêves. Par lettres du 3 octobre 1432, adressées à certaines villes, et aux seigneurs d'Offemont, de Noyelle, de Ligny et de Crèvecœur, le duc de Bourgogne ordonna de prendre jour et lieu pour traiter avec le sire de Gaucourt[69]. Nous n'avons pas de détails circonstanciés sur la mission remplie par Gaucourt[70]. Nous savons seulement qu'elle aboutit à une conférence, tenue en mars et avril 1433, entre l'envoyé du Roi et les représentants du duc de Bourgogne, au nombre desquels étaient Philippe Maugard et le comte de Ligny. On y discuta la réformation des abstinences prises entre le duc et ses adversaires[71]. La nouvelle conférence assignée aux députés des parties par le cardinal de Sainte-Croix, se tint, au jour fixé[72], à Seine-Port, petit village inhabitable, paraît-il, sauf pour des plénipotentiaires[73]. Là les ambassadeurs français[74] déclarèrent aussitôt qu'ils ne pouvaient procéder plus avant si les princes captifs n'étaient amenés en France, dans les environs de Rouen. A cette déclaration, les ambassadeurs anglais n'opposèrent pas un refus absolu, mais ils demandèrent qu'on choisît pour lieu de réunion la ville de Calais, où le cardinal et les ambassadeurs de France, munis de sauf-conduits, pourraient se rendre et communiquer avec les princes ; ils firent même savoir que, dans ce but, on avait déjà fait conduire les princes à Douvres. Les ambassadeurs de France se bornèrent à dire qu'ils en référeraient à leur maître, qui ferait connaître ses intentions à cet égard. Le cardinal, fort découragé, dut mettre un terme à la conférence. Mais il annonça qu'il allait se rendre près de Charles VII, afin de sortir des inextricables difficultés auxquelles on s'était heurté[75]. Le duc de Bedford, qui paraissait favorable à la paix, vint à Corbeil, pendant la tenue de la conférence, rendre visite au cardinal[76]. Le cardinal fit un assez long séjour à la Cour, où il fut accueilli par le Roi avec empressement. Il finit par obtenir son adhésion à l'arrangement proposé par les Anglais ; le Roi consentit en même temps à ce qu'une trêve de quatre mois leur fut offerte[77]. Une nouvelle conférence fut tenue à Corbeil, au mois de juillet 1433. Le cardinal présenta au chancelier anglais (Louis de Luxembourg) le traité préparé par lui, d'accord avec le chancelier de France et les autres conseillers de Charles VII qui l'accompagnaient. Tout semblait disposé en vue d'un accord, puisque le Roi avait accepté les propositions des Anglais, et l'on s'attendait à voir Luxembourg revêtir l'acte de la signature et du sceau lui donnant force de loi. Mais, on ne sait sous quel prétexte, le chancelier s'y refusa obstinément[78]. La conférence fut définitivement rompue. Le chancelier Regnault de Chartres témoigna vivement son mécontentement, et partit moult dolent. Le chancelier anglais retourna à ses expéditions militaires[79]. Quant au cardinal, renonçant définitivement à la mission qu'il avait vainement poursuivie[80], il ne tarda pas à prendre la route de Baie, où il arriva le 10 septembre[81]. Cependant les relations devenaient de plus en plus tendues entre le duc de Bourgogne et le gouvernement anglais. Dans l'entourage de Henri VI, on avait été profondément froissé de ce que, pendant le séjour du jeune roi en France, Philippe se fût abstenu de venir à son couronnement, et n'eût même point paru à sa cour[82]. La mort d'Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford, qui était le trait d'union entre son frère et son mari, survenue sur ces entrefaites[83], porta un coup décisif à l'amitié des deux princes. On se rappelle le rôle actif qu'avait joué la duchesse dans les négociations de 1429 : si Philippe ne s'était point alors rapproché de la France, c'est peut-être sa sœur qu'il faut en rendre responsable. Un autre incident vint envenimer la situation. Moins de cinq mois après la mort de sa femme, le duc de Bedford ne craignit pas de contracter une nouvelle alliance — sans même en faire part à son beau-frère — avec une vassale de celui-ci, Jacqueline de Luxembourg, nièce du chancelier anglais, jeune fille de dix-sept ans, frisque, belle et gracieuse[84]. Cette grave offense changea en une véritable brouille la froideur qui existait entre les deux princes. C'est en vain que le cardinal de Winchester essaya de les réconcilier à Saint-Orner (fin de mai 1433), dans une entrevue qui ne put aboutir par suite de l'obstination de chacun à ne point faire le premier pas[85]. Bedford se rendait à ce moment en Angleterre. Philippe n'était pas sans inquiétude sur les suites de cette querelle et sur l'attitude des Anglais. Il fit partir un de ses diplomates les plus consommés, Hugues de Lannoy, seigneur de Santes, avec mission de s'assurer des dispositions de la cour de Westminster, et de travailler à rétablir l'entente avec le gouvernement anglais[86]. La lettre de créance donnée par le duc à son ambassadeur, et au trésorier de Boulonnais qui l'accompagnait, porte la date du 15 juin 1433[87]. Hugues de Lannoy fut d'abord — c'est lui-même qui le constate[88] — assez cruement reçu. Le mécontentement était général, en Angleterre, à l'égard du duc. L'ambassadeur n'était chargé que d'une mission verbale : on le força de rédiger sa créance et de la remettre par écrit, ce qu'il fit, malgré toute sa répugnance. Mais Lannoy déploya tant de tact et d'habileté, qu'il parvint à dissiper en partie la fâcheuse impression qui régnait à la Cour, et à faire entrer dans les vues de son maître certains des membres les plus influents du Conseil. Il fit en particulier des ouvertures relativement à une alliance avec le duc de Bretagne et avec le comte de Richemont, dont, assura-t-il, le roi d'Angleterre se pourrait aider ; il parla de l'importance qu'il y avait pour Henri VI à obtenir l'amitié du duc de Savoie. Enfin il insista sur la nécessité de s'assurer le concours de puissants seigneurs du royaume et des pays environnants, au moyen de dons en terres ou en argent. Il était un point qui préoccupait justement le duc, et que
Lannoy avait charge d'éclaircir : les Anglais n'avaient-ils point entamé une
négociation séparée avec la France ? Après avoir refusé de traiter sans leur
participation, le duc n'allait-il point voir leur alliance se changer en hostilité,
par suite d'un accord conclu avec Charles VII ? L'ambassadeur ne tarda pas à
se convaincre que son maître n'avait rien à craindre sous ce rapport : les
Anglais n'avaient fait et ne feraient aucun traité préjudiciable au duc et à
ses pays ; il avait bien été question d'un mariage entre leur roi et la fille
du Dauphin ; mais rien ne paraissait encore
conclu, et l'on ne devait donner suite à ce projet que dans l'hypothèse d'une
paix générale ; le duc pouvait au contraire être assuré que les Anglais étaient
toujours très désireux de maintenir avec lui leur alliance. Lannoy avait eu soin de laisser entendre que ni lui ni son compagnon ne retournaient directement vers leur maître : n'ayant pas de réponse officielle à transmettre, il se donnait ainsi plus de latitude et pouvait travailler plus efficacement à la reprise des bons rapports entre le gouvernement anglais et le duc. On ne tarda pas à lui annoncer que le roi d'Angleterre se proposait d'écrire directement au duc de Bourgogne, et que, tout en remettant à Lannoy copie de la réponse à lui faite sur ce qu'il avait exposé, on enverrait au duc une notable ambassade, aussitôt que la réunion du Parlement aurait permis de prendre un parti relativement aux questions agitées. La mission de Hugues de Lannoy ne se bornait pas à cc que nous venons d'indiquer. Le duc de Bourgogne n'ignorait pas que le gouvernement anglais voulait se servir des princes prisonniers pour travailler à la paix[89]. Il était essentiel de sonder les dispositions du duc d'Orléans, qui devait prendre l'initiative à cet égard, et d'entrer en relations avec ce prince. Lannoy eut l'heureuse chance de se rencontrer avec lui chez le comte de Suffolk. Le duc lui prit affectueusement les mains, et lui demanda des nouvelles de son cousin de Bourgogne. L'ambassadeur répondit que son maître se recommandait à lui, et était fort désireux de savoir de ses nouvelles. — Je suis, répondit le duc, en bon point. de corps, mais en desplaisance de ce que j'use le meilleur de mon âge en prison. — Mais, au plaisir de Dieu, dit Lannoy, on en pourra bien sortir, et par bonne manière. Car si, par votre bon moyen, Dieu vous donne la grâce que la paix des deux royaumes puisse être traitée, et que vous parveniez à faire paix générale entre les royaumes et les princes, vous n'aurez pas à vous plaindre des peines et des dangers que vous aurez supportés. — Voici beau cousin de Suffolk, reprit le duc, qui sait comment, devers le roi d'Angleterre et les seigneurs de son conseil, je me suis toujours offert de m'y employer, et je m'y offre encore. Mais je suis comme une épée enfermée dans un fourreau, et dont on ne peut se servir que si on l'en tire ; et j'ai toujours dit et je répète que je ne puis utilement travailler si je ne parle à certains de mes amis de France, au moyen desquels je pourrais arriver à conduire l'affaire. Car je crois avoir des seigneurs, et des plus grands, autour monseigneur le Roi de France et ceux qui tiennent son parti, lesquels agiraient volontiers et efficacement, par mon conseil, en faveur de la paix générale. Et, par la foi de mon corps, je désire tant cette paix que je voudrais être cause et moyen de l'avoir faite, de façon à ce qu'elle se dût bien entretenir, quand même, sept jours après son accomplissement, je devrais recevoir la mort. Et j'ose bien dire devant vous, beau cousin de Suffolk, que mon beau cousin de Bourgogne et mon beau cousin de Bretagne y peuvent plus, après les parties principales, que prince qui vive. Lannoy protesta que son maitre désirait la paix autant que chose qui fût en ce monde, et qu'il y travaillerait de tout son pouvoir. Suffolk intervint alors : Monseigneur, dit-il au duc, ne vous ai je pas toujours dit que monseigneur de Bourgogne est bien disposé à la paix ? — De cela, je ne fais nul doute, répondit le duc, car je sais bien que ni lui ni moi ne sommes cause des maux advenus au royaume de France. Et, ajouta-t-il en se tournant vers Lannoy, dont il serra la main et pinça le bras d'une façon significative, de ce vous ai-je autrefois parlé, messire Hue, et croyez que je suis encore dans le même propos. Après cette apostrophe le duc reprit : Je voudrais que le roi d'Angleterre voulût m'employer à cette affaire, en se tenant sûr de ma personne, car je ne désire point tant traiter de ma délivrance que procurer la paix ; et j'ose bien dire tout haut que j'y pourrais être aussi grand moyen et plus que homme qui vive. A quoi Suffolk fit observer que c'était bien là le désir du roi, car il venait encore de donner des sauf-conduits à des gens du duc pour qu'ils pussent se rendre auprès de lui. Avant que Lannoy se retirât, le duc d'Orléans l'entretint encore de son maître. En vérité, dit Lannoy dans sa relation, il ne se pouvoit appaisier de en parler. Le duc exprima le regret de n'avoir pu jusque là s'entretenir avec l'ambassadeur, et lui recommanda de revenir le voir[90]. Mais les Anglais veillaient sur leur prisonnier avec un soin jaloux : Lannoy ne put que saluer le duc avant de partir. Le duc aurait voulu écrire à son cousin de Bourgogne ; on ne le lui permit pas. Il paraissait ressentir pour Philippe une véritable affection : un barbier du comte de Suffolk, sujet bourguignon, dit aux ambassadeurs, en leur offrant ses services près du duc d'Orléans, que ce prince professait la plus grande amitié pour le duc de Bourgogne, dont il lui avait entendu dire tant de bien que merveilles. Le duc de Bourgogne pouvait être rassuré : le fils de la victime de Jean sans peur était le premier à lui faire des avances et à solliciter son amitié ; il n'avait donc point à se préoccuper des négociations qui semblaient devoir s'ouvrir prochainement, sous les auspices du duc d'Orléans, et au sujet desquelles le comte de Suffolk avait chargé Lannoy de manifester à son maître les plus grandes espérances, en lui faisant demander d'y prendre part. Mais si le duc n'avait, malgré les incidents survenus, rien à craindre du côté de l'Angleterre, il n'en était pas de même du côté de la France. Il faut ici revenir un peu en arrière, pour parler d'une intrigue de La Trémoille dont il n'a été fait plus haut qu'une brève mention[91]. Au moment même où les négociations étaient reprises avec le duc, et où La Trémoille venait, en qualité d'ambassadeur, accompagné du chancelier Regnault de Chartres et d'autres conseillers du Roi, traiter à Dijon avec Philippe, un complot était ourdi contre ce prince, et c'est le grand chambellan qui en tenait les fils. Dans un conseil secret tenu à Amboise au commencement de septembre 1432, et où La Trémoille réunit autour de lui Regnault de Chartres, Christophe d'Harcourt et Guillaume Le Breton, archidiacre de Provins, l'entreprise fut résolue. Il ne s'agissait de rien moins que d'ouvrir aux Français les portes de Dijon. L'occupation de cette ville devait être le signal d'une prise d'armes générale contre le duc. Le chancelier Rolin, enlevé de vive force, serait remis aux mains de La Trémoille. Il était même question de s'emparer de la personne du duc. La Trémoille avait osé, parait-il, faire à cet égard des ouvertures au bâtard d'Orléans, qui avait rejeté bien loin pareille proposition[92]. Rien n'égalait d'ailleurs son animosité contre le duc de Bourgogne : Le duc, avait-il dit, à Amboise, au héraut Guyenne, en présence de l'archevêque de Reims et de Christophe d'Harcourt, le duc garde ses alliances avec les Anglais. Quand il parle de Monseigneur le Roi, il l'appelle : notre adversaire Charles de Valois ! Ses gens ne respectent pas les trêves ! Eh bien ! nous aussi nous lui ferons la guerre. Huit cents Français étaient réunis à Mussy et préparaient des échelles pour pénétrer dans Dijon, quand le complot fut découvert : le 2 octobre 1432 on se saisit de la personne du héraut Guyenne, agent de La Trémoille, et on le mit à la torture[93]. Il est difficile d'accepter comme avérés tous les faits qui sont consignés dans les dépositions du héraut. Pourtant, si l'on rapproche de ses aveux la déposition de Guillaume de Rochefort, arrêté sur l'ordre du chancelier de Bourgogne et interrogé à Dijon au mois d'avril 1433[94], on ne peut mettre en doute la réalité du complot. Ce qu'il y avait de grave pour le duc-dans ces révélations, ce n'était pas l'odieux dessein de La Trémoille, — Philippe devait être édifié depuis longtemps sur la politique dont le grand chambellan de Charles VII avait fait l'apprentissage à l'école de Jean sans peur, — c'était la participation à cette ténébreuse intrigue de plusieurs seigneurs bourguignons, et en particulier de Guillaume de Rochefort et de Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, tous deux chevaliers de cet ordre de la Toison d'Or qui venait d'être institué[95]. Et l'incident se produisait au moment où le prince d'Orange se faisait français, où le seigneur de Chasteauvillain était à la veille de se rallier à Charles VII, où les seigneurs bourguignons favorables à la cause royale se remuaient de tous côtés et ne craignaient pas de dire publiquement que la paix ne se ferait pas. Le conseil du duc à Dijon vit aussitôt le danger. Sans plus s'inquiéter des trêves que si elles n'existaient pas, sans se soucier des négociations qui allaient s'ouvrir à Auxerre, il se prépara à la guerre. Dès le 22 novembre 1432, Charles VII était informé que les Bourguignons voulaient faire une tentative sur Troyes, et mettait les habitants en garde contre l'attaque dont ils étaient menacés[96]. On n'attendit même pas l'issue des conférences poursuivies sous les auspices du cardinal de Sainte-Croix : les hostilités reprirent, au mois de janvier 1433, en Bourgogne et en Champagne, avec plus de violence que jamais. Le duc Philippe ne tarda pas à prendre une part personnelle à la lutte. Après avoir tenu, au mois de juin, un conseil de guerre à Arras, il s'avança vers la Bourgogne et prit la direction des opérations militaires[97]. Sur ces entrefaites surgit, en faveur de la paix, un nouveau médiateur. Le duc de Bretagne prit l'initiative de démarches auprès du roi d'Angleterre. On a vu que des ambassadeurs bretons avaient figuré à la conférence d'Auxerre, et que, lors de son voyage en Angleterre, au mois de juillet 1433, Hugues de Lannoy avait trouvé à Londres des envoyés du duc de Bretagne[98]. Ces ambassadeurs, qui avaient pour mission principale de demander réparation des infractions aux trêves entre la Bretagne et l'Angleterre[99], étaient aussi chargés de ménager la reprise des négociations pour la paix. Ils devaient trouver la cour d'Angleterre favorablement disposée à accueillir ces ouvertures, car, dès le mois précédent, sur le désir exprimé par les ambassadeurs français au cours des conférences présidées par le cardinal de Sainte-Croix, le Conseil anglais avait envoyé à Calais les ducs de Bedford et de Glocester, le cardinal de Winchester, le chancelier et un grand nombre de prélats, comtes, barons et autres membres du Conseil, et il avait fait conduire les ducs d'Orléans et de Bourbon à Douvres pour qu'ils pussent prendre la mer au premier signal[100]. Le 14 août, pendant le séjour des ambassadeurs bretons en Angleterre[101], le duc d'Orléans signait avec Henri VI un traité secret par lequel les arrangements suivants étaient pris : une convention serait tenue, soit à Calais, soit dans un autre lieu, de préférence en Normandie, vers le 15 octobre prochain, et le roi d'Angleterre y enverrait ses ambassadeurs. Le duc d'Orléans y convoquerait la reine de Sicile et son fils, le duc de Bretagne et ses frères, le duc d'Alençon, les comtes d'Armagnac, de Foix et de Pardiac, Charles de Bourbon, l'archevêque de Reims (ou d'Embrun), et l'évêque de Beauvais. Le duc déclarait qu'il était assuré qu'on arriverait à une entente, si provision notable et honnête était faite à celui qu'il ne craignait pas d'appeler le Dauphin. Dans le cas où la paix ne serait pas conclue dans le délai d'un an, le duc s'engageait à revenir en Angleterre. Là il serait mis en liberté, moyennant qu'il fit hommage au prince que déjà il nommait son seigneur Henri, roi de France et d'Angleterre ; il s'engageait en outre, si la paix n'était pas faite : 1° à reconnaître ce roi, toutes et quantes fois qu'il en serait requis par lui, comme vrai roi de France et d'Angleterre, à lui faire hommage lige comme au vrai roi de France, et à être, à ce titre, homme lige et fidèle sujet de lui et de ses héritiers ; 2° à le faire reconnaître par tous ses sujets et à ne rien tenir dans le royaume que de lui ; 3° à lui procurer l'adhésion, aux mêmes conditions, du duc d'Alençon, des comtes d'Armagnac et de Pardiac, du comte d'Angoulême et de tous ses amis ; 4° à lui procurer l'alliance de ses amis du dehors, tels que les ducs de Milan et de Savoie et le marquis de Ferrare ; 5° à remettre entre ses mains les villes d'Orléans et de Blois, et toutes celles qu'il posséderait au moment de sa libération ; 6° à procurer la remise entre ses mains et la soumission des places suivantes : La Rochelle, le Mont Saint-Michel, Limoges, Saintes, Bourges, Chinon, Poitiers, Tournai, Tours, Béziers et Loches, en s'y employant par tous les moyens possibles[102]. Telles étaient les offres que le premier prince du sang, l'héritier de la couronne en cas d'extinction de la branche aînée, ne craignait pas de faire au roi d'Angleterre, avec une libéralité qui ne lui coûtait qu'une chose : la perte de son honneur ! Le lendemain de la signature de ce traité, le roi d'Angleterre donnait des lettres patentes par lesquelles, considérant que le Dalphin de Viennoys, son adversaire, avait, par l'organe du cardinal de Sainte-Croix, manifesté autrefois le désir que les princes prisonniers en Angleterre fussent conduits en France pour qu'on pût, de concert avec eux, négocier la paix, il déclarait consentir à ce qu'une journée fût tenue à Calais, le 15 octobre prochain, où il enverrait ses représentants, en compagnie du duc d'Orléans, pour y conférer avec les parents et amis que le duc d'Orléans y manderait et avec les gens du conseil du Dauphin, et donnait des sauf-conduits pour rendre dans cette ville[103]. Ces dispositions prises, le duc d'Orléans fit des démarches auprès de la cour de France, et se prépara à prendre le chemin de Calais. Le duc de Bourgogne avait été informé du projet de conférence par le roi d'Angleterre[104], qui avait chargé les ambassadeurs du duc de Bretagne de lui en faire part[105]. Mais cet appel ne fut point entendu : le 31 octobre, le lieutenant de Henri VI à Calais écrivait au prévôt de Saint-Omer pie personne n'était encore arrivé, et qu'il était vaguement question d'une conférence pour Noël. Le duc de Bourgogne avait pourtant désigné des ambassadeurs[106]. Le cardinal de Winchester, les comtes de Warwick et de Suffolk s'étaient rendus à Calais en vue de la réunion projetée ; ils attendirent vainement les ambassadeurs de Charles VII : le duc d'Orléans en fut pour ses frais... et pour ses serments[107]. Le duc de Bretagne avait pourtant pris sa mission au sérieux, et ne semblait-pas disposé à y renoncer. Il avait reçu de Charles VII une ambassade, à la tête de laquelle était le comte de Vendôme, chargée de lui faire connaître les dispositions favorables du Roi à l'égard d'une paix générale. Le duc demanda au comte de solliciter le Roi de lui faire savoir quelles bases il entendait donner aux négociations, et quelles sûretés il comptait offrir pour la paix. Il envoya des ambassadeurs au duc de Bourgogne pour lui faire part de son intervention[108]. Nous avons le texte des instructions données à ces ambassadeurs[109]. Le document est bref : le duc de Bretagne se borne à notifier ses démarches à Philippe ; il lui demande, conformément à la bonne amour et alliance existant entre eux, d'adhérer à ce qui serait fait pour la paix ; si Philippe est requis de s'en occuper par d'autres moyens, le duc le prie de le lui faire savoir, et de ne rien conclure en dehors de lui. Le duc de Bretagne avait sans cesse les yeux tournés vers Calais : il ne pouvait se persuader que la conférence proposée par le duc d'Orléans ne se tiendrait pas. Quand il vit que personne n'avait pris ce projet au sérieux, il envoya en Angleterre, d'abord un poursuivant[110], puis une première ambassade[111], puis une seconde[112]. On a la réponse qui fut faite à celle-ci le 20 juin 1434[113]. Le gouvernement anglais faisait savoir au duc que d'autres négociations étaient entamées sous les auspices du concile de Bale, et le priait d'envoyer des ambassadeurs à Bâle pour suivre ces négociations, de concert avec les représentants du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne. C'est donc vers Bâle que doivent maintenant se tourner nos regards. Mais, avant d'entrer dans l'exposé des faits, il faut montrer quelles furent les origines du Concile, exposer les phases diverses qu'il traversa, faire connaître l'attitude prise par Charles VII, soit à l'égard du Pape, soit à l'égard des pères de Bale ; il faut parler enfin des relations que Charles VII entretint avec les diverses puissances durant la période qui précéda le traité d'Arras. |
[1] Voir plus haut, chapitre premier.
[2] Guillaume Fillastre, Histoire de la Toison d'or, ms. fr. 2621, f. 109.
[3] Instructions pour Quentin Menard et Christian Hautain, envoyés en Angleterre, eu date du 17 avril 1431. Original, archives de la Côte-d'Or, B 11898 ; édité Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXXV. Ils partirent de Hesdin le 20 avril et revinrent le 14 mai. Archives du Nord, B 1942, f. 131 v° et 132.
[4] Cette lettre a été publiée par M. Stevenson, dans son précieux recueil, t. II, p. 156 et s.
[5] Instructions du 4 novembre 1430 à Bauffremont et Tressy (Thoisy). Id., ibid., p. 164 et s.
[6] Robert Ancien, conseiller du duc de Bourgogne et son procureur en cour de Rome.
[7] Stevenson, t. II, p. 176. Ce qui arrêtait, c'était la question d'argent. Le pape avait décidé que chacune des parties paierait les frais de l'un des cardinaux. Le duc soumettait au roi d'Angleterre cette question.
[8] Voir le texte dans Raynaldi, année 1430, § IV.
[9] Sigonius, Vita Nic. Albergati, ap. Bollandistes, vol. II de mai, p. 484.
[10] Sigonius, Vita Nic. Albergati, ap. Bollandistes, vol. II de mai, p. 484.
[11] Raynaldi, année 1431, § XIX.
[12] Original, Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXXVII (II des calendes de mai).
[13] Sigonius, ap. Bollandistes, vol. II de mai, p. 486.
[14] C'est ce que dit Sigonius, et ce qui ressort des documents, en particulier d'une lettre de Henri VI au duc de Bourgogne en date du 6 octobre. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XCIV.
[15] Sigonius, et lettre de Charles VII du IV des ides de juin (10 juin), par lui citée (p. 487). — Sigonius confond cette première négociation avec celle qui précéda le congrès d'Arras. Aussi Garnefelt a-t-il (Vita B. mem. Nicoldi Albergati, 1618, in-4°, p. 96) placé cette lettre dans son récit à l'année 1435.
[16] Ces négociations se prolongèrent en décembre, janvier et en mai, sans aboutir. Voir Canat, t. I, p. 306, 308, 316.
[17] Archives de la Côte d'Or, B 1645, f. 81.
[18] Dès le 15 avril ces deux ambassadeurs passaient par Troyes, se rendant à la cour de France. Boutiot, Histoire de Troyes, t. II, p. 528.
[19] Ils partirent de Hesdin le 28 juin 1431, et passèrent par la Bourgogne pour se rendre à Chinon. Archives de la Côte d'Or, B 1659, f. 126. Cf. 1647, f 82.
[20] Original des lettres des ambassadeurs aux archives de la Côte d'Or, 13 11898. Le texte est publié dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXXIX-XCII. Le Roi n'est désigné dans l'acte que sous le nom de Dauphin. — Charles VII donna le même jour ses lettres de ratification, où il désignait pour sa part les conservateurs de la trêve. Original, B 11898 ; autre original aux archives de Turin, Corti estere : Francia ; le texte est imprimé, l. c., p. XCII. Jonvelle et Jaucourt se rendirent ensuite à Joigny, d'où l'on se transporta à Jargeau, où une conférence fut tenue jusqu'au 19 novembre. Archives de la Côte d'Or, B 1659, f. 126.
[21] Lettres de Charles VII du 1er octobre. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XCIII.
[22] Archives, P 13582, cote 533 ; Archives de la Côte d'Or, B 11917 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 153 ; Canat, p. 325.
[23] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XCVII.
[24] Fremebant undique bella et per Gallicanam regionem omnem armorum fragores resonabant, dit l'évêque Zeno dans sa Vie de Nicolas Albergati (Bolland. de mai, t. II, p. 475) ; mais il a tort d'ajouter : Nulla pacis vox audiri poterat, nulla perficiendæ concordiæ spes esse videbatur.
[25] Ut pacis angelum destinemus, disait Eugène IV dans sa lettre au cardinal (citée par Sigonius, Bolland. de mai, t. II, p. 484).
[26] Il est fait mention de cette double visite dans la lettre de Henri VI du 6 octobre, citée plus loin.
[27] Lettre du 10 juin, citée par Sigonius, Bollandistes de mai, t. II, p. 487.
[28] Il y a deux lettres patentes du même jour. Dans l'une, les trois ambassadeurs reçoivent leurs pouvoirs pour traiter de trêves générales. Dans l'autre, où le cardinal de Sainte-Croix est nommé, les pouvoirs sont plus étendus, et il est parlé formellement de la paix générale du royaume. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XCII et XCIII. Voir Archives de la Côte d'Or, B 11898.
[29] Original sur papier, Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; publié dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XCIV. Cette lettre se retrouve plus loin (p. CXXIV) avec la date du 7 octobre, et placée à tort parmi les pièces de 1432.
[30] Lettre du 3 décembre 1431, placée à tort parmi les pièces de 1424. Id., ibid., p. XXXV.
[31] Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXVII. — Cette lettre est donnée avec la date fautive de 1433. — On a une lettre du même jour adressée par Henri VI au duc de Bretagne. D. Lobineau, t. II, p. 295.
[32] On a la mention de lettres missives du duc de Bourgogne des 14 et 15 octobre, où il parle de la prochaine venue du cardinal ; dans une lettre du 2 novembre, il parle de la venue du cardinal de Sainte-Croix, qui estoit venu devers lui pour aucunes grandes matières. Archives du Nord, B 1942, f. 128 et 136. — Le duc lui donna une tapisserie. Id., f. 119.
[33] C'étaient encore le chancelier, Christophe d'Harcourt et Adam de Cambray. Dès le 30 octobre, le Roi avait annoncé leur venue aux habitants de Reims, et, en passant, les deux derniers s'étaient arrêtés à Troyes, du 12 au 20 novembre, pour assister comme commissaires du Roi à une grande assemblée locale (Boutiot, Histoire de Troyes, t. II, p. 545).
[34] Lettres délivrées au nom des ambassadeurs de France le 13 décembre 1431. Original aux archives de la Côte d'Or, B 11898 ; lettres délivrées au nom du duc de Bourgogne, aux mêmes archives, aux archives de Douai et dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CIII. — M. de Barante remarque que la chancellerie du duc n'appelait jamais le Roi que le Dauphin ou Charles de Valois. C'est exact : le Roi est nommé ici : Charles, sep disant Roy de France, nostre adversaire, et nous avons rencontré l'appellation de Dauphin dans les lettres du 8 septembre 1431 et dans beaucoup d'actes antérieurs. Mais M. de Barante se trompe en ajoutant : Parfois même les ambassadeurs de France étaient eux-mêmes contrains de ne donner, dans leurs écritures, aucun titre royal à leur maitre. Si, usant de la condescendance que, depuis 1422, ils n'avaient cessé de montrer, ils supportaient les formules blessantes de la chancellerie bourguignonne, les ambassadeurs de Charles VII donnaient toujours à leur maître la qualification de Roi cela est attesté, non seulement par les lettres citées plus haut, mais par les autres actes, en date du 13 décembre, publiés dans l'Histoire de Bourgogne. — Voir sur ces trêves ce que dit Monstrelet, t. V, p. 28.
[35] Lettres des ambassadeurs du 13 décembre 1431. Histoire de Bourgogne, l. c., p. CVII.
[36] Plusieurs villes adhérèrent ainsi et donnèrent des lettres attestant leur adhésion. Nous citerons Corbie, Noyon, Saint-Riquier, Chauny et Montreuil-sur-Mer, pour lesquelles on a let actes d'adhésion en date du 7 janvier 1432 (Voir Chartes de Colbert, 394, n° 670 et s.) ; puis Abbeville, Amiens, Doullens et Saint-Quentin (Voir actes d'adhésion aux archives du Nord, B 1490. Le continuateur de D. Plancher cite aussi Beauvais comme ayant adhéré (t. IV, p. 156).
[37] Autres lettres du 13 décembre 1431, l. c., p. CVIII.
[38] Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; cf. lettres du duc de Bourgogne du même jour, id. Il est fait mention de cette clause dans les lettres de ratification du Roi.
[39] Original, Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CIX.
[40] A la date du 18 février 1432, à Chinon ; original aux archives de la Côte d'Or, B 11898 ; édité Histoire de Bourgogne, l. c., p. CX.
[41] C'étaient l'évêque de Ross, Henri Bromstet et Thomas Bekyngton. Rymer, t. IV, part. IV, p. 176.
[42] Le 21 janvier, Jean Tirecoq, écuyer d'écurie du duc, partit pour aller trouver le duc de Bretagne et le comte de Richemont. Il revint de ce voyage le 5 mai. Archives du Nord, B 1945, f. 51 v°.
[43] C'est ce qui résulte d'une lettre missive d'Aimé Bourgeois, datée de Rouen 13 décembre, adressée au duc de Bourgogne. Original, Archives de la Côte d'Or, B 11898 ; copie Collection de Bourgogne, 95, p. 906. — Le 11 janvier, Fusil, poursuivant de l'ordre de la Toison d'Or, était envoyé de Gand par le duc au cardinal de Sainte-Croix estant devers le Dauphin, pour aucune matiere grandement touchant mon dit seigneur. Archives du Nord, B 1945, f. 50.
[44] Amplissima collectio, t. VIII, col. 105. Cf. Monumenta condi. generalium, t. II, p. 185. — Le 9 mars précédent, le duc envoyait hastivement Jean de la Villeneufve, écuyer, serviteur du sire de Jonvelle, et Etienne Bourgeois, chevaucheur de son écurie, vers le sire de la Trémoille. — Le 14 mars, Zuiland le poursuivant allait encore porter à La Trémoille une lettre du duc. — Nouveau message envoyé le 5 avril par le héraut Charolais. Archives du Nord, B 1945, f. 74 et 72.
[45] La date est précisée par la lettre de l'archevêque de Lyon à l'évêque de Lausanne, en date du 28 avril 1432. Labbe, Sacrosancta concilia, etc., t. XII, col. 998. — Le duc donna 20 fr. à Castaigne, trompette du Daulphin, et à Coppin, trompette de messire Georges de la Trémoille, à l'entrée des ambassadeurs à Dijon. Archives du Nord, B 1945, f. 127 v°.
[46] Original, Archives de la Côte d'Or, B 11899 ; édité Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXVII.
[47] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXIII et s. Les ambassadeurs devaient se réunir aux ambassadeurs anglais quand ceux-ci invoqueraient les droits de Henri VI, résultant du traité de Troyes et de la volonté de Charles VI, mais se séparer d'eux s'ils alléguaient des droits antérieurs.
[48] Labbe, t. XII, l. c. Voir ce que Bedford écrivait au Concile, au sujet de la paix, à la date du 7 mai (Amplissima collectio, t. VIII, col. 113), et la lettre des conseillers de Henri VI (col. 115).
[49] Sumus hic ex parte Regis pro pace tractanda. Spero omne bonum, attamen quid faciemus non est conclusum. Lettre sans date (Amplissima collectio, t. VIII, col. 31).
[50] Amplissima collectio, t. VIII, col. 123-126.
[51] Cela ressort de la lettre du duc, en date du 16 juin (Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXIII). — Nous avons, en outre, la mention du voyage fait de Dijon à Paris, du 11 mai au 24 juin, par Jean Chapuis, secrétaire du duc, accompagné du poursuivant d'armes Zuiland, vers les gens du grand Conseil du roi (Henri VI), pour le fait de la journée d'Auxerre. Archives du Nord, B 1945, f. 57 v° et 58.
[52] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXIII.
[53] Cette lettre est datée de Gand, le 16 juin. Histoire de Bourgogne, t. IV ; preuves, p. CXXIII. Le duc avait été rappelé dans le nord, près de sa femme, par la perte d'un fils dont la duchesse était accouchée le 14 avril, et qui était mort presque aussitôt. Id., t. IV, p. 160.
Le 8 juin, Hugues du Bois part pour Auxerre, afin de préparer les logis pour la journée fixée au 8 juillet. Archives de la Côte d'Or, B 1649, f. 88.
[54] Canat, l. c., p. 327 ; Collection de Bourgogne, 21 f. 72 ; Archives de la Côte d'Or, B 1649, f. 88 et 88 v°.
[55] Le 29, les habitants d'Auxerre recevaient l'ordre de se rendre au-devant des ambassadeurs et de les conduire à Semur. Collection de Bourgogne, 21, f. 72.
[56] Le 6 août, Claude de Tenarre reçut l'ordre de conduire les ambassadeurs français, venus à Semur, jusqu'à la frontière des pays du duc. Archives de la Côte d'Or, B 1649, f. 90 Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 162.
[57] Le cardinal, dans une lettre au duc de Bourgogne, en date du 15 décembre 1432, dit que les ambassadeurs anglais ne reçurent pas les sauf-conduits, que d'ailleurs ils avaient demandés tardivement. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXVII.
[58] Le cardinal se loue beaucoup de l'attitude des ambassadeurs bourguignons : Qui omni diligentia, studio, industria, sollicitudine hoc admirabile negotium prosecuti sunt.
[59] Ces détails sont tirés d'un mémoire remis à Jean de Moisy, publié dans les preuves de l'Histoire de Bourgogne (t. IV, p. CXX), qui sera cité à la page suivante.
[60] Même source.
[61] Traité du 22 juin 1432.
[62] Histoire de Bourgogne, t. IV, Preuves, p. CXIX. — C'est à tort qu'on donne ici à ce document la date du 15 juin 1432, puisqu'il répond à un autre document qui ne peut être antérieur aux premiers jours d'août. La date de cette réponse est fixée par une lettre de créance donnée par le duc à Jean de Moisy, et qui est datée de Louvain, le 11 septembre (p. CXXIII). — Le reste de la réponse est consacré à la défense des pays du duc et à d'autres points particuliers traités par les ambassadeurs. — Le chancelier ne tarda pas à envoyer de nouveau à son maitre des lettres et mémoires, auxquels il est fait allusion dans une lettre du duc à son chancelier, en date de Bruges, 11 octobre (p. CXXIII), et qui amenèrent une réponse dont la teneur est donnée dans les Preuves de l'Histoire de Bourgogne (p. CXXV).
[63] C'est ce qui résulte d'un document émané de la chancellerie anglaise et qui nous fait connaître la répugnance avec laquelle le régent Bedford avait accepté le lieu choisi pour tenir la conférence. Stevenson, t. II, p. 251-52.
[64] Les plénipotentiaires français étaient : le chancelier Regnault de Chartres, Christophe d'Harcourt, le doyen de Paris Jean Tudert, et Guillaume Bellier, bailli de Troyes. Les plénipotentiaires bourguignons : le chancelier Rolin, les évêques de Langres et de Nevers, Antoine de Vergy, le seigneur de Saligny, Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux, Guy de Villarnoul, Jean de Blaisy, abbé de Saint-Seine, Richard de Chancey, etc. Les plénipotentiaires anglais : Gilles de Clamecy, prévôt de Paris, le sire de Rouville, l'évêque de Paris (Jean du Chastellier), l'abbé de Fécamp, etc. Les ambassadeurs bretons : Thibaut de la Clartière, Alain Coaisnon, Jean Godart et Gilles de Saint-Simon. Berry, p. 384 ; D. Lobineau, t. II, p. 593 ; Collection de Bourgogne, 95, p. 744. Archives de la Côte d'Or, B 1651, f. 75, et 1655, f. 167.
[65] Morati enim fuerunt usque in diem XXVII novembris. Venerunt postremo excusantes moram legitime, eisque concessum est. Lettre du cardinal de Sainte-Croix, aux Archives de la Côte-d'Or, B 11899 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXVII.
[66] Ces détails sont extraits de la lettre précitée du cardinal de Sainte-Croix et de la réponse faite à Hugues de Lannoy en juillet 1433. Les auteurs contemporains ne font que mentionner la conférence d'Auxerre. Voir Monstrelet, t. V, p. 45 ; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 289. Berry donne seul quelques détails (p. 384).
[67] C'est du moins ce qui résulte des détails contenus dans la réponse du Conseil anglais à Lannoy : Et quant à la traittie ou abstinence, ils n'en bailleroient point ; et s'ils la bailloient elle seroit de petit effect, disans aulcuns d'eulx que se leur maistre avoit cent mille escus, si ne la pouveroit-il faire garder, pour ce qu'il n'estoit servi en sa guerre que d'étrangiers auxquels il a abandonné le pais et non obeissant à lui en ceste partie. Stevenson, t. II, p. 353. — Il est évident que ce propos, sous la plume de membres du conseil d'Angleterre s'adressant à l'ambassadeur du duc de Bourgogne, n'est pas d'une authenticité indiscutable.
[68] Un arrangement fut fait à Auxerre, à la date du 11 décembre 1432, entre les représentants du Roi et ceux du duc, relativement à l'observation des trêves : on en a le texte original aux Archives de la Côte d'Or, Et 11899, et dans la Collection de Bourgogne, 95, p. 744. Le lendemain, le chancelier Rotin envoya Jean de Saint-Julien, seigneur de Milly, à Amboise, vers le Roi, pour soumettre le traité à son approbation. Septième compte de Mathieu Regnault, Archives de la Côte d'Or, B 16M, p. 74.
[69] Archives du Nord, B 1945, f. 85 v°.
[70] Le 21 janvier 1433, un trompette de Jean de Brimeu était envoyé porter une lettre à Gaucourt, quelque part qu'il fût, sur le fait de l'abstinence. Archives du Nord, B 1948, f. 99.
[71] Archives du Nord, B 1948, f. 76.
[72] Au mois de février 1433, Étienne Bourgeois, chevaucheur du duc, partait de Dijon pour porter aux ambassadeurs de Charles VII les sauf-conduits nécessaires pour se rendre à la journée du 21 mars. Archives de la Côte d'Or, B 1651, f. 81. — Le 27 février, Toison d'Or partait de Bruxelles avec Jean Luillier, conseiller du duc, pour aller à Corbeil ; il vaqua pendant soixante-un jours. Archives du Nord, B 1948, f. 69 v°, 75 v° et 83.
[73] In quodam villagio inhabitabili. Lettre du prieur des Innocents, secrétaire du cardinal, au chancelier de Bourgogne, 10 avril 1433. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXIX.
[74] C'étaient le chancelier Regnault de Chartres, Christophe d'Harcourt et Jean Rabateau. Boutiot, Histoire de Troyes, t. II, p. 574.
[75] Ces détails sont empruntés à la lettre précitée du prieur de Saint-Innocent, à une lettre du cardinal au chancelier Rolin, en date du 14 avril (Archives de la Côte d'Or, B 11899 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXXIII), et à la réponse faite à Hugues de Lannoy (Stevenson, t. II, p. 254). Le 14 avril, les habitants de Troyes reçurent une lettre des ambassadeurs français les informant de l'insuccès des négociations (Histoire de Troyes, par Boutiot, t. II, p. 574).
[76] Lettre de Henri VI au duc de Bourgogne. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXXV.
[77] Voir la réponse du conseil anglais à Hugues de Lannoy, l. c., p. 254.
[78] Journal d'un bourgeois de Paris, p. 294.
[79] Cestuy chancelier de par le Roy Henry, après le departement, mena ou envoya ces gens qu'il avait admenés droit à Milly en Gastinoys ; et gaignèrent moustier et ville ; et ardirent tout ; et firent pis que Sarrazins, ne que paiens aux Sarrazins. Journal d'un bourgeois de Paris, p. 295.
[80] Il écrivait en juillet au Concile qu'il désespérait d'arriver au résultat désiré. Monumenta, t. II, p. 405.
[81] Monumenta, t. II, p. 440.
[82] Le comte de Warwick le dit à Hugues de Lannoy, en juillet 1433, dans un entretien confidentiel : Si Dieux me ayt, entre nous Englois, à vous feablement dire, avons prins une très grant desplaisance et merancolie de ce que, tandis que le Roy a esté en France, monseigneur de Bourgoingne vostre maistre ne l'a onques veu ne venu devers lui. Relation de Hugues de Lannoy, dans Stevenson, t. II, p. 241.
[83] Le 14 novembre 1434, à l'âge de vingt-huit ans.
[84] Monstrelet, t. V, p. 56.
[85] Voir Monstrelet, t. V, p. 57. — Ce fut en mai et juin un perpétuel échange de communications avec le cardinal. Archives du Nord, B 1948, f. 188 v°-192.
[86] Cette ambassade avait été précédée d'une mission donnée à Jean de Delay, écuyer, pannetier du duc. Parti pour l'Angleterre le 8 mars 1433, il en revint le 20 mai ; puis il alla à Calais, vers le cardinal d'Angleterre, à diverses reprises. Archives du Nord, B 1948, f. 80 v°.
[87] Elle est dans Bréquigny, 61, f. 16, d'après l'original, Bibl. Cotton., Vespasian, F III, f. 27 v° : J'envoie presentement devers vous mes amés et feaulx conseillers messire Hue de Lannoy, seigneur de Santes, mon chambellan, et Jean Guillebaut, mon tresorier de Boulenois, auxquelz j'ay enchargié vous dire et exposer certaines choses de par moy que j'ai pris à cuer. — A Arras, le XVe jour de juing.
[88] Dans une série de lettres et de rapports à son maître, qui offrent de très curieux détails. Ces documents étaient déjà connus par l'analyse qu'en avaient faite D. Salazard et M. de Barante ; ils ont été donnés in extenso par M. Stevenson dans son précieux recueil (t. II, p. 218-249), d'après le vol. 99 de la Collection de Bourgogne (anc. suppl. fr. 29210). Les originaux sont aux Archives de la Côte d'Or, B 11899. Voir le passage auquel nous faisons allusion dans Stevenson, t. II, p. 220.
[89] Dès le 27 mai, le conseil anglais posait les bases d'un traité avec le duc d'Orléans, qui fut signé le 14 août. Rymer, t. IV, part. IV, f. 195 et 197. Voir plus loin.
[90] Relation de l'entrevue avec le due d'Orléans, envoyée par Lannoy et le trésorier. Stevenson, t. II, p. 230-38.
[91] Voir au chapitre VI.
[92] Après la levée du siège de Montargis (en août 1432 ; voir Berry, p. 385), le sire de la Trémoille aurait dit au bâtard d'Orléans : Pourquoi n'allez-vous pas au devant du duc de Bourgogne, qui s'en vient en Bourgogne ? On ne l'aura jamais en meilleure place. A quoi le bâtard aurait répondu : Je ne lui veux nul mal, car je sais bien que monseigneur de Bourgogne ne haioit pas monseigneur mon frère, et que monseigneur mon frère ne haioit point monseigneur de Bourgogne. Rapport de Hugues de Lannoy au duc de Bourgogne, dans Stevenson, t. II, p. 248. A l'exactitude de cette anecdote, il n'y a qu'un obstacle : c'est qu'à l'époque où l'on place la conversation, le duc, loin de se rendre en Bourgogne, était occupé à réprimer une révolte des Gantois, et allait prendre le chemin de la Hollande.
[93] Dépositions du héraut Guyenne, 2-14 octobre 1432, Collection de Bourgogne, 99, p. 309. Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 164-66 ; Clerc, Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, t. II, p. 423-25 ; Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 302-304.
[94] Copie collationnée aux Archives de la Côte-d'Or, B 11890.
[95] Guillaume de Rochefort, à la réunion suivante des chevaliers, vit prononcer sa radiation, et une admonestation fraternelle fut adressée par le duc, comme grand-maître, à Jean de la Trémoille, pour avoir manqué à ses devoirs de chevalier. Extrait du registre des actes de la Toison-d'Or, Archives de Dijon, B 11890 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 181-85.
[96] Histoire de Troyes, par Boutiot, t. II, p. 564.
[97] Voir plus haut, chapitre premier.
[98] Il les nomme : c'étaient Thomas Thissac (alias Cuisse), chevalier irlandais ; Jean Prégent, docteur en lois, et maitre Jean Godait, l'un des secrétaires du duc. Mais l'ambassade était plus considérable : elle se composait en outre de Gilles de Bretagne, d'Alain Labbé son gouverneur, du chancelier de Bretagne, de Bertrand de Tréal, de Jean de Troissy, bailli de Senlis (un des familiers du connétable), de Jean Joreze, écuyer anglais, de sept écuyers et de deux médecins, avec 140 hommes d'armes conduits par le seigneur de Beaufort (D. Lobineau, t. I, p. 594). Chose digne de remarque, les ambassadeurs bretons n'eurent aucun rapport avec les deux envoyés du duc de Bourgogne : Mais osques ils n'ont parlé à nous, et si estiesmes logié bien près li uns de l'autre. Relation de Lannoy, dans Stevenson, t. II, p. 243.
[99] C'est l'objet indiqué par le roi d'Angleterre dans les pouvoirs donnés, par lettres du 24 mars 1433, aux commissaires désignés pour traiter avec les ambassadeurs du duc de Bretagne. Rymer, t. IV, part. IV, p. 195.
[100] Ces détails sont consignés dans une lettre de Henri VI au duc de Bourgogne, en date du 14 août 1433, publiée dans les Preuves de l'Histoire de Bourgogne, t. IV. p. CXXXV. Les ducs d'Orléans et de Bourbon séjournèrent à Douvres pendant un mois, en mai 1433 ; les ducs de Bedford et de Glocester et le cardinal d'Angleterre se tinrent à Calais depuis environ Pasques (12 avril) jusques assez près de la Saint Jean Baptiste.
[101] Ils étaient encore en Angleterre le 15 août, car ce jour là le conseil décida qu'un warrant serait fait pour la remise de présents à Jean Prégent et à Jean Godard. Bréquigny, 81, f 127.
[102] Rymer, t. IV, part. IV, p. 197.
[103] Rymer, t. IV, part. IV, p. 198. — Des lettres de sauf-conduit furent ainsi délivrées à la reine de Sicile, à Charles d'Anjou, à Jean qui se dit duc d'Alençon, à Arthur de Bretagne, à Richard son frère, à Charles de Bourbon se disant comte de Clermont, au bâtard d'Orléans, aux comtes d'Armagnac, de Foix et de Pardiac ; — puis à l'archevêque de Reims (ou à celui d'Embrun), aux évêques de Beauvais, de Maguelonne et de Béziers, à La Hire, à Poton de Saintrailles, au sire de Bueil, à Jean de Rochechouart et à seize autres personnages. Voir Rymer, l. c.
[104] Lettre de Henri VI au duc de Bourgogne, en date du 14 août 1433. Original, archives de la Côte d'Or, B 11899 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXXV.
[105] Voir cette même lettre.
[106] A la date du 5 novembre 1433. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXXXV.
[107] Le traité du 14 août avait été juré in verbo principis et ad sancta Dei Evangelia per nos corporaliter tacta. Rymer, l. c. — Il y a dans Bréquigny (81, f. 145) un mémoire remis par le conseil au comte de Suffolk, chargé de sonder le duc sur l'exécution des engagements par lui contractés. — Le comte de Suffolk avait été, à la date du 19 août, commis à la garde du duc d'Orléans. Rymer, t. IV, part. IV, p. 200.
[108] Archives de la Côte d'Or, B 11899 ; ces ambassadeurs étaient : l'évêque de Tréguier, les abbés de Saint-Melaine et de Buzay, Jean Prégent et Guillaume Groguet, chanoine de Nantes.
[109] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXLIII. Le document est sans date ; c'est lui qui nous a fourni tous les détails qu'on vient de lire.
[110] Le 21 novembre 1433, il faisait partir Dinan le poursuivant, avec des lettres, pour Calais. D. Morice, t. II, col. 1260. Un peu plus tard, un autre poursuivant était envoyé en Angleterre. Id., ibid., col. 1261.
[111] Elle se composait de Thomas Cuisac et d'autres ambassadeurs. D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. II, p. 591.
[112] Elle se composait de l'évêque de Nantes, chancelier, de Thibaut de la Clartière, d'Alain Coaisnon et de Thomas Coglais, secrétaire. Bréquigny, 81, f. 133-40 ; D. Lobineau, t. I, p. 598.
[113] Bréquigny, l. c.