HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE II. — LE ROI DE BOURGES - 1422-1435

 

CHAPITRE IX. — LA DIPLOMATIE DE CHARLES VII JUSQU'AU TRAITÉ D'ARRAS.

 

 

§ III. — DE 1429 À 1431

Reprise des négociations avec le duc de Bourgogne : conférences d'Arras et de Compiègne ; trêve du 28 août 1429. — Changement d'attitude du duc de Bourgogne après l'échec de la tentative sur Paris ; conférence de Saint-Denis ; on décide de se réunir à Auxerre pour traiter d'une paix générale. — Menées du duc de Bourgogne et des Anglais, qui se préparent à reprendre les hostilités. — Vains efforts du duc de Savoie pour la paix ; sa correspondance avec Charles VII ; abandon du projet de conférence. — La guerre recommence ; tentative du prince d'Orange sur le Dauphiné ; il est battu à Anthon. Charles VII suscite des adversaires au duc de Bourgogne ; ses relations avec Liège ; il tourne ses regards vers l'Allemagne. — État de la puissance bourguignonne ; les développements qu'elle a pris sont une menace pour l'Empire. — Relations du duc de Bourgogne avec l'empereur Sigismond ; ses démêlés avec Frédéric, duc d'Autriche. — Le duc d'Autriche entre en pourparlers avec Charles VII ; le roi lui envoie une ambassade ; traité d'Innsbruck. Difficultés survenues dans la réalisation de ce traité ; ajournement du secours promis ; il arrive au moment où de nouveaux pourparlers viennent d'être entamés entre Charles VII et le duc de Bourgogne, et où une trêve a été conclue.

 

Les importants succès obtenus par le gouvernement royal, dans les premiers mois de 1429, ne pouvaient manquer d'amener une reprise des négociations entre la France et la Bourgogne. Philippe le Bon était du nombre de ces princes dont la politique n'a pour fondement que l'intérêt : le relèvement de la puissance française était pour lui, en faveur d'un rapprochement, l'argument le plus décisif. Dès le mois de juin 1429, le duc de Savoie avait fait partir des ambassadeurs, chargés de se rendre dans les cours de France et de Bourgogne et d'y faire de nouvelles ouvertures de paix[1]. Que devint cette ambassade ? Arriva-telle à Chinon avant la campagne du sacre ? Les renseignements manquent à cet égard. Nous savons seulement qu'une convention, particulière à la France et à la Savoie, fut signée le 23 juin au sujet des comtés de Valentinois et de Diois[2], et qu'à la date du 19 juillet, des pouvoirs furent donnés aux ambassadeurs précédemment désignés pour la mission diplomatique de France, en vue d'un mariage entre Bonne de Savoie et le fils aîné du duc de Bretagne[3].

Le maréchal de Toulongeon, qui n'avait cessé d'être le représentant du duc de Bourgogne auprès du duc de Savoie pour les négociations relatives aux trêves avec la France, s'émut à la nouvelle des triomphes obtenus par Charles VII. Il s'empressa, d'accord avec le conseil du duc de Bourgogne, d'envoyer à La Trémoille un messager pour savoir si le Roi avait l'intention de maintenir les trêves, et en même temps pour reconnaître la situation des choses et lui eu rendre compte[4]. A la nouvelle de la marche sur Reims et de l'occupation d'Auxerre, le conseil de Dijon, de plus en plus alarmé, dépêcha un nouvel envoyé à La Trémoille[5], et fit partir eu toute hâte Guy de Jaucourt pour porter la nouvelle au due de Bourgogne, et prendre ses instructions[6]. Le duc était alors sur le chemin de Paris, où il arriva le 10 juillet[7].

Sur ces entrefaites, Jean de Villeneuve, qui avait été à la cour de France, où il avait reçu de la bouche du Roi et de La Trémoille d'importantes communications, revint à Dijon. On le fit repartir immédiatement pour aller les transmettre au duc et lui demander ses ordres à ce sujet[8]. Mais celui-ci avait déjà pris les devants : le jour même où Villeneuve se mettait en route pour venir joindre son maître, une ambassade bourguignonne arrivait à Reims[9].

Trois semaines auparavant, Philippe avait laissé sans réponse l'invitation que Jeanne d'Arc lui avait adressée de se rendre à Reims pour le sacre du Roi[10]. Mais, soit qu'il ait été sensible aux ménagements gardés à l'égard de la ville d'Auxerre qui faisait partie de son apanage[11], soit plutôt que la marche triomphale du Roi ait amené chez lui, avec une crainte salutaire, un soudain revirement, il envoya spontanément une ambassade pour saluer le Roi, à l'occasion de son couronnement, et lui faire des ouvertures de paix[12]. Cela parut de si bon augure, que le jour même du sacre les seigneurs angevins, dans la lettre qu'ils écrivirent à la reine de Sicile et à Marie d'Anjou, après avoir mentionné la venue des ambassadeurs bourguignons, ajoutaient : A ceste heure, nous esperons que bon traité y trouvera avant qu'ils partent[13].

Était-ce là une espérance chimérique ? Nous n'oserions le dire. En tout cas, cette confiance était patriotique : le désir d'un rapprochement entre Charles VII et le duc de Bourgogne était depuis longtemps au fond de toutes les âmes vraiment françaises. Jeanne d'Arc, elle-même, s'en fit à ce moment l'interprète : elle adressa au due une nouvelle lettre, où elle le requérait, au nom du Roi du ciel, son droiturier et souverain seigneur, de faire avec le roi de France bonne paix ferme qui dure longuement. — Pardonnez l'un à l'autre de bon cœur, entièrement, disait-elle, ainsi que doivent faire de loyaux chrétiens ; et s'il vous plaît guerroyer, allez combattre les Sarrasins[14].

Les négociations entre Charles VII et le duc de Bourgogne furent entamées aussitôt, à Reims même, où le Roi dut, pour ce motif, prolonger son séjour[15], et où une trêve de quinze jours paraît avoir été conclue[16]. Il fut convenu qu'une ambassade serait envoyée au duc à Arras, et que Philippe se trouverait dans cette ville, au jour fixé, avec des ambassadeurs du duc de Savoie[17].

L'ambassade désignée par Charles VII se composait de l'archevêque de Reims, chancelier de France ; de Christophe d'Harcourt ; du seigneur de Gaucourt ; de Jacques de Chastillon, seigneur de Dampierre, et de Jean Tudert, doyen de Paris. Nous ne connaissons pas au juste la date de son départ, mais il est vraisemblable qu'elle arriva à Arras dans les premiers jours d'août. Les ambassadeurs sollicitèrent une audience du duc de Bourgogne, qui, au bout de quelques jours, les reçut en son hôtel. Le chancelier porta la parole, et exposa, moult sagement et authentiquement, l'objet de l'ambassade, en présence du conseil et de toute la chevalerie du duc[18]. Il sollicita ce prince d'entendre à la paix et de consentir à un accord avec le Roi, l'assurant que les offres qui lui seraient faites au nom de son maître seraient suffisantes, et telles qu'il devrait en être content[19].

Ces offres furent remises le 16 août. Elles contenaient, sous la plume des ambassadeurs de Savoie, les conditions proposées par les ambassadeurs de France et celles que les représentants du duc de Savoie, jouant le rôle de médiateurs, estimaient que le Roi devait formuler pour arriver à un accord[20]. Voici quelle était la teneur de ces propositions.

I. Le Roi reconnaîtra par lui-même, ou par ses fondés de pouvoir, que le cas de la mort du duc Jean de Bourgogne fut mauvais et damnable, et que cette mort fut mauvaisement et damnablement faite par ceux qui perpétrèrent ledit mauvais cas ; qu'il lui en déplaît de tout son cœur, et que, s'il eût eu l'âge et l'entendement qu'il a présentement, il y eût pourvu ; mais il estoit bien jeune, et avoit pour lors petite connaissance, et ne fut point si avisé que d'y pourveoir ; et priera à Monseigneur de Bourgogne que la rancune ou haine qu'il peut avoir conçu à l'encontre de lui, à cause de ce, il l'osto de son cœur, et que entre eux y ait bonne paix et amour. Si le traité aboutissait, il devait y être fait mention expresse de cette déclaration.

II. Ceux qui perpétrèrent ledit mauvais cas et qui en furent consentans — lesquels seront nommés au Roi — seront par lui abandonnés : s'il peut se saisir de leurs personnes, il les punira selon l'exigence du cas ; sinon, il les bannira à perpétuité, sans grâce, ni rappel, et ils seront hors de tous traités[21].

III. Diverses fondations seront faites par le Roi pour l'âme du feu duc et des autres victimes, et, en particulier, une chapelle sera élevée sur le lieu où il fut tué ; la messe y sera dite chaque jour et un couvent de vingt-quatre religieux chartreux sera fondé à Montereau.

IV. Restitution sera faite au duc des joyaux et biens meubles qu'avait avec lui le feu duc, au temps de son trépas, ou de leur valeur et estimation.

V. Pour les intérêts, frais et dépens, on abandonnera au duc et, s'il le faut, par manière d'apanage toutes les terres et seigneuries qu'il tient et qui ont fait partie du domaine royal, sans parler de ses terres anciennes et de celles qui pourront lui être données.

VI. Le duc recevra paiement et satisfaction de toutes les anciennes dettes du feu roi Charles VI, dont il justifiera par titres.

VII. Le duc et ses vassaux seront, durant la vie du Roi, exempts de tout hommage ou serment de fidélité ; en outre, en ce qui regarde la personne du duc, il sera exempt de toutes choses dudit Roy Charles, sa vie durant[22].

VIII. Le Roi dédommagera ceux qui furent pris lors de la mort du feu duc, et qui perdirent leurs biens ou furent mis à rançon.

IX. Abolition générale sera donnée, et chacun recouvrera ses terres et héritages, sauf certaines exceptions à déterminer.

X. Les plus grandes sûretés seront données pour le maintien de la paix, tant au moyen d'otages qu'autrement.

XI. Les ambassadeurs de Savoie estiment qu'il conviendrait de prendre une abstinence générale, pour parvenir plus aisément à la paix[23].

En même temps que des questions en litige entre le Roi et le duc, on s'occupa à Arras de la paix générale entre l'Angleterre et la France. Les ambassadeurs de Charles VII formulèrent à cet égard leurs propositions, et elles furent rédigées par les ambassadeurs de Savoie dans une cédule également datée du 16 août.

Il y était constaté que les ambassadeurs de France avaient, en présence du duc de Bourgogne, requis paix et accord avec lui, et, par déférence pour lui, sachant qu'il ne voulait point conclure une paix séparée, avaient offert de traiter avec les Anglais, disant qu'ils feraient à cette fin des offres dont ceux-ci devraient être contents.

En outre, et depuis, les ambassadeurs de France, en présence des commissaires du duc de Bourgogne, avaient offert d'abandonner aux Anglais, avec ce qu'ils tenaient présentement en Guyenne, tout le pays jusqu'à la Dordogne, pourvu que les princes prisonniers fussent mis en liberté et que tout le pays de Guyenne fût tenu en fief de la couronne. Les ambassadeurs de Savoie, en enregistrant ces offres, déclaraient qu'il leur semblait que les ambassadeurs de France devaient dire plus avant, pour qu'on pût aboutir au résultat voulu, et indiquaient la nécessité de conclure une trêve générale jusqu'à la saint Jean-Baptiste[24].

Les négociations se prolongèrent à Arras pendant quelque temps. Le duc de Bourgogne, fort perplexe, était en grande délibération avec les membres de son conseil privé, et les chroniqueurs bourguignons nous apprennent que les besognes furent, entre les parties, moult approuchiées[25]. Pendant ce temps, les ambassadeurs de Charles VII se voyaient l'objet d'un empressement général : quoiqu'il n'y eût encore rien de conclu, et que la ville d'Arras relevât directement du duc de Bourgogne, on venait de toutes parts trouver le chancelier de France et solliciter des lettres de rémission ou de grâce, des offices ou divers mandements royaux, comme si ! le Roi eût été en possession de la plénitude de ses droits. Le chroniqueur bourguignon qui rapporte ces détails ajoute que le chancelier ne se faisait pas faute d'obtempérer aux requêtes qui lui étaient présentées[26].

Les ambassadeurs de France hésitaient à s'avancer autant qu'on le leur demandait. Mais, d'un autre côté, les envoyés du duc de Bedford, et la duchesse elle-même, qui avait suivi son frère lors de son dernier voyage à Paris, étaient là pressant le duc de ne point oublier ses serments. Pour le retenir dans son alliance, le régent anglais venait de le nommer (13 août) gouverneur de Paris. Les ambassadeurs crurent devoir en référer à leur maître. Il fut convenu qu'une ambassade bourguignonne, à laquelle se joindraient les envoyés du duc de Savoie, viendrait trouver le Roi à Compiègne afin d'arrêter, de concert avec lui, les préliminaires des négociations. Jean de Luxembourg, seigneur de Beaurevoir ; Hugues de Cayeu, évêque d'Arras, David de Brimeu et le seigneur de Charny furent les représentants désignés par le duc de Bourgogne[27]. Charles VII savait que la plus grande partie des conseillers du duc — et c'étaient les principaux — désiraient un accord. Les pourparlers ne furent pas de longue durée : à la date du 27 août, une réponse fut donnée, au nom du Roi, aux ambassadeurs de Bourgogne et de Savoie, dans une assemblée où il était représenté par René d'Anjou, duc de Bar, les comtes de Clermont et de Vendôme, le sire d'Albret, le chancelier, l'évêque de Séez, le sire de la Trémoille, Christophe d'Harcourt, le bâtard d'Orléans, les sires de Trèves, de Gaucourt, d'Argenton, de Mareuil et de Mortemart, et enfin le doyen de Paris[28].

Dans cette réponse, on reprenait successivement tous les articles des offres du 16 août, en donnant la solution acceptée par le Roi.

Sur les deux premiers articles (réparations), les ambassadeurs de Bourgogne et de Savoie avaient mission de faire part au duc de Bourgogne des inconvénients signalés par les gens du Roi, relativement à ces deux points. Le Roi promettait d'ailleurs de tant en faire à la conclusion de la paix, que le duc devrait être content.

Sur le troisième article (fondations), le Roi déclarait s'en remettre au duc de Savoie et à Jean de Luxembourg.

Sur le quatrième (restitution au duc), le Roi offrait cinquante mille écus d'or, non compris le collier.

Sur le cinquième (abandon de seigneuries), le Roi déclarait consentir à céder en apanage les comtés de Macon et d'Auxerre, avec les châtellenies de Péronne, Montdidier et Roye, et la châtellenie de Bar-sur-Seine, sauf les droits de la couronne.

Sur le sixième (anciennes dettes), le Roi s'en remettait aux princes.

Sur le septième, le Roi consentait à ce que le duc ne fût point tenu de lui faire hommage ; mais ce privilège devrait être tout personnel, et le duc, après la mort du Roi, serait tenu de rendre cet hommage à son fils. Quant aux vassaux du duc, ils ne seraient exemptés de se rendre au mandement du Roi que si le duc avait à les employer dans une guerre particulière.

Sur le huitième (restitutions), le Roi acceptait de donner satisfaction.

Sur le neuvième (abolition générale), il donnait son assentiment, en ajoutant une clause pour les réparations ou arrérages qui pourraient être réclamés ultérieurement.

Sur le dixième, il consentait aux sûretés demandées, excepté les ostaiges, pour l'impossibilité.

Quant au onzième et dernier, il se prêtait à la conclusion d'une trêve entre lui et le duc pour tous leurs sujets et toutes leurs possessions ; offrant eu outre de conclure également une trêve avec les Anglais, jusqu'à Noël, pour tons les pays au-delà de la Seine, en laissant en dehors de la trêve les villes ayant port et passage sur cette rivière, depuis Nogent jusqu'à Harfleur. Si les Anglais voulaient traiter de la paix, ils auraient à faire venir en France, avant la saint André, le duc d'Orléans, le duc de Bourbon et le comte d'Eu, afin que le Roi pût, en leur présence, et avec les membres de leur conseil, s'occuper de la conclusion de la paix.

Enfin le Roi demandait que le duc lui fit désigner, une fois pour toutes, tous ceux qu'il suspectait d'avoir pris part à la mort de son père, lesquels seraient reçus à se justifier, selon le droit et la coutume ; cette désignation faite, personne ne pourrait plus jamais être inquiété[29].

A la date du 28 août, une trêve générale fut signée, et promulguée par le Roi dans des lettres patentes du même jour[30].

Le Roi exposait que, pour parvenir à la paix et faire cesser les grans et innumerables maulx et inconveniens occasionnés par les guerres et divisions, les ambassadeurs du duc de Savoie, d'accord avec les siens et avec ceux du duc de Bourgogne, avaient tenu certaines journées, et que, sur l'initiative de ces ambassadeurs, une abstinence avait été conclue entre ses gens, d'une part, en son nom, et les gens du duc de Bourgogne, d'autre part, au nom de leur maître, et aussy au regart des Anglois, leurs gens, serviteurs et subgez, se à ce se veulent consentir, aux conditions suivantes : une trêve générale, commençant le 28 septembre pour le duc, et, pour les Anglais, à partir du jour où le Roi aura été avisé de leur consentement, devait avoir cours jusqu'à Noël suivant, dans tous les pays situés au nord de la Seine, depuis Nogent-sur-Seine jusqu'à Harfleur, sauf les villes, places et forteresses formant passage sur la Seine, et à l'exception de la ville de Paris, que le duc de Bourgogne pourrait, en cas d'attaque, faire défendre par ses gens. Le Roi déclarait consentir cette trêve, pourvu que le duc de Bourgogne l'acceptât de son côté, et cela par lettres patentes. Les trêves conclues antérieurement par l'initiative du duc de Savoie, conservaient leur plein effet. En outre, il était stipulé que les deux parties ne pourraient s'emparer d'aucune des villes situées dans les limites indiquées, ni en recevoir obéissance, à moins que ces villes ne fissent volontairement leur soumission à l'une ou à l'autre des parties. Enfin le Roi désignait, comme conservateur des trêves, son chambellan Rigault, seigneur de Fontaine, et son premier écuyer et grand maître de son écurie Poton de Saintrailles[31].

La tentative sur Paris (8 septembre 1429), influa-t-elle d'une manière fâcheuse sur la marche des négociations, comme l'affirme le continuateur de D. Plancher[32] ? On est tenté de le croire, en voyant l'empressement avec lequel le Conseil royal siégeant à Senlis, sous la présidence du comte de Clermont, rendit une ordonnance (18 septembre), par laquelle étaient déclarés compris dans les abstinences de guerres, conclues le 28 août, la ville de Paris, le château du Bois de Vincennes, les ponts de Charenton et de Saint-Cloud, et la ville de Saint-Denis, à la condition que, de Paris et des autres places, ne serait faite, par voie de guerre ou autrement, aucune chose préjudiciable à la trêve, et que le duc de Bourgogne en prit l'engagement par lettres patentes[33].

L'échec subi devant la capitale paraît avoir eu un autre résultat non moins regrettable, en enlevant à la cause royale une partie de l'ascendant et du prestige que ses récents triomphes lui avaient assurés. A Arras, le duc de Bourgogne avait paru favorable à un rapprochement. A Compiègne, il avait fait faire au Roi, par Jean de Luxembourg, les plus belles promesses[34]. A Montdidier, il avait bien accueilli une nouvelle ambassade du Roi[35]. Tout récemment, le seigneur de Charny avait été trouver Charles VII à Gien pour lui faire part du voyage du duc à Paris et solliciter pour lui un sauf-conduit. Là il avait déclaré que son maître feroit avoir Paris au Roi, et qu'il se rendait dans la capitale pour parler à ceux qui tenoient son party[36]. Mais Philippe, ébranlé par les admonestations des envoyés que Bedford lui avait dépêchés, semblait vouloir faire traîner les choses en longueur[37]. Il avait même convoqué ses gens de guerre pour se tenir prêt à tout événement, et s'était avancé en armes sur Paris, en compagnie de sa sœur la duchesse de Bedford, qui travaillait toujours à le maintenir dans le parti anglais[38]. A son passage devant Senlis, le duc reçut la visite du chancelier et du comte de Clermont : il leur fit un accueil assez froid[39]. Le 30 septembre, il faisait son entrée dans Paris[40]. Là Bedford, à force d'honneurs et de caresses, s'efforça de le circonvenir, et le détermina à accepter la lieutenance générale du royaume[41].

Le duc ne renonçait pas, cependant, à traiter avec la France. Pendant son séjour dans la capitale, de nouvelles conférences s'ouvrirent à Saint-Denis (10 octobre), entre le chancelier de France et d'autres ambassadeurs de Charles VII, d'une part ; le cardinal de Winchester et l'abbé du Mont-Saint-Michel d'autre part ; et enfin Jean de Luxembourg et Hugues de Lannoy, représentants de Philippe le Bon[42]. Les négociations firent même un pas décisif : il fut décidé que, de particulière, la paix deviendrait générale, et que des conférences s'ouvriraient à Auxerre, le 1er avril 1430, entre les représentants des parties intéressées, sous les auspices du duc de Savoie, et sous la médiation des cardinaux désignés par le pape et de Jean de Luxembourg. Le duc de Bourgogne et le régent Bedford, d'un côté ; le roi Charles, qu'on appelait encore le Dauphin, de l'autre, devraient se rendre dans le voisinage de la ville, pour être à portée des négociateurs. Le 12 octobre, le duc, par lettres patentes, déclarait accepter de tenir la journée du 1er avril, annonçant l'intention de s'y rendre en personne, ainsi que son très cher et très amé frère le régent au royaume de France, et promettant de s'employer près du roi d'Angleterre et du régent pour obtenir leur adhésion à la paix générale[43]. Le 13, étaient publiées simultanément les lettres portant trêves entre le Roi et le duc, et celles de Henri VI conférant à Philippe la lieutenance générale[44]. Le 15, le duc écrivait au duc de Savoie que, grâce au zélé concours de ses ambassadeurs, les choses avaient bien marché ; il le suppliait de venir en personne aux conférences d'Auxerre, et lui demandait de faire, s'il le jugeait à propos, une démarche auprès de l'empereur qui, autrefois, avait offert de s'employer pour la paix, afin qu'il voulût bien se faire représenter à Auxerre[45]. Philippe quitta ensuite Paris, après s'être entendu avec Bedford sur les armements à faire pour continuer la lutte[46] ; il allait s'occuper des préparatifs de son mariage avec Isabelle de Portugal, attendue d'un jour à l'autre au port de l'Écluse[47].

Tandis que le duc de Bourgogne suivait cette politique à double face, continuant ses pourparlers avec la France tout eu resserrant ses liens avec les Anglais, et préparant la reprise des hostilités, le gouvernement de Charles VII consentait à tous les sacrifices qu'on exigeait de lui, allant jusqu'à s'engager à remettre Compiègne et Creil aux mains de Jean de Luxembourg, lieutenant du duc de Bourgogne[48]. A la date du 30 octobre, le Roi avait désigné trois de ses conseillers[49] pour se rendre près du duc de Bourgogne, avec mission de rendre générales les trêves qui avaient été conclues, et dont il s'efforçait d'assurer l'exécution[50]. A ce moment arrivèrent à Issoudun les ambassadeurs du duc de Savoie, accompagnés d'envoyés du duc de Bourgogne ; ils venaient se concerter avec le Roi au sujet de la conférence projetée à Auxerre. Le 4 novembre, le Roi donna des lettres patentes par lesquelles il déclarait consentir à la tenue de la journée d'Auxerre, et s'engageait à y envoyer ses représentants pour traiter avec le duc de Bourgogne et avec les Anglais, pourvu que ceux-ci fissent venir dans le royaume, en un lieu où il fût possible de conférer avec eux, les ducs d'Orléans et de Bourbon, et les comtes d'Angoulême et d'Eu[51]. Le même jour, le Roi écrivit au duc de Savoie nue lettre où il le mettait au courant de l'état des négociations[52]. Dans le même mois, pour se conformer à l'engagement qu'il avait contracté, il fit partir le sire de Gaucourt pour la cour du duc de Bourgogne, avec pouvoir de prolonger d'un mois la durée de la trêve, qui expirait à Noël[53]. Gaucourt joignit le duc à Bruges, où il donna le 18 décembre des lettres de prorogation[54]. Le délai d'expiration fut encore prolongé jusqu'au 15 mars, et même jusqu'à Pâques (16 avril)[55].

Cependant les choses étaient loin de prendre une tournure favorable à la paix. Le duc de Bourgogne subissait les influences, hostiles à la France, qui dominaient dans son entourage. A ce moment, Hugues de Lannoy, l'un de ses plus intimes conseillers, présenta au Conseil un mémoire qui évidemment répondait à la pensée intime de son maître. Ce mémoire peut se résumer ainsi : Il faut maintenir l'alliance anglaise, car on est maintenant bien fixé sur la grande mauvaiseté et malivolence des ennemis (les Français) ; s'assurer le concours du duc de Bretagne et des siens, en lui faisant donner le comté de Poitou ; trouver moyen de faire du comte de Richemont le connétable de Henri VI, moyennant le don de la Touraine, de la Saintonge et de l'Aunis, de la ville de La Rochelle, et des terres du sire de la Trémoille en Poitou et en Saintonge ; donner à Richemont mille combattants, ou un secours d'argent pour solder pareil nombre de gens de guerre, de façon à organiser avec lui une action combinée, et, quand le duc de Bourgogne sera disposé à reprendre les hostilités, forcer le Dauphin, par une démonstration commune sur le Berry, à se retirer en Languedoc, ce qui laisserait toutes les places du centre sans espoir de secours. L'alliance du comte de Richemont permettrait même d'assurer les communications avec les Anglais de Guyenne. Enfin, le duc, quand il prendra le chemin de la Bourgogne, devra veiller à sa propre sûreté, car ses ennemis, quelles que soient leurs promesses de dissimulations de traitez, sont disposés à le destruire de corps, s'ils le peuvent. Et l'on insiste pour qu'il se garde bien de tenir ou faire tenir aucune convention ou assemblée avec ses ennemis, car s'il le faisait, il serait trompé par eux[56].

D'un autre côté, Philippe était plus que jamais en relations intimes avec les Anglais. Au mois de décembre 1429, une ambassade, dont Hugues de Lannoy était le chef, se trouvait en Angleterre[57]. Un mémoire, rédigé sous l'inspiration de Lannoy, venait d'être présenté au conseil de Henri VI[58] ; il avait pour but d'indiquer les remèdes à la situation critique où se trouvait le gouvernement anglais, et d'apaiser les clameurs qui, de toutes parts, retentissaient en France contre lui. On engageait le roi d'Angleterre à se prêter aux négociations qui paraissaient devoir s'ouvrir à Auxerre en vue d'une paix générale. Car, s'il ne le faisait pas, d'une part il donnait lieu de croire qu'il n'était point favorable à la paix et voulait être juge dans sa propre querelle ; de l'autre il s'exposait à perdre l'appui du peuple qui, désireux de repos, pourrait se tourner du côté de son adversaire. Il était bon seulement de s'assurer à Rome du concours d'un cardinal médiateur qui ne fût point hostile. — Tout en acceptant de négocier, il convenait de pourvoir à la situation si grave où était le royaume, et d'y envoyer Promptement une bonne armée, commandée par un chef habile et valeureux. Le roi devait se préparer à passer lui-même en France, avant la journée d'Auxerre, avec toute sa puissance. Et comme il était à présumer, eu égard aux dispositions orgueilleuses des Français, qui déjà se croyaient maîtres de la situation, que la paix ne se ferait pas, il était nécessaire d'amener le duc de Bourgogne à se lancer plus résolument dans la lutte, en lui donnant, avec une autorité plus grande, une seigneurie notable à tenir en apanage, moyennant le paiement d'une somme déterminée. En outre, il était à propos de solliciter instamment le duc, au nom du roi, de se mettre en campagne avant la venue de celui-ci, et de réduire les places avoisinant Paris, en lui fournissant la solde d'au moins mille hommes d'armes et mille hommes de trait, à partir du 1er janvier, et en lui envoyant une bonne partie des troupes de l'armée d'Angleterre. On devait aussi se rendre favorables, par des dons, les seigneurs bourguignons les plus influents. Il convenait de ne point négliger les puissances étrangères : de s'assurer — par mariage ou autrement — l'alliance du duc de Savoie ; d'envoyer sans retard vers l'empereur, les rois d'Espagne, d'Aragon, de Portugal et de Navarre, le duc de Milan, le duc de Lorraine, et autres seigneurs, d'Allemagne, pour obtenir leur amitié ; de pourvoir au fait d'Écosse, puissance sur laquelle les ennemis fondaient de grandes espérances, et dont ils se vantaient très fort ; de ne point négliger le duc de Bretagne, afin de le maintenir dans la fidélité, d'obtenir son concours armé, et d'arriver par son entremise à ramener au service du roi, le comte de Richemont et Richard de Bretagne. Enfin il semblait très nécessaire, pour la direction à donner aux affaires de France, d'y envoyer, en attendant la venue du roi, le cardinal d'Angleterre, lequel, sur son passage, pourrait voir le duc de Bourgogne et s'entendre avec lui.

Ce programme, qui répondait pleinement aux secrètes aspirations du duc de Bourgogne, parait avoir été suivi de point en point. Dès le commencement d'octobre, le cardinal de Winchester passait le détroit. Le 18 octobre, Henri VI annonçait son prochain voyage en France. Le 20 décembre, il adressait une circulaire à ses bonnes villes pour les engager à lui demeurer fidèles, et les avertir de sa venue. Son âme, disait-il, avait été émue des grans plaintes et lamentables clameurs qui lui venaient presque chaque jour relativement aux durs traitements et à l'oppression dont son peuple était victime de la part de Charles de Valois, son adversaire, et de ses adhérents ; il devait venir si puissamment accompagné, qu'il espérait, dès sa première campagne, mettre la guerre si loin d'eux qu'avant son retour, il verrait son bon peuple de France vivre, labourer et marchander en bonne paix et tranquillité[59]. Mais en même temps que retentissaient ces promesses et ces bravades officielles, le conseil d'Angleterre poursuivait en secret une politique moins fière, rendue d'ailleurs nécessaire par les défaites subies récemment : il envoyait un ambassadeur au Pape pour l'assurer des intentions favorables à la paix dont le roi était animé, et obtenir qu'on désignât, pour prendre part aux négociations qui devaient s'ouvrir, soit le cardinal d'Angleterre, soit, à son défaut, un cardinal qui ne fût point hostile à Henri VI[60].

On observait à l'égard du duc de Bourgogne les plus grands ménagements, l'accablant de prévenances et de faveurs ; on ne tarda pas à lui donner la satisfaction qu'il désirait obtenir, en lui attribuant (par lettres du 8 mars 1430) les comtés de Champagne et de Brie. En même temps, il reçut une somme de deux mille marcs. On réussit si bien auprès de lui, que tandis qu'en Angleterre le Conseil désirait trouver un moyen de faire la paix, le duc de Bourgogne était tout entier à la guerre, et ne songeait plus qu'à reprendre les hostilités. Comme l'a très bien dit M. Michelet, ce prince, le plus riche de la chrétienté, n'hésitait plus à mettre de l'argent et des hommes dans une guerre dont il espérait avoir le profit[61]. Les trêves, fort mal observées d'ailleurs[62], devaient finir à Pâques, et le duc semblait n'attendre que la date du 18 avril 1430 pour prendre les armes. On a tout un plan de campagne, rédigé à ce moment, et traçant la marche à suivre aussitôt que le roi d'Angleterre serait débarqué en France[63].

Le duc de Savoie n'avait pourtant pas renoncé à l'espoir de tenir à Auxerre la conférence projetée. Il avait, à la date du 16 janvier, prorogé pour trois ans la trêve, spéciale aux contrées de l'est, qui avait cours entre la France et la Bourgogne depuis le traité du 28 septembre 1424[64]. Le 15 mars 1430, il écrivait à Charles VII qu'il s'était informé le mieux qu'il avait pu pour savoir si son neveu de Bourgogne viendrait à Auxerre le ter avril : Selon ce que j'en ai pu sentir, disait-il, il n'y viendra point ; mais il y enverra ses gens. Le duc ne savait pas encore si les deux cardinaux et Jean de Luxembourg y seraient présents ; il avait été informé que le Roi se contenterait d'envoyer des ambassadeurs ; il annonçait le départ de ses représentants, et promettait de s'employer aux négociations de tout son pouvoir, comme en la chose du monde qu'il avait le plus à cœur[65]. Le lendemain, le duc, qui n'oubliait jamais ses propres intérêts, demandait au Roi de profiter de la conférence pour régler la question du Valentinois[66]. Le 21, nouvelle lettre, pour annoncer que Jean de Luxembourg venait de l'aviser que, vu les novités qu'on avait faites contre lui et contre d'autres capitaines du duc de Bourgogne, il ne viendrait point à Auxerre[67]. Le 27, Amédée écrivait encore que le chancelier de Bourgogne venait d'arriver près de lui, et lui avait fait savoir que le cardinal de Winchester et les autres ambassadeurs d'Angleterre s'étaient excusés, vu la proximité de la date, et avaient demandé que la conférence fut remise au 1er juin ; il envoyait au Roi copie des lettres du duc de Bourgogne que le chancelier avait apportées, et le prévenait qu'il donnait contre-ordre à ses ambassadeurs, déjà sur la route d'Auxerre[68].

Nous avons la réponse que fit le Roi, en date du 22 avril 1430, aux communications du duc de Savoie. Il lui faisait savoir que, tant par révérence de Dieu, son Créateur, que pour éviter l'effusion du sang humain et réunir sou peuple et le relever des grands maux et oppressions qu'il a souffert et qu'il souffre à l'occasion des guerres et divisions qui trop longtemps ont duré dans le royaume, il avait toujours le désir de conclure la paix avec son cousin de Bourgogne, et qu'il consentait à la prorogation de la journée d'Auxerre au 1er juin. Il ajoutait que rien ne lui avait fait apercevoir que les Anglais eussent l'intention de traiter de la paix, car ils n'avaient pris aucune mesure pour faire venir en France les ducs d'Orléans et de Bourbon et le comte d'Eu, conformément à la convention préliminaire qui avait été faite. Il répondait ensuite longuement aux plaintes que le duc de Bourgogne avait formulées relativement aux violations de la trêve et au défaut de la remise des places de Compiègne et de Creil entre les mains de Jean de Luxembourg, afin que le duc fût bien informé de la vérité[69].

Mais l'espoir que pouvait conserver le duc de Savoie de voir se tenir la journée d'Auxerre, ne fut pas de longue durée. Le 29 mai, en réponse à une lettre du chancelier Rotin, il lui écrivait : Vous pouvez assez savoir que, pour les causes contenues en la copie des lettres de Monseigneur le Roi Dauphin que nous vous envoyâmes, que mon dit seigneur le Roi n'enverra point de ses gens à la dite journée d'Auxerre ; et, pour les dites causes, pareillement nous n'y irons point[70].

Quelques jours après, le duc reçut une longue lettre de son neveu de Bourgogne, datée de Venette-les-Compiègne, le 25 mai. Il lui envoyait la réponse du cardinal d'Angleterre à la communication qu'il avait faite au Conseil de Monseigneur le Roy, relativement à la journée d'Auxerre ; il exprimait la crainte que l'adversaire n'eût point un sincère désir de paix, et priait le duc de bien sonder ses intentions avant d'aller plus loin ; car, disait-il, si vous aperceviez qu'il n'eût telle volonté, mais voulût bien procéder par faintise, cautèle ou dissimulation en cette matière, ne vous en veuillez travailler davantage ni plus avant donner peine ; car, vu que nous avons notre armée sus et toute prête, grâce à Dieu bien puissancte et appoinctée de paiements pour grand et long terme, mon dit seigneur ni moi n'y voudrions point perdre de temps à y entendre sans cause. Nous sommes en ce cas, tout reconfortés de la guerre, et nous entendons, en tout événement, que la dite journée se tienne ou non, à l'aide de Notre-Seigneur employer et conduire notre armée ainsi que Dieu nous administrera, sans aucunement nous en déporter ni départir jusques à ce que les besognes aient pris une autre conclusion par l'une ou par l'autre voie. Philippe terminait en annonçant triomphalement à son oncle que, le 23, vers six heures après midi, les assiégés avaient fait une sortie, et que celle qu'ils appellent la Pucelle, et plusieurs capitaines, chevaliers, écuyers et autres, avaient été pris, noyés et tués. Si ce vous écris, très cher et très amé oncle, disait-il, pour ce que ne fais pas doute que bien vous viendra à plaisir. Dans un post-scriptum, il do-mandait au duc, au cas où il jugerait à propos de tenir la journée, de la transférer à Corbeil[71].

Pour mettre le Roi pleinement au courant des dispositions du duc de Bourgogne, Amédée VIII plaça sous ses yeux les lettres qu'il avait reçues de son neveu. Charles VII répondit à cette communication, dans une lettre du 29 juin, avec beaucoup de calme et de dignité. Il a lu les lettres par lesquelles le duc l'informe que son cousin de Bourgogne a reçu de celui qu'il appelle son seigneur des lettres, témoignant le désir d'entendre à la paix générale du royaume ; que son cousin de Bourgogne est dans les mêmes sentiments, et que si le Foi l'agrée, il peut s'occuper de la prorogation du jour et du choix du lieu. Le Roi ne peut que répéter, ainsi qu'il l'a écrit plusieurs fois au duc, qu'il a toujours cherché par tous les moyeu, possibles à assurer le bienfait de la paix à son royaume, el a arriver à une réconciliation avec son cousin. Si ce résultat n'a point encore été obtenu, cela n'a pas tenu à lui, comme le duc peut le savoir. Toutefois, puisque de nouveau son cousin et ses adversaires les Anglais se montrent disposés à traiter de la paix générale, et qu'il constate que son cousin ne veut pas conclure une paix particulière, il va prendre l'avis des seigneurs de son sang, sans lesquels il ne veut rien faire, et ensuite il fera connaître au duc ses intentions[72].

Tandis que celte correspondance était échangée entre Charles VII et le duc de Savoie, un grave incident s'était produit. Le duc de Bourgogne, qui ne songeait qu'à susciter au Roi de nouveaux ennemis, avait vivement pressé le prince d'Orange de faire en Dauphiné un acte d'agression auquel celui-ci s'était préparé de longue main. Le prince d'Orange, après avoir attendu quelque temps pour voir le branle et la conclusion que prendraient les affaires du royaume[73], avait jugé le moment opportun, et était entré en campagne. Il s'était assuré l'appui des seigneurs Savoisiens, que le duc, suivant sa politique traditionnelle, laissa libres de s'enrôler dans son armée[74] ; on dit même qu'un traité secret fut conclu avec Amédée pour le partage éventuel du Dauphiné[75]. Mais l'habileté et la vigueur du gouverneur Gaucourt firent trouver an prince d'Orange une honteuse défaite, là où sa jactance se promettait un facile succès. Le duc de Savoie paya cher sa connivence secrète : sa noblesse fut décimée sur le champ de bataille d'Anthon (11 juin), où la chevalerie du duc de Bourgogne fut aussi cruellement éprouvée[76]. Amédée put même craindre un moment que les armes des vainqueurs ne se tournassent contre lui.

Le Conseil de Charles VII avait trop longtemps voulu fermer les yeux : il fallait se rendre à l'évidence. Au lieu de négociations illusoires pour la paix, c'était la guerre, et une guerre acharnée qu'on allait avoir. On résolut de faire connaître aux bonnes villes cette rupture. A la date du 6 mai, un manifeste fut rédigé au nom du Roi. On y rappelait la duplicité et la trahison dont, de longue date, s'étaient rendus coupables ceux du parti de l'adversaire de Bourgogne. Après l'avoir amusé et déçu pendant quelque temps par les trêves, l'adversaire levait le masque. Le Roi, qui avait toujours désiré la paix et qui avait fait, pour y parvenir, plus que son devoir, en prenait Dieu à témoin, et mettait ses fidèles sujets en garde contre les agissements de l'ennemi[77].

 

Au moment où les négociations ouvertes à Reims, en juillet 1429, avaient cette fâcheuse issue, des pourparlers étaient engagés avec les princes allemands, et en particulier avec le duc d'Autriche, alors brouillé avec Philippe, et dont Charles VII recherchait l'alliance. Dans cette guerre qui recommençait d'une façon redoutable, la France ne pouvait pas, nous l'avons vu, compter sur la Castille, à la veille de conclure une trêve avec l'Angleterre (8 novembre 1430)[78]. En Écosse, Jacques Pr continuait à ménager le roi d'Angleterre. Une nouvelle trêve d'un an fut signée à Londres le 8 novembre 1430[79], et, par un traité conclu à Édimbourg le 15 décembre suivant, elle fut étendue à une durée de cinq années[80]. Il était même question d'un rapprochement complet avec l'Angleterre[81]. — Un échange d'ambassade eut lieu entre Charles VII et Jacques Ier, dans le cours de l'année 1430, mais sans amener aucun résultat[82].

La reprise des hostilités avec le duc de Bourgogne devait conduire le gouvernement royal à lui susciter des adversaires au sein de ses propres états. Des émissaires furent envoyés aux Liégeois, toujours en démêlés avec Philippe. a France vous aidera, leur fit-on dire ; elle a les mêmes intérêts que vous. N'attendez pas, pour combattre le duc, dont les États sont aujourd'hui si vastes, qu'il soit devenu paisible possesseur du comté de Namur, du Hainaut et de la Hollande, car alors, il ne serait plus temps[83]. Ce langage fut entendu. Le sentiment populaire obligea l'évêque de Liège à envoyer des lettres de défi au duc de Bourgogne (10 juillet 1430), et bientôt les Liégeois entrèrent en armes dans le comté de Namur[84].

Mais c'est surtout en Allemagne que Philippe devait rencontrer des adversaires.

La puissance bourguignonne prenait chaque jour une extension menaçante pour l'Empire. Non content de ses possessions héréditaires, le duc cherchait sans cesse à les accroître, et les événements secondaient ses ambitieux desseins.

Le roi Charles V, par le mariage de Philippe, son quatrième frère — celui qu'on avait longtemps surnommé Philippe sans Terre[85] — avec Marguerite de Flandre (12 avril 1369), avait assuré à la maison de Bourgogne un riche héritage, que convoitait alors l'Angleterre, et qui se composait, outre les comtés de Flandre et d'Artois, des comtés de Bourgogne, de Nevers et de Rethel. Marguerite devait aussi apporter à son mari les possessions de sa tante maternelle la duchesse de Brabant. Mais l'absorption de la Flandre et du Brabant eut pour résultat de déplacer le centre d'action des ducs de Bourgogne, et d'en faire pour ainsi dire des princes étrangers. Dijon, leur capitale, finit par être délaissée pour Lille — que Charles V n'avait entendu céder que temporairement à son frère et que Philippe sut garder[86], — puis pour Bruxelles : c'est vers le nord que se porta toute leur activité. Ce changement fut dû en grande partie à la duchesse de Brabant : c'est par son influence que Philippe le Hardi conclut, en 1385, le double mariage de sa fille Marguerite avec Guillaume de Bavière, héritier des comtés de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et de son fils Jean avec Marguerite de Bavière, sœur de Guillaume. Marguerite avait été promise en 1378 à Léopold, fils de Léopold, duc d'Autriche, dit le beau gendarme : on lui substitua en 1393 sa sœur Catherine. Si l'on considère que la main de la deuxième fille du duc, Marie, fut donnée en 1401 à Amédée, fils du comte de Savoie, on peut se rendre compte des origines de la puissance bourguignonne. Philippe le Hardi groupait ainsi, autour du tronc principal, de vastes rameaux, qui devaient couvrir de leur ombrage toutes les terres environnantes.

Ces vastes états, qui déjà formaient un véritable royaume, furent, à la génération suivante, l'objet d'un partage. Le second fils de Philippe, Antoine, recueillit l'héritage de la duchesse de Brabant, et devint à la fois duc de Brabant, de Lothier et de Limbourg, et marquis du Saint-Empire ; du chef de sa mère, il eut encore le comté de Rethel. Son troisième fils, Philippe, eut le comté de Nevers. Mais la branche de Brabant ne devait pas avoir une longue durée : ce rameau se trouva bientôt desséché par la mort du petit-fils d'Antoine, en 1430.

Philippe le Bon se trouva donc appelé à réunir sous son sceptre toutes les possessions de sa maison. L'héritage du Brabant lui assurait en même temps les états légués par la duchesse de Brabant : il pouvait ainsi prétendre aux comtés de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et à la seigneurie de Frise, apportés en mariage par Jacqueline de Bavière à son cousin Jean, frère aîné du duc de Brabant, mort en 1427, et il réussit à obtenir (1428) que Jacqueline l'instituât son héritier. En outre, l'alliance du duc Antoine avec Élisabeth de Luxembourg, fille du duc de Gorlitz, donnait à la branche de Brabant, sur le Luxembourg, des droits dont le duc de Bourgogne entendait bien se prévaloir. Enfin celui-ci se rendit acquéreur, en 1428, des comtés de Namur et de Zutphen. Nous ne parlerons que pour mémoire des comtés de Macon et d'Auxerre[87], des trois châtellenies de Vermandois et de la province de Tournaisis[88], que Philippe s'était fait octroyer par Bedford, ni des comtés de Champagne et de Brie, qu'il reçut en 1430[89].

Si, pour reconnaître l'étendue de la puissance bourguignonne, on jette les yeux sur une carte, on peut constater qu'elle formait comme un immense empire, borné au nord par la mer ; à l'ouest par la Picardie, les comtés de Guise et de Valois, la Champagne, les duchés de Nemours, d'Orléans, de Berry et de Bourbonnais ; au sud par le comté de Forez et le duché de Savoie ; à l'est par les duchés de Clèves et de Juliers, et le duché de Luxembourg, au-delà desquels on trouvait les électorats de Cologne et de Trèves, le duché de Bar, et le duché de Lorraine, limitrophe du landgraviat d'Alsace, appartenant aux ducs d'Autriche, de la seigneurie de Bâle et de la Suisse.

Assis à la fois sur la Saône, la Meuse et l'Escaut, le duc de Bourgogne était devenu, en quelque sorte, un prince étranger ; il s'était fait un véritable empire. Mais, en obtenant un si brillant résultat, il s'était, suivant la remarque de M. Michelet, suscité les plus graves embarras : procès pendants, procès à venir, relations avec tous, discussions avec tous, occasions de batailles, de la guerre pour des siècles[90].

Ce n'était plus le temps où Jean sans peur et Sigismond s'embrassaient à Calais, où l'empereur trahissait la France pour épouser les intérêts de son nouvel allié. Bien des difficultés avaient surgi depuis lors, et Sigismond fut justement irrité quand il vit Philippe se mettre en possession de la succession de Brabant et devenir ainsi marquis du Saint-Empire, sans même lui demander son agrément[91]. D'un autre côté, Frédéric, duc d'Autriche, était depuis plusieurs années en contestations avec Philippe, relativement à la restitution de la dot et des joyaux de Catherine de Bourgogne, veuve de Léopold, duc d'Autriche, morte le 26 janvier 1426, et à d'autres questions. Les choses s'étaient envenimées au point d'amener, de la part du duc d'Autriche, une déclaration de guerre (septembre 1427). Le duc de Savoie, désigné comme médiateur, fit tout au monde pour empêcher une rupture ; et, dans une conférence tenue à Montbéliard (15 février 1427), il parvint à ménager un accommodement entre les parties[92].

Dès cette époque, et, semble-t-il, par l'entremise du duc de Savoie, des relations s'étaient établies entre Charles VII et le duc d'Autriche, et des préliminaires d'alliances avaient été posés[93]. Un document du temps nous fait savoir que, vers le milieu de l'année 1427, une mission diplomatique avait été confiée à Gaucourt, et que, parmi les princes qu'il devait visiter, se trouvait le duc d'Autriche[94]. Il est probable que les événements le retinrent en France. D'un autre côté nous savons qu'au mois d'avril 1428 des ambassadeurs de l'empereur étaient près de Charles VII[95], et cette ouverture atteste les dispositions bienveillantes de Sigismond, de plus en plus porté pour la France, malgré les démarches que faisaient alors auprès de lui le duc de Bourgogne[96] et le gouvernement anglais[97]. Dans le courant de l'année 1429 et au commencement de 1430, les relations avec le duc d'Autriche furent reprises, et Charles VII fut vivement pressé de donner son adhésion au mariage de Radegonde de France avec Sigismond, fils aîné de Frédéric[98].

Le Roi voyait à ce Moment s'évanouir les espérances pacifiques qu'on avait pu concevoir. Il devait entrer dans ses vues de s'assurer le concours des princes allemands, pour lutter avec avantage contre ses ennemis. Il s'empressa de désigner des ambassadeurs pour se rendre à la Cour du duc d'Autriche ; ce furent Simon Charles, conseiller et maître des requêtes de l'hôtel, et Jean Franberger, premier écuyer d'écurie de la Reine. Leurs pouvoirs portent la date du 4 avril 1430. Le Roi, considérant la bonne amour que Frédéric, duc d'Autriche, avait pour lui et pour sa seigneurie, et voulant obtenir promptement son appui dans la lutte qu'il avait à soutenir, leur donnait pouvoir de traiter avec ce prince d'alliances et de confédérations, et de négocier le mariage de sa fille Radegonde avec le fils aîné du duc[99].

Mais les deux ambassadeurs avaient une mission plus importante encore : par d'autres lettres du même jour, le Roi les chargeait de se rendre près de ses bons parens, amis et alliez le duc Louis de Bavière, son oncle ; le duc Albert d'Autriche, le duc Frédéric d'Autriche, le comte de Cilli[100], ses cousins, et autres seigneurs, barons et communaultés des pays de l'Empire, en particulier Berne, Zurich, Strasbourg et Bale. Ils devaient, rappelant les relations amicales qui, de toute ancienneté, avaient existé entre les sujets de l'Empire et le royaume de France, les requérir d'aide et secours de gens d'armes et de trait, et pour cela, traiter avec eux d'amitiés, bienveillances, pactions et convenances[101]. Les ambassadeurs devaient faire envisager aux princes allemands les dangers que leur faisait courir le développement de la puissance du duc de Bourgogne : l'arrogance naturelle à ce prince était accrue par ses victoires, et il était pour eux un voisin redoutable[102].

Frédéric était fils de Léopold, duc d'Autriche et de Styrie, et de Viridis Visconti. Marié d'abord à Élisabeth de Bavière, fille de l'empereur Robert, il avait épousé en seconde noce Anne de Brunswick, qui venait de lui donner un fils, né en 1427. Célèbre par ses démêlés avec l'empereur pendant le concile de Constance, il avait été contraint bientôt de s'humilier devant lui et de subir sa loi : d'où le surnom de mit der leeren Tasche (à la bourse vide) qui lui fut donné. Mais, depuis plusieurs années (1425), Frédéric s'était réconcilié avec l'empereur.

Simon Charles et Jean Franberger arrivèrent à Innsbruck au mois de juillet 1430. Le 22 de ce mois, était signé le traité de mariage de Sigismond d'Autriche, âgé de trois ans, et de Radegonde de France, qui en avait deux[103]. Le même jour l'anneau fut remis solennellement au duc par les ambassadeurs du Roi, et les promesses réciproques d'alliances furent échangées[104]. Frédéric promit en son nom, et au nom de ses successeurs, d'être à perpétuité le fidèle allié de la France ; il prit l'engagement de se mettre en armes contre le duc de Bourgogne avant la Saint-Michel, d'envoyer avant Noël ses lettres de défi à ce prince et au roi d'Angleterre, et de se trouver en personne le 1er avril 1431, sur les frontières de l'Alsace et du comté de Bourgogne, à la tète d'une armée. En retour, le duc sollicitait pour son fils, au même titre que les fils de France, la concession de la terre de Chaumont en Bassigny[105], ou d'autres terres en Champagne[106]. De son côté Charles VII, par des lettres données à Sens le 15 septembre, déclara s'unir avec Frédéric, duc d'Autriche, par un traité d'alliance et de confédération, acceptant toutes les stipulations faites par ses ambassadeurs, lesquelles sont soigneusement insérées dans l'acte ; il promettait en outre au duc, mais sans rien préciser, certains avantages territoriaux[107].

Il semblait que tout fut en règle, et que Charles VII n'eût plus qu'à compter sur l'appui de ce nouvel allié. Mais nous avons des lettres du duc d'Autriche, données à la date du 10 août, et qui ne devraient être que la confirmation pure et simple des stipulations faites le 22 juillet ; or, dans ces lettres, tous les délais se trouvent modifiés. Le duc devra se mettre en armes le 25 juin 1431 au lieu du 29 septembre 1430 ; il enverra ses lettres de défi le 5 juin et non le 25 décembre ; enfin il prendra le commandement de son armée le 3 juillet au lieu du 1er avril[108]. Toutes les prévisions du Roi se trouvaient détruites, et l'entrée en campagne de Frédéric était retardée de neuf mois. Qu'était-il donc survenu ? Charles VII n'avait-il pas été informé par ses ambassadeurs des modifications apportées par le duc d'Autriche aux dates primitivement fixées ? L'étonnement augmente à la lecture d'un acte rendu à Innsbruck le 14 octobre 1430, par lequel Simon Charles et Jean Franberger, rappelant l'engagement contracté par Frédéric d'être en armes avant la Saint-Michel, et déclarant que le duc maintient cet engagement et est prêt à le remplir, demandent que l'exécution de cette clause soit suspendue jusqu'à ce qu'ils en aient référé au Roi et à son Conseil, et dégagent le duc de toute responsabilité à cet égard[109]. On ne conçoit guère comment les ambassadeurs pouvaient le 14 octobre — dégager le duc d'une obligation qui aurait dû être remplie le 29 septembre précédent[110].

La nature amicale des relations de Charles VII et du duc d'Autriche ne fut d'ailleurs en rien altérée. Par lettres données à Chinon le 24 décembre 1430, Charles VII donna à Frédéric une marque de confiance des plus signalées : il lui conféra pleins pouvoirs pour traiter, au nom de la France, avec tous les princes et toutes les villes d'Allemagne et même d'Italie[111]. Par d'autres lettres du 6 janvier 1431, le Roi, considérant que certains des délais stipulés dans le traité de paix avec le duc étaient expirés sans avoir reçu d'exécution, et ne voulant pas que cela pût donner lieu à des difficultés dans l'avenir, donnait pouvoir à Simon Charles de faire à cet égard telles modifications qu'il jugerait convenables[112]. En même temps un nouvel ambassadeur fut envoyé à Innsbruck en compagnie de Simon Charles[113] : c'était Vanchelin de la Tour, bailli de Vitry, conseiller et chambellan du Roi[114] ; il était porteur d'instructions relatives aux changements à apporter à la convention faite avec le duc d'Autriche. Le Roi expliquait ici ses intentions relativement à une cession territoriale : il faisait offrir au duc le comté d'Artois, à tenir en fief, avec les comtés de Boulogne, de Guines et de Saint-Pol, dont il aiderait le duc à s'emparer sur le duc de Bourgogne ; les lettres de don du comté d'Artois seraient remises au duc le jour où il se tiendrait en Alsace avec une armée à la disposition du Roi. Le Roi demandait que le duc précisât les conditions dans lesquelles le secours serait fourni par lui ; il comptait sur une armée de six mille hommes au moins, devant rester en France pendant quatre mois, à dater du milieu du mois de mai[115]. Vanchelin reçut en outre des instructions du duc de Lorraine et du duc de Bar : il devait solliciter pour un des fils de celui-ci la main de la fille aînée de Frédéric, ou, à défaut de cette union, proposer le mariage d'une fille du duc de Bar avec un des cousins de Frédéric.

Dans le cas où cette proposition serait, agréée, le duc de Lorraine achèterait le duché de Luxembourg pour le donner aux nouveaux époux. Les terres de Lorraine, de Bar, de Luxembourg et d'Alsace formeraient ainsi un réseau inexpugnable, et une telle alliance profiterait à la fois au duc d'Autriche et à la France[116].

Conformément aux instructions royales, Simon Charles et Jean Franberger donnèrent, à Innsbruck, le 10 avril 1431, des lettres par lesquelles ils promettaient au duc de lui remettre l'acte de donation du comté d'Artois le jour où il entrerait en Alsace avec son armée ; par d'autres lettres de même date, ils déclarèrent avoir reçu de Frédéric ses lettres de défi au roi d'Angleterre et au duc de Bourgogne, et prirent l'engagement d'assurer la remisé de ces lettres avant le 10 juin suivant[117]. En même temps, le duc d'Autriche se disposait à mettre un contingent à la disposition du Roi : au commencement de mai, Vanchelin de la Tour avait levé en Lorraine deux mille hommes pour le compte du duc[118]. Mais le Roi attendit vainement l'arrivée de ce secours, qui ne fut point envoyé dans les délais stipulés : nous avons une lettre, de Charles VII, en date du 26 juillet, par laquelle il se plaint au duc de ce retard et l'informe de la remise de ses lettres de défi[119].

Pendant que les négociations avec le duc d'Autriche se poursuivaient sans aboutir au résultat désiré, les relations entre l'empereur et le duc de Bourgogne devenaient de plus en, plus tendues. Par deux lettres écrites coup sur coup (5 et 8 octobre 1430), Sigismond avait de nouveau sommé le duc de renoncer à toutes prétentions sur le duché de Brabant, qui était légitiment dévolu à l'empereur par la mort de son titulaire, et l'avait engagé à se rendre à Montbéliard pour résoudre, de concert avec lui, les points en litige[120]. L'empereur envoya peu après un ambassadeur à Philippe[121]. Lui-même ne tarda pas à recevoir à Nuremberg un envoyé de celui-ci : Aimé Bourgeois avait mission de faire savoir à l'empereur la mauvaise issue des négociations entamées avec le Dauphin, et de le mettre en garde contre les rapports qui pourraient avoir été faits contre le duc, relativement à cette rupture ; il devait aussi entretenir l'empereur de l'affaire du Luxembourg, et lui notifier la prise de possession du duché de Brabant, qui venait d'être opérée[122]. Le duc de Bourgogne était alors fort préoccupé des alliances conclues par Charles VII avec le duc d'Autriche et avec d'autres princes allemands, et redoutait une agression du côté de l'Allemagne[123]. Il n'était pas moins inquiet de certaines démarches faites par l'empereur auprès du gouvernement anglais[124]. Pendant son séjour à Lille et à Hesdin (avril et juin 1431), il reçut de nouvelles ambassades de Sigismond[125]. Mais la victoire de Bulgnéville (2 juillet) le rassura bientôt, en arrêtant momentanément l'exécution des projets de ses adversaires dans les provinces de l'est, et l'intervention du concile de Bâle, à laquelle l'empereur ne fut point d'ailleurs étranger, lui permit de prolonger de quelques semaines la trêve entre ses possessions bourguignonnes et les états du duc d'Autriche[126].

Philippe était avec ce prince en continuels pourparlers : on ne compte pas moins de quatre journées tenues à Montbéliard et à Bâle, dans le cours de cette année, entre les représentants dès deux parties[127]. Pourtant les difficultés ne s'aplanissaient pas, et le duc n'était pas à l'abri d'une prise d'armes[128]. Elle eut lieu en effet. Dans les premiers jours de janvier 1432, Vanchelin de la Tour et Guillaume, duc de Brunswick, stipulaient les conditions de l'appui qu'ils prêteraient au Roi, de la part du duc d'Autriche[129]. Un mois plus tard, Charles VII annonçait aux habitants de Reims que le duc de Brunswick venait à son secours, contre les Anglais, à la tête de mille combattants, et leur recommandait de le seconder par tous les moyens possibles[130]. Le duc passa par Metz le 12 février, et fut escorté jusqu'à Conflans par les habitants. Trois mois plus tard, il reparut, témoignant une grande joie de se retrouver au milieu des Messins, et se croyant déjà dans son pays. Que s'était-il passé dans ce court intervalle ? Y eut-il, comme certains documents semblent l'indiquer[131], une campagne faite en France, ou sur la frontière de France, par le duc de Brunswick ? Cela parait probable. En tout cas, cette démonstration militaire n'avait plus d'importance : à ce moment, une trêve avait été conclue entre le duc de Bourgogne et Charles VII, et l'intervention du duc d'Autriche, pour ne s'être point exercée dans les délais primitivement fixés, était devenue sans objet. Bientôt, d'ailleurs, les négociations entre le duc de Bourgogne et le duc d'Autriche aboutirent à une trêve de six ans, qui fut signée à Innsbruck le 24 mars 1432[132], et ratifiée le 8 mai par le duc de Bourgogne[133].

Il nous faut maintenant revenir sur nos pas pour exposer les incidents qui avaient amené la reprise des relations diplomatiques entre Charles VII et Philippe, et faire connaître le résultat de cette nouvelle tentative de conciliation.

 

 

 



[1] Il parait certain que les ambassadeurs nommés dans Guichenon (t. I, p. 483), à propos d'une mission postérieure de quelques mois, se rendirent en France au mois de juin, et y séjournèrent jusqu'en novembre (Voir lettres de Charles VII du 4 novembre 1429, t. II, p. 296). Il n'est pas moins douteux que, cette fois, ce ne fut point le duc de Savoie qui prit l'initiative, mais bien le duc de Bourgogne : Philippe dit, en propres termes, dans une lettre à son oncle, en date du 15 octobre 1429 (Ib., p. 297) : Très chier et très amé oncle, à ma priere et requeste vous avés envoyé vous ambaxadeurs, pondeurs de cestes, par devers mon adversaire le Dauphin, à fin de abstinence de guerre.

[2] Archives de Turin, Categoria Protocoli, dans Bianchi, p. 165.

[3] Minute originale, mentionnée par le marquis Costa de Beauregard, Souvenirs du règne d'Amédée VIII, p. 210.

[4] Au dit Moreau de Saincte-Marie (serviteur de Mgr de Jonvelle), le derrenier jour de juin mil CCCC XXIX, vingt francs, pour aler de Dijon ès parties de Jargueau et Bajuncy, par l'ordonnance et advisement de monseigneur le mareschal de Bourgongne, et gens des chambres du conseil et des comptes de mon dit seigneur à Dijon, devers messire George de la Tremoille, seigneur de Sully, pour savoir et enquerir de lui se le Daulphin avoit voulenté et entencion de entretenir les abstinences de guerre prinses et accordées tant en sa partie comme de celle de mon dit seigneur, mesmement pour enquerir l'estat et convine d'icellui Daulphin. Troisième compte de Mahiel Regnault, Archives de la Côte-d'Or, B 1643, f. 65 v°-66.

[5] Au dit bailli de la Montaigne (Guillaume de la Tournelle, chevalier), le Ve jour de juillet ensuivant, vingt francs pour son voiaige à aler, par l'ordonnance que dessus, de Dijon devers le dit messire George de la Tremoille, ès parties devers Aucerroiz, où l'en disoit que le dit Daulphin en aloit, tirant contre Rains, pour au dit seigneur de la Tremoille dire et exposer plusieurs choses et lui requerir l'accomplissement d'icelles, au bien et honneur de mon dit seigneur et de ses pays et subgiez. Id., ibid., f. 66.

[6] Il partit de son hostel le 3 juillet, pour se rendre à Dijon, et quitta cette ville le 6. 11 revint de sa mission le 5 septembre. Archives de la Côte-d'Or, II 1643, f. 66 et 78 v°. — Le 22 août, le duc ordonnait de lui payer 40 fr., pour deux voyages que par son commandement et ordonnance il fist pour aucuns ses affaires serrez ou pays de Champaigne. Archives du Nord, B 1942, f. 77.

[7] Journal d'un bourgeois de Paris, p. 240.

[8] Jean de Villeneuve partit le 16 juillet, pour aler hastivement, dudit lieu de Dijon, devers mon dit seigneur le duc, lui dire et exposer plusieurs choses que les diz Daulphin et de la Tremoille avoient dictes de bouche à icellui dr. Villeneufve, lui estant nagueres devers euh, et pour d'icelles rapporter à mes diz seigneurs les mareschal et gens du Conseil les bons plaisirs et voulenté de mon dit seigneur. Archives de la Côte-d'Or, B 1643, f. 66.

[9] On s'étonnera peut-être que le duc de Bourgogne ait été si vite renseigné, et que ses ambassadeurs soient arrivés à point nommé à Reims la veille du sacre. Mais d'abord le due était alors à Paris, où il séjourna jusqu'au 16 ; ensuite il faut noter que le bruit de la marche triomphante du Roi s'était répandu avec une rapidité foudroyante, et que l'on pressentait les événements avant même qu'ils ne fussent accomplis. C'est ainsi qu'on lit dans les instructions données par Bedford, à la date du 16 juillet 1429, au roi d'armes Jarretière, envoyé eu Angleterre : Dira comment le Dalphin s'est mis ja pieca sur les champs, en sa personne, à tres grosse puissance : pour la doubte et crainte de laquelle plusieurs bonnes villes, citeez et chasteaulx se sont ja mis, sans opposer ne attendre siège, en son obeissance, connue les citeez de Troyes et de Chaalons ; et aujourduy (XVI de ce mois) doit arriver à Reins où semblablement on lui fera ouverture pour demain, où l'un dit se faire sacrer. Rymer, t. IV, part. IV, p. 158.

[10] On n'a pas le texte de cette lettre, qui parait avoir été écrite le 25 juin, en même temps que celle aux habitants de Tournai.

[11] Histoire de Bourgogne, t IV, p. 130.

[12] C'est ce que dit formellement le Pape Pie H, dans ses Mémoires : Non est peregrinatus statuta die novus Rex ; impedimenta fuere Burgundorum legati, qui salutatum venerant, et aliquid ad concordiam afferebant. Passage reproduit dans Quicherat, l. c., t. IV, p. 514-15. — On hésite pourtant à donner un tel caractère à cette démarche, car au moment même où les ambassadeurs se dirigeaient vers Reims, le duc de Bourgogne prenait part à une de ces grandes mises en scène auxquelles Bedford avait volontiers recours pour frapper l'imagination des Parisiens : après un sermon prononcé à Notre-Dame, une assemblée solennelle avait été tenue au Palais de justice, et on y avait donné lecture des documents relatant la paix conclue entre Jean sans peur et le Dauphin, la violation dont le Dauphin s'était rendu coupable, et le meurtre déloyal du duc. Le fils de la victime de Montereau, au milieu de l'indignation exprimée par la multitude, avait renouvelé sa plainte contre l'assassin, et les mains s'étaient levées pour renouveler un serinent de haine à Charles VII, de fidélité aux Anglais (Journal d'un bourgeois de Paris, p. 241 ; cf. Registres du Parlement, dans Quicherat, Procès, t. IV, p. 4.55). En même temps, le duc de Bourgogne s'était engagé à amener une armée au secours des Anglais, et avait reçu pour cela 20.000 I. comptant, et des joyaux pour une somme égale (Compte de Pierre Surreau, dans Stevenson, Letters and Papers, etc., t. II, p. 101 et s.). Dans ses instructions au héraut Jarretière, envoyé en Angleterre, Bedford vantait l'activité et le zèle avec lesquels le duc le secondait : Et s'est monstré à ce besoing, en plusieurs manières, vray parent, amy et loyal vassal du Roy ; dont il doit estre moult honourablement recommandé, car se ne feust sa faveur Paris et tout le remenant s'en aloy à cop. (Rymer, t. IV, part. IV, p, 150). On voit que Philippe le Bon suivait les traditions de Jean sans peur.

[13] Lettres du 17 juillet 1429, dans Quicherat, Procès, t. V, p. 130. — On lit dans la Relation du greffier de la Rochelle (p. 37) : Le duc de Bourgogne, qui avait esté à Paris et s'en estoit allé à Laon, envoya ledit XVIIe jour de juillet ambassade devers le Roy audit lieu de Rains pour traitter son appointement. Et il ajoute : Mais ce n'estait que dissimulation et pour cuider amuser le Roy, qui estoit tout disposé d'aller tout droit devant Paris.

[14] Procès, t. V, p. 126-127.

[15] Son Itinéraire nous montre qu'il partit le 20 pour Saint-Marcou, où il toucha les malades atteints des écrouelles.

[16] Il est fait allusion à cette trêve dans une lettre de la Pucelle, en date du 5 août, et voici en quels termes : Et est vray que le Roy a faict trêves au duc de Bourgoigne quinze jours durant, par ainsi qu'il l'y doibt rendre la cité de Paris paisiblement au chieff de quinze jour. Procès, t. V, p. 140. — On lit dans le Troisième compte de Jean Monnet (Archives du Nord, II 1943, f. 77 v°) : A lui (David de Brimeu) pour autres vil jours que, au mois de juillet mil CCCC XXIX, il sacqua par le commandement de mon dit seigneur devers les gens du Daulphin, XXI fr. — C'est la seule mention que nous ayons rencontrée, dans les comptes, de l'ambassade envoyée à Reims.

[17] C'étaient ceux-là même que le duc de Savoie avait envoyés un peu auparavant, et qui ont été nommés plus haut.

[18] Monstrelet, t. IV, p. 348.

[19] Document publié dans l'Histoire de Bourgogne (t. IV, preuves, p. LXXVIII) avec ce titre : Offres du Roi pour la paix. — Ce titre est fautif, car, en comparant cette pièce avec la suivante, on voit que ce sont là non les Offres du Roi, mais bien les Propositions des ambassadeurs de Savoie.

[20] Faute d'avoir fait cette distinction, les historiens qui ont rapporté ces négociations sont tombés dans une grave erreur. Voir Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 131-132 ; Histoire des ducs de Bourgogne, par M. de Barante, t. VI, p. 35 et s. ; Histoire de Charles VII, par M. Vattel de Viriville, t. II, p. 111-113.

[21] C'est l'expression employée dans les demandes faites à Bourg, en janvier 1423, par les ambassadeurs bourguignons. Il est intéressant de comparer ces deux documents. Voir, plus haut, chapitre VIII.

[22] C'était là encore une des prétentions formulées à Bourg, et auxquelles les ambassadeurs de Savoie voulaient donner satisfaction.

[23] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXVIII-LXXIX. — Ce document se trouve aussi dans la Collection de Bourgogne, 99, p. 211.

[24] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXVIII-LXXIX.

[25] Monstrelet, t. IV, p. 349. — Chastellain dit aussi : Les approches y estoient grandes (t. II, p. 27).

[26] Monstrelet, t. IV, p. 349.

[27] Monstrelet, t. IV, p. 353 ; Archives du Nord, B 1942, f. 77 et 120. — Les ambassadeurs partirent le 21 août.

[28] Monstrelet, t. IV, p. 353.

[29] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXIX-LXXXI.

[30] Sur la trêve du 28 août, voir aux archives de Reims une lettre missive, en date du 13 septembre, par laquelle le Roi fit connaître à la ville de Reims les négociations entamées et sa retraite sur la Loire ; cf. Extrait d'un mémoire à consulter sur Guillaume de Flavy, Procès, t. V, p. 174.

[31] Cet acte, dont la substance était connue depuis longtemps par l'analyse donnée par le greffier Du Tillet (Recueil des traictez d'entre les Roys de France et d'Angleterre, p. 351 et 367 ; cf. Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, t. VI, p. 40-41), et qu'on pouvait trouver dans le Registre du Parlement connu sous le nom d'Ordonnances Barbines (Archives, X1a 8605, f. 13), a été publié in extenso, avec un autre en date du 18 septembre 1429, comme une révélation, par M. Jules Quicherat, d'après un vidimus conservé aux Archives de Douai (Revue de la Normandie, t. VI, 1866, p. 398-400). M. Quicherat pense que la chancellerie royale eut soin de tenir secret l'acte du 28 août. Cette assertion est démentie par une lettre de Charles VII aux habitants de Reims, en date du 13 septembre, où il fait connaître la conclusion de la trêve ; on verra plus loin que, de son côté, le duc de Bourgogne la fit publier à Paris le 13 octobre. — M. Quicherat, en publiant récemment un fragment de la Chronique anonyme (ms. fr. 23018), dans la Revue historique (mai-juin 1882), a reproduit les deux lettres en question, dont le texte se trouve inséré dans cette chronique (voir p. 76-79).

[32] Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 133. L'auteur prétend que le duc de Savoie en fut si mécontent qu'il déclara ne plus vouloir se mêler des négociations. Nous ne savons sur quel témoignage s'appuie l'historien. Mais il constate ce fait indubitable qu'à la nouvelle de l'attaque de Paris, le maréchal de Bourgogne, de concert avec le conseil du duc à Dijon, avait donné l'ordre à tous les baillis de prendre les armes.

[33] Ces lettres, dont l'original se trouve à Lille (Archives du Nord, B 1483) ont été publiées également par M. Quicherat (l. c., p. 400-401). Elles furent données par le conseil siégeant à Senlis (en l'absence du Roi, qui se repliait alors sur la Loire) sous la présidence du comte de Clermont, lieutenant-général du Roi dans les pays au nord de la Seine, et sont contresignées par ce prince, par le comte de Vendôme, le chancelier, Christophe d'Harcourt et le doyen de Paris. — Voir sur cette trêve spéciale à Paris, le Journal d'un bourgeois de Paris, p. 248.

[34] Et là vint messire Jehan de Luxembourg, qui là fist moult de promesses de faire la paix entre le Roy et le duc de Bourgongne : dont il ne fist riens, sinon le decevoir. Berry, dans Procès, t. IV, p. 47.

[35] C'est ce que constate la lettre du duc de Bourgogne au duc de Savoie, en date du 15 octobre. Guichenon, t. II, p. 297.

[36] Berry, l. c., p. 48. — Le duc de Bourgogne lui fit payer 125 livres, à la date du 17 septembre, pour deux voyages que, par son commandement et ordonnance, il avait fait devers le Daulphin. Archives du Nord, B 1942, f. 77.

[37] Monstrelet, t. IV, p. 353.

[38] Monstrelet, t. IV, p. 357 et 359.

[39] Monstrelet dit (t. IV, p. 360-61) qu'on ne voit point d'apparence qu'il (le duc) y eust grand amour ou desir d'avoir grand parlement avec ycellui comte de Clermont, son beau-frère.

[40] Journal d'un bourgeois de Paris, p. 247.

[41] Voir plus haut, chapitre premier.

[42] Registres du Parlement, dans Félibien, Histoire de Paris, t. IV, p. 591. Stevenson, t. II, p. 126-27. M. Vallet (t. II, p. 123) nomme Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, au lieu de Jean de Luxembourg, seigneur de Beaurevoir.

[43] Ces lettres se trouvent dans Guichenon, Preuves de l'histoire généalogique de la maison de Savoie, p. 296-97. Elles sont contresignées par Jean de Luxembourg, les seigneurs de Croy et de Santes, et le prévôt de Saint-Omer.

[44] Registres du Parlement, l. c.

[45] Guichenon, t. II, p. 297.

[46] Monstrelet, t. IV, p. 362. — Le duc quitta Paris le 17 octobre, et y laissa, comme capitaine, le seigneur de l'Isle-Adam. Il pourvut de capitaines bourguignons les places de Saint-Denis, du Bois de Vincennes et du Pont de Charenton.

[47] Elle n'y arriva que le jour de Noël ; le mariage eut lieu à Bruges le 8 janvier.

[48] Le 20 octobre le comte de Clermont, lieutenant général du Roi, lit remettre par le doyen de Paris et le seigneur de l'Espinasse aux ambassadeurs du duc de Bourgogne, réunis à Montdidier, une déclaration sur la manière dont il entendait observer les stipulations faites à Saint-Denis. On lit dans ce document : Monseigneur le conte de Clermont est content de la tenir (l'abstinence particulière des Anglais) et faire tenir sans y riens innover, par ainsi toutes voies que, attendu que les diz Anglois ont longuement demouré à faire sur ce response, et ont fait guerre ce pendant, si le Roy mande à monseigneur de Clermont la non tenir, il le fera, et en le faisant savoir aux diz Anglois à huigt jours de desmande. Il se déclarait prêt à livrer Compiègne au duc de Bourgogne, ainsi que le Roy l'a volu, et il avait donné des ordres dans ce sens, auxquels on ne s'était point encore conformé ; et il ajoutait : Et si on veult mettre siège, mon dit seigneur de Clermont point ne l'empeschera ni fera empeschement. Mais il refusait de livrer Creil, n'ayant pas d'autre passage sur l'Oise. Archives du Nord, B 1483.

[49] C'étaient le chancelier Regnault de Chartres, Christophe d'Harcourt et Adam de Cambray.

[50] Lettre missive du 30 octobre aux habitants de Reims ; autre lettre missive du même jour. Archives de Reims, et Catalogue de la vente Lajariette (19 novembre 1860), n° 664.

[51] Guichenon, t. II, p. 297.

[52] Copie du temps, aux Archives de Turin, Trattati, Registre cité, f. 35. Le texte en a été publié par Guichenon, t. II, p. 496.

[53] Lettres du 25 novembre, contenues dans l'acte qui va être cité.

[54] Original signé, Archives du Nord, B 1483.

[55] Lettres de Jean Tuderi, en date du 29 janvier 1430, aux Archives du Nord, B 1484. Cf. Monstrelet, t. IV, p. 358.

[56] Ce mémoire, resté inédit, a été cependant connu de nos jours par quelques historiens : MM. Kervyn de Lettenhove et Vallet de Viriville en ont parlé, et M. Potvin, dans l'intéressant travail qu'il a publié récemment sur Ghillebert de Lannoy, le mentionne, en donnant une nomenclature des pièces contenues dans le manuscrit où il se trouve (Fr. 1278, f. 45-46). Mais aucun de ces érudits ne lui assigne sa vraie date, et M. Potvin se trompe en le reportant (p. 489) à l'année 1432. Postérieur à la trêve signée le 28 août 1449, il est antérieur au don de la Champagne au duc de Bourgogne (8 mars 1430) et au voyage de Henri VI en France (23 avril 1430). Après une étude très attentive et une comparaison avec les événements contemporains, nous avons cru devoir placer sa rédaction au mois de septembre ou d'octobre 1429.

[57] Lannoy était encore le 15 décembre 1429 en Angleterre avec Quentin Menart, prévôt de Saint-Omer ; à cette date des dons furent faits à ces ambassadeurs. Rymer, t. IV, part. IV, p. 152. Au couronnement du roi, qui avait eu lieu le 6 novembre, il y avait un chivaler de Savoy. Voir Rymer, l. c.

[58] Ms. fr. 1278, f. 47-48.

[59] Lettres des Rois, etc., t. II, p. 410-11.

[60] Lettres des Rois, etc., t. II, p. 412-14. Ces instructions paraissent avoir été rédigées au mois de décembre 1429. A la date du 5 janvier, l'an VIII du règne (1430), le conseil changea l'envoyé chargé de la mission.

[61] Histoire de France, t. V, p. 97.

[62] Lettre du Roi aux habitants de Reims, en date du 6 janvier 1430, en réponse aux plaintes formulées par eux (Archives de Reims). Il y a une lettre du maréchal de Toulongeon au duc de Savoie, en date du 4 février, portant plainte sur des infractions. Le duc lui répondit le 15 ; il avait transmis le 14 sa lettre au Roi (Archives de Turin, Registre cité, f. 2 et 3).

[63] Ms. fr. 1278, f. 12-14.

[64] Guichenon, t. I, p. 483.

[65] Lettre datée de Thonon. Archives de Turin, Trattati, Registre cité.

[66] Par manière, disait le duc, que mes bons droit m'y soient ministrés, restitués et conservés, comme en vous en ay singulière fiance, et tousjours avez acoustumé de rendre à chescun ce qui est sien. Lettre datée de Thonon le 16 mars. Id., ibid.

[67] Lettre datée de Thonon le 21 mars. Id., ibid.

[68] Lettre datée de Thonon, le 27 mars. Id., ibid. — Par une autre lettre du même jour, le duc demandait au Roi de donner bonne provision à l'affaire du Valentinois.

[69] Lettre datée de Jargeau le 22 avril. Id., ibid.

[70] Lettre du 29 mai. Id., ibid.

[71] Lettre datée de Venette-les-Compiègne, le 25 mai. Id., ibid.

[72] Lettre datée de Jargeau le 29 juin. Id., ibid. — Elle fut remise au duc par Le Lorrain, le 15 juillet.

[73] Expressions d'une lettre du prince d'Orange au duc de Savoie, en date du 16 août 1429. Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, par l'abbé U. Chevalier, p. 308.

[74] Voir Souvenirs du règne d'Amédée VIII, par le marquis Costa de Beauregard, p. 69. Le chancelier Jean de Beaufort avait répondu aux ambassadeurs du gouverneur du Dauphiné Gaucourt, venus pour demander au duc de garder la neutralité, qu'un des privilèges de la noblesse de Savoie était de servir indifféremment ceux qu'il lui plaisait, et que la voie la plus sûre pour l'avoir de son côté était de lui faire l'offre la plus avantageuse. Cf. Processus super insulta guerræ Anthonis, publié par l'abbé Chevalier, Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, p. 322.

[75] Et fut ainsi que le duc Amé de Savoye et ledit prince avoient conclud vouloir avoir ledit pays : c'est assavoir ledit prince le pays de Viennois, et ledit duc le pays de Grenoble et les Montagnes. Berry, p. 379.

[76] Berry, p. 380 ; Monstrelet, t. IV, p. 407-408. Cf. Souvenirs du règne d'Amédée VIII, p. 75, et Rodrigue de Villandrando, par M. Quicherat, p. 48.

[77] Et pour ce que nostre dit adversaire de Bourgongne, lequel après ce qu'il nous a par aucun temps amusé et deceu par trêves, soubz umbre de bonne foy, parce qu'il se disoit et affermoit avoir vouloir de parvenir au bien de paix, laquelle, pour le soulagement de nostre pouvre peuple, qui, à la desplaisance de nostre tuer, tant a souffert et souffre chascun jour pour le fait de la guerre, avons fort desiré et desirons, ne à nous n'a tenu ne ne tendra qu'elle ne soit, et nous en sommes mis en plus que nostre devoir, appellans de ce Dieu à tesmoing, s'est, en monstrant bien clerement qu'il n'a eu ne a aucun vouloir d'entendre ne de parvenir audit bien de paix, mais de tousjours favoriser noz diz ennemis, mis sus à certaine puissance pour faire guerre à l'encontre de nous et de nos pais,et loyaulx subgez, etc. Donné à Compiègne : Par le Roy à la relation de son conseil estant deça la rivière de Seine. Archives de Reims.

[78] Voir ci-dessus, chapitre VIII.

[79] Du 1er mai 1431 au 1er mai 1432. Rymer, t. IV, part. IV, p. 169.

[80] Rymer, l. c.

[81] Les négociations dans ce but avaient commencé au début de l'année 1429. Voir Rymer, l. c., p. 141, 144, 155, 156.

[82] Nous trouvons les mentions suivantes dans un extrait du Treizième compte de Hémon Raguier (Ms. fr. 20684, p. 573 et 574) : A Jean sire de Pollot, Thomas Scot et Simon Taillefer, ecuyers du pays d'Escoce, 2.100 l., pour leur voyage d'estre venus dudit pays d'Escoce devers le Roy, de par le Roy d'Escoce, en ambassade, pour traiter, confirmer et pacifier certaines haultes choses, allures et besognes touchant le Roy et les deux royaumes, et pour eux retourner. — A messire Patrice Ogliby, vicomte d'Angus au pays d'Escoce, 1.200 l., que l'an 1430, du commandement du Roy, luy a esté payée sur un passage que ledit seigneur lui ordonna lors faire audit pays et royaume d'Escoce en ambassade pour luy devers le Roy d'Escoce, pour le bien de luy et de son royaume. Par lettres du 22 octobre 1430, le Roi ordonnait de payer à un marchand de Montpellier 1.100 royaux d'or, pour des draps de soie qui ont servi au Roi et à la Reine, et ont été donnés au vicomte d'Angus, lors de son voyage en Écosse. Pièces originales, 69 : ANGUS.

[83] Polain, Histoire de l'ancien pays de Liège, t. II, p. 239.

[84] Voir Monstrelet, t. IV, p. 392 et s.

[85] Olivier de la Marche, introduction, chapitre III (éd. Buchon, p. 309). Voir les jolies anecdotes du chroniqueur sur le surnom de Hardi qui fut ensuite donné à Philippe.

[86] Voir Michelet, Histoire de France, t. IV, p. 101.

[87] Cédés au duc, avec la châtellenie de Bar-sur-Seine, par lettres de Henri VI du 26 juin 1423.

[88] Le duc Jean tenait depuis 1418 les trois châtellenies de Péronne, Roye et Montdidier : les lettres du 8 septembre 1423 lui en confirmaient seulement la possession, en assignant en outre au duc la châtellenie d'Audruick, le péage de Saint-Jean-de-Losne et les seigneuries de Tournai, Mortagne et Saint-Amand. Voir Longnon, Les limites de la France, p. 64.

[89] Et dont il ne jouit point, pas plus que de la ville de Tournai, demeurée française.

[90] Michelet, Histoire de France, t. V, p. 394.

[91] Voir Monstrelet, t. IV, p. 401. — Outre les duchés de Brabant, de Lothiers et de Limbourg, le duc de Bourgogne tenait, comme fiefs d'empire, le comté de Flandre, au moins en partie ; une partie du comté de Namur ; une partie du comté de Hainaut, les comtés de Hollande et de Zélande, le comté de Bourgogne, le comté d'Auxerre et le ressort de Saint-Laurent. Voir Longnon, Les limites de la France, p. 7-13 et 15.

[92] Voir Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 109-110, 118-119, 123-124.

[93] Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 123. — Il est fait allusion à cette alliance dan les comptes. Voir Collection de Bourgogne, 65, f. 142 v°.

[94] Par une lettre missive du 8 février, qui se rapporte évidemment à l'année 1428, Charles VII donnait l'ordre de délivrer 750 écus d'or à Gaucourt, sur les 1.500 qui lui avaient été alloués pour aller en ambassade vers le pape, le roi de Sicile, le roi d'Aragon et aussi le duc d'Autriche, et qui avaient été employés au recouvrement de Montargis. Original, mis en vente par Laverdet. Voir son Catalogue, n° 12, septembre-novembre 1857, p. 165.

[95] C'est ce qui résulte des Registres des Comptes de la ville d'Orléans, vol. XXII, dont M. Boucher de Molandon a bien voulu me communiquer la copie faite par ses soins, et des Registres des délibérations de Tours, vol. VII (Cf. Registres des Comptes, vol. XXIV, f. 44). Du 6 au 13 avril, Bertholet de Pise, ambassadeur de l'empereur, était à Orléans, dans la compagnie du bâtard d'Orléans. Le 15, les ambassadeurs allemands étaient attendus à Tours, et le 19 le Roi les envoyait chercher à Amboise pour les conduire près de lui à Chinon. — Sur le séjour des ambassadeurs à Orléans, il y a un autre renseignement dans un document du 4 mai qui se trouve parmi les Pièces originales, vol. 209 : BASIN.

[96] Nous voyons que Aimé Bourgeois, écuyer d'écurie du duc, partit au mois de janvier 1427, envoyé vers l'empereur pour aucunes grandes matières touchant les besoignes et affaires de mon dit seigneur, dont il ne veut que plus ample declaracion en soit faicte. Il revint au bout d'un an seulement, et repartit aussitôt pour une nouvelle mission, qui dura cinq mois. Archives de la Côte-d'Or, B 1639, f. 99.

[97] Le 3 juillet, Henri VI donnait pouvoir pour traiter avec l'empereur. Rymer, t. IV, part. IV, p. 141. L'Angleterre continuait à entretenir des relations suivies avec tous les princes allemands. Voir en particulier des lettres de Henri VI où il ordonne de compter avec un de ses conseillers, revenant d'une ambassade près du roi de Pologne et du haut mestre de Pruce. British Museum, Nero, B II, f. 91.

[98] C'est ce qui résulte des pièces qui vont être citées ci-dessous.

[99] Lettres données à Jargeau le 4 avril 1430, publiées par M. Armand d'Herbomez, dans les Pièces justificatives de son excellent mémoire sur cet épisode de notre histoire diplomatique, lequel avait paru dans la Revue des questions historiques (avril 1882) : Le traité de 1430 entre la France et l'Autriche, p. 35, d'après l'original aux Archives de Vienne.

[100] C'était le propre beau-frère de l'empereur Sigismond.

[101] D'Herbomez, l. c., p. 33.

[102] Voir Oratio ad Pium Papam de Philippo dux Burgundiœ, par le cardinal Jouffroy : Chroniques relatives à l'histoire de la Belgique sous la domination des ducs de Bourgogne, t. III, p. 144. Cf. d'Herbomez, l. c., p. 5.

[103] Archives, J 409, n° 50 ; Leibniz, Codex diplomaticus, p. 349 ; Du Mont, Corps diplomatique, t. II, part. II, p. 531.

[104] Voir la minute du procès-verbal, conservée aux Archives de Vienne, et publiée par M. d'Herbomez, l. c., p. 37.

[105] M. d'Herbomez nous parait se tromper en disant (p. 9) : La concession en apanage de la terre de Chaumont, de celle de Bassigny, ou d'une autre en Champagne ; il a mis une virgule de trop dans le texte latin.

[106] Minute conservée à l'Haus-Hof und Staat Archiv., publiée par M. d'Herbomez, p. 37-43. Cf. Archives, J 409, n° 51.

[107] Archives, J 409, n° 53 ; édité par Leibniz, p. 351-54. — Il n'y a qu'une différence quant aux dates : celle du 8 avril 1431 est substituée à celle du 1er pour la prise du commandement de l'armée par Frédéric.

[108] Archives, J 409, n° 52 ; publié par M. d'Herbomez, p. 43-47.

[109] Acte conservé à Vienne et publié pat M. d'Herbomez, p. 47-50.

[110] On ne s'explique pas davantage comment, citant les lettres du 10 août, les ambassadeurs nous livrent un texte contenant la date de la Saint-Michel, au lieu de celle du 25 juin qu'on lit dans la pièce originale conservée à Paris, aux Archives.

[111] Cum principibus videlicet Germanie et Almanie, sive duces, marquiones, comites, burgraffi fuerint, aut etiam quavis alia fulgeant dignitate, et cum singulis et quolibet eorum in solidum, verum etiam et cum communitatibus et rectoribus earumdem illarum regionum et etiam Italie. Le texte, qui se trouve aux Archives de Vienne, est donné par M. d'Herbomez, l. c., p. 50-52.

[112] Archives, J 409, n° 56 ; publié par M. d'Herbomez, p. 52-56. — Leibniz a donné, dans son Codex diplomaticus (p. 351), le début de cet acte, avant les lettres du 15 septembre, sans en publier la fin.

[113] Par lettres du 24 décembre 1430, Charles VII ordonnait de payer 200 royaux d'or à Simon Charles, pour les frais du voyage qu'il faisait présentement en Allemagne vers le duc d'Autriche et d'autres seigneurs du pays. Pièces originales, 1053 : ERLANT. La quittance de Simon Charles est du 8 janvier 1431. Pièces originales, 680 : CHARLES.

[114] C'était un bâtard de la maison de Luxembourg. D'Herbomez, l. c., p. 13.

[115] Instructions en allemand, publiées par M. d'Herbomez, p. 61-62. Les changements demandés par le Roi portaient en outre : 1° sur la stipulation relative aux villes, châteaux et terres dont le duc s'emparerait, et qui devaient appartenir au duc comme ses biens propres : le Roi demandait que le duc déclarât qu'il n'avait eu en vue que les villes et châteaux appartenant aux ennemis, et non ceux qui faisaient partie du domaine royal ; 2° Sur la substitution à faire eu cas de décès de Sigismond : le Roi voulait que le prince qui lui serait substitué fût le successeur du duc, car, disait-il, ce n'est pas l'usage que le roi de France donne sa fille aînée à un prince de moindre maison ; 3° sur les lettres de défi à envoyer au roi d'Angleterre et au duc de Bourgogne : le Roi demandait que les lettres fussent envoyées en France, afin qu'un de ses hérauts accompagnât celui du duc pour la remise des lettres. — Voir l'analyse donnée par M. d'Herbomez, p. 14-15.

[116] Instructions en allemand, publiées par M. d'Herbomez, p. 61-62. Cf. p. 16.

[117] Ces deux documents, extraits des Archives de Vienne, sont reproduits par M. d'Herbomez, p. 63 et 65.

[118] Il en réclamait le solde au duc, dans une lettre, en date du 8 mai 1431, publiée par M. d'Herbomez (p. 67), où il lui rendait compte de ce qu'il avait fait près du Roi. On y voit que le délai pour la prise d'armes avait été reculé du 15 mai au 24 juin.

[119] Le texte en a été publié par M. d'Herbomez, p. 70-71.

[120] Original aux Archives de la Côte d'Or. Publié par Gachard, Archives de Dijon, p. 148 et 149.

[121] Il se nommait Louis de Canelis, comte de Saint-Urs. Collection de Bourgogne, 65, f. 146 v°.

[122] Archives de la Côte d'Or, B 11931 ; Archives du Nord, B 1942, f. 71 et 78 v°.

[123] Et encores nouvellement s'est allié le Daulphin avec le duc d'Osteriche et les Allemans pour faire guerre es dis pais de Bourgongne du costé d'Allemaigne, incontinent les abstinences faillies qui sont entre les dis pais de Bourgongne et d'Allemaigne, lesquelles fauldront à la Saint-Martin prouchainement venant. Instructions du duc à ses ambassadeurs près du roi d'Angleterre, en date du 4 novembre 1430. Stevenson, t. II, p. 174. — Au mois de janvier suivant, le duc envoya une ambassade au comte de Loos, à l'évêque de Strasbourg et au comte Palatin. Archives de la Côte d'Or, B 1647, f. 77.

[124] Voir Réponse du conseil anglais à des ambassadeurs du duc de Bourgogne, en date du 28 mai 1431. Stevenson, t. II, p. 192.

[125] 23-26 avril et 20 juin. Gachard, Archives de Lille, p. 268 ; Chronique anonyme, Ms. fr. 18023, f. 507.

[126] Voir Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 158 et 154, et preuves, p. XCV. L'acte est du 17 octobre 1431. La trêve était prolongée du 1er octobre au 21 décembre.

[127] Les 15 janvier, 22 avril et 15 juin, à Montbéliard ; le 17 octobre, à Bâle. Voir instructions donnés par le conseil du duc de Bourgogne à la date du 10 juin 1431, Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXXVII et s. ; cf. p. 148 et 154 ; Archives de la Côte d'Or, B 1647, f. 74, 75, 77 v° et s.

[128] Dès le 20 juillet 1431, deux cent quarante-huit seigneurs, vassaux de Frédéric, avaient envoyé au duc leurs lettres de défi. Archives de la Côte d'Or, B 11880 ; d'Herbomez, l. c., p. 19. Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 154, et preuves, p. C-CII.

[129] Lettres du 3 janvier 1432, publiés par M. d'Herbomez, p. 72-75. Cf. p. 21-22.

[130] Archives de Reims.

[131] Voir le mémoire de M. d'Herbomez, qui a réuni, à ce sujet, toutes les indications fournies par l'histoire, p. 19, 23 et suivantes.

[132] Archives de la Côte d'Or, B 11932.

[133] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. CXVIII.