§ II. — DE 1424 A 1428Reprise des négociations avec le duc de Bourgogne, par l'entremise du duc de Savoie ; entrevue de Chalon. — Intervention de la reine de Sicile et du comte de Richemont : traité de Nantes ; conférence de Chambéry ; trêve du 28 septembre 1424. — Mariage du duc de Bourgogne avec Bonne d'Artois. — Les princes se réunissent à Mâcon sous la présidence du due de Savoie ; nouvelle conférence à Montluel : les quatre articles ; prorogation de la trêve par Amédée VIII. — Conflit entre les ducs de Bourgogne et de Glocester ; rôle de Bedford durant ce conflit ; avantages territoriaux faits à Philippe ; la guerre éclate en Hainaut. — Le pape écrit aux ducs de Bedford et de Bourgogne pour les presser de faire la paix avec la France. — Démarches réitérées du duc de Bretagne et du connétable de Richemont près de Philippe ; Ambassades du Roi au duc de Savoie. — Mort de Bonne d'Artois. — Jean VI envoie à Philippe un nouveau message ; ambassade de La Trémoille et d'Alain Chartier ; conférence de Montluel. — Intervention personnelle de Richemont près du duc de Bourgogne : instructions qu'il donne à ses envoyés. Changement d'attitude du duc de Bretagne, qui négocie avec les Anglais ; il députe à Philippe son chancelier, puis un autre ambassadeur ; le complot de Bedford dénoncé ; message secret de Richemont à Philippe. — Ambassade du Roi au duc de Bourgogne ; conférence de Bourbon-Lancy ; les comtes de Clermont et de Richemont à Moulins ; extension donnée à la trêve ; remontrances envoyées par les deux princes au duc. Philippe en Hollande ; il reçoit enfin les communications du duc de Bretagne, du Roi et des princes ; échec définitif des négociations ; le duc de Savoie se borne désormais à prolonger la trêve. Rareté des relations diplomatiques avec les diverses puissances pendant le gouvernement du connétable : ambassade projetée en Espagne ; en décembre 1425. — Ambassades de mars 1428 et de juin 1428 près du roi de Castille. — Ambassade en Écosse ; discours d'Alain Chartier ; traités du 49 juillet et du 30 octobre 1428, stipulent le mariage de Marguerite d'Écosse avec le Dauphin et l'abandon éventuel de la Saintonge. Le duc de Savoie n'avait pas entrepris à la légère la tâche que lui avait confiée en 1422 le pape Martin V ; il n'entendait rien épargner pour la conduire à bonne fin. Le premier point était d'amener, le duc de Bourgogne à reprendre les négociations entamées à Bourg en janvier 1423. Profitant de la présence de Philippe en Bourgogne, où ce prince s'était rendu pour le mariage de sa sœur, la duchesse de Guyenne, avec le comte de Richemont — mariage célébré à Dijon le 10 octobre 1423, Amédée VIII lui envoya des ambassadeurs chargés de lui proposer une entrevue. Le duc accueillit favorablement les ouvertures de son oncle, et fit partir le seigneur de Saint-Georges à la tête d'une ambassade[1]. Les deux princes se réunirent à Chalon, où se trouvèrent le comte et la comtesse de Richemont, et leur séjour dans cette ville ne dura, pas moins de trois semaines (1er-20 décembre). Il fut d'abord question d'affaires personnelles dans les entretiens des deux ducs[2] ; mais Amédée ne manqua pas d'agir en faveur de la paix, soit auprès de son neveu, soit auprès du comte de Richemont, et sans doute il ne fut point étranger à la-résolution prise bientôt par ce dernier de rompre avec le duc de Bedford. Il est probable qu'un projet de mariage entre le duc Philippe et Bonne d'Artois, veuve du comte de Nevers, occupa aussi les princes. Enfin, à la suite de ces pourparlers, le duc de Savoie obtint de son neveu qu'il consentît à la tenue d'une nouvelle conférence, où ses ambassadeurs se rencontreraient avec des ambassadeurs de Charles VII. En quittant Chalon, le duc de Bourgogne se rendit à Dijon, d'où il écrivit au duc de Bedford, au comte de Foix, au roi de Navarre, et à un grand nombre de villes de son parti, pour faire connaître ses intentions favorables à la paix. Il écrivit aussi au duc de Bretagne, avec lequel il était en relations assidues. Nous avons vu plus haut que la reine de Sicile, à peine revenue de Provence, s'était mise en rapports avec le duc de Bretagne, et que d'actives démarches avaient été faites près de ce prince, dans le cours de l'année 1423, pour l'amener à un rapprochement. Yolande n'avait point seulement tourné ses regards du côté de Jean VI ; elle avait entamé secrètement des pourparlers avec le duc de Bourgogne : nous avons la preuve qu'au mois de juin 1423 ce prince correspondait avec elle[3]. C'est en Bretagne, en effet, que devait s'accomplir le premier acte des nouvelles négociations ouvertes sous les auspices du duc de Savoie. La reine de Sicile se rendit à Nantes au mois de mai 1424, accompagnée du chancelier de France, de Jean d'Harcourt, comte d'Aumale, et du bailli de Touraine, Guillaume d'Avaugour[4]. Le duc de Bourgogne tenait à connaître le résultat de cette conférence avant de s'engager dans la voie où le poussait son oncle de Savoie, et où le comte de Richemont lui avait garanti qu'il ne le ferait marcher qu'à bon escient[5]. Il s'agissait en effet de déterminer les points qui, une fois consentis de part et d'autre, devaient permettre d'arriver à une prompte pacification. C'est là l'objet du traité conclu à Nantes, le 18 mai 1424, et dont aucun historien n'a parlé jusqu'ici. En voici les principales clauses. I. Abolition générale sera donnée par le Roi, aussi bien que par le duc de Bourgogne, pour tous les cas advenus à l'occasion des guerres et divisions, tant en ce qui regarde la mort du feu duc de Bourgogne que d'autres faits, sans comprendre toutefois dans cette abolition les enfants de Blois, connus sous le nom de Penthièvre, ni leur mère. II. Une collégiale de vingt-quatre personnes, au maximum, sera fondée en un lieu situé hors de Montereau, lequel sera désigné par les médiateurs de la paix ; il y sera fait par le Roi une fondation, dans des conditions déterminées par les médiateurs, afin de prier Dieu pour les âmes de ceux qui sont morts durant les guerres et divisions. III. Restitution sera faite, de part et d'autre, aux anciens possesseurs des héritages et biens meubles dont on s'était emparé, sans tenir compte toutefois des arrérages et réparations ; semblable restitution sera faite en ce qui concerne les bénéfices. IV. Le duc de Bourgogne fera rendre au Roi et aux autres à qui il appartiendra, les villes, terres et pays ; qu'il occupe ; le Roi fera de même à l'égard du duc. V. Le duc de Bourgogne sera, à l'avenir, obéissant et sujet dévoué, comme bon vassal et parent doit être envers son souverain seigneur. Mais il aura, pour faire hommage, un délai dont la durée sera fixée par les médiateurs. Quant à sa venue vers le Roi, soit en personne, soit par procureur, en vertu d'un mandement où d'un ajournement qui lui serait fait touchant sa personne propre, les médiateurs en décideront une fois les parties entendues. VI. En ce qui regarde les prérogatives que le duc de Bourgogne désirerait posséder dans ses pays, le Roi aura pour agréable qu'il prenne les aides et tailles imposées pour la Couronne, soit sa vie durant, soit pendant tel temps qui serait déterminé par les médiateurs. VII. Quant aux meubles qui auraient été pris à Montereau, lors de la mort du feu duc, restitution sera faite de ce qui sera constaté y avoir été pris suivant l'avis des médiateurs. VIII. En ce qui concerne les comtés d'Étampes et de Gien, que le duc de Bourgogne prétend lui appartenir, comme le débat se poursuit à ce sujet devant le parlement entre diverses parties, le Roi accepte indifféremment, ou que la justice suive son cours, ou que les médiateurs en décident sommairement. Dans le cas où ceux-ci trancheraient la question au profit du duc, le Roi désire conserver Gien, et que compensation soit donnée au duc, à ce sujet, par les médiateurs. IX. Pour le comté d'Étampes, si le duc admettait une compensation, elle pourrait être faite par les médiateurs, au moyen dé Macon ou autrement, jusqu'à concurrence de trois mille livres tournois de revenu en sus de la valeur des terres d'Étampes et de Gien. X. Quant à la requête faite par le duc pour ce qui reste dû sur le douaire de Michelle de France, son épouse défunte, paiement en sera fait, par les soins des médiateurs, après vérification. XI. Le Roi consentira à dédommager le seigneur de Saint-Georges et Antoine de Vergy des pertes subies par eux. XII. Pour la stricte observation des choses susdites et des autres qui, pour parvenir à la paix, seront avisées, il est décidé, du consentement des parties, que la reine de Sicile et le duc de Bretagne sont déclarés médiateurs de la dite paix, et que le duc de Savoie en sera conservateur. Et si, dans l'avenir, on prétendait que des infractions à la paix ont été commises, les conservateurs ou leurs délégués en pourraient connaître et décider, en punissant les coupables, sans que pour cela la dite paix puisse être considérée comme rompue ; ils pourront en outre s'aider de la puissance dont il sera parlé ci-après. XIII. Les choses convenues pour le bien de la paix seront jurées par les parties entre les mains des médiateurs, et par les conservateurs, en telle forme que par eux sera avisé. Les médiateurs les jureront également, ainsi que leurs sujets, gens d'église, nobles et autres. XIV. Le serinent sera aussi prêté par les princes du sang étant avec le Roi, savoir : le duc d'Alençon, Charles monseigneur de Bourbon, Richard de Bretagne, le comte d'Aumale, et aussi par les princes étant avec le duc de Bourgogne, savoir : le duc de Brabant, le comte de Richemont, le comte de Saint-Pol ; par tous les serviteurs des princes et par tous les États du Royaume, tant gens d'église, nobles que bonnes villes, qui jureront d'observer étroitement ladite paix, et d'aider les conservateurs à la faire garder. En outre, tous vassaux liges et simples seront déliés des obligations contractées à l'égard de ceux qui violeraient cette paix. XV. La paix sera autorisée et décernée par notre Saint-Père le Pape, avec stipulation de peines canoniques contre les infracteurs, ainsi qu'il sera avisé. XVI. Au cas où les médiateurs seraient en désaccord, le Pape sera juge du débat, ou, en son lieu, un légat désigné par lui. XVII. Pour garantir la sûreté de la paix, le Roi sera content que les dits médiateurs mettent en son hôtel et en son service de leurs gens bien notables, et en tel et si bon nombre qu'il devra suffire, pour être à son Conseil et ès choses qui se feront, afin que les dits médiateurs puissent être sûrs et assurés qu'il ne se fera rien contre ni au préjudice de la paix, mais seront curieux de besogner et avertir à ce qu'elle soit soigneusement gardée en tous points et par tous articles. Et pour arriver à la perfection de la dite sûreté, il est expédient que Tanguy du Chastel et le président de Provence, ou l'un d'eux, vienne devers le duc de Bretagne, pour lui parler. XVIII. Le duc de Bretagne supplie le Roi que, pour avoir une paix générale dans tout son royaume, son plaisir soit de faire aux Anglais de telles offres que, selon Dieu et raison, ils eu doivent être contents. A quoi les ambassadeurs du Roi ont répondu qu'ils n'avaient pas de pouvoir à cet égard, mais qu'ils transmettraient très volontiers ce vœu au Roi[6]. Le duc de Bourgogne fut aussitôt informé du résultat de la conférence de Nantes, et il ne tarda pas à envoyer deux de ses familiers au duc de Bretagne, avec lequel il ne cessait de correspondre[7]. Le moment était venu pour Philippe de répondre au désir du duc de Savoie, et de faire partir les ambassadeurs qui devaient prendre part aux négociations avec la France. Il y eut un échange préalable de communications entre Philippe et Amédée[8], à la suite duquel les conférences s'ouvrirent, à Chambéry, entre les ambassadeurs des deux parties[9], sous la présidence du duc de Savoie. Elles ne tardèrent point à aboutir à la conclusion d'une trêve, qui fut promulguée par le duc dans des lettres du 28 septembre 1424[10]. Il était stipulé, d'accord avec les ambassadeurs : 1° Que le Roi, — c'était l'appellation dont le duc, renonçant aux circonlocutions dont il avait usé jadis, se servait dans l'acte, — tant de sa part que de celle de ses sujets et de ses gens de guerre, soit publiquement, soit d'une façon occulte, n'offenserait ni ne souffrirait qu'on portât offense en quelque manière aux duché, comté et pays de Bourgogne, de Nevers, de Donziois, de Charolais et de Mâconnais, de façon à ce que toute guerre ou voie de fait cessât à partir du 5 octobre prochain, et jusqu'au 1er mai suivant ; 2° Que le duc de Bourgogne, en son nom et au nom des siens, s'engagerait à respecter également, pendant la même durée, les duché, comté, baronnie et pays de Bourbonnais, Forez, Lyonnais, Beaujolais (et terre de Villars), Château-Chinon et Combraille, ainsi que la partie du baillage de Mâcon étant en l'obéissance du Roi ; 3° Que les deux princes feraient évacuer, avant le 15 novembre, par leurs gens de guerre, les pays susnommés, ainsi que Saint-Pierre-le-Moutier et toutes les places situées au-delà de l'Allier ; 4° Que les sujets des deux princes, munis de sauf-conduits, pourraient circuler librement et vaquer à leurs affaires ; 5° Que toute violation du traité donnerait lieu à un recours au duc de Savoie, comme conservateur de la trêve (ou à son délégué), lequel connaîtrait de toutes les querelles et querimonies des deux parties, qui seraient tenues de s'en rapporter à sa décision ; 6° Que les deux princes prêteraient serment d'observer le traité, et qu'ils en donneraient leurs lettres de ratification ; 7° Que, comme garantie, les places de Cusset, La Guerche, Villars, Chevenon et Verges, auxquelles prétendait la comtesse de Nevers, seraient mises en séquestre, ainsi que la ville de Châteauneuf-en-Mâconnais, entre les mains de la duchesse de Bourbon, pendant la durée de la trêve. Le traité de Chambéry fut ratifié le 13 octobre par le duc de Bourgogne, et le 31 octobre par Charles VII[11]. Un événement, qui ne devait point être sans influence sur l'issue des négociations entamées sous les auspices du duc de Savoie, s'accomplit le 30 novembre 1424. Le duc de Bourgogne, ayant obtenu dispense du Pape[12], épousa, à Moulins-Engilbert, sa tante Bonne d'Artois, veuve en premières noces de Philippe de Bourgogne, comte de Nevers, frère de Jean sans peur, tué à la bataille d'Azincourt. La comtesse de Nevers était sœur du comte d'Eu, prisonnier en Angleterre, et l'un de ceux que Henri V, sur son lit de mort, avait recommandé de ne jamais mettre en liberté ; elle était, en outre, sœur de mère de Charles de Bourbon[13]. Princesse d'une haute vertu, elle était restée française de cœur, et elle allait, mieux que personne, travailler à rapprocher son époux du trône[14]. Le comte de Richemont assistait à ce mariage, ainsi que la duchesse de Guyenne, sa femme. Richemont avait tenu son beau-frère au courant des négociations poursuivies entre le duc de Bretagne et Charles VII. Avant de se rendre à l'entrevue d'Angers, il avait prévenu Philippe de cette démarche[15] ; dans le courant du mois de novembre, celui-ci lui avait adressé messages sur messages[16]. Aussitôt après les noces, le duc et le comte se rendirent à Macon, où devait se tenir, sous la présidence du duc de Savoie, une nouvelle conférence, à laquelle prirent part des ambassadeurs du duc de Bretagne[17] et de Charles VII[18]. C'était la première fois que le duc de Bourgogne se voyait en présence des représentants du Prince dont il s'était fait l'adversaire déclaré, et il retrouvait à la tête de l'ambassade ce même Charles de Bourbon qui avait suivi la fortune de son père depuis l'occupation de Paris jusqu'au tragique événement de Montereau, et qui, dès 1412, avait été fiancé à sa sœur Agnès[19]. On se mit promptement d'accord sur les bases des négociations : les traités de Nantes et de Chambéry avaient frayé la voie où il n'y avait plus qu'à marcher. Un des points résolus dès lors fut l'accomplissement du mariage de Charles de Bourbon avec Agnès de Bourgogne : de longues contestations s'étaient élevées relativement à ce projet d'union[20], et sa conclusion allait devenir comme le sceau d'une réconciliation entre toutes les branches de la Maison royale[21]. Les princes se séparèrent le 5 décembre. Tandis que Richemont accompagnait son beau-frère à Dijon, où se fit l'entrée solennelle de la nouvelle duchesse de Bourgogne, le duc Amédée regagnait la Bresse. Pendant le mois de décembre, il y eut des communications échangées à la fois par Philippe avec le duc de Bedford, auquel il avait écrit avant de quitter Macon[22], et par Amédée avec Charles VII, qui fit aussitôt partir une nouvelle ambassade, où figuraient le comte de Vendôme et le chancelier Gouge. Le 10 janvier 1425, ces deux ambassadeurs, en compagnie du comte de Richemont, passaient par Lyon[23], se rendant près du duc de Savoie. Une seconde conférence s'ouvrit à Montluel, sous la présidence de ce prince. C'est là que furent rédigés, d'accord avec les ambassadeurs de Charles VII et du duc de Bretagne, les quatre articles dont nous avons fait déjà connaître la teneur, et par lesquels la question de la direction gouvernementale se trouvait tranchée d'avance[24]. Quand tout fut convenu de la sorte, le duc de Savoie, voulant se rapprocher de son neveu de Bourgogne, qui était revenu à Mâcon, se rendit au château de Bagé, tandis que les ambassadeurs de France s'installaient à Pont-de-Veyle[25], où furent pris les derniers arrangements. Le 28 janvier, à Saint-Laurent-lès-Mâcon, les deux ducs échangeaient des promesses d'alliances mutuelles envers et contre tous[26] ; le 30 janvier, par acte donné à Bagé, le duc de Savoie déclarait qu'après avoir conféré avec les ambassadeurs des parties, voulant poursuivre son œuvre de Pacification, il prolongeait jusqu'au 25 décembre 1425 la trêve conclue à Chambéry[27]. Le comte de Richemont avait réglé les questions qu'il tenait à résoudre avant d'accepter l'épée de connétable. Les arrangements pris entre les deux ducs reçurent une première sanction par la conclusion de l'alliance entre le comte de Clermont et Agnès de Bourgogne : le contrat de mariage fut signé à Autun, le 15 février, en présence de Regnault de Chartres, archevêque de Reims, et de Georges, sire de La Trémoille[28]. Puis des ambassadeurs du duc de Savoie se rendirent auprès de Charles VII, et les conventions antérieures furent, ainsi qu'on l'a vu plus haut, approuvées par le Roi dans la solennelle assemblée tenue à Chinon, à laquelle prirent part les représentants d'Amédée VIII, admis à l'honneur de siéger dans le Conseil royal[29]. Tout semblait donc assurer le succès des négociations avec le duc Philippe. Aux efforts du connétable, du duc de Savoie et du duc de Bretagne, allaient se joindre l'action personnelle de ses deux sœurs, la duchesse de Guyenne et la comtesse de Clermont. Ainsi rattaché à la France par des influences de famille qui, tôt ou tard, devaient être prépondérantes, le duc de Bourgogne se trouvait à ce moment même engagé dans un conflit qui, en refroidissant ses relations avec les Anglais, paraissait devoir faciliter sa réconciliation avec Charles VII. Un grave incident s'était produit, en effet, depuis la
triple alliance d'Amiens, ce pacte qui devait entrainer la ruine de la cause
royale, et n'avait produit aucun des résultats qu'en attendaient les parties
contractantes. Philippe avait vu surgir un antagoniste au sein même de la
famille royale d'Angleterre, et cet ennemi imprévu n'était autre que le
propre frère du régent Bedford, ce duc de Glocester auquel Henri V avait fait
en mourant des recommandations si solennelles[30]. Le jeune Humphroy
s'était épris de Jacqueline de Bavière, fille unique et héritière du comte de
Hainaut, beau-frère de Jean sans Peur. Veuve d'un enfant (le dauphin Jean), mariée de force en 1418 à
un autre enfant valétudinaire (Jean de
Bourgogne, duc de Brabant), son cousin-germain, Jacqueline se fit
enlever en 1421 par le sire d'Escaillon, et, se souvenant que Henri V avait
songé à l'unir avec Bedford[31], elle alla lui
demander asile et protection[32]. La jeune
duchesse était, nous apprend Georges Chastellain, cointe
beaucoup (très jolie), gaye fort, vigoureuse de corps. Elle jugea
qu'ayant été jusque là si peu mariée, elle pouvait se permettre de prendre un
nouvel époux : elle dit à Glocester qu'il lui fallait un mari et un héritier
; puis, s'adressant à l'antipape Benoît XIII, elle fit annuler son union avec
le duc de Brabant. Au mois de mars 1423, Jacqueline était devenue la duchesse
de Glocester[33].
Il faut dire que ses beaux yeux n'avaient pas à eux seuls fait la conquête du
duc : en épousant la femme, celui-ci n'oubliait pas la dot ; et tandis qu'il
poursuivait en cour de Rome la rupture du mariage de Jacqueline avec le duc
de Brabant, il annonça hautement l'intention de revendiquer la possession du
Hainaut. Depuis longtemps, le duc de Bedford voyait venir l'orage. Il avait tout fait pour arrêter son frère dans la voie où Glocester s'engageait, au risque d'enlever à l'Angleterre un indispensable allié ; et en même temps, il s'efforçait par tous les moyens de calmer l'irritation du duc Philippe. Aussitôt après son mariage avec Anne de Bourgogne, nous le voyons recevoir le duc à Paris, et le traiter avec magnificence ; en réponse à ses réclamations financières, il lui fait donner[34] les villes et châtellenies de Péronne, Roye et Montdidier, et les villes et baillages de Tournai, Mortagne et Saint-Amand, avec une rente annuelle de trois mille livres. Pour apaiser le différend relatif à la possession du Hainaut, Bedford et Philippe se constituent arbitres du litige ; ils font accepter leur arbitrage par le duc de Brabant, et même par Glocester[35]. Les deux beaux-frères se retrouvent à Paris au mois de février 1424, puis à Amiens au commencement de juin, avec les ambassadeurs du duc de Brabant. Une sentence arbitrale est rendue à Paris le 19 juin, remettant la décision du Souverain Pontife[36]. Là au milieu de joutes, de festins et de divertissements par lesquels les ducs de Bourgogne et de Bedford et le comte de Richemont font diversion à un deuil récent[37], de nouveaux avantages territoriaux sont accordés à Philippe : il reçoit pour deux ans les comtés de Macon et d'Auxerre et la châtellenie de Bar-sur-Seine, en paiement des créances qu'il avait sur la couronne[38]. Puis, satisfait et rassuré tout ensemble, le duc va prendre possession de ses nouvelles seigneuries, et célèbre avec une joie indécente la nouvelle de la victoire de Verneuil. Le 20 octobre 1424, le duc revient à Paris : avant de se rendre en Nivernais pour son mariage avec la comtesse de Nevers, il veut présider aux noces de son grand maitre d'hôtel, Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, qui épouse la demoiselle de Rochebaron. La nouvelle du débarquement de Glocester à Calais, à la tête de cinq mille hommes, éclate comme un coup de foudre. Que signifie un tel éclat ? Comment Bedford n'a-t-il pas su empêcher cette expédition ? Serait-il de connivence avec son frère ? Faut-il voir, dans l'entreprise de Glocester sur le Hainaut, une menace au signataire du traité d'Amiens, dont on n'ignore pas les relations avec la France, dont on voit d'un mauvais œil le mariage avec une princesse française ?, De part et daubes les intrigues s'entrecroisent, et les plus vives récriminations sont échangées. Glocester dénonce à Bedford les machinations et conspirations secrètes du duc avec les ennemis[39] ; Bedford, qui cherche à apaiser la fureur de Philippe, agit secrètement en faveur de son frère[40]. Le duc de Bourgogne déclare hautement qu'il défendra le duc de Brabant contre l'agression dont il est menacé. Autour de lui on le presse de se rapprocher de la France, et le sire de la Trémoille, venu, muni d'un sauf-conduit, au mariage de son frère, seconde activement le chancelier Rolin et les autres conseillers acquis à l'alliance française. Mais Glocester, que rien n'arrête, occupe le Hainaut, où il est reconnu comme souverain ; la lutte s'engage ; des défis sont échangés entre les deux princes, qui sont à la veille de vider leur querelle dans un combat singulier. Telle est la situation au moment où Richemont prend la direction des affaires, et où le duc de Bourgogne va être mis en demeure de remplir ses engagements. Sur ces entrefaites, et à la demande de Charles VII, le pape intervint de nouveau en faveur de la paix. A la date du 22 mai 1425, il adressa à la fois au duc de Bourgogne et au duc de Bedford des lettres très pressantes[41]. Nous avons appris par des gens dignes de foi, écrivait-il à Philippe ; que vos adversaires, inspirés par le Seigneur, sont disposés à conclure une paix raisonnable et honorable, telle que, sans encourir le reproche d'une cruauté coupable, il est impossible de la repousser[42]. L'opposition que le duc pouvait rencontrer chez ses alliés ne devait point l'arrêter, car, par ses dispositions pacifiques, il les obligerait à conclure une paix qui serait d'autant meilleure et plus utile qu'elle aurait un caractère universel. Que si d'ailleurs ils s'obstinaient dans cette passion belliqueuse qui faisait la ruine de tant de provinces et la désolation de tant de peuples, — outre qu'elle était une exécrable offense envers Dieu et la destruction de la république chrétienne le duc, ne consultant que son honneur et sa conscience, devait considérer ce qu'il lui convenait de faire pour sauver son âme et pour ne point être regardé, au jugement de Dieu et des hommes, comme l'auteur de tant de maux. Les promesses faites, les alliances contrastées ne pouvaient être alléguées par le duc comme un obstacle. A supposer qu'elles n'offensent point Dieu, qu'on doit craindre d'offenser plutôt que les hommes, disait le pape en terminant, est-ce que l'amour de la patrie, est-ce que la restauration du royaume de vos ancêtres, est-ce que les liens du sang ne doivent pas vous toucher davantage ?... Le désir de cette paix est si grand et si universel, l'utilité en est si évidente pour le peuple chrétien que, si vous en êtes l'auteur, votre nom sera désormais entouré d'une gloire sans tache, rendu illustre en tout lieu, et célébré à l'égal de celui des plus grands princes[43]. Le comte de Richemont avait fait savoir au duc Philippe, à plusieurs reprises, que dès qu'il aurait entre ses mains celui qu'il appelait encore le Dauphin, tout ce qui avait été arrêté entre eux pourrait être considéré comme chose conclue[44]. Malgré là résistance momentanée opposée par le président Louvet, tous les conseillers désignés par le duc ne tardèrent point à être renvoyés[45]. Aussitôt l'exécution opérée, le connétable s'empressa d'en aviser le duc, en l'assurant qu'il n'avait plus que des amis à la Cour, et que rien désormais ne devait les empêcher de travailler tous deux, de concert, au bien du royaume et au relèvement de la maison dont ils étaient issus[46]. A la date du 25 mars 1425, le duc de Bretagne avait renouvelé son pacte d'alliance avec le duc de Bourgogne et juré solennellement d'y être fidèle[47] ; peu après Jean VI reçut un écuyer du duc Philippe, député vers lui[48]. Il avait été convenu qu'une nouvelle conférence serait tenue à Montluel, le 16 avril, sous la présidence du duc de Savoie. Charles VII avait désigné, pour s'y rendre, de notables ambassadeurs[49], et il avait invité plusieurs de ses bonnes villes à s'y faire représenter[50]. Mais les incidents survenus à la Cour[51] entraînèrent un retard dans la réunion de cette conférence, qui fut renvoyée au 10 mai[52]. Elle fut tenue à cette époque[53], sans amener de résultat appréciable[54]. Il paraitrait qu'il y fut question d'un double mariage de deux filles du duc de Savoie, d'une part avec le Dauphin, et d'autre part avec le fils aîné du duc de Bretagne[55]. Le duc de Bourgogne était alors fort absorbé par ses affaires personnelles ; il entretenait une active correspondance, soit avec Bedford, soit avec ses propres conseillers[56]. La guerre se poursuivait en Hainaut. Chose digne de remarque, on avait vu dans cette lutte des capitaines du parti royal s'enrôler sous la bannière du duc de Bourgogne[57], et une ville française envoyer des secours au duc de Brabant[58]. Débarrassé bientôt de tout souci par la conclusion d'une trêve et par le brusque départ de Glocester, qui, sous prétexte d'aller se préparer à son combat singulier, regagna l'Angleterre en compagnie d'une maîtresse dont il ne tarda pas à faire sa femme[59], Philippe se proposait de se rendre en Hollande pour y recueillir la succession de son oncle, Jean de Bavière, qui venait de mourir en l'instituant son seul héritier[60]. Il eut à Hesdin, au mois de juillet 1425, une entrevue avec Bedford, qui le supplia de ne point donner suite au projet de duel, lequel d'ailleurs ne tarda pas à être abandonné[61]. Puis le duc donna rendez-volis à ses troupes à L'Escluse pour le 12 septembre : dès le 19, il était à Rotterdam. Après la conclusion du traité de Saumur (7 octobre), qui donnait une sanction
définitive aux arrangements faits jusque-là le duc de Bourgogne fut de
nouveau averti des bonnes dispositions du Roi. Charles VII avait déclaré
solennellement que, sur toutes choses mondaines,
il désirait que le duc Philippe et lui fussent tout
à un et bienveillants l'un de l'autre[62]. Il avait chargé
expressément le duc de Bretagne de travailler à cette réconciliation. Pour
témoigner de son bon vouloir et laisser un libre cours aux négociations, il
avait fait savoir qu'en ce qui concernait la mort du duc Jean sans peur, il
s'en rapportait à ce que décideraient les ducs de Bretagne et de Savoie. Le
duc de Bretagne, en envoyant à Philippe ses ambassadeurs pour lui faire
connaître l'important résultat obtenu, le priait d'entendre à cette matière,
et de lui faire connaître ses intentions, afin qu'il pût s'y conformer, Que
le duc de Bourgogne décide sans retard, lui faisait-il dire, car la demeure pourrait être trop nuisible au royaume. Puisqu'il
n'y a plus autour du Roi aucun de ses haineux
ni nul perturbateur de paix, mais que tous ceux
qui y sont veulent son bien, qu'il ait égard à la couronne dont il est le
plus grand fleuron, afin qu'elle ne déchoie ; qu'il prenne en considération
le bon vouloir du Roi, et son désir de se mettre
vers lui en son devoir et de s'unir avec lui. Le duc de Bretagne
plaidait ensuite les circonstances atténuantes relativement au meurtre de
Montereau : il faisait valoir le jeune âge du Roi, et le très mauvais conseil qui le gouvernait alors et lui
mettait au cœur de mauvaises suspicions et
imaginations, non seulement contre ses plus proches parents, mais
contre sa propre mère. Il suppliait donc le duc d'entendre à un bon
appointement et de se rapprocher de son pays de Bourgogne, où l'on pourrait
se réunir pour arriver à une conclusion. Le duc de Bretagne était disposé à
s'y rendre si c'était nécessaire, et il avait fait demander au duc de Savoie
de s'y trouver, afin qu'avec la grâce de Dieu la chose fût parachevée. Il
ajoutait que les princes du sang désiraient de tout leur cœur la
réconciliation du Roi et du duc, et qu'en ce qui concernait les Anglais, le
Roi voulait se mettre en son devoir à leur égard, étant disposé à les
solliciter de conclure la paix, et à leur faire des offres par l'entremise
des ducs de Bourgogne, de Bretagne et de Savoie[63]. Le connétable, la duchesse de Guyenne, le comte de Clermont joignirent leurs instances à celles du duc de Bretagne[64]. De son côté, le gouvernement royal ne cessait d'agir près du duc de Savoie. Après l'ambassade envoyée au mois d'avril, et à la tête de laquelle étaient l'archevêque de Toulouse, Denis du Moulin, et le comte Dauphin d'Auvergne, on fit partir successivement deux autres ambassades, en septembre et en décembre[65]. Le duc de Savoie reçut aussi au mois de novembre une ambassade du duc de Bourgogne[66]. Mais tout ce que put faire Amédée fut de proroger la trêve, qui était au moment d'expirer : par lettres données au château de Thonon le 2 décembre 1425, voulant toujours perseverer au bien et bonne pacification des parties, il étendit le délai jusqu'à la Chandeleur[67]. C'était désormais au duc de Bretagne et au connétable de Richemont qu'appartenait la direction des négociations. Tous les sacrifices exigés du Roi avaient été faits par lui avec une entière abnégation. Qu'attendait donc le duc de Bourgogne pour faire un pas décisif dans la voie que lui-même avait tracée ? Les traités passés à Nantes, à Chambéry, à Montluel, allaient-ils rester à l'état de lettre-morte ? Voilà ce qu'on se demandait au sein du conseil royal, où l'on s'étonnait à bon droit que Charles VII, après avoir tout accordé, confiant dans les promesses qui lui étaient faites, ne reçût rien en retour. Un événement très regrettable se produisit sur ces entrefaites. Celle qui était si bien nommée la bonne duchesse, et sur laquelle on avait fondé tant d'espérances pour amener Philippe à une réconciliation avec la France, mourut d'une fausse couche, le 17 septembre 1425, en revenant du mariage du comte de Clermont avec sa belle-sœur Agnès, auquel elle avait présidé[68]. Le duc de Bretagne ne tarda pas à revenir à la charge près du duc de Bourgogne : le 25 décembre 1425, en son château de l'Hermine, il signait des instructions détaillées données au héraut Bretagne. Après avoir répété ce que ses précédents envoyés avaient été chargés de dire de sa part, Jean VI ajoutait que le duc de Bedford, informé par lui des dispositions du Roi à l'égard de la paix, avait répondu qu'il ne traiterait jamais qu'à la condition que la couronne de France demeurerait entière et paisible au Roi d'Angleterre ; il s'étendait longuement sur l'alliance de Bedford avec les Penthièvre et sur les craintes d'une rupture avec les Anglais, et demandait à Philippe de le protéger en cas d'attaque ; il le suppliait encore une fois, pour l'honneur et révérence de Dieu et pour éviter l'effusion du sang humain, de répondre à son appel et de conclure la paix avec le Roi sans plus de délai : car si les choses demeuraient davantage en suspens, il pourrait en résulter de graves préjudices, tant pour le duc de Bourgogne que pour lui-même ; enfin il lui déclarait une fois de plus que, s'il restait auprès du Roi quelqu'un qui lui déplût, il n'avait qu'à parler, et qu'il obtiendrait une satisfaction immédiate[69]. Quand il dictait la première partie de ces instructions, le duc de Bretagne était encore sans nouvelles de son beau-frère. C'est seulement au moment où le héraut allait partir, qu'il vit arriver Nicole Briffaut, trésorier de la duchesse de Guyenne, lequel lui présenta une lettre du duc Philippe. Sans avoir reçu pour cela de pouvoir formel, Briffaut exposa verbalement que le duc avait décidé d'envoyer au duc de Bretagne des ambassadeurs, pour lui dire et declairer plainement des volontez et intentions de mon dit seigneur de Bourgogne[70]. Jean VI eut beau se dire très joyeux de cette communication, une telle réponse, donnée dans une telle forme, dut lui causer une vive déception. On n'était pas moins perplexe à la Cour, où le connétable se préoccupait du long silence du duc de Bourgogne. On résolut de faire partir un ambassadeur réputé pour être un diplomate consommé, et on lui adjoignit un secrétaire du Roi dont l'éloquence était célèbre. L'un était le sire de la Trémoille, déjà employé par Richemont dans les négociations secrètes avec le duc[71] ; l'autre, Alain Chartier, que de récentes missions près de l'empereur Sigismond et près du Pape venaient d'illustrer. Richemont lui-même prit le chemin de Montluel, où devait se tenir une nouvelle conférence, sous la présidence du duc de Savoie. Nous manquons de détails sur cette conférence, où le maréchal de Toulongeon assista comme ambassadeur du duc de Bourgogne. En présence et avec l'assentiment des représentants 4s parties, le duc de Savoie, par lettres du 28 janvier 1426, prorogea la trêve du 2 février au 31 mai, déclarant avoir pouvoir du connétable et du maréchal pour étendre de son chef ce délai jusqu'à la fête de Noël, s'il le jugeait à propos[72]. La trêve fut en effet prolongée à deux reprises : par lettres du 13 mai jusqu'à la Saint-Martin, et par lettres du 30 août jusqu'à Noël[73]. Pendant que les princes médiateurs travaillaient ainsi à la paix, le duc de Bourgogne était tout entier à sa lutte en Hollande : il avait rencontré devant lui, non plus le duc de Glocester, qui tournait alors contre son oncle, le cardinal de Winchester, son humeur fantasque et belliqueuse, mais Jacqueline elle-même, qui échappée de sa prison de Gand, avait gagné la Hollande, où elle tenait la campagne avec une armée grossie d'auxiliaires anglais[74]. Le 13 janvier 1426, il gagna la bataille décisive de Brouwershaven[75] ; à la fin de février, il était de retour dans ses états. Il ne tarda pas à recevoir des ambassadeurs bretons et français. Chevery, député le premier par le connétable, paraît l'avoir joint en Hollande[76]. Au mois d'avril arrivèrent à Bruges, d'abord le héraut Bretagne[77], puis le sire de la Trémoille et Alain Chartier. Le premier avait été arrêté, dès le début, dans l'accomplissement de sa mission : en prenant le chemin de la Bourgogne, il avait été, le 30 décembre[78], fait prisonnier par Perrinet Grasset, capitaine de La Charité, qui, ne voulant pas laisser échapper une si belle occasion de se dédommager d'une détrousse ou il prétendait avoir perdu quatorze mille écus, ne le relâcha que sous caution et moyennant une lourde rançon[79]. Dès qu'il eut recouvré sa liberté, La Trémoille continua le voyage qu'il avait entrepris pour la réduction du duc de Bourgogne en l'obéissance royale et pour la paix du royaume[80]. Il était le 31 mars à Tournai, où il demanda aux habitants l'argent nécessaire pour poursuivre sa route[81]. Deux jours après, ce fut au tour d'Alain Chartier de prendre la parole. Il raconta la mission de La Trémoille, sa capture par les ennemis du Roi qui voulaient l'empêcher de remplir son ambassade, et termina en demandant qu'on complétât la somme fixée par le Roi[82]. Le 8 avril, les ambassadeurs de Charles VII étaient près du duc de Bourgogne[83]. Nous savons que des envoyés de Richemont s'y trouvaient aussi[84] ; mais nous sommes dans une ignorance absolue sur ce qui se passa à Bruges. Main Chartier repartit Je premier pour la France : il traversa Tournai le 2 mai, et rendit compte aux habitants de ce que le sire de la Trémoille et lui avaient fait en faveur de la ville. De la paix entre le Roi et le duc, pas un mot dans l'exposé que contiennent les Registres des Consaux. Alain se borne à annoncer que le sire de la Trémoille ne tardera pas à revenir, et qu'il repartira aussitôt pour aller rendre compte au Roi de sa mission[85]. En effet, les comptes du receveur général du duc, nous apprennent que, le 16 mai, La Trémoille prenait congé du duc pour se rendre en Berry[86]. Le mois suivant, il était de retour près de Charles VII[87]. Le connétable de Richemont, voyant que les négociations traînaient en longueur, et que son frère n'avait jusqu'à présent obtenu du duc Philippe que des réponses dilatoires, résolut d'intervenir personnellement et d'une façon plus pressante. Deux serviteurs du duc, qui s'étaient rendus près de lui[88], furent chargés de présenter à leur maître un tableau complet de la situation et de la lui faire envisager sous son véritable aspect. Voici le résumé de ce qu'ils avaient mission d'exposer de la part de Richemont. Le connétable, à travers bien des difficultés, des périls et des mécomptes que le due ne pouvait ignorer, est enfin parvenu au résultat désiré : en dépit des obstacles qu'on lui a suscités, des dangers de mort qu'il a courus, il a chassé de l'entourage du Dauphin — c'est ainsi que Charles VII est ici désigné tous ceux qu'il supposait devoir déplaire au duc. Il est prêt à en faire autant à l'égard des autres que le duc ne trouverait pas bons et suffisans, moyennant que le délai ne soit pas assez long pour que, dans l'intervalle, lui-même ne fût rué jus (renversé) ; le duc lui avait fait dire, à plusieurs reprises, par ses envoyés, qu'une fois que le Dauphin serait entre ses mains, il lui ferait si bonne réponse qu'elle lui devroit suffire. Le connétable informe le duc qu'il a désormais le Dauphin entre ses mains paisiblement, sans aucun moyen quelconque, et que tous ceux qui l'entourent sont favorables au duc[89]. Depuis qu'il a le pouvoir, le connétable a reçu de tous côtés, et de la part de grands seigneurs, des offres de service et d'alliance : il n'a rien voulu accepter avant de connaître les intentions du duc, — ce qui, dans l'avenir, pourrait, pour lui-même, tourner à préjudice ; et assurément, n'était son désir d'obéir en toutes choses au duc, il se serait déjà tellement fortifié contre ses ennemis, que sa puissance serait plus grande qu'elle ne l'est présentement ; mais, une fois la réponse du duc enfin donnée, il sera dans une situation où il n'aura rien à craindre de ses ennemis. La seigneurie n'est point si abattue qu'on s'est plu à le dire au duc, et le connétable a des ressources suffisantes pour triompher des adversaires de la Couronne. D'ailleurs, puisqu'il a pris la chose en main, dût-il faire cinquante parts du royaume, ce n'est point son intention que les Anglais soient jamais les maîtres. Le connétable supplie donc le duc, si c'est son plaisir d'entendre jamais à cette chose sans en plus dissimuler, d'envoyer incontinent des gens notables et prud'hommes, pour s'assurer de la vérité de tout ce qu'il lui expose, et le connétable leur donnera telle puissance qu'il plaira au duc. Il proteste d'ailleurs que quoiqu'il arrive, il sera toujours son serviteur, prêt à faire tout ce qu'il plaira au duc de lui commander ; et quand le duc l'aura perdu, il aura perdu un loyal ami et serviteur, tel qu'il n'en a point au monde. Le connétable faisait ensuite savoir au duc l'étonnement causé au duc de Bretagne par la façon dont on s'était conduit à son égard. On l'a laissé sang secours contre les ravages des Anglais, en mer et sur terre ; force lui a été, bien contre son gré, de. se mettre en guerre. S'il eût voulu se séparer du duc, il eût facilement mis son pays à l'abri. Mais il ne se laisserait pas ruiner de la sorte, et le connétable insinuait que, si Dieu n'y mettait remède et que les choses restassent plus longtemps en suspens, son frère ferait quelque coup de tète. Il ajoutait que le duc de Bretagne se donnait aussi grand merveille de l'appui que plusieurs des sujets du duc prêtaient à son mortel ennemi, Olivier de Blois. Enfin le connétable insistait pour connaître, une fois pour toutes, sur ces divers points, les intentions du duc, afin de pouvoir mettre en son propre fait le meilleur remède qu'il pourrait. Il a accompli toutes les promesses faites au duc, mais les choses ne peuvent ainsi durer : il lui faut, à défaut de l'appui du duc, chercher ailleurs des alliances ; ce serait chose très desplaisante au connétable, car il craindrait de ne pouvoir ensuite se conformer aux volontés du duc ; il le supplie donc de battre le fer pendant qu'il est chaud. Le dernier paragraphe de ce document, où d'ailleurs les sous-entendus abondent, est encore plus énigmatique que le reste. Le connétable faisait dire au duc que, pour l'acertener de toutes ces choses, et pour plus grande sûreté, il lui présentait le fils, et aussi tel gouvernement à surplus du Roy et du royaume qu'il lui plairait, sans fraude et sans mal engin, et demandait que pareillement il le voulût faire[90]. Les craintes que manifestait le connétable relativement à l'attitude du duc de Bretagne n'étaient que trop fondées : il n'ignorait pas que son frère, fort alarmé des périls que lui attirait son rapprochement avec la France, et voulant se mettre à l'abri de nouvelles attaques[91], avait fait des ouvertures aux Anglais[92]. Jean VI avait accepté de bon gré le rôle de médiateur, qui convenait à ses allures débonnaires ; son ambition avait été satisfaite par la part qu'il avait reçue dans la direction politique du royaume ; mais il n'entendait pas que sa sécurité personnelle tilt plus longtemps compromise. On voit apparaître à chaque ligne cette préoccupation dans ses communications avec le duc de Bourgogne. Le 15 septembre 1426, il signait à Redon des instructions à son chancelier, pour faire avec le duc de Bourgogne une alliance envers et contre tous, à perpétuité : c'est-à-dire qu'il voulait que le duc le garantit contre les risques qu'il pouvait encourir, et il réclamait la sanction du pape, qui devait être sollicité de confirmer la confédération nouvelle faite entre les deux princes[93]. Mais, pour amener le duc de Bourgogne à ce résultat et triompher de ses hésitations à conclure la paix avec le Roi, il fallait lui démontrer que son intérêt et sa sécurité lui commandaient de rompre avec les Anglais. Dans ce but, le duc de Bretagne ne craignit pas d'alléguer un complot que Bedford aurait dirigé contre la vie de Philippe. Qu'on lise les instructions données par le duc à son chancelier, et l'on se rendra compte de cette politique machiavélique qui, au lieu de procurer la réconciliation du duc de Bourgogne avec Charles VII, ne devait aboutir qu'à un piteux avortement, et finalement allait jeter de nouveau le signataire du traité de Saumur dans les bras des Anglais. Le chancelier de Bretagne avait charge de faire savoir au duc de Bourgogne que son maître venait d'apprendre le complot ourdi par les Anglais, non seulement contre Philippe, dont ils voulaient avant tout la ruine et la mort, mais contre le duc de Bretagne, et les autres princes de la maison de France. Les preuves de ce complot étaient fournies par une lettre du comte de Suffolk, signée de sa main, écrite au duc de Glocester peu après son débarquement à Calais, et par un mémoire remis à un nommé Guillaume Benoist, qui se rendait auprès de Philippe pour le renseigner exactement sur les faits. Le chancelier devait mettre en lumière l'attitude réciproque du duc de Bretagne et des Anglais : le duc gardant toujours une grande réserve, cherchant à gagner du temps, et dissimulant avec eux ; les Anglais violant les trêves et pourchassant sans cesse le duc, pour l'obliger à garnir ses frontières ; il devait faire part à Philippe des offres que le duc avait faites aux Anglais, — offres que ceux-ci n'avaient point voulu recevoir, si, dès à présent, le duc ne prenait l'engagement de se joindre à eux envers et contre tous, sans excepter le duc de Bourgogne, — et lui faire connaître les pourparlers entamés en vue d'une conférence ; le duc, connaissant leur mauvaise intention, ne voulait point tenir cette conférence sans l'avis de Philippe, auquel il entendait se conformer. Le chancelier devait insister sur la nécessité d'une étroite alliance entre les deux ducs, car plus les Anglais seraient puissants, plus le danger serait grand pour eux ; il devait rassurer Philippe sur les dispositions du Roi et des conseillers qui l'entouraient : le Roi entend se gouverner par le duc de Bourgogne, si celui-ci le veut, et par le duc de Bretagne, et il n'aura près de lui que ceux qui seront agréés par Philippe ; en admettant qu'il y ait des gens hostiles au duc, ils seraient réduits à l'impuissance par les deux ducs alliés ; d'ailleurs, le sentiment en faveur de l'apaisement entre le Roi et Philippe est si unanime parmi les bons chevaliers et écuyers, les bonnes villes et les autres gens, que, si l'on savait que quelqu'un voulût empêcher cette réconciliation, on lui courroit sus à toute destruction de corps et de biens. Tout dépendait donc des deux ducs, et il était indispensable qu'ils s'unissent étroitement pour procéder au relèvement du royaume. En ce qui concernait les réparations à faire pour le meurtre du feu duc, le chancelier, envoyé récemment vers le Roi à ce sujet[94], avait reçu l'assurance qu'il maintenait l'adhésion donnée par lui aux articles autrefois rédigés de concert avec le duc de Savoie ; le Roi avait même ajouté qu'il s'en rapportait sur ce point au duc de Bretagne, au comte de Richemont et au duc de Savoie, confiant qu'il était envers Philippe, et espérant que celui-ci ne voudrait pas que l'honneur de la couronne fut blessé. Afin d'éviter de plus longs délais dont le royaume pourrait souffrir, le chancelier devait solliciter Philippe de déclarer franchement ses intentions et d'indiquer la manière dont il voulait que la chose fût exécutée. Le duo, persuadé que Philippe n'excéderait pas les bornes de la raison, se faisait fort de tout faire ratifier par le Roi, lequel d'ailleurs était disposé à envoyer de son côté des ambassadeurs, afin de traiter avec lui et avec son conseil. Si le chancelier trouve le duc disposé à entendre au traité, il lui dira au nom du duc, qu'il le lui conseille comme proche frère, cousin, ami et allié, et qu'il l'en prie et requiert et somme. Enfin le chancelier devait faire connaître les plaintes que Suffolk, comptant que le duc allait s'allier avec le roi d'Angleterre, avait formulées à Rennes, dans un entretien avec le duc, relativement à la conduite de Philippe, disant que si l'on pouvait avoir bonne paix ou trêves avec le duc de Bretagne, on aurait facilement raison ensuite du duc de Bourgogne[95]. Pendant que le duc de Bretagne donnait ces instructions à son chancelier, le connétable chargeait Jean de Chevery et le prieur de la Celle d'une mission secrète près de son beau-frère. Ils devaient le mettre en garde contre le chancelier de Bretagne, qui avait toujours tenu le parti des Anglais, et que le connétable avait dû récemment faire arrêter pour rompre ses machinations. Le chancelier se montrait en ce moment très partisan de la paix et fort ennemi des Anglais ; mais le duc de Bourgogne devait bien aviser s'il tiendrait le droit chemin. Enfin le connétable faisait dire au duc que quand il plairait à Dieu et à lui que bonne paix fût faite, que tout le suivrait et lui obéirait, au relèvement du royaume[96]. Le chancelier Malestroit se rendit d'abord à la cour de France, où il fut investi d'une mission officielle par le Roi, et où l'on désigna, pour l'accompagner, deux conseillers et maîtres des requêtes de l'hôtel, Jean Girard et Thibaut Le Moisne ; un chambellan, le sire de Torchefelon, et le héraut Berry[97]. De là il se rendit en Piémont, près du duc de Savoie, où il passa les mois de novembre et de décembre. Il eut ensuite, pour se rendre près du duc de Bourgogne, un long et difficile voyage à faire[98]. Un nouvel ambassadeur suivit bientôt le chancelier et les deux envoyés du connétable. Le duc de Bretagne lui donnait mission de revenir à la charge, relativement au complot des Anglais, d'insister sur les inconvénients d'un retard plus prolongé, sur les garanties données par le Roi, sur les dispositions qui se manifestaient de toutes parts en faveur de la paix, sur les alliances personnelles entre les deux princes, sur les relations du duc de Bretagne avec les Anglais. Tout cela se trouvait déjà dans les instructions données au chancelier. Ce que Simon de Lhoye avait à ajouter, c'est que le chancelier était passé par la Cour de France, et que des ambassadeurs du Roi devaient l'accompagner pour procéder aux négociations avec les conseillers de Philippe ; que le duc de Bretagne avait envoyé vers les ducs de Savoie, de Brabant, de Bar et de Lorraine, en les priant d'agir de leur côté auprès de Philippe pour triompher de ses hésitations ; que le duc venait d'entrer de nouveau en pourparlers avec les Anglais, mais en ayant soin d'employer gens assez légers pour entretenir paroles avec eux, sans rien décider. Après de nouvelles considérations à présenter sur les grands maux advenus au royaume par les divisions et pouvant entraîner la destruction totale de la couronne, l'ambassadeur avait charge de demander à Philippe, s'il ne se décidait pas à traiter avec le Roi, de reprendre de concert avec lui les négociations avec les Anglais ; car, disait le duc, il était temps de prendre chemin pour le bien, sûreté et conservation d'eux et de leurs seigneuries[99]. Les instructions que nous venons d'analyser avaient été données à Vannes, le 22 octobre. L'ambassadeur reçut à Saint-Malo, le 20 décembre, un supplément d'instructions. Il devait faire savoir au duc de Bourgogne que le comte de Warwick avait manifesté le désir de s'entretenir avec le duc de Bretagne ; que ce prince lui avait envoyé des ambassadeurs pour savoir l'objet de ses ouvertures, et que le comte avait fait des propositions de paix finale ; que le duc n'avait pas voulu les accueillir sans connaître les intentions de Philippe, et qu'il attendrait le retour de son chancelier pour recevoir Warwick ; que Warwick s'était refusé à consentir à une trêve, et qu'il avait fait savoir, Au duc que, tant au sujet de la trêve que de la paix finale, il convenait d'envoyer en Angleterre pour traiter directement avec le duc de Bedford et avec le Conseil ; que le duc avait décidé l'envoi d'une ambassade qui partirait après Noël, et qu'il priait Philippe d'envoyer de son côté des ambassadeurs en Angleterre pour se plaindre des excès commis par les Anglais dans le pays du duc de Bretagne et pour prêter assistance à ses gens[100]. Plus on avance dans l'étude des documents relatifs à ces négociations, plus on voit percer une pensée personnelle qui finit par devenir dominante. Insensiblement le duc de Bretagne s'était engagé sur une pente qui l'amenait à modifier complètement son attitude et à intervertir les rôles. Ce n'était plus la réconciliation du duc de Bourgogne avec le Roi qu'il s'agissait de poursuivre ; il y substituait une négociation avec les Anglais, où les intérêts de la Bretagne passaient avant les intérêts de la France. Qu'y a-t-il de fondé dans l'accusation formulée contre Bedford par la chancellerie bretonne ? Que faut-il penser de ce complot qui aurait menacé la vie du duc de Bourgogne ? Est-ce une intrigue imaginée par le .connétable pour amener le duc de Bourgogne à résipiscence ? Ces questions restent obscures, et il est malaisé de les résoudre. Ce qui est certain, c'est que la manœuvre à laquelle on ne craignit pas d'avoir recours échoua misérablement ; la suite des faits va nous le montrer[101]. Tandis que le chancelier de Bretagne et les autres ambassadeurs envoyés au duc de Bourgogne étaient en route pour accomplir leur mission, le comte de Richemont s'achemina vers Moulins, où il devait se réunir au comte de Clermont ; une conférence nouvelle, fixée d'abord à Paray-le-Monial, puis à Bourbon-Lancy ; le 12 janvier, allait être tenue entre les ambassadeurs du Roi et du duc de Savoie. Ainsi la question qui préoccupait alors tous les esprits, et qui venait de faire aux États de Montluçon l'objet d'un vœu[102], se posait à la fois à la Cour de Bourgogne, où seulement une solution pouvait être donnée, et en Bourbonnais, où il n'était possible de résoudre que des points de détail. Mais la présence du maréchal de Toulongeon, qui était le chef de l'ambassade bourguignonne[103], le séjour à proximité de deux princes du sang donnaient à la conférence de Bourbon-Lancy une véritable importance politique[104]. Peu auparavant, le duc de Savoie avait donné des lettres prorogeant la trêve jusqu'au 24 juin[105]. Après avoir négocié à Bourbon-Lancy pendant quelques jours, les ambassadeurs français et bourguignons se rendirent à Moulins[106] près des princes, et le 20 janvier 1427 les comtes de Clermont et de Richemont revêtirent de leurs signatures une convention qui donnait une certaine extension aux pays compris dans la trêve, et contenait divers règlements pour les places et les frontières ; en outre, une journée était indiquée au troisième dimanche de carême (14 mars) à Genève, sous la présidence du duc de Savoie[107]. En même temps, les deux comtes remirent aux ambassadeurs bourguignons un mémoire, dans lequel, sous forme de remontrances à présenter au duc de Bourgogne, ils résumaient la situation. Le comte de Richemont, disaient les princes, en acceptant l'épée de connétable, avait agi conformément au bon plaisir et du consentement du duc, dans l'espérance d'arriver à une bonne paix. Le duc avait alors consenti à entendre au dit bien de paix, dans le cas où le connétable parviendrait à chasser de la Cour tous ceux qui avaient eu part au meurtre de son père. Or, par amour de lui, et pour parvenir au bien, de paix, le connétable avait fait si bien auprès du Roi, que les coupables avaient été chassés. En outre, le Roi s'en était remis entièrement à ce que décideraient les ducs de Bretagne et de Savoie sur les trois points principaux à résoudre ; et, en particulier, en ce qui touchait l'amnistie, le Roi avait accepté d'en exclure, tous ceux qui seraient reconnus coupables de la mort du duc Jean. A l'heure présente, le sentiment en faveur de la paix est unanime : le Roi, les princes du sang, les comtes, barons, nobles, gens d'église et autres gens de tous états de l'obéissance du Roi sont, d'un commun accord, disposés à y entendre. Tout dépend donc du duc, car toutes et quantes fois que son plaisir sera d'entendre à la paix, il n'est personne qui puisse ou ose s'y opposer ni l'empêcher. Le comte de Clermont et le connétable sont d'ailleurs assez puissants pour accomplir la paix et pour la faire respecter, et ils aimeraient mieux mourir que d'être en faute à cet égard. Une fois la paix faite, les affaires du Roi et du royaume, et les matières financières se traiteront par le Conseil et par l'ordonnance du duc, et par tels gens et officiers qu'il avisera. Quant à tous les points particuliers dont il a été question au cours des négociations, il en sera fait et ordonné si amplement que le duc en sera content, et il ne doit avoir aucun doute à cet égard. En ce qui concerne les sûretés pour l'observation de la paix, le duc ne doit avoir nulle crainte, car, avec la sûreté du Roi et des deux comtes, qu'il aura sans difficulté telle qu'il voudra, on lui donnera, s'il lui plaît, les serments et les scellés des prélats et autres seigneurs, des comtes, barons et autres nobles, des communautés et particuliers des bonnes villes. Et si le duc veut envoyer, soit son maréchal, soit un autre conseiller, pour faire connaître ses intentions, muni de ses pleins pouvoirs pour conclure la paix, les deux comtes se font forts de lui donner telles sûretés ou plus grandes, de façon à ce que, de ce côté, il n'y ait aucun retard ni empêchement. En outre, pour plus grande sûreté, et pour garantir la durée de la paix, les ambassadeurs du duc pourraient entretenir leur maître du mariage dont il leur a été parlé. Les ambassadeurs ont, du reste, été mis au courant de toutes les choses touchant la matière dans les entretiens que les deux comtes ont eus avec eux. Enfin, comme cette affaire avait besoin d'être traitée avec une grande célérité, et qu'elle avait déjà pris beaucoup de tempe, les deux comtes demandaient au duc de leur faire savoir, sur toutes ces choses, son bon plaisir et son intention finale, par les plus secrètes manières qu'il avisera, afin d'être bien fixés sur ce qu'ils auront à faire[108]. Les remontrances du comte de Clermont et du connétable furent aussitôt portées au duc de Bourgogne, qui était alors en Hollande[109]. Philippe, plus absorbé que jamais par les difficultés qu'il avait rencontrées dans ce pays, venait d'y retourner pour la troisième fois[110]. Il s'était embarqué à l'Écluse dans les derniers jours de décembre[111]. Le chancelier de Bretagne et les ambassadeurs de France, arrivés enfin à Tournai le 3 février, attendaient le moment où ils pourraient aller joindre le duc[112]. Ils ne tardèrent pas à partir pour Dordrecht, en compagnie d'un clerc de l'échevinage, Pierart de Nouveauville. Celui-ci revint à Tournai le 14 mars, et fit son rapport au conseil de ville ; mais le secret recommandé par les échevins fut si bien gardé, que nous ne trouvons rien dans les registres sur le résultat de l'ambassade[113]. Il n'est pas douteux que le député de Tournai n'avait rien de bon à annoncer, car sans cela on n'eût pas montré tant de circonspection. Tout ce qui transpire pour l'histoire du voyage de Dordrecht, c'est un acte, rendu dans cette ville le 6 mars, par lequel le duc de Bourgogne, considérant le haut honneur et les grans biens de son oncle de Savoie, et connaissant la bonne amour et affection que sa courtoisie a toujours eu envers lui et pour ses affaires, lui donnait pleins pouvoirs de prolonger les trêves avec sa partie adverse, pour tel temps que bon lui semblerait[114]. Voilà la seule réponse que fit le duc à l'ambassade du chancelier de Bretagne et aux remontrances des comtes de Clermont et de Richemont. Loin de le brouiller définitivement avec Bedford, les révélations qui lui furent faites, et sur la valeur desquelles il fut bientôt fixé[115], n'aboutirent qu'à un rapprochement qui ne tarda point à s'opérer, et qui eut pour base l'abandon définitif de Jacqueline par le gouvernement anglais[116]. Pendant que le chancelier de Bretagne et les ambassadeurs de France échouaient dans leur mission près du duc de Bourgogne, le duc de Savoie, toujours fidèle à ses engagements, et ne voulant point encore désespérer du succès, se disposait à tenir à Genève la conférence fixée au 24 mars. Mais ni le comte de Clermont, ni le connétable, ni aucun ambassadeur français ne vinrent au rendez-vous : les ambassadeurs bourguignons s'y trouvèrent seuls. Après avoir attendu trois jours, le duc de Savoie prit acte de leur absence[117]. Les 14 juin et 8 août suivants, il prorogea successivement la trêve jusqu'à Noël[118]. La journée fut remise au 15 août, puis au 10 novembre[119]. Les ambassadeurs des deux parties s'y rendirent, et elle aboutit à un acte par lequel, rappelant tous les traités intérieurs, le duc de Savoie déclarait prolonger la trêve jusqu'au jour de la Saint-Jean-Baptiste de l'année 1428[120]. Enfin, le duc, bornant désormais sa mission à faire régner la paix le plus longtemps possible dans les contrées comprises dans les traités, donna le 22 mai 1428, en présence des ambassadeurs des parties, de nouvelles lettres prorogeant la trêve jusqu'à la Toussaint[121]. Ainsi, ni le connétable de Richemont, ni le duc de Bretagne, ni le duc de Savoie n'avaient pu vaincre les résistances du duc de Bourgogne ! Méconnaissant les engagements contractés à l'égard des princes ses beaux-frères, de son oncle de Savoie, du Roi lui-même, Philippe continuait à préférer l'amitié douteuse des Anglais à la réconciliation que Charles VII, dès le mois de janvier 1423, lui avait fait offrir avec une si noble abnégation et une confiance si peu justifiée. Le refus persistant du duc d'entendre à une pacification, n'avait pas seulement pour résultat de prolonger les incertitudes et les périls d'une situation dont souffrait cruellement le royaume ; il devait entraîner de graves conséquences politiques. Après l'échec de la mission diplomatique envoyée à Dordrecht, le duc de Bretagne, jugeant l'alliance française trop onéreuse pour lui, rompit le traité de Saumur, et s'unit aux Anglais (8 septembre 1427). D'autre part, l'autorité. du connétable, déjà bien compromise par sa politique arbitraire et ses procédés violents, reçut de cet échec un coup irrémédiable. La porte fut ainsi rouverte aux rivalités de Cour, et bientôt à des luttes armées. Enfin, la réconciliation opérée entre le duc de Bourgogne et le duc de Bedford, et la fin de la guerre de Hollande, qui, succédant à la guerre de Hainaut, avait constamment tenu Philippe en haleine, allaient lui permettre de se mêler de nouveau des affaires du royaume, et d'une façon hostile à la cause royale. Que restait-il de ces négociations si infructueusement poursuivies durant trois années ? Un seul résultat, dû à l'habile politique — d'ailleurs un peu intéressée— et à la persévérante énergie du duc de Savoie : la trêve dans les provinces confinant à la Bourgogne et aux états d'Amédée VIII. C'était un sérieux bienfait pour ces contrées. Investi des pleins pouvoirs de son neveu, désigné comme conservateur de la trêve, le duc de Savoie sut maintenir son œuvre intacte, jusqu'à l'heure où il lui serait permis de reprendre, avec de meilleures chances de succès, l'œuvre de la pacification. Tant que le connétable de Richemont fut au pouvoir, l'action diplomatique fut concentrée dans les négociations avec le duc de Bourgogne : voulant ménager les susceptibilités de Philippe et lui laisser une initiative complète le jour où il reprendrait sa place dans les conseils de la couronne, Richemont s'était systématiquement abstenu de rechercher ou d'accepter d'autres alliances, soit au dedans, soit au dehors[122]. Durant cette période, nous ne rencontrons guère de relations qu'avec la Castille et avec la cour de Rome, près de laquelle Regnault de Chartres, archevêque de Reims, fut député au mois d'août 1426 pour donner une solution à la question de la collation des bénéfices[123]. On a vu plus haut que Charles VII, aussitôt après son avènement, avait projeté d'envoyer à Jean II, roi de Castille, une ambassade, et que cette ambassade n'avait point accompli sa mission. Au mois de décembre 1425, alors que le comte de Foix, installé à la cour, était un des conseillers influents, on résolut d'envoyer une ambassade en Castille, en Aragon et en Navarre. L'évêque de Lodève et le sire de Lucé furent désignés pour en faire partie[124]. Mais il y a lieu de croire que ces ambassadeurs ne partirent pas, car nous avons des instructions données par le Roi, à Montluçon, le 23 mars 1426, à d'autres conseillers : l'évêque de Béziers (Guillaume de Montjoie), le vicomte de Carmaing et Guillaume de Quiefdeville. Les ambassadeurs, après avoir donné à son frère et allié le roi de Castille des nouvelles du Roi, de la Reine, du Dauphin, et des seigneurs de son sang, devaient le mettre au courant de la situation politique : le Roi avait tant fait que le duc de Bretagne et ses frères s'étaient unis à lui ; le comte de Clermont est à ses côtés, ainsi que le comte de Foix, accompagné du sire d'Albret, des comtes de Comminges et d'Astarac, et d'autres grands seigneurs ; le Roi est disposé à faire la paix avec le duc de Bourgogne, et les ducs de Bretagne et de Savoie s'emploient à cette paix ; tout le peuple, d'un parti comme de l'autre, y est favorable ; le duc de Bourgogne est en guerre ouverte avec le duc de Glocester, et a détroussé en Hollande un grand nombre d'Anglais. Les ambassadeurs devaient, s'il leur semblait que ce fût à propos, excuser le Roi de n'avoir point envoyé plus tôt vers le roi de Castille depuis le trépas de son père, absorbé qu'il avait été par la lutte contre les communs adversaires de France et de Castille, les Anglais, qui occupent une grande partie de son royaume ; ils devaient offrir de renouveler les anciennes alliances, en promettant de faire ratifier par le Roi tout ce qui serait conclu. Ils avaient mission d'exposer la grande volonté qu'avait le Roi, de s'employer, en la saison nouvelle, au recouvrement de la seigneurie et reboutement des communs adversaires, avec l'aide de ses parents et de ses autres amis et alliés, entre lesquels le roi de Castille tient le premier rang ; et, afin que le roi de Castille participât à l'honneur qu'auraient ceux qui aideraient à repousser les Anglais, ils lui demanderaient de fournir au Roi un contingent de deux mille hommes d'armes, bien montés et armés, ou tout au moins de cinq à six cents hommes, soldés pour une durée de six mois ; ils solliciteraient aussi le concours du roi de Castille par tous les moyens possibles, soit sur terre, soit sur mer[125]. Le Roi écrivit en même temps, pour recommander ses ambassadeurs, à Don Fadrique, duc d'Argonne : ce personnage n'était autre que le connétable de Luna, alors au comble de la faveur[126]. Mais il y avait une sorte de fatalité qui empêchait toutes les ambassades en Castille d'aboutir. L'évêque de Béziers et le vicomte de Carmaing tombèrent malades en route, et furent obligés de s'arrêter à Montpellier, où se tenait alors l'Assemblée des États de Languedoc (juin 1426). Le comte de Foix, l'évêque de Laon et les autres conseillers qui s'y trouvaient décidèrent que Quiefdeville partirait seul, et qu'après avoir présenté les excuses des deux autres ambassadeurs, il exposerait l'objet de son ambassade. L'envoyé de Charles VII remplit de son mieux sa mission. Mais le roi de Castille lui fit répondre qu'il aurait volontiers donné au Roi comme à son propre frère charnel, vu les bonnes œuvres et services faits par les rois de France aux rois de Castille, non seulement le secours qu'il demandait, mais un plus grand encore, si la situation de son royaume et les divisions qui y régnaient toujours le lui eussent permis ; qu'il ne pouvait donc secourir le Roi que conformément à la teneur des traités, c'est-à-dire aux dépens de celui-ci ; que, d'ailleurs, si la pacification se faisait en Castille, il s'empresserait de donner au Roi son appui[127]. Dans de telles conditions, étant donnée la pénurie du trésor, l'assistance de la Castille ne pouvait être invoquée. La situation du royaume ne tarda pas à devenir plus critique. Au mois de juin 1428, à la veille de la prise d'armes des comtes de Clermont et de Pardiac, le Roi résolut d'envoyer une nouvelle ambassade en Castille pour renouveler les anciens traités et solliciter un secours. Cette ambassade se composait de l'évêque de Tulle (Jean de Cluys), de Guillaume Le Tur, conseiller au parlement, et de Guillaume de Quiefdeville[128]. Les ambassadeurs avaient mission de dire au roi de Castille que les Anglais poursuivaient la guerre ; qu'au mois de juillet précédent ils avaient essuyé un échec devant Montargis, et que le Roi avait alors repris quelques places ; que le duc de Bretagne, après être venu vers le Roi et lui avoir fait serment de le servir envers et contre tous, s'était soustrait à son obéissance et avait prêté serment aux Anglais ; que le Roi, à cause de cette désobéissance, avait encore fort à faire contre les Anglais, un instant affaiblis par leur desconfiture de Montargis ; mais qu'il avait l'intention, avec l'aide de Dieu et de ses alliés, de repousser les Anglais et de remettre en son obéissance ses vassaux et sujets. Ils devaient donc solliciter le renouvellement des traités, et demander confort et aide au roi de Castille par toutes les voies et manières qu'il lui semblera être à faire : publication dans le royaume de Castille de la guerre contre les Anglais, leurs alliés et adhérents, et contre tous rebelles et désobéissants au Roi, de quelque condition qu'ils soient ; secours armé donné par terre, soit en cette année, soit en la suivante, jusqu'à concurrence de deux à trois mille nobles et de cinq à six mille arbalétriers, avec paiement de la solde pour six mois, moyennant restitution de ce qui aurait été déboursé[129]. Des instructions spéciales furent données aux ambassadeurs relativement au duc de Bretagne. Ils devaient requérir le roi de Castille d'équiper dans le plus bref délai une flotte de quarante à cinquante navires pour attaquer le duc et le forcer à la soumission. Une armée, commandée par un homme de bien, serait transportée sur cette flotte, qu'on approvisionnerait à la Rochelle s'il en était besoin[130]. En même temps le Roi écrivit à l'infant don Pedro d'Aragon, et au duc d'Argonne des lettres, signées de sa main, pour accréditer près d'eux ses ambassadeurs[131]. Nous avons en outre une lettre du 22 août suivant, adressée par Charles VII au roi de Castille en faveur de deux de ses conseillers, Jean d'Angennes et Guillaume de Quiefdeville. Tous deux avaient été longuement, employés dans les négociations entre les deux couronnes, et le second avait reçu des lettres de naturalisation comme sujet castillan[132]. Il ne parait point que les ambassadeurs français aient réussi dans leur mission. Nous n'avons trace d'aucun secours venu de Castille à ce moment. D'un autre côté, des négociations ne tardèrent pas à se nouer entre les cours d'Angleterre et de Castille[133]. Elles se prolongèrent jusque dans le courant de 1430, et aboutirent à la conclusion d'une trêve (8 novembre 1430)[134]. C'est en vain que Guillaume de Quiefdeville fut de nouveau envoyé en ambassade vers la fin de 1429 : il mourut dans le cours de sa mission[135]. D'ailleurs, les intrigues qui s'agitaient en Castille contre le connétable de Luna, la guerre qui ne tarda pas à éclater entre la Castille, d'une part, l'Aragon et la Navarre de l'autre, rendaient illusoire pour le moment l'alliance avec la Castille[136]. Si la Castille, tout en demeurant l'alliée de la France, ne pouvait l'assister dans sa détresse, l'Écosse lui restait, et l'on n'avait jamais fait en vain appel au concours de cette puissance. C'est vers elle encore que se tourna Charles VII. Jean Stuart de Derneley, le dernier survivant des chefs de l'armée auxiliaire, était demeuré en France à la tête de ses Écossais, et n'avait cessé de donner des preuves de sa fidélité et de sa vaillance. En récompense de ses services, Charles VII lui avait donné (janvier 1427) le comté d'Évreux, qu'il avait à conquérir sur les Anglais[137]. Par d'autres lettres en date du 4 février 1428, en perpétuelle mémoire de tant de signalés et importants services, il lui accorda, pour lui et ses descendants, le glorieux privilège d'écarteler ses armes de celles de France[138]. Ce fut Jean Stuart que le Roi chargea de se rendre en Écosse pour entamer une négociation nouvelle avec Jacques Ier, et il lui adjoignit deux diplomates qui avaient fait leurs preuves : Regnault de Chartres, archevêque de Reims, et Alain Chartier. L'ambassade partit à la fin d'avril 1428[139]. Elle avait mission de renouveler les alliances entre l'Écosse et la France, de demander pour le Dauphin la main de Marguerite, fille du roi d'Écosse, et de solliciter un nouveau secours militaire. Main Chartier précéda ses deux collègues, et arriva seul à la cour du roi Jacques. Nous avons le texte, assez incorrect d'ailleurs, de la harangue qu'il lui adressa, et qu'on n'a pas craint d'appeler un prodigieux fatras[140]. Ce qu'il faut en retenir, c'est le souvenir de l'antique alliance avec la France, de cette alliance, transmise de génération en génération, qui n'a point été écrite sur un parchemin de peau de brebis, mais qui est gravée sur la chair vive et sur la peau des hommes, tracée non par l'encre, mais par le sang ; c'est l'hommage rendu à l'admirable fidélité des Écossais, qui ont prodigué leurs biens, leur sang, leur vie même pour la cause royale ; c'est l'espérance déjà entrevue d'un meilleur avenir[141], témoignée par l'ambassadeur, et son invincible confiance en Dieu, qui n'abandonnera pas le peuple très chrétien, cette Maison consacrée au Seigneur, cette nation si religieuse, si remplie d'humilité, de piété et de justice[142]. Le roi d'Écosse, malgré les relations qu'il entretenait alors avec l'Angleterre, en vue d'un rapprochement[143], relations auquel Alain Chartier avait fait une discrète allusion[144], n'hésita pas à accueillir favorablement les ouvertures de Charles VII. Il reçut les ambassadeurs avec grand respect, honneur et magnificence[145]. Le 17 juillet 1428, il donnait pouvoir à Henri Lichtoun, évêque d'Aberdeen, à sir Patrick Ogilvy de Auchterhouse, justicier d'Écosse, et à Édouard de Lawder, archidiacre de Lothian[146], pour traiter du mariage de sa fille avec le Dauphin et pour renouveler les ligues faites avec la France[147]. Le même jour fut signé à Perth un traité, par lequel Jacques Ier, à la requête de Jean Stuart, comte d'Évreux, de Regnault de Chartres, archevêque de Reims, et d'Alain Chartier, ambassadeurs du roi de France, s'engageait à observer les antiques alliances existant entre la France et l'Écosse[148]. Deux jours après, par un autre acte, il stipulait les conditions du mariage de sa fille Marguerite avec Louis, dauphin de France, et s'engageait à faire passer la jeune princesse en France, dans l'année qui suivrait la fête de la Chandeleur, accompagnée d'une armée de six mille hommes[149]. Un point seulement restait à résoudre. Quel serait le douaire de la Dauphine ? La situation précaire de Charles VII ne lui permettait pas de s'imposer de sacrifices financiers : c'était seulement aux dépens de son domaine que satisfaction pouvait être donnée au roi d'Écosse. Les ambassadeurs de Jacques Ier, venus à Chinon pour conclure les arrangements préparés à Perth[150], demandèrent la cession du comté de Saintonge. On hésita beaucoup dans le Conseil avant de consentir à l'aliénation d'une province ; mais il importait de ne point retarder l'envoi de la nouvelle armée d'Ecosse, seule ressource de la monarchie en détresse[151]. Par lettres du 30 octobre 1428, rendues au moment même où se tenait cette solennelle réunion d'États généraux dont il a été parlé plus haut, le Roi donna son approbation au traité du 19 juillet et y ajouta les stipulations suivantes : 1° Marguerite aura une dot de quinze mille livres de rente, dans le cas où, le mariage étant consommé, elle ne parviendrait pas à la couronne ; 2° La somme que devra payer celui qui enfreindra le traité est portée de cent à trois cent mille écus ; 3° Si le Dauphin meurt avant la consommation du mariage, le second fils du Roi, si Dieu lui en donne un, sera uni à Marguerite, et ainsi de suite jusqu'à réalisation du mariage. De même, en cas de décès de Marguerite, ses sœurs lui seraient substituées, mais avec faculté pour le Roi de choisir ; 4° Si le Dauphin meurt avant la consommation du mariage sans que le Roi ait un fils pouvant s'unir à Marguerite, celle-ci, moyennant qu'elle ait été amenée en France, recevra une somme de quarante mille écus d'or. Ces clauses, additions et déclarations étant faites d'un commun accord, avec l'approbation de son grand Conseil, le Roi déclarait donner son fils en mariage à Marguerite, et prenait l'engagement solennel d'observer religieusement les conventions faites, s'obligeant par serment, tant en son nom personnel qu'au nom de la Reine, de la reine de Sicile, de tous les princes, prélats, barons et communautés de son royaume, et de tous ses sujets[152]. Le traité du 30 octobre 1428 est muet relativement à la cession de la Saintonge. Par d'autres lettres, datées du mois de novembre, Charles VII déclarait, dans le cas où le roi d'Errasse lui procurerait le secours qu'il s'était engagé àlui fournir, lui faire don du comté de Saintonge et de la seigneurie de Rochefort pour les tenir de la couronne en hommage et en pairie[153]. En même temps, le Roi s'engagea (lettres du 10 novembre) dans le cas où, grâce à l'assistance du roi d'Ecosse, il recouvrerait son royaume, et en particulier la Normandie, à céder à Jacques Ier, aux mêmes conditions et à son propre gré, en échange du comté de Saintonge, et de la châtellenie de Rochefort, soit le duché de Berry, soit le comté d'Évreux[154]. Le traité du 30 octobre devait recevoir son exécution, non il est vrai dans les limites de temps fixées. Marguerite d'Écosse devait passer en France, quelques années plus tard, pour devenir l'épouse du Dauphin. Mais l'armée promise par le roi Jacques ne fut point envoyée[155]. La miraculeuse intervention de Jeanne d'Arc la rendit inutile, et le Roi se trouva ainsi libéré de l'engagement onéreux que, dans un jour de détresse, il avait dût contracter. |
[1] Cette ambassade était composée de Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges ; Philibert Andrenet, conseiller et chambellan ; David de Brimeu, seigneur de Roubais ; Jacques de Courtiamble, seigneur de Commarieu, et Quentin Menard, conseiller et premier secrétaire du duc. Archives de la Côte-d'Or, B 1623, f. 111 v° et 112.
[2] En particulier des monnaies. Voir les documents publiés dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XXXII-XXXIV. — Les détails que donne D. Salazar sur la partie politique de ces conférences nous paraissent être de pure fantaisie. Il place ici le document du 20 janvier 1423, cité plus haut, et parle d'une trêve qui ne fut conclue que le 28 septembre 1424.
[3] Le 30 juin, le duc faisait payer 11 l. 5 s. t. à messire Jean de la Villette, prêtre, pour aler devers la Royne de Sezille perler lettres closes de luy pour aucunes choses secretes. Quatrième compte de Guy Guilbaut, aux archives de la Côte-d'Or, B 1622, f. 191. C'est peut-être à ces relations qu'il faut rattacher la mission donnée par le duc (à Paris, vers le 31 août 1423) à un écuyer nommé Dignadam, qui reçut 150 fr., pour aler de par lui en certain voyage secret qui très grandement lui touchoit, dont il n'en veult autre déclaracion estre faicte. Cinquième compte de Guy Guilbaut, aux archives du Nord, B 1929, f. 63.
[4] Voir plus haut, chapitre II.
[5] Le 13 mai 1424, le duc envoyait un chevaucheur au duc de Savoie, pour lui porter des lettres closes relatives au fait de l'abstinence de guerre et certaines autres choses secretes qui fort touchoient mon dit seigneur. Huitième compte de Jean Fraignot, aux archives de la Côte-d'Or, B 1625, f. 264 v°. Le 14, le duc ordonnait de payer an comte de Richemont la somme de 2.300 fr, à lui donnée, pour consideracion des grans, notables et loables services qu'il lui a fais depuis aucun temps en ça, et pour lui aidier à supporter les grans frais et missions que, en venant dernierement du pays de Bourgogne avec mon dit seigneur et en sa compaignie, il avoit fais, sans avoir eu ne prins de lui aucuns gaiges, comme pour lui aidier à supporter ceulx qu'il lui convendroit faire ou voyage qu'il avoit dès lors empeins de faire en Bretaigne devers monseigneur le duc de Bretaigne son frère. Cinquième compte de Guy Guilbaut, aux archives du Nord, B 1929, f. 97 v°.
[6] Telle est la teneur de ce traité, fait à Nantes, le XVIIIe jour de may mil CCCC XXIIII. Il est en copie contemporaine aux archives de Turin, dans le recueil cité : Trattati, pièce 27, avec ce titre : Le traictié de Nantes. — Si on le compare avec les articles de Bourg-en-Bresse, reproduits plus haut, on peut apprécier quels adoucissements les médiateurs avaient apporté aux premières propositions faites sous la dictée des ambassadeurs du duc de Bourgogne.
[7] Guillaume de Neufville, dit le Moine, et Bertrand de Remeneuil, pannetier du duc, partent de Flandre en mission vers le duc de Bretagne (Archives du Nord, B 1929, f. 59). Le 4 juillet, Jean Tirecoq, écuyer d'écurie, est envoyé au duc de Bretagne, et son voyage se prolonge jusqu'au 20 octobre (Idem, B 1931, f. 52, et 1933, f. 50). Par mandement du 1er juillet, Bertrand de la Brocquière, écuyer tranchant, reçoit 100 fr., à cause de certain voyaige secret dont il (le duc) ne veult autre declaracion estre faicte (Idem, B 1929, f. 58).
[8] Le 27 juillet, les ambassadeurs bourguignons partent de Dijon ; ils reviennent le 8 août. Nouveau départ le 26 août ; retour à Macon, près du duc le 20 septembre. Archives de la Côte-d'Or, B 1625, f. 149 v°, 155 v°, 158 v°.
[9] Les ambassadeurs bourguignons étaient Jacques de Courtiamble, chevalier, seigneur de Commarieu, et Guy de Jaucourt, écuyer, seigneur de Villarnoul (Archives de la Côte-d'Or, B 1625, f. 155 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XLIV ; La Barre, t. II, p. 210, note d). — Leurs pouvoirs sont du 23 août 1424 (Archives de Turin, Trattati, registre cité, f. 58). Les ambassadeurs français étaient Jean Girard, docteur ès lois, maitre des requêtes de l'hôtel du Roi ; Pierre de Chantelle, maître en théologie ; Jean de Saint-Priest, dit Petit Maréchal, et Guichard d'Albon, chevaliers (Archives de Turin, Trattati, registre cité, f. 51 ; Guichenon, Histoire généalogique de la maison de Savoie, t. I, p. 481 ; Histoire de Bourgogne, l. c.) Les pouvoirs du Roi avaient été donnés, en date du 22 août (à Poitiers), à Charles de Bourbon, au gouverneur du Dauphiné Joyeuse, à Jean Girard et à Imbert de Grolée (Archives de Turin, l. c., f. 55) ; mais Bourbon, Joyeuse et Grolée, ne pouvant remplir cette mission, donnèrent leurs lettres de subrogation, en date des 30 août et 4 septembre (Id., ibid., ff. 55 v°, 56 v° et 57).
[10] Voir les chapitres arrêtés par les ambassadeurs des parties et que le duc ne fit qu'homologuer. Archives de la Côte-d'Or, B 11915, cote 64. Le texte est dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XLIV-XLV.
[11] Archives de Turin, registre cité, f. 59 et 62. — Charles de Bourbon avait donné aussi, le 6 octobre, ses lettres de ratification (f. 61 v°).
[12] Bulle de Martin V, en date du 23 septembre 1424. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XLV.
[13] Sa mère, Marie de Berry, s'était mariée trois fois : la première avec Louis de Chatillon, comte de Dunois (1387) ; la seconde avec Philippe d'Artois, comte d'Eu (1393) ; la troisième avec Jean Ier, duc de Bourbon (1400).
[14] Le premier résultat des conférences de Bourg avait été, on l'a vu, la conclusion d'une trêve entre Charles VII et la comtesse de Nevers. Monstrelet dit de Bonne d'Artois : Laquelle dame estoit moult renommée de vivre saintement (t. IV, p. 210). Et Saint-Remy : Laquelle dame n'estoit pas nommée Bonne sans cause ; car de mieulx renommée de bonté n'avoit point ou royaulme (t. II, p. 90).
[15] Gruel dit (p. 360) que Raoul Gruel et Philibert de Vaudrey furent envoyés pour signifier au duc que le comte de Richemont irait vers le Roi, et que c'estoit pour traiter de la paix avec le Roy et monseigneur de Bourgongne.
[16] Nous voyons dans les comptes que plusieurs messagers furent à ce moment dépêchés secrètement par Philippe. Le 6 novembre, Guy de Jaucourt reçoit 75 fr., pour aler en certain lieu secret dont mon dit seigneur n'en veult estre faicte autre declaracion ; le 8 novembre Guillaume de Neufville, dit le Moine, reçoit 90 fr. pour aller en certain lieu secret. Le 11 novembre, Gautier Scudenoet reçoit dans le même but 75 fr. (Archives du Nord, B. 1931, f. 53 v°). Or nous lisons à la page suivante (f. 54), que Bertrand de Remeneuil reçut 115 fr. pour avoir été avec Neufville vers le duc de Bretagne.
[17] C'étaient le seigneur de Châteaubriand, l'amiral de Bretagne (le sire de Porhoet) et le président de Bretagne (Pierre de L'Hospital). Gruel, p. 361.
[18] C'étaient Charles de Bourbon, comte de Clermont ; Regnault de Chartres, archevêque de Reims ; Guy de Chalençon, évêque du Puy ; Robert Dauphin, évêque de Chartres, etc.
[19] Les lettres stipulant le mariage sont du 18 août 1412. Histoire de Bourgogne, t. III, preuves, p. CCLXXXV.
[20] On a des promesses faites par le duc Jean sans peur, relativement à ce mariage, à la date du 1er août 1418 (Archives, P 13642 cote 1384). Le 22 mai 1422, la duchesse de Bourgogne adressait à la duchesse de Bourbon une sommation d'avoir à réaliser le projet d'union avant la Saint-Remy (Archives de la Côte-d'Or, B 11915 ; archives du Nord, B 1463 ; cf. Gachard, Archives de Dijon, p. 55). Au mois de juin suivant, Jean Seguenat était à Rouen, à cet effet, près du duc de Bourbon, venu pour traiter de sa rançon (Archives de la Côte-d'Or, B 1617, f. 40). Le 13 janvier 1454, la duchesse de Bourbon se faisait excuser auprès du duc de Bourgogne de ne pouvoir accomplir pour le moment le mariage projeté (Archives, P 13642, cote 1382) ; enfin le 4 octobre 1424, au château de Luceberg, en Angleterre, Jean, duc de Bourbon donnait pouvoir à sa femme et à son fils pour renouveler les conventions du mariage (Gachard, Archives de Dijon, p. 59).
[21] Voir sur la conférence de Macon, Monstrelet, t. IV, p. 210 ; Abrégé chronologique dans Godefroy, p. 329 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 97.
[22] Un chevaucheur fut envoyé immédiatement à Rouen pour porter au régent anglais une lettre close sur le fait de l'assemblée raide par mon dit seigneur et monseigneur le duc de Savoie en la dicte ville de Mascon. — Le 18 décembre, Henri Valée, bailli d'Aval, conseiller et chambellan du duc, partait de Dijon pour aller trouver Bedford ; il était accompagné par Claude Roichete. Archives de la Côte-d'Or, B 1628, f. 231, 137 v°, 139.
[23] Registre des délibérations, BB I, f. 222.
[24] Voir plus haut, chapitre II. — Ce traité, on l'a vu, porte le nom de Traité de Montluel. Il est fait mention de la conférence de Montluel par deux auteurs du temps. L'auteur anonyme d'un Abrégé chronologique, publié par Godefroy, écrit : L'an 1425, s'assemblèrent à Montluel devers le duc de Savoye, les ambassadeurs du Dauphin, du duc de Bourgongne, et du duc de Bretagne, pour traiter, s'ils pouvoient, de la paix de France (p. 330). — Berry dit, à son tour : Et pareillement, d'autre costé, monseigneur le connestable de France, revesque de Clermont et autres seigneurs furent envoyez en ambassade à Montlueil au pays de Bresse, devers le duc de Savoye, pour trouver aucun traité de paix entre le Roy et le duc de Bourgongne (p. 373).
[25] C'est ce qui résulte des Registres des délibérations de Lyon (BB I, f. 224), et d'une ordonnance rendue au nom du Roi par les ambassadeurs, à la date du 28 janvier, à Pont-de-Veyle (Morin, Numismatique féodale du Dauphiné, p. 292).
[26] Nous avons trouvé les deux originaux de ce traité aux Archives de la Côte-d'Or, B 11929, et aux Archives de Turin. Traités avec la France, n° 9.
[27] Original, Archives de la Côte-d'Or, B 11929 ; copie aux Archives de Turin, registre cité, f. 62 v° ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LIII. — Le chancelier envoya immédiatement deux chevaucheurs, l'un vers le Roi, l'autre vers le duc de Bretagne (Archives de Lyon, BB I, f. 224). — Les lettres du duc de Savoie furent ratifiées par le duc de Bourgogne, le 8 février, à Autun, et par le Roi, le 7 mars, à Chinon (Archives de Turin, l. c., f. 65 v° et 67).
[28] Archives, P, 13702, cote 1919 ; Histoire de Bourgogne, t. III, preuves, p. CCCXII. Cf. actes du 7 février portant trêve entre les possessions respectives des ducs de Bourgogne et de Bourbon, et stipulant l'engagement pris par la duchesse de Bourbon et le comte de Clermont d'observer tous les traités conclus entre le duc de Bourbon et le feu roi d'Angleterre — il faut noter que, par le traité du 16 janvier 1421, le duc s'était engagé à jurer la paix de Troyes, s'il était mis en liberté.
[29] Voir ci-dessus, chapitre II.
[30] Voir plus haut, au chapitre précédent.
[31] Proceedings and ordinances, t. II, p. 241.
[32]
Voir le charmant récit de Chastellain, t. I, p. 212 et s. Cf. Monstrelet, t.
IV, p. 26 et s. ; Le Fèvre de Saint-Remy, t. II, p. 30-32. — Le 10 juillet
1421, Henri V accorda à Jacqueline, tant qu'elle résiderait en Angleterre, une
pension de cent livres par mois (Rymer, t. IV, part. III, p. 34. Cf. Proceedings and ordinances,
t. II, p. 291, et t. III, p. 10). Jacqueline fut marraine de Henri VI,
le 6 décembre (Chastellain, t. I, p. 295. Cf. Stevenson, Letters and papers, t. I, préface, p. L).
[33] Stevenson, l. c., p. LII.
[34] Lettres de Henri VI du 8 septembre 1423.
[35] Lettres du duc de Brabant, en date du 8 octobre 1423 ; Lettres du duc de Glocester, en date du 15 février 1424. Gachard, Archives de Dijon, p. 124 et 127. — Glocester n'acceptait qu'avec cette réserve que la question serait résolue avant la fin de mars, et il consentit seulement à proroger ce délai jusqu'à la fin de juin.
[36] Gachard, l. c., p. 134.
[37] La duchesse de Bourgogne, mère de Philippe, et belle-mère de Bedford et de Richemont, était morte le 23 janvier précédent.
[38] Lettres du 21 juin 1424. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. XLI.
[39] Voir la lettre et le mémoire du duc de Glocester, publiés par A. Desplanque dans son curieux mémoire intitulé : Projet d'assassinat de Philippe le Bon par les Anglais (Bruxelles, 1867), p. 57-59.
[40] On a des lettres par lesquelles il sollicitait instamment le pape de déclarer valable le mariage de Glocester avec Jacqueline. Stevenson, t. II, p. 388.
[41] Regeste, f. 112 v° et 103. La lettre à Bedford est dans Raynaldi, ann. 1425, § 6, et celle à Philippe dans l'Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. L.
[42] Sine gravissima nota crudelitatis repudiari non potest.
[43] Datum Romæ apud sanctos apostolos, XI Kal. junii, Pontificatus nostri anno octavo. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. L.
[44] Item auxi que pour ce que plusieurs fois li ont fait savoir mas que il hust le dit Dalfin entre ses mains, que l'on li feroit si bonne response qu'il li devroit soffre. Instruction du comte de Richemont à Joffrey et Philibert : Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXIII. — Le 6 août, le connétable, étant à Poitiers (et non à Prouvins), donnait des lettres de créance à Jean de Chevery, envoyé en mission à Tournai, et de là vers le Roi. Chevery était le 4 décembre dans cette ville, où il fit l'exposé de sa charge. Extraits des Registres des Consaux, t. II, p. 187.
[45] Ceux qui restaient en charge mirent un grand soin à décliner toute solidarité avec les conseillers qui avaient eu part au meurtre de Jean sans peur. C'est ce que nous révèle un document très important, que M. le duc de la Trémoille vient de nous communiquer, et qui jette un nouveau jour sur la ténébreuse affaire de Montereau. On le trouvera à la fin du volume.
[46] Nicolas Briffaut, trésorier de la duchesse de Guyenne, avait été annoncer au duc qu'il n'y avait plus nuls coupables de la mort de feu monseigneur son père environ le Roy, mais aincors s'en sont tous alez, et que tous ceulx qui sont environ le Roy sont bien veillas de monseigneur de Bourgoigne et des siens, et qu'il n'y a plus cause par quoy mondit seigneur de Bourgoigne doye faire double que ils ne entendent eulx deux au bien et secours de la maison dont ils sont yssus. Instruction à Simon de Lhoye et Philibert de Vaudrey. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LVI.
[47] Voir le texte dans D. Morice, t. II, col. 1168 ; il est en original aux Archives de la Côte-d'Or, B 11921.
[48] Mission de Philippe de Vaudrey. Archives de la Côte-d'Or, B 1628, f. 143.
[49] C'étaient le comte de Vendôme, le comte Dauphin d'Auvergne, les archevêques de Reims, de Lyon et de Toulouse, l'évêque du Puy, Adam de Cambray, le bailli de Lyon Valpergue, et un secrétaire du Roi. Lettre du Roi du 30 mars. Archives de Lyon, AA 22, f. 72.
[50] Le 4 avril, on recevait à Tours une lettre du Roi, prescrivant d'envoyer à Montluel un notable et savant de la ville. Registres des délibérations, III, f. 24 v°.
[51] Voir plus haut, chapitre II.
[52] Le 17 avril, le capitaine de Tours, Main Haussait, revenant d'une mission près de la reine de Sicile, rapporta que la dicte dame rescripra aux gens de la dicte ville ce qui sera à faire pour le volage de Montluel, et se on y envoiera ou non. — Le 26 avril, les habitants de Tours décident qu'on ira vers le chancelier pour savoir s'ils peuvent se dispenser d'envoyer un député à Montluel. Registres des délibérations, III, f. 28-29.
[53] C'est ce qui résulte des Registres des délibérations de Lyon. Le 15 mai, le conseil de ville décide qu'on ira à Montluel, pour savoir des nouvelles, ainsi que le Roy l'a mandé. Le 21 mai, on paie 6 fr. à Aymar de Chaponay, qui a passé six jours à Montluel. BB I, f. 227 et 227 v°.
[54] Dans son exposé présenté aux habitants de Tours, à la date du 6 juin 1425, Simon Charles s'exprimait en ces termes, relativement aux négociations : Et que, pour à icelle paix entendre, nagaires il (le Roi) avoit envoié ses ambassadeurs devers le duc de Savoie ; mais pour ce que Mgr le duc de Bourgoigne avoit eues grans aliances de foy et de serement, et par obligaicon, aux Anglois, pour garder son honneur, ne povoit pas la dicte paix si briefvement estre faicte, et a le dit duc de Savoie alongié le temps de y proceder jusques à la Magdelaine, et n'est point la faulte du Roy que on y procede à la conclure, et est l'entencion du Roy, ou le plaisir de Dieu, que briefvement elle soit faicte. Registres des délibérations, III, f. 36.
[55] Abrégé chronologique publié par Godefroy, Historiens de Charles VII, p. 332.
[56] Du mois de février an mois de juin, messages sur messages sont envoyés au régent anglais. Archives de la Côte-d'Or, B 1628, f. 132, 150 ; Archives du Nord, B 1931, f. 154, 151 v°, 59, 62, 66, 69, 69 v° ; 1933, f. 82 v°. Cf. Desplanque, Projet d'assassinat, etc., p. 28 note.
[57] Saintrailles, Regnault de Longueval et autres étaient au siège de Draine sous les ordres du comte de Saint-Pol. Monstrelet, t. IV, p. 227 ; cf. Saint-Remy, t. II, p. 93.
[58] Gachard, édition des Ducs de Bourgogne de M. de Barante, t. I, p. 447.
[59] Elle s'appelait Éléonore Cobbam, et était attachée à la personne de Jacqueline. Voir Monstrelet, t. IV, p. 231.
[60] Il était mort le 6 janvier 1425. Voir Archives du Nord, B 1931, f. 149.
[61] Sur cette entrevue de Hesdin et sur les préparatifs du duel faits par le duc avec un grand éclat, voir en particulier Desplanque, Projet d'assassinat, etc., p. 33 note, et Laborde, les Ducs de Bourgogne, t. I, p. 201 et s. — Le 22 septembre 1425, Bedford rendit, au nom d'un tribunal constitué à cet effet, une déclaration portant qu'il n'y avait pas lieu à donner suite au défi échangé entre les deux princes. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LII.
[62] Instructions pour Simon de Lhoye et Philibert de Vaudrey. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LVII. Cf. analyse du traité de Saumur, ci-dessus au chapitre II.
[63] Instructions sans date, signées par le duc de Bretagne, données à Simon de Lhoye et Philibert de Vaudrey. Original, Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LVI-LVII. — Dans le rapport fait le 15 octobre 1425 au conseil de ville de Tours, dont nous avons cité plus haut un passage, on lit, au sujet de l'une des résolutions prises à Saumur : Et que le dit monseigneur le duc s'est chargé et promis que monseigneur le duc de Bourgoigne fera comme lui et tendra ce qu'il fera ; et pour ce lui fere assavoir ont esté commis ambassadeurs de par le Roy et ledit monseigneur de Bretaigne, pour aler devers lui et le fere rendre et venir à Dijon, où le dit duc de Bretaigne briefvement se rendra. Registres des délibérations, t. III, f. 55.
[64] Le duc de Bretagne prenait son rôle tellement au sérieux qu'il avait, du consentement des États de Bretagne, ordonné la levée de certains taux et amendes sur ceux qui avaient enfreint ses règlements sur la vente des vivres et denrées, mettant en avant les grandes charges qu'il avait, pour la poursuite du bien de paix du royaume de France, et pour le bien publique, conservation et deffense de son pays. D. Morice, t. II, col. 1176.
[65] Denis du Moulin, le comte Dauphin d'Auvergne et Guillaume de Meulon y figurent ; Guérin, sire de Brion, fut aussi envoyé en Savoie au commencement de cette année. Lettres de Charles VII du 21 novembre, ms. fr. 20979, f. 479 ; du 25 novembre 1425, ms. fr. 20889, p. 67 ; du 18 décembre, Pièces originales, 520 : BRION. Lettre missive du 10 décembre aux habitants de Tournai, Registres des consaux, t. II, p. 188-89.
[66] Le 28 octobre 1425, le sire de Toulongeon, Jacques de Courtiamble et Étienne Armenier partirent pour la cour de Savoie, avec mission de s'occuper du fait des abstinences de guerre. Archives de la Côte-d'Or, B 1631, f. 120 v°, 122, 122 v°.
[67] Original, aux Archives de la Côte-d'Or, B 11897 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LIII.
[68] Mout estoit dame de sainte vie et qui bien servoit Dieu et l'Eglise, et avec ce ne portoit point d'estat sur son chief comme autres dames à elle pareilles : et pour ce qu'elle estoit si humble, furent mout de gens courchiés de sa mort. Et si contendoit fort à mettre la paix entre le Roy Charles et le duc Phelipe son mary. Pierre de Fenin, p. 226. — La date est donnée par Gachard, Archives de Dijon, p. 245, qui rectifie D. Salazard. Le mariage du comte de Clermont avait d'abord été fixé à la Saint-Jean ; il eut lieu le 5 août, à Autun, et la duchesse de Bourgogne était revenue le 18 à Dijon.
[69] Original, aux Archives de la Côte d'Or, B 11921 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LIII-LV.
[70] Instructions du 25 décembre 1425, citées plus haut.
[71] Pierre de Fenin constate (p. 227) que La Trémoille, qui estoit au Roy Charles, alla souvent vers le duc Philippe. Nous avons vu en effet La Trémoille à Paris près du duc en novembre 1424 ; il était à Autun en février 1425. Vers le mois de novembre 1425 un traité fut conclu par son entremise pour l'évacuation de certaines places de Bourgogne (Archives de la Côte-d'Or, B 1635, f. 58). Le 19 décembre 1425, La Trémoille, agissant au nom du Roi, écrivait de Mehun aux comtes de Nevers et de Rethel, qui transmirent sa lettre au conseil du duc à Dijon (Id., B 11916).
[72] Original, aux Archives de la Côte-d'Or, B 11929 ; minute aux Archives de Turin, dans le Registre cité. Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LIX. — Le pouvoir fut donné par le connétable, pour la partie du Roy, par lettres du 20 janvier, contresignées par Étienne Chevalier, et par le maréchal de Toulongeon, au nom du duc, en date du 21 janvier (Registre cité, f. 72 et 72 v°).
[73] Originaux, aux Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; minutes aux Archives de Turin, Registre cité. Cf. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LX. — Par lettres du 28 août 1426, données à Mehun-sur-Yèvre, le Roi accepta la prolongation des trêves jusqu'à la Saint-Martin. Archives de Turin, Registre cité.
[74] Voir plus haut, chapitre premier.
[75] Voir sur cette victoire la lettre du duc, datée de Middelbourg le 19 janvier, publiée par Gachard, Archives de Dijon, p. 116-17.
[76] Registre des consaux, t. II, p. 187-89, 191. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXIII.
[77] Par mandement du 3 avril, donné à Bruges, 16 l. furent données au héraut. Archives du Nord, B 1933, f. 104 v°.
[78] La Trémoille était encore le 29 décembre à Mehun-sur-Yèvre, jour où il donna quittance d'une somme de 450 livres à lui donnée par le Roi, pour avoir un bon coursier pour sa personne. Les lettres de Charles VII sont du 20 décembre. Clairambault, 204, p. 8761 et 8763.
[79] Voir plus haut, chapitre III. — Il y a aux Archives de la Côte-d'Or (B 11916) tout un cahier contenant la copie de la correspondance de Perrinet Grasset, et en particulier des lettres échangées au sujet de l'arrestation de La Trémoille. — Le 13 janvier 1426, La Trémoille vendit, sur plusieurs de ses terres, soixante écus de rente à Guiot de Jaucourt (Archives du duc de la Trémoille).
[80] Pour la reduction d'icelui envers nous et à fut de l'union et bien de paix de ce royaume. Ce sont les termes employés dans les lettres du 29 juillet 1426 en faveur de la Trémoille. Ms. latin 18401 (Collection de D. Fonteneau, 26), p. 355.
[81] Dès le 27 décembre 1425, le Roi écrivait aux habitants de Tournai qu'il envoyait le sire de la Trémoille au duc de Bourgogne pour le bien de paix et union de ce royaume, et qu'à cause de son hastif partement on ne pouvait délivrer des ressources suffisantes pour son ambassade, attendu l'estat de sa personne. Le Roi demandait donc qu'on lui fit l'avance d'une somme de 2.000 écus. — Le 10 février, le Roi avait écrit de nouveau aux habitants une lettre, qui fut lue au conseil de ville le 26 mars. Le 30 mars, on décida de prêter à La Trémoille 500 couronnes. Le lendemain, La Trémoille déclara que, sans argent, il lui était impossible de remplir sa mission près du duc ; que d'un autre côté, il devait, avant de quitter Tournai, rembourser au prince d'Orange 500 couronnes à lui dues. On lui accorda aussitôt 1.000 couronnes. Archives de Tournai ; Extraits des Registres des consaux, t. II, p. 105-96.
[82] Registres des consaux, t. II, p. 196-197.
[83] On reçut ce jour-là à Tournai des lettres de La Trémoille et des députés de la ville qui l'avaient accompagné. La Trémoille avait accepté de prendre en main près du duc les intérêts des habitants, Registres des consaux, t. II, p. 197 et s. — A la date du 6, La Trémoille promettait à Jean de Quarmont et à Étienne de Vuilleries de les acquitter de 197 écus d'or dont ils avaient répondu pour lui à plusieurs gens de la ville de Tournai, auxquels il les devait pour le fait de nostre despense et autrement. Original signé, Archives du duc de la Trémoille.
[84] Jean de Chevery était passé par Tournai le 17 mars, avec des lettres du connétable à l'adresse du duc ; le prieur de la Selle, autre ambassadeur breton, est indiqué comme ayant intercédé en faveur des habitants. Registres des consaux, t. 194 et 199.
[85] Registres des consaux, t. II, p. 203-204.
[86] A Hennequin Le Camus, sergent d'aarmes de mon dit seigneur, la somme de trente l. ... à lui dené et ordonnée estre baillée... pour le parpaye de XL l. dicte monnoie que icellui seigneur lui avoit ordonnée prendre de lui pour les despens de lui, ung varlet et deux chevaulx d'aler de la ville de Lille ou pays de Berry, où nagueres, à la requeste du seigneur de la Trémoille, qui lors estoit venu devers mon dit seigneur, icellui l'envoya pour le convoyer et conduire ; en quoy icellui Hennequin, vacqua tant en aient, sejournant comme retournant, pour xi, jours entiers, comenchans le XVIe jour de may MCCCCXXVI et froissant le XXIIIIe jour de juing ensuivant inclux. Archives du Nord, B 1935, f. 45.
[87] Lettres du 29 juillet 1426, citées plus haut. — La Trémoille repassa sans doute par la Bourgogne, car le 31 mai 1426, Perrenet Grasset donnait quittance de 200 écus d'or, reçus du sire de la Trémoille par les mains de Jean Rabot, son serviteur, pour la rançon de Galobie de Panassac, son prisonnier. Archives du duc de la Trémoille.
[88] On ne donne que leurs prénoms : Joffroy et Philibert. Nous pensons qu'il s'agit de Geoffroy de Thoisy, plus tard gouverneur des vaisseaux et galères du duc, et de Philibert de Vaudrey, dont la femme, Catherine de Moy, était alors attachée à la duchesse de Guyenne, et qui devint ensuite maitre de l'artillerie. L'un figure en 1438 parmi les écuyers pannetiers, l'autre en 1426 parmi les écuyers d'écurie du duc. La Barre, t. II, p. 229 et 235 ; cf. pages 184, 191, 217, 230, 241, et Projet d'assassinat de Philippe le Bon, par M. Desplanque, p. 69. — Philibert de Vaudrey avait été envoyé au duc de Bourgogne par le duc de Bretagne et par Richemont en octobre 1424. Gruel, p. 360.
[89] Ici le connétable rappelait ce qui s'était passé à Bourges, à la fin de juin 1425, en présence des envoyés du duc, et les déclarations formelles faites alors par le Roi. Voir plus haut, chapitre II.
[90] Archives de la Côte-d'Or, B 11897 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXXII-LXXIII.
[91] Dès le mois d'août 1425, après la prise du Mans et pendant les pourparlers qui précédèrent l'entrevue de Saumur, une ambassade anglaise était venue demander au duc s'il voulait garder le serment qu'il avait prêté à Amiens, car on commençait à se doubler de luy (Saint-Remy, t. II, p.117). A la fin d'août, Raoul Roussel, conseiller et maitre des requêtes de Henri VI, eut une entrevue en Basse Normandie avec les gens du duc de Bretagne, et peu après Jean Manger était en mission près du duc (Beaurepaire, Administration de la Normandie, p. 9). Après le traité de Saumur, Bedford, furieux, avait donné ordre à Suffolk, lieutenant général en Basse Normandie, d'attaquer la Bretagne, et la déclaration de guerre fut lancée au mois de janvier.
[92] Jean de Malestroit, chancelier du duc, fut envoyé à Chartres pour s'aboucher avec des envoyés du conseil anglais. A son retour, il eut une entrevue avec le comte de Suffolk, et il fut même question de l'envoyer vers Bedford, en Angleterre. Ces faits sont établis par une lettre en date du 19, août 1426 écrite par le chancelier anglais et les gens du conseil à Paris, au duc de Bretagne, en réponse à une lettre qu'ils avaient reçue de lui. Un sauf-conduit était envoyé pour le chancelier de Bretagne et les autres conseillers du duc qui devaient venir à Paris, et on lui demandait de leur donner des pouvoirs suffisants pour tout faire ès matières ouvertes de sa part. Collection de Bourgogne, 95, p. 674. — On voit même par les instructions données au mois de septembre au chancelier de Bretagne se rendant auprès du duc de Bourgogne et citées plus loin, que le comte de Suffolk eut à Rennes une entrevue avec le duc de Bretagne.
[93] Original signé, Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; copie, Collection de Bourgogne, 99, p. 229. Édité par Desplanque, Projet d'assassinat, p. 51.
[94] L'évêque de Nantes avait été envoyé à la cour de France à la fin de juillet 1446. Le 7 août, il passait par Tours, se rendant à Bourges, et recevait un présent des habitants ; Archives de Tours, Registres des délibérations, III, f. 104 et 106 v° ; Registres des Comptes, XXIII, f. 88.
[95] Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXVI-LXVIII ; Desplanque, Projet d'assassinat, p. 74-77.
[96] Instruction de ce qui est à dire et exposer en secret à monseigneur le duc de Bourgoingne par messire Jehan de Chevery et le prieur de la Celle, de par monseigneur le conte de Richemont, connestable de France. Original signé, Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXV ; Desplanque, Projet d'assassinat, p. 52.
[97] Ces noms nous sont fournis par des assignations en date du 27 novembre 1426 qui se trouvent dans la collection des Quittances (Fr. 26050, n° 810 et s.) et par les Registres de Tournai (Registres des Consaux, t. II, p. 225 et 233).
[98] C'est ce qui résulte d'un acte passé à Tournai, le 17 février 1427, par le chancelier de Bretagne. Archives de Tournai.
[99] Original, portant la date de Vannes le 22 octobre 1414 (sic), aux Archives de la Côte-d'Or, B 11921 ; copie du temps, B 11897 (sans date) ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXVI-LXVIII (sans date).
[100] Original signé, Archives de la Côte-d'Or, B 11897 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LVIII.
[101] Voir à ce sujet une note complémentaire à la fin du volume.
[102] Rapport des députés de Tours. Registres des délibérations, IV, au 4 décembre 1426.
[103] Elle se composait, avec Jean, seigneur de Toulongeon, de Jacques de Courtiamble, seigneur de Commarieu ; de Jacques, seigneur de Villers ; d'Antoine de Toulongeon, seigneur de Traves ; de Richard de Chancey, conseiller et second président de la chambre des comptes, et de Henri de Clugny, licencié ès lois, conseiller du duc. La Barre, t. II, p. 185, note d.
[104] Il faut constater cependant que le maréchal n'avait de pouvoirs que pour traiter de la prolongation de la trêve. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 118.
[105] Lettres du 6 décembre 1426. Archives de Turin, registre cité, f. 75.
[106] C'est ce qui résulte du compte de Mathieu Regnault, cité par La Barre, t. p. 185, note d.
[107] Nous avons le texte de l'appointement fait à Bourbon-Lancy entre les ambassadeurs du duc, d'une part, et le seigneur d'Escorailles et Pierre de Montmorin, de l'autre, et signé le 20 janvier par les deux, comtes. Original, Archives de la Côte-d'Or, B 11917 ; Archives de Turin, Registre cité, f. 85 ; Bibl. nationale, Collection de Bourgogne, 99, p. 233. Il y a en outre deux articles additionnels, signés également le 20 janvier par les deux comtes. Archives de la Côte-d'Or, B 11916. — Voici le texte de la clause relative à l'extension de la trêve :
Item, que en icelles abstinances et la dicte prorogacion que presentement est faite jusques au dit jour de Saint Jehan, seront adjousez, entendus et comprins les pays et terres de Mgrs de Nevers qui sont situez oultre les pays de la rivière de Saine, comme le conté de Ratel et autres leurs terres non comprinses ès precedantes abstinances. Au resgart desquelles les dictes abstinances seront tenues par ung chascun des diz partiz en tant qu'il lui touchera. Toutes voies, se par aucun moins obeissant ou desobeissant sur l'ordonnance des dictes abstinances estoient faites aucunes choses contre et ou preindice d'icelles au dit conté de Rateloys et autres terres, pour ce ne tendront point les diz partiz que les dictes abstinances feussent rompues et aneanties ès autres marches, ains demeurront tousjours les dictes abstinances en leur force et valeur, sans courrompre ; et neantmoins fera ung chascun conservateur d'icelle en son parti tenu de reparer en semblable effect en toutes manières que faire se pourra bonnement ès dit pays et conté de Ratthelloys et ès autres d'oultre Seine tout ce que par les subgez et serviteurs d'icellui party seroit fait ou préjudice et contre la teneur d'icelles.
Item, et que pareillement seront tenues et observées les dictes abstinances pro-roguées jusques au dit Jour de saint Jehan, au regart des villes de Clugny, Toms, Vedelay (Vézelay), et toutes les terres appartepant ès abbayes et eglises d'iceulx lieux ; et aussi seront tenus au regart des villes de Saint-Jengoul, Martigny les Nonnains, Chabliez, les Vota, Sainte Marie et Danne Marie, Courcelles le Roy, Saulieu, Chastillon sur le Loing, le chastel et terre du Chastellier appartenant à messire Anthoine de Toulonjon, les duchié et pais d'Auvergne, tant en royauté comme en duchié, les ville et chastel de Saint-Pierre le Moustier, de Saint-Coing et pays de Salongne, jusques à la ville de Sully, et toutes les terres et appartenances du dit Sully inclus.
Item, et que des places de la Couldre, Darne Marie en Puisai, Saint-Forgeul, Beriche, Estugalles, La Boussière, Le Molinet, Porgenval, Chastel Regnart, Montargis, Gien, Monchevron, Mez le Mareschal, et generalement toutes autres places situées entre la rivière de Loire et de Yonne ou pais de Gastinois, ne sera fait ou porté aucun dommaige ès pais de Mgrs de Bourgoingne et de Nevers ; et pareillement des subgetz de mes dit seigneurs de Bourgoingne et de Nevers et tenus leur party ne sera fait aucun dommaige ès dictes places ne ès terres et appartenances d'icelles ; et se fait estoit de l'une des parties et de l'autre, il seroit reparé comme dessus....
[108] Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LVIII-IX.
[109] Philibert Andrenet fut désigné le 17 janvier pour se rendre près du duc. En outre, le 6 février, partit de Dijon un religieux mendiant dépêché par Courtiamble, Noident et d'autres conseillers du duc à leur maitre, pour lui dire et exposer de bouche et secretement de par eux aucunes grandes charges et matières très secretes touchant mon dit seigneur, lesquelles ils ne savoient autrement bonnement faire savoir. Archives de la Côte-d'Or, B 1635, f. 58, et 1631, f. 217 v°.
[110] Après son premier voyage (septembre 1425-février 1426), il y avait fait une nouvelle apparition (juillet-octobre 1426). Archives du Nord. B 1933, passim.
[111] On voit par un fragment d'itinéraire publié par M. Gachard (Collection des voyages des souverains des Pays-Bas, t. I, p. 71-72) que, du 1er au 14 janvier, le duc avait été sur la mer, devant Zevenberghe, dont on faisait le siège ; puis à Zierikzée, du 15 janvier au 2 février ; puis sur la mer devant Zierikzée, du 3 au 7 février, et qu'il arriva le 8 à Dordrecht.
[112] Les ambassadeurs arrivaient sans argent, après leur long et dispendieux voyage du Berry en Piémont et du Piémont en Brabant. On avait compté, pour les alimenter, sur la ville de Tournai. Le chancelier de Bretagne était porteur d'une assignation de 1.500 écus d'or sur la monnaie de cette ville (pour partie de la somme de 8.000 écus qui lui avait été allouée par le Roi) ; il fut fort désappointé quand il apprit que la monnaie était en chômage. Tandis que les ambassadeurs du Roi réclamaient le paiement de 4.000 écus sur la composition annuelle due par la ville, le chancelier sollicita le versement de ses 1.500 écus. On voit par les Registres et par un acte du 17 février, déjà cité, que les ambassadeurs eurent 2.500 écus et que le chancelier toucha d'abord 600 écus, puis 900 à son retour. Registres des Consaux, t. II, p. 245-26, et Archives de Tournai.
[113] Le 15 mars, Pierart de Nouveauville se rendit à la halle et pria les consaux de déléguer les chefs et quelques autres de la loi, en petit nombre, pour ouïr ce que les ambassadeurs lui avaient dit, tant au sujet de la paix projetée entre le Roi et le duc de Bourgogne qu'au sujet du maintien du traité entre le dut et la ville. Le 21, on recommandait à ceux qui avaient entendu le rapport de tenir la chose secrète. Le 25, même recommandation aux échevins, auxquels le majeur avait fait part de l'état des négociations relatives à la paix. Registres des consaux, t. II, p. 233.
[114] Savoir faisons que nous, considerans le hault honneur et grans biens de nostre dit oncle de Savoye et cognoissant la bonne amour et affection que sa courtoisie a tous dis eu et a envers nous et à nos affaires, à icelui nostre oncle, de qui avons, comme avoir devons, nostre ferme confiance, avons se il lui plaise le accepter et s'en entremettre, donné et donnons charge, pouvoir et auctorité, pour nous et pour nostre part, de renouveller, proroguer et prolongier lesdiz leurs et abstinences de guerre, à tel teins qu'il lui plaira et bon lui semblera, des pays, seigneuries, terres et lieux, selon les poins, articles et en la forme et manière que elles ont esté et sont, ou les amplier et de nouvel les prendre et sire à tel temps et en la forme et manière qu'il advisera. — Par lettres de même jour, semblable procuration fut donnée par le duc pour les terres des comtes de Nevers et de Rethel, d'une part, et d'autre part pour le duché d'Auvergne. Vidimus aux Archives de la Côte-d'Or, B 11929 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXI-LXII.
[115] Voir les interrogatoires que Guillaume Benoist subit à Lille les 5 et 10 juin, après avoir été arrêté et mis en procès à Dordrecht. Desplanque, Projet d'assassinat, p. 64-et 69.
[116] Voir Monstrelet, t. IV, p. 258-59 et 292-93 ; Saint-Remy, t. II, p. 133-36. Chronique anonyme, ms. fr. 23018, f. 476, 480 v° et s.
[117] Lettres du 26 mars 1427. Archives de la Côte-d'Or, B 11929.
[118] Archives de la Côte-d'Or, B 11929 ; Archives de Turin, registre cité ; Guichenon, Histoire de Savoie, t. I, p. 483.
[119] Lettres du duc de Savoie au conseil du duc à Dijon. Archives de la Côte-d'Or, B 11942 ; Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXX.
[120] Archives de la Côte-d'Or, B 11929 ; Histoire de Bourgogne, L IV, preuves, p. LXII.
[121] Fontanieu, 115-116. Le Roi donna ses lettres de confirmation le 22 juin, et le duc le 14 septembre 1428.
[122] Item, auxi que depuis qu'il l'a la puissance, nonostant que toutes parts et de granns seigneurs ly ont envoyé presenter leur service, les aucuns, et les autres leurs alliances pour servir le Dolphin en ses necessitez, lequel Mgr de Richemont de home du monde ne s'est voulu allier jusques il seeust vostre volonté. Mémoire remis à Geoffroy et Philibert. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXIII. On va voir que cette règle fut observée à l'extérieur comme à l'intérieur du royaume.
[123] Cette question fut réglée par une bulle du XII des calendes de septembre (21 août 1426), à laquelle le Roi donna son approbation le 26 novembre suivant. Ordonnances, t. XIII, p. 123 et 123 note. Il y eut un peu auparavant une autre ambassade, dont faisait partie Jean Manequin, trésorier de l'église de Laon, secrétaire du Roi, à laquelle il est fait allusion dans des lettres du 29 novembre 1425. Fr. 20978, f. 1187.
[124] Lettres du 17 décembre 1415 ordonnant le paiement an sire de Lucé, conseiller et chambellan du Roi, d'une somme de mille livres pour son voyage en Castille, Aragon et Navarre (Pièces originales, 1770 : LUCÉ). Autres lettres : 1.200 livres à l'évêque de Lodève (Fr. 20884, f. 71). L'évêque de Lodève était alors Michel Le Bœuf.
[125] Original signé et contresigné BUDÉ, scellé du scel de secret. Ms. latin 6024, n° 18.
[126] A nostre très chier et amé cousin dom Fadric, duc d'Orionne. Lettre du 28 mars. Original signé, ms. latin 6024, n° 24.
[127] Cette réponse nous est connue par les instructions données le 28 juin 1428 à d'autres ambassadeurs. Ms. latin 6024, n° 26.
[128] On a deux lettres patentes du 26 juin, contenant pouvoir pour traiter, rune de renouvellement d'alliances, l'autre d'un secours avoué, qui n'ont été ni scellées ni expédiées (Ms. fr. 6024, n° 23 et 25). Ces lettres furent remplacées par deux autres lettres patentes du 28 juin, portant pouvoir, l'une à l'évêque de Tulle et à Quiefdeville, l'autre à Quiefdeville seul (n° 24 et 27), et qui ne parlent que de l'envoi d'un secours. — Il est fait mention du voyage de l'évêque de Tulle dans le Gallia Christiana (t. II, col. 674) et dans Marvaud, Histoire du Bas-Limousin (t. II, p. 252). Quand à Quiefdeville, nous avons la trace d'un prêt de 300 écus que La Trémoille fit au Roi pour les remettre à son ambassadeur (Rôle du 29 octobre 1428).
[129] Instructions données à Loches le 28 juin 1428. Original, signé CHARLES, et contresigné FRESNOY, avec le scel de secret. Ms. latin 6024, n° 26. Cf. minute, n° 19.
[130] Instructions de même date. Original dans les mêmes conditions. Peu avant, en janvier 1428, Sanche Equerra, écuyer du roi de Castille, mentionné plus haut, était à la cour de Bretagne, avec Phibourguet, héraut du grand maitre de Saint-Jacques de Pampelune, envoyé par la reine de Navarre. D. Lobineau, t. I, p. 574.
[131] 28 juin : lettre à l'infant accréditant l'évêque de Tulle et Quiefdeville. Original signé, n° 29. — 29 juin : lettre au duc d'Argonne, accréditant Quiefdeville seul. Original signé, n° 30.
[132] Original signé. A Poictiers le XXIIe jour d'aoust. Ms. latin 6024, n° 22.
[133] Rymer, t. IV, part. IV, p. 142, 150 ; Ferreras, Histoire d'Espagne, t. VI, p. 357 et s.
[134] Le 26 février 1430, un don était fait à un docteur en théologie et à un chevalier venus en ambassade de la part du roi de Castille pour traiter d'alliances avec Henri VI (Rymer, t. IV, part. IV, p. 157). Le 8 mars, un sauf-conduit, valable jusqu'à la Toussaint, était délivré à frère Jean de Curraly et à Fernand Manuel de Lando, ambassadeurs du roi de Castille, pour retourner près de leur manie et pour revenir en Angleterre avec un évêque, un baron, deux chevaliers et deux docteurs (id., ibid., p. 153). Le même jour des lettres de protection étaient données aux mêmes ambassadeurs (id., ibid.). Le 13 juin, le roi de Castille donnait des pouvoirs pour traiter avec le roi d'Angleterre (id., ibid., p. 164). Le texte du traité du 8 novembre est dans Rymer, l. c., p. 166. Cf. Ferreras, t. VI, p. 372.
[135] Archives, X2a 21, au 1er juin 1430. Voir Didier Neuville, le Parlement royal de Poitiers, dans la Revue historique, t. VI, p. 283.
[136] Voir Ferreras, t. VI, p. 318, 320, 326 et s. D. Manuel de Bofarul, dans sa préface de la Guerra entre Castilla, Aragon y Navarra, publiée au tome XXXVII de la Coleccion de documentos ineditos del Archivo general de la corona de Aragon, a fort bien tracé le tableau de l'Espagne de 1406 à 1431 (p. IX).
[137] Voir ci-dessus, chapitre III.
[138] Voir ci-dessus, chapitre III. L'écu de Jean Stuart est ainsi écartelé dans l'Armorial de Berry (ms. fr. 4985) ; cf. Stuart, Genealogical history of the Stewarts, p. 164.
[139] Le 16 avril 1428, Charles VII ordonnait de payer à Jean Stuart une somme de 1.000 écus d'or pour son voyage en Écosse. Pièces originales, 994 : DERNELÉ. La quittance de Jean Stuart est du 25 juillet. Pièces originales : STUART. La Trémoille, cette fois encore, avança une partie de l'argent nécessaire pour le passage : dans le rôle du 29 octobre 1428, il est fait mention d'une somme de 1.500 écus pour le navire envoyé en Écosse. Gaucourt fit aussi un prêt : par lettres du 10 mai 1428, Charles VII ordonnait de lui payer une somme de cent écus d'or, en remboursement du prêt de semblable somme pour partie des frais du voyage de Regnault de Chartres.
[140] Le roi d'Écosse passait, il est vrai, pour un connaisseur en fait d'art et de littérature ; mais on peut dire que le bon goût ne lui faisait pas moins défaut qu'à l'empereur Sigismond, s'il a pu prendre, comme lui, quelque plaisir au prodigieux fatras par lequel notre orateur semble avoir cherché à se surpasser lui-même dans cette circonstance. Étude sur Alain Chartier, par M. Delaunay, p. 90.
[141] Jam divisa miseratio in melius dedit.
[142] Ms. latin 8757, f. 47 ; Delaunay, l. c., p. 252-64.
[143] Voir Rymer, t. IV, part. IV, p. 128 et s.
[144] En citant ce passage de l'Ecclésiastique : Ne derelinquas amicum antiquum, novus enim non erit similis (et non filius) illi.
[145] Cum magna reverentia, gloria et honore. Liber Pluscardensis, p. 373. — Il y a trace d'un paiement de 6 l. 9 s. 10 d. fait pour les dépenses de l'archevêque de Reims et du lord de Derneley pendant une nuit à Linlithgow, in eorum primum adventu. The Exchequer Rolls of Scotland, t. IV, p. 435.
[146] Sur ces personnages, voir Liber Pluscardensis, p. 373-74, et traduction, p. 282.
[147] 1° Pouvoir pour traiter du mariage ; 2° pouvoir pour régler tout ce qui concerne la future Dauphine ; 3° pouvoir pour renouveler les alliances avec la France. Archives, J 678, n° 21, 22 et 23.
[148] Archives, J 678, n° 24.
[149]
Archives, J 678, n° 25. Édité par Léonard, Recueil des traitez, t. I, p.
23 ; Du Mont, Corps diplomatique, t. II, part. II, p. 214 ; The Acts of the parliament of
Scotland, t. II, p. 26-28.
[150] C'étaient l'évêque d'Aberdeen, le vicomte d'Angus et le chapelain du roi d'Écosse, qui avaient pris part à la conclusion du traité du 19 juillet. Voir The life and death of King James the first of Scotland, published by J. Stevenson. Printed for the Maitland Club, 1837, in-4°, p. 6, et le traité du 30 octobre 1428, cité ci-dessous.
[151] ..... Et maxime quod auxilium et succursum dicti fratis nostri copiosum et potentem adversus utriusque regni hostes nobis venturum et serviturum obtulerant et promiserunt... Lettres du 30 octobre 1428.
[152] L'acte était passé en présence du duc d'Alençon, des comtes de Vendôme et d'Harcourt, des archevêques de Reims et de Tours (Coëtquis), des évêques de Séez (Rouvres), de Lodève (Michell le Bœuf), de Béziers (Guillaume de Montjoie), d'Orléans (Jean de Kirchmael), d'Agde (Jean Teste), de Nîmes (Nicolas Habert) et de Tarbes (Raymond Bernard), des abbés de Tallemond et de Saint-Antoine de Viennois (?), des seigneurs de la Trémoille, d'Orval, de Graville et de Trèves, du vicomte de Rochechouart, de plusieurs ecclésiastiques, barons et nobles, et d'une multitude de citoyens notables, présents au Conseil, qui prêtèrent également serment. Archives, J 618, n° 26 ; Léonard et Du Mont, loc. cit.
[153] Indiqué dans Du Tillet, Recueil des traictez d'entre les Roys de France et d'Angleterre, p. 366. — Le texte a été publié par M. Joseph Robertson, Miscellany of the Spalding Club, t. XI (Aberdeen, 1842, in- 4°) p. 183-85 ; cité par Francisque Michel, les Écossais en France, t. I, p. 157, note 2.
[154] Archives, J 678, n° 27 ; Brienne, 57, f. 59, et Du Puy, 337. Publié dans les Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, t. VII, p. VII, p. 444. — Dans un exposé présenté le 3 janvier 1429, au conseil de ville à Tournai, au nom du roi, on fit savoir que les alliances entre le roi de France et le roi d'Écosse avaient été renouvelées ; que le mariage du Dauphin avec la fille du roi d'Écosse était arrêté, et que ce dernier devait, avant la Pentecôte, envoyer la princesse en France, avec un secours de 4.000 hommes ; si ce secours ne suffisait pas, le roi d'Écosse devait venir en personne. Registres des consaux, t. II, p. 306.
[155] Il fut pourtant très sérieusement question de sa venue, car, au mois d'avril 1429, les Anglais, fort au courant de ce qui avait été conclu, faisaient des armements pour s'opposer au passage d'une flotte écossaise qui devait transporter 6.000 hommes en France, avec la fille du roi d'Écosse, promise au Dauphin. Proccedings and ordinances, t. III, p. 324.