HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE II. — LE ROI DE BOURGES - 1422-1435

 

CHAPITRE VI. — RÈGNE DE LA TRÉMOILLE ET ARRIVÉE DE CHARLES D'ANJOU AU POUVOIR.

 

 

1429-1435.

Esquisse du caractère du Roi. — Omnipotence de La Trémoille. — Charles VII à Sully chez la Trémoille ; il correspond activement avec les habitants de Reims, et annonce l'intention de reprendre les armes en personne. — Préparatifs militaires ; le Roi s'avance jusqu'à Sens ; il va se fixer à Chinon. — Complots de Lu Trémoille contre le connétable et du connétable contre La Trémoille. Conspiration de Louis d'Amboise : elle vise la personne du Roi. Négociations avec le duc de Bretagne : La Trémoille se rend à la Cour du duc. — Arrestation de Louis d'Amboise et de ses complices ; leur procès ; ils sont condamnés à mort. — La Trémoille se fait délivrer des lettres de rémission pour tous ses anciens méfaits. — Attitude du Roi au milieu de ces complots ; il préside plusieurs réunions d'États ; sa correspondance avec les habitants de Reims ; ses libéralités à l'égard de plusieurs de ses serviteurs. Continuation des négociations avec le duc de Bretagne ; ce prince, sans rompre avec les Anglais, se rapproche de Charles VII. — Le Roi continue à correspondre avec ses bonnes villes. — Tentative d'empoisonnement sur sa personne ; complot du comte de Foix et de Guillaume de Champeaux, auquel est mêlé La Hire. — Projet d'une convocation d'États Généraux. — Pouvoir absolu de La Trémoille ; sa scandaleuse opulence, ses intrigues, ses procédés arbitraires. — Complot ourdi par les amis du connétable pour le renverser. — Les conjurés se saisissent de La Trémoille au château de Chinon, avec l'assentiment de la reine de Sicile et de la reine Marie d'Anjou ; arrivée de Charles d'Anjou au pouvoir. — Charles VII avoue les conjurés devant les États de Tours. — Sa conduite à l'égard de la Reine : marques de confiance qu'il lui témoigne. — Les enfants royaux : espérances que donne le jeune Dauphin. Voyage en Dauphiné : Cour plénière à Vienne ; le connétable rentre en grâce. — Impulsion nouvelle donnée à la direction gouvernementale ; initiative grandissante du Roi. — Rôle important attribué au connétable et au bâtard d'Orléans ; ascendant de Gaucourt ; mesures prises en vue d'assurer le succès du congréé d'Arras.

 

Avant de reprendre le fil du récit, arrêtons-nous un instant encore sur cette personnalité royale, condamnée à un rôle si effacé par le despotisme jaloux de La Trémoille, et interrogeons les rares documents de cette période qui peuvent nous la faire envisager sous son véritable aspect.

Quand il se montre à ses peuples, Charles VII apparaît tel que les habitants de Chatons le dépeignaient, à la veille du sacre, dans une lettre aux habitants de Reims : Doulx, gracieux, piteux et misericors, belle personne, de bel maintien et hault entendement[1]. Martial d'Auvergne disait plus tard de Charles VII qu'il était piteulx à merveilles[2] : c'est un trait de caractère qui persiste à toutes les époques, et qu'il faut retenir. Dans son Épître aux États de Blois, qui parait avoir été écrite avant le mois de juillet 1433, Jean Jouvenel, évêque de Beauvais, s'exprime en ces termes : Je crois que si oncques Roy deust estre aymé et honoré, vous devez aymer et honorer le Roy nostre souverain seigneur, car il est aymé de Dieu sa vie, son gouvernement est bel, honneste et plaisant à Dieu, et n'y a en lui aucun vice. Je parlasse plus avant de sa personne si on ne l'imputait à une manière de flatterie[3]. Tous ceux qui approchent Charles VII vantent son affabilité, autre trait saillant de son caractère[4]. Ses adversaires de la veille sont touchés à sa seule vue ; nous avons dit déjà que les habitants de Troyes, dans leur enthousiasme, le proclamèrent le prince de la plus grande discretion, entendement et vaillance que issy de pieça de la noble maison de France[5]. On a conservé sa réponse à l'évêque de Troyes et aux autres députés de la ville qui étaient venus parlementer avec lui ; elle atteste les sentiments élevés qu'il avait de ses devoirs de Roi : Par le trépas du feu Roy son père, y était-il dit, luy survivant estoit seul et unique heritier dudit royaume, et pour ceste cause, il avoit entreprins son voyage à Reims pour luy faire sacrer et aux aultres partyes de son royaulme pour les reduire en son obéissance ; et qu'il pardonneroit tout le temps passé sans rien reserver ; et qu'il les tiendroit en paix et franchise telle que le Roy saint Loys tenoit son royaulme[6].

Charles VII comprend donc ce que Dieu a fait pour lui[7] ; mais il se borne à une reconnaissance stérile. Si, par moments, il ressent une certaine ardeur, il se fatigue promptement de la lutte, — plus encore de la lutte contre son propre entourage que contre l'ennemi, — et se résigne le plus souvent à une attitude passive. Un contemporain, fort hostile aux combinaisons diplomatiques agitées à cette époque dans le Conseil, apprécie en ces termes la conduite du Roi pendant cette période : Depuis que le Roy s'en vint de la ville de Saint-Denys, il monstra si petit vouloir de soy metre sus pour conquerir son royaume, que tous ses subjetz, chevaliers et escuiers, et les bonnes villes de son obéissance, s'en donnoient très grant merveille, et sembloit à la plus part que ses p. rouchains conseillers fussent assez de son vouloir, et leur suffisoit de passer temps et vivre[8].

Charles VII voit avec peine les excès des gens de guerre, car il a compassion des malheurs de son peuple[9] ; il est animé d'un sincère désir d'assurer le repos et la sécurité de ses sujets. Mais les mesures qu'il prend sont inefficaces, et ses ordres sont méconnus par ceux-là mêmes qui l'approchent de plus près[10]. Nous sommes dans le temps où, selon la juste expression de M. de Barante, Charles VII semble fuir les soucis de la royauté, encore qu'il n'en oublie pas les devoirs[11] ; non que le sceptre soit trop lourd pour son bras, car il a su un moment le porter avec honneur, mais parce que la main de justice n'atteint pas ceux qu'elle aurait dû frapper. Toujours d'ailleurs même scrupule d'être juste envers tous, amis ou ennemis, même clémence à l'égard des rebelles, même empressement à récompenser les services rendus[12], même soin à s'entourer des anciens et fidèles serviteurs du trône : le bâtard d'Orléans, l'amiral de Culant, le grand-maître des arbalétriers Graville, le maréchal de Boussac sont à titre permanent dans le Conseil ou la tête des armées[13] ; Gaucourt, qui a pris une grande part aux événements de 1429, exerce l'importante charge de gouverneur du Dauphiné, et est nommé capitaine de Chinon[14] ; Barbazan, à peine sorti de sa longue captivité, est accueilli avec de vives démonstrations de joie, réintégré au sein du Conseil et investi du gouvernement de la Champagne[15]. Il faut ajouter malheureusement, à la charge de Charles VII, toujours même faiblesse, mêmes complaisances pour ceux qui abusent des faveurs royales et qui placent leur intérêt propre au-dessus de l'intérêt de la couronne.

La Trémoille figure au premier rang dans le chapitre des dons. Tantôt ce sont des chevaux qu'il reçoit en présent, tantôt de nouveaux dons ou subsides. Au moment même où le trésor est épuisé par les dépenses du siège d'Orléans, il se fait donner dix mille écus d'or pour solder les frais de sa rançon de Gençais[16] ; de juin à octobre 1429, il reçoit des sommes considérables pour l'aider à s'entretenir et à payer les gens de sa compagnie[17]. Après la soumission de Château-Thierry, il reçoit sa vie durant la jouissance des revenus de cette ville, et en outre les arrérages des impositions ainsi que le produit des confiscations prononcées sur les habitants[18]. En juillet 1430, un droit sur le vin lui est attribué, pour une durée de vingt-cinq ans, au préjudice des bourgeois de Fontenay-le-Comte[19]. Il touche une somme annuelle de près de cinq mille livres sur le produit des aides[20]. Il a, comme grand chambellan, une pension de douze mille royaux, et de plus cinq cents écus par mois[21]. Son pouvoir est absolu ; il a l'entière administration des finances du royaume, la libre disposition des forteresses, le gouvernement du corps du Roi. Toutes choses passent par ses mains, et c'est lui qui décide de tout[22]. Enfin, par un habile système d'alliances, il a su enchaîner à sa fortune les princes et les seigneurs[23], et il écarte tous ceux qui lui portent ombrage[24].

Au retour de la campagne du sacre, le Roi s'était arrêté un moment à Gien, où il avait licencié son armée, et avait pris ensuite le chemin du Berry. Le 1er octobre 1429, il était à Selles. C'est là que la Reine, restée à Bourges depuis son départ, vint le rejoindre[25]. Il semblait qu'il dût aller prendre ses quartiers d'hiver à Bourges ou à Mehun. Mais, au lieu de songer au repos, nous le voyons faire, pendant six semaines, de continuels déplacements, dont la cause reste pour nous un mystère. Peut-être La Trémoille voulait-il l'arracher à l'influence de la Pucelle, qui, fit ce moment, était envoyée à Bourges avec la Reine, en attendant le départ pour l'expédition de Saint-Pierre-le-Moutier. Toujours est-il que, le 6 octobre, nous trouvons le Roi à Montargis, sur le chemin qu'il avait parcouru quinze jours auparavant en se repliant vers la Loire ; le 11, il est à Loches, d'où il s'avance du côté du Berry par Selles et Vierzon. Mais le 30, il est près d'Orléans, à Jargeau, et quatre jours plus tard, à Issoudun, en plein Berry. Ce n'est que le 15 novembre que Charles VII s'établit au château de Mehun-sur-Yèvre, où il devait séjourner pendant deux mois[26].

En février 1430, La Trémoille l'emmena dans son château de Sully. Les États de Languedoc y avaient été convoqués et les députés complimentèrent le Roi sur son sacre[27]. Charles reçut aussi le bailli de Troyes, qui lui renouvela les doléances déjà présentées à Mehun, en novembre, au nom de la ville, et qui repartit avec de bonnes paroles et des assurances de protection[28]. La Champagne était alors sérieusement menacée par la coalition anglo-bourguignonne, et le gouvernement royal se préoccupait de lui venir en aide. Dans une lettre du 19 mars aux habitants de Reims, Charles VII les assure que pour rien au monde il ne les abandonnera, mais qu'il les secourra de son pouvoir, toutes autres choses laissées ; il leur annonce en même temps le prochain envoi d'une armée, sous chef bien agréable, tellement que ceux qui veulent son bien en seront réjouis et réconfortés[29].

Dès le mois de septembre 1429, lors de la retraite sur la Loire, Charles VII avait écrit aux habitants de Reims qu'il se proposait, après l'expiration de la trêve avec le duc de Bourgogne, et même plutôt si c'était nécessaire, de revenir avec toute sa puissance, pour entendre et poursuir le demourant de ses conquêtes et recouvrement de sa seigneurie[30]. Le 30 avril, de Jargeau, il leur adressa une nouvelle lettre pour leur annoncer qu'il envoyait le maréchal de Boussac en Champagne pour y réduire les places rebelles et diriger les opérations militaires[31]. Le 5 juin, il écrivit encore aux habitants de Reims, qui l'avaient mis au courant de la situation critique où l'on était de ce côté, et l'avaient supplié d'y porter remède. Il les remerciait des renseignements qu'ils lui avaient transmis et leur faisait connaître ses intentions : il se proposait de donner un prompt secours à la ville de Compiègne et aux pays environnants, et pour cela il avait résolu de se transporter à bref délai dans la contrée, avec toute sa puissance. Ne faites de ce quelconque doute, dit-il ; car pour chose qui nous doive advenir, ne vous abandonnerons ; et au regard du passage de nos gens, nous y avons fait et faisons toute diligence, et n'est autre chose quelconque où nous ni ceux de notre Conseil n'entendions chaque jour. Le bâtard d'Orléans, ajoute-t-il, est déjà parti ; les Écossais seront le 6 juin à Melun ; le maréchal de Boussac les suivra ; et huit ou dix jours après doivent arriver, avec toute leur puissance, Charles d'Anjou, beau-frère du Roi, le comte de Clermont, le vicomte de Thouars, le vicomte de Turenne et tous les barons des pays de par deçà. Et s'il plaît à Dieu, conclut le Roi, vous entendrez de nous, et très brièvement, de si bonnes nouvelles que vous en serez très joyeux et reconfortés[32].

Le Roi paraissait donc disposé à réaliser la promesse qu'il avait faite de reparaître, au moment venu, à la tête de son armée. Des lettres patentes du 30 mars 1430 attestent à la fois les grandes occupations qu'il avait et la présence à la Cour d'un jeune prince qui, pour la première fois, venait prendre place dans le Conseil[33]. C'était Charles d'Anjou, troisième fils de la reine Yolande, et qui n'avait pas encore seize ans[34] ; il n'en fut pas moins investi, quelques mois plus tard, du titre de lieutenant général du Roi dans l'Anjou et le Maine[35]. Le 7 juin, Charles VII donne rendez-vous pour le premier août aux nobles du Languedoc[36]. Il entretient, dans le courant de ce mois, une active correspondance avec ses capitaines et ses bonnes villes[37]. Le 18 juillet, en réponse aux plaintes patriotiques de ses sujets de Champagne, il leur donne encore les plus formelles assurances de sa prochaine venue sur le théâtre des opérations. Il s'était, dit-il, avancé jusqu'à Gien pour se rapprocher d'eux et de ses autres loyaux sujets, afin de les conforter en leurs affaires, et de résister à ses adversaires. Mais son arrivée se trouvait retardée par la nécessité de réduire d'abord quelques Places rebelles. Néanmoins, ajoute-t-il, c'est bien notre intention d'être très brièvement, au plaisir de Dieu, si avancé et si près de vous, que vous en serez très joyeux et confortés, et que vous connaîtrez par effet que nous ne vous avons pas mis en oubli ni abandonnés. Ne croyez pas que, en ceci, nous nous veuillons contenter de paroles plutôt que de fait, car ce serait à notre préjudice et dommage plus que de nul autre, et, par conséquent, nous n'avons pas cette volonté[38].

Trois jours plus tard (21 juillet), le Roi, en considération des grands et notables services rendus par le sire de Barbazan, et pour l'aider à se remettre sus afin de le servir dans les guerres comme il le faisait avant sa captivité, lui donnait une somme de deux mille livres[39]. Le 22 juillet, une somme de vingt mille livres était ordonnancée pour être employée par le, trésorier des guerres, limon Raguier, au fait de son office[40]. Mais, au lieu de se porter en avant, le Roi resta à Sens, où il passa les mois d'août et de septembre. De tous côtés, en Champagne, on attendait sa venue avec impatience ; parmi ses ennemis, le bruit courait qu'il marchait sur la Bourgogne avec de grandes forces. Finalement Charles VII laissa ses lieutenants opérer seuls sur le théâtre de la guerre, et bientôt il se replia, par Montargis et Jargeau, sur Chinon, où une politique intéressée devait le tenir longtemps confiné.

Deux faits notables s'étaient d'ailleurs accomplis pendant le séjour du Roi à Sens, et avaient pu motiver un changement de résolution.

La rivalité entre Richemont et La Trémoille avait pris le caractère d'une haine implacable. Aux luttes armées se mêlaient les intrigues et les complots. Un jour, pendant l'hiver de 1429-1430, le connétable se rendait de Fresnay-le-Vicomte à son château de Parthenay. On remarqua dans son escorte un inconnu, qui chevauchait parmi ses gens, et qui se tenait le plus près de lui qu'il pouvait, en le regardant d'une manière suspecte. On l'interrogea ; il répondit qu'il était Picard. Un seigneur de Picardie, Gilles de Saint-Simon, déclara ne point le connaître. Pressé de s'expliquer, l'inconnu promit de dire la vérité, moyennant qu'on lui ferait grâce ; et sur l'assurance qu'en donna Richemont, il fit savoir qu'il était envoyé par La Trémoille, qui lui avait promis de l'argent s'il parvenait à tuer le connétable. Celui-ci le fit garder pendant un bout de chemin, puis le congédia, en lui donnant un marc d'argent et en l'engageant à ne plus se charger de semblables missions[41].

Si La Trémoille en voulait à Richemont et cherchait à lui ôter la vie, les amis de Richemont n'étaient pas moins acharnés contre La Trémoille. Parmi eux se trouvait Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, fait prisonnier au Mans par les Anglais en mai 1428, et qui avait ensuite figuré dans l'armée durant le siège d'Orléans et la campagne du sacre. Une de ses sœurs avait épousé le seigneur de Jonvelle, frère de La Trémoille, et une autre Hardouin de Maillé, l'un des conseillers de Charles VII. Le vicomte de Thouars, bien que marié (à Marie de Rieux) et père de plusieurs enfants, menait la vie la plus scandaleuse : il entretenait publiquement trois sœurs du nom de La Perrine[42]. Depuis quelque temps, il était en démêlés judiciaires avec La Trémoille : il forma le projet de se saisir de sa personne et de s'emparer du gouvernement du royaume.

La première pensée du complot remontait à l'époque du siège d'Orléans[43]. Il fut machiné entre Louis d'Amboise, André de Beaumont et André de Vivonne pendant le séjour du Roi à Sully, et devait être mis à exécution lors du voyage de Champagne. On ne devait pas se contenter d'appréhender au corps le premier chambellan — dont la vie devait être sacrifiée si l'on ne parvenait pas à le faire prisonnier— et de se débarrasser de certains membres du Conseil ; on voulait aussi s'emparer de la personne du Roi et conduire Charles VII au château d'Amboise. Profitant du moment où La Trémoille serait sorti pour chasser ou voler[44], on devait faire pénétrer dans le château de Gien, par une porte de derrière, un nombre de gens d'armes suffisant pour réaliser l'entreprise. Les conjurés n'ayant pas osé tenter le coup à Gien, résolurent de profiter d'une absence de La Trémoille, pendant le séjour de la Cour à Sens[45], pour placer des affidés aux portes de la ville et s'emparer du Roi, qu'ils auraient conduit à Orléans et de là à Amboise.

Ce n'était donc pas seulement — s'il faut s'en rapporter aux arrêts du Parlement, en date du 8 mai 1431, qui nous fournissent ces détails — contre le premier chambellan que le complot 'était dirigé ; il visait en même temps la personne royale, et c'est un crime de lèse-majesté qui se préparait dans l'ombre. D'après la confession d'un des conjurés, André de Beaumont, la responsabilité n'en incombait pas uniquement à Louis d'Amboise : Beaumont avait déclaré qu'un des officiers de grande autorité qui entouraient le trône, avait, depuis longtemps, eu volonté et affection de entreprendre le gouvernement du Roi et du royaume ; que, pour y parvenir, il avait résolu de s'emparer de la personne du sire de la Trémoille et de mettre ce seigneur, ainsi que ses adhérents, hors de la compagnie du Roi ; qu'avant la venue de Jeanne d'Arc, il avait tenté d'introduire des gens d'armes dans une place située près de Loches, pour se saisir de La Trémoille quand il irait chasser ; et qu'enfin le même officier, à la connaissance d'André de Beaumont, qui avait donné son consentement à la chose et juré de. la tenir secrète, avait formé le projet de soustraire la dite Pucelle de la compagnie du Roi[46].

Quelle que fût la portée de ces projets et de ces tentatives d'enlèvement, soit que les conspirateurs aient été dénoncés, soit que l'audace leur ait fait défaut, le complot dirigé à la fois contre La Trémoille et contre le Roi n'aboutit point.

Pendant que d'Amboise, Beaumont et Vivonne travaillaient à la réalisation de leur ténébreux dessein, une négociation importante avait été entamée ; et — coïncidence singulière — il ne s'agissait de rien moins que d'un rapprochement entre le sire de la Trémoille et le connétable de Richemont, ou plutôt entre le roi de France et le duc de Bretagne.

Le duc Jean VI n'avait point renoncé à sa politique cauteleuse. Les succès obtenus dans l'été de 1429, grâce à l'intervention providentielle de Jeanne d'Arc, étaient de nature à le faire réfléchir. Aussitôt après la levée du siège d'Orléans, il s'empressa d'envoyer son propre confesseur complimenter la Pucelle. Il fit plus : il proposa au Roi d'envoyer à la Cour son fils aîné, François, alors âgé de quinze ans, pour y être élevé. Nous avons des lettres de Charles VII, en date du 4 septembre 1429, par lesquelles il promet au duc de traiter son fils chèrement et honorablement, et de le laisser revenir en Bretagne quand il plaira au duc[47]. Le projet ne paraît pas avoir eu de suites, mais il nous révèle les dispositions du versatile Jean VI. Au commencement de 1430, il fut question d'une entrevue entre La Trémoille et le connétable : l'archevêque de Tours, Regnault Girard, maître d'hôtel du Roi, et Richard Pocaire, bailli de Senlis, furent Même chargés d'aller sonder les dispositions du duc de Bretagne et de régler au besoin les conditions de l'entrevue[48].

Le duc, après avoir consulté le connétable, envoya au Roi une ambassade à la tête de laquelle était l'évêque de Saint-Malo[49]. Durant le séjour de Charles VII à Sens, deux nouveaux envoyés bretons arrivèrent à la Cour, avec mission de proposer à La Trémoille une entrevue avec leur maître[50]. C'était le moment où le mariage d'Isabelle de Bretagne avec Guy, comte de Laval, venait d'être décidé, avec l'autorisation du pape. Dès le 3 juillet 1417, la princesse avait été promise à Louis, duc d'Anjou, et toutes les formalités avaient été remplies. La rupture d'une alliance décidée depuis de si longues années, et qu'on était en droit de considérer comme virtuellement réalisée, puisque le mariage avait été célébré par paroles de présent[51], indigna justement la reine de Sicile et son fils. Quand le connétable vint, au nom de son frère, trouver Yolande, accompagné du comte d'Étampes et d'ambassadeurs bretons, pour obtenir son agrément, elle entra dans une violente colère, et peu s'en fallut que les choses n'en vinssent à une guerre déclarée[52]. Les ouvertures faites au Roi par le duc de Bretagne ne furent point repoussées. Des pourparlers s'engagèrent[53], et ils aboutirent, avant la fin de l'année, à un traité (5 décembre 1430) par lequel le Roi s'engageait à envoyer vers le due le sire de la Trémoille, en compagnie des seigneurs de Trèves et d'Argenton, et d'autres de ses conseillers, aux conditions suivantes : le duc remettrait, à titre d'otages, son frère le comte d'Étampes, le vicomte de Rohan, et trois autres seigneurs ; le duc, le connétable, le comte de Laval et quatre autres seigneurs donneraient des lettres de sûreté scellées de leurs sceaux. Moyennant quoi le Roi promettait de délivrer des sauf-conduits aux otages et d'assurer leur sécurité[54].

Le duc de Bretagne ayant rempli les conditions stipulées, et les otages étant arrivés au château de Loches[55], La Trémoille partit, avec les autres conseillers du Roi, au mois de janvier 1431. Il trouva à Angers les envoyés du duc, qui étaient venus au-devant de lui et qui l'accompagnèrent jusqu'à Chantocé[56], où le duc ne tarda pas à se rendre. La conférence se prolongea jusqu'au 22 février. Jean VI s'engagea à envoyer le comte de Laval au service du Roi, avec un certain nombre de gens de guerre qui devaient être employés sur les frontières du Maine et de l'Anjou, et il fit payer immédiatement au comte une somme de vingt-deux mille livres pour les frais de cette armée. La Trémoille promit foi et loyauté au duc et à son fils aîné le comte de Montfort, et reçut du duc des assurances écrites d'amitié et de protection[57].

C'est pendant le cours de cette négociation que fut découvert le complot de Louis d'Amboise et de ses complices, André de Beaumont et Antoine de Vivonne. Gruel prétend que ces trois seigneurs furent attirés, par les amis de La Trémoille, dans un guet-apens où ils auraient voulu faire tomber le connétable lui-même[58] ; ce qui n'est point douteux, c'est que, durant une partie de chasse, les conjurés furent arrêtés. Ils furent amenés en présence du Roi, qui se trouvait alors au château de Loches[59]. Louis d'Amboise n'ayant pas été mis en prison, et le Roi ne l'ayant même point exclu de sa compagnie, en profita pour faire savoir à ses gens que le Roi devait se rendre à Saint-Aignan, et leur donner l'ordre de se mettre en embuscade sur son passage, en un lieu désigné. Le vicomte de Thouars espérait ainsi recouvrer sa liberté ; déjà ses affidés étaient à leur poste, quand l'embûche fut découverte. Les trois seigneurs, poursuivis pour crime de lèse-majesté, furent conduits à Poitiers, où s'instruisit leur procès. Le Roi se rendit dans cette ville, et y séjourna pendant l'instruction. Par arrêts en date du 8 mai 1431, les trois accusés furent condamnés à mort, avec confiscation de leurs biens. Beaumont et Vivonne furent exécutés ; mais La Trémoille avait ses vues sur Amboise, dont il convoitait l'héritage pour son fils Louis : la peine de mort fut commuée pour lui en un emprisonnement perpétuel, sauf le bon plaisir du Roi[60]. L'influence souveraine de La Trémoille est visible dans ce procès ; elle apparaît d'une façon plus évidente encore si l'on rapproche de l'arrêt du 8 mai un acte rendu la veille, par lequel le grand chambellan, voulant se mettre à l'abri de toute éventualité et sentant que, par un soudain retour de fortune, sa situation pouvait se trouver gravement compromise, se fit délivrer un bill d'indemnité pour toutes les peccadilles dont il s'était rendu coupable. Spectacle étrange et, à coup sûr bien insolite, que de voir un grand dignitaire de la Couronne, parvenu au faîte de la puissance, solliciter de son souverain des lettres de rémission et se les faire publiquement octroyer !

Le sire de la Trémoille avait exposé au Roi que certains de ses bienveilants et amis privés lui avaient dit et remontré, à plusieurs reprises, que, au sujet de certains cas dont il faisait la déclaration, on pourrait lui donner coulpe et charge, et qu'au temps à venir il en pourroit avoir à besoingnier et à faire, et encourir en dangier et dommaige, s'il n'y pourvoyait et s'il n'en était déchargé. Les faits auxquels il faisait allusion étaient les suivants :

1° En 1416, La Trémoille s'était approprié, sous prétexte de se payer d'une somme de 10.000 fr. à lui due pour la solde de ses gens, et sur laquelle il n'avait reçu que 2 à 3.000 fr., certaine grosse somme d'argent qu'un receveur, Jean Chartier, commis à recevoir une aide ou taille en l'élection d'Orléans, envoyait à Paris ; la somme et le receveur avaient été dirigés sur le château de Sully, et une bateure avait été infligée au receveur pour avoir dénoncé le destrousseur ; 2° La Trémoille avait emprisonné l'évêque de Clermont, à cause de certaine somme d'argent et de certains meubles que l'évêque avait pris sur les biens de la duchesse de Berry et qu'il prétendait lui appartenir, et l'avait enfermé dans son château de Sully, où il l'avait détenu jusqu'à ce que le Roi fût venu en personne le délivrer[61] ; 3° Enfin, La Trémoille, une fois qu'il avait eu grant auctorité et gouvernement près du Roi, en avait profité pour emprisonner des habitants de Limoges qui ne voulaient pas lui payer le prix de certain service qu'il leur aurait rendu, et pour leur extorquer 6 à 7.000 francs, ou autre somme non guères plus grant. Toutes ces peccadilles étaient remises au grand chambellan, ainsi que touz aultres faiz et cas quelzconques qu'il pourroit avoir faiz, commis et perpetrez, et avoir mesprins contre l'autorité royale, et tous aultres cas, soit qu'il ait empeschié de lever et recevoir les deniers d'aides ou tailles en et sur ses terres, ou en avoir prins de sa voulenté sans ordonnance et appoinctement du Roi, et de levées ou prinses de deniers ou marchandises ou deniers sur icelles, montans ou avalans par devant sa place de Sully, de quelque personne que ce soit, et de tous aultres faiz et cas quelconques de prinses d'autres personnes que des dessus nommées ou autres, par lui commis et perpetrez, pour quelconque cause ou occasion et en quelque manière que ce soit et à qui ce puisse touchier[62].

Il était difficile de pousser plus loin l'impudence. Et pour le récompenser de ses vertueux services de la protection vigilante dont il entourait le trône, aussi bien que des attentions délicates qu'il avait pour la personne du Roi[63], La Trémoille obtint bientôt de nouvelles faveurs[64], sans préjudice de l'accroissement territorial qu'allait lui procurer la jouissance des biens confisqués sur Louis d'Amboise. D'autre pari, le connétable se voyait privé de Dun-le-Roi, qui faisait partie du douaire de sa femme, et que des lettres de mars 1431 déclarèrent réuni au domaine royal[65].

Que devenait Charles VII au milieu de ces intrigues, de ces complots, de ces exécutions ? Il avait séjourné pendant quinze jours à Montargis, en novembre 1430. Déjà au mois de mai précédent, le Roi avait donné à cette ville un témoignage de sa reconnaissance pour ses bons services et son invariable fidélité : voulant perpétuer la mémoire de l'héroïque défense des habitants pendant le siège de 1427, de cette vertueuse résistance qui, disait-il, avait été moyennant le fruit qui s'en estoit ensuivi, le commencement, en cas pareil, de notre premier bien et bonheur à l'encontre de nos ennemis, il avait à perpétuité exempté la ville de tous impôts, lui avait accordé le privilège de s'intituler Montargis-le-Franc, et l'avait unie à son domaine[66] ; par de nouvelles lettres, où il rappelait les grands et recommandables services des habitants, il leur accorda divers privilèges[67]. D'autres lettres, données à Montargis, récompensent les services du vieux conseiller et gouverneur Hugues de Noé[68], et du défenseur de la tour de Bourges à l'époque de la prise d'armes des princes, Philippe de Melun, seigneur de la Borde[69]. En même temps, le Roi pourvoit aux dépenses de sa maison et de la maison de la Reine[70], et il ordonnance diverses sommes à verser à son argentier, pour certaines besognes de brodure faites par son brodeur pour sa personne[71]. La fête de la Toussaint approchait : suivant l'usage, le Roi se fit faire à cette occasion une grande et longue robe : on acheta, moyennant six cents royaux d'or, ung bel et riche drap d'or de veluyau veluté hault et bas poil vert perdu à girons, bandes et feuilles d'or, contenant vingt aunes[72]. D'autres robes de drap de soie furent commandées pour le Roi et la Reine[73].

De Montargis, le Roi se rend à Gien, où sa présence est signalée par des libéralités faites à La Trémoille, à Robert de Rouvres, évêque de Séez, à Robert Le Maçon, à Christophe d'Harcourt, au sire de Mortemart et à plusieurs autres conseillers[74] ; puis à Jargeau, où il nomme le maréchal de Boussac son lieutenant général au delà des rivières de Seine, Marne et Somme[75]. Déjà le sire d'Albret avait été nommé lieutenant général sur le fait de la guerre en Berry[76]. A ce moment il est question d'un voyage que le Roi doit faire outre Seine[77], et qui ne reçut pas d'exécution : le 22 novembre, Charles VII s'installait au château de Chinon, où il devait séjourner jusqu'au 20 février.

C'est pendant ce temps qu'eut lieu une réunion d'États laquelle les documents du temps ne fournissent aucun renseignement, mais que nous révèle un passage de l'Épitre adressée plus tard au Roi par Jean Jouvenel, à l'occasion des États d'Orléans : En 1430, dit-il, environ Noël, vous estant à Chinon, les trois Estas de par deça, c'est assavoir de Reims, Laon, Chaalons, Beauvais, Senliz, Troies, Sens, Melun, Montargis et aultres, vindrent devers vous, et firent faire une proposition par un notable homs de Senliz, lequel vous monstra et dit les maulz et tirannies que souffroit vostre povre peuple, en vous monstrant comme vous deviez faire justice, en exposant parolles veritables. Mais le confort qu'ilz eurent fut que aucuns de vos gens disoient que il estoit ung très mauvais fol, et que on le devoit getter en la rivière[78]. L'évêque de Beauvais constate pourtant ailleurs — nous l'avons vu, — que Charles VII était très dolent et desplaisant des façons de ceux qui l'entouraient, et qu'il avait grand pitié de son peuple[79]. Nous aurons l'occasion de faire voir que le témoignage de Jouvenel ne doit pas toujours être accepté sans contrôle. A l'entendre, le Roi n'aurait rien fait alors pour remédier aux désordres des gens de guerre ; or, les Registres de Tours nous permettent de contrôler cette assertion : on verra plus loin que cette réforme fut, dès cette époque, une de ses constantes préoccupations.

Les actes du temps nous révèlent à plus d'une reprise certaines tendances généreuses du caractère de Charles VII. Nous avons cité les ordonnances rendues en faveur de Montargis ; par lettres données à Chinon le 18 décembre 1430, le Roi accorda aux habitants de Compiègne une exemption générale d'impôts, en reconnaissance de leur loyauté et de leurs bons services, à ce qu'ils s'en esjoyssent et sentent au temps à venir, et afin de servir d'exemple aux autres[80]. Par d'autres lettres en date du 24 décembre 1430, voulant récompenser les services rendus par Guillaume d'Estaing, un de ses chambellans, pendant les campagnes de 1429 et 1430, et l'aider à payer sa rançon aux Anglais qui l'avaient fait prisonnier, il lui donna un droit à prendre pendant un an sur le sel vendu dans tous les greniers à sel du Languedoc[81].

De graves affaires préoccupaient alors Charles VII, et la correspondance très active échangée avec les habitants de Reims nous donne à cet égard d'intéressants détails. Il s'agissait de la reprise des hostilités en Champagne, sous la direction de Barbazan, et des alliances à conclure pour favoriser les opérations militaires. Une lettre, datée de Chinon le 19 février, précise les résultats obtenus par la politique royale : le Roi avait envoyé de toutes parts pour hâter l'envoi des renforts qui, de l'Écosse, de l'Autriche, de l'Allemagne, de la Bretagne, d'ailleurs encore, lui avaient été promis ; il n'attendait que l'arrivée des troupes auxiliaires pour se mettre en armes, afin de travailler au recouvrement des pays encore occupés par les Anglais, et de délivrer ses sujets des griefs et oppressions que, à son très grand déplaisir, la guerre leur faisait continuellement souffrir[82].

La signature du traité du 22 février 1431 amena Charles VII en Anjou : après avoir fait un premier pas vers un rapprochement avec le duc de Bretagne, il voulait mettre fin au différend qui avait surgi entre la reine Yolande et Jean VI. Le Roi était le 6 mars à Saumur. Un mariage avait été la cause du conflit ; un mariage devait le terminer. Par acte des 14-21 mars fut conclue l'alliance de Yolande, deuxième fille de la reine, née en 1412, avec François, comte de Montfort, fils aîné du duc, né en 1414[83]. Charles VII allait donc se trouver à la fois le beau-frère du père et du fils[84]. La reine de Sicile voulut profiter du séjour du Roi à Saumur pour faire rentrer le comte de Richemont dans sa bonne grâce. Le chancelier de Bretagne et d'autres ambassadeurs bretons se joignirent à elle pour intercéder en faveur du connétable. Le Roi, sans céder à leurs instances, se prêta à un arrangement par lequel, en vue d'apaiser les difficultés subsistantes entre Richemont et La Trémoille, Châtelaillon fut rendu au premier, Gençais au second, et Mauléon fut mis sous séquestre entre les mains de Prégent de Coëtivy[85].

Charles VII avait convoqué à Saumur les États des pays situés sur la Loire. La réunion eut lieu dans la première quinzaine de mars, en présence de la reine de Sicile. Le Roi était entouré des principaux membres de son Conseil : La Trémoille, le chancelier Regnault de Chartres, Robert Le Maçon, Christophe d'Harcourt, le sire de Mortemart, etc. A la date du 15 mars, il rendit, sous forme d'édit perpétuel et de constitution irrévocable, une importante ordonnance par laquelle, de l'avis des États, il abolissait tous les droits de péages mis sur la Loire et sur les rivières adjacentes depuis soixante ans[86]. La forme solennelle de cette ordonnance ne permet pas de la passer ici sous silence, bien qu'elle ait trait à des matières d'un ordre purement administratif qui feront l'objet d'un chapitre spécial.

De Saumur, le Roi se rendit à Poitiers, où l'appelait le procès de Louis d'Amboise et de ses complices, dont nous avons fait connaître l'issue. Il y était dès le 28 mars, et y séjourna jusqu'à la fin de mai. Une nouvelle réunion d'États, composée sans doute des députés des provinces qui n'avaient point été représentées à Saumur, fut tenue sous sa présidence ; à la date du 10 avril, les États de Languedoc furent convoqués à Vienne, où le Roi se proposait d'aller le 20 mai. Pendant ce temps, il fit quelques excursions en Poitou : nous avons la preuve qu'il était le 24 avril à Châtellerault, d'où il adressa aux habitants de Reims une lettre où il se montre touché de leur triste situation, et disposé à y porter remède[87]. Le séjour de Poitiers fut encore signalé par des libéralités faites à plusieurs de ses serviteurs : nous mentionnerons le bâtard d'Orléans[88], Christophe d'Harcourt[89], le grand maître des arbalétriers Graville[90], les écuyers d'écurie La Hire[91] et Pierre de Fontenil[92], le valet tranchant Havart[93] ; un chambellan, Antoine de Cugnac[94] ; un pannetier, Guillaume de Ricarville[95], et le célèbre capitaine lombard Théaulde de Valpergue[96]. Un serviteur du comte d'Étampes reçoit deux cents livres, en récompense de ses services, et en faveur et contemplation de son maître : on reconnaît ici le désir que le Roi avait de se rendre agréable aux princes de la maison de Bretagne ; un don notable est fait à un autre Breton, depuis longtemps attaché à la personne de Charles VII, et qui aura bientôt une situation considérable : nous voulons parler de Prégent de Coëtivy, neveu de Tanguy du Chastel, pannetier, puis écuyer d'écurie du Roi, qui reçoit la capitainerie de Rochefort-sur-Charente[97]. Enfin, la générosité royale s'étend jusqu'à un médecin du sire de la Trémoille, maître Robert Masselin, auquel est donnée une somme de cent livres, en récompense des bons et agréables services rendus — disent les lettres — à nostre seur et compaigne (la Reine), et aux officiers et serviteurs de son hôtel[98].

Le 30 mai, Charles VII était de retour à Chinon, d'où il écrivit aux habitants de Reims une lettre[99] entièrement consacrée à l'éloge du sire de Barbazan, son lieutenant général en Champagne, qui achevait en ce moment de chasser les Anglais de cette province. Le vaillant capitaine que les contemporains, sans acception de parti, ont honoré du surnom de chevalier sans reproche[100], et dont les services étaient si utiles à la cause royale, ne tarda pas à trouver une mort glorieuse sur le champ de bataille de Bulgnéville (2 juillet 1431). Dans une circulaire adressée peu après à ses bonnes villes (22 juillet), le Roi cherche à pallier l'importance de cette défaite. Les pertes n'ont pas été aussi grandes qu'on pourrait le dire ; le sire d'Albret a été envoyé pour prendre le commandement ; le chancelier et le maréchal de Boussac sont sur la route des frontières du Beauvaisis, avec belle et grande compagnie ; le duc d'Alençon et le comte de Vendôme, accompagnés du maréchal de Raiz et d'autres capitaines, sont envoyés en certaines marches et contrées avec l'espoir d'exécuter une entreprise dont, au plaisir de Dieu, le Roi espère avoir bonnes et promptes nouvelles ; d'un autre côté le comte de Clermont opère une diversion en Bourgogne ; enfin le gouverneur du Dauphiné (Gaucourt), et le sénéchal de Lyon (Valpergue) se rendent près du duc d'Autriche, qui a fait savoir au Roi qu'il amène à son secours grande et belle compagnie[101].

La défaite de Bulgnéville, si désastreuse pour René d'Anjou, n'eut point, pour la cause royale, des conséquences aussi fâcheuses qu'on aurait pu le craindre ; l'attitude énergique du gouvernement de Charles VII[102] obligea le duc de Bourgogne à signer bientôt une trêve (8 septembre 1431). Le 27 septembre, le Roi faisait part de cet événement aux habitants de Reims : Lesdites trêves, dit-il, ont été par nous prises en espérance de parvenir à plus grand bien, que vous saurez une autre fois[103].

Charles VII, poussé sans doute par la reine Yolande, travaillait toujours à ramener le duc de Bretagne dans l'obéissance. Le connétable était resté étranger aux négociations qui avaient abouti au traité du 22 février 1431. Les arrangements conclus à Saumur, au mois de mars, entre le Roi et la reine de Sicile, qui prit le rôle de médiatrice, ne firent point cesser la lutte engagée en Poitou entre les gens du connétable et les gens de La Trémoille ; le procès d'Amboise envenima encore la situation : la vicomtesse de Thouars, Marie de Rieux, chassée de son château qui avait été confisqué par le Roi, vint chercher un refuge près de son cousin le comte de Richemont, en le suppliant de la protéger. Elle s'installa au château de Parthenay, et fit si bien que, le 21 juillet 1431, fut signé le contrat de mariage de sa fille, Françoise d'Amboise, avec Pierre de Bretagne, second fils du duc. En outre, la vicomtesse négocia le mariage de son oncle, le maréchal de Rochefort, avec Marie de Bretagne, fille du comte d'Etampes, alors âgée de sept ans[104]. En même temps les troupes bretonnes, sous les ordres de l'amiral de Penhoët, vinrent porter secours à la ville de Marans, assiégée par les partisans de La Trémoille, et les forcèrent à lever le siège[105]. D'autre part, le sire d'Albret arriva avec ses Gascons, et la lutte se poursuivit ainsi[106].

C'est sur ces entrefaites que fut célébré à Amboise (20 août) le mariage de François de Bretagne et de Yolande d'Anjou[107]. D'actives négociations étaient engagées entre les Cours de France et de Bretagne. En juillet, le chancelier était à Amboise près de Charles VII[108]. Aussitôt après le mariage, des hérauts du duc virent trouver le Roi : ils étaient à Chinon le 25 août[109]. Au mois de septembre arriva une ambassade à la tête de laquelle était le chancelier Malestroit[110] ; elle venait, conformément à une délibération des États, faire à Charles VII des propositions de paix. Mais un grave incident compliqua la situation : le 29 septembre, au moment où le chancelier revenait de cette ambassade, le duc d'Alençon se saisit de sa personne[111]. Justement indigné de ce procédé, le duc de Bretagne se plaignit à Charles VII et à la Reine de Sicile, et saisit ce prétexte pour se rapprocher des Anglais[112]. Ce n'était pas une tache facile que de pacifier tous ces différends. Le connétable de Richemont intervint entre son frère et son neveu : il fit dire au duc d'Alençon qu'il se chargeait d'arranger les choses ; sa médiation fut acceptée, et les négociations aboutirent à la conclusion d'un traité à la date du 19 février 1432. Le 28 mars suivant, le duc d'Alençon faisait amende honorable, par devant l'official, dans la cathédrale de Nantes[113].

An même moment arrivèrent à la cour de Bretagne deux ambassadeurs de Charles VII : le sire de Gaucourt et Regnault Girard, seigneur de Basoges. Là en présence de la reine de Sicile[114] et d'accord avec le connétable, furent réglés tous les points restés eu litige entre Richemont et la couronne. Le traité qui mit fin à ces longues contestations fut signé à Rennes le 5 mars 1432[115]. Deux jours après, le duc Jean VI, qui venait de recevoir le comté de Poitou du roi d'Angleterre[116], prenait l'engagement de restituer ce comté à Henri VI moyennant le paiement d'une somme de deux cent mille francs[117]. Le duc conservait donc un pied dans les deux camps : tout en se rapprochant de son véritable suzerain, il ne voulait pas rompre avec celui qu'il avait eu la faiblesse de reconnaître comme tel. Enfin, à la date du 25 mars, le duc ratifia par lettres patentes tout ce qui avait été conclu à Rennes avec les ambassadeurs du Roi, et déclara que la reine de Sicile, le duc d'Alençon, le Comte de Laval, les comtes d'Armagnac et de Pardiac étaient compris dans le traité[118].

Charles VII avait passé l'année dans ses châteaux, tantôt à Chinon, tantôt à Amboise. Au mois de juillet, il reçut un mémoire détaillé, rédigé par les habitants de Troyes, pour être présenté à Barbazan. On y exposait la désolation de la Champagne, ruinée par les réquisitions et par les pillages des gens de guerre[119]. Le Roi était en correspondance suivie avec les villes récemment soumises, Reims, Châlons, Troyes[120] ; il s'empressa de répondre à ces doléances : dans une lettre en date du 13 juillet, il écrit que lui, la Reine et le Dauphin sont en bonne santé, et saluent les habitants en général et en particulier ; que, pour leur donner satisfaction, il envoie des commissaires spéciaux, chargés de rétablir l'ordre et de faire cesser les appatissemens des gens de guerre[121]. Cette mesure n'ayant amené aucun résultat, et les capitaines continuant à ne point tenir compte des ordres reçus, le Roi prescrivit la démolition des places fortes[122].

Un des meilleurs capitaines de Charles VII, La Hire, avait été fait prisonnier par les Anglais (juillet 1431) ; il vint trouver son maître et lui demanda de l'aider à recouvrer sa liberté. On ne faisait jamais en vain appel à la générosité royale ; mais le trésor était vide, et les prêteurs n'étaient point accommodants : le Roi eut recours à ses bonnes villes. Nous avons les lettres qu'il adressa de Chinon, à la date du 27 janvier 1432, aux habitants de Lyon. Désirant de tout son cœur procurer la délivrance de La Hire, que les Anglais ont mis à rançon si excessive que, sans assistance, ni lui ni ses amis n'en pourraient venir à bout, le Roi, s'est décidé à demander à ses bonnes villes de lui fournir prestement quelque argent. Si vous prions très acertes (instamment), dit-il, sur tant que aimez le bien de nous et de nostre seigneurie, et sur tout le plaisir et service que nous desirez faire, que de la somme de quinze cents réauix d'or vous vueilliez incontinent et hâtivement lui faire tinance, par emprunt ou autrement. Dans ce but il envoie trois de ses conseillers, chargés de recouvrer cette somme, afin que son écuyer d'écurie et les otages qu'il avait dû remettre aux mains des Anglais, fussent promptement hors des dangers de ses ennemis et employés à son service[123].

L'appel du Roi fut entendu, car La Hire figure, le 12 avril suivant, parmi les capitaines qui, à la suite du bâtard d'Orléans, pénétrèrent dans Chartres, enlevé par surprise aux Anglais. Deux jours après, le Roi annonçait cet heureux événement à ses bonnes villes[124]. Un mois plus tard, il convoquait à Loches les États de Languedoil pour le 10 juin[125]. C'est dans cette ville que Charles VII reçut la visite d'un puissant seigneur qui, jusque-là lui avait fait une guerre acharnée, et qui, sans attendre la décision de son suzerain le duc de Bourgogne, toujours en pourparlers avec la France, vint conclure une paix particulière. Nous voulons parler de Louis de Chaton, prince d'Orange, le, vaincu d'Anthon. Le traité conclu à Loches porte la date du 22 juin 1432 ; le même jour, le prince fit hommage au Roi pour les terres qu'il tenait de lui en Dauphiné[126].

Les États généraux, convoqués à Loches pour le 10 juin, s'ouvrirent à Amboise dans les premiers jours de juillet. Le Roi était alors préoccupé d'assurer le succès d'une entreprise que ses capitaines dirigeaient contre les Anglais, qui tenaient le siège devant Lagny, et il n'entendait épargner aucun sacrifice[127]. Nous avons une lettre de Charles VII aux habitants de Reims (8 juillet), où il entre à cet égard dans d'intéressants détails. Nous sommes délibérés, écrit-il, de secourir notre dite ville, et pour cette cause, nous mandons et envoyons de nos chefs de guerre et capitaines, avec plus grande puissance qu'autrefois. Il s'agissait d'assurer les subsistances, pour éviter la dispersion forcée qui s'était produite une première fois ; le Roi demandait donc l'envoi d'approvisionnements en blé, et ordonnait que la plus grande partie fût convertie en farine : car vous savez, disait-il, que la chose le requiert. Il réclamait aussi l'envoi du plus grand nombre de gens d'artillerie et d'autres choses nécessaires pour l'attaque ; il enjoignait enfin aux habitants de se conformer aux instructions de son secrétaire, Guillaume de Caours, chargé de s'entendre avec eux, aussi bien qu'avec la ville de Provins et d'autres villes encore, et d'assurer les moyens de transport[128].

Parmi les faits survenus durant cette période si obscure, il en est deux qu'il faut se borner à indiquer, sans qu'il soit possible de les élucider. Il paraîtrait qu'une tentative d'empoisonnement fut faite à ce moment contre le Roi. Jouvenel des Ursins, dans une de ses Épitres, y fait allusion en ces termes : Guidez-vous point avoir esté en dangier de empoisonnement et intoxications ? Je ne veulx pas dire ou maintenir que réellement y aient esté ; mais aussi ne vous ne moy n'en savons riens[129]. Si le fait s'est produit, il y a toute apparence que ce fut pendant le règne de La Trémoille, alors que le Roi menait une vie retirée dans ses châteaux de Chinon ou d'Amboise[130] ; et certes, sans qu'il faille se demander si La Trémoille fut ou ne fut pas mêlé à cet attentat, l'on peut croire qu'il n'eût pas reculé devant un tel crime, s'il l'eût jugé utile à ses desseins.

L'autre fait est fort étrange, et c'est à M. Vallet de Viriville que nous en devons la révélation. Le 8 juillet 1432, La Rire s'engageait à l'égard des comtes de Foix et de Comminges, et de l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux, à livrer le Roi entre les mains du comte de Foix, avant tout autre ; à ne délivrer celui qu'il appelait l'homme que vous savez (l'omi qui savetz), sans le consentement des deux comtes et de l'évêque ; à ne placer près du Roi personne qu'il ne pût écarter quand il leur plairait ; enfin, à faire mander à Poitiers, six semaines après le cas advenu, les seigneurs qui seraient à mander[131].

Quel est le roi dont parle La Hire dans cet acte ? Quel est ce personnage qu'il devait livrer au comte de Foix et à ses deux complices, le comte de Comminges et Guillaume de Champeaux ? M. Vallet de Viriville, qui a publié, en 1859, le texte de ce document, auquel il ne fait point allusion dans son Histoire de Charles VII, y a joint un bref commentaire, où il émet la conjecture suivante : le roi dont il s'agit, et qui parait ne faire qu'une seule et même personne avec l'homme que vous savez, ne serait autre que Jacques de Bourbon, roi de Jérusalem et de Hongrie, comte de la Marche et de Castres, auquel Charles VII avait retiré, en 1425, la lieutenance du Languedoc pour la donner au comte de Foix, et qui aurait voulu se ressaisir à main armée de son ancienne lieutenance[132].

Nous croyons qu'il n'est pas besoin d'aller chercher si loin une explication. Quand La Hire, qui prend dans l'acte la qualité d'écuyer d'écurie du Roiescuder d'escuderie deu Reg —, et qui était, en effet, depuis plusieurs années, investi de ce titre[133], prend l'engagement de mettre le Roi en la main du comte de Foi, de ne placer auprès du Roi aucun homme qu'il n'en puisse ôter, de qui veut-il parler, sinon du seul roi qui pût être désigné par cette appellation, c'est-à-dire de Charles VII lui-même ? Et cet autre personnage qu'on ne nomme que d'une façon énigmatique, quel est-il, sinon le tout puissant ministre devant lequel chacun tremble, et contre qui commence à se former la coalition des intérêts et des rancunes ?

Nous avons fait connaître le rôle, d'abord plein d'ambigüité, ensuite ouvertement déloyal, que joua le comte de Foix pendant la régence du Dauphin et au début du règne ; nous l'avons vu plus tard, définitivement rallié à la cause royale, s'installer à la Cour à la fin de 1425, et y faire preuve surtout d'une insatiable avidité. Il reçut du Roi un commandement militaire ; au lieu d'aller l'exercer en personne, il le remit à des lieutenants et retourna dans son gouvernement du Languedoc. Mais de nombreuses alliances, habilement ménagées par le comte, soit avec La Trémoille, soit avec certains seigneurs et capitaines, soit même avec le connétable de Richemont[134], semblent indiquer chez lui des visées politiques qui, pour se faire jour, n'attendaient que le moment favorable.

Mathieu de Foix, comte de Comminges, avait dei, comme son frère, se mettre en règle à l'égard du Roi en se faisant délivrer des lettres d'abolition[135]. Arrivé à la Cour avant le comte de Foix, il y avait séjourné jusqu'au commencement de 1427. Il reçut pendant ce temps le gouvernement du Dauphiné[136] ; mais, dans ce poste important, il faillit tout compromettre par son incapacité et sa faiblesse : on le remplaça bientôt par le sire, de Gaucourt[137]. Peut-être conserva-t-il de cette prompte révocation une rancune que devait pourtant tempérer la pension de six mille livres qu'il touchait du Roi[138].

Mais ce n'est pas, croyons-nous, chez les deux comtes qu'il faut chercher la pensée dirigeante du complot. Auprès d'eux se trouvait un personnage que jusqu'ici nous n'avons fait qu'entrevoir, et dont il convient de mettre la figure en lumière pour pouvoir apprécier la portée de cette intrigue.

Simple clerc du diocèse de Soissons, d'une naissance fort obscure, Guillaume de Champeaux, était parvenu, dès le 16 novembre 1419, à la haute dignité d'évêque-duc de Laon : il se trouvait ainsi l'un des pairs ecclésiastiques du royaume. Maître de la Chambre des comptes en 1415, membre du Conseil du Dauphin et l'un des commissaires sur le fait des finances, il devint, vers le commencement de 1422, président de la Chambre des comptes. Le grave chancelier du duc d'Orléans, en constatant (à la date de 1423) que Tanguy du Chastel, Louvet et Champeaux étaient maîtres du gouvernement, et en les flétrissant comme renommez de vie honteuse et deshonneste[139], ajoute cette appréciation : Maistre Guillaume de Champeaulx, évesque de Laon, qui ne fut mie bien sages[140]. En 1423, l'évêque de Laon présida au baptême du Dauphin. La même année, il fut désigné comme l'un des généraux des finances en Languedoc[141] ; et soit pendant la lieutenance générale du roi de Hongrie (1424-1425), soit après la réintégration du comte de Foix, dont il reçut à Mazères, en février 1425, le serment de fidélité au nom du Roi, il ne cessa d'exercer dans cette province un pouvoir absolu en matières financières et administratives[142]. Ce que furent les abus, les concussions, les malversations, les crimes même, — le mot est employé par la chancellerie royale — dont Guillaume de Champeaux se rendit coupable, il faut, pour en avoir une idée, lire les lettres de destitution donnés par le Roi en 1441 : tailles et aides imposées à plaisir ; nouveaux impôts mis sur le pays à l'insu du Roi ; fabrication de monnaies à sa plaisance ; transport de billon hors du royaume au mépris de toutes les ordonnances ; greniers à sel dilapidés et réduits en non valeur, voilà les griefs énumérés. On estime à six ou sept cent mille écus le tort causé à la couronne par sa déplorable administration[143]. Nous avons vu l'évêque de Laon paraître à la Cour, en compagnie du comte de Foix, du mois de septembre 1425 au mois de janvier 1427. Il y jouit d'une grande influence, et reçut alors une pension de cinq cents francs par mois. Dès le mois d'octobre 1428, les États du Languedoc, assemblés à Chinon, firent entendre, relativement à son administration, les plaintes les plus vives, et, pour faire cesser les abus, le Roi envoya des commissaires en Languedoc, pour lui interdire de s'occuper désormais de l'administration des finances. Mais profitant de ce que la guerre absorbait toute l'attention du gouvernement royal, il n'abandonna point sa charge et poursuivit le cours de ses malversations[144]. En vain le Roi envoya le comte de Vendôme pour lui renouveler la défense déjà faite, il refusa d'obéir. C'est alors, sans doute, qu'il poussa le comte de Foix à s'emparer de la personne du Roi, dans l'espoir de se mettre ainsi lui-même en possession de toute l'administration du royaume.

Ce complot, qui n'aurait amené qu'une simple révolution de palais sans profit pour la France, car les successeurs de La Trémoille n'eussent pas mieux valu que lui, ne reçut pas d'exécution. Peut-être le comte de Foix et La Hire furent-ils devancés par une autre conjuration dont nous aurons bientôt à parler, et qui ne tarda pas à se nouer, dans le même but, entre des personnages plus considérables et plus préoccupés du salut du royaume.

La situation de la France, d'une part épuisée par une guerre si prolongée et dont on ne pouvait prévoir le terme, d'autre part ravagée par une soldatesque sans frein et qui tendait de plus en plus à se soustraire à toute autorité et à tout contrôle, préoccupait à juste titre le Roi. Il convenait de prendre des mesures énergiques pour remédier au mal, et la trêve conclue avec le duc de Bourgogne permettait d'agir d'une manière plus efficace. Aussi Charles VII se décida-t-il à convoquer les États généraux de tous les pays soumis à son obéissance. La lettre de convocation, que nous avons sous les yeux, porte la date d'Amboise, 15 décembre. Le Roi y expose que déjà à plusieurs reprises, par grande et mure délibération, des réunions, où se trouvaient des princes du sang, des membres du conseil, ou de notables officiers, et même des chefs de guerre, ont été tenues pour faire cesser les excès des gens de guerre, mais que, nonobstant, les choses vont de mal en pis. Voulant donc porter remède à de si graves abus et aussi aviser de bonne heure et par bon conseil à la résistance qu'il convient, en la saison nouvelle, d'opposer aux entreprises des ennemis, afin de pourvoir à l'entier recouvrement de sa seigneurie, au fait de la justice et aux autres affaires du royaume, le Roi, pour toutes ces choses, et pour autres qui bien touchent et regardent l'estat et conservacion de sa seigneurie, et le bien commun de tous ses sujets, a décidé de réunir à Poitiers, le 20 février 1433, les gens des trois états des pays de Languedoil et de Languedoc, afin que, par leur bon conseil et avec l'aide de Dieu, bonne et stable provision soit donnée à tout[145].

Mais cette solennelle réunion, à laquelle Charles VII conviait les représentants de la France entière, ne devait pas se tenir : du mois de décembre 1432 au milieu de l'année 1433, Charles VII ne bougea pas d'Amboise, et un grave événement, appelé à changer la face des choses, devait se produire avant (Lite les États généraux fussent assemblés.

L'attitude de La Trémoille devenait chaque jour plus révoltante ; ses intrigues étaient de nature à compromettre la couronne ; son despotisme jaloux et intéressé faisait le vide autour du Roi ; ses procédés arbitraires, ses dilapidations indignaient tous les honnêtes gens. Le moment n'était pas éloigné où le tout-puissant ministre allait succomber sous le poids de sa fortune si scandaleusement édifiée, et de haines depuis longtemps accumulées.

On ne pourra jamais approfondir l'histoire de cette période de six années le gouvernement fut aux mains de La Trémoille. Il est avéré que des pièces, sans doute fort compromettantes pour lui, ont été détruites au dernier siècle[146]. Que de misères, que de turpitudes, que de crimes peut-être, nous seraient dévoilés si le dossier était complet ! Ce qui frappe tout d'abord, quand on y regarde de près, c'est l'insolente opulence du grand chambellan, offrant un douloureux contraste avec la pénurie où le Roi et la Reine sont encore réduits[147]. La Trémoille continue son rôle d'universel prêteur : il tient presque toute la Cour par la bourse. Mais, parmi ces nombreux débiteurs, combien peut-être se feront les artisans de sa ruine[148] ?

Pour avoir une idée de la situation de la Trémoille à l'égard de la couronne, il faut entrer dans l'analyse de certains actes. Par lettres du 12 juillet 1432, Charles VII, rappelant les prêts antérieurs faits par La Trémoille, et qui s'élevaient à dix mille livres pour le siège d'Orléans, et à onze mille sept cents écus d'or pour l'armée d'Écosse et le voyage de Bourges, et voulant dégager le château de Lusignan qu'il avait mis entre ses mains, déclarait lui engager les villes, terres et seigneuries d'Amboise, Montrichard et Bléré[149]. Ces terres provenaient de la confiscation faite sur Louis d'Amboise. Or, dès le mois de février précédent, le Roi avait concédé à Jacqueline d'Amboise, sœur de Louis, et femme de Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, d'autres terres, également confisquées sur le même, et qui auraient dû revenir plus tard à Jacqueline, savoir Talmond, Olonne, Château-Gontier, etc.[150] Par suite d'un arrangement passé avec le seigneur et la dame de Jonvelle, ces terres devaient demeurer en là garde de La Trémoille. Le 21 août 1432, le Roi, étant à Montrichard, rendit une ordonnance nouvelle pour assurer la délégation opérée par ses lettres du 12 juillet. Le 10 septembre, il intervint encore en faveur de son ministre ; il s'agissait de la concession faite à Jean de la Trémoille et à sa femme : Charles, par une lettre-missive très impérative, adressée à sa Chambre des comptes, ordonna que ses lettres reçussent leur exécution, bien qu'elles n'eussent point été enregistrées par le Parlement[151]. Le 9 novembre 1432, à Loches, une troisième ordonnance fut rendue pour enjoindre aux gens des comptes de faire jouir le sire de la Trémoille des avantages accordés par les lettres du 12 juillet[152].

C'est ainsi que La Trémoille espérait s'assurer la paisible jouissance des possessions de Louis d'Amboise, en attendant qu'il pût les transmettre à sa descendance, au moyen d'un mariage dont il parait avoir dès lors caressé le projet[153]. Mais, à ce moment, il était menacé de perdre ses propres biens : le gouvernement anglais, d'accord avec le duc de Bourgogne, travaillait à détacher le connétable de la cause royale, en lui attribuant, avec la Touraine et la Saintonge, toutes les possessions du sire de la Trémoille en Poitou et en Saintonge[154]. C'est peut-être la crainte de cette éventualité qui jeta La Trémoille dans une intrigue dont il est malaisé de débrouiller les fils, et qui se rattache aux négociations entamées avec le duc de Bourgogne : au mois de septembre 1432, sous le voile des trêves conclues avec Philippe et en dépit des relations diplomatiques entamées, il aurait tenté de s'emparer de Dijon par surprise[155].

Quoiqu'il en soit, La Trémoille, par son frère le sire de Jonvelle, entretenait des relations avec les seigneurs bourguignons et travaillait à se faire des amis de ce côté. Au mois de juin 1432, il avait profité de la présence à la Cour du prince d'Orange, pour signer avec lui un traité particulier[156]. Quelques mois plus tard (février 1433), il maria sa sœur Isabeau, veuve pour la seconde fois, à un bourguignon, le sire de Château, chambellan du duc et grand chambrier de France en 1418. Le mariage s'accomplit à Loches, en présence de Charles VII[157].

Nous n'avons que de rares indices sur les abus de pouvoir de La Trémoille. Un procès engagé, après de longues années, par l'évêque de Luçon, contre sa veuve et son fils, nous révèle ce qu'étaient ses procédés habituels, au moment où il était à la Cour en grande autorité. La Trémoille s'était introduit, au mépris des droits de l'évêque, dans son château de Luçon, en avait pris les clés et y avait installé un nouveau capitaine ; en outre, il avait assiégé et pris un autre château de l'évêque, en s'emparant de tout ce qui s'y trouvait et qu'on estimait à une valeur d'environ 2.700 écus. Elie Martineau[158] et son successeur, Guillaume Gogon[159] furent contraints d'abandonner leur évêché et d'aller se fixer à Angers ; un troisième évêque, Jean Fleury, ne put prendre possession de son siège : comme ses prédécesseurs, il fut privé de la plupart des revenus de l'évêché, dont toutes les places étaient occupées par des gens à la solde de La Trémoille[160].

Le 3 juin 1433, La Trémoille se faisait attribuer une somme de quinze cents livres, en compensation de certaines sommes prises sur ses sujets pour l'évacuation du Poitou par les troupes qui y exerçaient leurs ravages[161]. Le 11 juin suivant, à Amboise, il donnait ordre de payer, sur ses assignations, une somme de cinq cents livres due à Lubin, premier queux du Roi[162]. Charles VII était encore le 24 juin à Amboise. Il vint ensuite s'installer au château de Chinon : c'est là que devait s'accomplir le coup, préparé de longue main, qui allait aboutir au renversement du ministre.

De Parthenay, où il résidait, le connétable de Richemont suivait d'un œil attentif les événements. Le 27 septembre 1432[163] mourut à Vannes Jeanne de France, duchesse de Bretagne, Sœur de Charles VII. Les obsèques, célébrées avec pompe, amenèrent une grande affluence de princes et de seigneurs. Le connétable s'y rendit. C'est sans doute dans cette réunion qu'une résolution fut prise. Richemont avait autour de lui des amis dévoués qui n'attendaient qu'un signal pour agir. C'étaient Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, cousin de la victime de La Trémoille ; Jean, sire de Bueil, propre neveu du ministre, mais dont la sœur avait épousé Pierre d'Amboise ; Prégent de Coëtivy, alors éloigné de la Cour où il avait figuré dès le temps de la régence, et devenu lieutenant du connétable ; enfin un jeune seigneur angevin dont le nom apparait pour la première fois, et qui devait être appelé à un grand rôle politique, Pierre de Brezé, seigneur de la Varenne[164]. La prise de Montargis, ville du domaine de la duchesse de Guyenne, survenue sur ces entrefaites, par la faute de La Trémoille, excita une vive indignation[165]. A l'intérêt général du royaume, se joignaient d'ailleurs les rancunes et les haines personnelles. Le traité du 25 mars 1432, destiné à régler les points en litige et à mettre fin aux conflits provoqués par la confiscation des biens de Louis d'Amboise, n'avait satisfait aucune des parties, et ce n'était pas sans un vif mécontentement que le connétable et ses partisans avaient vu La Trémoille s'emparer successivement, d'une façon subreptice, de toutes les possessions du vicomte de Thouars.

Toutes les mesures furent prises à Parthenay. On s'assura du concours d'Olivier Fretard, qui commandait à Chinon en qualité de lieutenant ; on obtint aussi l'assentiment du capitaine, lequel n'était autre que le sire de Gaucourt, qui, malgré ses fonctions de gouverneur du Dauphiné, était sans cesse à la Cour, où il conservait un grand crédit. Dès que le Roi fut arrivé à Chinon, on se hâta, sans perdre une minute, de mettre le complot à exécution[166]. Bueil, Chaumont, Coëtivy et Brezé se présentèrent, à la tête de quarante ou cinquante hommes d'armes, à une des poternes de la tour du Coudray. Elle leur fut ouverte par Olivier Fretard. Les conjurés pénétrèrent ainsi facilement jusqu'à la chambre du grand chambellan. La Trémoille allait subir la peine du talion : on lui réservait le sort qu'il avait infligé jadis au sire de Giac. Il fut saisi dans son lit, et comme il opposa quelque résistance, il reçut un coup d'épée à la tête. Berry raconte qu'un des assistants — sans doute Jean de Rosnivinen, écuyer du connétable —, lui enfonça sa dague dans le ventre : l'énorme embonpoint de La Trémoille empêcha seul que le coup ne fût mortel.

Au bruit de l'arrestation, le Roi s'émut, craignant qu'on n'en voulût à sa personne. Mais la Reine le rassura. Bientôt Bueil, Coëtivy et Brezé se présentèrent à lui, en toute humilité, lui disant de n'avoir garde, et déclarant que ce qu'ils avaient fait n'était que pour son bien et pour le bien du royaume. Le Roi demanda si le connétable était là et sur la réponse négative qui lui fut faite, il se déclara satisfait[167].

Ce n'était point seulement le connétable qui avait armé la main des conjurés ; c'était encore la reine de Sicile, mise à l'écart par La Trémoille, et qui allait prendre sa revanche. Les chroniqueurs sont unanimes à reconnaître la part qu'elle eut à l'événement, auquel la Reine — tout porte à le croire — ne fût point elle-même étrangère. Si Richemont voyait enfin disparaître un ennemi personnel dont il avait juré la ruine, la reine Yolande reprenait possession du pouvoir ; et pour qu'il ne lui fût plus disputé, c'est à son troisième fils, que nous avons vu apparaître à la Cour et qui était bien vu du Roi[168], qu'elle donna l'héritage de La Trémoille. Le chroniqueur officiel Jean Chartier le constate en ces termes : Lequel (Charles d'Anjou) se mist continuellement à demourer avec le Roy en tel gouvernement ou plus grant que n'avoit esté ledit sire de la Tremoille[169]. Mais, grâce à Dieu, le règne des intrigants et des traîtres était fini ; Charles VII s'appartenait enfin, et la France allait bientôt respirer.

On se tromperait toutefois si l'on croyait que la transformation fut, chez le Roi, soudaine et complète. Il semble que l'influence de La Trémoille sur Charles VII ait eu le même résultat que plus tard celle de Fleury sur Louis XV, et qu'elle lui eût désappris à agir. Il se passa plusieurs années pendant lesquelles on pouvait encore, à juste titre, faire retentir aux oreilles du Roi cette parole de l'Écriture qu'un de ses conseillers devait prendre pour texte d'un de ses véhéments discours : Quare obdormis, Domine ? Pourtant l'évêque Jouvenel constate que, dès le mois de juillet 1433, Charles VII annonçait de meilleures dispositions, et commençait à agir par lui-même[170] : En verité, disait-il dans son Épître aux États de Blois, nous pouvons dire du Roi ce que dit David : Rectus Dominus noster et non est iniquitas in eo : Nostre Roy est juste et en luy n'a aucune iniquité. Et veu la congnoissance que il prent de present, et le gouvernement à l'aide de vous, ne doubtez que Dieu luy aidera[171]. Désormais, il est entouré de serviteurs intègres et dévoués : la maison d'Anjou reprend son influence tutélaire, et la bonne mère que nous avons vue protéger l'enfant, va contribuer à ramener l'homme fait à l'exercice de ses devoirs de Roi[172]. A côté de la reine Yolande, Marie d'Anjou tiendra une place plus grande dans les affaires politiques, et son frère Charles va devenir, malgré sa jeunesse, le chef du pouvoir. En même temps entrent dans le Conseil les hommes qui ont été les instruments du complot contre La Trémoille : Bueil, Chaumont, Coëtivy, Brezé, dont plusieurs vont avoir grand gouvernement et autorité près du Roi[173]. Enfin, le maréchal de la Fayette, écarté par La Trémoille, reprend l'exercice de sa charge[174].

Le bruit de l'événement n'avait pas tardé à se répandre dans le royaume. Vers le 15 juillet, une ambassade bourguignonne, débarquée à Calais, apprit ce qui venait de se passer à la Cour. On lit dans le rapport présenté par les ambassadeurs à leur maitre : Item, et nous arrivés à Calais, à nostre retour d'Angleterre, trotivasmes Jeltan de Saveuse, qui tout droit venoit d'Orleahs, et nous dist qu'il avoit esté devers le Daulphin... et que presentement le Daulphin avoit fait une grant assemblée des estats de ses pays ; et y estoient devers lui le duc d'Alenchon, le conte de Fois[175], le conte de Clermont ; et encores disoit-on que le conte de Richemont y devoit venir, et n'y estoit point le seigneur de la Tremoille, car il l'avoit laissié à Sully, environ a huit jours, et disoit qu'il esperoit que le dit seigneur de la Tremoille n'auroit plus tel auctorité autour du Daulphin qu'il souloit[176].

Conduit d'abord au château de Montrésor par Jean de Bueil, La Trémoille avait pu, en effet, se retirer librement dans son château de Sully, moyennant le paiement d'une rançon de six mille écus à son neveu de Bueil et la mise en liberté de Louis d'Amboise[177]. Le Roi le laissa vivre en paix ; il eut même la magnanimité de faire droit, — par lettres du 8 septembre suivant, rendues après mure délibération des seigneurs de son sang et des membres du grand Conseil, — à une requête présentée par La Trémoille pour obtenir main levée de certaines finances et obligations qu'il disait lui appartenir, et qui lui furent délivrées[178].

Le Roi quitta Chinon vers le 14 août et se rendit à Blois, d'où nous le voyons écrire, à la date du 16, aux habitants de Lyon pour calmer leurs craintes au sujet d'une entreprise du duc de Bourgogne contre leur ville. Et quant le cas avendroit, qui n'est vraysemblable, disait-il, vous povez estre seurs que, delaissez tous aultres affaires, nous y pourterions, et, se mestier estoit, yrions avant en nostre propre personne, que vous laississions en tel dangier. Dans cette lettre, le Roi annonçait qu'il viendrait à Lyon, après la Toussaint, présider une réunion des États du Languedoc[179]. Nous avons la trace de lettres écrites au comte de Foix et aux bonnes villes du Languedoc, par lesquelles le Roi les convoquait à Lyon, où il devait se trouver le 20 novembre, pour ouir certaines choses qu'il entendait illec leur dire et proposer en sa personne, touchant grandement son bien et celui de son royaume[180]. Charles VII se rendit ensuite à Tours, où fut tenue, au mois de septembre, la réunion d'États généraux qui devait avoir lieu à Chinon en juillet. Le Roi y fit déclarer solennellement, par son chancelier, qu'il advouoit les sires de Bueil, de Coëtivy et de la Varenne de la prinse du sire de la Trémoille, et les recevoit en sa bonne grace[181].

Le Roi séjourna à Tours jusqu'au 19 octobre. Il ne fit que passer par Amboise, et alla, à la fin de novembre, se fixer en Berry, sans mettre à exécution le projet dont il avait entretenu les habitants de Lyon[182]. La réunion des États de Languedoc, prorogée au 20 décembre, puis au 6 janvier, ne devait être tenue qu'au mois d'avril suivant, à Vienne.

Nous avons signalé la part que la reine Marie d'Anjou semble avoir prise à la chute de La Trémoille. Après cet événement, elle sort de l'ombre où elle avait été laissée jusque là Non que le Roi né lui eût toujours témoigné les égards et l'affection dont elle était si digne ; Charles VII ne cessait de se préoccuper de la triste situation de sa femme, depuis longtemps réduite à une véritable pénurie[183], et plusieurs actes attestent cette préoccupation[184]. Mais, tant que La Trémoille avait été au pouvoir, elle avait été tenue systématiquement à l'écart. Elle ne tarda pas à recevoir des marques de la confiance du Roi. Par lettres du 1er septembre 1433, rendues après grande et mure délibération du Conseil, le Roi donna entièrement à la Reine la charge et gouvernemént de la personne, estat et despense du Dauphin[185] ; et le même jour, Jean Bernard, l'un des conseillers et maîtres des requêtes de son hôtel, fut nommé trésorier général de toutes les finances de la Reine et du Dauphin[186]. Quand Charles VII, l'année suivante, se rendit en Dauphiné, il délégua ses pouvoirs à la Reine, retenue à Chinon par une grossesse, et qui remplit en son absence les fonctions de lieutenant du Roi[187].

Le jeune Louis venait d'avoir dix ans. Dans son Épître aux États de Blois, l'évêque Jouvenel disait : Nous devons tous bénir et remercier Dieu qui a donné au Roy telz fils comme monseigneur le Daulphin, sage et bien morigené[188]. Guy et André de Laval, dans la lettre de 1429 que nous avons citée plus haut, vantaient la grâce et la beauté du noble et gentil seigneur, alors âgé de six ans[189]. En cette même année, le Roi avait donné à son fils, pour maître d'école, Jean Majoris, qui fut ensuite son confesseur[190], et Guillaume d'Avaugour, l'ancien conseiller disgracié, remplissait près de lui en 1434 les fonctions de gouverneur[191].

C'est avec un mélange d'affectueux respect et de patriotique fierté qu'on contemplait cette belle lignée, comme parle un contemporain, qui assurait l'avenir et promettait à la couronne de nombreux rejetons : Considerez celle noble maison de France, s'écriait l'évêque Jouvenel dans l'Épître déjà citée, le Roy, la Royne, monseigneur le Dauphin, Jacques Monseigneur, les belles filles !... Quelle compaignie est-ce, de Dieu gardée, de Dieu aymée, de Dieu prisée et honorée, comme vous pouvez veoir apparemment ![192] On pouvait bien dire de la Reine que, vouée ainsi qu'elle l'était aux pieux exercices de la vie chrétienne, elle appartenait en même temps tout entière au Roi, au royaume et à la patrie[193].

La belle lignée qui excitait l'admiration de l'évêque de Beauvais, se composait, outre le Dauphin Louis, de Jacques, né en 1432, qui ne devait pas fournir une longue carrière (il mourut le 2 mars 1437) ; de madame Radegonde, accordée le 22 février 1430 au duc Sigismond d'Autriche, et de madame Catherine, qui devait être fiancée en 1439 au comte de Charolais. A ces quatre enfants allait s'en ajouter un cinquième : la Reine accoucha le 23 septembre 1434 d'une fille, Yolande, qui fut promise le 16 avril 1436 au prince de Piémont.

Après avoir passé l'hiver à Bourges, le Roi partit, au commencement de mars, pour Vienne, où devait se tenir la réunion d'États ajournée depuis l'automne, et où l'appelait un vœu fait par lui à saint Antoine de Viennois[194]. Après avoir été en pèlerinage à Notre-Dame du Puy[195], il arriva à Vienne le 1er avril, en compagnie du comte de Clermont, devenu récemment duc de Bourbon par la mort de son père, de Charles d'Anjou, du bâtard d'Orléans, du sire de Gaucourt, du maréchal de la Fayette, de l'amiral de Culant, de l'archevêque de Vienne, de l'évêque de Maguelonne, de Christophe d'Harcourt, d'Hugues de Noé, de Prégent de Coëtivy, etc. On eut alors un spectacle nouveau : la royauté parut entourée d'une grande pompe, et Charles VII tint une sorte de cour plénière. On vit arriver le connétable de Richemont, qui, après avoir reparu, au siège de Sillé-le-Guillaume, dans les armées royales, vint, en compagnie de Charles d'Anjou, qu'il avait armé chevalier durant le siège, faire sa cour au Roi. Celui-ci, oubliant ses répugnances passées, fit très bon accueil au connétable. Il lui donna un commandement, et s'empressa, sur sa demande, d'écrire aux habitants de Lyon pour le règlement d'une ancienne créance dont Richemont n'entendait point laisser périmer le remboursement[196].

Le Roi reçut à Vienne le cardinal de Chypre et le cardinal d'Arles, députés vers lui par le concile de Bâle ; il eut aussi la visite de la jeune reine dé Sicile, Marguerite de Savoie, nouvellement mariée par procuration, et qui allait joindre son époux à Naples, avec une suite nombreuse et brillante. Charles VII lui fit grande chère, dansa longuement avec elle, et fit servir du vin et des épices : le duc de Bourbon présenta le vin au Roi, et le connétable lui offrit les épices. Depuis longtemps on n'avait vu à la Cour un tel cortège de seigneurs et de princes du sang. La reine de Sicile repartit après avoir ainsi été festoyée, emportant un diamant reçu en présent du Roi[197].

En même temps que le connétable, on vit reparaître un vieux serviteur du Roi, qui s'arracha un instant à sa retraite de Beaucaire pour venir saluer son maître nous voulons parler du maréchal des guerres du Dauphin, du grand maître d'hôtel du Roi pendant ses premières années de règne, Tanguy du Chastel. Son nom figure au bas d'une ordonnance rendue à Vienne le 4 juin, relativement à un litige pendant depuis de longues années entre la couronne et Charles de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier. Tanguy accompagna le Roi à Saint-Symphorien d'Ozon et à Lyon.

De graves affaires furent agitées à Vienne : la reprise des, hostilités avec le duc de Bourgogne, la continuation de la lutte contre les Anglais, les affaires ecclésiastiques qui prenaient une tournure menaçante pour la paix de l'Église, les affaires extérieures et en particulier les relations avec l'empereur Sigismond et avec le marquis de Ferrare. Pendant son séjour, le Roi fit célébrer un service solennel pour la duchesse de Bourbon, Marie de Berry, qui venait de mourir[198].

Charles VII se rendit ensuite à Lyon, où il était impatiemment attendu, et où il arriva vers le 25 juin. Il y fit une entrée solennelle, et, comme toujours, sa première visite fut pour la cathédrale, où il revêtit la chape et l'aumusse de chanoine, qu'il porta jusqu'au maître-autel[199].

Dès le 9 juillet, le Roi était revenu en Touraine. Il ne fit que passer par Amboise, et se rendit à Tours près de la Reine. Il avait convoqué dans cette ville, pour le 12 août, les États de Languedoil. La réunion fut présidée par lui. Diverses mesures significatives furent prises. Sur la prière de la reine de Sicile et de Charles d'Anjou, Louis d'Amboise fut restitué entièrement et à plain à ses bonne fame et renommée ; avec la liberté, il recouvra la possession de ses biens[200]. Le maréchal de Raiz, léger à decevoir, s'était fait jouer par La Trémoille, qui continuait ses intrigues et avait entravé les opérations militaires dirigées par le maréchal. Charles VII fit comparaître celui-ci, et, après lui avoir témoigné son mécontentement, le menaça de le priver de sa charge[201]. Le Roi continuait à entretenir avec ses bonnes villes une active correspondance. Nous avons une lettre du 17 septembre, adressée par lui aux habitants de Lyon, pour leur ordonner d'obéir au duc de Bourbon, nommé lieutenant général dans l'est[202]. Il correspondait aussi. avec ses grands vassaux : les comtes de Foix, de Comminges, d'Armagnac et d'Astarac, et les principaux seigneurs du Languedoc reçurent au mois d'octobre l'ordre de se mettre promptement en armes pour aller joindre le duc de Bourbon[203].

De Tours, après les couches de sa femme, Charles VII se rendit à Poitiers. Les événements se pressaient. Le connétable et les autres lieutenants du Roi, poursuivaient avec vigueur les opérations coutre le duc de Bourgogne et les Anglais ; le découragement se faisait sentir de plus en plus dans les rangs ennemis ; bientôt des conférences allaient s'ouvrir pour traiter de la paix. Charles VII jugea qu'il était opportun de tenir une réunion plénière d'États généraux : à la date du 24 octobre, toutes les provinces de son obéissance furent invités à se faire représenter le 4 décembre, à Montferrand, pour aucunes choses qui très grandement, disait le Roi, touchent et regardent l'honneur, bien et conservation de tout notre État et seigneurie et le relèvement de nos royaume et loyaux sujets[204]. Mais cette assemblée ne put avoir lieu : le Roi fut retenu en Poitou ; il se borna à réunir les États de Languedoil à Poitiers, au mois de janvier. Et comme plusieurs provinces du centre n'y avaient point été représentées, le Roi, par une circulaire du 17 mars, donnée à Chinon, convoqua une nouvelle assemblée à Issoudun pour le 8 avril.

Cependant les pourparlers avec le duc de Bourgogne avaient abouti à la signature de préliminaires de paix. Le connétable de Richemont, qui avait présidé à ces négociations, vint à Chinon en rendre compte au Roi. Charles VII, fidèle observateur de la maxime si vis pacem para bellum, venait de nommer Richemont son lieutenant général dans les contrées entre l'Yonne et la Seine. Il reçut le connétable avec une grande bienveillance. On décida qu'une solennelle assemblée se tiendrait à Tours, où le Roi devait se rendre pour les fêtes de Pâques. Après un court voyage à Parthenay, le connétable y rejoignit le Roi : c'est là qu'il rendit hommage pour les seigneuries provenant de la succession du seigneur de Parthenay et dont la possession venait de lui être confirmée[205]. Dans une réunion de princes et de députés des États, on décida : 1° que le Roi enverrait des ambassadeurs aux conférences qui allaient s'ouvrir à Arras pour la conclusion de la paix ; 2° que le bâtard d'Orléans entamerait dans l'Ile-de-France une campagne qui servirait de prélude à une attaque contre Paris. Le héraut Berry raconte en ces termes l'initiative prise à cet égard par le futur comte de Dunois : Si vint mon. dit seigneur le bastard en la ville de Tours, où lors estoit le Roy, pour sçavoir de luy s'il vouloit bien que la ville de Saint-Denys fast prise, et lui conta la manière comment il pouvoit avoir ladicte place. Le Roi eut la manière de la prendre très agreable, et concind, ensuite d'une deliberation de son conseil, que mon dit seigneur le bastard executast la chose[206].

Le Roi eut bientôt la joie d'apprendre le double succès obtenu par ses capitaines : la défaite du comte d'Arundel, lieutenant du roi d'Angleterre en Normandie, battu à Gerberoy par La Hire et Saintrailles (vers le 1er mai) ; la prise de Saint-Denis par le bâtard d'Orléans (1er juin).

En quittant Tours, Charles VII séjourna quelques semaines à Amboise et à Loches, s'occupant des affaires publiques, avec le concours de ses plus anciens et plus fidèles conseillers[207]. Le sire de Gaucourt, élevé récemment à la dignité de premier chambellan, avait alors toute sa confiance[208]. En se rendant en Berry, le Roi fut rejoint à Saint-Aignan par le bâtard d'Orléans, qui lui rendit compte de son entreprise sur Saint-Denis ; il fut décidé que le bâtard s'établirait à Saint-Denis, avec un corps de troupes, pour être prêt à tout événement[209]. Le 1er septembre, le Roi était à Bourges, attendant l'issue des négociations entamées à Arras, et dont l'heureux résultat allait amener un changement complet dans la situation politique du royaume.

 

 

 



[1] Ce sont les termes employés dans une lettre qu'ils écrivirent le 16 juillet aux habitants de Reims, pour les engager à faire obéissance au Roi ; ils sont rapportés par Jean Rogier, dans son Recueil des chartres, lettres et arrêts notables de Reims, dont M. Quicherat a donné des extraits : Procès, t. IV, p. 298.

[2] Vigilles de Charles VII, t. I, p. 61. Ailleurs (p. 59), il fait cette remarque :

Princes qui ont de la misère

Si sont plus enclins la moitié

De soulleiger le populaire

Et en ont plus grande pitié.

[3] Épître aux États de Blois, dans les Annotations aux œuvres d'Alain Chartier, publiées par André du Chesne, p. 833.

[4] Voir la lettre de Guy et André de Laval, en date du 8 juin 1429, reproduite en partie plus haut.

[5] Recueil des chartres, etc., de Jean Rogier. Procès de Jeanne d'Arc, t. IV, p. 496.

[6] Lettre du 11 juillet 1429. Procès, t. V, p. 295.

[7] Dans sa lettre aux habitants de Reims (4 juillet 1429), le Roi écrit : Lesquelles choses ainsi advenues reputons plus grâce divine que œuvre humaine. Cabinet historique, t. I, p. 68. Cf. Procès de Jeanne d'Arc, t. IV, p. 291.

[8] Chronique attribuée à Perceval de Cagny.

[9] La Chronique de Pierre Cochon constate que le Roi avait ordonné aux troupes de respecter les gens du pays, mais, ajoute-t-elle, c'estoient les variés au diable, ils faisoient plus que commandement. Le Roi ayant appris que les Lombards et les autres gens de guerre étrangers établis à Blangy ravageaient la contrée, leur fit mandement qu'ils s'en allassent, et ainsi lessièrent la place, qui fu ung grand bien. Édition Beaurepaire, p. 363.

[10] Il serait curieux, en étudiant la conduite des familiers du Roi et de ceux qui avaient charge de cour, de faire voir quelle indiscipline régnait parmi les capitaines placés à la tête des compagnies ou préposés à la garde des forteresses. Le Roi prenait la peine de leur écrire, comme nous l'avons vu en 1426 pour Jean de Langeac, sénéchal d'Auvergne, conseiller et chambellan du Roi ; comme il le fit encore, sur la demande des habitants de Reims, à l'égard d'un de ses écuyers d'écurie, Von du Puy, capitaine de Maisy (lettres du 27 avril 1432, archives de Reims). Mais on se moquait presque toujours des ordres royaux. Il fallut du temps et une infatigable persévérance pour que l'autorité royale arrivât à se faire respecter.

[11] Histoire des ducs de Bourgogne, t. VIII. p. 102. Cette observation de M. de Barante est vraie, en l'appliquant à l'époque qui nous occupe ; elle cesse de l'être à la date où il la place (en 1456).

[12] On pourrait citer de nombreuses preuves de cette disposition. En voici quelques-unes, prises un peu au hasard dans notre Catalogue des actes de Charles VII. — 1424, 22 décembre. Octroi à Regnault de Caries, écuyer, pannetier du Roi, pour lui aider à ravoir son filz detenu prisonnier par les Anglois, de la journée de Vernueil. Pièces originales, 1281 : GARCES. — 1425, 4 décembre. Don de 1501. t. à Blanche de Villiers, dame de Bourdigny, qui, à cause de sa loyauté, a perdu tous ses biens et en considération de ses necessitez et indigences. Pièces originales : VILLIERS. — 1425, 29 décembre. Don de 200 1. t. à Gobault Danié en dédommagement des grandes pertes subies par lui, spécialement au siège de Guise, où il fut fait prisonnier par les Anglais, qui l'ont tenu durant huit mois, en fers, aux seps et en la fosse. Pièces originales, 970 : DANIÉ. — 1426, 25 janvier. Don de 2001. t. à Raymond Cornajols, secrétaire du Roi, demeurant à Béziers, en considération des pertes souffertes pendant que la ville était hors de l'obéissance et pour l'aider à marier une sienne fille. Pièces originales, 857 : CORNAJOLS. — 1426, 11 février. Don de 100 l. t. à Jean de Valleran, écuyer, qui pour garder sa loyauté, a abandonné tous ses biens et héritages. Pièces originales : VALLERAN. — 1426, 13 février. Don de 100 l. t. à Adam de Chizoy pour semblable cause. Pièces originales, 749 : CHIZOY. — 1426, 15 novembre. Maintien de Eylies du Chaslar dans la possession de son office de garde du sceau à Saint-Jean d'Angely, malgré la révocation faite aux États de Poitiers des aliénations du domaine, en considération de ce qu'il a eu une jambe cassée à La Rochelle, quand le plancher s'écroula dans la salle où il se trouvait avec le Roi, et de ce qu'il est resté moult debilité de sa personne. Chartes royales, XIV, n° 46. — 1428, 30 août. Octroi à Guillaume de Valennenges, écuyer, ruiné par les Anglais et fait prisonnier à Laval, pour l'aider au paiement de sa rançon. Chartes royales, XIV, n° 57. — 1430 (avant septembre). Don de 200 l. t à Michelet du Préau pour l'aider à payer sa rançon aux Anglais. Ms. fr., 7879, f. 2. — 1431, 21 avril. Don de 30 l. t. à Adenet du Hemel, garde-huche de l'échansonnerie, et à Huchon de Berthechières, gardien de retrait dudit office (15 livres à chacun), pour leur aider à vivre et à nourrir leurs femmes et enfants dont ils ont grande charge. Pièces originales, 1469 : HAMEL (n° 33324). — 1432, 1er août. Don de 25 moulons d'or à Robert Le Charpentier, valet servant du Roi, victime d'une détrousse. Pièces originales, 686 : CHARPENTIER (n° 16017). — 1432, 26 septembre. Don de 100 moutons d'or à la veuve d'Adam de Champgiraut, écuyer tranchant du Roi, pour l'aider à soutenir son état et à nourrir ses enfants. Pièces originales, 663 : CHAMPGIRAUT. — 1434, 26 avril. Don de 300 royaux d'or à Barthélemy Bourracier, trésorier ou receveur ordinaire en la sénéchaussée de Toulouse, pour l'aider à marier une sienne fille. Pièces originales, 473 : BOURRACIER. — 1434, 1er septembre. Don de 200 l. t. à Jean Havart, en récompense de ses services et pour luy aider à avoir la vie de lui, sa femme et mesnage, deboutez de leurs nativitez et estans en nostre obeissance pour acquitter envers nous leur loyaulté. Pièces originales, 1494 : HAVART. — 1435, 14 avril. Don de 300 royaux d'or à Jean Prieur, dit Maubruny, sommeiller de l'échansonnerie, en dédommagement de certaine détrousse, montant à plus grande somme, qu'il avait subie en venant devers le Roi pour le servir en son office. Chartes royales, XIV, n. 89.

[13] Charles VII et ses conseillers, par M. Vattel, p. 14-15, et actes de 1429-30.

[14] Gaucourt fut nommé capitaine de Chinon le 27 octobre 1429 ; il était gouverneur du Dauphiné dès le 1er novembre 1428.

[15] Barbazan, prisonnier depuis Melun (17 novembre 1420), était enfermé à Château-Gaillard, où les Anglais l'avaient mis dans une cage de fer (Hollingshead, t. II, p. 1244, éd. in-fol.) ; il fut délivré lors de la prise de cette ville par La Hire, le 24 février 1430. Il se rendit aussitôt à Sully où était le Roi, qui, dit Berry (p. 382), luy fit grande chère et fut bien joyeux de sa délivrance, et luy bailla la charge du gouvernement de Champagne. Barbazan reprit aussitôt sa place dans le Conseil.

[16] Lettres du 7 février 1429 ; quittance originale de 25.333 l. 6 s 8 d. t. Clairambault, 205, p. 8763.

[17] Lettres du 22 septembre 1429, portant paiement de 6.594 écus d'or et de 5.890 l. t., pour lui aider à entretenir ou service d'icellui seigneur ou voyage fait à Reims pour le fait de son sacre et couronnement, et durant lesdiz quatre mois, mil hommes d'armes et mil hommes de trait qu'il avoit en sa compagnie, en quoy lui avoit convenu faire et despendre à plusieurs et diverses fois plusieurs grosses sommes de deniers ; lettres du 1er octobre, portant paiement de 340 écus d'or. Ms. fr. 7858, f. 40.

[18] En considération des grands services rendus dans les guerres, et notamment dans la campagne du sacre, et des grands frais qu'il a eus pour l'entretien des gens d'armes et de trait dont il a la charge. — Vidinius, archives du duc de la Trémoille.

[19] Lettres du 22 juillet 1430, lui attribuant un droit de 10 s. t. sur chaque tonneau de vin passant par les achenaux de Luxon, Champaigne, Saint-Michel-en-Laye et Saint-Benoît. — Vidinius, archives du duc de la Trémoille.

[20] Lettres du 17 janvier 1435. La somme exacte était de 4.760 l. 17 s. 6 d. t.

[21] Item, une lettre du Roy de la pencion de feu Mgr de la Tremoille de mille reaulx par moys. — Item, une lettre du Roy de la pencion dudit seigneur de la Tremoille de escuz par mois. Inventaire des titres de Sully, dressé en 1458. Archives du duc de la Trémoille.

[22] Le sire de la Trimouille, qui avoit seul et pour le tout le gouvernement du corps du Roy, de toutes ses finances et des forteresses de son domaine estans en son obéissance. Chronique attribuée à Perceval de Gagny, année 1433. — Avec lequel estoit le seigneur de la Trimoulle, par qui toutes besongnes se conduisoient quant à l'estat du Roy. Monstrelet, t. V, p. 73.

[23] Nous avons mentionné plus haut le traité du 20 mai 1428 avec le duc d'Alençon, et celui du 22 juillet suivant avec le comte de Clermont. Il faut citer encore un traité du 28 février 1429 portant alliance avec le comte de Foix (voir Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1859-60, p. 43), et un traité du 8 avril 1429 portant alliance avec Gilles, seigneur de Raiz (voir D. Fonteneau, vol. 26, p. 359, et D. Morice, t. II, col. 1339).

[24] C'est ainsi que le maréchal de la Fayette, qui avait eu des démêlés judiciaires avec La Trémoille relativement à la succession de sa femme, la comtesse de Boulogne, fut mis à l'écart après Patay et ne prit point part à la campagne du sacre. Voir Chronique de Cousinot, notice historique, p. 9.

[25] Déposition de Marguerite La Touroulde. Procès de Jeanne d'Arc, t. III, p. 86.

[26] Itinéraire.

[27] Le Roy était à Sully le 23 février (lettres de ce jour). L'assemblée eut lien au commencement de mars. D. Vaissète, t. IV, p. 475. Dans le courant d'avril, le Roi se rendit à Jargeau, où il avait déjà séjourné au commencement de février.

[28] Histoire de la ville de Troyes, par Boutiot, t. II, p. 519.

[29] Archives de Reims.

[30] Archives de Reims.

[31] Communiqué par M. Étienne Charavay, d'après l'original qui a passé dans la vente Wagener, faite à Berlin en 1878. — Cette lettre, évidemment adressée aux habitants de Reims, parait avoir été soustraite aux archives de cette ville.

[32] Archives de Reims.

[33] Lettres données à Sully le 30 mars 1430, contresignées par Mgr Charles d'Anjou, l'évêque de Séez, le sire de la Trémoille, Christophe d'Harcourt et le sire de Trèves. Pièces originales, 207 : BARTON.

[34] Il était né le 14 octobre 1414, au château de Montils-les-Tours.

[35] Voir un document du 26 octobre 1430. Pièces originales, 549 : BUEIL.

[36] D. Vaissète, t. IV, p. 476.

[37] Missions données en date du 20 juin 1430 : Sinade de Giresme, écuyer, est envoyé de Jargeau en Dauphiné, pour porter des lettres closes du Roi au gouverneur Gaucourt, au sire de Grolée et autres en leur compagnie ; — Jolis, chevauchera de l'écurie du Roi, porte des lettres closes aux habitants de Tours, aux habitants d'Angers et au maréchal de Raiz : — Riquelot Hélie, autre chevaucheur, porte des lettres closes au vicomte de Thouars ; — frère Jean Vigier, cordelier, est envoyé à Beauvais. Ms. fr. 26053 (Quittances, 62) n° 1365 à 1369. — Le 29 juin 1430, Fleur-de-Lis le poursuivant est envoyé au-delà de la Seine, pour certaines choses à lui enchargées. Id., ibid., n° 1377.

[38] Archives de Reims.

[39] 21 juillet 1430. Pièces originales, 189 : BARBAZAN.

[40] Indiqué dans deux quittances du 31 octobre 1430. Clairambault, 189, p. 7237, et Pièces originales : RAGUIER.

[41] Gruel, p. 371.

[42] Voir le P. Anselme, t. IV, p. 147 ; Imbert, Histoire de Thouars, p. 151-173 ; Marchegay, dans le Bulletin de la société archéologique de Nantes, t. X, p. 158.

[43] Arrêts du 8 mai 1431, cités ci-dessous.

[44] Voler, c'était chasser au faucon. L'expression est encore usitée par Saint-Simon.

[45] Nous avons trace d'une mission remplie à ce moment par La Trémoille en Bourgogne. Pouvoir de Charles VII du 7 septembre. Inventaire des titres de Sully, dans les archives du duc de la Trémoille.

[46] Arrêt du 8 mai 1431.

[47] Archives de la Loire-Inférieure, E 105.

[48] Gruel, p. 371 ; Histoire de Bretagne, par D. Lobineau, t. I, p. 582 ; Compte d'Anfroy Cugnot, Ms. fr. 11542, f. 6. — C'est sans doute à ces négociations qu'il faut rattacher le voyage fait par Olivier de Feschal vers le duc de Bretagne à la Roche-Bernard, de la part de Robert Le Maçon, disent les comptes cités par D. Morice, t. II, col. 1227.

[49] Elle se composait, outre l'évêque, de Tristan de la Lande, grand-maître d'hôtel du duc, de Pierre de L'Hospital, sénéchal de Rennes, d'un secrétaire, Alain Coaisnon, et du héraut Hermine ; elle arriva dans les premiers jours d'avril 1430 à Jargeau. D. Lobineau, t. 1, p. 582 ; Ms. fr. 11542, f. 7.

[50] C'étaient Pierre La Choue, écuyer, et le roi d'armes Malo. D. Lobineau, t. I, p. 584 ; Ms. fr. 11542, f. 8.

[51] D. Lobineau, t. I, p. 581 ; DD. Morice et Taillandier, t. I, p. 511.

[52] DD. Morice et Taillandier, t. I, p. 584 et 511 ; Ms. fr. 11542, f. 9.

[53] Ambassade du duc de Bretagne au Roi : Guillaume Freslon et Jean Chapelais. D. Lobineau, p. 585.

[54] Lettres données à Chinon le 5 décembre 1430, signées de la main du Roi, et contresignées par le duc d'Alençon, l'évêque de Séez, le sire de la Trémoille, Christophe d'Harcourt, le maitre des arbalétriers (Graville), les seigneurs de Trèves et d'Argenton. Archives de la Loire-Inférieure, E 93 (Inventaire sommaire, t. III, p. 31) ; copies à la Bibliothèque nationale, Ms. fr. 2714, f. 103, et 2715, f. 64.

[55] A Jacques, sire de Pons, pour le payement de luy et de certain nombre de gens d'armes et de trait qu'il avoit tenus en sa compaignie, à la garde du chastel de Loches, des hostages de Bretaigne qui estoient oudit chastel pour la sûreté de la personne de Mgr de la Tremoille, durant le temps qu'il fut en Bretaigne en ambassade pour traiter et pacifier avec Mgr le duc de Bretaigne certaines haultes choses et besongnes touchant le bien du royaume. Extrait du treizième compte de Hémon Raguier. Ms. fr. 20684, p. 547.

[56] Ms. fr. 11542, f. 10.

[57] D. Lobineau, t. I, p. 585 ; DD. Morice et Taillandier, t. I, p. 512 ; acte du 22 février, aux archives de la Loire-Inférieure, E 181.

[58] Gruel, p. 371. — Le témoignage de l'écuyer de Richemont est d'autant plus suspect que les projets qu'il prête à La Trémoille sont démentis par les faits que nous venons d'exposer.

[59] L'itinéraire du Roi permet de préciser la date : Charles VII séjourna à Loches du 17 au 22 novembre 1430.

[60] Originaux aux Archives, J 366, n° 1, 2 et 3. — Il y a à la Bibliothèque nationale des copies dans Du Puy, 480, f. 5, 9 et 13 ; Brienne, 189, f. 39, 43 et 49 ; Ms. fr. 16534 (Harlay, 47), f. 51, 57 et 65 ; Ms. fr. 7593, f. 40 v°, 46 v° et 54, etc.

[61] Il s'agit de la prise de Martin Gouge, évêque de Clermont, opérée en juin 1418, après l'occupation de Paris par les Bourguignons. On lit à la suite de l'articulation de ce fait : Et aussi fut la prinse dudit evesque pour ce qu'il avoit machiné et conspiré le mal de la personne dudit seigneur de la Trémoille envers nostre très chier et feal cousin le connestable. Il s'agit ici évidemment du connétable d'Armagnac.

[62] Archives, JJ 177, pièce 180. — Ces lettres sont contresignées par le chancelier, par Christophe d'Harcourt, le maréchal de Sainte-Sévère, Jean de Vaily et Junien Le Fèvre, ces deux derniers présidents au Parlement.

[63] Pour les grans, notables, prouffitables, agreables services que il nous a faiz soingneusement en noz affaires, à très grant diligence, peine et traveil de sa personne, avecques les eurialitez et plaisirs à nous par lui faiz, et que encore chascun jour fait et esperons que plus face, et en reconnaissance d'iceulx. Lettres du 7 mai 1431.

[64] Lettres de mai 1431, lui attribuant un droit de 15 deniers par pipe de vin et par muid de sel passant, soit par terre, soit par eau, devant son château de Rochefort-sur-Loire (X1a, 8601, f. 111 v°). Lettres du 25 août lui attribuant une somme de 430 royaux d'or pour le payement d'une robe de drap d'or, à lui donnée lors de son ambassadeur en Bretagne. Le même jour, le Roi lui faisait payer 1.000 royaux pour prix d'un coursier de poil bai. Clairambault, 205, p. 8771.

[65] Ordonnances, t. XVI, p. 464. Dun, bien que ne devant jamais être séparé du domaine royal, avait été donné au comte de Wigton, et, après le retour en Écosse de celui-ci, au comte de Richemont, à cause et pour raison du douaire de la duchesse de Guyenne sa femme.

[66] Recueil des privilèges de Montargis, p. 1, 16, 25.

[67] Recueil des privilèges de Montargis, p. 28.

[68] Lettres du 10 octobre. Pièces originales, 2030 : NOYERS.

[69] Lettres du 18 octobre. Clairambault, 178, p. 6257.

[70] Lettres du 4 octobre 1430. Chartes royales, XIV, n° 63.

[71] Lettres du 7 octobre 1430. Pièces originales, 450 : BOULLEGNY.

[72] Quittance de l'argentier Denis du Chesne, en date du 8 novembre. Pièces originales, 738 : CHESNE.

[73] Lettres du 22 octobre. Pièces originales, 69 : ANGUS.

[74] Lettres du 23 octobre, portant don de 4.500 l. t. à diverses personnes. Ms. fr. 20594, n° 25. — Autres lettres en faveur de Christophe d'Harcourt. Clairambault, 167, p. 5175 ; cf. vol. 193, p. 7563 ; Fr. 26888, n° 19 ; Pièces originales, TUR (LE). — Lettres du 28 octobre portant dons à Guillaume Blosset, dit le Borgne, chambellan du Roi, et à Louis Martel. Clairambault, 140, p. 2727, et 71, p. 5511.

[75] Lettres du 11 novembre, visées par le P. Anselme, t. VII, p. 71.

[76] Quittance de Jean d'Aunoy, gouverneur de Bourges, en date du 12 février 1430. Clairambault, 8, p. 437.

[77] Voir un document en date du 18 novembre 1430. Pièces originales, 506 : BREUIL.

[78] Ms. fr. 2701, f. 1 v°.

[79] Voir plus haut, chapitre IV.

[80] Ordonnances, t. XV, p. 365.

[81] Archives, K 63, n° 12 ; Fontanieu, 115-116.

[82] Archives de Reims.

[83] D. Lobineau, t. I, p. 587. Le traité de mariage, en date des 14 (à Redon, pour le duc) et 21 mars (à Fougères, pour la reine Yolande) est aux Archives de la Loire-Inférieure. Il y a une copie dans le Ms. fr. 2710, f. 67. Sur les ambassades échangées à cette occasion, voir Ms. fr. 11542, f. 11-12.

[84] Le duc Jean VI était son beau-frère par son mariage avec Jeanne de France. La jeune comtesse de Montfort était sœur de la reine Marie d'Anjou. — Yolande avait été promise d'abord à Jean d'Alençon, puis au duc de Brabant (Philippe de Bourgogne), mort le 17 août 1430.

[85] Gruel, p. 371.

[86] Ordonnances, t. XIV, p. 7-8, en note.

[87] Archives de Reims.

[88] 600 l., par lettres du 25 avril 1431.

[89] 1.200 l. pour l'aider à soutenir son état et celui de son neveu le comte de Tancarville, 24 avril.

[90] 600 l. par lettres du 6 avril.

[91] 600 l. par lettres du 28 avril.

[92] 300 l. à deux reprises : lettres des 13 et 23 avril.

[93] 300 l. par lettres du 21 avril.

[94] 300 royaux par lettres du 19 avril.

[95] 200 royaux par lettres du 29 avril.

[96] 300 royaux pour acheter un bon cheval : lettres du 29 avril.

[97] Lettres du 21 avril.

[98] Lettres du 25 avril.

[99] Archives de Reims. Voir aux Pièces justificatives.

[100] Le seigneur de Barbazan, que l'on nomme le chevalier sans reproche. — Le bon chevalier qu'on dit sans reproche, le seigneur de Barbazan. Olivier de la Marche, éd. Buchon, p. 318 et 365. — On a dit que Barbazan reçut par lettres patentes le titre de restaurateur du royaume et de la couronne de France, avec le droit de porter &lits ses armes trois fleurs de lis sans brisure. Le P. Ménestrier donna le texte de ces lettres dans son livre intitulé : Origine des ornemens exterieurs des armoiries (Paris ; 1680, p. 311-14) ; on en aurait représenté l'original le 18 septembre 1666, à Montauban, devant les commissaires pour la recherche de la noblesse. Mais ce document, daté de Paris le 10 mai 1434, est d'une fausseté manifeste.

[101] Archives de Reims.

[102] On voit par des lettres de Charles VII des 21, 24 et 28 août 1431 que Charles de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, le comte d'Astarac et le sire de Gaucourt allaient amener de nouvelles troupes au Roi.

[103] Archives de Reims.

[104] D. Lobineau, t. I, p. 588.

[105] Gruel, p. 371 ; D. Lobineau, l. c.

[106] Voir plus haut, chapitre premier.

[107] D. Lobineau, t. I, p. 588. — Le traité définitif signé par le duc de Bretagne et la reine Yolande porte les dates des 13-20 août 1431. D. Morice, t. II, col. 1231-43.

[108] Ms. fr. 11542, f. 12. Dès le 17 juin, Charles VII donnait un sauf conduit au chancelier de Bretagne et à deux autres écuyers du duc. D. Lobineau, t. I, p. 587.

[109] Lettres du 25 août 1431 ; cf. ms. fr. 11512, f. 12.

[110] Ms. fr. 11542, f. 13 ; cf. f. 15.

[111] La date est fixée par l'acte du 28 mars 1432. Notice des Archives de M. le marquis du Hallay-Coetquen, p. 51-52.

[112] Ms. fr. 11542, f. 15. Voir chapitre I.

[113] D. Lobineau, t. I, p. 591 ; D. Morice, t. II, col. 1248 ; Chartier, t. I, p. 157-160.

[114] Yolande avait reçu trois messages successifs du duc de Bretagne, pour certaines chouses secretes. Ms. fr. 11542, f. 17. Une autre ambassade est mentionnée dans le même manuscrit, f. 18.

[115] Archives, J 245, n° 102.

[116] Par lettres du 7 janvier 1432.

[117] Archives, J 244a, n° 100.

[118] Archives, J 245, n° 101 ; Cf. D. Lobineau, t. I, p. 593. — L'évêque de Saint-Malo fut envoyé en ambassade au Roi. Ms. fr. 11542, f. 18.

[119] Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 535.

[120] Dans les archives de Reims, on ne conserve pas moins de soixante lettres closes adressées par le Roi aux habitants. Cf. Histoire de Châlons-sur-Marne, par M. Édouard de Barthélemy, et Histoire de la ville de Troyes, par M. Boutiot, t. II, passim.

[121] Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II. p. 538.

[122] Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 539-40.

[123] Archives de Lyon, AA 22, f. 66. Il y a trace de paiements semblables faits par la ville de Tours. Voir Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1859-60, p. 45.

[124] Archives de Tours. Voir Registres des Comptes, XXV, f. 43.

[125] Lettres datées d'Amboise le 22 mai. Archives de Lyon, AA 22, f. 68. — On a la trace d'une lettre du 23, adressée aux habitants de Tours. Archives de Tours, Registres des Comptes, XXV, f. 14 v° et 39.

[126] Archives, J 251, n° 32 à 35. Voir Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 160.

[127] Archives de Tours. Voir Registres des Comptes, XXV, f. 43.

[128] Archives de Reims. Il y a aux mêmes archives une autre lettre, en date du 10 décembre, adressée aux habitants de Reims pour le même objet, et leur annonçant une nouvelle mission de Guillaume de Caours.

[129] Epitre sur la réformation du royaume. Ms. fr. 2701, fol. 86.

[130] Charles VII séjourna à Chinon de la fin de novembre 1430 au commencement de mars 1431, en août-septembre et décembre 1431, de janvier à mars 1432 ; il était à Amboise en juin (du 7 au 17) et juillet-août (11 juillet-12 août), en septembre-octobre 1431 (24 septembre-17 octobre) ; d'avril à octobre 1432 (sauf quelques absences). La façon dont Jouvenel rapporte le fait, après avoir parlé de la fuite de Paris, de l'événement de Montereau et de l'accident de La Rochelle, semble le rattacher à la jeunesse du Roi.

[131] Original signé, aux Archives des Hautes-Pyrénées, E 439, n° 2956. Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1859-60, p. 41.

[132] Le roi de Hongrie n'était pas si ambitieux ; il se contentait de la pension de mille francs par mois qu'il touchait sur le trésor. Ms. fr. 7879, f. 2 v°.

[133] Il est ainsi qualifié en 1425. Dès le 22 septembre 1425, une alliance était conclue entre le comte de Foix et La Hire. Bulletin cité, p. 39.

[134] Alliances avec La Trémoille (28 février 1428), avec Saintrailles (Jargeau, 14 septembre 1428), avec Hue, vicomte de Carmaing (22 septembre 1427), avec Maurigon, sire d'Estissac (La Chastre, 12 septembre 1425), avec Jean de Bonnay, avec le comte de Beaufort, avec Jean Stuart, avec le comte de Richemont, etc., etc. Inventaire sommaire des archives des Basses-Pyrénées, dressé par M. P. Raymond, t. IV, p. 122 (E 432) et 123 (E 434-435) ; Bulletin de la Société de l'histoire de France, l. c., p. 43 ; collection de Périgord, vol. 10, f. 142.

[135] Lettres de mai 1423. Doat, 214, f. 1.

[136] Par lettres du 30 juillet 1426.

[137] Gaucourt fut nommé, on l'a vu, par lettres du 1er novembre 1428. — Voir, sur le rôle du comte de Comminges en Dauphiné, Vallet, Histoire de Charles VII, t. II, p. 258.

[138] Depuis l'accord intervenu à la date du 16 février 1425. D. Vaissète, t. IV, preuves, col. 429.

[139] Voir ci-dessus, chapitre II.

[140] Cousinot, Geste des nobles, p. 191.

[141] Par lettres du 17 août 1423. Des lettres du 22 mars 1423 lui avaient attribué une pension de 1.200 l. comme membre du grand Conseil.

[142] A partir de janvier 1427, il demeura seul investi des fonctions de général sur le fait des finances en Languedoc. Voir ci-dessus, chapitre III.

[143] Voir les lettres publiées par D. Vaissète, Histoire générale de Languedoc, t. IV, preuves, col. 461, et la curieuse notice de M. Vallet, dans le Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1859-60, p. 57-60. On s'explique difficilement l'indulgence de Jean Jouvenel à son égard : Messire Guillaume de Champeaux, mon prédécesseur evesque de Laon, qui, de tout son temps, avoit tenu le parti du Roy, bien et loyaument, et s'estoit si bien gouverné que, tant les gens d'église que les nobles et marchas et tous les trois estas du pais, estoient contens de luy... Discours sur la charge de chancelier, Ms. fr. f701, f. 46 v°.

[144] C'est à tort, croyons-nous, que M. Vallet de Viriville (Histoire de Charles VII, t. II, p. 98, et Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1859-60, p. 59), le fait assister au sacre. Il ne parait pas avoir quitté le Languedoc.

[145] Archives de Reims. — Les lettres adressées à la ville de Tours sont du 14 décembre. Archives de Tours, Registres des délibérations, vol. V, au 14 décembre 1432.

[146] Ces pièces faisaient partie d'un chartrier des plus considérables, dont les précieux restes font d'autant plus regretter ces lacunes.

[147] En octobre 1430, La Trémoille prête au Roi 2.000 l. (lettres du 7 juin 1431 ; quittances de la Trémoille du 14 juin suivant : Clairambault, 205, p. 8769). — Le 25 août 1431, Charles VII ordonne de lui rembourser une avance de 595 l. dont La Trémoille donna quittance le 31 août (Clairambault, 205, p. 8771 et 8773. — En 1432, La Trémoille prête 10.500 l. pour le secours de Lagny. Le détail se trouve dans une pièce annexée aux lettres de Charles VII du 12 juillet 1432. On y voit figurer le maréchal de Boussac pour 3.000 fr. ; Rodrigue de Villandrando pour 2.500 ; l'amiral de Culant pour 2,270 ; le bâtard d'Orléans pour 1.000, etc. (Archives du duc de la Trémoille). — Par lettres du 23 octobre 1430, La Trémoille se fait donner 2.000 l. (Ms. fr. 20594, pièce 25). — En mai 1431 il se fait attribuer, on l'a vu, le péage de Rochefort. — Vers le même temps, il reçoit l'administration des greniers à sel du Pont Saint-Esprit et de Mezo (Ms. fr. 26056 (Quittances, 65), n° 1891). — Les libéralités royales s'étendent à la femme de la Trémoille et même à ses bâtards (Clairambault, 205, p. 8767 et 8777).

[148] Des pièces originales du temps nous révèlent les noms de certains emprunteurs. En 1432 (16 mars), Jean d'Aulon, l'ancien écuyer de la Pucelle, devenu écuyer d'écurie du Roi, empruntait à La Trémoille, en son grant besoing et necessité, une somme de 500 écus d'or, qu'il s'engageait à rembourser dans le délai de deux mois. — Le même jour, Jean de Harpedenne, mari de Marguerite de Valois, lui abandonnait la seigneurie de Saint-Hilaire-le-Vouhis, en payement de 1.100 royaux sur une dette qui s'élevait à 1.940 écus d'or et qui avait été réduite d'un commun accord à 1.698 royaux. — Dans la même année (1432), Girard Blanchet, chevalier, déclarait, par lettres du 10 août, avoir en main 7.100 royaux d'or appartenant à La Trémoille. — En 1433, le 13 avril, 200 écus d'or sont remboursés à son héraut Sully, sur une somme de 2,750 écus prêtée à Ponchon de Bourguignan, Thibaut de Termes, Jean d'Aulon et Arnault Guilhem de Bourguignan. — Le 21 août 1432 Jean Le Boursier, chevalier, conseiller du Roi, reconnaît devoir 1.000 royaux d'or à La Trémoille. Archives du duc de la Trémoille, et Ms. fr. 5271, f. 169.

[149] Original, archives du duc de la Trémoille.

[150] D. Fonteneau, vol. 26, p. 369.

[151] Original, archives du duc de la Trémoille ; copie du temps, Archives, J 183, n° 146. Cette pièce a été publiée par le duc de la Trémoille : Chartrier de Thouars. Documents historiques et généalogiques (Paris 1877, in-fol.), p. 21.

[152] Original, archives du duc de la Trémoille ; copie dans D. Fonteneau, 26, p. 273.

[153] Celui de Marguerite d'Amboise avec Louis de la Trémoille, réalisé en 1446.

[154] Ms. fr. 1278, f. 47.

[155] Voir plus loin, chapitre X.

[156] 17 juin 1432. Voir Clerc, Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, t. II, p. 425.

[157] Le 16 février, on envoya de Tours à Loches, au sire de la Trémoille, une pipe pleine d'eau contenant six grans luz (brochets), offerts par les habitants à l'occasion de ce mariage (Archives de Tours, Registres des comptes, XXV, f. 83 v°). Le sire de la Chateauvillain vint à la cour en février 1433. Il repassa par Troyes, le 15 mars, avec sa femme (Boutiot, Histoire de Troyes, t. II, p. 566). Isabelle de la Trémoille avait épousé en premières noces Pierre de Tourzel, baron d'Alègre, et en secondes noces, Charles de la Rivière, comte de Dampmartin.

[158] Mort le 7 février 1424.

[159] Mort le 26 mars 1431.

[160] Histoire du monastère et des évêques de Luçon, par A. D. de la Fontenelle de Vaudoré (1847), t. I, p. 100 et s. ; Transaction en date du 10 octobre 1457, dans D. Fonteneau, 26, p. 407 et s. Cf. Archives, X1a 9197, f. 255 v°.

[161] Archives, K 63, n° 27.

[162] Original, archives du duc de la Trémoille.

[163] Cette date est précisée par le P. Anselme, t. I, p. 455.

[164] Pierre de Brezé était allié à la fois à Jean de Bueil et à Pierre d'Amboise par sa grand'mère, Marguerite de Bueil ; son père était cousin germain de ces deux seigneurs.

[165] La perte de Montargis fut cause de mettre le seigneur de la Tremouille hors de gouvernement. Berry, p. 386.

[166] La chronique attribuée à Perceval de Gagny dit : En l'an M CCCC XXXIII, le... jour de juing, etc. Or on a vu que le 24 le Roi était encore à Amboise. L'événement eut donc lieu entre le 26 et le 30 juin.

[167] Berry, p. 386 ; Jean Chartier, t. I, p. 170-71 ; Gruel, p. 372 ; Chronique attribuée à Perceval de Cagny.

[168] Par lettres du 27 décembre 1432, il lui avait fait don de mille moutons d'or. Charles d'Anjou en donna quittance le 1er juin 1434. Ms. fr. 20385, f. 1.

[169] Jean Chartier, t. I, p. 171. — Et dès ce temps, dit Berry (p. 386), entra en gouvernement Monseigneur Charles d'Anjou. — Ledit messire Charles d'Anjou, seul, sans nos autres seigneurs de France, combien qu'il fust moult jeune, et bien est apparu, gouvernoit le Roy et son hostel. Chronique attribuée à Perceval de Cagny.

[170] La seconde partie de l'épître adressée à Charles VII à l'occasion des États d'Orléans (1439) et après la Praguerie (1440), a pour texte ces paroles de l'Écriture (Ps. XLIII) : Exurge, quare obdormis, Domine ? Exurge, et ne repellas in finem. Ou second point, dit Jean Jouvenel dans son exorde, lesdictes paroles dénotent que il semble vous dormiez, et que vous mettez à non chaloir les maulx que seuffre vostre peuple, et que les povretez et tribulactions qu'ils ont et seuffrent vous mettez en oubly, en ostant et destournant vostre face et presence. — Ms. fr. 5022 (original), f. 2.

[171] Épître aux Etats de Blois. Ms. fr. 2701, f. 6.

[172] Charles VII ne cessa de rendre hommage à l'action exercée par sa belle-mère. Nous avons cité des lettres de 1443 qui sont significatives. On lit dans des lettres du 9 juin 1435 : Considerans les bons, notables et prouffitables services que notre très chière et très amée mère la Royne de Sicile nous a fais chascun jour, etc. — Original, ms. fr. 20404 pièce 2.

[173] Jean Chartier, t. I, p. 171.

[174] Le maréchal de La Fayette fut rappelé et restitué en son office pour ses sciences, vertus et subtilitez. Cousinot, cité par Jean Le Fèron. Voir Chronique de Cousinot, notice historique, p. 9.

[175] Erreur. Le comte de Foix n'était pas alors à la Cour.

[176] Letters and papers, etc., par M. J. Stevenson, t. II, p. 244-45.

[177] Berry, p. 386 ; Chartier, t. I, p. 171. Chartier dit : quatre mille moutons d'or.

[178] Archives du duc de la Trémoille.

[179] Archives de Lyon, AA 22, f. 61. Cité dans Canal, Documents inédits pour servir à l'histoire de Bourgogne, t. I, p. 335-36.

[180] D. Vaissète, Histoire générale de Languedoc, t. IV, p. 481-82.

[181] Chartier, t. I, p. 171.

[182] A la date du 19 novembre 1433, on parlait à Lyon de la prochaine arrivée du Roi, et on projetait de lui faire présent d'une nauf (nef) de cent marcs d'argent dorée et bien faite. Péricaud, Notes et documents pour servir à l'histoire de Lyon, 1839, in-8°, p. 49.

[183] Le 17 avril 1433, la Reine donnait un mandement pour emprunter mille royaux pour le mariage de Catherine de Melun (Pièces originales, 301 : BERNARD). — Le 6 mal, Jean Bouju donnait quittance de 180 l. sur ses gages et pour argent comptant prêté à la Reine quand il était son trésorier (Pièces Originales, 445 : BOUJU). — Le 16 octobre, la Reine ordonna de rembourser 100 fr. qui lui avaient été prêtés par son argentier Guillaume Goyet (Pièces originales, 1383 : GOYET).

[184] Le 4 avril 1433, le Roi, voulant pourvoir à l'état de la Reine et à la dépense de son hôtel et de celui de ses enfants, ordonne de lever pendant un an un impôt de 10 d. t. sur chaque quintal de sel vendu dans les greniers à sel du Languedoc (Pièces originales, 2130 : NOYERS). Le 1er juin suivant, le Roi assigne à la Reine, pour partie de la dépense de son hôtel, la recette ordinaire du Rouergue jusqu'à concurrence de 2.000 l. t. par an (Chartes royales, XIV, n° 76). Voici les considérants de ces lettres : Voulans pourveoir à la despense de Postel de nostre très chière et très amée compagne la Royne et icelle despense appointer et assigner convenablement 'et sur receptes bien revenans et seures, afin que doresenavant soit entrenue sans roulure et que les marchans et gens servans nostre dicte compaigne de leurs denrées et marchandises puissent estre bien assignez et payez, ainsi que raison est et faire se doit.

[185] Voir les lettres du 24 octobre 1433. Ordonnances, t. XIII, p. 190.

[186] Lettres du 5 octobre. Le Grand, VI f. 10. — On lit dans ces lettres : En consideration des bons et grans services que Jehan Bernard a fait longtemps tant à nous que à nostre très chière et très amée mère la Royne de Sicile.

[187] A la dicte dame (Yolande, reine de Sicile), ledit jour (15 avril 1434), la somme de L livres, laquelle lui avoit esté donnée et ordonnée par la Royne de France, lieutenant du Roy en ceste partie, sur un emprunt levé par son ordonnance sur les habitants d'Angiers, pour pourveoir à la deffense et renforcement des frontières d'Anjou et du Maine. Archives, KK 244, fol. 5 v°. — Lettres de Charles VII du 15 juin 1434 : Par le Roy en son conseil tenu par la Royne lieutenant, ouquel vous (le chancelier), le juge, d'Anjou et autres estoient. Pièces originales : RABATEAU.

[188] Epître aux États de Blois. Ms. fr. 2701, f. 6 v°.

[189] Procès de Jeanne d'Arc, t. V, p. 106.

[190] En 1429, peu avant sa mort, Jean Gerson donnait à Jean Majoris des instructions pour l'éducation du Dauphin. Voir Gersonii opera, t. III, col. 235-37.

[191] Voir les détails donnés dans un procès du mois de décembre 1434. Archives, X1a 9200, f. 293 v°.

[192] Épître aux États de Blois. Ms. fr. 2701, f. 5.

[193] Épître aux États de Blois. Ms. fr. 2701, f. 6 v°.

[194] Voir lettres du 14 mai 1434, citées par Dassy, le Trésor de l'abbaye de Saint-Antoine, p. 54.

[195] C'est ce que dit Berry (p. 387) ; mais il faut noter que le bourgeois du Puy Étienne Médicis ne parle pas de ce voyage dans ses Chroniques.

[196] Lettres du 26 avril 1434. Archives de Lyon, AA 22, f. 46. Voir aux Pièces justificatives.

[197] Berry, p. 387. — Il est question de ce séjour et de ce don dans des lettres de Charles VII du 27 juin 1434, où sont ordonnancées les dépenses suivantes : Aux menestrez et trompettes de nostre très chière et amée cousine la Royne de Secile, pour don par nous à eulx fait à Vienne, vint escus. — A la trompette du marquis de Saluces, pour semblable, six escus... — Pour ung dyament que nous avons fait acheter et ycelui donné au dit lieu de Vienne à nostre cousine de Secile, sept escus. Ms. fr. 20877, pièce 34.

[198] Lettres du 7 juin 1434, portant paiement de 104 florins pour dépenses faites à ce sujet. Clairambault, 219, p. 9985.

[199] Pericaud, Notes et documents pour servir à l'histoire de Lyon, p. 50.

[200] Lettres du mois de septembre 1434. Archives, X1a 8604, f. 121 ; voir P 2298, p. 689 ; D. Housseau, 9, n° 3872. Cf. information du 29 janvier 1484, dans D. Fonteneau, 26, p. 513.

[201] Extrait des Registres du Parlement, en date du 22 avril 1445. Copie du temps dans les archives du duc de la Trémoille. Il y a dans les mêmes archives une déposition fort intéressante de Prégent de Coëtivy, où on lit : Par ledit deffault dudit de la Tremoille, ledit feu monseigneur de Rais fu en très malle grace du Roy, et le Roy le cuida priver ou desappointer de son dit office de mareschal.

[202] Archives de Lyon, AA 22, f. 65.

[203] D. Vaissète, t. IV, p. 483.

[204] Archives de Lyon, AA 68.

[205] Lettres du 9 avril 1435. Archives, X1a 8604, f. 125 v°. Il est fait allusion en ces termes, dans ces lettres, à la disgrâce du connétable : ... tandis que, par le moyen et pourchaz d'aucuns ses malveillans, qui lors avoient grant gouvernement et auctorité entour nous, il a esté, à sa grant desplaisance, esloigné de nous et de nostre service. Il faut remarquer aussi les considérants : Nous, eu à ce regart et consideracion, et, aussi aux très grans, louables et profitables services que nous a longuement faiz, et que de jour en jour s'efforce de toute affection de plus encore nous fere nostre dessus dit cousin et connes-table, tant en fait de nos guerres comme autrement en toutes manières à lui possibles ; voulans pour ce le traicter en tous ses affaires favorablement et en toute doulceur... etc.

[206] Berry, p. 389.

[207] Parmi les signataires des ordonnances rendues à ce moment, on remarque le comte de Vendôme ; Hugues de Noé, qui reçoit 400 moutons d'or par lettres du 7 juillet ; le chancelier Regnault de Chartres, qui reçoit 400 l. (4 juillet) ; Christophe d'Harcourt, auquel le Roi donne 1.000 moutons d'or (7 juillet) avant son départ pour Arras ; l'évêque de Poitiers Hugues de Combarel, qui a un don de 400 moutons d'or (7 juillet) ; Bertrand de Beauvau et Regnier de Boulligny, qui ont chacun 500 moutons d'or (7 juillet) ; Denis du Moulin, archevêque de Toulouse, qui revient de son ambassade de Castille, et qui touche 1.200 moutons d'or pour solde de ses frais de voyage ; Thibaut de Lucé, évêque de Maguelonne, Jean Chastenier, etc.

[208] Par lettres du 7 juillet, le Roi lui avait donné 4.000 moutons d'or (ms. fr. 20382, f. 2) ; il lui donna encore 1.000 l. t. le 20 avril (Clairambault, 1122, n° 51), et 300 l. t. le 8 septembre (Id., n° 52).

[209] Berry, p. 389.