1422-1425 Avènement de Charles VII ; premiers actes du nouveau Roi ; ardeur du prince et de ses partisans. — Velléité qu'il montre de payer de sa personne ; il reste néanmoins à Bourges, où se tient une réunion d'États généraux. — II écrit aux habitants de Lyon et de Tournai, à l'occasion de la défaite de Crevant et de la victoire de La Gravelle. — Naissance du Dauphin ; la Reine Yolande s'installe à la Cour ; cérémonie du baptême. — Voyage en Touraine : entrée de joyeux avènement à Tours ; assemblées de Chinon et de Selles ; on attend une nouvelle armée d'Écosse. — États généraux à Selles en mars 1424. — Luttes d'influences à la cour : Pierre Frotier, Jean Louvet, Tanguy du Chastel. — Nouvel effort militaire ; il n'aboutit qu'au désastre de Verneuil. — Le Roi tait des démarches auprès du duc de Bretagne : bonnes dispositions du duc et de son frère le comte de Richemont ; portrait du futur connétable. — Charles VII à Angers ; entrevue avec Richemont. — Voyage d'Auvergne ; le Roi tient deux réunions d'États à Riom et au Puy. — Richemont reçoit à Chinon l'épée de connétable ; sa duplicité à l'égard des conseillers du Roi. — Rivalité du président Louvet et de Richemont ; le Roi est emmené à Poitiers par Louvet, tandis que Richemont occupe Bourges. — Charles marche sur Bourges ; l'intervention de la reine de Sicile arrête le conflit : disgrâce de Louvet. — Le Roi à Bourges : Richemont lui fait faire amende honorable. — Yolande le ramène à Poitiers ; il se décide à subir la loi du connétable, et abdique toute autorité entre ses mains — Retraite de Tanguy du Chastel, de Cadart, de Frotier et de d'Avaugour ; le sire de Giac, seul, trouve grâce devant Richemont. — Façon dont la prise de possession du pouvoir par le connétable est présentée au pays : lettres du Roi et du connétable de Richemont. — Mesures prises à Poitiers durant le séjour du connétable ; arrivée du comte de Foix. — Le Roi à Saumur : traité avec le duc de Bretagne. Monstrelet raconte qu'en apprenant la mort de son père, le jeune Roi eut au cœur grande tristesse et ploura très-abondamment[1]. La nouvelle lui parvint le 24 octobre, non point, comme l'a dit le même chroniqueur, au château d'Espally, près du Puy, mais au château de Mehun-sur-Yèvre, au retour de son expédition de La Rochelle[2]. C'est le 30 qu'il prit le titre de Roi[3]. D'abord habillé de noir, il revêtit, à sa messe, une robe de couleur vermeille. Dans la chapelle royale fut levée une bannière de France, et les hérauts crièrent haut et clair, plusieurs reprises : Vive le Roi ![4] Le lendemain 31, Charles adressa une circulaire à ses bonnes villes pour leur faire part de la mort de son père[5]. Le 1er novembre, il se rendit à Bourges pour y tenir sa fête, à l'occasion de la Toussaint, dans la cathédrale. Peu de jours après, il fit célébrer, en l'église Notre-Dame de Mehun, un service solennel pour le repos de l'âme de Charles VI, et prescrivit des prières publiques dans tout le royaume[6]. Le chroniqueur officiel Jean Chartier, qui commence ses récits à l'avènement de Charles VII, nous dit que le premier soin du nouveau Roi fut, avec l'assistance des nombreux compagnons de sa fortune et l'avis de son conseil, de poursuivre courageusement la tâche qui lui incombait[7]. Jean Raoulet nous montre également Charles rempli d'ardeur, ayant confiance en Dieu, aux mains duquel il mit son fait et son bon droit[8]. On comptait sur le retour à l'obéissance de bon nombre de sujets rebelles[9]. De toutes parts, les partisans de Charles VII se montraient animés des plus joyeuses espérances, et se préparaient à la lutte avec un redoublement d'activité[10] ; de nouveaux et vaillants défenseurs vinrent se grouper autour du trône[11]. Le Roi n'avait d'autre désir que de repousser ses ennemis et de rétablir l'ordre dans son royaume[12]. La guerre reprit avec vigueur sur tous les points[13]. En même temps, le sentiment royaliste se manifestait avec une puissance nouvelle[14]. Tant que Charles VI avait vécu, on s'était résigné à subir les humiliations infligées à l'honneur français ; mais maintenant que le Roi s'appelait Charles VII, l'équivoque n'était plus possible[15] : car, comme le disait au seizième siècle, dans son pittoresque langage, l'annaliste François de Belleforest, ce mot de Roi a telle efficace, et la majesté du prince ne sçay quelle divinité, qu'il fait trembler les cœurs des mutins, et resjouyt, tient en force, faict prendre haleine aux loyaux et fidèles sujects[16]. Il semble que Charles VII ait eu quelque velléité de payer de sa personne et de reprendre le rôle actif qu'il avait joué pendant sa régence. Les comptes royaux mentionnent, en décembre 1422, l'achat, à Guillaume Bataille, de quatre coursiers, qu'on avait fait venir d'Angoulême pour la personne du Roi[17]. Il est question aussi de selles et de harnais délivrés en novembre et en janvier[18]. En février, on fourbit les armures royales, et l'on recommence en août[19]. On garnit un bassinet, deux ormets (armures de tête) et une salade ; on remet des plumes à la houppe d'un bassinet[20] ; enfin on peint des bannières pour les trompettes, des cottes d'armes et trois lances aux couleurs du Roi[21]. Mais bien qu'une armée ait été formée en mai-juin 1423[22], Charles ne bougea pas de Bourges. Il y présida au mois de janvier une réunion d'états généraux[23], et ne quitta cette ville que pour, se rendre le 12 août à Selles, où une autre assemblée fut tenue également sous sa présidence[24]. Quelques lettres missives adressées, soit aux habitants de Tournai qui, fidèles à leurs vieilles traditions, venaient de se déclarer français, soit au maréchal de Séverac, lieutenant général sur les marches du Lyonnais, attestent au moins que le Roi suivait d'un œil attentif les événements et ne renonçait point à toute action personnelle[25]. Les événements militaires ont leur retentissement à la cour de Bourges. C'est en vain que l'on tente de sauver Meulan[26], qui capitule le 1er mars 1423. En voulant reprendre Cravant[27], on subit un grave échec : l'armée royale, commandée par Jean Stuart, seigneur de Derneley, est taillée en pièces le 31 juillet. Nous avons une lettre où Charles VII, écrivant aux habitants de Lyon, cherche à atténuer l'importance de la défaite : il n'y avait au siège, dit-il, qu'un très petit nombre des nobles du royaume, mais seulement des Écossais, Espagnols, et autres gens de guerre estrangers, qui avoient acoustumé de vivre sur les pays, par quoy le dommaige n'est pas si grant[28]. Quelques semaines plus tard, le comte d'Aumale donnait à nos armes une éclatante revanche, et le Roi écrivait le billet suivant, daté du château de Loches : A nos amez et feaulx conseillers et chambellans le
sire de Culan, admiral de France, le seneschal de Lyon et le Borne Cagueran,
et aux bourgeois et habitans de nostre dicte ville de Lyon. DE PAR LE ROY. Nos
amez et feaulx, pour vous signifier au vray de nos nouvelles, ainsi que
savons que sur toutes choses estes desirans d'en oïr en bien, vous envoyons
encloux en ces presentes la coppie de certaines lettres originales qui, le
jourdui, nous ont esté apportées, faisans mencion, comme par icelles verrez,
de certaine journée que a eue bien nouvellement beau cousin d'Aubmarle à
l'encontre des Angloys nos ennemis ; et her soir veigmes autres lettres
consonans à cestes. Lesquelles nouvelles pourrez notiffier là et ainsi que
verrez à faire, en nous aussi certifflant de celles de par delà s'aucunes en
y a qui facent à escrire. Donné
à Loiches, le XXIXe jour de septembre. CHARLES. PICART[29]. Le 9 octobre, écrivant aux habitants de Tournai, le Roi
entre dans de plus amples détails. Il leur annonce qu'il avait entrepris de
recouvrer la Normandie, où le comte d'Aumale avait pénétré fort avant, et
qu'au début celui-ci avait livré bataille, le dimanche 26 septembre, près de
La Gravelle, aux Anglais, au nombre de plus de deux mille combattants,
lesquels étaient tous demeurés morts sur la place, sauf leur chef, qui était
prisonnier avec quatre-vingts ou cent hommes. Cent ou cent vingt autres, qui
s'étaient enfuis, avaient été si rudement poursuivis que la plupart avaient
été pris ou tués. Les pertes des Français n'avaient été que de huit ou dix
gentilshommes, et peu de variez. Le comte
d'Aumale poursuivait son entreprise. Et de jour en
jour, écrit le Roi, en attendons oïr d'autres
bonnes nouvelles, au plaisir de Dieu. Il les avise ensuite d'une grosse destrousse faite en Bourgogne, sur la
frontière du Mâconnais, par l'amiral de Culant et d'autres capitaines, où le
maréchal de Toulongeon, le bailli de Charolais et d'autres gentilshommes
bourguignons, au nombre d'environ trois cents, avaient été faits prisonniers.
Et c'est bien nostre entente, ajoute le Roi, Dieu avant, en suivant vostre bon conseil, de nous mettre
sus à toute puissance, à l'entrée de la saison nouvelle, et d'aller par delà
et jusques à Reims pour nous y faire sacrer et couronner, et pour reduire tous
nos diz subgez rebelles, car aussi seront ce pendant venus devers nous beau
cousin le conte de Foix, qui, par appointement pris avecques lui, nous doit
amener mil chevaliers et escuiers, mif hommes de trait et mil targans ; et
aussi beau cousin le connestable de France, qui est pieça arrivé en Escosse,
doit nous amener, où navire que pour ce lui avons fait delivrer, huit mille
combatans dudit païs. Et par ainsi, Dieux avant, joint nostre autre
puissance, pensons bien estre assez fors pour aller partout nostre dit
royaume, et pour oster vous et les autres des dangiers où vous estes[30]. Un heureux événement vint, au milieu des tristesses du présent, faire luire un rayon de joie et d'espérance : le samedi 3 juillet 1423, vers trois heures de l'après-midi, la Reine donna le jour à un fils[31]. Charles s'empressa d'annoncer cette nouvelle à ses bonnes villes. On a conservé la teneur de ses lettres[32]. DE PAR LE ROI. Chiers
et bien amez, pour ce que nous savons certainement[33] ; que greigneur joye et consolacion ne povez avoir
que de ouir en bien de nostre[34] prosperité, vous signifions qu'il a pieu à Nostre
Seigneur, de sa grâce et clemence, delivrer nostre tres chere et tres amée
compaigne[35] d'un tres beau filz, à sa bonne santé et de son dit
enffent[36]. De quoy nous avons[37] regracié et regracions Dieu nostre Createur. Donné
à Bourges, le IIIe[38] jour de juillet, l'an mil IIIIc XXIII, environ cinq
heures apres midi. CHARLES. La reine Yolande arriva sur ces entrefaites à Bourges[39] : elle allait reprendre à l'égard de Charles son rôle de mère vigilante, et servir d'habile intermédiaire entre les partis. Marie d'Anjou habitait le palais de l'archevêché, alors résidence royale ; elle accoucha dans la grande salle, qui avait été tendue de drap d'or de Chypre vermeil, garnie de ciel, dossier et couverture à lit de mesme drap, et de tapisseries appartenant au duc d'Orléans[40]. La cérémonie du baptême eut lieu le 4 juillet, dans la cathédrale, avec une grande pompe. Guillaume de Champeaux, évêque et duc de Laon, fut le prélat officiant, assisté de Pierre Hutin, chapelain du Roi, qui tenait les deux bassins d'argent dont il reçut la valeur, conformément aux coutumes du royaume[41]. Le nouveau-né fut nommé Louis, en remembrante de saint Loys[42] ; il eut pour parrains Jean, duc d'Alençon, et Martin Gouge, évêque de Clermont, chancelier de France, et pour marraine Catherine de l'Ile-Bouchard, comtesse de Tonnerre, l'une des dames de la Reine[43]. On ne se réjouit pas seulement à Bourges : dans toutes les provinces demeurées fidèles, et jusqu'à Tournai, on célébra, par des prières, et aussi par de grands feux et des acclamations, l'événement qui donnait un héritier à la couronne[44]. Dès que la Reine fut rétablie, Charles VII quitta le Berry pour se rendre en Touraine et présider la réunion d'États tenue à Selles ; il était le 22 à Loches, et revint à Mehun le 4 septembre pour chercher sa femme[45] et faire avec elle à Tours son entrée de joyeux avènement. Le Roi et la Reine partirent le 16, et s'avancèrent par Vierzon, Selles et Bléré[46]. Là une alerte survint : le bruit courait que les Anglais menaçaient Tours, et que déjà ils occupaient Le Lude[47]. On se dirigea sur Loches pour attendre les événements. Mais la nouvelle ne tarda pas à être démentie. Le 4 octobre, Charles VII était dans la capitale de la Touraine, où il fut accueilli avec de grandes démonstrations de joie. Les bourgeois lui présentèrent dix pipes de vin, dix muids d'avoine, cent moutons gras et cinquante torches de cire de deux livres chacune. La Reine ne fit son entrée que le 17 ; on lui fit un présent analogue, mais moindre de moitié. Charles fut reçu comme roi à Saint-Martin, le 8 novembre, et dut prêter un nouveau serment devant le chapitre[48]. Après avoir séjourné deux mois à Tours, le Roi se rendit à Chinon, où il avait convoqué pour le 13 décembre une réunion d'États provinciaux. Il passa à Bourges les fêtes de Noël et de l'Épiphanie. L'invasion anglaise menaçait en ce moment les provinces du centre : Charles VII s'occupa de protéger les villes du Berry situées sur la frontière du Nivernais[49]. Le 30 janvier, une importante réunion du Conseil fut tenue à Selles, pour aviser aux mesures à prendre à l'égard des gens de guerre, dont les désordres donnaient lieu de toutes parts à de trop justes plaintes ; elle aboutit à la promulgation d'une ordonnance par laquelle le Roi, congédiant toutes ses troupes, déclarait ne garder à sa solde que les Écossais et les Lombards[50]. On comptait beaucoup à ce moment sur les secours d'Écosse. A la date du 25 février, le Roi écrivait de Tours aux habitants de Tournai pour leur faire part de l'arrivée des ambassadeurs qu'il avait envoyés dans ce pays, et du prochain débarquement de plus de dix mille hommes, sous les ordres des comtes de Douglas et de Buchan et d'autres grands seigneurs écossais, lesquels étaient décidés à livrer bataille aux ennemis aussitôt après leur arrivée. Ces dix mille hommes, conformément à l'engagement des chefs, pris par lettres patentes, devaient être rendus à destination le 8 mars ; ils se composaient de deux mille chevaliers et escuyers, six mille bons archiers et deux mille escos sauvages à haches. — Et pour cause de leur dicte venue, disait le Roi, faisons assembler la puissance de nostre seigneurie, affin de nous mettre sus à leur descente, que attendons de jour à aultre, pour tenir champs et querir nos diz ennemis où ilz seront ; et avons bien esperance, à l'aide de Nostre Seigneur, nostre dicte puissance et la dicte armée d'Escoce mise ensemble, de passer, comme bien le pourrons adoncques faire, oultre les rivières, affin de reconforter vous et nos aultres bons subgiez qui, par vostre grant et louable loyaulté, avez tant souffert pour nous, dont à tousjours nous vous aurons et bien avoir devons en singuliere recommandacion, et de recouvrer nostre seigneurie que usurpent nos dis ennemis. Le Roi parlait ensuite de la réunion d'États qui devait se tenir le 10 mars, et promettait d'avoir les affaires des Tournaisiens pour recommandées[51]. Le 12 mars 1424, sous la présidence du Roi, et en présence du duc d'Alençon, qui se tenait alors en sa compagnie ; de Charles de Bourbon ; de Jean d'Harcourt, comte d'Aumale, le vainqueur de La Gravelle, et de la reine de Sicile, dont l'influence va se faire sentir de plus en plus dans la direction des affaires politiques, les États généraux s'assemblèrent à Selles. Le Roi fit exposer l'état de son royaume, le grand vouloir qu'il avait de mettre sa seigneurie en paix, l'espoir que lui donnait le secours amené du royaume d'Écosse par les plus grands seigneurs du pays, venus à la tête de plus de dix mille combattants. Il fit connaître en même temps son intention de se mettre sus, au plaisir de Dieu ; en la présente saison, avec toute sa puissance. De graves mesures furent prises dans cette réunion d'États, où fut votée une aide d'un million : convocation du ban et de l'arrière-ban pour le 15 mai suivant ; nominations de Jacques de Bourbon, comte de la Marche, et de Charles de Bourbon comme lieutenants généraux, l'un en Languedoc, l'autre en Lyonnais et Mâconnais ; envoi d'ambassadeurs au duc de Bretagne en vue d'opérer un rapprochement[52]. Dans des lettres patentes du 16 mars, ordonnant la concentration de l'armée sur les bords de la Loire, le Roi disait formellement : A ceste fois, nous entendons mettre et employer toute nostre puissance à la repulsion de nos ennemis, et y exposer, aussi avant que le cas le requiert, nostre propre personne[53]. Les luttes d'influences qui s'agitaient autour de Charles VII reprirent avec une intensité nouvelle après le retour de Yolande. La reine de Sicile avait trouvé son ancien serviteur Louvet en possession d'un pouvoir illimité. Comme en 141-8, au temps de la domination du connétable d'Armagnac, il y avait à la cour un parti de la paix et un parti de la guerre. Les uns, à la tête desquels se trouvait, dès la fin de 1422, le chancelier Martin Gouge, évêque de Clermont, et qui allaient être activement secondés par Yolande, poursuivaient un rapprochement avec le duc de Bourgogne, et n'avaient point hésité à accepter, comme base des négociations, des conditions qu'on ne fit guère que reproduire douze ans plus tard à Arras. Les autres cherchaient dans les alliances étrangères, dans les secours armés venus d'Espagne, de Lombardie, et surtout d'Écosse, un moyen de résister à la fois au duc de Bourgogne et aux Anglais, et de s'affranchir du joug de capitaines qui déshonoraient par leurs excès la cause royale. A côté de ces deux partis, également sérieux et animés d'un esprit élevé, il y avait un parti qu'on pourrait appeler le parti des aventuriers ; et, dans le temps où un Séverac était maréchal de France et un Frotier grand maître de l'écurie du Roi, ce n'était ni le moins audacieux, ni le moins puissant. Pierre Frotier est, avec Jean Louvet et Tanguy du Chastel, un de ceux qui gouvernent[54]. Arrêtons-nous un instant sur ces trois personnages, qui jouent à la cour de Charles VII un rôle si important. Gentilhomme d'un rang secondaire[55], Frotier s'est élevé rapidement, grâce au dévouement dont il n'a cessé de donner des preuves[56]. Dès le 20 septembre 1419, — dix jours après le tragique événement de Montereau, — de simple écuyer d'écurie, il devient premier écuyer de corps et maître de l'écurie, aux gages de six cents livres parisis. Frotier accompagne le prince dans son voyage de Languedoc, et reçoit un don de mille livres, en considération des bons et agréables services par lui faits et des charges qu'il doit supporter[57]. Le grand écuyer avait organisé, en dehors de la garde écossaise, une garde spéciale, placée sous ses ordres, pour veiller à la sûreté de son maître[58]. Pourvu en 1418 de la capitainerie de Gençais, et en 1420 de celle de Ranches[59], il reçut, l'année suivante, l'office de châtelain et capitaine de Melle, un des principaux membres du Poitou, faisant partie du domaine de la couronne, avec jouissance de tous les droits et revenus de la châtellenie[60]. Le 6 août 1421, il épousait une riche héritière, appartenant à une noble maison de Touraine, Marguerite de Preuilly, dont le frère servait sous ses ordres[61]. En considération de ce mariage, le Dauphin avait fait à son grand écuyer un don de dix mille livres[62]. Enivré de cette fortune, Frotier montrait une insolence dépassant toutes les bornes : il se croyait dispensé d'entretenir les châteaux qu'il tenait de la faveur royale, et laissa même brûler par ses gens un de ceux qu'on lui avait donnés en garde[63]. Il exerçait à la cour une sorte d'intimidation : dans un procès qu'il eut en 1422 contre son beau-frère le seigneur de Preuilly, celui-ci ne trouva ni parent, ni ami, ni membre du conseil de Touraine qui osât aller déposer à Bourges en sa faveur, pour doubte, dit-on dans des lettres de Charles VII, d'encourir l'indignacion dudit Frotier, qui estoit en nostre service en grant puissance, et avoit grant auctorité et gouvernement, pour laquelle chose il estoit grandement craint et doubté[64]. Frotier s'était fait délivrer par la chancellerie des lettres subreptices, au moyen desquelles il attaqua de vive force le château de la Roche-Pouzay, appartenant au seigneur de Preuilly[65]. Après l'avènement du Roi, il obtint confirmation de la jouissance de la châtellenie de Melle, avec tous droits de justice[66]. A la date du 28 mai 1423, il se fit délivrer, au moyen de lettres subreptices[67], les ville, château et châtellenie de Gençais, en remplacement de la Prugne-au-Pot en Touraine, qu'il avait fait rentrer en l'obéissance du Roi et qui lui avait d'abord été attribuée[68]. Le Parlement protesta, et refusa d'enregistrer les lettres. Le Tur, parlant au nom du procureur du Roi, fit entendre ces paroles : Autant vaudrait dire que Frotier est pair de France : qu'il se contente d'être capitaine ![69] A l'époque où nous sommes parvenus, un scandale public se produisit, lors de l'entrée solennelle du Roi à Poitiers, où le grand écuyer, qui portait l'épée royale, s'emporta jusqu'à injurier, en présence de son maître, un sergent royal dont il avait eu à se plaindre[70]. Quelques jours après (11 août 1424), s'étant rendu chez le maire de la ville, Maurice Claveurier, il l'apostropha grossièrement au sujet de l'arrestation d'un des hommes de sa compagnie, et il lui aurait fait un mauvais parti sans l'intervention de Geoffroy de Mareuil, sénéchal de Saintonge[71]. A côté des violences du grand écuyer, il faut signaler les malversations du premier ministre. Le président Louvet était devenu en quelque sorte plus maître que le Roi. Par son importunité, par l'art avec lequel il en imposait à son maître[72], il s'était emparé de toute l'administration des finances. Louvet possédait, avec les pouvoirs les plus étendus, des blanc-seings à discrétion ; il avait l'autorisation de traiter, au nom du Roi, avec qui bon lui semblait, soit amis, soit ennemis du royaume, et Dieu sait avec quelle latitude il usait d'une telle omnipotence[73] ! Il trafiquait de tout, faisait forger de la monnaie faible de poids, engageait les joyaux de la couronne, et gardait pour lui la meilleure partie de ce qui en revenait[74]. Il avait mille livres de pension par mois[75], et en outre le profit de la capitainerie de Saint-André de Villeneuve, près Avignon, qu'il s'était fait donner par lettres du 16 novembre 1422[76]. Au moment où sa puissance va être ébranlée, les faveurs royales pleuvent encore sur lui[77] et sur sa femme, Matheline de la Gave, attachée à la personne de la Reine, et pour laquelle Marie d'Anjou paraît avoir éprouvé un réel attachement[78]. Quant à Tanguy du Chastel, qui vient d'échanger son titre de maréchal des guerres du Dauphin contre celui de grand maître d'hôtel du Roi[79], il en est arrivé à abuser étrangement de la situation prépondérante qu'il avait acquise par son dévouement et par l'ancienneté de ses services. Lui, le sauveur du Dauphin dans la nuit du 29 mai 1418 ; lui qui, sur le pont de Montereau, avait arraché le jeune Charles au conflit sanglant où sa vie pouvait être compromise ; lui le preux chevalier qui depuis trente années a fait ses preuves de vaillance et de fidélité, il s'oublie jusqu'à détourner l'argent destiné à la solde des troupes, pour l'employer en achat de vaisselle, de joyaux et de pierreries[80] ! Au plus fort de la pénurie du trésor, il fait porter de douze cents livres à deux mille cinq cents écus d'or la rente annuelle dont il jouissait depuis 1416 sur les revenus du grenier à sel de Beaucaire[81]. On a même prétendu, mais sans preuve, qu'il avait osé assassiner, en plein conseil, un de ses collègues, le comte Dauphin d'Auvergne[82]. Mais si cette accusation est dénuée de fondement, Tanguy du Chastel n'a pas moins mérité, de concert avec Louvet et avec l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux[83], cette flétrissure, sortie de la plume d'un grave auteur du temps : Par ces trois hommes, qui tous furent renommez de vie honteuse et deshonneste, fust à ce temps le Roy gouverné et ses finances, dont lui et ses subjectz souffrirent moult d'oppressions[84]. Pourtant, dans ce triumvirat qui se compose de Louvet, du Chastel et Frotier — près desquels il faut placer, à un rang inférieur, le bailli d'Avaugour, l'évêque de Laon et le premier physicien Cadart, — c'est peut-être Tanguy qui est encore le moins coupable. Tout au moins rachète-t-il ses torts par un incomparable dévouement : nous le verrons bientôt, plaçant l'intérêt de son maître au-dessus de toute considération personnelle, faire généreusement le sacrifice du pouvoir. Nous avons dit que le ban et l'arrière-ban avaient été convoqués pour le 15 mai 1424. Depuis quelque temps le Roi prenait des informations sur la situation du royaume ; il avait de divers côtés des espions qui le tenaient au courant de l'état des esprits et des chances favorables qui pouvaient se présenter. Au mois d'avril, un cordelier, mêlé à un complot qui avait pour but de livrer la Bourgogne à la France, fut présenté à Charles VII. Le Roi venait d'assister à la réunion d'États tenue à Selles, où il avait recommandé aux nobles d'Auvergne et de Languedoc d'être prêts à marcher, car il voulait se mettre en campagne vers le 10 mai. Il interrogea le religieux, et lui demanda s'il y avait en Bourgogne beaucoup de gens de guerre ; il s'informa des dispositions de divers seigneurs, et fit connaître l'intention où il était de diriger bientôt son armée sur Reims, puis, de là sur la Normandie, parce que bon nombre de gens des bonnes villes estoient venus à lui en habits dissimulés pour l'assurer que, quand il lui plairoit de venir à eulx, il seroit bien recul, et lui rendroient obéissance[85]. Des lettres, en date du 2 juin, révèlent encore, chez le Roi, la volonté de prendre part aux opérations militaires : elles portent don de 200 francs à un de ses serviteurs, en récompense de ses services, et aussi pour soy monter et armer pour nous servir au veage et armée que entendons faire en brief sur noz ennemis et rebelles[86]. Un nouvel effort allait donc être tenté. Mais Charles, tenu systématiquement à l'écart par ses conseillers, qui voulaient ménager la personne royale[87], ne devait pas y prendre part. Cette réserve était d'ailleurs commandée par une sage prudence. Le 17 août 1424, une brillante armée, sous les ordres du comte de Douglas et du connétable de Buchan, fut taillée en pièces à Verneuil ; avec elle s'évanouissaient les espérances de ceux qui avaient cru pouvoir triompher par l'épée des difficultés de la situation. La défaite de Verneuil, en privant le Roi de ces auxiliaires étrangers qu'on regardait alors comme les meilleurs soutiens du trône, rendait plus évidente la nécessité d'une réconciliation avec les princes que l'ambition ou les vicissitudes, politiques avaient entraînés dans l'alliance anglaise. Au premier rang figurait le duc de Bretagne. — Jean VI avait bien vite oublié ses engagements de Sablé, et il n'avait point dépendu de lui que son acte d'adhésion au traité de Troyes ne fût signé du vivant de Henri V. Mais ce que la mort prématurée du vainqueur d'Azincourt l'avait empêché de faire, il le réalisa quelques mois plus tard (8 octobre 1422)[88]. En avril 1423, non seulement il avait été de la triple alliance d'Amiens, mais il s'était lié avec le duc de Bedford par un traité spécial[89]. Comment, au lendemain d'un pacte si solennel, pouvait-on espérer un rapprochement avec le duc ? On comptait sur sa versatilité bien connue, et la reine de Sicile allait mettre à profit les relations qu'aussitôt après son retour de Provence elle avait renouées avec lui. Les pourparlers entre les cours de France et de Bretagne n'avaient point ; d'ailleurs, été interrompus. Dès le mois de mars 1423, Charles VII envoyait à son beau-frère un de ses écuyers d'écurie[90]. En juin suivant — immédiatement après le voyage d'Amiens, — une ambassade partait pour Angers, où devaient se trouver des représentants du duc de Bretagne[91]. En novembre et décembre 1423, nous trouvons la reine Yolande à Nantes[92] ; elle y retourne en mai 1424, ayant à sa suite une ambassade du Roi[93]. C'est à ce moment que fut signée une importante convention, portant la date du 18 mai, dont nous parlerons plus loin. Après Verneuil, les négociations sont poursuivies avec activité[94]. Dans le courant de septembre, des ambassadeurs bretons partent pour la cour de France[95]. De son côté, Charles VII, envoie de nouveaux ambassadeurs au duc de Bretagne et à son frère le comte de Richemont[96], qui montrait des dispositions favorables à la cause royale. C'est ici le lieu de nous arrêter sur ce personnage, que les circonstances politiques appellent à jouer un rôle important dans les affaires du royaume. Arthur de Bretagne était le deuxième fils de Jean V, duc de Bretagne et de Jeanne de Navarre, laquelle, devenue veuve (1399), avait donné sa main en 1402 à Henri IV, roi d'Angleterre. En digne fille de Charles le Mauvais, cette princesse avait conçu le projet d'emmener avec elle, en Angleterre, ses trois fils, pour les élever à la cour des Lancastre ; mais elle en fut empêchée par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, nommé tuteur des petits princes[97]. Né en 1393, Arthur fut, à partir de 1402, élevé avec ses frères à la cour du duc de Bourgogne ; puis, après la mort de son tuteur (1404), à celle du duc de Berry[98]. Ayant reçu de Henri IV le comté de Richemont, situé en Angleterre, et qui était de l'héritage de son père, il en prit le titre, et fit au roi d'Angleterre l'hommage dû en cette qualité[99]. C'est en Bretagne, contre des sujets rebelles de son frère, qu'il fit ses premières armes, à l'âge de seize ou dix-sept ans[100]. Quand, en 1410, les princes orléanais se liguèrent contre Jean sans Peur, le jeune comte de Richemont, dont un frère, Gilles, était déjà enrôlé dans le parti bourguignon, vint se joindre à eux, avec un corps de Bretons et d'Anglais[101]. Peu après, cédant à l'influence de Gilles, il abandonnait le parti des princes[102], mais pour y revenir bientôt[103]. En 1412, lors de l'appel fait aux Anglais par les ducs de Berry et d'Orléans, nous voyons le comte de Richemont, qui guerroyait en basse Normandie avec son beau-frère le comte d'Alençon, se porter au-devant du duc de Clarence et de ses gens, et leur faire l'accueil le plus empressé[104]. Après la paix de Bourges, il vient à la cour, et s'attache à la personne du duc de Guyenne, qui lui donne bonne et grande ordonnance dans sa maison, et grand gouvernement autour de lui[105]. Il figure en novembre 1413 au nombre des signataires d'une circulaire envoyée par Charles VI aux bonnes villes pour leur exposer ce qui s'est passé durant l'émeute cabochienne[106]. L'année suivante il accompagne le Roi dans sa campagne d'Arras contre le duc de Bourgogne, et est fait chevalier devant Soissons[107]. Devenu le familier du duc de Guyenne, il suit son jeune maitre dans ce joyeux voyage de Bourges, fait en habit dissimulé[108], et reçoit à cette époque le gouvernement du duché de Nemours, mis récemment en la main du Roi[109]. Nous retrouvons Arthur de Bretagne à la bataille d'Azincourt où, comme lieutenant du duc de Guyenne, il est à la tête des gens d'armes de ce prince, et où il fait bravement son devoir[110]. Il est tiré de dessous les morts, blessé, complètement défiguré, et est emmené captif en Angleterre, où il retrouve sa mère[111], dont l'influence ne fut peut-être pas étrangère à sa conduite ultérieure. Il reparait en France au bout de quatre ans[112], à moitié conquis déjà à la cause anglaise. Henri V, exploitant habilement l'attentat des Penthièvre contre le duc de Bretagne, parvient à le gagner. Le traité d'élargissement est du 22 juillet 1420[113] : à partir de ce moment, le comte de Richemont est tout Anglais, et sert le roi d'Angleterre jusqu'à la mort de ce prince[114]. Il reçoit alors le comté d'Ivry. C'est sur ses instances que le duc son frère adhère au traité de Troyes, et se rend à Amiens pour signer un pacte d'alliance avec Bedford[115]. Mais bientôt, blessé dit-on d'une parole du régent anglais[116], ou cédant à son humeur versatile, Richemont se détache des Anglais et se contente de rester bourguignon : car, oubliant ses anciennes prises d'armes en faveur du parti d'Orléans, il a épousé (10 octobre 1423) une fille de Jean sans Peur. Tel est le personnage qui fait son apparition sur la scène politique. Le comte de Richemont semble avoir fait bon marché de la valeur des serments. En admettant, comme il le prétendait, qu'il fût délié par la mort de Henri V de ses engagements à l'égard de l'Angleterre[117], n'avait-il pas, en jurant le traité d'Amiens, contracté par là de nouvelles obligations ? Quoi qu'il en soit, il se montrait disposé à accueillir les ouvertures de Charles VII. Il' était pourtant rempli d'hésitations, de défiances même, et ne voulait s'engager qu'à bon escient. Yolande lui envoya son troisième fils, le jeune Charles d'Anjou. Le président Louvet vint apporter les assurances royales. La reine de Sicile en personne, puis Tanguy du Chastel insistèrent à leur tour[118]. Enfin les États de Bretagne, consultés par le duc, déclarèrent que Richemont devait aller trouver le Roi[119]. Mais, avant de faire un pas en avant, Arthur de Bretagne posa ses conditions, et demanda des garanties : il exigeait que le Roi donnât des otages et livrât en gage quatre de ses places. En même temps il déclarait qu'il voulait consulter son beau-frère le duc de Bourgogne, sans l'avis duquel il n'entreprendrait rien[120]. Tout ce que Richemont réclamait lui fut accordé : le bâtard d'Orléans et Guillaume d'Albret, furent envoyés comme otages à la cour de Bretagne, et Lusignan, Loches, Chinon, Mehun-sur-Yèvre, les plus belles places qu'eût te Roi, furent livrées aux gens du duc[121]. Quant les choses eurent été ainsi disposées, le Roi, renonçant à aller présider les États, convoqués par lui à Carcassonne, d'abord au 15 septembre, puis au 1er octobre[122], partit de Poitiers, où il avait fait récemment son entrée de joyeux avènement[123], et se rendit à Angers. Il y arriva le jeudi 18 octobre, en brillante compagnie : car, à la nouvelle du désastre de Verneuil, les barons de Bourbonnais et d'Auvergne, au nombre de cinq à six cents chevaliers ou écuyers, à la tête desquels étaient Béraud III, comte Dauphin d'Auvergne, le sire de la Tour, le sire de Montlaur, etc., et quelques-uns de ceux du Languedoc et de Guyenne, étaient accourus à la défense du trône : Le Roi, avait dit le sire d'Arpajon en s'agenouillant devant son maître, le Roi est encore assez puissant pour tenir tête à ses ennemis, et il n'aurait qu'à parler pour tirer de ses pays du midi dix à douze mille arbalétriers[124]. Les bourgeois d'Angers prêtèrent serment de fidélité à Charles VII, et le conduisirent, sous un poêle de drap d'or de damas, à la cathédrale de Saint-Maurice, où, revêtu d'un surplis et d'une chape de drap d'or, il fut reçu comme chanoine[125]. Le Roi se logea à Saint-Aubin. Le lendemain, 20 octobre, arriva le comte de Richemont, avec une nombreuse escorte[126]. Il se rendit aussitôt au logis royal, où il eut audience dans un jardin. Le comte se déclara prêt à servir le Roi : s'il avait dû, agissant sagement, et comme contraint, faire quelques feintes pour obtenir sa mise en liberté, son cœur et sa volonté n'avaient jamais varié depuis le jour où il avait été fait prisonnier à Azincourt[127]. Charles, voyant la loyale volonté de Richemont, le reçut à grande joie et grand honneur, et se montra très heureux de sa venue[128]. Le lendemain fut signé par Charles VII un traité contenant les stipulations relatives au mariage de Louis, duc d'Anjou, avec Isabelle, fille aînée du duc de Bretagne, mariage arrêté en principe depuis 1417. Le duc Jean apposa à son tour sa signature à cet acte, dans la ville de Vannes, le 13 novembre suivant[129]. Le Roi s'engagea, par lettres patentes[130], à payer les cent mille francs de dot promis pair le duc de Bretagne à sa fille, et engagea aux mains de la reine de Sicile, comme garantie de cette somme et jusqu'à son entier paiement, le duché de Touraine, avec toutes ses dépendances, sauf la ville et la châtellenie de Chinon[131]. Mais l'affaire du mariage, malgré son importance pour la reine Yolande, cédait le pas à une question politique d'une plus haute gravité : scelle de l'acceptation de l'épée de connétable par le comte de Richemont. Aux instances qu'on lui fit, le comte s'excusa, disant que c'était une grande charge, et qu'il la trouvait bien lourde. Il ne paraît pas avoir, à ce moment, stipulé de conditions formelles à l'égard de ceux des conseillers du Roi désignés par le duc de Bretagne, lors du traité de Sablé, et qui n'avaient point été congédiés depuis. Devenus plus puissants que jamais, ces conseillers étaient allés au-devant de l'alliance bretonne, et s'en étaient même faits les négociateurs : on a vu la part prise aux pourparlers 'par le président Louvet et par Tanguy du Chastel. Nul doute qu'en agissant ainsi, ils n'aient été guidés par l'espoir de se rendre en quelque sorte nécessaires, et de s'imposer aux princes bretons. Mais si Richemont n'exigea pas tout d'abord leur retraite, il n'est pas douteux qu'il subordonna son acceptation à l'agrément du duc de Bourgogne. Il fut convenu que le comte irait trouver Philippe, et qu'il profiterait de cette visite pour poursuivre avec lui des négociations entamées sous les auspices du duc de Savoie. Charles VII ne séjourna pas longtemps à Angers. Après diverses gratifications faites, soit au bâtard d'Orléans qui restait en Bretagne, comme otage, avec Guillaume d'Albret, soit aux conseillers du duc de Bretagne[132] ; après avoir envoyé des ambassadeurs à ce prince[133], et fait présent à la cathédrale de riches tapisseries[134], il partit dès le 22 octobre. Il s'arrêta un instant aux Ponts-de-Cé, où il rendit diverses ordonnances[135], ne fit que traverser Tours, et gagna Poitiers, où il avait à faire ses préparatifs pour le voyage d'Auvergne, depuis longtemps ajourné. Charles VII, accompagné du président Louvet, de Tanguy du Chastel, du chancelier Gouge, de l'évêque de Laon, de son médecin Cadart, etc., se rendit d'abord à Riom, où il présida l'assemblée des États de Languedoil. C'est de là que, le 24 novembre — le jour même où une aide lui était octroyée, — il écrivit aux habitants de Tournai une lettre qui nous a été conservée. Le Roi les mettait au courant de la situation. Remontant au cas avenu à Verneuil, il ne laissait point apercevoir toute la gravité du désastre. Toutes voyes, disait-il, sommes nous encores, la mercy Dieu, assez fors et assez puissans pour contrester à l'entreprise de nos diz adversaires, et à leur confusion, moyennant l'aide de Dieu premièrement, nostre sainte et juste querelle, et le bon secours, service et renfort que avons de nos bons vassaux. Et il ajoutait qu'il avait plus de quatre mille chevaliers et écuyers prêts à le servir, sans parler des autres gens de guerre de la Bretagne qui, tout entière, indifféremment, disait-il, est maintenant de nostre part, et des secours que devaient lui amener d'Italie le marquis de Ferrare, et d'Écosse le comte de Mar. Il annonçait qu'il venait de recevoir une aide des États de Languedoil, assemblés à Riom, et qu'il se rendait au Puy, où devaient se tenir les États de Languedoc, et où il avait convoqué le roi Jacques de Hongrie, les comtes d'Armagnac et de Foix, le sire d'Albret, etc. Enfin il faisait savoir que la paix entre lui et le duc de Bourgogne se traitait par l'entremise du duc de Bretagne et du comte de Richemont, qui allait se rendre près du duc de Bourgogne[136]. De Riom, le Roi s'avança par Montferrand et Issoire' vers le Puy, où les États de Languedoc avaient été convoqués pour le 19 décembre. Il vint s'établir le 14 au château d'Espaly. Ce château, résidence de l'évêque du Puy, et où l'on a placé à tort, nous l'avons vu, la proclamation de Charles VII comme roi, était bâti sur un pic, à un quart de lieue de la ville, dans une étroite vallée arrosée par deux faibles cours d'eau. C'était un chétif manoir, d'un accès difficile, et dont le séjour ne devait avoir rien d'enchanteur[137]. Charles y célébra les fêtes de Noël et de l'Épiphanie, en compagnie de Jacques de Bourbon, roi de Hongrie, désigné, avec l'évêque de Laon, comme commissaire aux États. Un cahier de doléances fut présenté au Roi, qui fit droit à bon nombre de requêtes des députés[138]. Un acte important signala le séjour à Espaly : la nomination du comte de Foix, rentré dans l'obéissance royale, comme gouverneur du Languedoc, avec une pension de vingt mille écus. Le Roi retint en même temps le comte pour venir le servir ès parties de France, au recouvrement de sa seigneurie[139]. D'autres lettres furent rendues en faveur du comte et de la comtesse d'Armagnac[140] ; diverses retenues[141], et de nombreuses libéralités[142] sont encore à noter : malgré la pénurie financière, le Roi faisait toujours preuve d'une singulière facilité à vider sa bourse. Le 10 janvier, Charles VII reprit le chemin de la Touraine, où l'appelait la conclusion des pourparlers entamés avec le comte de Richemont. Celui-ci n'avait pas perdu son temps. Aussitôt après avoir quitté le Roi, il avait pris, en compagnie de l'archevêque de Reims, le chemin du Nivernais[143], où se trouvait alors le duc de Bourgogne, et avait assisté, le 30 novembre, à Moulins-Engilbert, au mariage de Philippe avec Bonne d'Artois. Il s'était ensuite rendu à Mâcon, où une importante conférence fut tenue avec le duc de Savoie. De Macon, Richemont était venu à Dijon, où il séjourna avec son beau-frère pendant une partie du mois de décembre[144]. Puis il était allé à Montluel rejoindre le duc Amédée, près duquel se trouvaient des ambassadeurs du duc de Bretagne, et où fut prise par les deux princes une délibération dont nous parlerons tout à l'heure. Le comte de Richemont ne regagna le nord de la France qu'à la fin de février : nous le retrouvons le 26 à Tours, se rendant à Chinon, en compagnie du comte de Vendôme, enfin délivré de sa prison d'Angleterre[145]. Le Roi était installé à Chinon dès le 10 février. Une grande assemblée, dont le but déclaré était de prendre et avoir conclusion de la paix et union de ce royaume[146], avait été convoquée pour le 25. On était très perplexe à la Cour. Ce changement de politique auquel allait donner lieu la nomination du comte de Richemont à la charge de connétable, serait-il favorable à la cause royale ? Le duc de Bourgogne, qui semblait se prêter à un rapprochement, était-il bien convaincu et bien sincère ? Trouverait-on chez le duc de Bretagne, qui tant de fois avait passé d'un parti à l'autre, un auxiliaire sûr et fidèle ? Enfin qu'allait devenir l'inviolabilité de la personne royale, qu'on avait jusque-là pris tant de soin à sauvegarder ? Les avis étaient très partagés, et tandis que la majeure partie du Conseil se ralliait à la politique nouvelle, un vif mouvement d'opposition se manifestait au sein d'une autre fraction. L'assemblée convoquée par le Roi à Chinon se tint dans les premiers jours de mars[147]. On y vit, avec des princes du sang et les plus notables membres du Conseil, des représentants du clergé, de la noblesse et des parlemens et bonnes villes[148]. Nous manquons de détails sur cette réunion, à laquelle les chroniqueurs ne font pas la moindre allusion. Nous savons pourtant qu'il y fut question de la paix avec le duc de Bourgogne, et des arrangements à intervenir pour l'installation du nouveau connétable dans sa charge ; nous savons aussi que certains articles, rédigés par le comte de Richemont et le duc de Savoie, lors de leur dernière entrevue, furent soumis au Roi, qui y donna son approbation[149], en la presence et par le conseil des gens des trois Estas. Quelle était la teneur de ces articles ? Il faut ici nous transporter un instant sur le terrain de l'histoire diplomatique, et faire connaître le résultat de la conférence de Montluel, où le comte de Richemont et les ambassadeurs de son frère le duc de Bretagne, avaient arrêté, de concert avec le duc de Savoie, les bases des négociations. Les quatre articles — c'est ainsi que ce document est désigné dans les Registres de Tours — vont nous prouver que la direction gouvernementale était alors la pensée dominante, du futur connétable, bien plus que le rapprochement à opérer avec le duc de Bourgogne. Le traité de Montluel porte cet intitulé : S'ensuit la deliberacion prinse par messeigneurs de Savoie
et de Richemont avec les gens du conseil de monseigneur de Bretaigne, pour
venir à conclusion de la paix jà longuement pourparlée et traictée, afin que
à icelle l'en puisse mieulx venir et accomplir, à l'aide et plaisir de Dieu,
au bien et honneur des parties, au proffit d'icelles et de leurs subgez.
En voici la substance : I. Il a été avisé et délibéré que, attendu que les princes du sang et maints vaillants prudhommes qui étaient en. l'hôtel du Roi et près de lui pour le conseiller et aider, sont ou morts ou prisonniers, il est expédient et nécessaire que monseigneur de Bretagne et monseigneur de Savoie ensemble s'emploient entièrement à la direction du gouvernement, soit en personne quand ils le pourront, sait, en leur absence, par d'autres vaillants et notables prudhommes, en nombre suffisant, et que le Roi prenne et ait avec lui, en son hôtel, en son conseil et près de lui, des gens de messeigneurs de Bretagne et de Savoie, en nombre suffisant, qui, de concert avec les autres gens de son conseil, le conseilleront, et par l'avis et délibération desquels les affaires de son royaume seront traitées et conduites, an bien du Roi et de son royaume, de façon à ce que, au plaisir et à l'aide de Dieu, ses anciens ennemis soient expulsés du royaume. II. Ceux qui seront ainsi députés et placés en l'hôtel et au conseil du Roi devront prêter serment de bien et loyalement servir, conforter, conseiller et aider le Roi, et de s'employer de tout leur pouvoir, bien et loyalement, au bien, honneur et profit du Roi et du royaume. Le même serment sera prêté par ceux qui sont présentement dans le conseil et près du Roi. III. Ceux qui seront ainsi placés dans le conseil ou dans l'hôtel du Roi, seront tenus de signifier et faire savoir à messeigneurs les ducs les délibérations qu'ils prendront entre eux, mesmement sur le fait de la guerre, afin que messeigneurs les ducs puissent mieux pourveoir à ce qui sera necessaire pour le bien du Roy et de son royaume. IV. Il a été avisé et délibéré par messeigneurs les ducs que, sur les articles et chapitres de la paix pourparlez, escripts et baillez tant à Bourg-en-Bresse, en présence du duc de Savoie[150], qu'ensuite à Nantes, en présence du duc de Bretagne[151], messeigneurs les ducs, après que leurs gens auront été mis, ordonnés et députés pour être et demeurer en l'hôtel et au conseil du Roi, comme il est dit ci-dessus, ordonneront ce que bon leur semblera pour le bien de la dicte paix, en adjoustant, diminuant et eclairant, ou autrement, comme leur plaira, sur iceulx articles, et sera tenu, observé et mis à execution tout ce que par eulx sera dit et ordonné[152]. Le 7 mars, dans la prairie de Chinon, le comte de Richemont reçut solennellement, des mains du Roi, l'épée de connétable ; il prêta aussitôt le serinent accoutumé, rendit au Roi l'hommage lige, et jura de le servir contre toutes personnes[153]. Dans ses lettres patentes en date de ce jour, Charles VII déclare que, par défaut de chef principal sur le fait de ses guerres, de graves inconvénients se sont produits, et que, à son très grand déplaisir, le peuple a pu souffrir de plusieurs pilleries et autres oppressions ; que, voulant nommer à l'office de connétable quelqu'un qui puisse mettre dans l'armée tel ordre de justice que ce soit au bien du Roi et à la cessation de tous maux, et qui ait telle autorité, entreprise et vaillance que par son moyen et conduite ses affaires puissent estre bien conduites et adressées ; considérant que son très cher et amé cousin Arthur de Bretagne, comte de Richemont, par ses grand sens, industrie, prouesse, prudence et vaillance de sa personne, tant en armes que autrement, par la prochaineté du lignage et la maison dont il est issu, par la part glorieuse qu'il a prise à la journée d'Azincourt où il a été fait prisonnier, a toutes les qualités requises pour cet emploi ; — voulant, disent les lettres, ces choses lui reconnaître en honneur, bienfaits et autrement comme nous y sentons tenus, et, pour l'entière confiance que avons de lui, lui commettant et baillant le soin et charge de nos plus hautes affaires qui sont le fait et conduicte de nostre guerre, esperant que par son moyen et celuy des siens, qui sont grands et puissants, pourront estre faits à nous et à nostre dicte seigneurie tels et si profitables services que ce sera à perpetuelle memoire, au bien de nous et d'icelle nostre seigneurie et à la confusion de nos diz ennemis, — le Roi le nomme connétable de France et chef principal, après lui, de toute sa guerre, avec tous les honneurs, prérogatives, pensions et emoluments appartenant à sa charge, et avec les pouvoirs les plus étendus[154]. Deux jours après, le comte de Richemont était retenu au service du Roi, avec deux mille hommes d'armes et mille hommes de trait[155], et une assignation de douaire était faite à sa femme, la duchesse de Guyenne[156]. Si l'on examine les mens qui figurent au bas de l'acte du 7 mars, on constate l'absence de quelques-uns des plus marquants parmi les conseillers du jeune Roi. Ainsi en est-il pour le président Louvet, l'ancien chancelier Robert Le Maçon, le maréchal de la Fayette, le grand maitre des arbalétriers Torsay, l'amiral de Culant, le grand écuyer Frotier. Parmi ceux qui semblaient le plus menacés, nous en trouvons deux — le grand maître d'hôtel du Chastel, et le bailli Guillaume d'Avaugour — au nombre des signataires. Pour quelques-uns, la cause de l'abstention peut être fortuite ; pour d'autres, assurément, elle est intentionnelle. Est-ce un parti d'opposition qui se forme ? Le connétable va-t-il se trouver en présence d'un groupe hostile qui lui disputera la prééminence ? Nous pouvons, grâce à une pièce curieuse, publiée pour la première fois par M. Vallet de Viriville[157], nous faire une idée des intrigues qui s'agitaient. Nous allons reproduire cette pièce in extenso. On y verra, à côté de préoccupations intéressées, le légitime souci d'assurer la sécurité et l'indépendance du Roi ; on y trouvera en même temps une nouvelle preuve de la facilité singulière avec laquelle Richemont ne craignait point de s'engager par les serments les plus sacrés, quitte à faire, après coup, bon marché de ses promesses[158]. CE SONT LES CHOSES QUE MONSEIGNEUR LE COMTE DE RICHEMOND JURE ET PROMET AU ROY SUR LES SAINTS ÉVANGILES
DE DIEU, PAR LE BAPTESME QU'IL APPORTA DES SAINTS
FONTS, PAR SA PART DE PARADIS ET SUR SON HONNEUR, EN PRENANT L'OFFICE DE LA
CONNESTABLERIE DE FRANCE, TENIR, GARDER ET ACCOMPLIR ENTIÈREMENT SANS AUCUNE
FRAUDE OU MALENGIN, NE SANS SOUFFRIR PAR PERSONNE NE EN MANIÈRES QUELZCONQUES
VENIR A L'ENCONTRE DES DICTES CHOSES OU AUCUNES D'ICELLES, OULTRE ET
PARDESSUS LES SEREMENS ORDINAIRES TOUCHANT LE DIT OFFICE DE CONNESTABLE. Premièrement,
jure et promet que, pour quelconque chose qui puisse avenir, ne consentira en
manières quelconques, ainçois de tout son pouvoir l'empeschera, que la
personne du Roy soit nulle part qu'il y ait seigneur plus fort que le Roy,
mais sera toujours le Roy le plus fort, à son pouvoir, ou à tout le moins
aussi fort, s'il lui plaist ; et sera le Roy accompagné, en ce cas, de telles
gens comme il plaira au Roy. Item, jure et promet que, de tout son povoir, il aidera
à tenir la personne du Roy en franchise et liberté, en usant de sa seigneurie
franchement et pleinement en toutes choses, comme il a fait jusqu'à present. Item, jure et promet que les serviteurs du Roy, c'est assavoir messire Tanguy du Chastel, prevost de Paris, le president[159], le sire de Giac, Guillaume d'Avaugour et Pierre[160]..... aymera, soustiendra et portera, ne, pour quelconque chose qui soit, ne fera, fera faire ou consentira chose qui soit au dommaige de leurs personnes ne de leurs biens et estatz. Et pareillement feront serment de vouloir le bien de monseigneur le duc de Bretaigne et le pourchasser à leur povoir comme ils feroient le bien du Roy ; et avec ce le bien de mon dit seigneur le conte de Richemond, ainsi qu'il leur promet. Item, jure et promet que, pour quelconque paix traictée
ou à traicter, ne souffrera ne ne consentira, pour quelconque cas advenu,
l'eloignement des serviteurs du Roy dessus dis d'avecques le Roy, ne le
dispoinctement de leurs estatz, ainçois qui en parleroit empeschera la chose[161]. Item, des gens d'armes pour estre entour le Roy et
l'accompaigner, s'en rapportera au Roy. Item, le Roy lui baille la connestablerie en la forme et
comme ses predecesseurs. En
tesmoing desquelles choses, le dit monseigneur le conte de Richemond a cy mis
son seing manuel et y a fait mettre son seel, le vuto jour de mars, l'an mil
quatre cent vint et quatre. ARTUR. Tel était le pacte signé par le comte de Richemont le lendemain même du jour où il avait pris l'épée de connétable ; il comptait sur la raison d'État pour le délier de ses engagements. Le Roi s'empressa de faire part à ses bonnes villes de l'événement qui venait de s'accomplir ; nous avons les lettres adressées par lui, à la date du 11 mars, aux habitants de Tournai[162]. Mais déjà les députés envoyés par certaines villes avaient rendu compte de ce qui s'était fait à Chinon. Dès le 10 mars, on savait à Tours que les quatre articles remis par les ambassadeurs de Savoie avaient été approuvés par le Roi et par son Conseil, et que de tout le debat de la guerre et autres choses estoient chargez monseigneur le duc de Bretaigne et conte (sic) de Savoie ; enfin que le Roi s'était sobmis à toute leur ordonnance[163]. Dans une lettre du 23 au comte de Foix, détaché en même temps que Richemont du parti anglo-bourguignon, le Roi s'exprimait en ces termes, au sujet des négociations entamées : Selon que nos beaux frère et cousin de Bretaigne et de Savoye nous ont fait dire par leurs gens et ambassadeurs, nagueres envoies devers nous pour le fait du traité de paix, nous avons bien entencion que dedans tres brief temps se doyent pleinement declarer pour nous, et faire metre (sic)[164] ceste presente saison à nos ennemis, qui sera un grand confort et ressoursse à nostre fait. Et quant vous sués avec eulx, à telle puissance comme dessus est dit, joint vostre bon vouloir duquel nous tenons tous assertenés, nostre dit fait en vauldra beaucoup mieulx, et avons bien esperance que, quant nostre puissance sera ainsi conjoincte et mise ensemble, nous pourrons faire, ceste dicte saison, de plus grandes et profitables emprinses, à l'encontre de nos diz ennemis, que jusques cy n'a esté convenable de faire[165]. Le 30 mars, Charles VII écrivait encore aux Lyonnais que les choses étaient en bonne voie, et qu'une notable ambassade partait pour Montluel, où une nouvelle réunion devait se tenir le 16 avril, sous la présidence du duc de Savoie, de concert avec les ambassadeurs du duc de Bretagne[166]. Deux questions se présentaient et réclamaient une prompte solution : la première était la conclusion d'un accord avec le duc de Bourgogne permettant, soit de nédu.ire l'ennemi plus facilement, soit de traiter avec lui à des conditions acceptables ; la seconde, la réforme de l'armée, indispensable pour reprendre la guerre avec les Anglais et la pousser avec vigueur. Charles VII s'occupa aussitôt de ces deux questions : les négociations furent activement poursuivies ; quant à la réforme de l'armée, conformément aux engagements pris, le Roi, — par cri solennel, et en vertu de lettres patentes émanées de lui et du connétable, — donna ordre à tous capitaines de gens d'armes et de trait de se rendre à Selles, où le connétable devait présider à la réorganisation de l'armée[167]. En même temps — et sans doute conformément à un vote des États — on leva, sous forme d'emprunt, une somme de trente mille livres pour subvenir à la solde des gens d'armes envoyés aux frontières, et au licenciement des autres[168]. En attendant le rendez-vous assigné aux capitaines à
Selles, le connétable était retourné en Bretagne pour réunir ses gens de
guerre[169].
Tanguy du Chastel ne tarde pas à se rendre à Nantes, avec mission de
solliciter du duc de Bretagne une assistance armée[170]. C'est alors,
parait-il, que se dessinèrent nettement les exigences qu'on avait pris soin
de dissimuler jusque-là Quand Tanguy insista près du duc pour qu'il donnât
son appui au Roi, lui faisant observer qu'il y était tenu en plusieurs et diverses manières[171], Jean VI
répondit qu'il ne pourroit aider ni donner secours
au Roy, si préalablement, et avant toute œuvre, ceux qui avoient conseillé au
comte de Penthièvre de le prendre, lesquels estoient du conseil du Roy et en
son hostel, ne s'en alloient hors de son hostel[172] ; et il les
nomma[173].
D'un autre côté, Charles VII ne tarda pas à être informé par le duc de
Savoie, en réponse aux ouvertures faites à ce prince relativement à un
rapprochement avec le duc de Bourgogne et à une assistance armée, que
Philippe n'entendroit à aucun traité, sinon que
préalablement le Roy mist hors d'avec luy ceux qui avoient esté consentans de
la mort du feu duc de Bourgogne son père ; le duc de Savoie mettait la
même condition à l'appui qu'il était disposé à prêter au Roi[174]. Tout demeurait
donc en suspens. Le président Louvet, resté étranger aux dernières négociations, et qui, comme nous l'apprend le héraut Berry, voulait gouverner le Roi seul et pour le tout, et demeurer, malgré tous les seigneurs, maître du royaume et gouverneur en l'hôtel du Roi[175], n'attendit pas pour agir que ses ennemis se fussent déclarés ouvertement. Les personnages qui représentaient à la Cour l'influence du connétable, étaient l'évêque de Clermont, Martin Gouge, chancelier de France, et Jean de Comborn, seigneur de Treignac. Louvet s'empressa de les écarter du Conseil, ainsi que tous ceux qui s'étaient montrés favorables à l'alliance bretonne[176]. Dès le 18 mars, le grand écuyer Pierre Frotier fut nommé sénéchal de Poitou, en remplacement d'André de Vivonne, et reçut la charge de capitaine de Poitiers[177]. Le 28 mars, les sceaux furent enlevés à l'évêque de Clermont, et donnés à Regnault de Chartres, archevêque de Reims[178]. Loin d'appliquer, conformément aux conventions faites, l'emprunt contracté au paiement des capitaines, Louvet en retint une partie, et contremanda le rendez-vous donné à Selles[179]. Dans les premiers jours d'avril, il emmena le Roi à Poitiers, sous la garde du nouveau capitaine, et y fit venir les Lombards et les bossais ; ainsi que tous les gens de guerre qu'il put trouver[180]. Les deux conseillers disgraciés s'étaient rendus à Angers près de la reine de Sicile[181]. C'est là que Richemont les trouva, en se hâtant de revenir pour s'opposer aux menées de l'ancien familier de Yolande. Le connétable, ayant réuni ses troupes, s'avança en compagnie d'un grand nombre de seigneurs bretons, auxquels se joignirent bientôt de notables barons de Berry, de Poitou et d'Auvergne, qui, persuadés qu'il agissait pour le bien du royaume, vinrent se ranger sous sa bannière[182]. La situation devenait très tendue ; on pouvait craindre qu'aux maux qui affligeaient le royaume ne vint se joindre une guerre civile. Le Roi avait autour de lui, à Poitiers, le comte de Vendôme, le comte de Pardiac, le maître des arbalétriers Torsay, l'archevêque de Tours, l'évêque de Toulouse, le sire de Giac, Christophe d'Harcourt, etc.[183]. Il était, en outre, entouré de plusieurs chefs militaires, tels que le maréchal de Boussac et le sire de Valpergue, ayant sous leurs ordres les auxiliaires étrangers[184]. Par lettres du 17 avril 1425, le comte de Vendôme, qu'on voulait s'attacher d'une manière plus intime, fut nommé lieutenant général pour le fait de la guerre dans le comté de Chartres, la Beauce et le Vendômois[185] ; en outre le Roi obtint du comte un prêt de vingt mille écus d'or, pour la garantie duquel on lui engagea le comté de Chartres[186]. Le 7 mai, Frotier était retenu pour servir le Roi avec deux cents hommes d'armes[187]. Pendant que Charles était ainsi renfermé dans Poitiers, dont Louvet avait fait comme une citadelle, et qu'on se disposait à résister à main armée au connétable dans le cas où il se présenterait[188], la reine de Sicile arriva près de son gendre. Elle y était dès le 12 avril, et elle y resta jusqu'aux premiers jours de mai[189]. Que venait faire Yolande ? Sans doute combattre l'influence de son ancien serviteur le président Louvet. Cette intervention ne paraît avoir amené aucun changement dans la situation. Cependant le connétable, après avoir séjourné quelque temps à Tours[190], était venu, à la tête de forces imposantes, occuper Bourges. Richemont avait choisi cette ville comme une des plus notables du royaume. En effet, si Poitiers était le siège du Parlement, Bourges était le siège de la Chambre des comptes. Il y arriva dans le courant du mois de mai, et exposa publiquement l'intention qu'il avait de mettre à la raison celui que, dans une lettre aux habitants de Lyon, il appelait le mauvais traître président de Provence, et de le chasser de la compagnie et conversation du Roi, afin que celui-ci pût être en sa franchise et liberté[191]. Les habitants de Bourges n'hésitèrent pas à donner leur adhésion au connétable, et promirent de le soutenir de tout leur pouvoir. On lit crier dans la ville que tous ceux qui tiendroyent le parti du President, de Frottier et du seigneur de Giach, qualifiés de traîtres au Roy, eussent à évacuer Bourges dans un délai de quarante-huit heures[192]. Des lettres furent adressées à certaines villes — et eu particulier à Tours — par le connétable et par la reine de Sicile, qui ne tarda pas à le rejoindre, pour obtenir leur adhésion. Tandis que la reine de Sicile et le connétable agissaient
de la sorte, le Roi avait quitté Poitiers dans les derniers jours de mai, et
s'avançait en armes vers le Berry[193]. D'Issoudun, il
envoya un de ses secrétaires, Guillaume Dreux, aux habitants de Tours, pour
leur faire connaître ses intentions. Le député fut entendu le 2 juin par le
conseil de ville. Il exposa que le Roi voulait poursuivre le bien de la paix et union de son royaume dans les
conditions qui avaient été arrêtées à Chinon, et que c'était la chose dont il
désirait le plus la réalisation. Le Roi avait, dans ce but, envoyé au duc de
Savoie des ambassadeurs, et à la duchesse de Bourbon son propre chancelier. Dans peu de temps, dit Guillaume Dreux, la paix et union sera accomplie, et nous serons tout un, à
la confusion des Anglais ennemis de ce royaume. — Le Roi, ajouta-t-il, se propose
de se rendre d'Issoudun à Mehun-sur-Yèvre, vers la reine de Sicile sa
belle-mère, pour appointer avec elle sur aucunes choses qui ont été faites à
Bourges en son absence et à sa déplaisance ; il a eu d'ailleurs de très
bonnes nouvelles de Bourges. Dreux finit en demandant aux habitants de
se montrer vrais et loyaux sujets du Roi, de demeurer en son obéissance comme
ils l'avaient toujours fait, et de justifier ainsi la parfaite confiance que
le Roi plaçait en eux[194]. La réponse des habitants de Tours est un vrai chef-d'œuvre de diplomatie. Ils venaient justement de donner leur adhésion à la reine de Sicile et au connétable : comment répondre à la confiance du Roi ? Après délibération avec les seigneurs des églises, ils répondirent en ces termes : On remerciera le Roi d'avoir bien voulu faire savoir à la ville son bon vouloir et ses intentions ; les habitants seront toujours pour lui de vrais et loyaux sujets et obéissants ; jamais leurs intentions n'ont été à ce contraires. Plaise à maitre Guillaume le faire savoir au Roi leur seigneur, par lettres ou autrement, et qu'il plaise au Roi tenir la main à la paix et union de ce royaume[195]. Mais les Tourangeaux n'en furent pas quittes à si bon marché. Quatre jours après, un nouvel envoyé du Roi arrivait dans leur ville, et cette fois c'était un des principaux conseillers de la couronne qui était député vers eux : Simon Charles, conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du Roi, arriva à Tours le 6 juin, porteur d'une lettre close de son maître, et avec charge d'exposer verbalement la situation aux habitants. Le Roi, dit-il, a haut désir et parfaite volonté et intention d'arriver à la conclusion de la paix et de procurer l'union de son royaume, afin de faire cesser les pilleries et roberies dont le peuple est victime, chose qu'il souhaite avant tout. Pour poursuivre les négociations, il a naguère envoyé ses ambassadeurs vers le duc de Bourgogne, mais la conférence projetée a été renvoyée par le duc de Savoie au 22 juillet. Quant aux débats qui ont surgi entre le connétable et certains membres du Conseil royal, le Roi lui a donné mission de faire savoir que, grâce à l'intervention de la reine de Sicile, les choses seront sous peu si bien réglées que le peuple en sera tout joyeux. D'ailleurs, les conseillers en question ont demandé à être entendus par le duc de Bretagne, au sujet des accusations formulées par le connétable, déclarant que s'ils avaient fait chose qui fût à la déplaisante du connétable, ils étaient prêts, une fois leurs explications données, à la réparer ; que si, au contraire, ils avaient bien agi, on eût à les laisser, en paix. Le Roi, donc, conclut Simon Charles, vous prie, requiert et commande d'être pour lui de vrais et loyaux sujets, et de lui obéir comme à leur souverain, par le moyen de la reine de Sicile, duchesse de Touraine, et de recevoir en votre ville les officiers du Roi, comme vous l'avez fait au temps passé[196]. Cependant on avait appris à Bourges que le Roi marchait sur cette ville. C'est donc lui qui allait à la rencontre du connétable, et non, comme l'ont dit tous les historiens, le connétable qui poursuivait le Roi[197]. A Vierzon, où il se trouvait le 4 juin, Charles rendit une ordonnance importante, par laquelle il prescrivait de mettre le duc et la duchesse de Bourbon en possession du duché d'Auvergne et du comté de Montpensier[198]. Yolande, qui ne cessait d'agir près des habitants de Tours pour qu'ils ne reçussent dans leur ville ni le Roi ni aucun de ses gouverneurs[199], résolut d'intervenir pour empêcher à tout prix un conflit. Mais comment joindre le Roi ? Louvet faisait bonne garde autour de lui et écartait tous ceux qui auraient tenté de l'arracher à son joug. Le 8 juin, un envoyé de la ville de Lyon, venu à Bourges pour solliciter le connétable, écrivait au consulat que la reine de Sicile et le prévôt de Paris (Tanguy du Chastel) venaient de partir pour aller trouver le Roi, là, disait-il, où personne ne peut parler à lui[200]. Yolande parvint pourtant à pénétrer jusqu'à son gendre. Charles, au lieu de continuer sa marche sur Bourges et de prendre son logis à Mehun, avait rétrogradé vers la Touraine, et se trouvait à Selles. Le 12 juin, par lettres patentes données dans ce lieu, Béraud, comte Dauphin d'Auvergne, gouverneur du Dauphiné, et Jean Louvet, seigneur de Mirandol, étaient chargés d'aller conclure avec le seigneur de Saint-Vallier un arrangement définitif touchant l'affaire des comtes de Valentinois et de Diois. Le Président, auquel le Roi déclarait avoir de nouvel du tout baillié et commis le gouvernement et administration de toutes ses finances, tant du Dauphiné que des pays de Languedoc et duché de Guienne, avait même la faculté de conclure l'affaire à lui seul[201]. Cette mission de confiance, donnée en termes pompeux, avec des pouvoirs exceptionnels, cachait une disgrâce. Louvet, étourdi du coup, ne fit rien pour le parer : tout s'écroulait à la fois sous ses pieds : car si la reine de Sicile était venue lui déclarer qu'elle n'entendait plus qu'il volât de si haute aile[202], des symptômes significatifs lui prouvaient que toute résistance serait vaine. Le vide se faisait autour de lui ; toutes les bonnes villes, sauf Vierzon et Selles, lui fermaient leurs portes[203]. Il partit pour le Midi, accompagné de ses deux filles et de son gendre, le bâtard d'Orléans, qui pourtant, dit Berry, était de l'alliance des autres, mais auquel Louvet se fiait plus qu'en personne, et qui l'escorta jusqu'à Avignon[204]. Le 16 juin, le Roi adressait aux Lyonnais la lettre suivante : A noz chiers et bien amez les seneschal, cappitaine,
bourgois, manns et habitans de nostre ville de Lyon. DE PAR LE ROY. Chiers
et bien aurez, pour certains noz affaires, nous envoyons presentement en nos
pays de Languedoc et du Dauphiné nostre amé et feal chevalier, conseillier et
chambellan le seigneur de Mirandol. Et pour ce que, à ceste cause, lui
conviendra sejourner par dela, nous vous mandons que tout le bien, honneur,
plaisir et faveur que faire lui pourrez, vous lui facez ; et tellement qu'il
ait cause de s'en lœr à nous, et que, par ce lui faisant, paissons mieulx
congnoistre voz bonne voulenté et obeissance vers nous. Car nous vous
acertenons que en noz bonne grace et byenvueillance l'avons plus que nul de
noz autres plus notables officiers, et pour ce n'en vueillez faillir, sur le
service et plaisir que faire nous voulez. Donné
à Selles, le XVIe jour de juing. CHARLES. FRIBOIS[205]. Le duc de Bretagne s'était ému des résistances que rencontrait le connétable. Tandis que Louvet prenait le chemin du Midi, il écrivait de Nantes, à la date du 14 juin, aux Lyonnais, pour les mettre en garde contre les menées du président de Provence et de ses complices, gens de povre, bas et petit lieu, qui pour convoitise de gouverner et d'atirer à eulx les chevances du royaulme, et sans avoir égard an bien du Roi, faisaient contre son frère certaines manières d'entreprinses, en le voullant faire tuer et meurtrir, s'ils le pouvaient, et répandaient sur lui de faux bruits. Le duc, désirant de tout son cœur la conclusion de la paix, la conservation de la seigneurie du Roi, et la cessation des roberies, pilleries et vexations de peuple ; ne pouvant souffrir que tels desloyaux, qui n'enquèrent que le leur, gouvernassent ainsi le Roi, annonçait hautement qu'il faisait marcher ses gens en armes à l'encontre d'eulx et de leur mauvaistié et dampnable entreprinse, et qu'il s'emploierait au besoin en personne pour le bien du Roi et pour la paix[206]. Les habitants de Lyon, en voyant arriver le président de Provence, ne purent donc se méprendre sur le caractère de la mission qui devait le faire séjourner par delà. Ils furent d'ailleurs pleinement édifiés à ce sujet par une lettre que la reine de Sicile leur adressa de Poitiers, le 28 juin, à la réception de lettres écrites par les Lyonnais au Roi, à Yolande et au chancelier. Quant est du president et autres qui ont perturbé le bien de la paix, écrivait-elle, monseigneur le Roy les a, par nostre pourchaz et cellui de beau cousin le connestable, mis hors et separez de sa compaignie. Et depuis avons tant fait que, à l'aide de Dieu, les choses sont de present en très bons termes[207]. La reine de Sicile avait amené le Roi à Bourges[208]. Le connétable réunit aussitôt une assemblée, composée de capitaines, de nobles et de quelques représentants des bonnes villes, où il fit déclarer à Charles, de sa propre bouche, qu'il cognoissoit bien le mauvais conseil qu'il avoit eu au temps passé, et que dorenavant il se vouloit conduire par bon conseil, et faire tout ce que son beau-frère de Bretagne et son connestable lui voudroient conseiller. Le Roi, en présence de l'assemblée, recommanda ensuite au connétable de faire bonne justice, et de pourvoir à toutes ses affaires comme bon lui semblerait, ordonnant à tous de lui obéir[209]. Richemont paraît avoir donné au Roi, à ce moment, une garde spéciale, placée sous les ordres du sire de Treignac et de Christophe d'Harcourt : nous pouvons constater, par des lettres du 26 juin, qu'une distribution d'argent fut faite à ce corps d'élite[210]. Le même jour, ou le lendemain, Charles quittait Bourges,
en compagnie de la reine de Sicile. Il était le 28 à Poitiers. A cette date,
Yolande écrivit aux Lyonnais. Dans sa lettre, déjà citée, elle disait : Et en brief doit cy venir beau cousin le connes-table,
pour confermer, conclure et appoincter du tout le fait de la paix, et
ensemble aviser pour pourveoir aux choses necessaires au relevement de ce
royaume et union des seigneurs du sanc de mon dit seigneur, mettre sus
justice, et oster toutes roberies et pilleries[211]. Mais la reine
de Sicile avait beau dire que les choses étaient à présent en très bons termes, tout n'était pas fini entre le
Roi et le connétable. Charles avait vivement ressenti l'humiliation qui lui
avait été infligée à Bourges, et il se refusait à admettre Richemont en sa
compagnie. Gruel nous dit que, pendant le voyage de Bourges à Poitiers, tousjours tiroit le connestable de logis en logis après le
Roy[212].
L'appointement n'était donc pas encore fait.
Tandis que le Roi était installé à Poitiers, Richemont attendait à
Châtellerault. Le 30 juin, le conseil de ville de Tours envoyait un messager
à Poitiers, pour oir et savoir des nouvelles de par
delà du fait du Roy nostre dit seigneur, estant à Poictiers, et de monseigneur
de Richemont, connestable de France, à Chastellerault, que l'on disoit
briefvement aler oudit lieu de Poictiers, et estre avecques luy et en sa compaignie[213]. Dans une
lettre écrite de Châtellerault, le 9 juillet, aux habitants de Tours, le
connétable, exposant ce qui s'était passé, et comment, par le bon moyen et aide de haulte et puissante princesse
madame la royne de Secile, il avait pu venir à bout des troubles et empechemens mis à son entreprise, leur disait qu'il était venu, après le Roy, jusques à Châtellerault, où la reine
de Sicile et plusieurs membres du conseil avaient fait plusieurs voyages et ambassades de la part du Roi,
vers lequel lui-même avait envoyé[214]. Les pourparlers n'étaient point terminés quand, à la date du 5 juillet, fut rendue une ordonnance, au bas de laquelle figurent les noms de la reine de Sicile, du maréchal de la Fayette, du grand maître d'hôtel[215], de l'amiral de Culant, et du premier président[216]. Considérant que Jean Louvet, chevalier, seigneur de Mirandol, connu sous le nom de président de Provence, — lequel, pour certaines causes regardant le bien de paix et la reunion d'aucuns nos parens et vassaux, avait été récemment congédié — s'était rendu coupable, au préjudice de la couronne, des plus graves abus ; après grande et mure déliberation, et conformément à l'avis de sa très chère et très amée mère la reine de Sicile, du grand Conseil et du Parlement, le Roi déclarait, de sa certaine science et propre mouvement, révoquées et annulées toutes les lettres de pouvoirs données à Louvet, comme faites et obtenues contre son intention et volonté[217], et défendait à tous d'y obéir au cas où il voudrait s'en servir, faisant en même temps commandement à Louvet de remettre les pouvoirs et lettres en blanc restés entre ses mains, et de restituer les joyaux de la couronne qu'il détenait indûment[218]. Dans sa lettre du 9 juillet aux habitants de Tours, le connétable annonçait que, le lendemain 10, il devait, au plaisir de Dieu, se rendre à Poitiers[219]. Les choies ne tardèrent pas, en effet, à être arrangées[220]. On avait triomphé des dernières velléités de résistances du Roi : le connétable pouvait venir, car la mauvaise semence laissée par Louvet[221] avait été dispersée, et rien désormais ne devait entraver l'accomplissement de ses desseins. C'est lui qui présida, de concert avec la reine de Sicile, aux derniers arrangements relatifs au départ des conseillers disgraciés. Tanguy du Chastel avait, le premier, donné l'exemple du sacrifice. Dès qu'il avait su que l'on exigeait sa retraite, prenant une noble initiative, il avait spontanément déclaré que, bien qu'il n'eût été consentant ni de la mort du duc de Bourgogne ni de la prise du duc de Bretagne, à Dieu ne plût que, par son fait, un si grand bien que la paix entre le Roi et le duc de Bourgogne pût être empêché[222]. Loin de favoriser la folle tentative de résistance de Louvet, il était resté près de la reine de Sicile et du connétable, et il aida même, assure-t-on, à mettre hors ceux qui étaient désignés pour partir[223]. L'ancien prévôt de Paris fut nommé sénéchal de Beaucaire, et reçut, en prenant congé du Roi, un don de deux mille livres[224]. Frotier avait déjà résigné sa charge de grand écuyer, et s'était retiré en son hôtel[225]. Guillaume d'Avaugour, en sortant du Conseil, avait abandonné ses fonctions de bailli de Touraine : une pension lui fut assignée sur le revenu du grenier à sel de Tarascon[226]. Enfin, sacrifice plus pénible pour le Roi, son premier physicien Cadart, dont les soins assidus ne lui avaient jamais fait défaut depuis son enfance[227], dut également disparaître de la, scène ; il alla se fixer dans le Midi, d'où il ne devait plus revenir. Mais celui-là fut tenu, dit un chroniqueur, pour le plus avisé, car, — s'il faut en croire le bruit public, — il partit riche de vingt-cinq à trente mille écus[228]. Seul, un des personnages à l'égard desquels le connétable avait contracté les engagements mentionnés plus haut demeurait à la Cour, et il poussa même l'impudence jusqu'à contresigner les lettres rendues le 30 juillet en faveur de Tanguy du Chastel : c'était le sire de Giac. Richemont l'avait pourtant dénoncé publiquement à Bourges, avec Louvet et Frotier, comme traitre au Roi[229]. Mais Giac était un habile homme. Cet ancien familier du duc de Bourgogne Jean sans Peur était devenu l'un des favoris de Charles VII, et il avait si bien su s'emparer de la confiance de son maître qu'on le regardait comme un homme indispensable. D'ailleurs ses anciennes attaches avec le parti bourguignon ne déplaisaient point à Richemont. Le maintien de Giac à la Cour avait été un des points importants des négociations de Châtellerault : le héraut Berry nous dit que l'accord entre le Roi, le connétable et de la reine de Sicile se fit, pourveu que le sire de Giac demoureroit au gouvernement du Roy, en la, place du dit president de Provence[230]. Déjà à partir de 1422, le Roi avait pour ainsi dire abdiqué entre les mains de Louvet. C'est comme une nouvelle abdication, plus complète et plus humiliante, qui s'opère en 1425 au profit de Richemont. Le Roi doit s'effacer devant le connétable ; il a été contraint de déclarer publiquement que, dans le passé, il avait été mal conseillé, et que désormais il voulait s'en rapporter en toutes choses à son connétable, sans l'avis duquel il ne ferait rien. Politique, guerre, administration, finances, tout est entre les mains de ce nouveau maire du palais : Charles VII n'est pour ainsi dire qu'un roi fainéant, n'ayant plus même la liberté du choix de ses familiers ! L'accommodement fait, il s'agissait de le faire connaître au pays, et de rendre l'opinion favorable au gouvernement du connétable. Ce fut l'objet de la circulaire suivante, adressée évidemment, avec quelques variantes, à plusieurs bonnes villes, et qui, chose digne de remarque, ne porte point la signature du Roi, mais seulement celle d'un secrétaire. A nos chiers et bien ames les conseillers, bourgoys,
manans et habitans de Lyon. DE PAR LE ROY. Chiers
et bien amez,.nous avons mandé venir devers nous, en nostre ville de
Poictiers, nostre tres chere et bien amée mere la Royne de Secille, et nostre
tres chier et amé cousin le conte de Richemont, connestable de France, avec
plusieurs autres de flostre sangt et lignage, et des prelas, barons et autres
notables personnes de nostre royaume ; et par leur adviz et deliberacion
avons fait certain ordonnance et advis sur le fait de la guerre et sur la
provision de faire cesser les pilleries et remettre justice sus, affin que
marchandise puist avoir cours. Pour lesquelles choses et autres, touchant
grandement le bien de nous et de nostre seigneurie, dire et exposer à vous et
aux autres gens des troys Estas de nostre pais de Lionnois, envoirons
briefment aucuns de noz conseilliers. Si voulons et vous mandons expressement
que vous envoiez deux ou troys de votes en nostre dicte ville de Lion, qui y
soient au xii0 jour d'aoust prouchain venant, et que en ce ne failliez, si
cher que nous desirez complaire et que amez le bien de nous et de nostre
seigneurie. Donné
à Poictiers, le XXVe jour de juillet. VOUSY[231]. Mais cette circulaire ne suffisait pas pour les villes qui n'avaient point connu tous les incidents, et qui, trompées par de faux bruits, pouvaient être ébranlées dans leur fidélité. Les archives de Tournai nous fournissent une lettre, en date du fer août, beaucoup plus étendue, et dont il convient de reproduire ici toute la première partie. DE PAR LE ROY. Chiers
et bien amez, pour ce que nous savons veritablement que tousjours estes
desirans, joyeux et bien confortez de savoir de noz bon estat et santé la
certaineté, et que de tous voz cuers et affections desirez la prosperité de
noz affaires et seigneurie, nous vous signifions que, la mercy Nostre
Seigneur, nous sommes en bonne santé de nostre personne ; aussi sont nostre
tres chiere et tres amée compagne la Royne, et nostre tres chier et tres amé
filz le Daulphin. Vous faisons aussi savoir que devers nous sont nostre tres
chiere et tres amée mere la Royne de Secille, beaux cousins Charles de
Bourbon, conte de Clermont, le conte de Richemont, connestable de France, Richart
de Bretaigne, conte d'Estampes, les contes de Vendosme et de Harecourt, et
plusieurs autres de nostre sang et lignaige, plusieurs eelaz, presque tous
les barons et autres grana seigneurs, chevaliers et autres nobles, en bien
grant nombre, tant de Bretaigne comme des autres pais à nous obeissans ; et
de jour en jour attendons la venue de beaux cousins le conte de Foix, le
comte de Perdriac, le sire de Lebret, lesquels sont sur chemin à venir devers
nous, à grant puissance de gens d'armes et de trait. Et sont les choses par
deça si bien appoinctées, par la grue de Nostre Seigneur, que de present n'y
a aucun trouble en nostre fait, ne division entre nous et les diz seigneurs
de nostre sang, ne autres barons, nobles et bonnes villes de notre dicte
obeissance, ains est tout en bonne union et concorde, et à nous bien
obeissant. Vous
signifions en oultre que, par l'advis des dessus dis, avons et aurons devers
nous continuelement doresenavant de ceulx,de nostre sang, des prelaz, barons
et grana seigneurs et gens de conseil, en grant et bon nombre, et des autres
de nostre royaume, de tous pals, tous nos subgiez, preudomes et loyaulx, pour
nous acompaignier et astre entour nous, pour la garde de nostre personne et
conduit de noz affaires. Et avons esloingné d'entour nous aucuns qui
s'estoient efforciez d'empescher la paix et union de nostre royaume, ainsy
comme avons esté informez, et n'estoit pas bien convenable chose qu'ilz
feussent plus devers nous ne en nostre service. Avons aussi, par l'adviz et
conseil des dessus diz, appoinctié du fait de nostre guerre et de noz autres
affaires, jusques à pourveoir au seurplus à l'assemblée des trois Estas de
nos pais de Languedoyl et de Languedoc, que nous mandons au mois d'octobre
prochainement venant. Et, entre autres choses par nous advisées et
appoinctées, en les executant, envoyons solennele et grant ambassade devers
beau cousin de Savoye pour le traictié de paix, de laquelle nous avons bien
bonne esperance, attendues les ouvertures qui desja en ont esté faictes et
pourparlées ; et par nous ne demourra que paix ne soit... Donné
en nostre chastel de Poictiers, le premier jour d'aoust. CHARLES. MALLIÈRE[232]. De son côté, le connétable prit la plume. Il avait déjà par lettres des 10 et 25 mai et du 2 juin, mis les habitants de Lyon — et ceux-ci ne furent pas seuls à jouir de ce privilège — au courant des événements. Il continua à leur faire part de ce qui se passait. Dans une lettre datée de Poitiers, le 28 juillet, après leur avoir demandé l'argent dont il avait un pressant besoin, il arrivait aux informations politiques : Des nouvelles de par deça : nous, beau-frère d'Estampes et les barons de Bretaigne, Poictou, Berry, Auvergne et plusieurs autres sommes venuz tous ensemble devers Monseigneur le Roy, lequel nous-a tres joieusement receuz, et a donné congié à tous les serviteurs du President qui estoient autour de lui. Et se Dieu plait, les besoingnes se appoincteront si bien que ce sera le prouffit de mon dit seigneur et de tous ses bons subgez, et le relievement de sa seigneurie[233]. Une autre lettre, inédite comme la précédente, et également adressée aux habitants de Lyon, va achever d'éclairer la situation. A nos tres chiers et bien amés les gens d'eglise,
nobles, bourgois et habitans du pais de Lyonnois. Tres
chiers et bien amez, il a pieu à Monseigneur le Roy mander par devers lui
madame la Royne de Secile, nous, et plusieurs autres seigneurs de son sang et
lignage, et autres barons et seigneurs de son royaume, en tres grant nombre,
par l'advis et deliberacion desquelx mon dit seigneur le Roy a ordonné, pour
faire cesser les pilleries et roberies qui à present sont sur ses subgez,
toutes gens,d'armes et de trait estans sur les champs estre mis et tirés ès
pais de frontière, et avec ce certaines autres grans provisions pour le fait
de sa guerre et recouvrement, de sa seigneurie, et mander et assembler les
gens des trois estas de son obeissance, tant de Languedoil que de Languedoc,
estre par devers lui le premier jour d'octobre prouchain venant en la ville
de Poictiers. Et esperons que es affaires du Roy et de son royaume sera mise
cy bonne provision que tous en serez joyeux. Et desja, la mercy Nostre
Seigneur, sont les choses en tres bonne diaposicion ; et pour pourveoir aus
dictes choses et autres grans charges qu'il a à present à soustenir, jusques
à la dicte assemblée des trois estas, a ordonné certain aide estre levé sur
ses subgez, le moindre que on a peu adviser. Et pour ce que mon dit seigneur
le Roy nous a baillé la charge du fait de sa guerre et de faire vuider et
cesser les dictes pilleries, en quoy nous entendons emploier de toute nostre
puissance, et y donner, à l'aide de Nostre Seigneur, provision convenable,
se, par deffault d'avoir la finance que pour ce faire mon dit seigneur nous a
ordonné, n'éstions empeschié, nous vous prions tres acertes qu'e, le plus
brief que faire se pourra, vous laciez que la somme que pour votre part et
porcion du dit aide vous est imposée, soit cueillie et levée, et que en ce ne
faciez aucun delay, afin que briefment nous puissons faire vuider et cesser
les dictes pilleries, qui tant sont à charge et destruction de vous et
d'autres bons subgez de ce royaume. Très
chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Poictiers,
le penultiesme jour de juillet. Le comte de Richemont, connestable de France, ARTUR. DIJON[234]. Les habitants de Lyon reçurent bientôt une convocation pour la réunion des États de toutes les provinces de l'obéissance du Roi, qui devait se tenir à Poitiers le ter octobre. Deux lettres du Roi, non signées, et identiques, sauf quelques variantes de peu d'importance, leur furent envoyées à la date du 31 juillet[235]. En même temps, les Lyonnais reçurent deux autres lettres, l'une du vicaire de l'archevêque de Reims, chancelier de France[236], l'autre du connétable, en réponse aux lettres écrites par eux à la nouvelle du renvoi du Président. Voici le texte de la seconde : A nos tres chiers et bons amis les bailli,
conseilliers, bourgoys et habitans de la bonne ville de Lyon. Tres
chiers et bons amis, nous avons pieça receu vos lettres par la Barbe, porteur
de cestes, par lesquelles avons sceu vostre bon vouloir, de quoy vous
mercions ; et pour ce que savons qu'estes desirans de souvent oyr des
nouvelles de par deça, veuillez savoir nos beaux freres d'Estampes et de
Porhœt, ensemble les barons et seigneurs de Berry, d'Auvergne, de Poictou,
Bretaigne, et plusieurs autres en tres grant nombre, sommes en conclusion,
après plusieurs troubles, venuz à Poictiers devers monseigneur le Roy, lequel
nous a recueilliz et receuz tres joyeusement, faisant tres bonne chiere, et
par son commandement et ordonnance a fait vuidier et mettre hors de son
hostel aucune mauvaise semence que le Presidant y avoit laissée, cougnoissant
clerement le mauvais gouvernement qu'il a eu par cy devant, telement que,
Dieu mercy, les choses sont à present en tres bons termes ; dont nous devons
touz estre lyez et joyeux, ayant esperance qu'elles continueront tousjours de
bien en mielx. Pourquoy ce veant mon dit seigneur, et que presentement il lui
convient adviser au recouvrement de sa seigneurie, mande presentement les
trois estaz de son royaume, à certain jour, comme pourrez savoir par ses
lettres que sur ce vous envoye, auquel jour vous prions bien acertes que de
vostre part n'y veuillez faillir. En attendant laquelle journée, pour
pourveoir à ce qui est neccessaire, tant pour le fait de l'estat de mon dit
seigneur comme pour le fait de sa guerre, se met sus presentement un aide, le
plus legier que faire se peut, ainsi que pourrez pleinement savoir par les
lettres que mon dit seigneur sur ce vous escript[237], à quoy vous prions aussi que de vostre part
veuillez mettre bonne diligence, comme povez savoir que besoin en est, en
vous acquittant et demonstrant tousjours la loyaulté et le bon vouloir que
avez eu au bien de mon dit seigneur, dont vous estes moult à louer et
recommander ; et veuilez tenir pour excusé le dit porteur, lequel nous bailla
voz lettres adreçans à monseigneur de Bretaigne, lesquelles nous lui
envoyasmes, et l'avons tousjours fait demourer pour vous porter la verité et
certaineté des dictes nouvelles. Si nous faictes savoir des vostres, ensemble
se chose voulez que puissons, et nous la ferons de bon cuer. Tres chiers et
bons amis, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript
à Poictiers, le tiers jour d'aoust. Le
conte de Richemont, connestable de France, ARTUR. GILET[238]. L'arrivée aux affaires du connétable allait entraîner un changement complet dans la direction politique. On s'en aperçoit au ton même de la correspondance du Roi avec ses bonnes villes, qui offre, ce nous semble, un frappant contraste avec les lettres que nous avons rencontrées jusqu'ici. Voici les dernières lignes d'une lettre aux habitants de Lyon, en date du 31 août : Nous vous mandons et expressement enjoignons et commandons que, tous excusacions cessans, et sur quanques amez le bien et conservation de nous et de nostre royaume, et sur paine d'encourir nostre indignacion, que sans delay vous paiez au receveur sur ce ordonné, entierement et sans diminucion, la dicte somme de six mil cinq cens livres tournois, en vous deffendant que pour ce ne venez ne n'envoyez devers nous, car aucun rabaiz ne delay n'en obtendrez de nous, veue la dicte necessité[239]. Pendant le séjour du comte de Richemont à Poitiers, plusieurs mesures significatives furent prises. La duchesse de Guyenne, sa femme, reçut pour son douaire les villes de Chinon, Montargis, Gien et Dun-le-Roi[240]. La Reine, à laquelle on enlevait Chinon, eut, à titre de douaire, une nouvelle assignation de vingt mille livres de rente[241]. La reine Yolande, qui ne méprisait pas les avantages temporels, se fit donner, sa vie durant, la baronnie et les terres de Cauvisson et Massillargues, réunies depuis peu au domaine[242]. Son fils, Charles d'Anjou, reçut en apanage le comté de Mortain, enlevé au bâtard d'Orléans[243]. Le duc d'Alençon fut aussi l'objet des faveurs royales[244], ainsi qu'un seigneur breton de la suite du connétable, Alain de Rohan, comte de Porhoet, qui reçut, avec le titre de chambellan, une pension de trois mille livres[245]. Enfin les sceaux furent rendus (7 août) à Martin Gouge, évêque de Clermont. Regnault de Chartres eut, en dédommagement, une pension de 2.500 livres[246]. Tout en résignant ses importantes fonctions, l'archevêque de Reims demeurait un des conseillers les plus influents : ses richesses lui permettaient de faire des avances au trésor[247] ; et parmi les chambellans du Roi, honorés des libéralités royales, figurait un puissant seigneur, le sire de Villars, de la maison de Lévis, devenu le neveu de l'archevêque par une alliance contractée avec Isabeau de Chartres[248]. Le connétable quitta Poitiers le 10 août[249]. Cinq semaines plus tard (18 septembre)[250], le comte de Foix y arriva. Ce fut un événement que la venue de ce haut baron du Midi, tour à tour Français, Anglais et Bourguignon, devenu enfin le serviteur fidèle de Charles VII, et qu'accompagnait une brillante escorte de chevaliers et d'hommes d'armes. Les Gascons étaient destinés à remplacer les Écossais, dont le contingent, affaibli par la guerre, ne pouvait plus être augmenté : déjà la renommée de leurs tristes exploits avait jeté l'effroi parmi les populations, trop habituées aux excès d'une soldatesque indisciplinée. On fit grande fête au comte, et le lendemain de son arrivée, la Reine étant accouchée d'un fils, l'enfant — qui d'ailleurs n'était point à terme et ne vécut que quelques heures — reçut en son honneur le nom de Jean[251]. Dans le courant du mois de juillet, le Roi avait envoyé au duc de Bretagne Robert Le Maçon, Jean de Craon, seigneur de la Suze[252], et d'autres ambassadeurs, pour lui faire savoir officiellement qu'il avait congédié ceux de ses anciens serviteurs qui avaient été mêlés au complot des Penthièvre, et pour le requérir de remplir son devoir de prince du sang. Le duc convoqua aussitôt ses États, qui, dans une réunion tenue le 16 septembre[253], furent unanimes à lui conseiller d'adhérer pleinement au Roi. Le héraut Berry, qui accompagnait les ambassadeurs, assista à la séance où cette décision fut prise ; il fut chargé de porter à Charles VII la lettre où était consignée la délibération, et où le duc demandait qu'il pleut au Roy de tirer sur la rivière de Loire, entre Angers et Tours, au lieu où il lui seroit le plus plaisant, et que là il viendroit devers lui[254]. Le lieu du rendez-vous fut fixé à Saumur. Le connétable vint prendre le Roi à Poitiers (25 septembre), où il ne passa qu'une nuit[255], et le mercredi 3 octobre Charles VII fit avec lui son entrée à Saumur. A une lieue de la ville, il trouva la reine de Sicile et le duc de Bretagne, qui s'étaient portés à sa rencontre. Le Roi embrassa le duc par deux fois, et les princes se firent la plus grande chère du monde[256]. Charles logea au château, où, le lendemain, Jean VI vint l'entretenir des graves affaires qui restaient à résoudre. Le vendredi 5, vers dix heures, le Roi entendit ses deux messes. Le duc y assistait, et l'on fut vivement ému de le voir porter au Roi l'offrande et la paix[257]. Un nouveau conseil fut ensuite tenu, où il y eut, d'après un témoin oculaire, de beaux et notables parleis, à l'onneur et prouffit du Roy et de son royaume[258]. Les 5 et 6 octobre, on tint deux conseils par jour. Ce qui n'empêcha pas les divertissements et les fêtes. Le 4, dans l'après-midi, le Roi eut la visite de Madame de Guyenne, logée avec son mari à l'abbaye de Saint-Florent, à quelque distance de la ville. Le comte de Clermont et plusieurs autres seigneurs allèrent à sa rencontre, et elle fut reçue dans la cour du château par la reine de Sicile. Ce fut entre les deux princesses un assaut de politesses, aucune ne voulant passer la première ; enfin elles se dirigèrent, en marchant de front, vers la grande salle, où le Roi, s'avançant jusqu'à la porte d'entrée, fit à la duchesse l'accueil le plus gracieux. Après avoir devisé longuement avec le Roi, Madame de Guyenne se retira, reconduite avec le même cérémonial qu'à l'arrivée. Le lendemain, Charles VII lui rendit sa visite à l'abbaye de Saint-Florent, où, pour célébrer la venue du Roi, il y eut des danses et des chants[259]. Cette fête de Saint-Florent fit un peu diversion aux sombres pensées qui devaient agiter l'esprit du Roi, quand il comparait à l'entrevue de Saumur celle que, quatre ans auparavant, il avait eu à Sablé avec le duc de Bretagne. Quel chemin parcouru du 8 mai 1421 au 7 octobre 1425 ! On était alors au lendemain d'une brillante victoire, et l'on se croyait assuré de chasser les Anglais de la Normandie ; le duc de Bretagne n'hésitait, point à prendre l'engagement de chérir et d'honorer le jeune Régent, de lui complaire en toutes manières comme il y était tenu, et de lui donner, aide, confort et secours, sans rien épargner. Mais la fortune a tourné ; les mauvais jours sont revenus ; après des échecs successifs, il a fallu, pour ainsi dire, renoncer à la lutte. Aussi les alliés mesurent maintenant leurs prétentions à la faiblesse de la royauté : ils demandent tout, parce qu'ils savent qu'on est impuissant à leur rien refuser. Les traités signés à Saumur jettent une triste lueur sur la situation. Le premier est une lettre patente du duo de Bretagne, en date du 7 octobre, dans laquelle il expose : qu'il est venu vers le Roi à cause des nécessités où celui-ci se trouvait et qu'il lui avait exposées, soit par ses lettres, soit par ses ambassadeurs, se confiant à lui comme à son plus proche ; que le Roi lui a dit et fait dire qu'il voulait dorénavant, en ses affaires personnelles et en ce qui concernait le royaume, se laisser gouverner par lui et suivant son conseil ; qu'il a appelé l'attention du Roi sur certains points qui lui paraissent nécessaires et profitables pour son bien et celui de sa seigneurie, et qu'il lui a conseillé, entre autres choses, de se mettre en son devoir pour réduire et rallier à lui ceux de son sang, et principalement le duc de Bourgogne, par le moyen duquel, si c'était le plaisir de Dieu que le Roi le réduisit à son aide, beaucoup de pays pourraient rentrer dans l'obéissance ; que, pour arriver à faire au duc de Bourgogne des offres convenables, on devait prendre pour base les articles rédigés par le duc de Savoie (en janvier 1425) et adoptés en principe par le Roi à Chinon, et que, si quelque difficulté survenait, le Roi voulût bien s'en remettre au duc de Savoie et à lui ; que, d'autre part, pour remplir son devoir envers Dieu et sa conscience, il était bon que le Roi fit des offres raisonnables aux Anglais, afin que la guerre pût être suspendue, et qu'il s'en rapportât, à cet égard, à l'avis du duc de Bretagne ; qu'il lui plût également d'abandonner au duc le gouvernement des finances dans les pays de Languedoil, pour les faire employer au 'fait de la guerre, pour le bien de lui et de son royaume, sauf en ce qui serait réservé au Roi pour son état et qu'il devrait tellement restreindre que le surplus suffit à maintenir la guerre ; car, disait le duc, le dit maintien et l'expulsion de ses ennemis, avec le recouvrement de sa seigneurie, est son plus grand et haut état ; que deux généraux des finances devraient être nommée, l'un par le Roi, l'autre par le duc, lesquels ne pourraient rien faire sans un accord mutuel, et que, en cas de contestation, ils s'en rapporteraient au duc ou au connétable en son absence ; qu'enfin les finances ainsi ordonnées pour le fait de la guerre seraient levées et perçues par un trésorier général, qui les distribuerait de la manière susdite. Le duc déclare ensuite que le Roi a eu ces articles et requêtes pour agréables, et qu'il a promis et juré de les tenir fermement et en parole de Roi, sans venir à l'encontre. En conséquence le duc, voyant le bon vouloir du Roi, et considérant les offres, octrois et promesses susdites, promet en parole de prince de secourir le Roi contre les Anglais ses ennemis, et de l'aider à les expulser de son royaume, à notre pouvoir, dit-il, tout au mieux que faire le pourrons, nous tenant mon dit seigneur le Roi et accomplissant de sa part les points dessus-dits. Enfin le duc constate que le Roi et ceux de son sang, savoir les comtes de Clermont, de Foix et de Vendôme, le sire d'Albret, le comte de Comminges et le sire d'Orval, ont promis de l'assister contre les Anglais, s'ils voulaient lui faire la guerre, et aussi contre ses ennemis Olivier et Jean de Blois, et leurs complices[260]. A son tour le Roi, reproduisant textuellement les lettres du duc, déclare en avoir le contenu pour agréable, et jure et promet, en parole de Roi, qu'en tout ce qui le touche il l'observera, et qu'il aidera le duc contre les Anglais et contre les Penthièvre, moyennant l'accomplissement des choses promises[261]. Pareille déclaration et pareil serment furent faits dans des lettres du même jour, signées par le comte de Clermont, le comte de Foix, le comte de Vendôme, le sire d'Albret, le comte de Comminges et le sire d'Orval[262]. Charles VII, après avoir reçu l'hommage du duc de Bretagne, qui jura de lui être vrai et loyal sujet, et de le servir de corps et de chevance[263], quitta Saumur. Il fut accompagné jusqu'à une lieue de la ville par le duc de Bretagne et ses deux frères. Les Noëls qui avaient retenti à ses oreilles, à l'occasion du traité[264], n'avaient pour lui rien de réjouissant, et ce n'est point sans de sombres pressentiments qu'il s'acheminait sur une route où il était contraint de mesurer son pas sur celui de son vassal, et où aucun de ses actes ne devait plus être ni libre, ni spontané. Nous croyons n'avoir pas été trop loin en prononçant le mot d'abdication. Désormais la réalité comme la responsabilité du pouvoir passent aux mains du connétable de Richemont et de ses créatures, instruments d'un parti dont le duc de Bretagne est le bras, et dont le duc de Bourgogne va devenir la tête, s'il lui plaît d'accepter le rôle qu'on lui réserve. |
[1] Monstrelet, t. IV, p. 130. Cf. Jouvenel, p. 398 : Il en fut moult couroucé et desplaisant, et non sans cause, si qu'à peine le pouvoit-on appaiser. Voir aussi Jean Chartier, Chronique latine, dans le Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1857-58, p. 222, et dans l'édition de la Chronique française, t. I, p. 12, et Raoulet, t. III, p. 173.
[2] C'est ce qui est établi, de la façon la plus irréfragable, par le Compte de l'écurie du Dauphin (Archives, KK 53, f. 153 v°). Dans des lettres de Charles VII, datées de mai 1430, on avait pu lire depuis longtemps (Ordonnances, t. XIII, p. 156) : Et aussi que nostre avenement à la couronne, dont nous eusmes les nouvelles en nostre dicte ville et lieu de Mehun... Ce qui n'a pas empêché la plupart des historiens, et en particulier M. Henri Martin, de placer le fait à Espally. Ceux qui ont écrit d'après les sources originales n'ont point commis cette erreur. Voir en particulier Levesque, la France sous les cinq premiers Valois (1788), t. III, p. 2.
[3] Vendredy XXXe jour dudit moiz d'octobre mil IIIIc XXII, ouquel jour mon dit seigneur le Regent print nom de Roy, audit lieu de Mehun sur Yèvre. Archives, KK 53, f. 153 v°. Le titre de régent est donné à Charles, pour la dernière fois, le 24 octobre, dans les Registres du Parlement de Poitiers. Archives, X1a 9197, f. 149.
[4] Monstrelet, t. IV, p. 130.
[5] Archives de Tours, Registres des délibérations, vol. II, f. 11 v°. — Un grand nombre d'historiens, adoptant sans-contrôle le témoignage de Monstrelet (t. IV, p. 131), ont prétendu que Charles VII se rendit à Poitiers aussitôt après son avènement, et que c'est en cette ville qu'il fut proclamé Roi ; on a même ajouté (Hist. de Bourgogne, par D. Plancher) qu'il s'y fit sacrer. Or, Charles VII ne fit son entrée à Poitiers comme roi qu'en 1424, vers le 5 août.
[6] Lequel list moult grant deuil du decès de son pero, avec plusieurs seigneurs et ses gouverneurs comme dessus list faire le service moult honnorable et prières devotes par toutes les eglises de son obeissance. Raoulet, l. c., p. 173. Cf. Cousinot, p. 189, n° 2, et Quatrième compte de l'hôtel, Ms. fr. 6749, f. 2.
[7] Nec mora : perseqtrendo maxima cum comitiva, quod sibi incumbebat perempcioribus (sic) modo et forma quibus ex consilio sapuit. Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1857-58, p. 223.
[8] Raoulet, l. c., p. 174.
[9] Voir ci-dessus, chapitre premier. — Il y a dans la Collection de Bourgogne (vol. 70, f. 4), un document qui montre la conviction où l'on était alors que les Bourguignons ne tarderaient point à se rallier à la cause royale.
[10] L'an 1455, après ce que le Roy Henry d'Engleterre fut mort... le Roy Charles et ses gens Dirent joyeulx, et cuidèrent bien estre au dessus de leur guerre. P. de Fenin, p. 196. — Cordibus animisque utrobique gaudio regenerati, in quampluribus partibusque bellicose se cerlare decreverant. Jean Chartier, l. c., p. 230.
[11] Hollingshead, p. 585.
[12] Toutefois est son intention, selon la commune renommée, au plaisir de la benoite Trinité et de Nostre Dame, et aussy à l'aide de sa très noble chevallerie et au moyen de la conduicte de son bon conseil, de conquerir son droit paternel et dedens brief temps de expeller ses dits ennemis, et de mettre telle et si bonne police en son dit royaulme que son peuple vivra en bonne paix soubz luy. Jean Chartier, texte français, t. I, p. 56-27.
[13] Jean Chartier, p. 30 ; Raoulet, p. 174.
[14] En particulier à Paris, au mois de décembre 1422 (voir chapitre premier), et à Reims (poursuites contre Guillaume Prieuse, supérieur des Carmes ; voyez Varin, Archives de Reims, partie législative, t. III, p. 114). Traduit devant Jean Cauchon, lieutenant du capitaine, il répéta ce qu'il avait dit avec un patriotique courage : Onques Anglois ne fut Roy de France ; ne encore ne sera jà !
[15] La situation se dessina dès le surlendemain de la mort de Charles VI. Par une lettre missive, datée de Rouen le 23 octobre, et qui fut sans doute envoyée à toutes les bonnes villes (nous avons la copie de celle adressée aux habitants de Saint-Quentin), le duc de Bedford s'exprimait en ces termes : ... Et pour ce que au Roy Henry nostre souverain seigneur appartient les deux royaumes de France et d'Angleterre, selon le Contenu en la paix faicte entre les deux rois et jurée par vous et les autres bons et loyaulx subgez, nous vous exhortons et requerons que tousjours comme vous avez fait vous vueilliez continuer en bonne union de bien en mieulx en la vraye obeissance de mondit seigneur le Roy et de sa justice, et enhortez à ce faire partout où vous verrez qu'il sera expedient. Copie, dans la collection Moreau, 248, f. 32.
[16]
Histoire des neufs roys Charles de France. Paris, 1568, in-fol., p. 293.
[17] Archives, KK 53, f. 140 v°.
[18] Archives, KK 53, f. 128 et 161 v°-62.
[19] Archives, KK 53, f. 163 et 163 v°.
[20] Archives, KK 53, f. 161 et 163.
[21] Archives, KK 53, f. 161.
[22] Il est question de cette armée, de nouvel mise sus, dans des lettres du 31 juillet 1423, et cela coïncide bien avec les retenues des 20-21 juin (Catalogue des actes). Un rendez-vous avait été assigné aux troupes royales pour les premiers jours de mai (Extrait des registres des consaux de la ville de Tournai, t. II, p. 28). On a une lettre par laquelle le sire de Moy, conseiller et chambellan du Dauphin, et Jean de Proisy, son écuyer d'écurie, gouverneur et capitaine de Guise, ayant pleins pouvoirs de Charles, écrivent aux habitants de Saint-Quentin pour les presser de se rallier à l'héritier légitime de Charles VI. Vous savez, disent-ils, que, de droit et raison, la couronne, seigneurie et domaine de ce royaume appartient et doit appartenir à nostre très redoublé seigneur Mgr le Regent le Royaulme, Daulphin de Viennoiz, et non à autre... Nous, considerant que tout estre mué en autre qualité par le moyen dudit trespas, et que, pour relever ledit Royaulme et ses subgiez d'icelluy de la misère, dangier et pauvreté là où long temps a esté et est à present, il est pure necessité et teins acceptable de ce faire de bon cœur, de honneur humain ayant Dieu et raison en soy et aimant ronfleur et le bien de la couronne et seigneurie de France, se doit esmovvoir et retourner par devers mondit seigneur le Daulphin, et lui recongnoistre et advouer souverain seigneur de ce royaume, en luy faisant et attribuant ronfleur, foy, loyauté et vraye obeissance qui luy est duo et appartient, et en humilité luy requerant sa grace et misericorde, de laquelle vertu de humilité et de toutes autres bonnes meurs-sommes adcertenez mon dit seigneur le Daulphin estre si aorné et rempli que henignement il est et sera prest de recevoir chascun ses subgiez en sa grue et pardonner toutes offenses du temps passé à ceulx qui ladicte grace humblement luy volront requerir et lui obeir connue dit est... etc. Moreau, 248, f. 35.
[23] Elle avait été d'abord convoquée à Issoudun pour le 16 janvier. Lettre missive du Roi, datée de Mehun le 8 décembre 1422, aux archives de Lyon. La réunion eut lieu à Bourges à la même date. Archives de Tours, Registres des Comptes, vol. XX, f. 72 v°.
[24] Voir plus loin, chapitre XII.
[25] Voir aux Pièces justificatives.
[26] Voir plus haut, chapitre premier.
[27] Voir plus haut, chapitre premier.
[28] Voir aux Pièces justificatives.
[29] Édité par M. Vallet de Viriville dans l'article AUMALE de la Nouvelle biographie générale (t. III, col. 738), et dans son édition de Cousinot, p. 193, note 4, d'après l'original, scellé du scel de secret, en sa possession.
[30] Original, Archives de Tournai.
[31] Mil CCCC XXIII. Le daulphin Loys, premier filz du Roy Charles dessus dit VIIe, regnant à present fut né en l'ostel archiepiscopal de Bourges, le IIIe jour de juillet, environ III ou IIII heures après midi, et fut nommé Loys, en remembrance de saint Loys. — Note à la suite d'un formulaire du temps, ms. fr. 5024, f. 103. — Berry donne à tort (p. 370) la date du 4 juillet.
[32] Copie du temps, ms. franç. 1983, f. 90 ; copie moderne, Blancs-Manteaux, VIII (Lat. 17184), f. 99. Éd. Duclos, Recueil de pièces, etc., p. 1. — Il y a dans le ms. fr. 14371 (formulaire du temps), une lettre presque identique, adressée à un comte, et datée du samedi 4 juillet. Le 4 juillet était un dimanche.
[33] Pour ce que sommes certains, dans Duclos.
[34] Nostre bonne, dans ms. lat. 17184.
[35] Compaigne la Royne, dans Duclos.
[36] A sa santé et de son fils, dans Duclos.
[37] De quoi avons, dans Duclos.
[38] Le samedi IIIe jour, dans ms. latin 17184 ; dans Duclos, l'heure est placée avant le jour.
[39] Elle était partie de Tarascon le 26 juin. Archives, KK 243, f. 63.
[40] Memoire de la tappicerie que Jacquet Colin, garde de la tappicerie de Mgr le duc d'Orleans, a baillée et dellivrée par l'ordonnance et commandement de Mgr le chan-cellier d'Orleans pour le Roy nostre seigneur et pour la Royne, publié par M. Vallet de Viriville, d'après les pièces de Joursanvault conservées au British Museum (Addit. Charters, 2807), dans la Bibl. de l'École des chartes, t. VIII, p. 136-37.
[41] A messire Pierre Butin, chapelain du Roy, la somme de quarante livres, laquelle ledit seigneur, par ses lettres données le 26 novembre 1422 (lisez 1423), a ordonné lui cistre baillée et delivrée pour ceste fois, des deniers de ses finances, pour et en recoinpensacion des bassins d'argent qui furent portez au baptisement de monseigneur le daulphin de Viennois, lesquels bassins ledit Hutin devoit avoir, comme il disoit, par les statuts et coutumes royaux, à cause de ce qu'il fut chapelain et ayda audit prelat à faire le baptisement. Extrait du 5e compte de Guillaume Charrier, receveur général des finances, dans Godefroy, Recueil des historiens de Charles VI, p. 798.
[42] Ms. fr. 5024, f. 103.
[43] Voir Berry, p. 370 ; Cousinot, p. 220-21 ; chronique dite de Perceval de Cagny ; Gallia Christiana, t. IX, col. 551 ; le P. Anselme, t. I, p. 119. — Par lettres du 25 octobre 1423, Charles VII donnait à Catherine de l'Isle, comtesse de Tonnerre, la somme de 500 l. t., en consideracion des bons et agreables services qu'elle avoit fait et faisoit chaque jour en la compagnie de la Royne, en laquelle elle est continuellement, comme pour lui aider à supporter la grande despense que faire lui convenoit à ceste cause, ensemble aussi à avoir et soutenir son estat plus honestement en icelluy service. Cinquième compte de Guillaume Charrier, dans ms. fr. 20692, p. 14 (avec la date du 24 novembre 1422), et Cabinet des titres, vol. 685 (au 25 octobre 1425). Peut-être y eut-il un double don.
[44] Et furent faits à Tournay grands feux par toute la ville, et crioit le commun Noël ! à haulte voix, menant grande joye et liesse. Monstrelet, t. IV, p. 173. — Une messe du Saint-Esprit fut célébrée le 6 juillet à la chapelle du palais, à Poitiers. Archives, 9197, f. 224.
[45] Itinéraire.
[46] Itinéraire. Le 21 septembre, on envoyait de Tours à Bléré, au-devant du Roi et de la Reine, pour savoir quand ils arriveraient. Registres des Comptes, vol. XX, f. 80.v°.
[47] Cette fausse nouvelle fut répandue le 26 à Tours. Id., f. 80, et Registres des délibérations, vol. II, f. 69 v°.
[48] Archives de Tours, Registres des délibérations, vol. II, f. 71-72 ; extraits dans le Cabinet historique, 1859, p. 104 ; Registres des comptes, vol. XX, f. 67 v°-69 v°. — Extraits des Registres capitulaires de Saint-Martin, dans D. Housseau, vol. XV, f. 272 v°.
[49] Voir lettres du 16 janvier 1424. Archives, J 749, n° 8. Cf. Raynal, Histoire du Berry, t. III, p. 8.
[50] Voir plus loin la circulaire adressée par le Roi pour l'exécution de cette ordonnance.
[51] Original, Archives de Tournai.
[52] Voir les sources au chapitre XII.
[53] Archives de Grenoble, B 2961, f. 183 v°.
[54] En celui temps, le Roy, qui estoit à Amboise, vint à Poitiers avec Tannegny du Chastel, le president de Provence et Frotier, qui gouvernoient. Raoulet, dans Chartier, t. III, p. 188. — Le renseignement relatif à l'itinéraire n'est point exact : c'est d'Angers, après l'entrevue avec Richemont, que le Roi se rendit à Poitiers, où il était le 1er novembre 1424.
[55] Quoi qu'en dise Jouvenel qui, dans sa plaidoirie, prétend qu'il était moult noble. Archives, X1a 9197, f. 226.
[56] Voir Raoulet, dans Chartier, t. III, p. 162 et 166. Il figure parmi les signataires du traité de Pouilly (11 juillet 1419).
[57] Lettres du 21 mars 1420. Pièces originales, vol. 1255 : FROTIER. — Le 20 janvier, il contresignait à Lyon des lettres du Dauphin.
[58] Voir t. I, chapitre XI.
[59] Voir une quittance du 30 août 1418, dans Clairambault, 50, p. 3899, et des lettres de Charles VII du 29 avril 1452, id., 159, p. 4473.
[60] Lettres du 20 juin 1421, visées dans un arrêt du 30 juillet 1423. Archives, X1a 9190, f. 242 ; cf. 9197, f. 226 et s.
[61] Antoine, seigneur de Preuilly, chevalier ; il était du nombre des 300 hommes d'armes ordonnés de crue à Frotier. Clairambault, 90, p. 7053. — Voir le contrat de mariage dans D. Housseau, vol. IX, n° 3844.
[62] Lettres du 13 août 1421, indiquées dans Clairambault, 50, p. 3811. Dans les comptes (KK 53, f. 78 v°), nous voyons mentionné, en septembre 1421, le don d'une haquenée à la femme Frotier.
[63] C'est ce qui arriva pour le château de Ranches. Voir la lettre du Roi du 29 avril 1452, citée plus haut. Cf. X1a 9190, f. 248 v°.
[64] Lettres du 12 février 1424. D. Housseau, vol. IX, n° 3850.
[65] Lettres du 12 février 1424. D. Housseau, vol. IX, n° 3850.
[66] X1a 9197, f. 226 v°.
[67] Quod lettere surreptice, obreptice et penitus inciviles fuerunt et erant, sed per importunitatem impetrate in scandalum et malum exemplum vergebant. Arrêt du Parlement, en date du 30 juillet 1123. X1a 9190, f. 248 v°.
[68] Par confiscation sur le Bourguignon Regnier Pot. X1a 9190, f. 448. — Le Roi avait repris La Prugne-au-Pot, pour en faire don au sire de Gamaches (X1a 9197, f. 226 v°). Regnier, Pot avait pour belle-fille Marie de Preuilly, sœur de Marguerite, épouse de Pierre Frotier, morte avant le mariage de celle-ci (id., f. 246).
[69] X1a 9197, f. 227.
[70] Il se nommait Jean de Muy. Frotier, l'apercevant au passage, l'apostropha en ces termes : Ribaut, estes vous là ? Et il ajouta, en jurant : Vous ne mourrez que de mes mains ! — Monseigneur, répondit le sergent, je vous supplie que me vueillez oyr. — Je ne vous orray jà ribaut, reprit Frotier ; je vous feray mourir mauvaisement et meugler aux chiens. X1a 9197, f. 338 v° ; cf. f. 339.
[71] X1a 9197, f. 338 v°. — Il faut dire que Jouvenel, dans sa plaidoirie pour Frotier, s'efforce d'atténuer la gravité de ces deux faits (f. 339).
[72] Par l'importunité du dit president, et par les choses qu'il nous donnoit entendre... Lettres du 5 juillet 1425. Archives, X1a 8604, f. 76 v°.
[73] A icelui president ayons, par inadvertance et sans aucune deliberacion de conseil, baillé et delivré soubz nostre grant seel plusieurs nos lettres patentes, par lesquelles s'est fait donner et attribuer par nous de moult grandes, excessives et desraisonnables puissances, tant sur le fait de noz finances que autrement ; entre lesquelles, comme bien nous recordons, lui est commise la totale administracion de toutes noz finances, quelles qu'elles soient (du Languedoc et du Dauphiné), par tel et si ample pouvoir qu'il en putt faire et disposer comme bon luy semblera... Et qui plus est, a obtenu de nous puissance generale pour traictier et du tout conclurre et accorder en nostre nom toutes manières d'alliances avecques quelxconques personnes que bon lui semblera, tant amis que ennemis de nous et de nostre royaume. Lesquelles lettres, avec autres plusieurs, scellées en blanc de nostre dit grant seel, il a emportées. Mêmes lettres. Archives, X1a, 8604, f. 76 v°.
[74] Il avait reçu successivement en gage un des joyaux de la couronne, un fermaillet, un collier garni de diamants et de perles, le grand diamant, la perle de Navarre. Réponse de Louvet aux lettres du 16 août, dans Le Grand, vol. VI, f. 5-8. — Voir sur les grans faultes, cymes et abus commis par l'enortement du président, des lettres de rémission données à l'un de ses clercs, en juin 1445. Archives, JJ 177, pièce 46.
[75] Lettres du 9 décembre 1422, visées dans le Cinquième compte de Guillaume Charrier. Cabinet des titres, 685.
[76] Conflans à plain des grans loyaulté, proudommie, souffisance, et bonne diligence de son conseiller et chambellan, et en considération des grands et notables services par lui rendus. L'ordonnance est donnée à la relation du chancelier Gouge. Pièces originales, vol. 1763 : LOUVET.
[77] Nous ne mentionnerons que pour mémoire les lettres du 6 octobre 1424, autorisant Louvet à faire transporter en Bretagne deux cents pipes de vin, pour donner à certains nobles ou autres du pays, ou pour en disposer à son plaisir, car ces lettres se rattachent à une mission remplie par lui en Bretagne ; mais le 3 janvier 1425, il donne quittance d'une somme de 500 livres, donnée par le Roi. Pièces originales, 1763 : LOUVET.
[78] Lettres du 20 février 1425 : Considerant les grans, notables et prouffitables services que nostre amé et feal chevalier, conseiller et chambellan Jehan Lovel, seigneur de Mirandol, nous a faiz, longuement fait continuellement, et esperons que face le temps advenir, et aussi que nostre bien amée Matheline de la Gave, sa femme, a fait en servant et estant ou service de nostre tres chière et tres amée compaigne la Royne, nous à icelle Matheline avons donné et donnons de grace especiale par ces presentes la somme de mille livres tournois, pour lui aidier à deffrayer de la despence que fere lui conviendra pour le fait de sa gesine et aussi pour avoir une robe à sa relevée. (Loc. cit.)
[79] Il est ainsi qualifié dans des lettres du Roi en date du 29 avril 1423. Archives de Grenoble, B 3223 bis, f. 237.
[80] Voir Cousinot, Geste des nobles, p. 189-90, et Journal d'un bourgeois de Paris, p. 184. Tanguy avait reçu en février 10.250 livres, et par lettres du 25 mars 1423, il reçut encore 11.500 livres (D. Morice, t. II, col. 1124).
[81] Lettres du 6 octobre 1424. — Le 30 avril 1423, le Roi avait donné à Du Chastel et à Louvet une somme de mille écus d'or, à partager entre eux. Cinquième compte de Guillaume Charrier. Cabinet des titres, 685.
[82] Le fait est allégué dans les Registres du Parlement de Paris, à la date du 3 mars 1425 : Ce jour vindrent nouvelles de la mort du conte Dauphin d'Auvergne, que on disoit avoir esté tué par Tanguy du Chastel, en ung conseil tenu, present le Dauphin, et de ce avoit le duc de Bedford receu lettres du duc de Bretaigne faisans mencion de ce, ainsi que disoient ceulx qui avoient veu et leu lesdictes lettres. Archives, X1a 1480, f. 317. Or, Béraud qui, les 22 mars et 12 juin suivants, contresignait des lettres du Roi, ne mourut que le 28 juillet 1426, et continua jusque-là de siéger dans le conseil.
[83] Nous parlerons plus loin de ce personnage.
[84] Cousinot, p. 100. — Dès 1420, il avait commencé le cours de ses tristes exploits : on voit dans les comptes de Blois qu'il s'était emparé indument d'un baril et d'un doubleau de barillet déposés en garde par le comte de Vertus, à Beaugency, chez un nommé Willemot, et qu'on n'avait jamais pu les recouvrer. Laborde, Ducs de Bourgogne, t. III, p. 282. — Ces barils, faits de bois rares ou de matières précieuses, étaient placés à table sur les dressoirs, et fermaient à clef. Laborde, Glossaire français du moyen âge, p. 158.
[85] Odette de Champdivers, ou la petite reine à Dijon, après la mort de Charles VI, par M. Lavirotte. Mémoires de l'Académie de Dijon, 2e série, t. II, p. 147-166.
[86] Pièces originales, 2030 : MONTMOH.
[87] Verité est que le conseil du Roy Charles ne veut oncquez souffrir qu'il fust en sa personne en nulle bataille ; et quant ilz attendoient d'avoir aucune journée, ils envoioient tousjours leur Roy en aucune bonne ville. Donc ilz feirent par pluseurs fois grant scens car, pour ce qu'ilz perdirent pluseurs journées, leur Roy eust esté mors ou prins s'il y eust esté, par quoy leur querelle oust peu estre du tout mise au neant. Pierre de Fenin, p. 222.
[88] Original, Archives, J 244a, n° 96. Il y a, à ce sujet, aux Archives de Reims, une curieuse lettre missive de Charles VI, annonçant que le serment a été prêté.
[89] D. Morice, t. II, col. 1135 et 1136. — Sur les relations du duc de Bretagne avec les Anglais, voir plus loin, chapitre VII.
[90] Par ses lettres du 24 mars, Charles VII ordonne de payer à un de ses écuyers d'écurie, Guillaume Marcillé, la somme de 200 l. t., pour les frais du voyage qu'il fait de Bourges vers le duc de Bretagne, pour lui porter lettres closes et lui exposer certaines choses secrètes de la part du Roi. Quittance du 25 mars, dans Clairambault, 71, p. 5515.
[91] Cette ambassade se composait de Tanguy du Chastel, de Robert de Rouvres, évêque de Séez, de Girard Blanchet, etc. Le 25 juin, Tanguy du Chastel et l'évêque de Séez passèrent par Tours, se rendant en Bretagne ; la ville leur fit un présent de vin et de poisson. Archives de Tours, AA 4, et Registres des Comptes, vol. XX, f. 65. Cf. Blanchard, les Généalogies des maîtres des requestes, p. 145. — Dans le courant de l'année, Yvon Glesquin, écuyer, venu à Bourges vers le Roi, reçut 200 livres en retournant vers son maitre. Cinquième compte de Guillaume Charrier. Cabinet des titres, 685.
[92] Archives, KK 244, f. 63 v° et 64. — Le 27 novembre, le duc ordonnance le paiement d'un tableau d'or, à une ymage de Nostre-Dame et des IV evangelistes, donné à la reine de Sicile, à la venue qu'elle est naguères à Nantes. D. Lobineau, t. II, col. 924.
[93] Archives, KK 244, f. 77. — Les 2-3 mai, le comte d'Aumale, le chancelier et le bailli de Touraine (Guillaume d'Avaugour) passent par Tours, se rendant près du duc. Archives de Tours, AA 4, et Registres des Comptes, XXI, p. 92.
[94] Le Roi avait des intelligences à la cour de Bretagne, où la plupart des conseillers du duc étaient favorables à la France. On lit dans des lettres du 12 décembre 1423, rendues en faveur de l'évéque de Saint-Brieuc (Chartes royales, XIV, n° 24) : Nostre amé et feal conseiller l'evesque de Saint-Bryeuc, en Bretaygne, nous a fait exposer qu'il a besoing, tant pour la despense de son hostel comme pour la provision de ses places... du nombre de cinquante pipes de vin..... Nous, inclinant favorablement à sa requeste, en faveur de plusieurs grans et bons services qu'il nous a fait et est tousjours prest de faire et pour certaines causes à ce nous mouvans, etc. Cf. d'autres lettres du 12 février 1424, en faveur de Jean, sire de Penhoet, amiral de Bretagne, qualifié de chambellan (Pièces originales, 2230 : PENHOET), et du 21 octobre 1424, où Guillaume Eder, doyen de Nantes, est qualifié de conseiller (Ms. fr. 20587, p. 32). C'est à tort que D. Lobineau (t. I, p. 564) parle d'une assignation, faite alors en faveur du duc, d'une somme de 2.032 l. de rente Cette pièce émane évidemment du gouvernement de Henri VI.
[95] Des lettres du duc de Bretagne, du 15 octobre, font connaître qu'a cette date il avait envoyé plusieurs ambassades au Roi (Archives du Mis du Hallay-Coetquen, p. 4). Les 21 et 22 septembre, aux Ponts-de-Cé, le Roi faisait des libéralités au sire de Chateaubriand et à Richard de Bretagne, comte d'Étampes, envoyés du duc (Catalogue des actes). Dès le 7 septembre, dans un discours prononcé à Tournai par Simon Charles, envoyé du Roi dans cette ville, il annonçait, après réception de lares de son maitre, que tous les barons de Bretagne ont juré servir le Roy, et que le Roy a intencion de venir à Bains à son couronnement, incontinent après la journée de traitié qui se tient à Angiers sera fait ou failli. Extraits des registres des Consaux, t. II, p. 106.
[96] Cousinot, p. 231.
[97] Voir Jouvenel des Ursins, p. 150.
[98] Gruel, p. 355.
[99] Religieux de Saint-Denis, t. III, p. 130.
[100] Gruel, p. 355.
[101] Obediens fratri suo duci Britaniæ, cum anglicorum copia et sagittariorum patriæ. Religieux, t. IV, p. 326. Cf. Monstrelet, t. II, p. 95 ; Jouvenel, p. 207 ; Gruel, p. 355.
[102] Voir à ce sujet le Religieux, t. IV, p. 612. — Nous trouvons Richemont nommé parmi les partisans du duc d'Orléans, dans la lettre de ce prince en date du 14 juillet 1411. Jouvenel, p. 217.
[103] Voir Monstrelet, t. II, p. 248.
[104] Et tantost alerent devers eulx (les Anglais) les comtes d'Alençon et de Richemont qui de cuer joieux les receurent, ja soit ce qu'ilz venoient trop tart en leur aide. Monstrelet, t. II, p. 291. Cf. Gruel, p. 256 ; P. Cochon, p. 263.
[105] Gruel, p. 356.
[106] Moreau, 1424, n° 57. Cf. Cousinot, Geste des nobles, p. 150.
[107] Jouvenel, p. 275 ; Monstrelet, t. III, p. 24 ; Gruel, p. 356.
[108] Voir Monstrelet, t. III, p. 53-51, 70 ; Gruel, p. 356. Ce dernier se trompe sur la date, qui est donnée par Monstrelet (10 novembre 1414).
[109] Lettres de Charles VI du 29 décembre 1414 (Ms. lat. 9048, f. 7). Richemont prêta serment le 23 janvier 1415 (f. 8 v°).
[110] Monstrelet, t. III, p. 96 et 102.
[111] Voir la scène de la déconnaissance, racontée par Gruel, p. 358.
[112] Dès le 3 mai 1419, dépôt est fait, dans les Archives de l'Échiquier, de deux actes par lesquels Arthur de Bretagne et Charles d'Artois, comte d'Eu, déclarent qu'ils vont joindre le roi d'Angleterre en Normandie pour y traiter de leurs rançons. Kalendars and inventories, etc., t. II, p. 97.
[113] Rymer, t. IV, part. III, p. 184.
[114] D. Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 559-561 ; Rymer, t. IV, part. III, p. 166-67, 199 ; t. IV, part. IV, P. 43 ; Archives, XI. 1480, f. 253.
[115] Gruel, p. 360 ; D. Lobineau, t. I, p. 560-61.
[116] On prétend que Bedford lui refusa le commandement d'une armée, sous prétexte qu'il était trop jeune, et que, n'ayant pas combattu depuis Azincourt, il avait pu oublier la guerre (voir D. Plancher, t. IV, p. 87). Mais l'anecdote est-elle authentique ?
[117] Voir Cousinot, p. 231.
[118] Gruel, p. 360.
[119] Gruel, p. 360.
[120] Cousinot, p. 229. — C'est sans doute à ce moulent qu'eut lieu le voyage dont nous trouvons la mention dans les comptes cités par D. Morice (t. II, col. 1194) : A Qui-que-le-veuille, poursuivant de Mgr de Richemont ; pour ses despens d'aller en Flandres devers les ducs de Bourgoigne et de Bedfort, XXX livres. Un envoyé du duc de Bedford, Bérard de Montferrant, était alors à la cour de Bretagne ; parti de Vernon le 6 juillet 1424, il ne revint que le 17 octobre. Quittance en date du 5 novembre. Pièces originales, 2019 : MONTFERRAND.
[121] Gruel, p. 360-61 ; Cousinot, p. 231. — Le sauf-conduit donné aux otages par le duc de Bretagne est aux archives de la Loire-Inférieure, E 93 (Inventaire, t. III, p. 31).
[122] Lettre du 25 septembre aux habitants d'Aigues-Mortes. Ms. lat. 9177, f. 233 v°.
[123] Le Roi reçut des habitants une coupe et une salière d'or, du prix de 410 écus. Registres des délibérations, II, f. 42.
[124] Cousinot, p. 232.
[125] Extrait des mémoriaux de la Chambre des comptes d'Angers, dans Lecoy de La Marche, le Roi René, t. I, p. 43, note.
[126] Dès le 6 octobre, il faisait dresser avec soin l'état de ceux qui devaient l'accompagner. D. Lobineau, t. II, col. 998.
[127] Et s'offroit à son service, comme celuy auquel le courage et la volonté n'avoit oncques changé ou mué depuis le jour qu'il avoit esté pris à ladicte bataille d'Azincourt, quelques feintes que sagement il eust faites pour procurer sa delivrance, et comme contraint. Cousinot, p. 232.
[128] Cousinot, p. 232, suivi par Chartier (t. I, p. 48). Gruel (p. 361) ; Monstrelet (t. IV, p. 175), et Fenin (p. 204) constatent aussi l'accueil empressé fait par le Roi à Richemont.
[129] D. Morice, t. II, col. 1149-51. Je possède l'original de cet acte, dont il ne reste malheureusement que les huit dernières lignes (le haut de la pièce ayant été coupé), avec les signatures du Roi et du duc, et celles de deux secrétaires, J. Le Picart et Alain, approuvant deux ratures, l'une du jour de Noël prochain venant, l'autre desdiz Cm frans. On voit encore sur le parchemin la trace des deux sceaux plaqués en cire rouge. — C'est bien à Angers, et non à Saumur, comme je l'ai dit, par une distraction singulière, dans mon étude sur le Caractère de Charles VII (Revue des questions historiques, t. IX, p. 389, note, et tirage à part, p. 43, note), que le traité fut passé.
[130] Lettres du 21 octobre 1424, dans les lettres de Yolande du 12 décembre 1424, aux Archives, J 409, n° 49, et en copie collationnée du temps, X1a 8604, f. 69 v°.
[131] Laquelle somme, pour le très grant desir que nous avons à la perfection dudit mariage, pour acroissement d'amour et conclusion d'icelle entre les parties, et pour la prochaineté qu'ilz ont à nous.... avons liberalement donné en faveur dudit mariage et pour le bien et accomplissement d'icelui, et de ce fait rostre debte.....
[132] Lettres du 20 octobre, en faveur du bâtard ; trois lettres du 21, en faveur de l'amiral de Bretagne, du doyen de Nantes, de Simon et Robert d'Espinay ; lettres du 22, en faveur de Philippe de Vierville. Catalogue des actes.
[133] Pierre de Goezisac et Richard du Pou, escuyer du duc, messire Robert d'Espinay et Mato le herault, envoyez à Angiers devers les ambassadeurs du Roy pour les amener à Nantes. (Extrait du compte de Jehan Dronyou, receveur général de Bretagne, dans D. Morice, t. II, col. 1194.) Ces ambassadeurs étaient, comme on le voit par des lettres du Roi du 7 janvier suivant, le chancelier Gouge et Arnaud de Marie, maître des requêtes de l'hôtel.
[134] Quatre pièces de tapisseries de soie représentant diverses scènes de l'ancien et du nouveau Testament. Elles sont encore conservées à Angers. Voir la cathédrale d'Angers, saint Maurice, par Ern. Sailland (Angers, 1869, in-18), p. 46, 50-51 ; c'est à tort qu'on lit la date de 1428 dans l'extrait de Duménil.
[135] Lettres du 23, en faveur du vicomte de Dinan et du sire de Rieux.
[136] Archives de Tournai. L'original est en mauvais état et offre de nombreuses lacunes.
[137] M. Ozaneaux en fait une description très exacte dans son Histoire de France (t. I, p. 482), où il donne un croquis, dessiné par lui-même, des ruines, encore subsistantes.
[138] D. Vaissète, t. IV, p. 464. Le cahier, avec les réponses, est publié parmi les Preuves, col. 421 et s.
[139] 5 janvier : lettres pour la lieutenance générale ; lettres de retenues pendant la guerre, avec 120 payes d'hommes d'armes et 50 hommes de trait. — 6 janvier : lettres relatives à la pension.
[140] Le comte d'Armagnac obtint le paiement en trois ans d'une somme de 9.000 fr. à lui due ; la comtesse d'Armagnac reçut 2.000 livres en don (9 janvier).
[141] Retenues d'Amanieu, sire de Montpezat (5 janvier) ; de Jean de Bonnay, sénéchal de Toulouse (id.) ; de Bernard de Coaraze (id.).
[142] Guillaume d'Estaing, chambellan du Roi, reçut 2.500 livres (26 décembre) ; le comte d'Astarac, 2.000 livres (4 janvier) ; l'évêque de Lodève, 1.000 livres (6 janvier) ; Béraud, sire d'Apchier, 1.000 livres (8 janvier). — Le 6 janvier, Hue, vicomte de Carmain, est nommé conseiller et chambellan, et l'évêque de Conserans conseiller, aux gages de 1.200 l. t. chacun. — Autres lettres en faveur de Guillaume de Meulhon (20 décembre) ; de Regnault de Garges, pannetier du Roi (22 décembre) ; de Jean de Saint-Loup (27 décembre) ; du seigneur de Basilhac (6 janvier) ; du seigneur de Lantel (idem) ; de Thibault de Lucé, secrétaire du Roi (idem) ; d'Arnault de Marie, maitre des requêtes (7 janvier).
[143] Il traversa Tours le 21 octobre. Registres des délibérations, vol. II, part. IV, au 31 octobre ; Registres des Comptes, XXI, f. 97 v° et 108 v°. On l'attendait à Lyon, ainsi que l'archevêque, le 12 novembre. Registres des délibérations, BB I, f. 218 v°.
[144] Le comte de Richemont quitta Mâcon le 5 décembre ; il était le 7 à Dijon. Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 98.
[145] Le comte de Vendôme était arrivé en France en avril 1424. Archives de Tours, Registres des Comptes, XXI, f. 91 v°. Il était à Lyon le 4 février 1425. BB I, f. 224, Pour le passage par Tours, voir Archives de Tours, Registres des Comptes, XXII, f. 97 v° ; Registres des délibérations, III, f. 16 v°.
[146] Il est fait mention, dans les Registres de Tours, d'une lettre close adressée par le Roi pour mander à cette assemblée deux envoyés notables de la ville. Registres des délibérations, II, part. V, et III, f. 13-14 v° ; Registres des Comptes, XXII, f. 116 v°.
[147] Plusieurs bonnes villes avaient été sollicitées d'envoyer à Chinon leurs représentants. Les deux députés de Tours partirent le lundi 26 et revinrent le 9 mars. Registres des délibérations, III, f. 23.
[148] Il est question de cette réunion dans les Registres des délibérations de Tours (vol. III, f. 19 v°), et les Registres des Comptes (vol. XXII, f. 116 v°) ; dans les lettres du 7 mars (Godefroy, p. 793) ; dans une lettre du connétable aux Lyonnais en date du 2 juin (Revue du Lyonnais, 1879, vol. II, p. 328) ; enfin dans le traité du 7 octobre 1426 (D. Morice, t. II, col. 1181).
[149] Lettre du connétable du 2 juin. — Guillaume Gruel prétend (p. 361-62) que, avant qu'il (Richemont) prinst l'espée, le Roy lui promit et jura d'envoyer hors de son royaume tous ceux qui avoient esté consentans de la mort de Mgr de Bourgogne et consentans de la prinse du duc de Bretagne. Mais la pièce en date du 8 mars que nous citons plus loin, ne permet pas, ce nous semble, d'admettre cette assertion.
[150] En décembre 1422-janvier 1423. Voir chapitre VII.
[151] Le 18 mai 1424. Voir chapitre VIII.
[152] Ce document n'est pas nouveau : il a été publié dans les Preuves de l'Histoire de Bourgogne de D. Plancher (t. IV, p. CXVI) ; mais il ne porte point de date, et l'éditeur l'a placé à tort parmi des pièces de 1432. Nous l'avons rencontré aux archives de la Côte-d'Or, B 11897, en copie du temps, et à Turin dans un cahier relatif aux négociations entamées sous les auspices du duc de Savoie : Tratalli, pièce 26. Il est également à Tours, transcrit dans les Registres des délibérations (vol. III, f. v°). Enfin il se trouve encore à Tournai, et M. Vandenbrœck en a donné le texte dans ses Extraits analytiques des anciens registres des consaux, t. II, p. 157-58.
[153] Rapport fait à Tours, le 8 mars, par Jean Saintier, envoyé à Chinon près du Roi et des députés de la ville qui s'y trouvaient : Item a dit que yer il vit et fut present que monseigneur le duc (sic) de Richemont fut par le Roy nostre sire ordonné connes-table de France, et list le serement et la foy et hommaige au Roy nostre dit seigneur pour cause de ce, et de le servir contre toutes personnes. Et presumoit l'en à la court du Roy que, ou (avec) le plaisir de Dieu, seroit bonne paix en ce royaume. Archives de Tours, Registre des délibérations, III, f. 19. — Dans leur rapport officiel, les deux députés (Pierre Sohier et Pierre Bonnart) racontent le fait en termes identiques (f. 20v°).
[154] Archives, X1a, 8604, f. 72 ; Godefroy, Histoire des connestables, etc., p. 60. Ces importantes lettres sont contresignées par le comte de Vendôme, le chancelier Gouge, l'archevêque de Reims (Regnault de Chartres), l'archevêque de Sens (Jean de Melun), l'évêque d'Angers (Hardouin de Bueil), le maréchal de Séverac, Christophe d'Harcourt, le grand maitre d'hôtel (Tanguy du Chastel), le sire de Montejean, Adam de Cambray, président au Parlement, le maréchal de Savoie (Gaspard de Montmayeur), le président de Savoie (Jean de Beaufort), l'amiral de Bretagne (le sire de Penliet), Guillaume d'Avaugour, Arnaud de Marie, le sire de Treignac (Jean de Comborn), l'archidiacre de Reims, le gouverneur d'Orléans (Raoul de Gaucourt).
[155] Treizième compte d'Hemon Raguier, Ms. fr. 20084, p. 542.
[156] Assignation du comté de Gien-sur-Loire et des châteaux, villes et châtellenies de Fontenay-le-Comte, Dun-le-Roi et Montargis, en date du 9 mars 1425. Fr. 18585, f. 16 v°. On remarquera le considérant suivant : Attendu mesmement que, pour sa loyauté garder, il a tout abandonné ce que, tant à cause de luy que de nostre dicte sœur sa femme, il pourvoit avoir autre part en nostre royaume, mesmement au regart des diz pays que de present occupent les Anglois nos anciens ennemys, et s'est retiré de bon vouloir par devers nous, puer nous servir de corps et de puissance allencontre de nos diz ennomys et à la recouvrance de ce qu'ils occupent de nostre seigneurie.
[157] Copie moderne dans la Collection de D. Rousseau, vol. IX, n° 3851, d'après les Archives du chapitre d'Angers. — Édité, sauf quelques changements ou incorrections, et la date fautive du 7 février, par M. Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. I, p. 439.
[158] La date a ici son importance. Or c'est, non le 7 février, mais le 8 mars que Richemont signait l'acte en question.
[159] Le président Louvet.
[160] Le nom est en blanc, mais c'est évidemment Pierre Frotier.
[161] On a peine à s'expliquer comment Richemont, après la convention faite avec le duc de Savoie, osait prendre un tel engagement.
[162] Voir aux Pièces justificatives.
[163] Archives de Tours, Registres des délibérations, III, f. 19 v°.
[164] Sans doute faire guerre.
[165] Lettre du 23 mars 1425. Doat, 214, f. 345.
[166] Voir aux Pièces justificatives. Les habitants de Tours reçurent le 4 avril une lettre close du Roi, leur demandant de se faire représenter à Montluel par ung notable et savant de la dicte ville. Registres des délibérations, III, f. 24 v°.
[167] C'est ce que nous apprend Richemont dans sa lettre aux Lyonnais, en date du 2 juin 1425. Revue du Lyonnais, t. XIX, 2e vol. de 1859, p. 328. Après examen, on devait mettre les bons ès frontières, et les aultres non passables cassez et envoyez à leur labour ou mestier.
[168] Revue du Lyonnais, t. XIX, 2e vol. de 1859, p. 328.
[169] Il était le 20 mars à Nantes, où il contresignait un mandement du duc de Bretagne, pour faire mettre en armes les communes du duché. D. Morice, t. II, col. 1166-67.
[170] L'an mil quatre cent vingt cinq, le Roy envoya vers le duc de Bretagne messire Tanneguy du Chastel. C'est ce que dit Cousinot (p. 229) ; et ce que répète Berry (p. 373) à peu près dans les mêmes termes : ce qui semble indiquer que cette mission fut postérieure à Piques, tombé le 8 avril en 1425.
[171] Cousinot, p. 229.
[172] Berry et Cousinot.
[173] Cousinot.
[174] Cousinot, confirmé par Berry.
[175] Berry, p. 373.
[176] Lettre du connétable du 2 juin, l. c. ; Gruel, p. 362.
[177] Lettres indiquées par le P. Anselme, t. VIII, p. 480, et par Moisant, Histoire de Preuilly, p. 24.
[178] Lettres indiquées par Du Chesne, Histoire des Chanceliers, p. 483.
[179] A rompu ladicte assignacion ordonnée pour faire cesser lesdictes pilleries, prins et appliqué à son prenait ou en autres usages les deniers d'icelle assignacion. Lettre du connétable du 2 juin. — Cela n'est pas entièrement exact, car le 26 avril Richemont, de passage à Tours, se faisait payer 500 l. sur les 4.000 demandées à la Touraine pour sa part de l'emprunt (Registres des Comptes, XXII, f. 102). Il est vrai que la Reine de Sicile avait, dès le milieu du mois de mai, envoyé Alain Hausser, capitaine de Tours, se plaindre de ce qu'on avait octroyé au Roi, à ses officiers, ou à d'autres, certaines sommes sans sa permission, et de défendre que désormais on ne payât rien sans son congé et consentement (Registres des délibérations, III, f. 28).
[180] Lettre du connétable du 2 juin. — Richemont va même jusqu'à accuser Louvet d'avoir fait des ouvertures aux Anglais : Et qui pis est a rescript et envoyé devers les Anglois pour cuider traicter avec eulx et rompre le traicté commencé avecques ceulx de son sang.
[181] C'est ce qui parait ressortir du récit de Gruel, p. 362.
[182] Gruel, p. 362.
[183] Nous avons relevé ces noms sur les actes. On s'étonne de trouver là Torsay, uni au chancelier disgracié par une amitié quasi-fraternelle.
[184] Berry, p. 373. Cf. lettre du connétable du 2 juin.
[185] Ces lettres sont dans le Ms fr. 23973, et dans Brienne, 318, f. 197.
[186] Ms. fr. 16652, f. 339.
[187] Lettres visées par le P. Anselme, t. VIII, p. 480.
[188] Et a induit mondit seigneur de nous venir combatre se nous feussions alé par devers lui, qui aler y devions pour le service, comme raison est et tenus y sommes. Lettre du connétable du 2 juin.
[189] Le 14 avril on désignait un député pour se rendre à Poitiers, où la Reine avait mandé, par lettre close, d'envoyer vers elle (Registres des délibérations, III, f. 27 v°). Le 2 mai Pierre Sohier, parti le 23 avril, est de retour à Tours (Registres des Comptes, XXII, f. 118 v°). Le paiement des frais de voyage fut fait le 15 mai. — Le même jour on remboursait la dépense faite par Yolande pendant son séjour à Poitiers, et qui s'élevait à 145 l. 11 s. 2 d. Archives, KK 243, f. 65.
[190] Le 14 avril, en l'attendait à Tours, et il arriva en effet le lendemain ; le 17, le conseil de ville se réunit, pour avoir advis et deliberacion sur aucunes choses proposées par monseigneur de Richemont, connestable de France, aux gens de la dicte ville. Le 26, le connétable est encore à Tours ; le 28 il donne quittance des 500 livres dont il avait exigé le paiement immédiat. Registres des délibérations, II, partie V, au 26 avril ; III, f. 27 v°-28 v° ; Registres des Comptes, XXII, f. 102 et 131 v°.
[191] Lettre citée. — Le 30 mai, le conseil de ville de Tours était assemblé pour délibérer sur trois lettres adressées par la reine de Sicile, le connétable et les habitants de Bourges, faisant mention du bon vouloir et entencion que ils ont au bien de la paix de ce royaume, et de faire cesser les roberies et pilleries qui, au temps passé, ont esté et encores sont chascun jour sur le povre peuple, ce que a empesché et empesche le presideut de Provence estant avec le Roy, et que les gens de la dicte ville se voulsissent, comme bons et vraiz subgez, à obeissance du Roy et de la dicte dame duchesse de Touraine adherer et joindre avec eulx à les conseiller et aider à faire et poursuir ce que dit est, ce que ont fait les diz gens d'eglise, bourgois et habitans de Bourges, comme certifié ont par leurs dictes lettres closes. Après mure délibération, et avoir pris l'avis de l'archevêque et du chapitre, on décida que les gens de la dicte ville, tant d'eglise que autres, obeiront à la Royne de Secile duchesse de Touraine, et par consequant à monseigneur le connestable, et seront adjoins et adherez avec eulx, soubz l'obeissance et subgoccion souveraine du Roy notre sire. En même temps on décida d'envoyer de notables députés à la Reine, pour savoir la forme et maniere de la dicte adjonction et d'elle avoir lettres patentes de ce. Registres des délibérations, III, f. 34-34 v°.
[192] Registres des délibérations de Lyon, BB I, f. 228, cité dans la Revue du Lyonnais, l. c., p. 326.
[193] A grant nombre de gens d'armes et de trait estrangiers, comme Escossays, Lombars et autres. Communication de la reine Yolande aux habitants de Tours. Registres des délibérations, III, f. 37.
[194] Archives de Tours, Registres des délibérations, III, f. 35.
[195] Archives de Tours, Registres des délibérations, III, f. 38 v°.
[196] Registre des délibérations, III, f. 36-36 v°. Les habitants de Tours se bornèrent à répondre qu'ils suppliaient le Roi que tous jours il ait le cuer et la voulenté au bien de la paix, et que tous jours seront ses vrais et loiaux subgez et obbeissans, et oncques ne fut leur entencion au contraire, et que ses officiers recevront en la dicte ville connue ils ont acoustumé. — Le 9 juin, Simon Charles reçut un don de quatre quartes de vin, équivalent à huit pintes. Registres des Comptes, XXII, f. 132 v°.
[197] Nous verrons plus loin que cela a été par une fausse interprétation du texte de Gruel.
[198] Archives, P 13752, cotes 2584 et 2585.
[199] La Reine avait écrit à plusieurs reprises aux capitaines et aux habitants de cette ville que en icelle on ne laisse entrer aucunes gens d'armes plus fors que les gens de la ville, soit le Roy nostre sire, le président en sa compaignie, qui de lui a le principal gouvernement, ou autres de ses gouverneurs qui perturbent et empeschent la dicte paix, et lesquels monseigneur de Richemont, connestable de France, et la dicte Royne entendent à mettre briefvement hors de la compaignie et gouvernement du Roy. (Registre des délibérations, III, f. 37.) Le 10 juin, on envoie de Tours à Bourges vers la Reine et le connétable, pour savoir des nouvelles de par delà ou debat qui estoit de mettre et bouter hors par la dicte Royne [et] le dit monseigneur le connestable de la compaignie et service du Ray nostre sire, estant lors à Celles, le president de Provence, lequel ne vouloit partir du service du dit Roy. (Registres des Comptes, XXII, f. 120.) Le 11 juin, on lit déloger tous les Écossais, hommes ou femmes, logés dans la ville (Registres des délibérations, III, f. 37). Le 12, une garnison de 40 hommes d'armes et 30 hommes de trait vint occuper la ville, pour la garde et defense d'icelle. (Id., ibid., f. 37 v°.) Le connétable fit mettre également Amboise en état de défense (f. 38).
[200] Lettre de Colin Jarlot. Archives de Lyon, AA 100.
[201] Ces lettres sont dans le recueil de l'abbé Le Grand, vol. VI, f. 2.
[202] Berry, p. 373.
[203] Et n'y eust place qui luy obeist, sinon Selles et Vierzon. Berry, l. c.
[204] Berry et Gruel ; Archives de Tours, Registres des Comptes, XXII, f. 120. — La disgrâce du président Louvet, qui devait être définitive, entraîna, d'une manière passagère, celle de son gendre, le bâtard d'Orléans, qui se vit retirer, au mois de juillet, le comté de Mortain (reçu par lui en don par lettres de mars 1424), et le 2 septembre suivant la capitainerie du Mont-Saint-Michel, donnée à Louis d'Estouteville.
[205] Original, Archives de Lyon, AA 68.
[206] Original, Archives de Lyon, AA 68. Publié dans la Revue du Lyonnais, l. c., p. 331-32. — Nous trouvons dans les Registres de Tours (Délibérations, III, p. 38 v°) l'analyse d'une autre lettre du duc, en date du 13, adressée aux habitants de Tours pour les mettre au courant des faits et leur faire part de son intention ; il annonçait le départ de Richard de Bretagne, qui allait joindre le connétable avec grand compaignie de gens d'armes, chevaliers et escuiers et gens de traits, paiez et sobzdoiez à ses depens pour deux ou trois mois.
[207] Original à Lyon, AA 68. Publié dans la Revue du Lyonnais, p. 332-34.
[208] On a des lettres données à Bourges, le XXVe jour de juing, en faveur d'Odart Morchesne (Ms. fr. 5024, f. 1), et d'autres du 27 (id., f. 1 v°).
[209] Mémoire envoyé par le connétable au duc de Bourgogne. Histoire de Bourgogne, t. IV, preuves, p. LXIII.
[210] Quittances du 30 juin, données, par Treignac, pour 300 l. t., et par Harcourt, pour 406 l. 5 s. t. Clairambault, 33, p. 2487 ; La Roque, Histoire de la Maison d'Harcourt, t. IV, p. 1728.
[211] Lettre citée. — On se préoccupait vivement, dans le royaume, de cet étrange conflit. Dès le 10 juin, les habitants de Tours envoyaient un messager à Bourges vers la reine de Sicile et le connétable, pour savoir des nouvelles de par dela du debat qui estait de mettre et bouter hors, par la dicte royne de Secille [et] le dit monseigneur le connestable, de la compaignie et service du Roy nostre sire, estant lors à Selles, le president de Provence, lequel ne vouloit partir du dit service du Roy. Le 20 juin, un nouveau messager partit : il revint quatre jours après, annonçant le départ de Louvet. Archives de Tours, Registres des délibérations, II, part. V, au 1er juillet 1425.
[212] Gruel, p. 362.
[213] Archives de Tours, Registres des délibérations, II, part. V, au 7 juillet 1425 ; Registres des Comptes, XXII, f. 120 v°.
[214] Registres des Comptes, XXII, f. 102 v° ; Registres des délibérations, III, f. 40 v°.
[215] On pourrait croire qu'il s'agit ici de Louis de Bourbon, comte de Vendôme, et non de Tanguy du Chastel. M. Vallet de Viriville, dans son opuscule Charles VII et ses conseillers (p. 38), dit que Tanguy résigna ses fonctions en avril 1425 ; il prétend même (p. 10) que, pour le second et pour le quatrième trimestre de 1424, l'appellation de grand maitre de l'hôtel qu'on lit au bas d'une ordonnance, doit s'appliquer au comte de Vendôme. Mais des lettres du 6 juillet 1425 (Pièces originales, vol. 94 : ARCHEVÊQUE), qui portent au bas de l'acte la double mention du comte de Vendôme et du grand maitre d'hôtel, montrent bien qu'il s'agit encore ici de Tanguy du Chastel. Ajoutons que des lettres du 10 juillet et du 7 août portent encore cette simple désignation : le comte de Vendôme. Cf. lettres du 30 juillet, citées plus loin en note.
[216] Il s'agit ici de Jean de Vaily.
[217] Il faut remarquer que cette ordonnance du 5 juillet, en parlant des moult grandes, excessives et desraisonnables puissances accordées à Louvet, visait en bonne partie les pouvoirs du 12 juin. Il y a donc là des choses qui sont purement de style, puisqu'elles portent sur des pouvoirs donnés en vue du congédiement.
[218] Archives, X1a 8604, f. 76 v° ; copie moderne dans Le Grand, VI, f. 2.
[219] Voici l'analyse de la lettre du connétable, d'après les Registres des Comptes : Mon dit seigneur le connestable escript auxdiz bourgois et habitants qu'ilz puent assez savoir les troubles et empeschemens qu'ilz lui ont esté mis à l'entreprise qu'il avoit faite pour le bien du Roy nostre sire et de sa seigneurie, afin de parvenir au bien de paix et faire cesser les pilleries et robcries accoustumées estre faites en ce royaume, et comment par le bon moyen et aide de banne et puissante princesse madame la Royne de Secille, et de plusieurs prelaz, gens d'église, nobles, barons, vassaulx, bonnes villes et autres subgiez du Roy nostre dit seigneur, y a resisté, Dieu mercy, et que, pour parvenir à la dicte lin et conclusion, il est venu après le Roy nostre dit seigneur jusques à la dicte ville de Chastelleraut, en laquelle est venue la dicte Royne de Secille et plusieurs autres gens de par le Roy nostre dit seigneur, par plusieurs voyages et embaxades, et semblablement a envoyé devers le dit seigneur ; et après toutes choses a conclut et deliberé d'aler demain, au plaisir de Dieu, devers le Roy nostre dit seigneur en la ville de Poitiers, et espoire que, avant qu'il en parte, si bon gouvernement se mettra en ses besongnes et affaires, que ce sera au bien du Roy nostre dit seigneur et de toute sa seigneurie. Et comme le connétable avait eu, pour lesquelles choses faire et conduire, de moult grans frais et despens, et qu'il avait dû engager plusieurs de ses biens et joyaux, et soy obligier à plusieurs personnes en grans sommes de deniers, il sollicitait un prêt de 2.000 l. t., sur lequel on lui octroya 500 l., par délibération prise le 15 juillet. Registres des Comptes, XXII, f. 102 v°.
[220] Le 13 juillet, les habitants de Tours, étant sans nouvelles de l'appoinctement, firent partir un messager pour Poitiers. Alain Haussant, capitaine de Tours, alla à son tour vers la Reine de Sicile et le connétable (Registres des délibérations, II, partie V, du 5 août 1425 ; Registres des Comptes, XXII, f. 121 et 121 v°). Il revint à Tours le 26, et rendit compte de sa mission. Après avoir fait connaître la solution donnée aux questions touchant la ville, il déclara, de la part de la Reine, que, ou le plaisir Dieu, les choses du gouvernement du Roy et des debaz qui ont esté pour le president de Provence et ses adherez mettre hors de la compaignie du Roy, briefvement se porteront bien au prouffit et honneur du Roy et de son royaume ; ajoutant qu'il est probable que la cour se transportera à Tours, Angers ou Saumur, afin de tenir une réunion des États généraux, pour prendre par eulx final conclusion pour le dit gouvernement du Roy. Registres des délibérations, III, f. 42.
[221] C'est l'expression dont se sert le connétable dans une lettre du 3 août, citée plus bas.
[222] Cousinot, p. 230 ; Gruel, p. 362 ;
Berry, p. 373.
[223] Gruel, p. 361 Le chroniqueur ajoute qu'il fit tuer par un de ses archers un capitaine, lequel faisoit trop de maux et ne vouloit obeir.
[224] Lettres du 30 juillet 1425. Ordre de payer à nostre amé et feal chevalier et grant maistre de nostre hostel Tanguy du Chastel la somme de deux mil livres tournois, laquelle lui avons ordonnée et ordonnons par ces presentes, pour les frais et despenses que faire lui convendra ou voyage que presentement lui ordonnons faire oudit pays de Languedoc, pour aucunes noz besongnes et affaires que .nous ne voulons cy estre declairées, en quoy lui convendra vaquer et demeurer par longue espace de temps. Pièces originales, 753 : CHASTEL (DU). — On remarquera que, dans ces lettres, Tanguy est encore qualifié du titre de grand maître d'hôtel. Le comte de Vendôme, revenu de sa prison d'Angleterre, et qui en était titulaire, ne la reprit donc pas tant que Tanguy demeura à la Cour.
[225] Il est fait allusion à la retraite de Frotier dans des lettres du 15 décembre 1440 : on y parle des mutacions faites à la Cour en 1425, à l'occasion desquelles il fut deschargié d'icellui office, et le convint retraire et absenter, et aller en son hostel avecques autres d'icelle nostre court. Archives, KK 53, f. 155.
[226] Ceci est établi par une pièce du 20 janvier 1429. Ms. fr. 10238, f. 184.
[227] On lit à ce sujet dans des lettres de Charles VII du 23 octobre 1434, par lesquelles il donne à son ancien serviteur une pension à vie de 1.200 florins : Considerans et ayans en bonne memoire les tres grans et recommandables services que, dès nostre plus jeune aage, nous a faiz continuellement en son estat et office de conseiller et premier phisicien, nostre amé et feal conseiller maistre Jehan Cadart, ayant le soing et cure principalement, comme à son dit office appartenoit, de la santé et bonne prosperité de nostre personne, assistant jour et nuit bien curieusement entour nous, non sans grant peine et travail de sa personne..... Clairambault, 1070, f. 163.
[228] Cousinot, p. 230.
[229] Voir plus haut.
[230] Berry, p. 373.
[231] Original sur parchemin, non signé, avec un sceau plaqué, et trace de sceau sur la queue. Archives de Lyon, AA 22, f. 37.
[232] Original signé, Archives de Tournai.
[233] Archives de Lyon, AA 77.
[234] Archives de Lyon, AA 17.
[235] Archives de Lyon, AA 22, f. 38 et 52. La première a été éditée par M. Thomas, les États généraux sous Charles VII, p. 48.
[236] Original, AA 17. Publié dans la Revue du Lyonnais, p. 334-35.
[237] On n'a pas cette lettre.
[238] Original, AA 77.
[239] Original, AA 20, f. 16. Le 5 août, les habitants de Tours avaient reçu des lettres closes du Roi, de la reine de Sicile et du connétable. Le Roi demandait un subside de 6.500 l. t., et que promptement on le lui paie. Registres des délibérations, III, f. 44.
[240] Gruel, p. 363.
[241] Lettres du 15 juillet, visées par D. Vaissète, t. IV, p. 466.
[242] D. Vaissète, t. IV, p. 466.
[243] Lettres du mois de juillet, publiées par le P. Anselme, t. III, p. 108. On lit, parmi les motifs invoqués, le suivant : Considerans les haulx et honorables services et tres agreables plaisirs que icelle nostre belle mere nous a fait au conduit de nos affaires, au bien de nous et de nostre seigneurie, à grans peines et travaulx de sa personne, en tenant et reputant nos faiz comme les siens propres, et fait continuellement, et que nous scavons que tousjours a voullenté de faire au mieulx que possible luy sera. Il est à noter que cet acte ne fut publié par le Parlement que le 4 février 1435, de mandato expresso Regis, et ne fut enregistré à la Chambre des Comptes que le 8 mai 1436.
[244] Lettres du 15 juillet, confirmant l'abandon des aides et gabelles et de l'imposition foraine ayant cours sur ses terres. Chartes royales, XIII, n° 33.
[245] Lettre du 30 juillet, dans D. Morice, t. II, col. 1176. Comme nous aions tousjours desiré et desirons avoir et tenir entour nous de ceux de nostre sang et lignage, et des barons et nobles de nostre royaume pour la seureté de nostre personne et conduite de nos affaires, et pour ce et mesmement par l'advis et deliberacion de nostre tres chiers et tres amée mere la Royne de Sicile et de nostre tres chier et tres amé cousin le conte de Richemont, connestable de France, et de plusieurs autres de nostre sang et lignage.
[246] Archives, X1a 8604, f. 79 v°.
[247] On lui devait 16.000 l. t. Lettres du 7 août. Archives, X1a 8604, f. 79.
[248] Voir lettres du 2 août, portant don de 8.000 l. t. D. Vaissète, t. IV, p. 430. La quittance de Philippe de Lévis est du 15 septembre 1425. Clairambault, 172, p. 5601.
[249] Il passa le 11 août par Tours, se rendant à Saumur. Registres des Comptes, XXII, f. 98 v°.
[250] La date est fixée par une lettre d'un envoyé de Lyon, Roulin de Mascon, en date du 26 septembre, tirée des archives de Lyon (AA 103), qui contient d'intéressants détails, et que nous publions parmi les Pièces justificatives, avec deux autres lettres du 30 septembre et du 12 octobre.
[251] Lettre de Roulin de Mascon du 26 septembre.
[252] C'était un des conseillers de la reine Yolande. Voir Archives, J 409, n° 49.
[253] Cette date est encore fixée par la lettre de Roulin de Mascon. Par le conseil et deliberacion des barons et gens des trois estats du pays de Bretaigne. Instructions du 28 mars 1426 à des ambassadeurs en Castille. Ms. lat. 6024, n° 18.
[254] Berry, p. 373-74.
[255] La lettre de Roulin de Mascon du 30 septembre confirme les détails donnés à cet égard par G. Gruel, p. 363.
[256] Gruel, p. 363.
[257] Lettre de Roulin de Mascon du 12 octobre.
[258] Lettre de Roulin de Mascon du 12 octobre.
[259] Lettre de Roulin de Mascon du 12 octobre.
[260] D. Morice, t. II, col. 1180-82.
[261] D. Morice, t. II, col. 1180-82. Le 15 octobre, le conseil de ville de Tours recevait une lettre de la reine de Sicile, apportée par le capitaine Main Haussart, qui exposa que le Roi venait de conclure un traité avec le duc de Bretagne ; que le duc avait prêté serment de servir le Roy nostre sire et soy emploier de corps, de biens et de toute sa puissance à lui aider à resister et avoir victoire contre les Anglois ses ennemis et toux autres ses malveillans ; que le Roi avait fait serment au duc de lui aider de sa puissance contre les Anglois et autres ses malveillans, comme le comte de Painthièvre, ses frères et autres ; enfin que le duc avait pris l'engagement que le duc de Bourgogne suivrait son exemple. La reine de Sicile faisait dire en outre à ses bons vassaux : Et sont les choses bien appoinctiés ; et briefvement, ou le plaisir Dieu, seront nos seigneurs de France à bon accort et union. Registres des délibérations, III, f. 55.
[262] D. Morice, t. II, col. 1182.
[263] Berry, p. 374.
[264] Et comme ay oy dire à ceulx qui firent presens, firent seremens et alliance ensemble, dont chascun cria audit chastel à suite voix : Noé ! Lettre de Roulin de Mascon du 12 octobre.