HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE I. — LE COMTE DE PONTHIEU, LE DAUPHIN ET LE RÉGENT - 1403-1422

 

CHAPITRE X. — L'ADMINISTRATION DU DAUPHIN - 1418-1422.

 

 

§ I. — ROYAUTÉ, ADMINISTRATION CENTRALE, PARLEMENT, ÉTATS GÉNÉRAUX, CLERGÉ, NOBLESSE, TIERS-ÉTAT.

Situation du pouvoir royal. Anarchie dans l'administration. — Reconstitution de l'administra-Lion centrale par le Dauphin : chancelier, Grand Conseil, grands officiers de la Couronne, maison du Prince. — Création du Parlement de Poitiers ; son organisation. — Création du Parlement de Toulouse. — États généreux et particuliers : réunion d'États généraux à Clermont en mai 1421. — Clergé : situation de l'Église de Franco ; assemblée tenue en mars 1418 ; ordonnances rendues par Charles VI et maintenues pendant la régence du Dauphin ; relations du Dauphin avec le clergé ordonnance contre les blasphémateurs. — Noblesse : attitude des princes apanages et des grands feudataires ; conduite du Dauphin à leur égards convocation des nobles du royaume ; exemptions du service militaire ; lettres d'ennoblissement. — Tiers-État : protection dont il est l'objet ; relations avec les villes ; mesures prises pour leur venir en aide ; lettres d'abolition données aux habitants de Tours, de Mines, de Béziers ; confirmation de privilèges ; concessions octroyées.

 

Jamais la force du principe monarchique n'apparut d'une façon plus éclatante que pendant les dernières années du règne de Charles VI. Partagée en deux camps et devenue le théâtre de luttes acharnées, foulée par un ennemi impitoyable qui poursuivait âprement sa conquête, trahie par ceux-là mêmes qui auraient dû prendre sa défense, la France était tombée bien bas ; mais elle pouvait espérer encore, car elle conservait sa dynastie. La Royauté était là ; l'institution traditionnelle demeurait, entourée du respect de tous, et c'est sous son égide que le pays allait se relever de ses ruines. Si le roi Charles VI est incapable de s'occuper des affaires de l'État, son fils exerce le pouvoir sous son nom, avec le titre de lieutenant général du royaume. Quand, en mai 1418, le Roi tombe aux mains d'une faction qui livre à la fois Paris à l'anarchie et la France à l'étranger, le Dauphin — vu l'empêchement du Roi et comme héritier de la couronne, à qui seul, par raison et droit naturel, appartient de pourvoir au gouvernement et à l'administration[1] — exerce les fonctions de régent, et bientôt il en prend officiellement le titre. Le jeune Charles est alors le véritable Roi, reconnu par tous les, bons Français aussi bien que par les puissances unies au royaume par des traités, jusqu'au jour où la mort de son père fera passer sur sa tête la couronne que ses ennemis ont vainement tenté de lui ravir.

Assurément si la France, subissant le joug de Jean sans Peur et de son fils, s'était soustraite à l'obéissance du Dauphin, si elle eût accepté le traité qui le déclarait indigne de la couronne et déchu du trône, c'en était fait de notre pays. Au dauphin Charles revient l'honneur d'avoir par son énergique résistance sauvegardé l'indépendance nationale, offrant ainsi la démonstration de cette vérité, attestée par toute notre histoire, que le salut de la France est dans la fidélité au principe de la monarchie traditionnelle.

Mais en se mettant à la tète du mouvement qui, sous son active impulsion, allait empêcher la France de devenir une province anglaise, le Dauphin devait tout d'abord s'occuper de la situation intérieure du royaume.

L'anarchie la plus complète régnait dans l'administration. D'un côté, le gouvernement de Paris, dirigé par la faction bourguignonne ; d'un autre, celui de la Reine et du duc de Bourgogne, d'abord installé à Troyes, établi plus tard à Paris, puis transporté de nouveau à Troyes dans l'été de 1419 ; en troisième lieu, relui du Dauphin, provisoirement installé à Bourges. Tout était à créer : plus de conseil, pins de parlement, plus de chambre des comptes, point d'armée, point de finances. Le personnel entier des cours souveraines et de l'administration était à reconstituer ; au centre, il fallait rétablir tous les rouages, brisés subitement ; sur les différents points du royaume, on avait à s'assurer l'appui du clergé, de la noblesse, des villes surtout, que le duc de Bourgogne s'efforçait de gagner.

La tâche était immense, et très disproportionnée aux forces du Dauphin. Bien qu'associé de bonne heure aux travaux du conseil royal et investi, par une ordonnance du 14 juin 1417[2], de la mission de le présider en l'absence de son père, Charles était trop jeune pour avoir pu faire son apprentissage de Roi. Les actes émanés de son initiative personnelle, durant la courte période qui précéda l'invasion du 29 mai 1418, sont peu nombreux, et concernent exclusivement, soit le Dauphiné avait reçu en apanage le 13 avril 1417[3], soit les provinces — le duché de Touraine d'abord[4], le duché de Berry et le comté de Poitou ensuite[5] — qui lui avaient été données et qu'il tenait en pairie[6].

Quand on jette un regard attentif sur le personnel de la petite Cour du Dauphin, au lendemain de la fuite de Paris, un fait se dégage dès l'abord : c'est que tout ce qu'il y avait de plus notable dans le Conseil de Charles VI ne tarda point à se grouper autour du jeune prince. Nous avons enregistré plus haut[7] les noms de ces personnages. On put reconstituer immédiatement les différents services. Le Dauphin eut près de lui son chancelier (Robert le Maçon), qui ne l'avait pas quitté ; le seul maréchal alors en exercice (Pierre de Rochefort) ; l'amiral de France (Robert de Braquemont), et le grand maître des arbalétriers (Jean de Torsay). Le Grand Conseil se trouva bien vite formé. La multiplicité des déplacements du prince et les besoins de l'administration amenèrent même un résultat qu'il faut signaler : il y eut à la fois plusieurs conseils. Indépendamment du conseil particulier qui suivait le Dauphin, il y avait le Grand Conseil, siégeant d'une façon permanente, en son absence, à Poitiers d'abord[8], puis à Bourges[9]. Il y eut un conseil résidant en Languedoc, où fut bientôt, organisée une administration spéciale[10] : à Toulouse, en 1422, fut installé un conseil, non plus nomade et — comme il l'avait été au début, — attaché à la personne du lieutenant général du Dauphin, mais indépendant et Sédentaire[11]. Il y eut même parfois d'autres conseils, siégeant d'une façon intermittente, à Lyon[12] et à Chinon[13].

Cette vie errante du Dauphin, cette obligation de se transporter d'une extrémité à l'autre du royaume, amena une autre innovation : pendant le voyage du Languedoc, le chancelier étant resté à Bourges pour diriger les affaires, Charles eut près de lui un vice-chancelier[14]. Nous avons vu plus haut qu'au commencement de 1422 un nouveau chancelier avait été nommé : par lettres du 3 février, le Dauphin, considérant que à lui singulièrement et non à autres, attendu la disposition et aussi la détention de la personne du Roi, appartient de pourvoir à l'office de chancelier du royaume, — vacant depuis le trépas de Henri de Marle[15], massacré à Paris par la faction bourguignonne, — ainsi qu'il avait fait pour les autres offices, et afin que la justice, dont le chancelier est le chef, fût bien administrée, éleva Martin Gouge, évêque de Clermont, à la dignité de chancelier de France[16].

Le chancelier avait la garde du grand sceau. Ce sceau, aux armes du Dauphin, écartelé de France et de Dauphiné[17], était resté à Paris, aux mains des ennemis, et l'on avait dû prendre des précautions contre l'usage qui pouvait en être fait par la faction bourguignonne[18]. Les premières lettres rendues au nom du Dauphin sont scellées du scel de secret, en l'absence du grant[19]. Le scel secret était confié à la garde du premier chambellan ; c'était, nous l'avons vu plus haut, le sire de Barbazan[20].

Nous avons constaté que, parmi les grands officiers de la couronne, trois des titulaires avaient suivi le Dauphin. Les autres, tels que le grand maître d'hôtel du Roi (le comte de Vendôme), le grand bouteiller (Jean, sire d'Estouteville), le grand chancelier (le duc de Bourbon) et un maréchal de France (le sire de Boucicaut), étaient prisonniers en Angleterre. Nul des grands officiers ne resta au service de Charles VI, après qu'il fut tombé aux mains des Bourguignons. Le gouvernement dirigé par Jean sans Peur dut pourvoir aux vacances par la nomination de nouveaux titulaires. C'est ainsi que Claude de Beauvoir, seigneur de Chastelus, et Jean de Villiers, seigneur de l'Isle-Adam, devinrent maréchaux de France (2 juin 1418) ; que Charles de Lens fut nommé amiral (5 juin) ; André de Toulongeon, grand maître de l'écurie (16 juillet) ; Jean de Neufchastel, seigneur de Montagu, grand bouteiller (30 juillet) ; Robinet de Mailly, grand pannetier (juin) ; Jean de Berghes, grand veneur (2 juin) ; Guillaume de Prez, grand fauconnier ; Jean Petit, maître de l'artillerie (7 octobre) 2. — De son côté, après grande et mure deliberation, le Dauphin, ayant en vue le grand bien de sa seigneurie, s'occupa peu à peu de pourvoir aux charges encore vacantes. Au mois de septembre 1420, au plus tard, il avait désigné le seigneur de la Fayette[21] pour suppléer le maréchal de Boucicaut, qui ne tarda pas à mourir en Angleterre[22]. Au commencement de 1421, Amaury de Séverac fut adjoint au maréchal de la Fayette[23]. Après la victoire de Baugé (22 mars 1421), l'a chargé de connétable, restée vacante depuis la mort du comte d'Armagnac, fut donnée à Jean Stuart, comte de Buchan[24]. Vers le même temps, Louis de Culant fut promu à la dignité d'amiral, vacante par la mort de l'amiral de Braquemont[25]. Le 1er octobre 1420, Pierre Bessonneau, écuyer d'écurie du Dauphin, fut nommé général maître et visiteur de l'artillerie[26]. La charge d'aumônier était remplie par Étienne de Montmoret[27]. Celle de grand écuyer, d'abord confiée à Hugues de Noé, fût donnée le 20 septembre 1419 à Pierre Frotier, écuyer d'écurie du Dauphin[28]. Le premier chambellan Barbazan, tombé au pouvoir des ennemis, qui devaient lui faire subir une longue captivité, paraît avoir été suppléé par Guillaume d'Avaugour[29]. Jean, seigneur de Prie, et Guillaume Bellier, capitaine de Chinon, étaient alors, l'un grand pannetier, l'autre grand veneur[30]. Enfin, dès le 20 septembre 1418, nous voyons Guillaume de Chaumont, seigneur de Quitry, remplir la charge de grand maître des eaux et forêts[31].

Dans cette énumération, il ne faut point oublier une charge spéciale, celle de maréchal des guerres du Dauphin, créée à la fin de 1418, et remplie, comme nous l'avons vu[32], par Tanguy du Chastel.

Ainsi, pendant sa régence, Charles pourvut à toutes les charges de grands officiers, maintenant ainsi intactes les traditions de la monarchie.

Sa maison fut de bonne heure constituée : les comptes qui nous ont été conservés, les documents que nous avons pu recueillir, prouvent qu'elle ne tarda point à être au complet. Le Dauphin avait un premier maître d'hôtel (Thibaud Oudart) et trois maîtres d'hôtel[33] ; vingt-quatre écuyers d'écurie[34] et un écuyer d'honneur[35] ; un premier pannetier (Hervé du Mesnil) et une douzaine de pannetiers[36] ; un premier échanson (Philippot d'Erquainvilliers) et une douzaine d'échansons[37] ; quatre écuyers tranchants[38] ; de nombreux conseillers et chambellans[39] ; un plus grand nombre de simples chambellans[40] ; puis un physicien (Jean Cadart), un chirurgien (Regnault Thierry), un argentier (Denis du Chesne), un maître de la chambre aux deniers, un sergent d'armes, un huissier d'armes, un huissier de salle, un maréchal de l'écurie, un premier valet de chambre et huit valets de chambre dont l'un était en même temps premier barbier[41], un premier queux ; enfin des fauconniers, des pages, des trompettes, etc.

L'un des premiers soins du Dauphin fut de pourvoir à l'administration de la justice : à côté du Conseil, il fallait un Parlement. Le gouvernement qui siégeait dans la capitale n'avait rien eu de plus pressé que de mettre en sa main tous les offices du royaume[42], et de remplacer les membres du Parlement et des autres corps de l'État par des créatures du duc de Bourgogne[43]. Le Dauphin, une fois qu'il fut bien constaté que ses tentatives de conciliation demeureraient vaines, s'occupa de pourvoir à ce besoin. Il avait autour de lui plusieurs membres du Parlement de Paris : par lettres données à Niort, le 21 septembre 1418, il institua son Parlement. Dans ces lettres, le Dauphin rappelle d'abord ce qui s'est passé dans la capitale : les horribles massacres commis avec une scandaleuse impunité ; les mutations faites arbitrairement par le duc de Bourgogne, lequel n'avait nul droit de soy entremettre du gouvernement du royaume ne de Monseigneur. Le Dauphin, considérant que le Roi n'était point en sa franchise, mais à la merci du duc, qui n'a en ce que voir et que connaître, et que, en l'absence et durant l'empêchement du Roi, à lui seul appartient le gouvernement du royaume ; voulant protéger ses sujets et leur faire administrer bonne justice, déclare commettre Jean de Vaily, président au Parlement, quatre anciens maîtres des requêtes, les doyens de Paris et de Senlis, les archidiacres de Meaux et de Poitiers, et huit autres de ses conseillers (en tout dix-sept magistrats), pour tenir et exercer la Cour et juridiction souveraine du royaume à Poitiers, avec toutes les prérogatives dont jouissait le Parlement[44].

Le Parlement de Poitiers commença ses travaux le décembre 1418[45]. Il était composé de ce qu'il y avait de plus ancien et de plus notable parmi les magistrats qui avaient siégé à Paris au Parlement et au Châtelet[46]. Les causes ne tardèrent pas à y abonder[47], et l'on y fit, selon un grave auteur du temps, bonne et briefve expedition de justice[48]. Le Dauphin nomma en même temps Bene Pidalet aux fonctions de procureur général[49].

Par d'autres lettres, données également le 21 septembre, le Dauphin désigna six des membres du nouveau Parlement pour tenir la chancellerie, en l'absence du chancelier, qui, disait-il, sera souventes fois hors de nostre dicte ville, en nostre compaignie ou ailleurs où nous le vouldrons envoier pour nos besongnes et affaires[50].

Le Parlement de Poitiers fut un moment réuni au Parlement de Paris : par lettres du 19 juillet 1419, données après le traité de Pouilly, Charles VI confirma les arrêts rendus à Poitiers, et évoqua les causes pendantes au prochain Parlement[51]. Mais on n'eut pas le temps de mettre cette mesure à exécution ; l'accord momentané qui s'était opéré fut rompu après le meurtre de Montereau : le Parlement de Poitiers devait conserver son existence propre jusqu'à la soumission de la capitale, en 1436.

Lors de son voyage en Languedoc, le Dauphin institua un autre Parlement à Toulouse. Les lettres de création furent données à Carcassonne le 20 mars 1420. Les considérants en sont remarquables et méritent d'être cités : Après qu'il a pieu à Dieu nous laisser seul filz de Monseigneur, son vray heritier et successeur de sa couronne, — et par ce ayons pris, comme il nous appartenoit et appartient, et à nul autre, attendu les notoires exoines et empeschemens de mondit seigneur, la regence et administration de ce royatime, — la principale cure qu'avons eue et ayons a esté de nourrir et garder les subjects d'icelluy en paix et tranquillité, laquelle chose ne se pourroit bonnement faire sans administrer à tous bonne justice, qui est le souverain bien de toutes choses creées, pour soustenir et maintenir en estat toutes seigneuries, dont la très noble et très chrestienne seigneurie de France a esté sur toutes les autres renommée et recommandée jusqu'à ces douloureuses divisions qui en nos jours y sont survenues, sans que ce soit en rien, Dieu mercy, par le fait et coulpe de mondit seigneur ou de nous. Il a donc été ordonné que le Parlement siègerait à Poitiers et serait tenu par certains des officiers chassés de la ville de Paris : en quoy, graces à Nostre Seigneur, la justice de ce royaume est grandement relevée et restaurée. Mais, vu la distance qui sépare Poitiers du Languedoc et du duché de Guyenne au delà de la Dordogne, et les grands perils qui sont sur les chemins pour les grandes multitudes de gens d'armes et de trait et autres gens de guerre estant de present sus en plusieurs parties de ce royaume, les sujets du Roi en ces pays ne pourraient suivre leurs causes et recourir à la justice sans de trop grands dangers, frais et délais. Le Dauphin, à la requête des habitants du Languedoc, voulant, dit-il, les garder de tous griefs, peines, coustemens et travaux, attendu mesmement la grande et loyale obeissance qu'ilz ont tous temps eue envers mondit seigneur et ont envers nous, comme ilz nous ont par effect monstré, en quoy ils persevereront tousjours, si Dieu plaist, comme promis et juré le nous ont, déclare ordonner et instituer à Toulouse un Parlement et Cour capitale et souveraine, pour le Languedoc et le 'duché de Guyenne au sud de la Dordogne, lequel Parlement sera tenu par douze personnes, savoir un prélat et onze notables conseillers, tant clercs que laïques, ayant pouvoir de connaître et de décider de toutes causes, d'appel ou autres, civiles et criminelles[52].

Par deux autres lettres données à Bourges le 6 novembre 1421, Charles, considérant la multiplicité des causes criminelles qui affluaient au Parlement de Toulouse, décida que cinq des conseillers laïques, appelés avec eux, si bon leur semblait, des juges et conseillers laïques du pays, suffiraient pour juger et rendre arrêt en matière criminelle, et autorisa les président et conseillers au Parlement à s'adjoindre un ou deux conseillers clercs et trois conseillers laïques, tels qu'ilz verront estre idoines et profitables, pour besogner avec ceux qui seraient ainsi choisis[53].

Le Parlement de Poitiers suivit en toutes choses la forme, manière et style que l'on gardait en la Cour du Parlement à Paris[54]. On commença par expédier les causes des grands jours de Berry, d'Auvergne et de Poitou ; puis on évoqua les causes pendantes à Paris, celles des pays encore soumis au Dauphin, et enfin les causes d'appel qui étaient fort nombreuses[55]. Dès le début, on se partagea en deux chambres : grand'chambre et chambre criminelle ; il y eut aussi une chambre des requêtes, composée des maîtres des requêtes de l'hôtel du Roi[56]. Par lettres du 28 septembre 1419, le Dauphin, considérant que les causes affluaient au Parlement, ordonna que, durant les vacations, dont le terme devait se prolonger jusqu'au 13 novembre, les conseillers vaqueraient à l'examen et au jugement des procès appointés au Conseil et en arrêt, sans toutefois procéder au prononcé des délibérations et jugements, et qu'ils toucheraient leurs gages comme si la Cour siégeait[57].

Les attributions du nouveau Parlement ne comprenaient pas seulement les affaires ressortissant à toute cour souveraine ; elles furent étendues à certains actes que commandait la situation exceptionnelle du royaume : c'est ainsi que, par lettres du 25 août 1420, le Dauphin, considérant que les Anglais s'avançaient jusque sur les frontières du Poitou, donna commission aux membres du Parlement de visiter toutes les places fortes de cette province, de faire démolir celles qui ne pourraient être mises en état de défense, et de faire ravitailler et réparer les autres[58].

Quant au ressort du Parlement, à l'époque où il fut organisé à Poitiers, on peut le déterminer d'une manière précise à l'aide des arrêts civils prononcés en 1418 et 1419[59]. Il s'étendait aux provinces suivantes : Orléanais[60], Touraine, Anjou, Poitou, Berry, Marche, Saintonge, La Rochelle et Ile de Ré, Angoumois, Limousin, Auvergne, Lyonnais, Mâconnais et comté de Rodez.

Le jugement suivant a été porté sur le Parlement de Poitiers, par un homme qui fait autorité dans la matière[61] : Ce parlement ne comptait pas un aussi grand nombre de membres que celui de Paris ; mais il était composé d'hommes honorables, laborieux, dévoués, qui parvinrent à remplir tous les devoirs de leurs charges... Réduit par le malheur des temps, quant à l'étendue de sa juridiction et quant à la portée de son action, il se livra à des travaux aussi variés que les magistrats restés à Paris pour servir les Anglais : ses registres en font foi.

 

Après avoir réorganisé le Grand Conseil et le Parlement, après s'être préoccupé de reconstituer le personnel des baillis, sénéchaux et autres officiers royaux[62], le gouvernement du Dauphin avait à pourvoir aux besoins financiers. Pour cela il fallait faire appel au pays, et convoquer les États. Mais le concours des États n'importait pas seulement pour se procurer les ressources nécessaires ; il était indispensable pour triompher des difficultés de toute nature qui entravaient la marche du pouvoir. Nous avons dit plus haut qu'en juin 1417, voyant le Dauphiné menacé par l'empereur Sigismond, le Dauphin avait convoqué les États de cette province[63]. De son côté, le gouvernement de la Reine et du duc n'avait pas manqué de recourir aux États, soit pour se rendre le Languedoc favorable[64], soit pour couvrir d'une apparence de légalité l'acte qui enlevait à Charles l'héritage du trône[65], et le roi d'Angleterre avait, au mois de janvier 1421, réuni à Rouen les États de Normandie[66].

A peine arrivé à Bourges, le Dauphin se mit en relations avec les États des diverses provinces, et sollicita leur concours[67] ; nous avons la preuve que, vers le mois de juin 1418, une aide lui fut octroyée par les États des provinces suivantes : Poitou, Saintonge, Limousin, Périgord, Angoumois et pays de la Marche, dans une assemblée qui parait avoir été tenue à Limoges[68]. En Languedoc, le comte de Foix, gouverneur au nom du Dauphin, réunit, vers la lin d'avril 1419, les gens des communes, et obtint d'eux un don de soixante-huit mille livres, pour chasser de la province le prince d'Orange et ses Bourguignons[69]. Après la défaite du prince, les États du Languedoc furent convoqués à Toulouse à la date du 15 juillet 1419, et peu après fut tenue à Béziers (2 octobre) une assemblée où l'on vota une crue sur le sel, jusqu'à concurrence de la somme de soixante-huit mille quatre cents livres[70]. Une nouvelle réunion d'États eut lieu dans cette ville à partir du 15 novembre 1419[71]. Le comte de Foix avait convoqué les États à Carcassonne pour le 15 février 1420 ; mais le Dauphin étant arrivé sur ces entrefaites et s'étant emparé du gouvernement du Languedoc, cette assemblée fut remplacée par une autre, tenue à Carcassonne le 17 mars, sous la présidence du jeune prince : on lui accorda une aide de 200.000 livres[72]. D'autres réunions d'États eurent lieu en Languedoc en 1421 et 1422[73].

Le Dauphiné eut, comme le Languedoc, ses réunions d'États. Par lettres données à Amboise, en juillet 1418, le Dauphin ordonnait la convocation des États de la province[74]. Nous savons que dans une autre assemblée, tenue au commencement de 1421, une aide de cent mille florins fut octroyée[75]. En Poitou, une aide de quarante -deux mille francs fut votée en 1420, une de vingt-quatre mille écus en 1421, et une de cent mille francs en 1422[76]. Des assemblées d'État eurent lieu également en Auvergne[77], en Limousin[78], en Touraine[79], etc. Mais toutes avaient un caractère local. Si, à Chinon au commencement d'août 1418[80], à Lyon en janvier 1420[81], à Selles le 25 janvier 1421[82], Charles avait tenu des assemblées solennelles, où l'on avait mis en délibération les mesures à prendre — car, suivant une habitude dont il ne se départit point, il ne prenait jamais de résolution importante sans faire appel aux lumières des conseillers du trône, — on n'avait point encore convoqué les États généraux. Au commencement de 1421, eut lieu, à Clermont en Auvergne, une assemblée des États des provinces de Languedoil, c'est-à-dire de toutes celles de l'obéissance du Dauphin, en dehors du Dauphiné et du Languedoc. Voici 1 a lettre, en date du 8 février, par laquelle fut faite la convocation :

A noz tres chiers et bien aines les conseillers, bourgoiz, manans et habitans de la cité et ville de Lyon.

DE PAR LE REGENT LE ROIAUME, DAULPHIN DE VIENNOIS.

Tres chiers et bien amez, pour resister à l'outrageuse entreprinse de l'adversaire d'Angleterre, qui à present tient en sa main et subjection la personne de Monseigneur, dont nous avons si grant et amere desplaisance de cuer que plus ne pourrions avoir, et pour entendre à sa delivrance et le remettre en sa franchise, puissance et auctorité roial, comme il appartient, et aussi au recouvrement de sa seigneurie et nostre, nous avons nagaires fait assembler en ceste ville de Selles aucuns de nostre sang et lignage, et plusieurs prelas, barons, chevaliers et autres peisonnes notables de divers estas, par l'advis desquelz avons, entre autres choses, ordonné mander en plus grant nombre des bons et loiaulx subgetz de mondit seigneur et nostres de tous estas, au premier jour de may prouchain venant, en la ville de Clermont en Auvergne. Et pour ce vous prions et requerons et neantmoins mandons de par mondit seigneur et nous, sur la loiaulté et obeissance que devez à lui et à nous, et en tant que desirez la conservation de ceste seigneurie et de vous mesmes, que aux jour et lieu dessus diz vous envoiez par devers nous aucuns des plus notables d'entre vous, en nombre souffisant, pour avoir vostre conseil, confort et aide sur les choses dessus dictes et l'execucion d'icelles ; aians les dessus diz que ainsi envoierez bon et souffisant pouvoir de par vous pour consentir, accorder et conclure tout ce qui en ladicte assamblée sera advisié, conseillié et determiné. Et gardez que en ce n'ait point de faulte. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous.

Escript à Selles en Berry, le VIIIe jour de fevrier.

CHARLES.

VILLEBRESME[83].

La réunion des États, retardée par une maladie de l'archevêque de Bourges, qui avait été désigné pour la présider en l'absence du Dauphin, s'ouvrit le lundi de la Pentecôte, 12 mai, dans l'hôtel de l'évêque. Elle n'était point nombreuse : l'éloignement, les nécessités de la lutte, le danger des chemins, avaient retenu beaucoup de députés. L'archevêque exposa la situation des affaires, les difficultés qu'éprouvait le Régent, le bon vouloir qu'il avait de mettre le Roi et le royaume en franchise et hors des mains de ses ennemis, l'intention où il était, avec l'aide dé Dieu et de ses bons sujets, de tenir les champs, car il avait belle et notable compagnie de gens d'armes et de trait ; mais, pour les payer, il comptait sur le concours de ses sujets : il lui fallait présentement, pour les frais de la guerre, au moins douze cent mille livres tournois[84].

Nous avons le texte des Avis proposés par les gens des trois États : l'âme de la France est tout entière dans ces avis, inspirés par un noble patriotisme, qui sont restés ignorés de tous les historiens[85].

Les députés protestent d'abord que, dans leurs observations et requêtes, ils n'entendent toucher ni au gouvernement ni à l'autorité de Monseigneur le Regent, mais qu'en tout, comme de vrais sujets, ils se soumettent à la correction et ordonnance du prince et de son conseil. Ils remercient Dieu de la grâce qu'il a faite au Régent en ce qu'il l'a preservé de peril, lui a donné vertu, sens, entendement et volonté d'aimer Dieu et soi gouverner catholiquement, et d'ôter le Roi et son royaume de servitude et de captivité ; ils remercient leur seigneur de ce que, conformément à la volonté de Dieu, il s'expose en personne à ensuivre sa bonne fortune, et le supplient qu'il y veuille continuer.

Les députés prient le Dauphin : de mettre principalement et commettre son fait à Dieu, de demander les prières et suffrages de Sainte Eglise et des prud'hommes de son royaume, par processions, messes ou autres prières, de faire cesser les blasphèmes, de tenir justice en son hôtel et partout en son obéissance, et d'avoir en révérence Dieu et sainte Église ;

De ramener à lui, autant qu'il pourra, tous ses parents, en se réconciliant avec eux, de se montrer clément à l'égard de ceux qui se soumettront, d'oublier toutes injures, et vincat in bond malum, de cœur et sans faintise, comme il a accoutumé ;

De bien conserver ses alliés, tels que les Espagnols ; d'envoyer vers le roi de Navarre, le comte de Foix et autres dont il a été parlé à Selles, dans le cas où cela n'aurait point été fait ;

D'avoir pour recommandées les villes et personnes qui se soumettront, soit en Normandie, soit ailleurs ; de ne souffrir aucun pillage, et d'entrer dans les pays reconquis comme seigneur recouvrant sa seigneurie et ôtant ses sujets de tyrannie et captivité.

Ils prient les représentants du Dauphin de considérer que, d'abondance de cœur et sans considérer leurs possibilités, ils ont accordé telle somme qui leur a été demandée, et, comme ravis d'amour et volonté de secourir à toute grande nécessité, ils eussent voté au delà de ce qui leur était possible ; ils supplient donc, pour Dieu et en aumône, qu'on se modère à une somme qu'ils puissent accepter, car lis déclarent qu'ils seront toujours prêts de secourir ;

Ils demandent que le Dauphin prenne en gré le sacrifice que ses pauvres sujets peuvent supporter présentement ; qu'il lui plaise de n'employer l'argent qu'au fait de la guerre et pour le recouvrement de sa seigneurie, et que celle-ci soit gouvernée par prud'hommes, en petit nombre, jurés et élus par l'ordonnance du Dauphin ; que les gens d'armes soient payés, de façon à ne pas vivre sur le pauvre peuple ; que, sous prétexte d'offices de monnaie, de nouveaux anoblissements, etc., personne ne soit excepté de l'aide ; que ce qui a été prêté soit remboursé sur le produit de l'aide, pour donner bon exemple et occasion d'autres fois prêter ; qu'on fasse immédiatement, avec le concours d'aucuns prud'hommes du pays, la répartition de l'aide ; qu'il plaise au Dauphin de faire battre de la petite monnaie en faveur des pauvres, et de veiller à ce que la monnaie ne soit pas moins bonne qu'il ne l'a ordonné, car on assure que les maures des monnaies et gouverneurs font en ce plusieurs fraudes.

Finalement, ils prient le Dauphin d'avoir dans son conseil et autour de sa personne de notables seigneurs, ainsi qu'il a été avisé par le conseil de Selles, et, en toutes autres choses, d'avoir considération aux choses avisées audit conseil, lesquelles semblent être très honorables pour sa personne et son gouvernement, utiles et profitables pour le recouvrement de sa seigneurie.

Deux autres articles concernent l'attitude du Dauphin à l'égard du Pape et du clergé : rappelant le concile de Constance et le futur concile général, on lui recommandait indirectement une grande réserve à l'égard du Saint-Siège, et on le priait de faire garder, à l'exemple de ses prédécesseurs, les droits, juridictions, franchises et libertés ecclésiastiques[86].

L'aide octroyée par les États généraux de Clermont s'élevait à 800.000 livres tournois, dont 100.000 fournies par les gens d'église et 700.000 par le tiers-état[87].

Des assemblées d'États eurent lieu simultanément dans différentes villes, au mois de janvier[88] et au mois de juillet 1422[89]. Dans ces réunions, d'une part on demanda l'octroi d'un emprunt et le rétablissement des aides[90] ; de l'autre on insista sur les besoins résultant de l'insuffisance du revenu des monnaies et sur la nécessité de revenir à la forte monnaie[91]. Il est fait allusion aux assemblées d'États tenues en juillet dans des lettres du Dauphin mentionnant l'aide à lui octroyée par les États des pays à lui obeissans, tant pour fere bonne monnaie que pour la conduite de la guerre[92].

Le Dauphin ne se priva donc pas, comme le silence de l'histoire aurait pu le faire supposer, du concours des États généraux. Il est établi que, dans le cours de sa régence, il ne cessa de faire appel aux États des différentes provinces, et qu'il tint à Clermont une réunion générale des représentants des pays de Languedoil. Il nous faut maintenant étudier ses rapports avec les différents ordres : clergé, noblesse et tiers-état.

 

La question des rapports entre l'Église et l'État avait pris, au début du quinzième siècle, pendant le long schisme qui désola l'Église, un caractère nouveau et une importance capitale. Elle se compliquait des démêlés entre les Armagnacs et les Bourguignons, et des luttes soutenues au concile de Constance entre les représentants de la France et ceux du duc de Bourgogne. Dès le début du siècle, un mouvement s'était produit en faveur de ce qu'on appelait les anciennes franchises et libertés des Églises de France. Une assemblée du clergé avait été convoquée à Paris ; de ses délibérations était sortie l'ordonnance du 18 février 1407[93], qui tranchait, en dehors du Pape et contre le Pape, des questions qui ne pouvaient être résolues que d'un commun accord. Bien que publiée le 5 mai 1408, l'ordonnance ne reçut point d'exécution. On comptait toujours, soit sur le Pape, soit sur le futur concile, pour le règlement des points en litige. Une nouvelle assemblée du clergé de France, tenue en 1414, voulut remettre en vigueur l'ordonnance du 18 février 1407, afin, disait-on, que l'Église de France et du Dauphiné comparût au concile de Constance en possession et saisine des franchises et libertés dont en ladite ordonnance est faite mention[94]. Mais la chose demeura en suspens, et le concile, malgré les instances des ambassadeurs français, ne se prononça pas. On voulut alors agir d'autorité : au mois de novembre 1417, une assemblée, non plus du clergé de France, mais composée de toutes les chambres du Parlement, des membres du Grand Conseil et d'autres sages clercs et notables personnes, se réunit en la grand'chambre du Parlement, à la requête des avocats et procureurs du Roi, pour délibérer sur ce qu'il y avait à faire. La majorité décida que l'ordonnance du 18 février serait mise à exécution. Mais les événements survenus et l'élection du pape Martin V amenèrent des délais. Au mois de février 1418, tandis que le Roi était à Creil, où l'avait emmené le connétable d'Armagnac pendant le siège de Senlis, les conseillers du Dauphin, voulant profiter de l'occasion que leur offrait la reconnaissance du Pape, firent intervenir le jeune prince, qui se rendit au Parlement le 26 février, et fit défendre aux gens de l'Université de donner obéissance au Pape qu'on disoit avoir esté eslu à Constance, avant que le Roi et son conseil en eussent délibéré. A la nouvelle de l'élection de Martin V, l'Université s'était empressée d'envoyer à Constance ses rôles de bénéfice : de là l'irritation des gens du Conseil. Un docteur de l'Université, Raoul de la Porte, ayant protesté hautement contre la manière dont étaient conférés les bénéfices depuis qu'ils étaient à la nomination des ordinaires, et demandé que la collation demeurât entre les mains du Pape, l'avocat du Roi, Guillaume le Tur, déclara que le Roi était empereur dans son royaume, ne relevant que de Dieu et ne ressortissant à quelque personne ou seigneur que ce fût[95], et qu'il avait le droit de faire des lois et des ordonnances dans son royaume sans qu'il fût permis de venir contre, directement ni indirectement, — conséquemment par voie d'appel, — sous peine de crime de lèse-majesté ; qu'en outre, comme fondateur de la plupart des bénéfices de son royaume et comme protecteur de l'Église de France, il lui appartenait de garder les privilèges et libertés de cette Église, et pour cela de faire des lois et de veiller à leur observation.

Ainsi le conflit éclatait, non plus seulement entre l'Église romaine et la Cour de France, mais au sein même d'une assemblée convoquée pour donner une solution aux questions pendantes. L'Université qui, en 1406, s'était si violemment élevée contre le pouvoir du Pape quand il s'agissait de Benoît XIII, mettait à reconnaître Martin V un empressement qui semblait surtout inspiré par l'intérêt personnel. Raoul de la Porte ; Pierre Forget, recteur de l'Université, qui l'avait advoué ; plusieurs maîtres et écoliers furent un moment emprisonnés. On ne les relâcha que le 7 mars, quand ils eurent fait des excuses au Dauphin[96].

Dans une séance solennelle tenue le 16 mars, la question fut mise en délibération, en même temps que celle de l'obédience à faire au Pape — laquelle, comme nous l'avons vu plus haut, fut ajournée[97]. On communiqua à l'assemblée un long exposé, rédigé à l'avance par le Conseil, concluant à ce qu'une ordonnance fut rendue pour réduire et remettre à toujours, perpétuellement et dès maintenant, les Églises de France et de Dauphiné en leurs anciennes franchises et libertés[98]. Ces conclusions ayant été adoptées, une ordonnance fut rendue, dans les derniers jours de mars[99], par laquelle, en considération des graves abus qui s'étaient introduits dans les nominations aux bénéfices, et des plaintes qui s'élevaient de toutes parts contre les pratiques simoniaques et l'exportation hors du royaume d'une grande quantité d'or et d'argent, le Roi déclarait, conformément à la délibération des prélats, gens du Parlement, docteurs et maîtres de l'Université, qu'il serait pourvu aux bénéfices électifs au moyen d'élections régulièrement faites, et aux autres sur la désignation de ceux qui avaient droit de présentation, nonobstant toutes réserves, expectatives et autres grâces semblables, et sans que la Cour romaine de la chambre apostolique pût, sous prétexte de vacance, s'appliquer certaines sommes comme elle l'avait fait dans le passé[100].

Par d'autres lettres du 2 avril, le Roi, précisant davantage, interdisait formellement de faire passer à Rome, lors des vacances des bénéfices, et sous prétexte de négoce, quelques sommes que ce fût, en or, argent, bijoux, etc., et défendait de solliciter du Pape des grâces expectatives[101].

Il semble que, dans l'intervalle qui s'écoula entre la signature et la publication de l'ordonnance sur la réduction de l'Église de France à ses franchises et libertés anciennes, on ait eu quelques scrupules : car, le 17 avril, dans une réunion où le chancelier exposa ce qu'avait fait le Dauphin, il fut convenu que le cardinal de Bar, présent à l'assemblée, ferait venir en son hôtel Louis de Fiesque, ambassadeur du Pape, pour le sonder et savoir s'il n'avait aucun pouvoir relativement à cette matière. Sur sa réponse négative, dans une nouvelle réunion tenue le lendemain, on décida de passer outre, et de faire sceller, expédier et publier dans le plus bref délai l'ordonnance en question. Il fut aussi résolu qu'une autre ordonnance interdirait formellement le transport de l'or et de l'argent, monnayé ou non, hors du royaume.

La seconde ordonnance portait, on l'a vu, la date du 2 avril. Le roi était encore à Creil, où se trouvait le grand sceau de la chancellerie. La première ordonnance ne fut présentée au Parlement que le 9 avril. Le cardinal de Bar avait demandé à la revoir avant sa publication ; mais le procureur du Roi, voyant qu'il cherchait à gagner du temps, obtint de la Cour que la publication fût faite sans plus de délai : cette formalité fut remplie le 13 avril, veille du jour où l'obédience fut donnée au Pape[102]. L'ordonnance du 2 avril ne fut publiée que le 12 mai.

Le pape Martin V, en présence d'une telle façon d'agir, témoigna un juste mécontentement. C'était le moment où il venait de promulguer, pour la France et les autres nations latines, un concordat, analogue à celui concernant l'Allemagne et l'Angleterre, qui avait été lu dans la session du 21 mars 1418[103]. Il ne manqua pas de protester, et les cardinaux légats qui furent envoyés en France eurent mission de s'employer à faire révoquer les deux ordonnances. Sur ces entrefaites, le duc de Bourgogne s'empara du pouvoir : voulant se concilier les bonnes grâces du Pape, il fit rendre le 9 septembre une ordonnance cassant et annulant les précédentes, comme ayant été rendues l'instigation du connétable d'Armagnac et de ses complices, et extorquées au Roi au mépris de l'obéissance due au Souverain Pontife. Ce ne fut pas sans peine qu'il obtint la publication de cette ordonnance : non seulement le procureur général refusa de la faire publier, mais le chancelier ne voulut pas la revêtir du grand sceau ; il fallut, pour triompher de cette résistance, de nouvelles lettres en date du 22 mars 1419[104]. L'ordonnance du 9 septembre fut enfin publiée le 31 mars, sous réserve des protestations faites par le Parlement[105].

L'affaire en resta là jusqu'à l'avènement de Charles VII : elle devait être reprise peu après, et être l'occasion de nouveaux débats sur lesquels nous aurons à nous arrêter. Constatons seulement que, malgré la révocation faite sous l'influence du duc de Bourgogne, les ordonnances de mars et avril 1418 n'en eurent pas moins- force de loi, et qu'elles furent observées dans les pays soumis à l'autorité du Dauphin. Les faits, d'ailleurs, viennent le démontrer : c'est ainsi que l'évêché de Mende étant venu à vaquer, le temporel de l'évêché fut mis. en la main du Dauphin[106], et nous avons en outre la trace de plusieurs présentations par lui faites à des canonicats vacants, conformément aux ordonnances précitées[107], ou de lettres disposant du temporel des évêchés et des abbayes pendant la vacance des titulaires[108].

Le Dauphin fut, nous l'avons vu, le gardien fidèle des traditions religieuses de la royauté ; il n'oubliait point que les rois ses prédécesseurs avaient été appelés, à leur grant gloire et louenge, Roys très chrestiens, vrays champions et principaux deffenseurs de nostre sainte foy catholique[109]. Ses ordonnances sont empreintes de ce caractère de foi et de soumission à l'Église qui, à travers de regrettables désordres de mœurs et de fâcheux démêlés avec la cour de Rome, distingua toujours nos rois. Nous avons des lettres, en date du 8 octobre 1420, contre les blasphémateurs[110]. Le Dauphin y déclare qu'ayant en très grande desplaisance les blasphèmes qui sont habituellement proférés, et voulant, comme bon catholique, à son pouvoir, oster ladite mauvaise coutume, à laquelle il est permis d'attribuer en partie les maux qui affligent le royaume[111], il défend que aucun, de quelque estat qu'il soit, ne maugroye, renoye, despite ou blasphesme dores en avant le nom de Dieu, ne de la gloriose vierge Marie sa mère, ne les saints ou saintes, sous peine d'une amende de cinq à vingt sous parisis, doublée ou triplée, en cas de récidive, et au besoin de peine corporelle, selon l'enormité du cas et la qualité de la personne, à l'arbitrage et discretion de justice.

Les membres du clergé qui avaient suivi le Dauphin s'étaient vus privés de leurs bénéfices[112]. Charles était dans la nécessité de les dédommager des pertes subies par eux : il le fit très libéralement. Plusieurs de ses ordonnances attestent ses sentiments à l'égard du clergé : le 13 février 1421, il confirme les privilèges des chanoines d'Angers[113] ; le 27 février 1422, il prend sous sa sauvegarde les trésoriers, chapelains et clercs de sa chapelle royale du Gué de Mauny, près Le Mans[114] ; il accorde des lettres de protection et sauvegarde à l'hôpital d'Aubrac et à l'abbaye de Grandmont[115] ; enfin il rend des ordonnances en faveur des religieux de Sainte-Croix de Poitiers[116] et de l'Université d'Angers[117].

 

L'anarchie des dernières années avait singulièrement relâché les liens qui unissaient les grands seigneurs féodaux au trône. On avait vu les princes apanagés donner eux-mêmes l'exemple de l'insubordination et de la révolte : plus préoccupés de leurs intérêts personnels que des intérêts de la couronne, ils avaient fait passer leur ambition ou leurs rancunes avant toute autre considération. Les désastres amenés par l'invasion anglaise n'avaient point relevé le sens moral des princes : alors que Jean sans Peur s'alliait secrètement à l'ennemi le plus acharné du royaume, que son fils Philippe traitait publiquement avec les Anglais et leur livrait la France, le duc de Bourbon ne craignait pas de s'abaisser devant le vainqueur au point de lui faire des offres déshonorantes[118]. Les autres princes prisonniers — le duc d'Orléans à leur tête, — semblaient plus pressés de recouvrer la liberté, à n'importe quel prix, que de conserver intacte et inviolable leur fidélité au trône. En traitant avec Henri V, le gouvernement dirigé par le parti bourguignon avait un devoir strict à remplir : celui de stipuler la mise en liberté des princes du sang restés en Angleterre[119]. Mais ces princes s'étaient jusque-là montrés hostiles à la faction triomphante ; tous n'étaient point disposés à reconnaître Henri V comme futur héritier du trône : on les laissa languir dans leur prison.

En dehors des princes de la maison de Bourgogne (divisée en trois branches : Bourgogne, Brabant, Nevers), le Dauphin avait pour soutiens tous ceux que les liens du sang unissaient à la couronne. Deux des princes de la maison d'Orléans (le duc d'Orléans et le comte d'Angoulême) étaient captifs ; mais Philippe d'Orléans, comte de Vertus, était au premier rang des défenseurs de la cause nationale, et le bâtard d'Orléans commençait sa brillante carrière. La maison d'Anjou était toute dévouée. Le duc d'Alençon, dont le père était mort à Azincourt, bien que sortant à peine de l'enfance, avait déjà pris sa place dans l'armée dauphinoise. Le comte d'Eu, le duc de Bourbon, le comte de Vendôme étaient prisonniers en Angleterre ; mais Charles de Bourbon, fils aîné du duc, avait, aussitôt après l'événement de Montereau, abandonné la cause bourguignonne pour se rallier au Dauphin, et d'autres princes de la maison de Bourbon figuraient, soit dans le Conseil, soit dans les armées.

Le Dauphin avait un si haut sentiment des devoirs de la couronne que, malgré la pénurie de ses finances, il tint à coopérer, et dans une très large mesure, au paiement de la rançon du duc de Bourbon, qui, au mois de janvier 1421, venait de composer avec Henri V pour la somme de cent mille écus, soit qu'il ignorât combien peu le duc méritait une telle faveur[120], soit qu'il agît dans des vues secrètes que l'histoire ne nous révèle pas, Charles, en même temps qu'il s'employait à lui procurer des ressources[121], lui accorda, par lettres du 19 mai 1421, une somme de cent mille livres tournois, pour l'aider à payer sa très grosse et excessive rançon [122]. Le duc d'Orléans ne fut point oublié : par lettrés du 9 septembre 1420, il reçut les biens ayant appartenu à un rebelle, Pierre de Menou, jadis condamné à mort pour crime de lèse-majesté[123] ; par d'autres lettres du 31 janvier 1421, le Dauphin lui attribua tous les biens, meubles et immeubles qui désormais seraient confisqués, jusqu'à la valeur de quatre mille écus d'or[124] ; enfin le profit des gabelles de tous les greniers à sel établis dans les terres appartenant au duc d'Orléans et au comte d'Angoulême leur fut abandonné par lettres du 16 septembre 1422[125].

Le duc de Bretagne, après avoir longtemps hésité entre les deux partis, s'alliait aux Anglais ; son frère, le comte de Richemont, l'un des prisonniers d'Azincourt, récemment mis en liberté, s'était aussitôt déclaré partisan de Henri V. Mais son plus jeune frère Richard, qui avait reçu en apanage le comté d'Étampes[126], demeurait fidèle au traité de Sablé, et combattait dans l'armée du Dauphin.

Si des princes nous passons aux grands vassaux, nous constatons que, pour la plupart, ils étaient engagés dans le parti du Dauphin ; mais certains montraient des velléités d'indépendance menaçantes pour l'avenir. Jean de Grailly, comte de Foix, dont le comté relevait directement de la couronne, avait été, presque en même temps, investi du gouvernement du Languedoc par les deux pouvoirs qui se partageaient la France[127] ; il en profita pour trancher du souverain, convoquer lui-même les États, lever la milice, percevoir les impôts, battre monnaie, etc. Le Dauphin, lors de son voyage en Languedoc, dut lui retirer la lieutenance générale, au risque de le jeter dans le parti anglais, que le comte adopta en effet un moment[128]. De ses trois frères, l'un, le captal de Buch, était au service de l'Angleterre ; le second, Archambaud, seigneur de Navailles, était attaché à la personne de Jean sans Peur ; le troisième, Mathieu, comte de Comminges, qui tenait ce comté du chef de sa femme Marguerite, s'était laissé gagner en 1420 à la cause bourguignonne, et, suivant l'exemple du comte de Foix, avait, au mois de mars 1422, prêté serment au roi d'Angleterre[129]. Le comte d'Armagnac, lieutenant général en Languedoc du vivant de son père le connétable, sans rompre avec le Dauphin, gardait une attitude douteuse, et ne devait pas tarder à favoriser sous main les Anglais[130] ; mais son frère Bernard était un des plus fermes champions du Dauphin[131]. Charles, sire d'Albret, dont le père avait été tué à Azincourt, bien qu'apparenté à la maison royale[132], avait eu, lui aussi, ses heures d'hésitations et de défaillances[133] ; il resta néanmoins dans les rangs des partisans du Dauphin[134], ainsi que son frère Guillaume, qui devait jouer un rôle important dans la défense militaire[135]. Tous ces seigneurs du Midi étaient surtout préoccupés de s'assurer la tranquille possession de leurs domaines[136]. Parmi eux, cependant, nous rencontrons, avec Bernard d'Armagnac et Guillaume d'Albret, Guillaume, vicomte de Narbonne, neveu du connétable d'Armagnac, qui brille au premier rang des chefs de l'armée, et devait tomber glorieusement sur le champ de bataille de Verneuil ; Hugues, seigneur d'Arpajon, également parent du connétable, conseiller et chambellan du Dauphin dès 1417, et principal lieutenant de Charles de Bourbon quand celui-ci fut appelé au gouvernement du Languedoc[137] ; Jean, comte d'Astarac, marié à Jeanne de Barbazan, conseiller et chambellan du Dauphin[138]. Mentionnons encore, à l'autre extrémité du Languedoc, Louis de Beaufort, comte d'Alais et marquis de Canilhac, plus tard conseiller et chambellan du Roi.

Si nous remontons vers le centre, nous trouvons Béraud dauphin d'Auvergne, comte de Clermont et de Sancerre, qui figure à partir de 1423 à la Cour et dans le Conseil de Charles VII[139] ; Bertrand V de la Tour, comte d'Auvergne et de Boulogne, conseiller et chambellan ; Pierre, comte de Beaufort, vicomte de Turenne ; Armand, vicomte de Polignac (de la maison de Chalençon), lieutenant général en Velay, Gévaudan et Vivarais en février 1419 ; Jacques, comte de Ventadour, conseiller et chambellan du Dauphin ; Louis II de Chalon, comte de Tonnerre, dont les possessions avaient été confisquées par Jean sans Peur en 1412 et que nous avons vu figurer, dès le mois d'octobre 1418, parmi les conseillers du Dauphin[140] ; Jean II, baron de Montmorency, qui, pour suivre le parti du Dauphin, avait abandonné tous ses biens[141] ; Jean d'Harcourt, comte d'Aumale, lieutenant général du Dauphin en Normandie, dont le cousin germain, Jacques d'Harcourt, seigneur de Montgommery, se rallia à la cause française en 1420[142] ; Guillaume de Chaumont, seigneur de Quitry, qui avait charge à la Cour, et qui reçut en février 1419 le comté de Chaumont en Vexin[143].

En Languedoc, le Dauphin comptait parmi ses auxiliaires les Séverac, les Coarase, les Caylar, les Levis, les Montpezat, les d'Estissac, les Carmaing (Caraman) ; en Auvergne, les La Fayette, les Langhac, les Joyeuse, les Montlaur, les d'Apchier, les d'Aubusson, les Trignac, les Des Cars ; en Dauphiné, les Grolée, les Roussillon, les Sassenage, les Meulhon. Le Berry, le Poitou, l'Anjou lui fournissaient ses plus dévoués serviteurs. Dans les pays même occupés par l'ennemi, on rencontre des noms illustres qui viennent grossir cette liste : à elle seule la Normandie avait donné les Graville, les d'Estouteville, les Braquemont, les Montenay, les Bacqueville, les Gamaches ; en Picardie, on peut citer le sire de Gaucourt.

Il est donc permis de dire que presque tout ce qui tenait un rang élevé dans la noblesse s'était rangé du côté du Dauphin[144]. Charles récompensa largement — trop largement même parfois, — les services rendus avec tant de dévouement. Mais s'il fit preuve d'une grande libéralité, il sut, dans ces conjonctures critiques, maintenir intacte son, autorité. En certaines occasions, il intervint même dans les querelles des grands seigneurs : nous le voyons, en mars 1420, protéger la comtesse de Boulogne, veuve du duc de Berry, contre les mauvais traitements du sire. de la Trémoille, son mari[145] ; et, en juin suivant, ordonner une enquête relativement aux excès commis par Philippe de Levis et par Antoine, seigneur de Vauvert, son fils, contre Isabelle d'Harcourt, dame de Villars[146]. Mais le pouvoir du Dauphin était trop faible et trop mal assuré pour qu'il pût empêcher d'autres excès plus graves, que commettaient, avec une déplorable facilité, la plupart de ses capitaines, et même certains de ses familiers. Il lui fallut, pendant longtemps encore, fermer les yeux sur des désordres qu'il était impuissant à réprimer.

Le Dauphin, dès sa sortie de Paris, avait convoqué les nobles du royaume[147]. Après Baugé, de nouvelles convocations furent faites. Mais bien que, comme le rappelait le Dauphin, de droit les nobles et autres tenant fiefs et arrière-fiefs fussent tenus de servir, et pour la défense de la Seigneurie, et pour la défense et seurté d'eux mesmes et de leurs hommes et fiefs[148], plusieurs n'avaient point obéi à ses mandements[149]. Dans un conseil de guerre tenu à Blois le 5 août 1421, les chefs de l'armée décidèrent que, pour plus surement aller avant et en plus grand nombre, tous nobles et non nobles qui se pourroient assembler et mettre sus en ce royaume seraient convoqués : on promulgua une ordonnance du Dauphin, prescrivant de faire crier et publier partout que, sans aucune excusation ou demeure, tous nobles tenant fiefs ou arrière-fiefs, et autres qui ont accoustumé à soy armer fussent au rendez-vous donné (pour le 25 août), montés et suffisamment armés, nonobstant, disait l'ordonnance, quelconques lettres par nous octroyées de non venir à ladicte armée, à quelconques personnes que ce soit, sous l'ombre de garde de forteresse ou autrement, et sous peine de confiscation de corps et de biens, et d'être réputés fauteurs des dits ennemis et favorisant le fait d'eux et de leurs alliés. Enfin, pour vaincre toutes les résistances, le Dauphin voulait que les dits nobles et gens qui sont tenus le servir en armes selon les droits de noblesse et mesmement en tel besoin qui touche en chef tout le fait de la seigneurie, et qui seront de ce faire defaillans, à l'exemple des autres et pour memoire en temps avenir, soient de ce punis par demolition de leurs maisons et habitations, privation des forteresses, prerogatives et honneurs appartenant à gens nobles, et soient et demeurent asservis aux aides et subsides, comme les gens de peuble, sans plus user d'aucune franchise. Mais les voulons, ajoutent les lettres, estre tenus et reputés pour gens flaches (sic), faillis, reprochés et deshonorés, et indignes de jouir de privilèges de noblesse, et dès maintenant pour lors declarons estre de nostre volonté et intention que leurs biens et heritages soient et demeurent acquis à nous et à nostre domaine[150].

On peut constater par ces prescriptions qu'une partie de la noblesse se fatigua vite de la lutte, et qu'à l'élan du premier jour succéda une regrettable tiédeur. Dans son Quadrilogue invectif, écrit en 1422, Alain Chartier flétrit ceux qui na viennent au rendez-vous donné par leur seigneur que pour manière, et qui, préférant les aises de leurs maisons à l'honneur de noblesse dont ils les tiennent, les emporteraient volontiers avec eux, comme les limaçons portent leur coquille[151]. Il fait toucher du doigt deux plaies encore plus fatales que le mauvais vouloir de quelques-uns : d'abord une si grant arrogance que ceulx qui ne sauroient riens conduire par eulx ne vouldroient armes porter soubz autruy ; puis une absence complète de discipline : Oncques ne fu veue à l'ueil ne leue par escript maindre discipline, ne plus fragile justice d'armes, que celle que nous disons tenir sur nostre chevalerie[152].

Les exemptions dont il est question dans l'ordonnance du 15 août 1421 étaient données parfois avec une grande facilité, ou, comme on disait alors, par importunité de requerant. Nous n'avons pourtant rencontré que deux actes de cette nature émanant de la chancellerie du Dauphin. Par l'un, en date du 23 mai 1421 — par conséquent avant l'ordonnance précitée, le Dauphin exemptait pour cette fois Jacques de Surgères et les trois gentilshommes qu'il avait dans ses places du Poitou d'aller an voyage fait par le prince pour la recouvrante de la Normandie et des autres pays occupés par les Anglais[153] ; par l'autre, en date du 24 septembre 1421, Charles dispensait Jean d'Aubusson, chevalier, seigneur de Borne, de se rendre en personne à l'armée, en considération de ce que ses trois frères servaient déjà, avec dix hommes d'armes, et que ses terres et le château dont il avait la garde étaient situés sur la frontière de l'ennemi[154].

Les actes de la chancellerie du Dauphin ne nous sont point tous parvenus ; il en est de rares et même d'uniques dans leur genre : tel est le cas pour une lettre d'anoblissement accordée, le 4 octobre 1420, à Jean Vache, bourgeois de Saint-Marcellin en Dauphiné[155]. Nous possédons aussi de curieuses lettres, en date du 3 juin 1422, autorisant un secrétaire du Dauphin, Mathurin Warout, issu de la maison de Famechon en Beauvaisis, à changer son nom, sobriquet donné à un de ses ancêtres qui était, dit l'ordonnance, un homme très velu ou visaige, ès mains et autre part, et à reprendre l'ancien nom de Famechon[156]. Mentionnons enfin des lettres données à Carcassonne, en mars 1420, par lesquelles le Dauphin confirmait aux capitouls de Toulouse n'appartenant pas à des familles nobles le privilège d'acquérir des fiefs nobles, et étendait ce privilège aux fiefs ayant juridiction ou justice, ou relevant directement de la couronne[157].

Un fait qui apparaît d'une façon éclatante, quand on étudie les rapports du gouvernement royal, sous Charles VII, avec les différentes classes, c'est la protection accordée au Tiers-État : moins visible dans la période de la régence que plus tard, cette tendance nous est pourtant révélée par plu% d'un indice. Fidèle aux habitudes de la Royauté, qui entretenait avec les villes des relations assidues, le Dauphin, à peine sorti de Paris, en juin 1418, s'adresse à ses bonnes villes, pour les exhorter à lui rester fidèles. En dehors de la correspondance suivie qu'il entretenait avec beaucoup d'entre elles, et qui était relative, soit aux besoins financiers de son gouvernement, soit aux affaires particulières de la ville, il ne se passait point un événement important sans qu'il n'envoyât aux bourgeois des bonnes villes des lettres missives, relatant les faits, et souvent avec des détails assez circonstanciés. Nous avons déjà reproduit quelques-unes de ces lettres, et malgré les lacunes considérables que présente ce genre de documents[158], nous en rencontrerons un assez grand nombre dans le cours de notre travail[159]. Une cordialité simple et franche, un sincère amour du bien, une patriotique ardeur, et parfois une fermeté vraiment royale éclatent, à travers les formules de style, dans ces documents, émanés plus spécialement de l'initiative privée du prince, écrits par ses secrétaires, et toujours signés de sa main. En outre, le Dauphin recevait sans cesse des messages de ses bonnes villes, et parfois assignait des rendez-vous à leurs envoyés pour traiter avec eux des affaires pendantes[160].

Les besoins des villes étaient immenses. Sans cesse elles demandent, soit une exemption d'impôts, soit l'octroi d'aides pour les dépenses locales et la réparation de leurs fortifications. Un des premiers actes du Dauphin fut d'exempter les habitants de l'Auvergne des aides ayant cours, et à l'occasion desquelles le pauvre peuple avait été foulé et opprimé, par l'oultraige de plusieurs officiers qui, en les cueillant, avoient fait plusieurs pilleries et roberies[161]. Nous possédons des actes nombreux, accordant aux villes l'autorisation de lever certaines sommes : Poitiers eut 3.000 fr.[162] ; Lyon, 5.000 fr.[163] ; Tours, 6.000 fr. en plusieurs fois, et diverses aides[164] ; Melun, 1.800 fr.[165]. Niort eut une aide sur certains deniers et marchandises[166] ; Clermont une aide à prendre pendant quatre ans sur les blés, farines et vins forains, et en outre une somme de 200 fr.[167] ; Beauvais, la confirmation, pendant dix ans, d'un octroi de cinq deniers tournois sur chaque quintal de sel vendu au grenier de la ville[168] ; Limoges, la continuation pendant deux ans d'un don reçu de Charles VI[169] ; enfin, Buis en Dauphiné, un droit de péage[170].

Sans se départir d'une fermeté commandée par les circonstances[171], le Dauphin se montra indulgent envers les villes, même quand elles avaient méconnu son autorité, Dans les lettres d'abolition données le 30 décembre 1418 aux habitants de Tours, après un récit des faits accomplis dans leur ville, tracé avec une extrême bienveillance, le Dauphin, reconnaissant que les Tourangeaux avaient été déçus par simplesse et ignorance, et aussi par crainte et doubte du duc de Bourgogne, ajoutait : Nous, ces choses considerées, qui voulons et desirons par toutes voyes doulces reunir les subgez de mondit seigneur et mettre sous sa dicte obeissance et la nostre, pour honneur et reverence de Dieu et des glorieux saints dont les corps reposent en nostre dicte ville, et pour obvier aux grans maulx qui adviendroient se par voye de fait et de fbrce convenoit proceder à ladicte reduction, dont s'ensuivroit la desertion d'icelle ville et de nos subgiez qui y habitent, ce que nous voulons eviter de tout nostre pouvoir, esperans que les dessus diz doient estre et demourer bons et loyaulx vers mondit seigneur et nous, et à la prière de plusieurs de nostre sang et lignaige et autres qui de ce nous ont très humblement requis, voullans preferer misericorde à rigueur de justice, aux diz gens d'eglise, bourgoys et habitans, tant en general comme en particulier, avons remis, quitté et pardonné, etc.[172]

Dans ses lettres d'abolition aux habitants de Nîmes (4 avril 1420), après avoir constaté que, par ses lettres données à son entrée en Languedoc, il avait accordé abolition générale à tous ceux qui s'étaient soumis ou qui feraient leur soumission dans le délai d'un mois, et qu'à Nîmes les habitants, loin de reconnaître -son autorité, avaient refusé de lui ouvrir leurs portes ; considérant qu'ils avaient agi ainsi pour la double et crainte d'aucuns estrangiers, gens de guerre, qui les menaçoient de destruire de corps, chevances, et bouter feux en ladicte ville ; qu'ils s'étaient employés bien liberalement à réduire la ville en son obéissance, avec promesse de la maintenir dans la soumission, et qu'ils étaient même fort dolens et repentans des faultes et mesprentures faictes le temps passé ; voulant preferer misericorde à rigueur de justice, pour reverence de Dieu, et aussi pour contemplation du saint temps de la glorieuse passion de Nostre Seigneur Jhesus Crist et de la saincte semaine où l'on était alors, Charles déclarait donner pleine et entière abolition aux habitants[173].

Toutefois ce pardon n'empêcha pas le Dauphin de faire preuve d'une juste sévérité. Si la plupart des habitants avaient agi sous l'empire de la violence, il y en avait qui s'étaient montrés rebelles. Plusieurs furent exécutés après la prise du château, les consuls furent destitués, les habitants privés du consulat et de la capitainerie de leur ville ; enfin, en signe dé châtiment, la muraille de la ville fut abattue en un endroit et dans un autre démolie en partie[174]. Ces dégradations étaient encore visibles au temps de l'historien de Nîmes Claude Menard, qui écrivait au dernier siècle[175].

Mais les sévérités du Dauphin n'étaient pas de longue durée quand il avait affaire à des cœurs vraiment repentants. Pour les Nîmois, l'heure du pardon sonna bien vite après celle du châtiment. Par lettres du 22 avril 1420, Charles, considérant que, depuis qu'il a mis le consulat en sa main, il a été informé que les habitants d'icelle ville de Nysmes ont eu et ont très grant desplaisance des choses advenues à l'encontre de nous, et qu'ils ont très grant desir de estre et eulx tenir bons subgiez, vraiz et loyaulx obeissans à Monseigneur et à nous, sans vouloir jamais faire le contraire, ne eulx departir de l'obéissance de Monseigneur et nostre, leur restituait le consulat et rétablissait dans leurs fonctions les anciens consuls[176].

D'autres lettres d'abolition furent délivrées le 17 août 1421, à la relation de Charles de Bourbon, capitaine général en Guyenne et Languedoc, — aux habitants de Béziers, qui avaient résisté au lieutenant général du Dauphin et soutenu un siège : un pardon complet leur fut accordé ; ils conservèrent leur consulat et tous leurs privilèges[177].

Plusieurs villes du Midi, qui avaient ouvert leurs portes au Dauphin, sollicitèrent le maintien de leurs privilèges : nous avons des lettres du mois de mars 1420, confirmant aux habitants, de Montauban les privilèges à eux octroyés par Philippe de Valois[178] ; des lettres du 21 avril suivant, confirmant les privilèges des habitants de Sommières, qui avaient suivi le parti bourguignon[179]. Montagnac vit aussi ses privilèges confirmés[180].

Limoges et Nîmes obtinrent en 1422 des lettres en faveur de leurs consuls[181]. Des exemptions d'impôts furent accordées à plusieurs villes : ainsi Bagnols, en raison des pertes considérables et de la grande mortalité occasionnées par la guerre, fut déchargée d'une somme de 600 livres formant le reliquat de sa part de contribution à une aide imposée sur le Languedoc[182] ; une remise de 200 livres fut faite à Albi le 14 septembre suivant[183] ; les villes de Capendu, Marseillette et Roqueserrière furent exemptées le 22 mars 1422 de leur quote-part des impôts votés l'année précédente par les États de Languedoc[184]. Les habitants de Villefranche eurent une remise de 300 livres pour les aider à reconstruire leur église[185]. Un autre avantage fut accordé à La Rochelle, qui obtint de pouvoir tirer des blés du Poitou pour son approvisionnement[186].

Si le Dauphin donnait beaucoup, il demandait encore davantage ; il faudrait pouvoir fouiller dans les Registres des délibérations qui nous ont été conservés pour se rendre un compte exact de cet échange incessant de plaintes d'un côté, et, de l'autre, de sollicitations sans cesse renouvelées. Tout en cherchant à éluder les demandes, tout en marchandant tant qu'elles pouvaient et en témoignant parfois quelque mauvaise humeur, les villes s'exécutaient le plus souvent. Nous en voyons un exemple par ce qui se passa à Tours en 1419. A peine le Dauphin est-il maitre de la ville, qu'il écrit aux habitants de lui envoyer six des plus notables bourgeois pour ore aucunes choses qu'il avait à leur dire. Il fait savoir à ceux-ci qu'il a neuf mille paies de gens de guerre, et qu'il requiert les habitants de lui prêter, pour subvenir à cette dépense, 30.000 fr., tant sur la ville que sur les églises[187]. Les députés font leur rapport au Conseil le 13 janvier 1419. Le lendemain, nouvelles lettres du Dauphin pour supplier qu'on délivrât à ses envoyés[188] la somme demandée. Les habitants répondent qu'ilz sont prests d'obeir de corps et de biens à Monseigneur le Daulphin. Le 15, le conseil de ville se réunit ; on remontre aux envoyés du prince la povreté du pais et la bonne voulenté que les habitans ont à mondit seigneur, et on les engage à faire l'impost sur ceux qu'ils voudront adviser. Le 16 janvier, on constate qu'une somme de 3.000 fr. seulement, sur les 15.000 auxquels la demande avait été réduite, a pu être trouvée. On fait partir alors des messagers pour exposer à Charles la povreté, indigence et necessité de la ville, et le supplier de modérer encore ses exigences. La mission eut un plein succès : les envoyés revinrent à Tours le 29 janvier, avec la nouvelle que la somme était abaissée à 4.000 fr.[189] Mais, un mois plus tard, le paiement n'était pas fait. Le Dauphin écrivit alors pour faire contraindre ceulx qui ont esté imposez à paier le prest. Le conseil décida qu'ils seraient mandés et contraints de payer[190].

Un don qui était en quelque sorte obligatoire pour les villes, c'était celui de joyeux avènement. A la première entrée du prince, il fallait s'exécuter, et faire une offrande digne des habitants de la cité. Ainsi la ville de Tours offrit au Dauphin, le 30 mars 1421, cent livres de cire neuve en cinquante torches, six grands lux (brochets), six grandes carpes et six grandes brèmes[191]. La ville de Lyon donna une somme de quatre mille livres[192]. La ville de Poitiers fit également un présent dont nous ne savons pas la valeur[193]. Quand le Dauphin passa par La Souterraine, se rendant à Limoges, en janvier 1422, les habitants lui donnèrent quatorze cents livres pour sa dépense[194].

Parmi les obligations que la guerre imposait, une des plus pénibles, comme une des moins observées, était celle de faire le guet. Plusieurs ordonnances furent rendues pour en assurer l'exécution, soit par des villes qui s'en étaient dispensées[195], soit par des gens des campagnes qui refusaient de se rendre dans ce but au chef-lieu de leur châtellenie[196]. Parfois, pour plus de sûreté, quand la ville était très exposée, on enjoignait aux bourgeois de laisser au capitaine le soin de pourvoir au guet et à la garde : c'est ce qui fut fait à Tours en 1420[197] ; mais ce n'était là qu'une mesure toute transitoire. Enfin, le gouvernement dut parfois venir en aide aux administrations municipales pour contraindre les habitants des villes à payer leurs impositions[198].

 

 

 



[1] Lettres patentes du Dauphin, en date du 13 juin 1418. Voir ci-dessus, chapitre IV. — Comme le dit un document rédigé en vue de combattre le traité du 2 décembre 1419, le Dauphin est celui à qui appartient plus que avant le droit de la couronne, l'onneur des fleurs de lis, et le reynne de France, attendu l'empeschement de son père le Roy. Archives, X1a 8604, f. 44 v°, et dans La Barre, t. I, p. 316.

[2] Ordonnances, t. X, p. 416.

[3] Ordonnances, t. X, p. 404.

[4] 15 juillet 1416. Ordonnances, t. X, p. 371.

[5] 17 mai 1417. Ordonnances, t. X, p. 409.

[6] Par lettres du 2 juin, Charles prescrivit la convocation des États du Dauphiné, pour aviser aux mesures à prendre contre une invasion de l'empereur (Ordonnances, t. X, p. 414). — Pendant son voyage à Angers, en juin 1411, Charles eût à s'occuper d'une affaire intéressant la sécurité du Poitou. Les États de cette province, réunis à Saumur, exposèrent les maux résultant de la lutte engagée, au sujet de certaines de leurs possessions, par le seigneur de Parthenay et Arthur de Bretagne, comte de Richemont, alors prisonnier en Angleterre. Charles désigna, pour négocier cette affaire, Jean de Vivonne, commandeur de Chatillon ; Guillaume Toreau, Guillaume Orry et Guillaume Cardot, maire de Niort ; une assignation de 3000 l. t. leur fut faite, et par lettres du 21 juin (dont nous possédons l'original), le Dauphin ordonna d'allouer aux comptes une somme de 70 l. t. sur cette assignation. Le 2 juillet fut signé à Angers, entre le Dauphin et le duc de Bretagne, agissant au nom de son fière, un traité qui tranchait la question en ce qui concernait le comte de Richemont ; mais les démêlés avec le seigneur de Parthenay, qui avait embrassé le parti bourguignon, ne se terminèrent pas si vite. Voir Histoire de Parthenay, par B. Ledain, p. 312.

[7] Voir chapitre IV.

[8] Catalogue des actes (en préparation), lettres des 29 octobre, 13, 18, 20 décembre 1418 ; 11, 12 janvier, 4 février, 13 mars, 1er avril, 2 mai, 21 août, 27 et 28 septembre 1419, etc.

[9] Catalogue des actes, lettres des 30 octobre, 19 et 23 novembre, 22 décembre 1419 ; 2, 15 janvier, et janvier (sans date de jour), 2, 11, 12 février, et février (s. d.) 13, 20, 23, 24, 28 mars, 8 mai, 23 septembre1420.

[10] Dès le 22 janvier 1419, il y avait un conseil en Languedoc ; mais c'est après le voyage du Dauphin et à partir de la nomination de Charles de Bourbon, comme lieutenant général (15 septembre 1120), que l'administration spéciale à ce pays fut organisée. Lettres de janvier 1421, 4 mai, 13 juillet, 16 et 17 août, 18 novembre 1421 ; 7, 22 mars et 30 juillet 1422.

[11] Lettres des 16 juin et 24 juillet 1422.

[12] Lettres des 31 janvier et 3 février 1420, et 20 octobre 1422.

[13] Lettres du 23 avril 1420.

[14] Lettres des 23 mars et 29 avril 1420.

[15] On estimait donc que la charge n'avait pas été remplie par le chancelier du Dauphin, Robert le Maçon, qui pourtant avait exercé si honorablement les fonctions de chancelier du royaume depuis la fuite de Paris.

[16] Voici les considérants des lettres de provision, en date du 5 février 1422, qui ne nous sont connues que par un extrait du 4e compte de Guillaume Charrier, rapporté par François du Chesne dans son Histoire des chanceliers et gardes des sceaux de France (1680, in-fol., p. 479). Mondit seigneur veant et connoissant que, depuis le trespassement de messire Henry de Marie, en son vivant chancelier de France, il n'avoit point encore pourveu audit estat et office de chancelier, et ainsi que par grand et meure deliberacion et pour le grand bien de ceste seigneurie il avoit fait aux autres chefs d'office de ce royaume, c'est assavoir tant de connestables (sic) et mareschaux de France que autres, de laquelle provision faire, dont depend tout le fait et gouvernement de la justice de cedit royaume. avoit depuis esté et estoit encore de plus en plus urgente necessité à ce que ladicte justice. dont est le chef ledit chancelier, feust bien et convenablement administrée et les affaires du Roy nostre sire et de lui, meurement, et selon les cas qui occureroient, addressiez et conduits ; et considérant que à lui singulièrement et non à autres, attendu la disposition et aussi la detention de la personne du Roy nostre dit seigneur estant ès mains de ses ennemis anciens, appartenoit à faire et donner ladicte provision, comme à celui à qui plus touchoit, recognoissant par experience de fait les très grans sens, prudence, loyauté et souffisance, etc.

[17] Inventaire des sceaux, par M. Douët-d’Arcq, t. I, p. 276.

[18] Lettres patentes du 13 juin 1418 : Et pour ce que lesdiz pilleurs et voleurs... prinsdrent noz grans seaulx qui estoient en l'ostel de notre amé et feal chancelier... vous mandons que à quelxconques lettres ou mandemens scellez dudit seel, vous ne donnez obeissance en aucune manière, jusques ad ce que sur ces choses ayez de nous autres nouvelles. Documents pour servir à l'histoire de Lyon, p. 163. Cf. lettre missive du 29 juin, reproduite plus haut, p. 98-101.

[19] Lettres des 13 et 24 juin, 9 juillet, 15 août, 9, 17 et 24 septembre, etc.

[20] Voir ci-dessus, chapitre IV.

[21] Le premier acte où La Fayette prend ce titre, porte la date du 8 septembre 1420 (Clairambault, 21, p. 1483). On a des lettres données ; en date du 30 septembre, sous le seel ordonné pour le fait de la mareschaussée ; ces lettres, données au nom de Gilbert, seigneur de la Fayette, chevalier, maréchal de France, portent non plus le seel commun de la mareschaussée, mais les armes de La Fayette : de gueules à une bande dentelée d'or, à la bordure de vair (ou semée de cœurs). Pièces originales, 119 : FAYETTE, et Armorial de France, par Berry, publié par M. Vallet de Viriville, page 82 et note 3. Cf. Raoulet, éd. de Jean Chartier, t. III, p. 170. — C'est à tort par conséquent que le P. Anselme (t. VII, p. 56) recule sa nomination jusqu'en 1421.

[22] On a de lui un codicille daté du 21 mai 1421.

[23] Il était maréchal dès le 15 avril 1421 : Mandement de ce jour, Cabinet des Titres : SÉVERAC.

[24] Berry, p. 441. Serment du nouveau connétable, Ms. fr. 5471, f. 149 v°. — C'est à tort que le P. Anselme (t. VI, p. 225) recule le fait au 4 avril 1424.

[25] Celui-ci ne parait plus après la date du 28 juin 1419.

[26] Le P. Anselme, t. VIII, p. 131. Il est désigné comme maître de l'artillerie dans une quittance de Tanguy du Chastel, du 7 octobre 1420 (D. Morice, t. II, col. 1007).

[27] Godefroy, Historiens de Charles VI, p. 796-97.

[28] Le P. Anselme, t. VIII, p. 472 et 480.

[29] Le P. Anselme ne mentionne pas Barbazan parmi les grands chambellans. Le renseignement relatif à Guillaume d'Avaugour est tiré du procès de Barbazan. Ms. fr. 5061, f. 115 v°.

[30] Ces deux nominations, mentionnées par le P. Anselme (t. VIII, p. 664 et 700), auraient besoin d'être établies d'une façon plus précise.

[31] C'est au moins ce que nous apprennent du Tillet, Recueil des rois, etc., p. 421 (éd. de 1607), et le P. Anselme, t. VIII, p. 885. — Par lettres du 14 mai 1419, il fut retenu au service du Dauphin avec six cents hommes d'armes et quatre cents hommes de trait.

[32] Voir plus haut, chapitre IV.

[33] Il n'y avait que quatre maitres d'hôtel à la fois en exercice. Voici les noms que nous avons relevés pour cette période : Pierre du Puy du Fou, dit Le Gallois, Bertrand Campien, Pierre Hérisson, François de La Bourme, Guillaume Claret, Antoine de Varennes, et Richard de Chissé.

[34] Nous citerons parmi eux Pierre Frotier, bientôt premier écuyer ; Olivier Léer ou Léet, Guitard de Besordon, Colin de La Bigne, Perreau de Montejean, Antoine de Varennes (ensuite maitre d'hôtel), Louis de Chalençon, Pierre Eypecat, Jean Rolet, Jean du Cigne, Henri de Pluscallec, Lancelot Rogre, l'Écossais Thomas Seton, Charles Labbé, l'ancien capitaine bourguignon de Tours, etc.

[35] On l'appelait le Petit Plusquallec : c'était Jean de Pluscallec.

[36] Nous citerons Prégent de Coëtivy, plus tard amiral de France ; Colin Frotier, frère de Pierre ; Rogerin Blosset, Jean du Mesnil.

[37] Nous citerons Louis d'Avaugour, Guillaume Quatrebarbes, Jean de Crassay, Jean de Rosnivinen.

[38] Parmi eux figure Jean Havart.

[39] Nous en avons compté trente, sans épuiser la liste. Tout ce qu'il y a de plus considérable dans l'entourage du prince y figure.

[40] Ce titre fut prodigué par le Dauphin, qui souvent n'avait point d'autre moyen de rémunérer les services : nous n'avons pas compté moins de trente-sept chambellans, et sans doute nous ne les connaissons pas tous.

[41] Il était encore en fonctions en février 1440. Voir des lettres données en sa faveur, Ordonnances, t XV, p. 309. Il y avait aussi un tailleur et valet de chambre, et un armurier et valet de chambre.

[42] Lettres des 16 juillet 1418. Ordonnances, t. X, p. 457.

[43] Lettres des 22 juillet, 2 et 4 août, désignant les membres du Parlement, les maîtres des requêtes de l'hôtel, les membres de la Chambre des comptes, les clercs-notaires de la chancellerie, les huissiers au Parlement. Ordonnances, t. X, p. 459-165. — Déjà, en février 1418, le Parlement de Paris avait été cassé par la Reine et le duc de Bourgogne, et un nouveau Parlement avait été établi à Troyes (lettres du 16 février : Ordonnances, t. X, p. 436).

[44] Ordonnances, t. X, p. 477-80.

[45] On a conservé une partie des registres de ce Parlement ; ils se trouvent aux Archives, sous les cotes X1a 9190 à 9201 et X2a 18 à 22. Voir sur le Parlement de Poitiers la Notice sur les Archives du Parlement de Paris, par M. Cran, en tête des Actes du Parlement, t. I. p. CCXIII-XVI, et une thèse d'un élève de l'École des Chartes, M. D. Neuville, où à côté d'erreurs de faits et d'appréciations contestables au point de vue de la politique générale, il y a d'intéressantes indications : le Parlement royal à Poitiers, dans la Revue historique, t. VI, p. 1 et 272.

[46] Pasquier dit, en parlant des conseillers qui suivirent le Dauphin, que c'étaient la plupart des hommes notables de la Cour de Parlement, et singulièrement ceux qui favorisaient sans arrière boutique le Dauphin. Les Recherches de la France, livre II, ch. IV. — Le 11 décembre 1419, le Parlement de Paris nomme deux conseillers en remplacement de Hugues Grimault et Barthélemy Hamelin, qui avoient delaissié l'estat et service de la Court, et s'estoient transportez en la ville de Poictiers pour estre du conseil de Monseigneur le Daulphin en ycelle ville de Poictiers. Archives, X1a 1480.

[47] Voir le registre X1a 9195 : il contient 172 feuillets pour les seules années 1418 à 1422.

[48] Jouvenel, p. 360.

[49] Nous le trouvons en fonction presque aussitôt. — Quittance du 14 janvier 1419. Clairambault, 85, p. 6717.

[50] Ordonnances, t. X, p. 481.

[51] Ordonnances, t. XI, p. 15-16.

[52] Ordonnances, t. XI, p. 59-60. Cf. D. Vaissète, t. IV, p. 454.

[53] Ordonnances, t. XI, p. 137 et 138.

[54] Jouvenel, p. 360.

[55] Jouvenel, p. 360.

[56] Le Parlement royal à Poitiers, par M. D. Neuville, l. c., p. 11-12.

[57] Archives, X1a, 8804, f. 30.

[58] Ordonnances, t. XII, p. 286.

[59] Le Parlement royal à Poitiers, p. 20.

[60] Je ne sais pourquoi M. Neuville parle du comté d'Orléans.

[61] M. Grün, dans la Notice qui précède les Actes du Parlement de Paris, p. CCXIII.

[62] Voici les noms des baillis et sénéchaux que nous avons rencontrés pour cette période.

BAILLIS : Beaujolais, Regnier, seigneur de la Buxière ; — Berry, Louis, seigneur d'Escorailles ; — Chartres, Gilles d'Eschainvillier (alias d'Eschevillier et de Chonvilliers) ; — Fores, Amé Vert ; — Mâcon, Ymbert de Grolée ; — Meaux, Louis Gast ; — Melun, Louis de Culant ; — Montargis, Robert de Lairé ; — Saint-Pierre le Moustier, Pierre de Montmorin ; — Touraine, Guillaume d'Avaugoir.

SÉNÉCHAUX : Agenais, Arnaud Guilhem, seigneur de Barbazan ; — Anjou, Pierre de Beauvau ; — Auvergne, Jean de Langhac ; — Beaucaire, Guillaume de Meulhon ; Bourbonnais, Gilbert de Chalus ; — Carcassonne, Guillaume d'Arlande ; — Limousin, Geoffroy, seigneur de Mareuil ; — Lyon, Ymbert de Grolée ; — Périgord, Arnaud, seigneur de Bourdeille ; — Poitou, André de Vivonne ; — Quercy, Raymond, seigneur de Salignac ; — Rouergue, Arnaud de Carmaing, seigneur de Nègrepelisse ; — Toulouse, Jean de Bonnay.

[63] Nous avons mentionné aussi les États de Poitou, tenus à Saumur en juin 1417.

[64] Voir les lettres d'Isabeau, en date du 3 avril 1418, autorisant les gens des trois états des sénéchaussées de Toulouse Carcassonne et Beaucaire, à s'assembler toutefois que bon leur semblerait (Ordonnances, t. X, p. 449) ; une assemblée, convoquée par le prince d'Orange, fut tenue le 26 mars 1419 à Montpellier (D. Vaissète, t. IV, p. 449).

[65] Cette assemblée, à laquelle, malgré la pièce publiée dans Rymer (t. IV, part. III, p. 192-93), il est difficile de reconnaître le caractère d'une réunion d'États généraux, eut lieu à Paris les 6 et 10 décembre 1420. Voir, outre Rymer, Monstrelet, t. IV, p. 20 ; Jouvenel, p. 384-85. Le silence de Chastellain est significatif.

[66] Les États de Normandie sous la domination anglaise, par Ch. de Beaurepaire, p. 9 et s. — Le savant auteur dit qu'il n'y eut pas d'autre réunion du vivant de Henri V. Mais n'est-ce pas à cette période qu'il faut rattacher l'octroi d'une somme de 200.000 livres dont il est question dans une quittance sans date du temps de Charles VI, qui se trouve dans le ms. 26045, n° 5836 ?

[67] Voir aux Pièces justificatives la lettre de Jean Caille du 15 juin 1418.

[68] Lettres du 19 octobre 1418, portant paiement de 250 l. t. à Pierre Brun, abbé de Saint-Augustin de Limoges, pour avoir été de Limoges à Paris et ensuite de Poitiers à Limoges, pour le fait de l'aide à nous nagaires octroyé pour le fait de la guerre. Clairambault, 23, p. 1641. Cf. lettres du 31 octobre, id., 105, p. 8223, et pour l'aide spéciale au Poitou, lettres du 24 septembre, id., 58, p. 4427.

[69] D. Vaissète, t. IV, p. 449.

[70] D. Vaissète, t. IV, p. 450 ; Cf. lettre du 18 novembre 1431. Chartes royales, XIV, n° 12.

[71] D. Vaissète, t. IV, p. 450.

[72] D. Vaissète, t. IV, p. 451-52.

[73] Il est fait allusion à une aide de 200.000 livres, octroyée par les États du Languedoc, dans des lettres du 13 mai 1421 ; mais il s'agit sans doute de l'aide de lao, car nous voyons par des lettres du 31 juillet 1421 qu'une réunion des États fut tenue en mai 1421 à Narbonne et qu'une aide de 150.000 l. t. y fut volée. Dans des lettres du 22 mars 1422, il est question d'une réunion d'États tenue à Carcassonne en juillet 1421 (Archives, K 60, n° 18). Enfin, dans des lettres du 30 juillet 1422, il est question d'une assemblée des États tenue à Carcassonne, à partir du 8 juillet 1422.

[74] Copie sans date, Ms. fr., nouv. acq., 1001, f. 6 v°.

[75] Archives, KK 50, f. 3 v°, 23, 33 v°-34 et s. — Est-ce de cette aide, ou d'une nouvelle, qu'il est fait mention dans les lettres du 31 mars 1422, comme derrenièrement octroyée ? Ordonnances, t. XI, p. 159.

[76] Ms. fr. 26080 (Quittances, 89), no 6330 ; Fr. 26435 (Collection Blondeau), n° 73. — Une nouvelle assemblée eut lieu à Mirebeau le 1er octobre 1422. Archives de Poitiers, Registres des délibérations, vol. II, f. 35.

[77] Aide de 9.000 l. t., en février ou mars 1419 ; aide de 16.000 l. t., en mai 1419 aide de 22.161 (?) fr., le 26 mai 1420 ; aide de mille hommes à pied, à six francs, le 9 juillet 1420 ; aide de 80.000 l. t., le 8 janvier 1422 ; aide de 20.000 écus, le 6 juillet 1422. Les États provinciaux de la France centrale sous Charles VII, par M. A. Thomas, t. I, p. 183-84. Voir plus loin, aux Pièces justificatives, la lettre de Jean Caille du 15 juin 1418, de laquelle il résulte qu'à ce moment les États d'Auvergne étaient assemblés à Montferrant.

[78] Aide octroyée par les États des pays de Limousin, La Marche et Combraille, en 1421. Quittance du 10 septembre 1421, Pièces originales, 1999 : MONS. Je cite cette pièce, et non celles des dossiers BRUNET et CHAPOLIE (Pièces originales, 541 et 615), parce qu'elle n'est point citée par M. Thomas (p. 223), et qu'elle précise une date. Il y eut en outre d'autres réunions d'États du Bas-Limousin à Tulle, en septembre 1419 ; du Haut-Limousin à Limoges, en mars 1420 (?) et en juillet 1422 ; de La Marche, en juillet 1420 et en janvier 1422. Thomas, l. c., t. I, p. 225, 240 et 261, et t. II, p. 1 et s.

[79] En février 1420, Tanguy du Chastel et Louis d'Escorailles furent envoyés en Touraine, vers les États de ce pays. Lettres du 10 février : Clairambault, 29, p. 2185, et 43, p. 3219. Nous mentionnons plus loin des réunions des États de Touraine en 1422, dans les mois de janvier et de juillet.

[80] Voir ci-dessus, chapitre IV.

[81] Voir ci-dessus, chapitre VI.

[82] Maistre Jehan Bout du Monde, envoié de Selles en Berry à Blois par commandement de messeigneurs les maistres d'ostel, pour d'illec faire venir des blez et vins audit lieu de Selles pour l'assemblée du Conseil que mondit seigneur le Regent a tenu audit lieu de Selles, samedi XXVe jour de janvier M CCCC XX, mondit seigneur le Regent audit lieu de Selles, argent, VI l. VIII s. Archives, KK 50, f. 6 v°. — Il est question de cette assemblée de Selles dans la lettre du Dauphin, en date du 8 février 1421, reproduite ici. On y fit allusion aux États de Clermont, en mai suivant, comme ayant abouti à des mesures très honorables pour la personne et le gouvernement de monseigneur le Dauphin, et utiles et prouffitables pour le recouvrement de sa seignorie. Mémoire de M. Ch. de Grandmaison, cité plus loin. — Voir aussi Registres du Parlement de Poitiers, X1a 18, au 13 mai 1426.

[83] Cette circulaire, adressée aux habitants de Lyon, se trouve aux Archives de cette ville, AA 20, f. 23 (original sur papier, avec sceau plaqué). — Par délibération en date du 22 avril, le chapitre de Saint-Martin de Tours décide qu'il enverra ses pouvoirs pour être représenté à l'assemblée des trois États convoqués à Clermont (Extraits des registres capitulaires, dans Baluze, 77, f. 347). — Le 24 avril, maîtres Martin d'Argouges et Jean le Saintier partent de Tours pour Clermont en Auvergne, où les trois estaz estoient mandez par devers le Conseil general de monseigneur le Regent le Royaume ; ils reviennent le 23 mai. Archives de Tours, Registres des Comptes, vol. XVIII, f. 105 v°.

[84] Ces détails sont empruntés au Compte rendu des députés de la ville de Tours, qui a été publié par M. Ch. de Grandmaison, archiviste d'Indre-et-Loire, dans un intéressant mémoire lu à la Sorbonne en 1876 : Nouveaux documents sur les États généraux du quinzième siècle, p. 9.

[85] Aussi bien que le fait même, si considérable, d'une réunion d'États généraux en mai 1421. Ni M. Rathery, ni M. Picot n'en parlent. M. Valet de Viriville seul a signalé la convocation faite à cette assemblée, d'après les Registres capitulaires de Saint-Martin de Tours (t. I, p. 261) ; mais, dans son Mémoire sur les institutions de Charles VII (p. 35), il dit que la convocation parait n'avoir pas été suivie d'effet.

[86] Le texte de ces articles a été publié par M. Ch. de Grandmaison, l. c., p. 10-12.

[87] Lettre du 30 mai, aux habitants de Lyon — Il est fait allusion en ces termes à l'aide votée à Clermont dans des lettres du Dauphin du 26 mai 1422 : L'aide à nous dernièrement octroyée à l'assemblée pour ce naguères faicte à Clermont en Auvergne par les gens des trois estaz des pais de Languedoil estans en l'obeissance de nous, pour le recouvrement de la personne dr monda seigneur, et pour la conduite de la guerre. Charles royales, XIV, n° 13. — Le premier paiement fut fait en juillet ; le second en octobre 1421. Archives de Lyon, CC 65. f. 175 v° et 213 v°. — On a la mention d'un appointement fait par Robinet d'Étampes, Guillaume Bastard et Guillaume Alabat, commissaires ordonnés en Berry sur le fait de l'aide octroyée aux États de Clermont. Lettres du 13 novembre 1421. Archives, X1c 123. — Les historiens spéciaux, qui se taisent sur ces États de 1421, ne mentionnent pas non plus une réunion d'États qui parait avoir été tenue à Paris par le gouvernement anglais, au commencement de 1422. Lettres de Charles VI du 13 mars, aux Archives de Reims.

[88] Le 28 décembre 1421, on délibère à Tours sur la représentation à envoyer le 8 janvier par devers le conseil de Monseigneur le Regent qui doit se trouver dans la ville. Les commissaires du Dauphin étaient Robert de Rouvres, évêque de Séez, et Jacques Trousseau (Registres des délibérations, vol. I, part. V, à la date ; Registres des Comptes, vol. XIX, f. 84 v° et 89). On voit par les Comptes de l'écurie que le Dauphin obtint un subside de 26.250 l. t. (Archives, KK 53, f. 115 ; cf. f. 118 v°). — Les Registres des délibérations de Lyon nous apprennent que les 9-10 janvier 1422 les États de la sénéchaussée, sollicités par deux commissaires du Dauphin de lui accorder une aide de 30.000 francs pour le paiement de deux cent cinquante hommes d'armes pendant six mois, votèrent une aide de 24.000 l. t. (BB I, f. 140 v°-141, 144 r, 170 v°, 172 ; CC 65, f. 254). — Le États d'Auvergne se réunirent à Issoire le 8 janvier et votèrent une aide de 80.000 l. t. (Thomas, l. c., t. I, p. 184). — Les États de la Marche accordèrent en janvier one somme de 10.000 l. t. pour leur part de l'aide générale demandée aux différents pays de Languedoil (Id., ibid., p. 261).

[89] Nous avons la lettre, en date du 8 juin, par laquelle le Dauphin convoquait les États du Lyonnais pour le 4 juillet (Archives de Lyon, AA 20, f. 27 ; Thomas, l. c., t. I, p. 41), et une autre lettre missive en date du 15 juin, prescrivant aux chanoines de Saint-Martin de Tours d'envoyer trois ou quatre délégués à l'Assemblée des États qui doit se tenir à Tours en juillet (Thesaurus novus anecdot., t. I, col. 1748-49).

[90] Pour faire un emprunt sur eux de huit mille escus pour le pays de Touraine et pour remettre sus les aides. Archives de Tours, Registres des Comptes, vol. XIX, t. 84 v°.

[91] Dans la lettre du Dauphin du 15 juin (Thesaurus. l. c.), le but de la réunion est indiqué en ces termes : Pour vous exposer et de par nous notifier aucuns adris eux et deliberez en nostre grant conseil pour le relievement et reparacion des graves inconvenions par vous et les autres bons vassaux et subgiez de ceste seigneurie supportez à cause de l'affoiblissement des moanoies, et sur ce et autres choses touchant et regardant le très grant bien de toute la chose publique et aussi le fait et conduite de la guerre pour le temps à venir par manière non tant grevable à un ehascun [que] a esté celle desdictes monnoie, avons chargié aucuns de nos plus especiaux officiers et serviteurs estre le... jour de juillet prouchain venant en nostre ville de Tours, afin de vous bien à plain declairer nostre entendue sur icelles choses, et y prendre final appointement avec vous et autres commis et depatez pour la part des gens des trois estats du pays de Touraine... L'assemblée eut lieu le 4 juillet ; les députés de la ville de Tours avaient été nommés le 23 juin (Registres des délibérations, vol. I, part. V). — Les Registres de Lyon nous apprennent que les commissaires envoyés à Lyon demandèrent une aide de huit mille écus d'or, tant pour fere la bonne monnoye comme pour maintenir la guerre. L'assemblée conclut que le Dauphin usât de ses monnaies comme il lui plaisait et ne demandât aucune aide à la ville de Lyon jusqu'à ce que les trois états des pays à lui obéissant eussent été convoqués, en suppliant le Dauphin de faire cette convocation à bref délai. On finit pourtant par voter six mille écus (B 1, f. 160 e). — Les États d'Auvergne se réunirent le 6 juillet, et votèrent une aide de 20.000 écus (Thomas, l. c., p. 184). — Dans le même mois, les États du Haut-Limousin votèrent une aide tant pour mettre sus et faire forgier bonne monnoie que pour le soustenement de la guerre (Id., ibid., p. 240).

[92] Lettres du 27 octobre 1422, visées dans des lettres des consuls, bourgeois et habitants de Limoges, en date du 12 novembre 1422, par lesquelles le Roi ordonne de payer, sur les produits de l'aide, la somme de mille écus d'or, donnée à la ville de Limoges. Ms. fr. 26046 (Quittances, 55), n° 8.

[93] Preuves des libertez de l'Église gallicane, t. III, p. 13.

[94] Registres du Parlement, dans le même recueil, t. I, p. 130.

[95] C'est chose constante et certaine, écrivait Jérôme Bignon sous le règne de Henri IV, que les Roys de France sont souverains en leur estat, ne tenus leur royaume que de Dieu seul et de l'espée. Cela n'a pas besoin d'autres preuves : chacun en demeure d'accord. De l'excellence des Roys et du Royaume de France, Paris, 1610, p. 255. — Mais la maxime de Guillaume le Tur allait au delà de cette vérité constante : elle touchait au domaine spirituel et aux rapports de la royauté avec le Saint-Siège.

[96] Registres du Parlement, l. c. ; Journal d'un bourgeois de Paris, p. 85, et note de M. Tuetey, le savant éditeur. — Le recteur avait été élargi dès le lendemain.

[97] Voir chapitre VIII.

[98] Registres du Parlement, l. c., t. I, p. 130.

[99] L'ordonnance est datée anno M CCCC XVIIIe, in mense martii, post pascha. Or, Pâques tomba cette année-là le 27 mars.

[100] Ordonnances, t. X, p. 445.

[101] Ordonnances, t. X, p. 447. — Ces deux ordonnances sont signées : Per Regem ad relationem magni consilii tenti in camera Parlamenti per Dominum Delphinum Viennensem.

[102] Registres du Parlement, l. c., p. 136.

[103] Ce concordat comprenait des règlements sur le nombre des cardinaux, les réserves, les annates, les jugements de cour de Rome, les commendes, les indulgences et les dispenses. Il n'y avait que deux points particuliers à la France : l'un réduisait, pour cinq ans, les annates à moitié, en considération des guerres qui désolaient le royaume ; l'autre était un privilège accordé à l'Université de Paris pour précéder, une fois seulement, dans la distribution des bénéfices, tous les autres ecclésiastiques ayant des grâces expectatives. Hist. de l'Église gallicane, t. XX, p. 114 ; Héfélé, Hist. des Conciles, éd. allem., t. VII, p. 352, 359 et s. ; éd. française, t. XI, p. 87, 95 et s. — Le concordat français, ou mieux latin, car il s'étendait à l'Espagne et à l'Italie, se trouve dans Von der Hardt, Magnum œcumenicum concilium Constantiense, t. IV, p. 1566-1576.

[104] Ordonnances, t. X, p. 511.

[105] De nouvelles lettres furent données le 16 mai par Charles VI, portant que ses lettres de révocation ne devaient avoir force de loi qu'à dater du jour de leur publication. Ordonnances, t. XI, p. 3. — Cf. lettres du 25 janvier 1422. Archives, X1a 8604, f. 79.

[106] C'est ce qui résulte de la protestation de Pierre Cousinot datée de 1425. Preuves des libertez, t. III, p. 35. On lit dans un formulaire du temps, à la suite de l'ordonnante de mars 1418 : Ceste ordonnance eut lieu par especial en l'obeissance du Roy jusques à l'an mil CCCC vint et six. Ms. fr. 5024, f. 71 v°. — Nous avons des lettres du Dauphin, sans date de mois, adressées en 1418 au bailli de Touraine, ordonnant de faire publier l'ordonnance précitée (Ms. lat. 9071, f. 29), et il y est fait allusion dans plusieurs lettres du Dauphin donnant des grâces expectatives.

[107] Catalogue des actes, lettres des 30 mars 1419, 27 mars, 6 septembre et 10 novembre 1420, 6 février 1421, etc. — Voir sur des collations de bénéfices, Registres du Parlement de Poitiers, X1a, 9197, f. 61 et 81 ; Extraits des Registres capitulaires de Saint-Martin de Tours, dans Baluze, 77, f. 346-47.

[108] Lettres du 13 novembre 1418. Archives, P 14021, cote 1243.

[109] Ces expressions se trouvent dans une lettre de la reine Isabeau, en date du 16 février 1418. Ordonnances, t. X, p. 437.

[110] Ordonnances, t. XI, p. 105. — Cf. lettres du 22 décembre 1420, presque identiques. Archives, X1a 8604, f. 36 v°.

[111] Doubtans, ainsi que vray semblablement est à doubler, que à ceste occasion nostre dit Createur, entre autres choses, ait permis à venir en ce royaulme plusieurs afflictions, guerres, pestilences, famines et autres tribulacions.

[112] Lettres de Charles VI du 6 décembre 1421. Archives LL 414, f. 60. Cf. LL 215, f. 379 et 510.

[113] Lettres indiquées dans la Collection de D. Housseau, vol. IX, n° 3843.

[114] Archives, K 186, n° 142.

[115] Lettres du 1er avril 1419 et de janvier 1422. Doat, 135, f. 268, et Ordonnances, t. XV, p. 575-76. On lit dans ces dernières lettres : Nos igitur, dictos predecessores domini mei predicti ipsumque in his potissime per que divinus adaugetur cultus et divinis instantes obsequiis ampliori prosequuntur favore, imilnri cupientes ; contemplantes presertim horum religiosorum morum honestatem et devocionis fervorem quibus aspirare volumus, ut, pro jam dicto domino meo, nobisque ac regia domo, fundant accuracius Deo preces ; memorie eciam commendantes accepta servicia que dictis predecessoribus nostris, domino meo, et retroactis temporibus, impendirent ipsi religiosi ; quinimo, quod jocunde et reverenter et munificenter nos illac transeuntes esceperunt cum nostra concomitancia...

[116] Lettres du 29 octobre 1418. Collection de D. Fonteneau, vol. V (lat. 18380), f. 709.

[117] Lettres sans date, Ms. fr. 5024, f. 73.

[118] Voir La rançon du duc de Bourbon Jean Ier, par Huillard-Bréholles, p. 8-9. Cf. ci-dessus, chapitre VIII.

[119] Ce fut la première demande que fit le gouvernement de Charles VII quand, en novembre 1432, les négociations furent rouvertes avec l'Angleterre.

[120] Il venait de déclarer la paix signée à Troyes bonne, saine et juste, de s'engager à détacher son fils Charles du parti du Dauphin, etc. Huillard-Bréholles, l. c., p. 12. — Le Dauphin n'avait pas attendu à ce moment pour donner des marques de sa bienveillance à l'égard du duc : il avait prescrit, par lettres du 29 novembre 1418, une trêve d'un mois entre le Bourbonnais et les pays bourguignons voisins, pour mettre à l'abri les possessions du duc prisonnier. Archives, P 13771, cote 2827.

[121] On a la trace de démarches faites à cet égard auprès du conseil de ville de Lyon : le 4 avril 1421, le conseil répond qu'il ne peut contribuer au paiement de la rançon. Péricaud, Notes et documents pour servir à l'Histoire de Lyon, p. 42.

[122] Archives, P 13771, cote 2858. — C'est par erreur que dans l'Inventaire des titres de la maison ducale de Bourbon, dressé par Huillard-Bréholles et continué par M. Lecoy de la Marche, on indique (t. II, p. 219), cet acte comme émanant de Charles VI.

[123] Considerans l'estat de nostre dit frère, lequel, pour le fait de la guerre de mondit seigneur et de nous, a jà long temps esté et encores est prisonnier en la main des Anglois, anciens ennemis de mondit seigneur et de nous, et les très grans et notables services et plaisirs qu'il a faiz à mondit seigneur et à nous, etc. Archives, K 59, n° 30.

[124] Voulans à nostre povoir subvenir et secourir à la personne et aux affaires de nostre dit frère, comme raison est, et considerans que de present ne lui povons pas aidier de deniers comptans, obstans les grans et excessives charges que nous avons pour le fait de ladicte guerre. Archives, K 59, n° 32.

[125] Pièces originales, 2158 : ORLÉANS, 8, n° 406.

[126] Lettres du 8 mai 1421. D. Lobineau, t. II, col. 978 ; D. Morice, t. II, col. 1091 ; Ordonnances, t. XI, p. 121.

[127] Les lettres de provision du Dauphin sont du mois d'octobre au plus tard (voir ci-dessus, ch. IV) ; celles de Charles VI sont du 20 janvier 1419.

[128] Le 30 octobre 1421, le comte de Fois donne pouvoir pour jurer le traité de Troyes. L'instrument du serment prêté porte la date du 3 mars 1422. Voir Rymer, t. IV, part III, p. 199 ; part. IV, p. 9, 51 et s., 62, 72.

[129] Il avait été, par lettres de Charles VI du 1er juillet 1420, investi des droits du vicomte de Narbonne sur le comté de Comminges et de toutes les possessions de celui-ci le 8 mars 1422, Henri V donnait commission pour recevoir le serment du comte de Comminges. Rymer, t. IV, part. IV, p. 56.

[130] Voir, sur les intrigues du comte Jean IV, ci-dessus, chapitres II et VIII, et sur ses rapports avec le Dauphin, plusieurs pièces dans Clairambault, 50, p. 3737 ; 78, p. 6089 ; 6, p. 267 ; 12, p. 765 ; 53, p. 5708 ; Pièces originales, 1663 : LAUR. Cf. Monstrelet, t. III, p. 292 ; Saint-Remy, t. I, p. 338 ; Berry, p. 439 ; Raoulet, dans Chartier, t. p. 171, et D. Vaissète, t. IV, p. 455.

[131] Il suivit le Dauphin dans son voyage du Languedoc, et reçut de lui : 1° 300 livres tournois pour ses étrennes le 3 janvier 1420 ; 2° une somme de 2.000 livres au mois de mars. Vers le mais de juillet 1422, il fut le chef de l'entreprise contre le sire de Rochebaron, où il fut armé chevalier (Berry, p. 442).

[132] Son grand-père avait épousé Marguerite de Bourbon, et par ce mariage était devenu beau-frère de Charles V ; son père avait obtenu de Charles VI, en 1389, l'autorisation, pour lui et ses descendants, d'écarteler ses armes de celles de France.

[133] Dès le 17 juillet 1418, Charles d'Albret déclarait, par lettres patentes, avoir conclu une trêve avec Jean Tiptoft, envoyé de Henri V, et s'engageait à ne pas souffrir qu'au-cime guerre fat faite au roi d'Angleterre (Rymer, t. IV, part. II, p. 58). Le 25 septembre 1420, le sire d'Albret et son frère François donnaient procuration pour faire en leur nom l'hommage qu'ils devaient au roi d'Angleterre comme duc d'Aquitaine (D. Villevieille, Trésor généalogique, vol. II, f. 96). Le 5 janvier 1421, Henri V donnait pouvoir pour traiter avec les envoyés de Charles, seigneur d'Albret, et de François d'Albret, seigneur de Saint-Bazeille. Le 16, un accord était conclu avec Henri V, au nom de ces deux seigneurs, qui s'engageaient pour tous leurs parents (Rymer, t. IV, part. III, p. 197-198). Le même jour, le roi d'Angleterre donnait des lettres d'abolition à Charles et à son frère, qui lui avaient fait l'hommage lige pour les terres qu'ils tenaient de lui dans le duché d'Aquitaine, et qui avaient juré le traité de Troyes (Rymer, l. c., p. 198).

[134] Le 3 janvier 1420, Charles lui donna 300 livres tournois pour ses étrennes (Pièces originales, 24 : ALBRET), et au mois de novembre il lui fit présent d'un cheval (Archives, KK 53, f. 15). Au commencement de 1421, le sire d'Albret et son frère François servaient en Languedoc sous le gouvernement de Charles de Bourbon (Clairambault, 79, p. 6230 et 31 ; 63, p. 4871 ; 14, p. 899 ; Pièces originales, 24 : ALBRET). On remarquera que c'est à ce moment même que venait d'être signé le traité du 16 janvier 1421.

[135] Guillaume d'Albret, seigneur d'Orval, était en 1420 un des lieutenants de Charles de Bourbon en Languedoc.

[136] Voir le traité, en date du 16 novembre 1418, par lequel le comte d'Armagnac, en son nom et au nom de Bernard son frère, le comte de Foix, Charles seigneur d'Albret et Jean comte d'Astarac, s'unissent par une ligue et confédération mutuelle. D. Vaissète, t. IV, preuves, p. 414. Le texte complet est dans Doat, 213, f. 6. Le comte d'Armagnac et le sire d'Albret étaient beaux-frères, le second ayant épousé, le 28 octobre 1417, Anne d'Armagnac, fille du connétable. Le comte de Fois, après la mort de sa première femme (Jeanne de Navarre, morte en 1420), épousa Jeanne d'Albret, sœur de Charles.

[137] D. Vaissète, t. IV, p. 455.

[138] Il fut aussi l'un des principaux auxiliaires de Charles de Bourbon pendant sa lieutenance générale.

[139] Dans un permis d'accorder en date du 23 mai 1421, il est parlé de lui en ces termes : Et mesmement en faveur de nostre dit cousin, qui tousjours s'est employé et de jour en jour se emploie ou service de mondit seigneur et de nous. Archives, X1c 121.

[140] Voir plus haut, chapitre VIII. Il avait épousé Marie de La Trémoille.

[141] Ils furent confisqués par les Anglais. Voir Histoire de la maison de Montmorency, par André du Chesne, p. 232.

[142] Voir Pierre de Fenin, p. 152, et Monstrelet, t. IV, p. 21 et 41.

[143] Collection Du Chesne, vol. 4, f. 9.

[144] Une des premières marques de confiance que le jeune Dauphin donna à sa noblesse fut de lui confier la garde de ses châtellenies. On lit dans des lettres du 3 novembre 1417 : Pour ce que, attendu les guerres qui sont de present, il est besoing et necessité de pourveoir auz offices de chastellenies de nostre dit pais du Dalphiné de personnes nobles qui aient frequenté les armes, saichans l'usage et steile des guerres, qui soient soullisans et ydoines pour seurement garder et deffendre en temps de guerres noz chasteaulz et forteresses de nostre dit pais du Dalphiné... Archives de Grenoble, D 3223 bis, f. 119 v°.

[145] Lettres du 16 mars 1420.

[146] Lettres du 14 juin 1420.

[147] Indépendamment de la lettre de Jean Caille aux Lyonnais, en date du 15 juin, cela ressort de lettres patentes de Charles VI du 27 juillet (Arch. de Reims). En août 1418, le Dauphin envoya des lettres closes aux nobles et barons du Limousin (Pièces originaires, 675 : CHAPOLIE) : voir aux Pièces justificatives. Le 21 mars 1419, on recevait à Poitiers des lettres du Dauphin, en date du 16 mars, ordonnant que chascun noble tenant en fief, etc., et autres se abillent et arment pour aller au siège à Partenay, dedans huit jours. Archives de Poitiers, Registres des délibérations, I, f. 69 v°.

[148] Ordonnances, t. XI, p. 127.

[149] Auz mandements par nous autresfois faits n'y sont plusieurs venus ny comparus. Ordonnances, t. XI, p. 127.

[150] Ordonnances, t. XI, p. 126-128. Cf. Ms. fr. 26044 (Quittances, 53), n° 5650.

[151] Or advient que sont faictes entreprinses, ou sièges assis, où le ban du prince est crié et le jour souvent nommé pour les champs tenir. Mais plusieurs y viennent pour manière, plus que pour doubte de y faillir ; et pour paour d'avoir honte et reprouche, plus que pour vouloir de bien faire. Et si est en leur chois le tost ou le tard venir, le retour ou la demeure. Et de tels en y a qui tant ayment les aises de leurs maisons plus que l'honneur de noblesse dont ilz les tiennent, que lors qu'ils sont contrains de partir, voulentiers les portassent avec eulx : comme les lyniaz qui tousjours traînent la coquille où ilz se hebergent. Quadrilogue invectif, p. 446.

[152] Quadrilogue invectif, p. 447-48.

[153] Obstant certaine interpellé de maladie en laquelle il est detenu, et aussi qu'il est jà ancien et debilité de sa personne... et d'autre part ne pourroit entendre en personne à la garde et gouvernement de ses chastels et forteresses. Collection de D. Fonteneau, vol. VIII (lat. 18383), p. 171.

[154] Pièces originales, 130 : AUBUSSON (simple indication) ; P. Anselme, t. V, p. 334.

[155] Copie du XVIIe siècle, sur parchemin, dans Du Puy, 673, f. 122.

[156] Archives, X1a 8604, f. 54.

[157] Ordonnances, t. XI, p. 74.

[158] Beaucoup sont perdues et ne se trouvent plus dans les dépôts locaux ; certaines ont été soustraites, et on les retrouve dans les ventes d'autographes.

[159] Nous en avons trouvé en particulier près de deux cents à Lyon, auxquelles on a commencé à faire des emprunts. Voir le mémoire de M. Antoine Thomas sur les États généraux sous Charles VII, au t. XXIV (année 1878) du Cabinet historique, tiré à part, br. in-8°.

[160] Les Archives de Tours, de Lyon, de Poitiers, etc., contiennent à cet égard des renseignements abondants. — Le 23 octobre 1421, à Lyon, on décide d'envoyer vers le Dauphin gens notables et d'estat qui ayent audace de parler à la personne de mon dit seigneur le Dauphin, en ly notifiant les affayres et necessités de la ville. Archives de Lyon, BB I, f. 152.

[161] Considerant, disent les lettres, la grant loyaulté, entière sugection, et vraye obeissance en quoy se sont tousjours gouvernez vers mondit seigneur et vers ceux dudit pals, et en recongnoissance d'icelle, afin aussi que les dessusdis, deschargiez et relevez desdictes oppressions, puissent mieulx servir et secourir mondit seigneur et nous contre son adversaire d'Angleterre... Lettres du 9 juillet 1418. Ordonnances, I. X, p. 455-56.

[162] 2 décembre 1419, 7 mai 1421, X1a 8604, f. 30. Archives de Poitiers, J 610. Cf. J 581. Dès le 18 mai, le Dauphin donnait aux habitants le produit de la dixième partie du vin vendu en détail dans la ville pendant deux ans. Archives de Poitiers, G 11, liasse 9.

[163] 16 août 1421. Archives de Lyon, CC, non classé. — Le profit des aides avait été donné à la ville par lettres de Charles VI du 17 juillet 1417. Compte de Léonard Caille, CC 392, n° 33.

[164] Aide octroyée en février 1419 ; autres aides les 20 juin et 9 novembre 1420 ; 2.000 l. t. en avril 1421 ; 2.000 l. t. le 7 août ; 5.000 l. t. le 16 août ; 2.000 l. t. le 31 octobre ; aides les 17 octobre et 23 décembre 1421 ; autre aide le 22 mai 1422. Archives de Tours, Registres des délibérations, I, part. III, au 2 février 1419, et part. V, au 19 novembre 1431 ; Registres des Comptes, XVIII, f. 2 et 12 v° ; XIX, f. 9 et 85. Lettres des 7 août et 16 août 1421 : Pièces à l'appui des Comptes, CC (non classé) ; cf. CC 65.

[165] 12 février 1420. Bibl. nat., Fr. 20589 (Gaignières, 2775), pièce 43.

[166] Juin 1417 ; 21 août 1419. Ordonnances, t. XI, p. 18-20.

[167] 30 octobre 1419 ; 27 janvier 1420. Ordonnances, t. XI, p. 26-27 et Fr. 20689, pièce 14.

[168] 16 avril 1420. Ms. lat. 9177, f. 224.

[169] 8 mai 1420. Ordonnances, t. XI, p. 84-85.

[170] 21 novembre 1421. Ordonnances, t. XI, p. 139.

[171] Voir aux Pièces justificatives la lettre missive aux habitants de Lyon en date du 8 août 1422.

[172] Original aux Archives de Tours, EE, liasse 2 ; — Copie dans la Collection de Dom Housseau, à la Bibl. nat., t. IX, n° 3826.

[173] Menard, Histoire de Nîmes, t. III, preuves, p. 212.

[174] Jouvenel, p. 376.

[175] Menard, t. III, p. 153.

[176] Ordonnances, t. XI, p. 81, et Menard, t. III, preuves, p. 214.

[177] Ordonnances, t. XI, p. 129. Le traité passé par Charles de Bourbon, en date du 16 août 1421, est dans Doat, vol. 60, f. 204.

[178] Ordonnances, t. XI, p. 63.

[179] Ordonnances, t. XVI, p. 180.

[180] Ordonnances, t. XII, p. 624.

[181] Ordonnances, t. XV, p. 128 ; Menard, Histoire de Nîmes, t. III, preuves, p. 214.

[182] Chartes royales, XIV, 10.

[183] Pour consideration, dit l'ordonnance, des bons et notables et agreables services que ont fait longuement à mon dit seigneur et à nous les consuls, bourgeois, manans et habitat de la cité d'Albi, et que de tout temps ils ont esté et sont bons, vrais et loyaulx subgetz à mon dit seigneur et à nous et à la couronne de France, et esperons que tousjours seront, et pour la consideration aussi de la grant pestilence et mortalité qui, l'année passée et encores nagueres, a esté en la dicte ville, tellement qu'elle est demourée moult affaiblie et depopulée de gens, et pour les relever aucunement des grandes pertes et dommaiges qu'ilz ont eues et souffertes à cause de la division qui a esté et est en ce royaume à l'occasion d'aucuns faulx traistres, rebelles et desobeissans à mon dit seigneur et à nous, et afin que tousjours tenus soient à mon dit seigneur et à nous. Compayré, Etudes historiques sur l'Albigeois, p. 265.

[184] Archives, K 60, n° 18.

[185] Doat, 147, f. 231 v°.

[186] Recue avons, dit l'ordonnance, l'umble supplicacion des maire, eschevins et autres manans et habitans en la ville de La Rochelle, contenant que, comme ilz aient esté et soient vraiz, bons et loyaulx subgiez de Monseigneur et de nous, et aient eu et encores aient à supporter plusieurs grans fraix et charges pour garder et conserver la dicte ville en la bonne obeissance de mon dit seigneur et de nous, et resister à l'entreprinse des Angloiz anciens ennemis de ce royaume, qui ont moult desiré et desirent mettre la dicte ville en leur obeissance (que Dieu ne vueille), laquelle les diz supplians ne pourroient garder et preserver des diz ennemis, mesmement en cas de siège, se ils n'estoient convenablement fournis et garnit de blet.... Lettres du 19 novembre 1419. Archives, X1a, 8604, f. 31 v°.

[187] Registres des délibérations, I, part. IV, f. 47.

[188] C'étaient maître Jean Gosset, secrétaire du Roi et du Dauphin, et Jean Vigneron, contrôleur de l'artillerie.

[189] Même registre, part. III (non paginée).

[190] Même registre, part. IV, f. 80.

[191] Archives de Tours, Registres des comptes, XVIII, f. 108 v°. — En mai 1419, on s'attendait à la venue du Dauphin, et l'on avait décidé de lui faire un don de mille livres. L'avoine achetée pour lui en faire présent fut vendue. Registres des délibérations, I, part. IV, f. 54 v° et 58 v°.

[192] Cette somme fut prêtée en partie (2.000 livres) par un des conseillers, Pierre de Pompe ; on donna en outre 500 livres aux seigneurs de l'entourage du prince. Archives de Lyon, Registres des délibérations, BB I, f. 94 v°, 95 v°, 98 v° ; CC 65, f. 103 v°.

[193] Le Dauphin fit son entrée à Poitiers le 15 août 1418. On lit dans les Registres des délibérations, au 4 octobre 1418 (vol. I, f. 66 v°) : Ordonné que ceux qui n'ont payé leur tauxe pour le present fait à Monseigneur le Dauphin seront executés.

[194] Archives, Registres du Parlement de Poitiers, X2A 18, an 28 février 1426.

[195] Lettres du 13 avril 1420, ordonnant au sénéchal de Beaucaire, vu le refus de certains habitants de Saint-André de Villeneuve de faire les guet et garde, sous prétexte qu'ils sont ouvriers monnayers, de faire faire les guet et garde par tous les habitants, de quelque condition qu'ils soient, jusqu'à ce qu'il soit autrement ordonné. Ms. lat. 9177, f. 227.

[196] Lettres du 28 décembre 1418, ordonnant au sénéchal de Poitou de contraindre les habitants de Saint-Denis-en-Vaux et autres, de la châtellenie de Poitiers, à faire guet et garde à Poitiers. Archives de Poitiers, E 19, liasse 12.

[197] On recevait à Tours, le 2 mars 1420, des lettres du Dauphin envoyées à Antoine du Pelle, capitaine de Tours, pour contraindre les gens d'église, bourgeois et habitants à bailler à Guillaume de Bourgon, lieutenant du capitaine, les guets de la ville, pour les asseoir chaque nuit où il lui plairait. Le mandement du Dauphin était du mois de décembre 1419 et avait été présenté au conseil de ville dès le 6 février suivant. Registres des délibérations, vol. I, part. IV, f. 65-66.

[198] Lettres du 13 août 1420, ordonnant de contraindre à payer leurs impositions ceux des habitants de Lyon qui s'y refusaient ; lettres du 20 octobre 1422, pour faire contraindre à participer aux charges de la ville toutes personnes demeurant au dehors qui tenaient ou devaient tenir des cens, rentes et héritages à Lyon. Archives de Lyon, CC 343, n° 14 et 16.