§ I. — NÉGOCIATIONS AVEC L'ANGLETERRE JUSQU'À LA RUPTURE DES POURPARLERS ENTRE LE DAUPHIN ET HENRI V EN 1419. Relations avec l'Angleterre sous Henri IV : le parti bourguignon et le parti orléanais sollicitent tour à tour l'appui des Anglais. — Attitude agressive de Henri V ; il traite séparément avec Jean sans Peur en 1414. — Négociations avant Azincourt : intervention de l'empereur Sigismond à Paris et à Londres ; il trompe la France et s'allie contre elle avec l'Angleterre. — Entrevue du roi d'Angleterre et de l'empereur à Calais avec le duc de Bourgogne. — Continuation des négociations entre la France et l'Angleterre. — Déclaration de guerre de l'empereur ; nouvelle invasion des Anglais. — On reprend les négociations : conférences de Barneville. — Négociations avec la Savoie. — Intervention du pape Martin V ; difficultés faites pour la déclaration d'obédience ; les cardinaux-légats échouent dans leur mission. — Le Dauphin fait des ouvertures à Henri V ; conférences d'Alençon. — Henri V négocie tour à tour avec les deux partis ; trêves avec le Dauphin et avec Charles VI ; rupture avec le Dauphin. — Négociations poursuivies avec Charles VI ; conférences de Meulan. L'histoire de nos relations diplomatiques au temps de Charles VII a une si haute importance, elle a été jusqu'ici tellement laissée dans l'ombre, qu'il convient de l'exposer avec les développements nécessaires. On peut la diviser en deux grandes périodes. Dans la première, toutes les alliances sont-dirigées contre l'Angleterre, depuis longtemps notre ennemie acharnée, qui, après avoir formé contre la France un réseau d'alliances destiné à l'isoler au milieu de puissances neutres ou hostiles, reprend l'œuvre de la conquête, et la pousse avec une telle rigueur, que l'existence même de la nationalité française, est en péril. Dans la seconde, ce n'est plus contre les Anglais, paralysés par leurs divisions intérieures et bientôt expulsés du territoire, que Charles VII cherche des alliés ; c'est contre une puissance nouvelle, née à l'ombre du trône, qui a grandi au milieu de nos désastres, et dont le développement démesuré menace dans le présent l'indépendance, dans l'avenir la sécurité même de la France. L'Angleterre, réduite à l'impuissance et finalement terrassée, Charles VII se retourné contre la Bourgogne, et, dans une lutte qui n'aura d'autre terme que sa mort, il ne cessera, sans sortir cependant — sauf peut-être à la dernière heure — du terrain diplomatique, de porter à la puissance bourguignonne des coups habiles et réitérés. Mais si l'on veut se rendre compte de la situation réciproque de la France et de l'Angleterre au moment où le pouvoir arrivait aux mains du Dauphin, il convient de reprendre les choses de plus haut et de jeter un coup d'œil sur les rapports des deux puissances depuis l'avènement de la maison de Lancastre. Le traité de Brétigny, signé le 8 mai 1360, donnait à l'Angleterre, en souveraineté absolue, le duché de Guyenne avec toutes ses dépendances, les comtés de Ponthieu et de Guines, enfin les villes de Calais et de Montreuil[1]. Grâce à l'épée de Du Guesclin et à une habile politique qui, en ôtant à l'Angleterre l'appui de la Castille, de la Navarre et du duc de Bretagne, l'avait isolé en Europe, Charles V était parvenu à enlever à Édouard III une partie de ses conquêtes ; à sa mort, l'Angleterre ne conservait que Bordeaux et Bayonne, avec une portion de la Guyenne et la ville de Calais. Sous son successeur, un rapprochement s'opéra entre la France et l'Angleterre : sans toucher au fond du différend et en laissant les choses dans le statu quo, une trêve de vingt-huit ans fut conclue, en date du 9 mars 1396, et la main d'Isabelle de France, fille de Charles VI, alors âgée de six ans, fut donnée à Richard, avec une dot de huit cent mille francs[2]. L'usurpation de Henri de Lancastre en 1399, suivie du meurtre de son prédécesseur[3], posa de nouveau la question de paix ou de guerre. A un prince léger, capricieux, violent, passionné pour le faste et les plaisirs[4], qui s'était rendu impopulaire par son mépris des lois et surtout par son second mariage, — car il avait commis le grand crime qui a perdu tant de rois d'Angleterre[5], celui de s'allier à une Française, — accédait le représentant d'une branche cadette habile, ambitieuse, entreprenante, qui ne pouvait manquer, le jour où son pouvoir serait solidement assis, de reprendre les desseins interrompus d'Édouard III. Mais Henri IV, en montant sur le trône, avait intérêt à ne point se créer de complications au dehors ; il chercha à apaiser le juste ressentiment qu'éprouvait la Cour de France au spectacle de la déposition et de la fin violente d'un souverain devenu le gendre du Roi, et à se faire pardonner son usurpation. Dès le mois de mai 1399, il déclarait vouloir observer la trêve conclue par son prédécesseur[6], et au mois de décembre suivant line ambassade était envoyée en France[7], avec mission de renouveler la trêve de vingt-huit ans, et même de faire des ouvertures relativement à une alliance perpétuelle et au mariage du prince de Galles avec une fille de Charles VI. La trêve fut en flet confirmée par lettres du 29 janvier 1400[8]. Les tentatives que fît la France pour faire rentrer la Guyenne dans l'obéissance ; les divers incidents militaires qui se produisirent, tels que le défi du duc d'Orléans, suivi d'une expédition en Guyenne (1402-1403) ; le débarquement du comte de Saint-Pol dans l'île de Wight (1403) ; le secours armé donné à Owen Glendower, révolté contre Henri IV (1404) ; l'attaque de l'Écluse par une flotte anglaise, suivie des sièges de Bourg et de Blaye par le duc d'Orléans et du siège de Calais par le duc de Bourgogne (1445) ; enfin le voyage de Mercq, fait en 1409 sous la direction du comte de Saint-Pol, ne troublèrent que passagèrement les rapports entre les deux Cours ; la trêve fut de nouveau confirmée à la date du 27 juin 1403[9], et le 26 mars 1406 Henri IV donnait pouvoir pour conclure avec la France une paix perpétuelle[10]. La situation resta la même jusqu'en 1411, époque où Jean sans Peur devint maitre du pouvoir. Henri IV, qui avait avec lui des alliances commerciales pour la Flandre[11], et préférait traiter avec le duc de Bourgogne qu'avec le duc d'Orléans, accueillit des ouvertures relatives à une alliance perpétuelle entre la France et l'Angleterre et au mariage de la fille alliée du duc Jean avec le prince de Galles (1er septembre 1411)[12]. La coalition des princes étant venue menacer le duc, il fit appel au roi d'Angleterre, qui lui envoya aussitôt un secours armé, à l'aide duquel il occupa Paris (7 octobre 1411)[13]. La politique du roi d'Angleterre tendait à exploiter à son profit les rivalités de parti. Après avoir accueilli les ouvertures du duc de Bourgogne, il prêta une oreille favorable à la requête des princes du sang ligués contre le duc, et qui, en janvier 1412, ne craignirent pas, au mépris de leurs devoirs les plus sacrés, de briguer son alliance[14]. Les ducs de Berry, d'Orléans et de Bourbon, le sire d'Albret et le comte d'Alençon — auxquels se joignit, par un acte séparé, le comte d'Armagnac — signèrent à Bourges, le 18 mai 1412, un traité honteux par lequel, reconnaissant les droits du roi d'Angleterre sur le duché de Guyenne[15], ils s'engageaient à tenir de lui en hommage ce qu'ils possédaient dans ce duché ; à lui livrer vingt villes et châteaux, dont Bazas, Saint-Macaire, La Réole, etc. ; à conquérir pour lui les autres forteresses qui ne leur appartenaient pas ; enfin, en ce qui concernait les ducs de Berry et d'Orléans, à ne conserver que durant leur vie les comtés de Poitou et d'Angoulême, qui appartiendraient après eux en pleine souveraineté au roi d'Angleterre, moyennant quoi Henri promettait de les secourir contre le duc de Bourgogne, en mettant en leur disposition, pour trois mois, mille hommes d'armes et trois mille archers[16]. Le duc de Clarence, second fils du roi d'Angleterre, descendit, avec ce corps de troupes, à Saint-Vaast-la-Hogue, au moment où le duc de Bourgogne, emmenant le Roi avec lui, était venu assiéger Bourges, où les princes s'étaient enfermés[17]. Mais quand il s'avança pour marcher à leur secours, il apprit que la paix venait d'être signée (12 juillet)[18]. Beau neveu, avait dit le duc de Berry à Jean sans Peur dans l'entrevue ménagée pour amener un accord, Beau neveu, j'ay mal fait et vous encores pis. Faisons et mettons peine que le royaume demeure en paix et tranquillité. — Et le duc de Bourgogne avait répondu : Bel oncle, il ne tiendra pas à moy[19]. Des lettres du Roi, en date du 21 juillet, déclarèrent nul et non avenu le traité des princes avec les Anglais[20]. Le duc d'Orléans, pour se débarrasser de ses gênants auxiliaires, qui s'étaient avancés jusqu'à Blois, dut, en son nom et au nom des ducs de Berry et de Bourbon, leur promettre trois cent dix mille francs, et remettre entre leurs mains, comme otages, avec plusieurs de ses serviteurs, son jeune frère le comte d'Angoulême, qui resta prisonnier jusqu'en 1445[21]. Clarence ne fit que traverser la France et gagna Bordeaux[22]. Au commencement de 1413, le duc de Bourgogne, qui régnait alors en maître, entra de nouveau en relations avec l'Angleterre. Henri V venait de succéder à son père, qu'une mort prématurée (20 mars) paraît avoir seule empêché de subir une abdication forcée[23]. C'était un prince âgé de vingt-et-un ans, donné jusque-là à tous les excès et ayant fait parade des phis ridicules excentricités ; mais, dès qu'il fut parvenu au trône, il désavoua les folies de sa jeunesse et se montra un homme nouveau. La chute soudaine de la domination bourguignonne à Paris vint arrêter ces négociations ; les ambassadeurs envoyés à Balinghem ne firent que conclure (25 septembre 1413) une trêve comprenant les seules possessions anglaises du Nord, et qui devait durer jusqu'au 1er juin 1414[24]. Dans les conférences de Balinghem, les négociations avaient pris une tournure nouvelle : les ambassadeurs anglais avaient fait entendre que le roi d'Angleterre voulait en revenir au traité de Brétigny, et qu'il exigerait la restitution des possessions enlevées à ses prédécesseurs. Justement alarmé de telles prétentions, le gouvernement français envoya une ambassade en Angleterre, avec mission de prolonger la trêve et de tout faire pour prévenir le coup qui nous menaçait[25] ; un traité fut conclu, 24 janvier 1414, portant prorogation des trêves entre la France et l'Angleterre du 2 février 1414 au 2 février 1415[26]. Ce traité n'était en quelque sorte que le préliminaire de négociations nouvelles, tendant à une pacification que devait cimenter l'alliance de Henri V avec Catherine de France. Dès le 28 janvier, conformément à ce qui avait été convenu, le roi d'Angleterre donnait commission à trois de ses conseillers pour se rendre en France, et prenait l'engagement de ne point contracter mariage avec une autre que Catherine avant le 1er mai[27]. Les ambassadeurs anglais passèrent immédiatement le détroit, accompagnant les envoyés de Charles VI[28]. D'autres pouvoirs plus amples furent donnés à de nouveaux conseillers, pour traiter la double question du mariage et de la reconnaissance des droits du Roi[29]. Pendant que ces négociations se poursuivaient, Henri V entra en pourparlers avec le duc de Bourgogne. Le 23 mai fut signée la convention de Leicester qui, on l'a vu plus haut[30], jetait les bases d'une alliance entre les deux princes ; le 4 juin, le roi d'Angleterre, au mépris de l'engagement pris avec la France (et qu'il renouvela le 18 juin)[31], donnait des pouvoirs à ses ambassadeurs, qui allèrent ratifier à Ypres (7 août) avec le duc les arrangements faits à Leicester. Gautier Col, un des secrétaires de Charles VI, qui se trouvait alors en Angleterre[32], put, s'il était un diplomate clairvoyant, surprendre le secret de ces négociations et en instruire son gouvernement. Henri V et Jean sans Peur s'engageaient dans un réseau d'intrigues qui, s'il atteste leur habileté et leur souplesse, porte gravement atteinte à leur caractère. Que dire du roi d'Angleterre qui, tout en concluant une alliance secrète avec le duc, continuait à traiter avec Charles VI[33] ? Que dire surtout du duc de Bourgogne, qui, au moment même où il s'alliait avec Henri V, faisait prendre en son nom, à Arras, des engagements qu'il n'était plus en son pouvoir de tenir[34] ? Nous avons déjà qualifié la conduite du duc avec la sévérité qu'elle mérite. Quant à celle du roi d'Angleterre, nous emprunterons pour l'apprécier les paroles d'un historien anglais qui a jeté sur ces temps le coup d'œil de l'homme d'État : Henri V, à coup sûr, n'aurait pu conclure avec cet homme sans principe (Jean sans Peur), un traité tel que celui que les deux parties semblent avoir eu en vue, sans la plus signalée mauvaise foi envers la Cour de France, à laquelle il protestait, pendant ce temps, de son vif désir d'arriver à une solution amiable de leur différend... Il fit preuve dans cette intrigue d'une duplicité peu compatible avec les idées généralement reçues sur son caractère ouvert et généreux[35]. L'année 1414, qui avait été si activement employée par Henri V en négociations, avait été remplie aussi par des préparatifs militaires. Il semble que, sûr désormais de la connivence de Jean sans Peur, il n'ait plus hésité à prendre les armes, et que les pourparlers avec la France n'aient été poursuivis que pour gagner du temps et céder aux vœux du peuple[36]. Dans la session du Parlement qui eut lieu à Leicester en mai, il posa la question et la fit résoudre affirmativement. Comment eût-on pu résister aux pressants arguments invoqués par un des orateurs, le duc d'Exeter, propre oncle du roi ? Si la France, avait-il dit en s'adressant au roi, est la nourrice de l'Écosse, si les pensions de la France sont le soutien de la noblesse écossaise, si l'éducation des Écossais en France est la source de la pratice and pollicie en Écosse, attaquez-vous à la France, et la puissance écossaise sera abattue. Si la France est vaincue, de qui attendrait-elle du secours ? Du Danemark ? Son roi est votre beau-frère. Du Portugal ou de la Castille ? Les souverains de ces nations sont vos cousin-germain et neveu. De l'Italie ? Elle est trop loin. De l'Allemagne et de la Hongrie ? Elles vous sont unies par des traités. Si donc vous vous emparez de la France, l'Écosse est soumise sans coup férir. N'oubliez point, d'ailleurs, que l'Écosse ne vous offre qu'un pays dépourvu de toute richesse et plaisance, un peuple sauvage, belliqueux, inconstant, tandis qu'en France vous trouverez une contrée fertile, plaisante et pleine de ressources (plentifull), un peuple poli (witty) et doux (of good ordre), avec de riches cités, de magnifiques villes, d'innombrables châteaux, vingt-quatre duchés puissants, plus de quatre-vingt provinces abondamment peuplées, cent trois évêchés fameux, plus de mille gras (fat) monastères, et quatre-vingt-dix mille paroisses (and parishe churches, as the french writers affirme, XC thousand and mo)[37]. Dans une autre session, tenue à Westminster en novembre, on vota les subsides demandés. Il ne s'agissait plus que de trouver un prétexte pour déclarer la guerre. La chose était aisée, et c'était la France qui devait fournir ce prétexte. Déjà, dans l'ambassade envoyée à Charles VI lors du siège d'Arras, les envoyés d'Henri V, oubliant la renonciation inscrite au traité de Brétigny, avaient débuté par demander au nom de leur maître la reconnaissance de ses droits à la couronne de France. En donnant, le 5 décembre, à ale nouveaux ambassadeurs des instructions pour traiter avec les conseillers de Charles VI, le roi d'Angleterre ne manqua pas de rendre à l'avance leur mission sans issue possible. Les négociations s'ouvrirent à Paris, où les ambassadeurs arrivèrent dans la dernière quinzaine de janvier[38], et furent reçus avec une grande magnificence[39]. On commença (24 janvier) par prolonger la trêve jusqu'au 1er mai[40] ; puis les ambassadeurs anglais produisirent leurs demandes. C'était la première fois, depuis le traité de Brétigny, que les prétentions de l'Angleterre allaient être solennellement exposées et débattues. Les Anglais commencèrent par demander la restitution du royaume de France, avec tous les droits et prérogatives de la couronne. Après ce préambule de forme, ils formulèrent d'une façon plus sérieuse leurs prétentions : ils exigeaient l'abandon du duché de Normandie, du duché de Touraine avec les comtés d'Anjou et du Maine, du duché de Bretagne, du comté de Flandre, de la partie de la Guyenne que le Roi et ses partisans détenaient, de tout ce qui avait été attribué au roi Édouard par le traité de Brétigny, et du territoire situé entre la rivière de Somme et Gravelines, — le tout en pleine souveraineté. Finalement les ambassadeurs anglais réduisirent leurs demandes aux possessions attribuées à l'Angleterre par le traité de Brétigny, à la moitié du comté de Provence, avec les seigneuries de Beaufort et de Nogent, à seize cent mille écus d'or pour le reliquat de la rançon du roi Jean, enfin à deux millions d'écus d'or pour la dot de la princesse Catherine[41]. Telles furent les propositions qu'eurent à débattre, comme représentants de la couronne, le duc de Berry, le comte d'Eu, Guillaume de Boisratier, archevêque de Bourges, Pierre Fresnel, évêque de Noyon, et Guillaume Martel, seigneur de Basqueville. Le duc de Berry, portant la parole au nom du Roi, fit de très larges offres, comprenant la cession de l'Agenais, du Bazadais, du Périgord, du Bigorre, de la Saintonge, du sud de la Charente, du comté d'Angoulême, du Quercy sauf Montauban, du Rouergue, et de divers territoires ou places, plus six cent mille écus d'or pour la dot de Catherine. Acte fut dressé de ces offres au nom du Roi, le 14 mars 1415, et aussi de l'augmentation de la dot, qu'on consentit à porter à huit cent mille écus. Mais les ambassadeurs anglais, déclarant n'avoir de pouvoirs, ni pour rester plus longtemps, ni pour restreindre leurs demandes, prirent congé du Roi, qui promit d'envoyer une ambassade en Angleterre[42]. Pressé par une lettre où, dans un langage ampoulé, le roi d'Angleterre exaltait son amour pour la paix et la modération de ses prétentions[43], Charles VI fit partir le 4 juin son ambassade, l'une des plus nombreuses et des plus solennelles qui aient été envoyées en Angleterre. Elle se composait du comte de Vendôme, grand maître de la maison du Roi, de l'archevêque de Bourges, de Pierre Fresnel, devenu évêque de Lisieux, de Pierre d'Orgecy, seigneur d'Ivry, de Robert de Braquemont et de Gautier Col, avec une suite de six cents personnes[44]. Mais, malgré tous les efforts des ambassadeurs, malgré l'énergie, la véhémence même que déploya l'archevêque de Bourges, on ne put rien obtenir[45]. On dut se borner à proroger jusqu'au 15 juillet la trêve que des commissaires des deux parties, réunis à Calais, venaient de prolonger du 24 avril au 8 mai[46]. Les représentants de la France purent assister aux préparatifs militaires qui, dès le mois d'avril[47], se poursuivaient ostensiblement. Dans une réunion tenue à Westminster le 16 avril[48], Henri V avait, en effet, annoncé officiellement au Parlement son intention de faire un viage à la grâce de Dieu, eu sa propre personne, pur le recovirir de son heritage et la redintegracion des droitz de sa corone[49]. Les ambassadeurs étaient de retour à Paris le 27 juillet. Le 28, Henri V remettait à son principal héraut d'armes une lettre portant sommation à Charles VI de lui restituer ce qui lui avait été injustement ravi[50] ; le 11 août, il s'embarquait, pour la France. On sait l'issue de la campagne : Harfleur tomba le 27 septembre entre ses mains, et le 22 octobre, à Azincourt, un nouveau désastre était inscrit dans nos annales à coté de ceux de Crécy et de Poitiers. Il semble qu'après un succès aussi prompt et aussi éclatant, Henri V eût dû pousser vigoureusement les hostilités. La puissance française, abattue d'un coup, paraissait à la merci du vainqueur. Le connétable d'Albret et le duc d'Alençon étaient morts ; les ducs d'Orléans et de Bourbon, les comtes de Vendôme et d'Eu prisonniers ; la meilleure partie de la chevalerie française[51] était tombée sur le champ de bataille, et les farces qui restaient, éparses, paralysées par les rivalités de parti, ne permettaient pas d'opposer une résistance sérieuse à l'ennemi. Mais le roi d'Angleterre ne jugea pas le moment venu : dans cette courte campagne de deux mois, ses pertes avaient été immenses ; il n'avait, ni en hommes, ni en argent, des ressources suffisantes. Il voulait, d'ailleurs, s'assurer du concours ou de la neutralité des puissances étrangères avant de recommencer une lutte qui devait être poursuivie sans relâche. Toute l'année 1416 fut employée par lui à des négociations tendant à ce résultat[52]. Il était une puissance qu'on avait longtemps regardée comme exerçant une sorte, de suprématie en Europe, et qui — bien que la France n'ait jamais reconnu cette suprématie[53] — lui était unie par d'anciens liens. C'était la puissance impériale. Les alliances entre la France et l'Empire remontaient à Philippe-Auguste. La plupart des successeurs de ce prince, saint Louis, Philippe-le-Bel, Philippe de Valois, avaient conclu des traités avec les empereurs d'Allemagne. L'avènement de la maison de Luxembourg, en 1347, avait placé sur le trône impérial une famille intimement unie à la maison de France[54]. La jeunesse du nouvel empereur, Charles IV, s'était écoulée à la Cour de France ; son père avait été tué en combattant à Crécy ; sa sœur était la femme du roi Jean. Comme Dauphin, puis comme Roi, Charles V s'allia avec Charles IV et avec son fils Wenceslas. Charles VI conclut en 1390 une ligue offensive et défensive avec celui-ci, et envoya à Trèves des ambassadeurs qui signèrent, le 25 juin. 1414, un traité d'alliance avec l'empereur Sigismond, frère de Wenceslas, qui occupait le trône depuis 1410[55]. Aux termes de ce traité, l'empereur s'engageait, pour lui et pour ses frères Wenceslas et Jean, à se montrer toujours bons, loyaux et parfaits amis du Roi, de ses fils et des princes du sang[56], de procurer leur honneur, de les protéger contre ceux qui voudraient y porter atteinte, de les aider de toute puissance, conseil, secours et faveur, en particulier contre le duc de Bourgogne, qui était formellement exclu du traité[57]. C'est donc comme allié qu'au retour de son voyage vers le roi d'Aragon et l'antipape Benoit XIII, l'empereur, cédant aux sollicitations réitérées de la Cour de France[58], se rendit à Paris (1er mars 1416). Logé au Louvre, aux frais du trésor royal, fêté par la Cour et par les gens d'église, accueilli avec enthousiasme comme le champion de l'unité de l'Église et le défenseur de la foi contre les hérétiques, Sigismond ne tarda point à se révéler aux Parisiens sous un jour moins favorable. Il blessa le sentiment national en tranchant du souverain, dans une séance du Parlement à laquelle il assistait[59] ; il compromit sa gravité en affichant publiquement son penchant à la galanterie[60]. Après un séjour de près de deux mois écoulé en réceptions et en fêtes, l'empereur, qui avait témoigné à plusieurs reprises son déplaisir de la division qui régnait entre la France et l'Angleterre, et de l'ignominieuse captivité des princes des fleurs de lis[61], disant qu'il ferait la paix sans qu'il en coutât aucun sacrifice ou dommage au Roi[62], partit pour l'Angleterre, emmenant à sa suite une ambassade française[63]. Le roi d'Angleterre reçut l'empereur avec grande pompe, et lui conféra l'ordre de la Jarretière. Sigismond, qu'accompagnait Nicolas de Gara, comte palatin de Hongrie, avait mandé le comte de Hainaut (Guillaume de Bavière), beau-frère du dauphin Jean, pour partager avec lui le rôle de médiateur[64]. Le comte arriva à la fin de mai ; les négociations relatives à la paix avec la France s'ouvrirent aussitôt[65]. Des préliminaires ayant été arrêtés d'un commun accord, le comte palatin partit, la tête d'une ambassade (21 juin), avec mission de les soumettre à Charles VI[66]. Une vive discussion s'engagea au sein du Conseil, où le connétable d'Armagnac combattit les propositions faites au nom des deux médiateurs. Finalement, on résolut de ne point y opposer une fin de non recevoir, mais de faire traîner les choses en longueur[67]. Le Roi, conformément à cette décision, écrivit à Sigismond une lettre par laquelle il consentait à traiter sur les bases fixées[68]. Des ambassadeurs anglais se rendirent à Beauvais[69], où ils trouvèrent les représentants de Charles VI. On proposait une trêve de trois ans, pendant laquelle Harfleur resterait aux mains de l'empereur ; une convention personnelle entre le roi de France et le roi d'Angleterre serait tenue près d'Harfleur, à une époque déterminée. Bien ne put être décidé à Beauvais. Les ambassadeurs français n'ignoraient pas que Henri V avait l'intention de réclamer, outre ce qui avait été cédé à l'Angleterre par le traité de Brétigny, la possession d'Harfleur et du territoire avoisinant[70]. Sur ce terrain, il était impossible de s'entendre. On n'aboutit qu'à la rédaction d'un protocole, en date du 29 juillet, stipulant que, le 16 août, au plus tard, les ambassadeurs des deux parties, munis de pouvoirs suffisants, se trouveraient, les uns à Calais, les autres à Boulogne, pour prendre une décision, tant au sujet de l'entrevue projetée entre les deux souverains que de la trêve générale[71]. Pendant le cours de ces négociations, la situation s'était gravement modifiée. En Angleterre, l'un des deux médiateurs, le comte de Hainaut, à la suite d'un différend avec l'empereur, qui lui avait refusé l'investiture de la Hollande pour sa fille Jacqueline, avait brusquement quitté l'Angleterre[72]. En France, les hostilités avaient recommencé[73] : non seulement Harfleur avait été assiégé et bloqué par une flotte, mais Henri V avait pu voir les côtes d'Angleterre menacées par les incursions des Français, et l'île de Wight avait été prise et saccagée[74]. Une expédition, commandée par le duc de Bedford, était à la veille d'être envoyée au secours d'Harfleur. Enfin Sigismond, oubliant bien vite le dessein qui semblait l'avoir amené en Angleterre, s'était laissé séduire par Henri V, et s'apprêtait à conclure une alliance avec lui. Au retour des ambassadeurs qui avaient pris part aux conférences de Beauvais, il manifesta une vive indignation, et cria bien haut que le roi de France manquait à ses engagements. Mais ce n'était qu'une feinte : par un traité signé à Canterbury le 15 août 1416[75], l'empereur, après avoir fulminé contre la France qui, par sa coupable obstination, empêchait tout accord, troublait la paix de l'Église[76], et faisait preuve d'une ambition et d'une cupidité qui s'exerçaient aux dépens des droits de l'Empire[77] ; après avoir constaté qu'il avait passé six mois à travailler inutilement à l'apaisement de la querelle entre la France et l'Angleterre, déclarait s'unir à Henri, roi d'Angleterre et de France, par uni traité d'alliance perpétuelle, envers et contre tous, sauf l'Église romaine et le Souverain Pontife. Ce traité, dirigé spécialement contre Charles VI, avait pour double but, d'une part de sauvegarder lei droits de l'Empire et de procurer le recouvrement des possessions détenues injustement par la France ; de l'autre d'amener, au profit du roi d'Angleterre, que l'empereur promettait d'aider à main armée, la récupération et conquête de son royaume de France et de tous ses droits héréditaires[78]. Le jour même où le traité de Canterbury était signé, le duc de Bedford remportait devant Harfleur une victoire navale qui fit perdre à la France les avantages conquis à Valmont par le connétable d'Armagnac[79]. Il s'agissait maintenant de ménager un rapprochement entre le duc de Bourgogne et l'empereur[80], et d'enrôler lé premier d'une façon plus active dans dette ligue dont Sigismond se faisait le promoteur et où venait d'entrer un des électeurs de l'empire, l'archevêque de Cologne[81] ; ce fut l'objet de l'entrevue de Calais. Henri V ne vint donc pas dans cette ville, comme le prétend Walsingham[82], poussé par un désir de paix, mais cédant au contraire à la soif de conquête qui le dévorait et qu'il voulait à tout prix satisfaire. Tandis que des négociations illusoires se poursuivaient avec la France et qu'on se préparait de part et d'autre à la conférence projetée[83] ; Henri V quittait l'Angleterre ; en compagnie de son hôte, que saluèrent les acclamations populaires[84], et débarquait avec lui à Calais (4 septembre). Dans des lettres adressées au Roi, à la date du 6 septembre, l'empereur rejetait toute la responsabilité de l'insuccès de sa mission sur les fâcheuses influences qui, prévalant à la Cour[85], avaient amené un revirement subit, et pour faire parade de ses sentiments favorables la France, il rappelait l'intention qu'il avait manifestée d'instituer pour son héritier au trône de Hongrie, à défaut d'héritier mâle, un des fils de Charles VI[86]. Sigismond écrivit dans le même sens à la Reine Isabeau et au roi de Sicile. Le mois de septembre fut rempli par les préparatifs de la double conférence dont Calais allait être le théâtre : l'une entre le roi d'Angleterre, l'empereur et le duc de Bourgogne, où le sort de la France allait se jouer ; l'autre entre les ambassadeurs de Charles VI et de Henri V, dont l'issue ne pouvait être douteuse. Nous ne reviendrons pas sur les engagements pris par Jean sans Peur[87]. Henri V eut, nous l'avons vu, son amitié secrète. Sigismond obtint davantage : le duc s'empressa de reconnaître comme suzerain le prince qui venait de se déclarer l'ennemi de son pays, et de lui faire hommage pour les comtés d'Alost et de Bourgogne, lesquels relevaient de l'empire[88]. Ainsi la neutralité ou la connivence du duc de Bourgogne allaient permettre à Henri V de préparer sa conquête, à Sigismond de choisir le moment opportun pour attaquer la France. Tout .tournait contre nous, et c'était parmi les princes du sang que nos ennemis trouvaient des auxiliaires ! Sigismond avait accompli son œuvre de conciliation : venu en France comme allié du Roi et comme ami des princes orléanais, avec lesquels il avait toujours entretenu des relations d'amitié, il allait repartir en ennemi. A Londres, il s'était lait Anglais ; à Calais il était devenu Bourguignon. Il quitta la France sans visiter le Roi, ainsi qu'il s'y était engagé. A ceux qui lui reprochaient ce mépris de la foi jurée, il répondit à plusieurs reprises : Mes parents sont en France, mais mes amis sont en Angleterre[89]. Il poussait d'ailleurs à un tel point l'horreur du nom français, qu'ayant appris, en s'embarquant pour Calais, qu'un jouvenceau du royaume de France avait pris place sur un navire de sa flotte, il entra dans une violente colère : Qu'il aille au diable, s'écria-t-il, et avec lui tous les Français, car ils l'ont bien mérité ![90] La conférence entre les ambassadeurs français et bourguignons s'ouvrit le 3 octobre. Regnault de Chartres, archevêque de Reims, Jean de Vaily, Jean de Fayel, vicomte de Breteuil, et un secrétaire du Roi y représentaient la France[91] ; mais tout se borna à la conclusion d'une trêve, dont la durée fut fixée du 9 octobre au 2 février suivant[92]. Ce traité du 9 octobre contient l'énumération des alliances chacune des deux puissances, et nous permet d'apprécier était leur situation diplomatique. La France et l'Angleterre revendiquaient comme alliés communs, le roi des Romains, le roi de Castille, le roi d'Aragon, le comte de Hainaut, de Hollande, et de Zélande, le seigneur des îles d'Écosse et le seigneur de l'île de Man. Les alliés particuliers à la France étaient : le roi d'Écosse, le roi de Bohême, le roi de Navarre, le duc de Brabant, le duc de Gueldre, le comte de la Marche d'Écosse, la seigneurie de Gênes. Les alliés particuliers à l'Angleterre étaient : le roi de Danemark, de Suède et de Norvège, le roi de Portugal et le comte palatin du Rhin. On remarquera que les États italiens, sauf Gênes, ne figurent pas dans cette énumération, et que les États allemands n'y sont qu'imparfaitement représentés. D'autre part, certaines puissances, revendiquées de part et d'autre comme alliées, avaient déjà pris une attitude nouvelle, ou ne devaient point tarder à le faire : l'empereur allait se déclarer notre ennemi ; le comte de Hainaut était inféodé au parti bourguignon ; le roi d'Aragon n'était point pour nous un allié sûr. Par contre, l'alliance de la Castille nous était acquise, et les vaisseaux castillans, unis à ceux de Gênes, avaient pris, dans l'été de 1416, une part active au siège d'Harfleur[93]. Il ne suffisait point à Henri V de nous avoir enlevé l'alliance de l'empereur et d'avoir obtenu l'amitié secrète du duc de Bourgogne ; il voulait encore s'assurer l'appui ou la neutralité des puissances dont le concours pouvait nous être utile en cas de guerre. Ce fut l'objet de missions diplomatiques confiées à de' nombreux ambassadeurs, peu après le retour du roi en Angleterre. Deux ambassades solennelles furent envoyés aux rois d'Aragon et de Castille, et la première, après avoir négocié avec le roi Alphonse, devait traiter successivement avec Gênes, avec les princes allemands, avec la Hanse teutonique[94] ; quant à l'Écosse, Henri V tenait son roi en captivité, et était bien décidé à ne lui rendre la liberté qu'avec la certitude de n'avoir rien à craindre de ce côté[95]. Pendant qu'il travaillait ainsi à entourer la France d'un réseau d'ennemis et que les préparatifs militaires pour une prochaine expédition se poursuivaient activement, le roi d'Angleterre daigna cependant lui accorder quelques instants de répit. Il délivra (18 janvier 1417) des pouvoirs pour prolonger la trêve de Calais[96], et autorisa (25 janvier) les princes prisonniers à se faire les intermédiaires d'une négociation ayant à la fois pour but la mise en liberté des captifs d'Azincourt et la paix entre les deux pays[97]. Le sire de Gaucourt, mandataire des princes, passa le détroit ; mais le duc de Bourbon, qui, paraît-il, avait fait des offres indignes d'un prince du sang[98], en fut pour ses avances compromettantes, et n'obtint même pas l'autorisation de se rendre en France. Avant de se prononcer sur cette médiation des princes, Henri V avait voulu connaître l'avis de l'empereur, sans le conseil duquel rien ne se faisait, et il avait chargé son confident John Tiptoft, dont il avait fait un ambassadeur accrédité près de Sigismond[99], de présenter à celui-ci une note confidentielle où cet incident était exposé[100]. La négociation n'eut pas d'autre suite. En France, le comte, de Hainaut qui, à 'l'instigation du duc de Bourgogne, travaillait à ramener le duc à la Cour, en compagnie du Dauphin Jean, prit l'initiative de nouveaux pourparlers entre la France et l'Angleterre[101]. Mais la mort subite du Dauphin arrêta cette double négociation. Le moment était venu où le sort des armes allait en décider. Le 1er août 1417, Henri V débarquait à Touques ; le 13, il adressait à Charles VI une lettre où il le sommait, au nom de Celui qui est le Dieu des vivants et des morts et qui tient dans sa main les droits des souverains, de reconnaître ses droits héréditaires, et de lui rendre ce détenait injustement, prenant Dieu à témoin que, s'il refusait de lui faire justice, il serait responsable des maux qui pourraient, en résulter[102]. Au moment où Henri V mettait le-pied sur le territoire français, il venait de renouveler (31 juillet) sa trêve avec le duc de Bourgogne, qui se préparait à prendre les armes, de son côté, et à marcher sur Paris ; un peu auparavant, l'empereur, levant le masque, s'était déclaré notre ennemi. Dans des lettres datées de Constance, le 22 mars 1417, Sigismond exposait qu'animé d'un sincère désir de paix, il 'avait cédé jadis aux sollicitations des ambassadeurs de Charles VI et qu'il était venu en personne le visiter, dans l'espoir pie les difficultés entre la France et l'Angleterre pourraient être aplanies, et que les affaires de l'Église une fois réglées, une paix durable pourrait être conclue par son intervention. Il s'était montré disposé à oublier les anciennes injures faites au Saint Empire par le Roi de France et ses ancêtres, ainsi que les usurpations et détentions de biens ; son amour de la concorde l'aurait même amené à abandonner à la France quelque partie des terres de l'Empire, en dédommagement de ce dont s'était emparé le roi d'Angleterre, et il avait eu la pensée de donner le trône de Hongrie à l'un des fils de Charles VI. Mais ce prince était demeuré sourd à toutes ses avances ; il n'avait cessé de tergiverser ; il avait même prononcé des paroles blessantes à l'égard de l'empereur, ce qui montrait bien qu'il ne voulait point faire la paix. L'empereur croyait donc devoir sortir de sa réserve et mettre un terme à sa mansuétude : il faisait savoir à Charles VI qu'en présence des injures intolérables faites à l'Empire par ses prédécesseurs et par lui, et pour venger les droits méconnus de l'Empire, il faisait alliance avec le roi d'Angleterre, mais que c'était par la seule vertu de sa puissance et à main armée qu'il voulait, avec l'aide de Dieu, vider la querelle[103]. Un mois plus tard (29 avril), l'empereur conclut avec Jean sans Peur, qui s'était de nouveau et formellement reconnu son vassal[104], un traité d'alliance offensive et défensive[105]. Les possessions françaises du sud-est se trouvaient
menacées par ce nouvel ennemi. Par des lettres patentes du 2 juin, qui
étaient une réponse indirecte au défi du 22 mars, le Dauphin ordonna au
gouverneur du Dauphiné de faire assembler les États pour mettre cette province
en état de défense : Il est venu à nostre
connaissance, disait le prince, que nostre
cousin le Roy des Romains a intention et propos et s'efforce, par plusieurs
estranges et diverses manières et voyes, de faire aucunes grandes entreprises
contre ilions et en nostre préjudice... et
est commune voix et renommée que nostre dit cousin pretend, par aucunes
pactions et contraux faits entre luy et le Roy d'Angleterre, ancien
adversaire de Monseigneur et de nous, transporter nostre dit pays de
Dauphiné, en la manière par luy pretendue, à l'un des frères dudit Roy
d'Angleterre... Desquelles choses et de la
manière que tient nostre dit cousin dessus nommé en ceste besongne, nous nous
donnons grant merveille, veu que nous n'avons pas souvenance d'avoir fait
aucune chose à son deplaisir, ains avons voulu et vouldrions tousjours luy
complaire, et ne croyons pas qu'il peut monstrer estre autrement[106]. Mais
l'empereur était de ceux qui se lancent volontiers dans des entreprises sans
s'inquiéter de les mener à leur terme[107] ; il en fut
ainsi de la prise d'armes contre la France et de l'alliance contractée à
Canterbury. Malgré les relations suivies entretenues par Sigismond, soit avec
le roi d'Angleterre[108], soit avec le
duc de Bourgogne[109] ; et les
promesses formelles faites au premier[110] ; malgré ses
démarches près des princes allemands et les Génois pour les engager à
soutenir les Anglais dans leur lutte contre la France[111] ; malgré les
prétentions sur le Dauphiné, manifestées par certains actes[112] ; enfin, malgré
le défi au comte d'Armagnac, lancé par l'empereur à la date du 1er septembre
1417, à titre d'allié et de suzerain de Jean sans Peur[113], aucune suite
ne fut donnée aux projets d'attaque. Les affaires de l'Église et de l'Empire,
la continuation de ses démêlés avec le duc Frédéric d'Autriche[114], puis la mort
de son frère et la lutte contre les Hussites en Bohème devaient absorber
toute l'attention de Sigismond, et ne point lui laisser le loisir de
s'occuper des affaires de France. Tout en s'efforçant d'arrêter les progrès de l'invasion
anglaise, le gouvernement royal, dont le Dauphin, comme lieutenant général du
Roi, était devenu le chef, n'abandonna pas les voies diplomatiques. Les
difficultés de la défense, qui se compliquaient de l'attaque à main armée
entreprise simultanément par le duc de Bourgogne, comme s'il eût été l'auxiliaire
du roi d'Angleterre[115], lui en
faisaient une loi. En répondant à la lettre de Henri V du 13 août, le Roi lui
disait que, comme prince chrétien, voulant à tout prix éviter l'effusion du
sang, il était toujours prêt à faire tout ce qui pourrait procurer la paix et
la tranquillité, non seulement des deux royaumes, mais de toute la
chrétienté, et qu'il enverrait ses ambassadeurs pour traiter de la paix au
lieu qui lui serait désigné. Le roi d'Angleterre ne repoussa pas ces
ouvertures, et consentit à nommer des ambassadeurs pour négocier avec ceux de
Charles VI. Le 24 septembre 1417, au château royal
de Caen, en son duché de Normandie[116], il fit
délivrer un sauf-conduit pour Regnault de Chartres, archevêque de Reims, Jean
Tudert, doyen de Paris, Jean de Vaily, président au Parlement, Gilbert
Motier, seigneur de la Fayette, Jean Louvet, grand maître de l'hôtel de la
Reine, Robert de Tullières et Gautier Col, ambassadeurs de son adversaire de France, que celui-ci lui envoyait pour la tranquillité et le bien commun de toute la
chrétienté[117]. Ces
ambassadeurs devaient se rendre, avant le 1er novembre, à un lieu désigné entre
Honfleur et Touques[118]. Le 1er octobre
suivant, Henri donna au comte de Warwick, à Edouard Courtenay, et à quatre de
ses conseillers, deux commissions, l'une pour traiter de toutes les matières
se rapportant aux questions en litige entre son adversaire et lui, l'autre
pour conclure une trêve[119]. De son côté,
Charles VI, par lettres datées du 2 octobre, à Paris, donna des pouvoirs pour
traiter avec les représentants de son adversaire
d'Angleterre[120]. Au moment où la conférence allait s'ouvrir, il se produisit un fait dont les conséquences n'étaient point sans gravité. Le gouvernement français, voyant d'un côté les Anglais occuper le duché d'Alençon et le comté du Perche, et menacer ainsi le duché d'Anjou et le comté du Maine, où déjà ils s'étaient emparés de plusieurs places ; voyant d'un antre côté le duc de Bourgogne maître de Chartres, de Tours, et de la plus grande partie du comté de Vendôme, autorisa, par lettres du 10 novembre[121], la reine de Sicile à conclure avec le roi d'Angleterre une trêve qui mit pour le moment l'Anjou et le Maine à l'abri. Le duc de Bretagne avait, par sa mère, d'anciennes relations avec la maison de Lancastre[122]. Dès le mois d'avril 1417, il était entré en pourparlers avec Henri V[123] ; en octobre, il sollicita et obtint un sauf-conduit pour se rendre près de lui[124]. Il le joignit à Alençon, où il signa, le 16 novembre, deux traités, l'un en son propre nom, l'autre au nom de la reine Yolande, portant trêve jusqu'au 29 septembre 1418 pour leurs possessions respectives[125]. Le péril était donc conjuré du côté du Maine et de l'Anjou ; mais il s'agissait d'arrêter les rapides progrès de l'ennemi en Normandie. Les ambassadeurs français, partis de Paris le 6 octobre, et qui attendirent vainement à Honfleur les envoyés de Henri V, paraissent avoir profité de ce délai pour tenter une démarche personnelle près du roi : deux d'entre eux, le seigneur de la Fayette et Guillaume de Meulhon, se rendirent à Falaise, où ils séjournèrent du 22 octobre au 10 novembre[126]. A cette dernière date, Regnault de Chartres et Robert de Tullières reçurent un sauf-conduit pour se rendre auprès du roi d'Angleterre. Celui-ci, après s'être emparé d'Alençon, se préparait à assiéger Falaise ; il ne se pressait pas : peut-être voulait-il connaître l'issue de la campagne du duc de Bourgogne contre Paris. Enfin, après six semaines d'attente, qui d'ailleurs ne furent pas perdues[127], les ambassadeurs reçurent avis de l'arrivée des représentants de la partie adverse : ils n'étaient qu'au nombre de quatre : le sénéchal Walter Hungerford, maître Thomas Chaucer, Philippe Morgan, le négociateur des traités avec Jean sans Peur, et John Kempe. La conférence s'ouvrit à Barneville[128], le 28 novembre 1417. L'archevêque de Reims porta la parole au nom de ses collègues. Après un bref exposé des négociations antérieures, il commença par se plaindre de ce qu'on les eût fait attendre aussi longuement, et de ce que, au mépris de tous les usages, en portant atteinte au résultat des négociations, on eût arrêté et retenu prisonniers les hérauts porteurs du sauf-conduit envoyé aux ambassadeurs anglais ; il demanda ensuite qu'avant d'aller plus loin, le sauf-conduit du roi d'Angleterre, qui arrivait à son terme, fût renouvelé[129]. Ce fut Philippe Morgan qui lui répondit. Il repoussa avec hauteur les reproches adressés à son gouvernement, et invoqua, comme un des motifs du retard dont on se plaignait, la terreur qu'inspirait la puissance bourguignonne[130] : singulière excuse dans la bouche d'un diplomate qui, mieux que personne, savait à quoi s'en tenir sur les prétendues dispositions hostiles du duc à l'endroit des Anglais ! Chacune des parties produisit alors ses pouvoirs pour traiter tant sur le fond de la question que sur la conclusion de trêves[131]. Mais l'aigreur du ton des plénipotentiaires et leurs prétentions exorbitantes rendaient les négociations bien difficiles. Le roi d'Angleterre, comme le dit Jouvenel des Ursins, voyait les divisions qui estoient, et luy sembloit bien qu'il auroit tout[132]. Les offres des ambassadeurs français furent rejetées. On se sépara sans avoir même stipulé de suspension d'armes[133]. Les relations entre les deux Cours ne cessèrent pourtant pas immédiatement. La reine de Sicile, depuis sa trêve avec le roi d'Angleterre, cherchait, de concert avec le duc de Bretagne, à entrer en négociation avec lui[134]. Pendant le siège de Falaise, un nouveau sauf-conduit fut donné (7 décembre) aux ambassadeurs de France pour se rendre près d'Henri V. Trois jours après la capitulation de cette ville, qui eut lieu le 20 décembre, un sauf-conduit, valable jusqu'au 8 janvier, fut encore délivré à Regnault de Chartres et à Robert de Tullières[135]. Mais ces pourparlers n'aboutirent pas. Les ambassadeurs qui avaient pris part à la conférence de Barneville revinrent à Paris le 20 décembre[136] : devant les exigences anglaises, il fallait renoncer à traiter et ne plus songer qu'à poursuivre la lutte. Mais, pour lutter, le gouvernement royal avait besoin d'auxiliaires. L'Écosse, la Castille, Gênes, la Savoie, la, Lombardie pouvaient lui en fournir. C'est du côté de la Savoie que paraît s'être portée l'attention du gouvernement royal, au commencement de 1418. Il était d'autant plus essentiel d'obtenir le concours du duc Amédée VIII que des liens intimes l'attachaient à l'empereur, duquel il avait obtenu, lors du passage de Sigismond par Chambéry, en février 1416, l'érection de son comté en duché[137]. Deux ambassadeurs furent envoyés pour le requérir, en vertu des traités qui l'unissaient à la France, de se trouver à Paris le 1er mai, à toute puissance, pour résister aux ennemis anciens du Roy[138]. Le duc de Savoie répondit qu'il était prêt à servir le Roi et le Dauphin avec toute sa puissance, et fit partir deux envoyés, Guy de Grolée et Martellet de Martel, avec charge d'informer la Cour de France de ses dispositions, mais en même temps d'insister sur ce point : que tant que les divisions intérieures persisteraient dans le royaume, son secours serait de peu de profit ; tandis que, si ces divisions cessaient, par manière que toutes les parties fussent d'une volenté, lors legièé chose seroit de deschasser les Englois hors du royaume[139]. Le duc envoya aussi un de ses serviteurs — que Grolée devait aller rejoindre, — au duc de Bourgogne, pour le mettre au courant de ce qu'il faisait, et de la mission remplie à Paris par ses envoyés, lesquels, nous l'avons vu plus haut[140], furent un instant mêlés aux négociations de La Tombe. Lé duc de Savoie prenait ainsi déjà, en quelque sorte, ce rôle de médiateur qu'il devait remplir à plus d'une reprise. Une autre intervention qui, en des temps différents, eût pu s'exercer d'une façon décisive, se produisit également au mois d'avril 1418. Le schisme qui, pendant de si longues années, avait déchiré l'Église, venait de prendre fin. Dans un conclave tenu à Constance du 7 au 11 novembre 1417, toutes les voix s'étaient réunies sur le cardinal Colonna, proclamé pape sous le nom de Martin V. Sa naissance illustre, sa piété, sa science, l'affabilité de ses manières, sa grande expérience des affaires, son esprit de conciliation, le mettaient à la hauteur de l'importante et difficile mission qui lui incombait. Avant même de quitter Constance, le nouveau pape se préoccupa d'apaiser les différends qui existaient entre les princes chrétiens. Témoin de l'animosité qui régnait entre les Français et les Bourguignons, — car la question du tyrannicide avait longuement occupé les Pères du Concile, devant lesquels Jean Petit avait fait l'apologie du meurtre du duc d'Orléans[141], — il résolut de tenter à la fois de réconcilier le duc de Bourgogne avec la Cour et d'amener un rapprochement entre la France et l'Angleterre. Mais la situation de la France à l'égard du nouveau pape n'était point encore nettement définie. Depuis le retour de l'empereur à Constance, après son voyage de 1416, la prédominance avait été assurée par lui à l'Angleterre et à la Bourgogne, au détriment de la France. L'élection de Martin V était en grande partie l'œuvre de Sigismond : pela suffisait pour la rendre suspecte au gouvernement français. Louis de Fiesque, cardinal du titre de Saint-Adrien, fut envoyé à Paris avec mission de notifier l'élection de Martin V. Des assemblées de prélats, de docteurs de l'Université et de membres du grand conseil eurent lieu, du 28 février au 16 mars, pour adviser et conseiller le Roy comment et, par quelle manière il devoit proceder à faire au pape Martin, que on disoit estre qleu en concile general lors assemblé à Constance[142]. Après de longs débats, où fut agitée aussi la question des libertés gallicanes, qui passionnait alors si vivement les esprits, et sur laquelle nous reviendrons, on convint des termes de la réponse qui serait faite à messire Louis de Flisco. Le Roi, disait-on dans cette réponse, a toujours désiré par dessus toutes choses de voir la paix rétablie dans l'Église, et n'a rien épargné pour y parvenir depuis le commencement du schisme ; son intention est d'estre et demeurer vers l'Église de Rome en aussi grande reverence et afrection que ont esté jusques icy ses predecesseurs et luy ; il a appris avec joie l'élection du cardinal Colonna, pour les grands biens que souventes fois a ouy dire de sa personne, et que la maison de la Colonne a le temps passé esté bienvueillante au Roy, à son royaume, et à ses predecesseurs Roys de France ; mais, pour le moment, absorbé qu'il est, par de manies occupations et affaires, et considérant la grande part prise à l'élection par le roi des Romains, — lequel a trahi la France en s'alliant avec les Anglais et s'est déclaré son ennemi, et qui de plus a empêché, par les oppressions et menaces faites à ses ambassadeurs, que ceux-ci n'aient au conclave les prérogatives et prééminences appartenant aux rois de France, — il veut attendre pour se prononcer qu'il ait acquis la certitude, par les rapports de ses ambassadeurs, revenant vers lui en toute franchise et liberté[143], qu'il n'y a eu ni violence ni oppression de la part du roi des Romains ou d'autres, et que l'élection a été dûment faite, en pleine liberté, conformément aux saints canons. Il n'est pas douteux qu'on voulait, avant de se prononcer, que l'ordonnance sur le retour aux anciennes franchises et libertés eût été promulguée ; car sans cela, disait-on, ledit soy disant eleu en pape tireroit à luy, et hors de ce royaume et Dauphiné, grandes et excessives finances, desquelles il enrichiroit le Roy des Romains, adversaire du Roy, et lui en pourroit faire guerre[144]. Ce fut seulement le 14 avril que, par ordonnance du Conseil, les bulles de Martin V, présentées par l'archevêque de Tours et Louis de Fiesque, furent reçues et ouvertes, et que l'on fit obédience au nouveau pape. Celui-ci n'avait pas attendu que cette formalité fût remplie pour s'occuper de la pacification, qui était un de ses vœux les plus ardents. Par lettres du 5 des ides de février (9 février), il donnait pouvoir au cardinal de Saluces pour se rendre en France et travailler, de concert avec le cardinal de Bar, à la paix entre les rois de France et d'Angleterre[145]. Le 8 des calendes de mars (22 février), il adressait un bref au duc de Bretagne pour l'exhorter à se porter comme médiateur[146]. Le 8 des ides de mars (8 mars), il donnait, dans les termes les plus bienveillants pour la France, des instructions spéciales à Jacques Gelu, archevêque de Tours[147], prélat qui avait joué un grand rôle à Constance. L'archevêque vint à Paris le 15 avril, et exposa, au nom du pape, sa créance au Conseil[148]. Peu après (18 mars), Martin V désigna deux légats, auxquels il donna ses pleins pouvoirs pour pacifier le différend entre les rois de France et d'Angleterre[149], avec charge de comprendre le roi des Romains dans la paix qui serait conclue[150], et il écrivit même au duc de Clarence et au roi d'Angleterre en faveur de la paix[151]. Mais le choix des légats n'était pas heureux : l'un, le cardinal des Ursins, était connu pour son hostilité envers la France[152] ; l'autre, le cardinal de Saint-Marc, Guillaume Fillastre, bien que Bourguignon de naissance, s'était aliéné les bonnes grâces du duc de Bourgogne[153]. Les cardinaux légats, à leur arrivée en France, se mirent en rapport avec le roi d'Angleterre, qui envoya au cardinal de Saint-Marc le sauf-conduit demandé[154] ; ils commencèrent par se mêler aux négociations entamées entre la Cour et le duc de Bourgogne. Nous avons vu la part prise par eux aux conférences de La Tombe. L'événement survenu le 29 mai, en faisant passer le gouvernement aux mains du duc, vint compliquer singulièrement la situation et rendre plus difficile la mission des envoyés du Saint-Père. La Cour et le duc de Bourgogne ne faisaient plus qu'un, mais le Dauphin, échappé comme par miracle, allait constituer un pouvoir nouveau, qui devait promptement rallier les forces vives de la monarchie. Comment amener la conciliation entre le gouvernement du Dauphin et le gouvernement royal dirigé par Jean sans Peur ? D'un autre côté, Jean sans Peur, qui ne s'était allié à Henri V que pour satisfaire ses desseins ambitieux, était arrivé à ses fins ; et si, comme duc de Bourgogne, il avait intérêt à ménager le roi d'Angleterre, il était obligé, comme chef du pouvoir, de le traiter en ennemi. Avec qui d'ailleurs entamer des négociations ? Ne fallait-il pas, avant d'agir près de Henri V, amener un rapprochement entre le Dauphin et le duc ? C'est à ce but que les cardinaux légats s'attachèrent tout d'abord ; mais leurs efforts étant demeurés stériles[155], il leur restait peu de choses à faire du côté de Henri V[156]. Le cardinal des Ursins le trouva intraitable[157]. Le roi d'Angleterre était tellement enorgueilli par ses conquêtes, qu'il se refusa à accueillir toute proposition de paix. Il lui en vint pourtant, et de la part même du prince qui venait de lever hardiment sa bannière pour défendre sa couronne contre les Anglais et contre les Bourguignons. Impuissant à combattre à la fois ces deux ennemis, peu confiant dans le succès des négociations entamées avec la Cour, ou plutôt avec le duc de Bourgogne, Charles voulut connaître les dispositions du roi d'Angleterre. Le 18 septembre, de Niort où il se trouvait, il envoya au duc de Clarence, qui commandait sur les frontières du Maine, un de ses maîtres d'hôtel, Guillaume des Baus, accompagné de Chalon, héraut du comte de Tonnerre[158]. Cette ouverture fut accueillie par le duc, qui députa le messager à son frère. Henri V consentit à entrer en négociations avec le Dauphin[159]. Après quelques pourparlers, il donna, en date du 14 octobre, des lettres de sauf-conduit pour six des conseillers du Dauphin, ainsi que pour un secrétaire de la reine de Sicile[160]. Et le 24 octobre des pouvoirs furent délivrés par lui à l'archevêque de Canterbury, à l'évêque de Chichester, aux comtes de Warwick et de Salisbury, et à dix autres de ses conseillers, pour se réunir, en un lieu désigné, aux envoyés du Dauphin, et traiter de la conclusion d'un traité d'alliance entre lui et ce prince, et de son mariage avec Catherine de France[161]. Quels étaient les motifs qui déterminaient le roi d'Angleterre et son conseil à accueillir avec tant d'empressement les ouvertures du Dauphin ? Nous n'en sommes pas, à cet égard, réduits à des conjectures : les documents anglais vont nous permettre de sonder leur pensée intime[162]. L'allié secret de Henri V, Jean sans Peur, étant parvenu au faite de la puissance, il n'y avait plus à attendre de sacrifices de sa part ; ses vœux une fois comblés, il était homme à faire bon marché des engagements contractés avec les Anglais. On n'avait jamais eu d'ailleurs grande confiance en sa parole[163]. Le Dauphin, au contraire, avait, en quelque sorte, à conquérir son trône. N'était-il pas possible, dans cette situation nouvelle, d'obtenir de lui des avantages analogues à ceux qu'on avait espéré tirer, en 1414 et en 1416, de l'alliance bourguignonne ? Soit que Charles voulût simplement arrêter les progrès de l'invasion pour n'avoir qu'un ennemi à combattre, soit qu'il cherchât à obtenir du roi d'Angleterre une assistance armée pour triompher du duc de Bourgogne[164], il y avait lieu d'espérer qu'on pourrait profiter de la situation précaire du jeune prince pour lui faire acheter un traité au prix de concessions importantes. Il convenait toutefois de ne s'engager dans cette voie qu'avec prudence, de ne point oublier que, si le roi d'Angleterre avait pleinement qualité pour stipuler en son nom aussi bien qu'au nom de son royaume et de ses sujets, le Dauphin n'était point dans les mêmes conditions, car il n'avait ni l'âge légal, ni les pouvoirs de son père, ni l'autorisation de sa mère, engagée dans le parti contraire et à la discrétion du duc de Bourgogne. Il était à considérer pourtant que si le roi ne concluait, soit la paix, soit une trêve de longue durée, force lui serait de continuer la guerre ; fout au moins devrait-il rester en armes pour conserver ses conquêtes en Normandie. Dans un cas comme dans l'autre, ce serait une grande charge pour lui et pour son peuple. En outre, on était bien forcé de reconnaître que parmi ceux qui avaient fait leur soumission, il n'y avait aucun homme marquant et peu de gens de qualité, ce qui rendait pour l'avenir la fidélité des populations bien douteuse[165]. La paix semblait donc la meilleure solution. Mais, si l'on jugeait opportun d'entrer en négociations avec le Dauphin, il convenait de ne le faire qu'à bon escient, et l'on était bien décidé à ne traiter que sur les bases de ce qu'on appelait la grande paix, c'est-à-dire du traité de Brétigny, avec l'abandon de la Normandie tout entière. Encore ne devait-on point s'engager définitivement, car il pouvait y avoir des inconvénients à entrer dans la voie des renonciations. Aussi, la meilleure solution paraissait être de conclure d'abord une trêve de longue durée[166]. En tout cas, pour que les stipulations faites avec le Dauphin pussent sortir leur plein effet, il importait que ce prince pût mettre son père hors des mains du duc de Bourgogne[167]. C'est pour cela qu'on se montrait si disposé à lui prêter main-forte. On entendait même subordonner à cette condition la conclusion du traité[168]. Mais, en agissant ainsi, on n'entrerait pas pour cela dans la querelle du Dauphin : on se bornerait à exclure le duc de la trêve, et le roi, comme s'il poursuivait sa propre querelle, s'avancerait contre lui avec toute son armée[169]. Il était présumable que, dans ces conjonctures, le Dauphin deviendrait facilement maitre de la situation à Paris, et aurait à sa discrétion son père, sa mère et sa sœur[170]. Ce résultat obtenu, il serait tenu de confirmer de nouveau le traité[171]. Cette assistance armée serait donnée gratuitement ; mais si le Dauphin désirait aller plus loin, ce serait à ses propres dépens[172], et, en ce cas, le roi, poursuivant toujours sa querelle personnelle, exigerait la Flandre, en dédommagement de ses peines, et-devrait recevoir en outre toutes les places qui seraient conquises durant cette campagne[173]. Enfin, il serait stipulé qu'aucune des parties ne pourrait traiter avec le duc de Bourgogne sans l'assentiment de l'autre. Telles étaient les vues du gouvernement anglais en s'engageant dans cette négociation ; elles avaient pour fondement la persuasion où il était que le Dauphin placerait l'intérêt de sa propre querelle au-dessus des intérêts de l'État, et qu'il consentirait à subir les exigences du vainqueur. Les conférences s'ouvrirent à Alençon le 10 novembre 1418[174]. On y voyait comme représentants du Dauphin, Jean de Norry, archevêque de Sens, Louis de Chalon, comte de Tonnerre, Robert de Braquemont, amiral de France, Jean de Vaily, pré :- Bident au Parlement, Jean Tudert, doyen de Paris, et un secrétaire du prince, Jean de Villebresme[175] ; comme représentants du roi d'Angleterre, le comte de Salisbury, le seigneur de Grey, Walter Hungerford, Philippe Morgan, Roland Leyntale, William Alington et maître John Stokes. Après des discussions préliminaires assez vives[176], sur la langue à employer et sur l'ordre à suivre dans la négociation, les ambassadeurs du Dauphin firent connaître leurs offres, qui comprenaient : 1° le duché de Guyenne avec ses dépendances françaises de la Saintonge, de l'Angoumois, du Limousin, du Périgord, de l'Agenais, du Quercy, du Rouergue (avec le comté de Rodez), du Bigorre et du comté de Gaure, c'est-à-dire trois fois peut-être l'étendue de la Guyenne anglaise[177] ; 2° le comté de Ponthieu ; 3° la ville de Calais avec le comté de Gaines et les villes de Marck, Sangatte, Hames, etc. Cette offre, pourtant si large, fut repoussée avec dédain ; et après de longues discussions, mêlées d'altercations, les conférences demeurèrent un moment interrompues. A leur reprise, les ambassadeurs anglais ayant déclaré de nouveau l'offre frivole, dérisoire et nulle pour ainsi dire[178], l'archevêque de Sens prit le lendemain la parole, et déclara qu'il allait produire des offres nouvelles, lesquelles, sans nul doute, seraient jugées suffisantes, mais qu'auparavant il fallait qu'on répondit à cette question : Le roi d'Angleterre a-t-il réellement l'intention de conclure une alliance avec Monseigneur le Dauphin, et de lui prêter assistance pour combattre et châtier, au royaume de France, ses ennemis, adversaires et rebelles ? Après s'être concertés, les ambassadeurs anglais répondirent que c'était intervertir l'ordre de la négociation, et que la matière principale de la paix devait passer avant toute autre. Sur le refus des ambassadeurs français de produire leurs nouvelles offres, Morgan finit par déclarer que ses collègues et lui étaient disposés à répondre à la question posée et à conclure sur ce point, en temps et lieu opportun, si les offres étaient telles qu'on dût s'en contenter. L'archevêque reprit alors la parole. Après avoir sollicité et obtenu le secret sur l'ouverture qu'il allait faire, il offrit, au nom du Dauphin, toute la partie de la Normandie située au nord de la Seine, le vicomté et la ville de Rouen exceptées, à la condition que, si des conquêtes étaient faites par les princes alliés en Artois et en Flandre, le roi d'Angleterre recevrait l'équivalent de ce qu'on lui abandonnait en Normandie et que dans ce cas il restituerait au Dauphin. Ces nouvelles offres ayant été repoussées, on alla jusqu'à ajouter aux offres déjà faites, avec la ville de Montreuil, l'équivalent en Normandie des possessions abandonnées par le traité de Brétigny et qu'on entendait réserver, à savoir la Saintonge au nord de la Charente, le comté de Poitiers et la ville de La Rochelle : c'était en quelque sorte l'abandon de la Normandie tout entière. De nouvelles difficultés s'élevèrent alors sur les conditions auxquelles ces terres seraient cédées : serait-ce en hommage ? serait-ce en pleine souveraineté ? Les ambassadeurs anglais déclarèrent que leur maître avait toujours entendu et formellement déclaré que la cession se ferait en pleine souveraineté ; mais les ambassadeurs français s'y refusaient. Deux envoyés du Dauphin[179], qui avaient été chargés d'une mission secrète près de Henri V, alors devant Rouen, arrivèrent sur ces entrefaites à Alençon, et intervinrent dans les négociations d'une façon assez étrange, Se présentant en quelque sorte comme médiateurs, ils allèrent trouver les ambassadeurs anglais ; ils leur dirent en secret que les ambassadeurs du Dauphin avaient pouvoir de faire des offres encore plus amples ; ils leur communiquèrent cinq cédules, présentant cinq combinaisons différentes, et proposèrent une trêve de deux mois[180]. Mais, dans la conférence suivante, à laquelle prirent part ces deux personnages, les Anglais, sans se laisser éblouir par leurs avances et voulant serrer de plus près la question, les prirent à part pour leur demander s'ils étaient formellement autorisés à dire au nom de leur maître : Nous offrons tout ce qui est contenu dans la grande paix. Ils furent obligés de répondre, après en avoir conféré avec les ambassadeurs de leur parti, qu'ils n'avaient point pouvoir de faire de telles offres, étant sans instructions à cet égard ; ils ajoutèrent qu'il y avait là des questions qu'il n'appartenait qu'au Dauphin de trancher, et qu'il convenait de provoquer une convention personnelle entre les deux princes. Douze jours s'étaient écoulés dans ces négociations. Les ambassadeurs anglais s'étaient efforcés, conformément à leurs instructions, d'arracher à la partie adverse les concessions plus étendues[181] ; ils n'avaient point encore formulé leurs prétentions : le moment était venu pour eux de le faire. Le chancelier Morgan, après avoir déclaré, en son nom et au nom de ses collègues, que leur intention était de ne pas demander moins que la couronne et le royaume de France, remit aux ambassadeurs français une cédule énonçant leurs exigences ; ils réclamaient, en sus de ce qui leur avait été offert, les duchés de Touraine et d'Anjou, le comté de Flandre, le comté du Maine et les seigneuries de Beaufort et de Nogent. L'archevêque de Sens répondit, au nom de ses collègues, ne leur appartenait pas de discuter de telles demandes. Une longue controverse s'éleva, dans laquelle Morgan, se conformant encore aux instructions reçues[182], posa cette question, qui rendait illusoire tout ce qu'on avait fait jusque-là : En supposant que le roi veuille se contenter de vos offres, quelle garantie pouvez-vous lui offrir quant à ces offres et quant à la paix ? Les ambassadeurs français daignèrent suivre Morgan sur ce terrain, où il ne les amenait que pour arriver aux autres matières à mettre en discussion. Insistant sur la très chrétienne et pieuse intention[183] de son maitre en faveur de la paix, sur l'horreur qu'il avait pour l'effusion du sang chrétien et pour les longues guerres, suivies de maux nombreux et irréparables[184], il exposa que le roi s'était montré favorable à des négociations, et que même, pour la singulière affection qu'il portait au Dauphin, il avait refusé des offres bien plus grandes de la partie adverse ; il protesta, en invoquant le ciel, la terre et toutes les créatures, que le roi et les siens auraient conclu la paix si les offres à eux faites avaient été recevables, et que le Dauphin titrait responsable de tous les maux qui pourraient survenir ; il termina en suppliant, par les entrailles de Jésus-Christ, les ambassadeurs du Dauphin, s'ils n'avaient pas pouvoir de procéder plus avant sur la matière de la paix, de communiquer, au moins et de traiter relativement aux autres matières. L'archevêque ayant repoussé cette proposition, Morgan reprit le lendemain la parole, avec beaucoup de vivacité, et sur le ton de l'ironie. L'archevêque offrit de conclure une trêve, de courte durée. Morgan répondit sèchement que, tant que les plénipotentiaire ne seraient pas mieux disposés qu'ils ne l'étaient pour la paix, il ne fallait pas compter sur la conclusion de trêves ; que d'ailleurs ils pouvaient s'adresser pour cela au roi, sous leur propre responsabilité. Les conférences se terminèrent par une nouvelle déclaration de Morgan, prenant Dieu à témoin que, de son côté, on avait fait tout ce qui pouvait faciliter un accord[185]. Pendant la durée des négociations, le Dauphin avait écrit au roi d'Angleterre une lettre[186], dans laquelle il disait que, comme seul fils du Roi, représentant la personne de son père en son empeschement, et ayant la souveraineté en la cure des besoingnes de son Royaulme, il voulait, par dessus tout, travailler à la paix ; qu'il lui avait envoyé, pour lui faire connaître ses intentions, un de ses écuyers, que le roi avait reçu libéralement, et auquel il avait déclaré être plus disposé à entrer en négociation avec le Dauphin qu'avec nul prince qui, au temps passé, lui eût fait des ouvertures ; que le Dauphin avait envoyé ses ambassadeurs à Alençon pour trouver moyen d'appaisement entre les deux royaumes, et que présentement ils devaient être réunis aux siens. Veuille Dieu, disait le jeune prince, que l'issue en soit, selon vos désirs et les nôtres, au bien commun de chacune des parties ! Mais le désir qu'il avait de ce résultat, lequel, écrivait-il, est si grand qu'il passe toute espérance d'y parvenir, et la nécessité d'abréger les choses, l'engageait à requérir le roi, de tout son cœur et courage loyal et non feint, que, au cas où leurs ambassadeurs ne s'entendraient pas, il lui fit savoir de pleine foi, sommairement et ouvertement, les choses auxquelles finalement il se voulait condescendre, le suppliant de faire ses demandes modérées, consonans à rayson et plus attrampées en faveur de paix que eslues par l'avantage que fortune variable ou les divisions de ce Royaume lui avaient donné ; de telle sorte que rien ne fût à lui oultraige ne delaiement de paix du demander, ni au Dauphin chargé pour le temps advenir au regart de la couronne de France et de ses successeurs de l'ottroyer, mais, d'un mutuel consentement, à la commune sûreté et prospérité des deux royaumes. Le Dauphin exprimait, en terminant, le désir qu'une convention fut tenue entre le roi et lui ; il affirmait qu'on le trouverait toujours large à l'octroi, bref à l'accomplissement et ferme à l'observation, pour tout ce qui serait relatif à la paix, et il espérait que le roi, qui désirait acquérir renommée en honorables faits, et voulait, comme à si haut courage appartient, l'exaucement et exaltation de noblesse et seigneurie, l'aiderait à réparer et réprimer les grans et horribles maux et cruautés et séductions par le duc de Bourgogne faits et mis sus, contre toute noblesse, et la maison de France dont le roi était issu, et que, de son côté, le Dauphin s'emploierait à lui venir en aide où besoin serait[187]. Henri V répondit à Charles par une lettre écrite, non en français, mais en latin, et datée de son ost devant Rouen le 25 novembre. Dans cette lettre, il protestait de son désir de répondre aux avances du Dauphin ; mais, retenu qu'il était devant Rouen, il se voyait forcé de remettre jusqu'à l'issue du siège tout arrangement relatif à une convention personnelle. Faisant allusion, en terminant ; au passage relatif au duc de Bourgogne, il se bornait à dire que, quand le Dauphin aurait conclu avec lui un traité d'alliance et de confédération, il le trouverait prêt à le soutenir, non seulement contre le duc, mais contre tout autre, conformément au traité[188]. Tandis que les ouvertures du Dauphin étaient accueillies de la sorte ; que les ambassadeurs des deux princes étaient réunis à Alençon, et au moment même où il donnait l'autorisation de prendre en son nom l'engagement de ne point conclure d'alliance avec le duc de Bourgogne avant le ter janvier, le roi d'Angleterre jouait un double jeu : il était entré en pourparlers avec le gouvernement royal, représenté par le duc de Bourgogne. Quelques semaines auparavant, un des conseillers et chambellans de Jean sans Peur, Guillaume de Champdivers, accoutumé à remplir près du roi d'Angleterre des missions secrètes, avait apporté 'à son maître une lettre où Henri V se déclarait prêt à traiter[189]. Cette lettre portait la date du 26 octobre, le jour même où Henri signait les pouvoirs et les instructions donnés à ses ambassadeurs près du Dauphin. Le 5 novembre, en réponse à une lettre que le duc avait fait écrire par le pauvre Roi, pour lui annoncer l'envoi d'ambassadeurs, il faisait délivrer à ceux-ci un sauf-conduit[190]. Le ter décembre, il donnait pouvoir pour traiter avec les envoyés de Charles VI[191], et les ambassadeurs qu'il désignait étaient justement ceux qui venaient de conférer à Alençon avec les représentants du Dauphin ! Cette duplicité a été flétrie, comme elle mérite de l'être, par des plumes anglaises[192]. Dans ces négociations, qui furent conduites avec un grand mystère[193], le cardinal des Ursins apparut comme médiateur. Il se rendit à Pont-de-l'Arche, où les conférences, s'ouvrirent au commencement de décembre[194]. Elles n'étaient point achevées que Henri V délivrait aux ambassadeurs du Dauphin, pour se rendre à Louviers, un sauf-conduit valable jusqu'au 20 janvier 1419[195]. C'est à Rouen, dont le roi d'Angleterre venait de se rendre maître (13 janvier) que cette nouvelle conférence se tint, dans les premiers jours de février[196]. La reine de Sicile, qui continuait à être en relations avec Henri V[197], avait sollicité un sauf-conduit pour des envoyés, parmi lesquels figurait Pierre de Brézé, père de celui qui devait plus tard illustrer ce nom[198]. Des trêves, qui devaient durer jusqu'au 23 avril, furent conclues le 12 février, d'une part entre le Dauphin et Henri V, d'autre part entre la reine de Sicile et Henri V, et l'on décida qu'une convention personnelle des deux princes aurait lieu le dimanche de Lœtare Jerusalem ( 26 mars), dans un lieu situé entre Évreux et Dreux ; cette entrevue devait être précédée d'une conférence des ambassadeurs des parties, fixée au 12 mars[199]. Les trêves furent immédiatement publiées par Henri V[200]. Les négociations avec le Dauphin n'avaient point interrompu les pourparlers avec le gouvernement de Charles VI. Le 4 février, le roi d'Angleterre donnait des pouvoirs pour traiter[201] ; le 14, il faisait délivrer des lettres de sauf-conduit à des ambassadeurs de Charles VI, qui se rendirent à Mantes dans les derniers jours de février[202] ; de nouveaux pouvoirs très amples furent signés le 23 de ce mois[203]. Henri V continuait, on le voit, son double jeu, se réservant de traiter définitivement avec celui de ses adversaires qui lui offrirait les conditions les plus favorables. II était en même temps en pourparlers avec le comte d'Armagnac et le seigneur d'Albret, avec lesquels il avait, dès le mois de juillet précédent, conclu une trêve[204]. Sur ces entrefaites, le duc de Bretagne vint le trouver à Rouen (commencement de mars)[205]. La situation de ce prince, qui, tout en venant comme représentant du gouvernement royal[206], gardait une sorte de neutralité entre les partis ; ses anciennes relations amicales avec le roi d'Angleterre, pouvaient faire espérer que son intervention ne serait pas inutile ; mais Henri V, fier et orgueilleux comme un lion[207], ne voulut rien rabattre de ses exigences[208]. Le duc, qui était en rapports avec les deux partis, adressa à plusieurs reprises des communications au Dauphin[209] ; c'est pendant son séjour à Rouen que Henri V signa les pouvoirs des ambassadeurs qui devaient bientôt se réunir à ceux de Charles[210], et qu'il accorda à un serviteur de ce prince un sauf-conduit pour se rendre en Angleterre auprès d'Arthur de Bretagne, frère du duc, prisonnier depuis Azincourt[211]. Le roi d'Angleterre, après avoir signé un traité avec Jean VI (19 mars)[212], quitta Rouen pour se trouver à l'entrevue, fixée au 26 mars, qu'il devait avoir avec le Dauphin. Mais, à Évreux, où il s'était rendu, il éprouva une mortification qui dut lui être sensible : chartes commençait à apprécier à sa valeur la loyauté de son adversaire ; il se fit excuser de ne point venir au rendez-vous[213]. Le susdit rewle Regent, mandait d'Évreux, le 27, un serviteur du roi à un de ses amis d'Angleterre, a rompu son engagement de tenir la journée, et a fait le roi un beau nient[214] ; il n'y a donc plus désormais aucun espoir de paix. Que Dieu mette tin à tout ceci quand il lui plaira !... Je ne vous en écris pas plus long pour cette fois, mais priez pour que nous échangions bientôt cette fastidieuse vie de soudoyers contre notre bonne vie d'Angleterre[215]. L'irritation fut à son comble à la Cour du roi d'Angleterre. Mais celui-ci, fort bien renseigné sur les dispositions du gouvernement royal, dirigé par le duc de Bourgogne, ne tarda pas à prendre son parti : le 28 mars, il donnait pouvoir pour traiter avec Charles VI de trêves et de mariage, et pour régler les conditions de l'entrevue entre le Roi et lui. Les ambassadeurs des parties se réunirent à Mantes, où fut faite, au nom de Charles VI, cette importante déclaration qu'il consentait à traiter sur les bases du traité de Brétigny, et à abandonner au roi d'Angleterre la Normandie avec tout ce que ce prince avait conquis en France[216]. Le 7 avril, par une convention signée à Vernon[217], on décida que les deux rois, la reine et la princesse Catherine se trouveraient le 15 mai, de concert avec le duc de Bretagne[218], en un lieu désigné, entre Mantes et Pontoise, et qu'il y aurait jusque-là suspension d'hostilités[219]. Les comtes de Warwick et de Kent partirent aussitôt pour Provins, où se trouvait la Cour. C'est en vain que le Dauphin tenta de prévenir le coup en offrant au roi d'Angleterre de traiter avec lui aux mêmes conditions que l'autre parti. On a la teneur d'une déclaration dans ce sens, faite en son nom le 12 mai[220] ; tout était convenu entre Henri V et le duc de Bourgogne ; les négociations des Anglais avec le Dauphin furent définitivement rompues[221]. Les conférences de Meulan s'ouvrirent le 30 mai. Le roi d'Angleterre était tellement persuadé que les choses étaient arrangées à l'avance, et qu'il n'y avait plus qu'une formalité à remplir que, le 1er juin, il désigna ses deux frères Clarence et Glocester, avec son oncle l'archevêque de Canterbury, le duc d'Exeter et l'évêque de Westminster, pour préparer la conclusion finale du traité[222]. Ne lui avait-on pas accordé à Mantes tout ce qu'il demandait ? N'avait-on pas, dans l'entrevue du 30 mai, renouvelé les assurances données[223] ? Les historiens qui, pour la plupart, se fiant à Monstrelet, ont affirmé que ce furent les prétentions exorbitantes du roi d'Angleterre qui amenèrent l'échec des négociations, sont tombés dans l'erreur. Quelle fut la cause de cet échec ? En jetant les yeux sur les pièces diplomatiques qui nous sont restées[224], nous constatons qu'il ne s'éleva pas, comme dans les conférences antérieures, d'obstacles insurmontables résultant d'exigences auxquelles on n'aurait pas voulu faire droit. Il survint, dit la chancellerie anglaise dans un document déjà cité plusieurs fois, il survint inopinément une cause de dissentiment : la partie adverse refusa de dresser un acte authentique des stipulations consenties, et relativement à certains articles déjà admis, elle se mit à soulever des difficultés[225]. Qu'est-ce à dire ? Le duc de Bourgogne et la Reine, qui avaient pris les devants d'une façon si étrange, se seraient-ils trouvés contraints de revenir sur les engagements contractés par leurs ambassadeurs ? Si les documents anglais nous révèlent les difficultés qui surgirent au cours des négociations, un grave historien français[226] nous apprend les divisions qui régnaient dans le Conseil, où se trouvaient des hommes assez bons Français pour ne point consentir à sacrifier les intérêts du royaume. Une discussion s'engagea sur la question de savoir s'il ne fallait point, au lieu de tout céder au roi d'Angleterre, tenter de se rapprocher du Dauphin. Le parti bourguignon et le parti français se trouvèrent aux prises. On vit le conseiller intime du duc de Bourgogne, le futur chancelier de son fils, Nicolas Rolin, prétendre que la paix avec les Anglais était une nécessité qu'il fallait subir, et qu'un si grand bien pouvait être acheté au prix de l'abandon d'une partie du royaume. Un président au Parlement, Jean Rapiout, soutint l'avis contraire. Ce furent les Bourguignons qui l'emportèrent : on décida qu'il fallait traiter avec les Anglais, et qu'il convenait de leur accorder ce qu'ils demandaient[227]. A Paris, où l'on se préoccupait vivement des négociations, on regardait déjà la chose comme conclue ; et à ce propos, le fougueux auteur du Journal d'un bourgeois de Paris laisse échapper cette exclamation, où la passion politique s'efface devant le cri de la conscience publique : Et fut une dure chose au Roy de Franc que lui, qui devoit estre le souverain Roy des Chrestiens, convint qu'il obeist à son ancien ennemy mortel, pour estre contre son enfant et ceulx de la bande[228]. Mais, du milieu des discussions qui s'engagèrent[229], le parti français regagna du terrain : il fit si bien qu'il imposa sa loi à la Reine et au duc[230], et qu'il fit avorter les négociations[231]. Le 30 juin, les conférences avec Henri V prirent fin ; le 11 juillet, le traité de Pouilly était signé entre Jean sans Peur et le Dauphin. |
[1] Le traité de Brétigny se trouve dans Rymer, t. III, part. II, p. 5, et dans Leibniz, Codex juris gentium diplomaticus, p. 208-18 (en français). Il est accompagné de documents complémentaires, qui sont tout au long dans Rymer, p. 5 à 32. — L'acte de renonciation à la couronne est daté de Calais, le 24 octobre.
[2] Rymer, t. III, part. II, p. 112-118.
[3] Lancastre, dit M. Michelet, fut obligé par les siens de régner, obligé pour leur sûreté de leur laisser tuer Richard. Histoire de France, t. IV, p. 80.
[4] Inerant enint ei crines glauci, facies alba, rotunda et feminea, interdum sanguinis fleumate viciata, lingua brevis et balbuciens, moribus inconstans, quia, spreto antiquorum procerum consilio, juvenibus adhærebat... In dandis prodigus, in conviviis et indumentis ultra modlim splendidus, ad bella contra hostes infortunatus et timidus, in domesticos iram multum accendens, superbia erectus, cupiditate deditus, luxuriæ nimis deditus..... Tel est le portrait traité par le moine de Evesham qui a écrit sa vie (éd. Hearne, 1729, in-8°, p. 169).
[5] Michelet, Histoire de France, t. IV, p. 281.
[6] Par lettres du 18 mai 1399, données à Westminster, et écrites en français, Henri IV promettait d'observer les trêves générales conclues en 1396, vivant lors feu nostre très chier cousin Richart, de bonne memoire, nadgaires Roy d'Engleterre, notre predecesseur, que Dieu assoille, entre ce prince et nostre cousin de France. Original avec sceau, Archives, J 919, n° 1.
[7] Les ambassadeurs étaient l'évêque de Durham et le comte de Worcester ; leurs pouvoirs sont du 29 novembre. Rymer, t. III, part. II, p. 170.
[8]
Rymer, t. III, part. II, p. 176. — Voir sur cette ambassade Proceedings and Ordinances of
the privy Council of England, t. I, p. 192.
[9] Rymer, t. IV, part. I, p. 46.
[10] Rymer, t. IV, part. I, p. 95.
[11] Voir Michelet, Histoire de France, t. IV, p. 102.
[12] Rymer, t. IV, part. I, p. 196. Cf. les curieuses instructions qui se trouvent dans Proceedings and Ordinances, t. II, p. 19 et s.
[13] Le duc d'Orléans ayant réclamé près de Henri IV, celui-ci répondit qu'en refusant la demande du duc de Bourgogne, il aurait craint de mécontenter les Anglais (sans doute à cause de leurs rapports avec les Flamands). Religieux, t. IV, p, 474.
[14] Pouvoir du 28 janvier ; — sauf-conduit du 6 février. Rymer, t. IV, part. II, p. 4 et 5.
[15] Recognescunt quod hæc est una et justa querela guam habet pro Ducatu Aquitaniæ rebabendo, cum suis juribus et pertinentiis universis et obtinendo, cum sibi debeatur, jure hereditario et successione naturali, ut ipsimet etiam recognescunt. Rymer, t, IV, part. II, p. 13.
[16] Rymer, l. c., p. 12-14 ; Monstrelet, t. II, p. 339-42 (la date du 8, donnée par Monstrelet, est fautive). — Sur cette double alliance, voir les détails donnés par J. Endell Tyler, Henry of Monmouth, or memoirs of the Life and character of Henry the firth (London, 1838), t. I, p. 266-277. Cf. Extrait d'un ms. contemporain dans B. Williams, édition des Gesta Henrici quinti d'un auteur anonyme, appendice, p. 280.
[17] Endenture du 8 juin 1412, passée à Westminster, entre Henri IV et Clarence. Rymer, t. IV, part. II, p. 15. Cf. Proceedings, t. II, p. 33. — Par lettres en date du 31 mai, adressées au duc de Bourgogne, le comte d'Arundel déclara que s'il prenait parti pour les princes, c'était par le commandement de Henri, prince de Galles, et de son père, dont il était homme (Gachard, Archives de Dijon, p. 43).
[18] La minute de la convention signée à Bourges porte la date du mardi 12 juillet 1412. Moreau, 1424, n° 56.
[19] Jouvenel, p. 244. Cf. Religieux, t. IV, p. 6.
[20] Lettres des Rois, etc., t. II, p. 328. Les lettres sont insérées dans d'autres lettres du duc de Berry en date du 22, signifiant le désaveu de l'alliance au roi d'Angleterre. Semblables lettres furent envoyées par le duc d'Orléans, le duc de Bourbon et le sire d'Albret. Chose curieuse, le duc de Bourgogne écrivit aussi. Voici ce que, dans sa réponse au duc de Berry (à La Chance, devant Blois, le 6 septembre), le duc de Clarence dit à ce propos : Et touchant le duc de Bourgoigne, pour ce qu'il rescript, selon nostre semblant, paralliement ainsi que vous faites, de ce avons merveilles, car à ce qu'il ait aucunes alliances à notre dit très redoublé seigneur et père, à notre dit honoré seigneur et frère, à nous ne à nos autres frères, nous vous faysons savoir que non, ains en a esté de tout refusé, par ce que nous estions lyez ovesques vous ; et si ce ne feust, nous pensons avoir acceptes ses offres et fermées avec lui aucunes alliances. Ibid., p. 352. — Par d'autres lettres données à Auxerre, le 22 août, après le traité conclu entre les princes et le duc de Bourgogne, le roi ordonnait au duc d'Orléans et au comte de Vertus de renoncer à l'alliance anglaise et de signifier cette renonciation à l'adversaire d'Angleterre (Archives, K 57, n° 20 ; Choix de pièces inédites, publié par M. Douët-d’Arcq, t. I, p. 352) ; ce que les princes s'empressèrent de faire (lettres du 23 août, K 57, n° 21 et 22). Mais ce n'était là qu'une formalité : la chose, on le voit, était déjà accomplie.
[21] Pouvoir du duc et des autres princes, en date du 15 octobre, à Vincennes, pour traiter avec le duc de Clarence et autres des sommes à payer (Archives, K 59, n° 2) ; traité de Buzançais, en date du 14 novembre (id., ibid., n° 4) ; état de répartition d'une somme de 210,000 écus promise à Clarence (14 novembre, Archives, K 59, n° 3). — II y eut à ce moment des négociations entamées : par lettre du 14 novembre 1412, des commissaires anglais furent désignés pour arrêter les bases d'un traité de paix entre la France et l'Angleterre (Archives, K 57, n° 28). Nous voyons par un compte du temps qu'une aide fut imposée en Poitou pour résister aux Anglais, qui menaçaient d'entrer dans cette province (ms. fr. 6747, f. 16 v° et s.).
[22] Chose digne de remarque, tandis que le duc de Bourgogne exploitait le tort si grave que s'était donné le parti d'Orléans en appelant les Anglais à son secours, il avait encore quelques-uns des auxiliaires que lui avait amenés l'année précédente le comte d'Arundel. Ce fait est attesté par le moine contemporain Walsingham, qui s'exprime en ces termes sur la duplicité de la politique de son gouvernement (Historia Brevis, Londini, 1574, p. 425 ; réimprimée en 1864, par H. Th. Riley, sous le titre d'Historia anglicana, t. II, p. 288) : Unde succrevit multis admiratio, qualiter tam repentina facta sit mutatio, ut sub temporis tantilli spatio contingeret, Anglos velut duo contraria confovere ; il est confirmé de la façon la plus expresse par divers documents qui se trouvent dans les Titres scellés de Clairambault. Ce sont les declaracions des noms et seurnoms de certains gens d'armes et archiers du pais d'Angleterre qui ont servi le Roy en ses dernières armées, auxquelx ledit seigneur donne de present congié pour eulx en aler. Il parait y avoir eu cent hommes d'armes et quatre cents archers. Ils furent congédiés en novembre 1412 (Clairambault, vol. 46, p. 3405 et 3406 ; 53, p. 3988 ; 85, p. 6708 et 6709 ; 98, p. 7639). On peut rapprocher ce fait de la déclaration du comte d'Arundel en date du 31 mai 1412, citée plus haut.
[23] Il mourut de la lèpre. — On raconte que son fils, le croyant mort, s'était saisi de sa couronne, déposée près du lit royal, et l'avait emportée. Henri IV, revenant soudain à lui, demanda qui avait pris sa couronne, et fit venir le prince de Galles, qui s'excusa en disant qu'il le croyait trépassé, et qu'il avait pris la couronne comme lui appartenant après lui. — Beau filz, dit le roi en soupirant, comment y auriez vous droit, car je n'en y eus oncques point, et ce scavez vous bien ! Monstrelet, t. II, p. 338. — Sur le rôle du prince de Galles, voir Turner, t. II, p. 364-65 et 371-73, et Michelet, t. IV, p. 283-84. Il se trompe en attribuant au prince de Galles l'assistance donnée au duc de Bourgogne, tandis que Henri IV portait assistance aux princes orléanais ; l'historien n'a pas su distinguer les dates, et il voit un antagonisme entre le père et le fils, là où apparaît seulement la duplicité de la politique anglaise.
[24] Pouvoirs de Henri V du 14 juillet pour traiter à la fois avec son adversaire de France et avec le duc de Bourgogne (quatre lettres) ; pouvoir de Charles VI du 22 août ; traité du 25 septembre. Rymer, l. c., p. 40-41 et 48-49.
[25] Cette ambassade se composait de l'archevêque de Bourges, du connétable d'Albret et d'un secrétaire du Roi, Gautier Col. Le sauf-conduit de Henri V est du 8 octobre ; le pouvoir de Charles VI du 11 novembre ; celui de Henri V du 10 janvier 1414. Le 23 janvier un nouveau sauf-conduit fut délivré aux ambassadeurs pour revenir en France. Rymer, l. c., p. 50, 53, 60 et 61. — Cf. Religieux, t. IV, p. 228.
[26] Rymer, l. c., p. 62-66. Dans cet acte, rédigé à la fois en latin et en français, et revêtu d'une forme plus solennelle que les précédents, chacune des parties désignait ses alliés, lesquels furent comprit dans le traité.
[27] Rymer, l. c., p. 66. Par lettres du terne jour, le Roi donnait pouvoir à ses ambassadeurs de prolonger ce délai, qui fut en effet successivement reculé jusqu'au 24 juin, puis jusqu'au 1er août.
[28] C'étaient Henri, lord Scrope, Hugues Mortimer et Henri Ware ; ils arrivèrent le 4 mars, d'après le Religieux de Saint-Denis (t. IV, p. 230).
[29] Rymer, t. IV, part. I, p. 77. Ces nouveaux négociateurs étaient, outre Henri Ware, l'évêque de Durham, l'évêque de Norwich, Richard, comte de Salisbury, Richard, seigneur de Grey, Jean Pelham et Robert Watterton.
[30] Voir chapitre V.
[31] Rymer, t. IV, part. II, p. 66 et 81.
[32] Des ambassadeurs de France séjournèrent à Leicester du 17 mai au 2 juin (Rymer, t. IV, part. II, p. 99) ; le 11 juin, Gautier Col reçut un sauf-conduit pour retourner en France (p. 80).
[33] 5 juillet 1414 : Nouveau pouvoir, relatif au mariage, donné aux évêques de Durham et de Norwich, et au comte de Salisbury (Rymer, p. 84). L'ambassade partit le 10 juillet, et ne revint que le 3 octobre (voir p. 99 et 105). Elle fut reçue avec magnificence, pendant le siège d'Arras, par le duc de Berry (Religieux, t. IV. p. 376).
18 octobre : Pouvoir pour proroger le terme de l'engagement du roi relatif au mariage avec Catherine de France (Rymer, p. 90).
19 octobre, à Londres : Prorogation jusqu'au 2 février 1415, en vertu de ce pouvoir (p. 96).
5 décembre : Pouvoirs : 1° pour proroger les trêves avec la France ; 2° pour prendre de nouveaux engagements relativement au mariage ; 3° pour conclure le mariage. Ambassade des évêques de Durham et de Norwich, du comte de Dorset et du seigneur de Grey (p. 97-98).
Même date : Pouvoirs aux mêmes (et en outre à Philippe Morgan et à Richard de Holm), pour traiter : 1° du mariage ; 2° de confédération perpétuelle (p. 98).
[34] Voir ci-dessus, chapitre III.
[35] Lord Brougham, History of
England and France under the House of Lancaster, p. 96.
[36] Dans les réunions du Parlement tenues à Leicester, à partir du 30 avril, et à Westminster, à partir du lundi qui suivit la Toussaint, la question de la guerre fut agitée, et résolue par l'affirmative. Parliamentary History, t. II, p. 137 et s. Les Proceedings contiennent (t. II, p. 140-42) la minute d'une séance du conseil tenue à Westminster, et d'où il résulte que la guerre était dès lors décidée, et qu'on ne négociait que pour donner satisfaction au Parlement, et à la requête de tous les estaz et commune (p. 150).
[37] Hall's Chronicle, London, 1809, p. 55 et s.
Cf. Parliamentary History, t. II, p. 354.
[38] Rapin-Thoyras, en plaçant (Histoire d'Angleterre, t. III, p. 369, et abrégé de Rymer, t, II, p. 110) cette négociation en 1414, a commis une grave erreur, dans laquelle plusieurs historiens anglais, le suivant sans le contrôler, sont tombés avec lui.
[39] Voir sur la réception qui leur fut faite et les têtes qui eurent lieu pendant leur séjour, le Religieux, t. V, p. 408, et Monstrelet, t. III, p. 59-60.
[40] Rymer, t. IV, part. I, p. 102.
[41] Rymer, t. IV, part. II, p. 106-107.
[42] Rymer, l. c., p. 107-109.
[43] Cette lettre, en date du 7 avril 1415, se trouve dans le Religieux, t. V, p. 500-504. Qui quidem ambassiatores et nuncii nostri, disait le roi d'Angleterre, varia petierunt et talia conclusive, de quibus ea solum, Deo teste, de causa contentamur, quod de tanto bono pacis contentari debere non ambigimus ipsum Deum. Henri, en envoyant le sauf-conduit (en date du 13) pour les ambassadeurs, écrivit de nouveau au Roi une lettre (15 avril, id., ibid., p. 506-510), où l'on trouve la même phraséologie sonore et creuse.
[44] On a une fort curieuse relation de cette ambassade, publiée dans le Recueil de Besse, p. 94 et s. Cf. le Religieux, t. V, p. 512 et s., et sir Harris Nicolas, History of the battle of Azincourt (London, 1832), p. 25-31.
[45] Voir Monstrelet, t. III, p. 72 et s. ; Religieux, t. V, p. 514 et s. ; Jouvenel, p. 188-89. — Il résulte de la relation de l'ambassade qu'on ajouta à ce qui avait été offert à Paris la ville de Limoges et la sénéchaussée du Limousin, et qu'on porta la dot à 850.000 écus (Besse, p. 163). Il y avait à ce moment, à la Cour d'Angleterre, des ambassadeurs de l'empereur, du Roi d'Aragon et du duc de Bourgogne.
[46] Traités du 24 avril et du 10 juin, conclus à Calais. Rymer, l. c., p. 113 et 127.
[47] En février 1415, on prenait déjà des mesures pour la garde de la mer durant le viage du Roy. Proceedings and ordinances, t. II, p. 145. Cf. la minute du Conseil tenu en mars ou avril (p. 150-51) ; Rymer, t. IV, part. I, p. 112 et s., et sir Harris Nicolas, l. c., p. 6 et s.
[48] Il faut remarquer cette date : c'est le lendemain même du jour où Henri V faisait à Charles VI les belles protestations en faveur de la paix qu'on peut lire dans la lettre du 15 avril.
[49] Rymer, l. c., p. 112 ; cf. Proceedings,
t. II, p. 155 et s.
[50] Le Religieux en donne le texte, t. V, p. 526-30, et Jouvenel la traduction, p. 289-90. — Jouvenel donne aussi le texte de la réponse de Charles VI, en date du 24 août (p. 291).
[51] Ce sont les propres expressions dont se servit le chancelier d'Angleterre, dans un discours prononcé au Parlement le 19 octobre 1416. Tyler, t. II, p. 95.
[52]
Voir sur les ambassades envoyées en février 1416, Proceedings, t. II, p.
191-92. Henri V entretenait des relations avec le duc de Bourgogne,
l'archevêque de Cologne, l'empereur et les princes allemands, les rois de
Castille, de Portugal, d'Aragon et de Navarre, le roi de Danemark. Dès le début
de son règne, Henri IV avait adopté cette habile politique, et ses rapports
diplomatiques s'étendaient jusqu'aux cours les plus lointaines, telles que
celles de l'empereur de Trébizonde, du roi de Géorgie et même de l'empereur
d'Abyssinie. Sir Henry Ellis, Original
Letters, 3e series, t. I, p. 54-55.
[53] On peut lire dans les Grandes chroniques un trait qui montre le soin avec lequel nos rois maintenaient l'indépendance de la couronne à l'égard de l'empire. Quand l'empereur Charles IV vint à Paris en 1378, lui et son fils, le Roi des Romains, étaient montés sur des chevaux noirs, que Charles V avait choisis avec intention pour les donner aux deux princes, par ce motif que les empereurs avaient l'habitude de faire leur entrée dans les villes de leur seigneurie sur un cheval blanc : Et ne vouloit pas le Roy que en son royaume il le feist ainsi, affin qu'il n'y peust estre noté aucun signe de dominacion (t. VI, p. 368).
[54] L'ayeul et le père du Roy des Romains, lit-on dans la réponse qui fut faite au cardinal de Fiesque, envoyé de Martin V, le 16 mars 1418, et mesmement iceluy Roy des Romains, duquel le Roy est si prouchain de lignage comme fils de son propre cousin germain, ayans tousjours jusques à nagueres esté alliez aux Roys et corone de France, et par alliance par toy et serment. Extraits des Registres du Parlement, dans les Preuves des libertés de l'église gallicane, t. I, p. 148-29.
[55] Sigismond était né en 1368. Margrave de Brandebourg en 1376, roi de Hongrie le 31 mars 1387, il avait été élu empereur le 20 septembre 1410 par une partie des électeurs, et il le fut par tous le 21 juillet 1411.
[56] Quod a modo in antea et in perpetuum erimus boni, legales et perfecti amici ipsius Domini Caroli Francorum regis, filiorum, nepotum, et aliorum prænominatorum consanguineorum suorum et nostrorum.
[57] Leibniz, Codex juris gentium Diplomaticum, p. 307-309 ; Godefroy, Historiens de Charles VI, p. 671-72.
[58] Ce point est établi par les lettres de l'empereur à Charles VI (en date de Calais, le 6 septembre 1419), et à Guillaume, duc de Hollande (datée de Canterbury), publiées par M. J. Caro, dans Archiv für Œsterreichische Geschichte, 1880, vol. LIX, 1re part., 109-123, et 104-109. Cf. Janssen, Frankfurts Reichscorrespondens, t. I, p. 296.
[59] Il avait armé chevalier Guillaume Seignet, afin qu'il put gagner sa cause en Parlement et devenir sénéchal. — Et de cet exploit, dit Jouvenel (p. 370), gens de bien furent eshahis comme on luy avoit souffert, yen que autresfois les empereurs ont voulu maintenir droit de souveraineté au royaume de France contre raison. Car le Roy est empeeur en ce royaume, et ne le tient que de Dieu et de l'épée seulement, et non d'autre. Cf. Religieux, t. V, p. 749, et Monstrelet, t. III, p. 137-38 et note. — Ce Guillaume Seignet, objet de la faveur de l'empereur, était un conseiller du roi de Sicile (Religieux, IV, p. 213).
[60] Sigismond, comme le raconte Jouvenel, eut en volonté de voir des dames et damoiselles de Paris et des bourgeoises, et de les festoyer. A peine arrivé, il en fit venir environ cent vingt au Louvre et leur donna un grand repas, suivi de danses et de chants ; au départ, chacune reçut un anneau ou verge d'or, qui n'estoit pas de grand prix, mais de peu de valeur. Cf. Religieux, t. V, p. 746, et Journal d'un bourgeois de Paris, p. 69. Sigismond, remarque l'historien allemand Prier, avait toutes les bonnes et mauvaises qualités de son frère Wenceslas ; il n'en différait que par un point : il avait plus de penchant pour les femmes que pour le vin. Hist. d'Allemagne, t. VI, p. 58, éd. française.
[61] Ignominiose captivitalis lilia. Religieux de Saint-Denis, t. V, p. 746. — Et sembloit, dit Jouvenel, qu'il avoit grant desir de trouver accord ou expedient entre les rois de France et d'Angleterre (p. 329).
[62] Disant par plusieurs fois à plusieurs notables personnes, prelats, barons et autres qu'il fesoit paix entre le Roy et ses adversaires d'Angleterre sans coustement ou dommaige pour le Roy. Réponse du 16 mars, déjà citée, Preuves des libertés de l'Église gallicane, t. I, p. 129.
[63] L'empereur quitta Paris le 8 avril ; il était le 29 à Douvres et le 7 mai à Londres. L'archevêque de Reims, Regnault de Chartres, était le chef de l'ambassade ; le sauf-conduit qui lui fut délivré est daté du 26 avril (Rymer, t. IV, part. II, p. 158). Il avait pour collègues le sire de Gaucourt, prisonnier en Angleterre depuis la prise d'Harfleur, et plusieurs autres (Monstrelet, t. III, p. 136 et 146, et Religieux, t. VI, p. 20).
[64] On consultera avec grand profit, sur ce curieux épisode diplomatique, deux travaux allemands récents : Kœnig Sigismund und Heinrich der fünfte von England, par le Dr Max Lenz (Berlin, 1874, in-8° de 216 p.) ; Das Bundniss von Canterbury, par J. Caro (Gotha, 1880, in-8° de 120p.). M. Caro a en outre donné, dans le t. LIX de Archiv fur Œsterreichische Geschichte, sous ce titre : Aus der Kanslei Kaiser Sigismunds, d'importants documents, dont plusieurs se rapportent à ces négociations.
[65] Le 2 juin, l'empereur, écrivant de Westminster au Concile de Constance, exprimait l'espoir d'arriver à une heureuse et prompte conclusion. Spicilegium ecclesiasticum, dans Teutschen Reicha-Archiv, t. I, p. 225-26.
[66] Religieux de Saint-Denis, t. VI, p. 18-22 ; Archiv fur Œsterreichische Geschichte, l. c., p. 99.— Nicolas de Gara était accompagné de Bruno della Scala, de Berthold Orsini et de Gian Carlo Visconti. Nous avons trouvé une lettre (sans date) de ce dernier, qui fut écrite pendant cette ambassade. On la trouvera aux Pièces justificatives. — Regnault de Chartres et Gaucourt revinrent en France avec l'ambassade : leur sauf-conduit est du 10 juin. Voir Rymer, t. IV, part. III, p. 170, et Archiv, p. 107.
[67] Religieux, t. VI, p. 22 et s.
[68] Lettre du 7 juillet 1416. Archiv, p. 101.
[69] Leurs pouvoirs sont du 28 juin. Rymer, t. IV, part. II, p. 166-67.
[70] Voir l'historique des négociations, fait par la chancellerie anglaise, dans un projet de lettre rédigé en mai 1419 pour être soumis aux ambassadeurs de Charles VI (Lettres des Rois, etc., t. II, p. 362), et un autre exposé fait un peu plus tard, après la prise de Pontoise (Rymer, t. IV, part. III, p. 129-30).
[71] Religieux, t. VI, p. 26.
[72] Voir à ce sujet Aschbach, Geschichte Kaiser Sigmund's, t. II, p. 164 et s. ; Lenz, Kœnig Sigismund und Henrich V, p. 102-104 ; Caro, Der Bundniss von Canterbury, p. 57.
[73] Après sa victoire de Valmont, le connétable d'Armagnac, rappelé à Paris par la conspiration d'Orgemont, avait conclu une trêve du 5 mai au 2 juin. Voir Monstrelet, t. III, p. 141.
[74] Voir Monstrelet, t. III, p. 147 et 162 ; Religieux de Saint-Denis, t. V, p. 760, et t. VI, p. 10 et s. ; Jouvenel, p. 334 ; Berry, p. 432, etc. Cf. les détails très précis donnés par Lenz, l. c., p. 94 et s.
[75] Dès le 2 août, l'archevêque de Westminster avait prescrit des prières publiques pour l'empereur, qui, disait-il, ad Sanctæ matris Ecclesiæ unionem paceinque inter reges et principes procurandam extra natale solum a diu positus ferventissime laboravit et laborare non desivit adhuc usque. Rymer, t. IV, part. II, p. 169.
[76] .... Tanquam discordiæ amator et scimatis antiquii alumpnus, detractavit pacem acceptare, quam inquirere se asserebat, ut machinatione pestifera pacificum statum et coadunationem ecclesiasticum disturbaret. Rymer, t. IV, part. II, p. 17.
[77] Idem ipse rex Francorum et cœteri principes suæ prosapiæ, ambitionis et cupiditatis oculos et manus rapaces in messem alienam mittentes, plurima bona et terras, ac jura, ad nos et sacrum Romanum imperium de jure pertinentes et pertinentia, propria auctoritate pro se à dudum usurparunt et detinent occupata... Rymer, t. IV, part. II, p. 171.
[78] Le texte du traité est dans Rymer, t. IV, part. II, p. 171 ; cf. Religieux, t. VI, p. 36. — Ce qui se passa entre Sigismond et Henri fut tenu très secret : Modicum tamen in palam actum est, dit Gilles de Roye (Chroniques belges, t. I, p. 170). Mais le fait n'en était pas moins patent, et il excita une vive indignation. Jean de Montreuil s'en fit l'écho dans une curieuse lettre, publiée dans l'Amplissima Collectio, t. II, col. 1443 et suivantes.
[79] Voir, sur cet événement, le récit de l'historien allemand Pauli, Geschichte von England, t. V, p. 135 (Gotha, 1858). Certains historiens donnent la date du 14 août.
[80] Sigismond s'était toujours montré favorable au parti orléanais, et par un traité en date du 12 septembre 1413, il s'était engagé à seconder le duc d'Orléans contre le duc de Bourgogne (Archives, K 57, n° 36). A Constance, l'empereur avait eu plus d'une fois 4'se plaindre de celui-ci, et il l'avait vivement combattu dans l'affaire de Jean Petit. Histoire de l'église gallicane, 4e éd., t. XX, p. 13 et suivantes. — Dès le mois de juillet 1416, un ambassadeur de l'empereur était venu vers le duc, en compagnie du comte de Warwick. Collection de Bourgogne, vol. 100, p. 150-51.
[81]
Traité d'alliance et d'amitié conclu à Londres le 10 mai 1416, entre Henri V et
Théodoric, archevêque-électeur de Cologne, qui devient l'homme lige du roi
d'Angleterre, et s'oblige à le secourir avec deux cents hommes d'armes toutes fois
qu'il en sera requis ; l'électeur reçoit une pension de mille nobles
d'Angleterre. Rymer, t. IV,
part. II, p. 159.
[82] Thomæ Walsingham, quondam monachi S. Albani, Historia anglicana. Éd. de H.-Th. Riley (1864), t. II, p. 317.
[83] Sauf-conduits du 14 août pour les ambassadeurs de France ; pouvoirs du 31 pour traiter avec eux ; pouvoirs de Charles VI à ses envoyés en date du 28 août. Rymer, t. IV, part. II, p. 171, 174, 178.
[84]
Voir Liber metricus d'Elmham, p. 141-42, et Gesta Henrici quinti,
éd. par Benj. Williams, p. 93.
[85] Archiv für Œsterreichische
Geschichte, vol. LIX, p. 109-127.
[86] Archiv für Œsterreichische Geschichte, vol. LIX, p. 123 et 125.
[87] Voir ci-dessus, chapitre V.
[88] Monstrelet, t. III, p. 163.
[89] Parentes mei sunt in Francia, in Anglia sunt amici. Lettre citée de Jean de Montreuil, col. 1449. Cf. Religieux, t. VI, p. 56. — La conduite de Sigismond a été qualifiée comme elle méritait de l'être dans la réponse, déjà citée, faite par le Conseil au cardinal de Fiesque, envoyé du Pape, le 16 mars 1418 : Neantmoins iceluy Roy des Romains, si tost qu'il s'est party de l'hostel de France, après les honneurs et courtoisies à luy faix, quant qu'il vouloit aler en Angleterre traiter de la paix, en venant contre son serment, loyauté et alliances devant dictes, et le droit de nature, consideré le lignage et mort de son dit ayeul dessusdis, s'est puis nagueres transporté au pays d'Angleterre, et en demonstrant clerement la trayson et mauvaise voulenté par luy pourpensez contre le Roy, s'est alié, joinct et uny avec ledit adversaire d'Angleterre, et en faveur, d'iceluy, sans quelque cause, a fait defier en son nom le Roy, qui oncques ne lui mefist. Preuves des libertés de l'Église gallicane, t. I, p. 129.
[90] Lettre de Jean de Montreuil, col. 1451.
[91] Sauf-conduits des 6, 9 et 14 septembre, valables jusqu'au 21 septembre ; pouvoirs de Henri V du 9 septembre et du 1er octobre. Rymer, t. IV, part. II, p. 174-75.
[92]
Cette trêve ne comprenait que la contrée entre la Somme et la mer, et le
littoral depuis Marck jusqu'à la Norvège. Rymer, t. IV, part. II, p. 179.
[93] Religieux, t. V, p. 748, et t. VI, p. 12 et 34. — On lit dans une lettre de John Forester, orateur de Henri V, datée de Constance le 2 février 1417 : Also as hyt is seyt (said) opynly that the forsayde Fronche King hath I sent to the Cite of Gene and Provynce a gret soume of golde to wagegte schypis and Galeys ent to destruye zour ordinaunce and zour neveye on Ingeland. Rymer, t. IV, part. II, p. 193. — En août 1417, nous trouvons des arbalétriers génois au service de la France. Pièces originales, 115 : ASTE.
[94] 2 décembre 1416. Pouvoirs aux évêques de Bath, de Salisbury et de Coventry, à John Typtoft, à Hertonik van Clux et à Ph. Morgan de traiter avec Alphonse, roi d'Aragon (Rymer, t. IV, part. II, p. 183). — Même date. Pouvoirs aux mêmes pour traiter avec les princes allemands (p. 184). — Même date. Pouvoirs aux mêmes pour traiter avec la Hanse teutonique (p. 185). — Même date. Pouvoirs aux mêmes pour traiter avec les Génois (p. 185). — 15 décembre 1416. Instructions donnés à John Seynt-John, à John Stokes et à John Hull, envoyés au roi de Castille (p. 187). — 26 juin 1417. Pouvoirs donnés aux mêmes ambassadeurs (p. 191). Cf. sur cette ambassade, Proceedings and ordinances, t. II, p. 205-206. Les ambassadeurs furent pendant quatre-vingt-onze jouis occupés à cette négociation.
[95] Voir dans Rymer (l. c., p. 186-87) et dans Proceedings (t. II, p. 221), les pièces relatives à une négociation entamée en décembre 1416 pour le retour en Écosse du roi Jacques.
[96] Rymer, t. IV, part. II, p. 189.
[97] Rymer, t. IV, part. II, p. 189.
[98] Voir le langage que lui prête Henri V, dans une note secrète destinée à être communiquée à l'empereur.
[99] Johannes Tiptoft, chivaler, qui... in comitiva serenissimi et excellentissimi principis fratres Regis præcarissimi Romanorum regis semper Augusti, circa quædam negotia Regis et statum regni sue Angliæ concernentia, in partibus transmarinis moraturus, habet literas Regis de protectione, per unum annum duraturas. 1er septembre 1416. Rymer, t. IV, part. II, p. 174.
[100] Rymer, t. IV, part. II, p. 190. Cf. le savant mémoire de Huillard-Bréholles : La Rançon du duc de Bourbon Jean Ier, Paris, 1869, p. 8-10.
[101] Voir le pouvoir délivré par Henri V, en date du 12 mars 1417 (Rymer, l. c., p. 194). — Il existe aussi un sauf-conduit, délivré le 3 avril, à l'archevêque de Reims, Guillaume Seignet et Gautier Col, pour se rendre de Dieppe à Calais (p. 197). — Le Dauphin Jean mourut le 5 avril. — Le 24 avril, Henri donnait pouvoir pour traiter de trêves avec le duc de Bourgogne (p. 197), et par un traité signé à Calais le 8 mai, le comté de Boulogne fut compris dans les trêves conclues jusqu'à la Saint-Michel de l'année 1417. Ce traité fut confirmé par Henri V le 14 mai. — Le 18 mai, le roi d'Angleterre donnait pouvoir pour prolonger les trêves spéciales à la Flandre.
[102] Rymer, t. IV, part. III, p. 12.
[103] Non obstante quod guerræ inter serenissimos principes et dominos reges Franciæ et Angliæ nunc inchoate sint et vigeant, lit-on dans le traité signé à Londres le 31 juillet et prolongeant la trêve jusqu'à Pâques 1419. Rymer, t. IV, part. III, p. 10.
[104] Idem Johannes Burgundiæ, tanquam fidelis bonus et prudens noster VASSALUS et consanguineus dilectus, benevole inclinatus et consentiens...
[105] Ce traité, signé à Constance le 29 avril 1417, se trouve en copie moderne dans le ms. fr. 4628, f. 495 ; il est en original aux Archives de la Côte-d'Or, B 11932, où se trouve également une copie de copie, offrant une traduction française du temps.
[106] Ordonnances, t. X, p. 414.
[107] C'est la remarque de son historien Ascbbach : Es war ein Hauptfehler in Sigmund's character Vieles zu unternehmen, daher konnte es salten etwas zu Ende führen. Geschichte Kaiser Sigmund's, t. II, p. 155.
[108] Le 18 septembre 1417, Sigismond annonce l'envoi d'une ambassade au roi d'Angleterre (Rymer, t. IV, part. III, p. 16). Le 30 septembre, Henri V écrit à Sigismond et lui envoie mu ambassadeur (Archiv, l. c., p. 139). L'empereur répond en décembre (id.).
[109] Le 5 juillet 1417, le duc de Bourgogne reçut à Ypres un chevalier et un docteur envoyés par l'empereur (Gachard, p. 236). — Il nous parait douteux, malgré le témoignage de Monstrelet, que l'empereur se soit trouvé à Montbéliard avec le 'duc de Bourgogne à la fin de mai 1418. Sigismond parait avoir été, vers le 18, à Bâle, où il s'attendait à trouver le duc de Bourgogne, le duc de Savoie et d'autres princes, qui n'y vinrent pas ; mais il ne quitta Constance que le 21 mai. On pourrait placer le voyage de Montbéliard entre le 21 et le 29, jour où le duc de Bourgogne quitta celle ville ; mais il n'avait pas dépassé Bâle le 30, d'après son historien Aschbach, et nous voyons que le 26 une ambassade allemande était près du duc (Gachard, p. 238). D'ailleurs le traité du 12 mai, entre l'empereur et le duc Frédéric d'Autriche, avait donné satisfaction aux lieras de Catherine de Bourgogne, que le duc voulait sauvegarder.
[110] On lit dans une lettre au roi d'Angleterre en date du 4 août 1417 : Id tamen firmo et inalterabili intendimus proposito et intencione stabili linnavimus et verbo regio promittimus et pollicemur expresse quod primo die seu kalendas proxime affuturi meusis maii pro recuperatione jurium alterutriusque nostrum, cessantibus excusationibus, allegationibus et subterfugiis doloque et fraude quibusvis, nisi legitimo impedimento utpote gravi mole infirmitans et indisposicionis corporee, quod divisa clemencia averlat, tunc detenti fuerimus et prepediti, in nomine Domini exercituum in fronteriis seu futibus regni Francie, et subsequanter de eisdem fronteriis in vestre regie fraternitatis succursum et presenciam in Franciam cum copiosa gencium armatarum multitudine personaliter constituemus. Archiv für Œsterreichische Geschichte, 1880 (vol. LIX), p. 129-130. Un nouveau traité, auquel il est fait allusion dans cette lettre, avait été conclu à Luxembourg entre l'empereur et le roi d'Angleterre. Par une autre lettre, en date du 16 août, l'empereur renouvela ses engagements dans les termes les plus solennels (p. 132).
[111] Voir Religieux, t. VI, p. 56. L'empereur ne fut pas heureux dans cette tentative : les Génois lui répondirent par un refus énergique.
[112] Sigismond convoqua à Constance, pour Pâques 1418, et ensuite pour la Pentecôte (15 mai), les prélats du Dauphiné, afin de lui faire hommage. Chorier, Hist. du Dauphin, t. II, p. 413.
[113] Archiv, l. c., p. 133.
[114] Ils ne prirent fin que le 12 mai 1418, par un traité signé à Constance. Voir sur ces démêlés Aschbach, l. c., p. 341-50, et Muller, Histoire de la Confédération suisse, t. IV, p. 264 et suivantes.
[115] C'est la remarque que fait la Chronique antonine (f. 236) : Et ce pendant le duc de Bourgongne menoit sa guerre vers Paris, comme s'il tenoit le parti dudit Roy Henry. Cf. ci-dessus, chapitre V.
[116] Apud castrum regis de Cadomo, in ducatu regis prædicto. Rymer, t. IV, part. III, p. 17.
[117] Pro tranquillitate et commuai bono totius Cristianitatis, ut asserit. Rymer, t. IV, part. III, p. 17.
[118] Au château de Caen, 1er octobre. Rymer, t. IV, part. III, p. 17 et 18.
[119] Un nouveau sauf-conduit fut délivré à Alençon le 22 octobre, valable jusqu'à la Saint-André (Rymer, t. IV, part. III, p. 21).
[120] Ce sont les mêmes que ceux dont les noms se trouvent dans le sauf-conduit ; seulement Jean Louvet est ici remplacé par Guillaume de Meulhon. Rymer, t. IV, part. III, p. 18.
[121] Lettres de Charles VI, autorisant à conclure une trêve qui ne, devait point dépasser le 30 septembre 1418. Fontanieu, 109-110.
[122] Voir plus haut, chapitre IV.
[123] 13 avril 1417, à Windsor : sauf-conduit délivré par le roi d'Angleterre au duc de Bretagne, pour se rendre prés de lui. Rymer, t. IV, part. II, p. 197.
[124] Sauf-conduit, valable jusqu'au 16 septembre, délivré le 18 octobre ; autre sauf-conduit valable jusqu'au 1er décembre, délivré le 27 octobre. Rymer, t. IV, part. III, p. 90 et 21.
[125] Rymer, t. IV, part. III, p. 23 et 24. — Une trêve de dix ans avait pourtant été conclue, à la date du 3 janvier 1414, entre le duc de Bretagne et Henri V (ib., part. II, p. 57).
[126] La Fayette y était à la date du sauf-conduit du 22 octobre ; tous deux s'y trouvaient encore à la date de celui du 10 novembre. Rymer, t. IV, part. III, p. 21 et 23.
[127] Les ambassadeurs eurent là, par des Normands qui s'étaient ralliés à Henri V, des renseignements précis sur les alliances et promesses qui estoient entre luy et le duc de Bourgogne. Jouvenel, p. 359.
[128] In foresta quadam quasi via media inter villam et castrum de Touke et Hunflew, dit Elmham (Vita Henrici Quinti, p. 126). — Barneville (la-Bertran) est une petite commune, située à 5 kil. (à l'ouest) de Honfleur, qui compte aujourd'hui 230 habitants.
[129] Protocole de la conférence de Barneville. Rymer, l. c., p. 25-26.
[130] Asserentes se propter potentiam et per horrescentiam ducis Burgundias in eorum itinere existentis tute ad locum tractatus venire non posse. Rymer, l. c.
[131] Un nouveau pouvoir avait été délivré par Henri V, en date du 18 novembre. Lechaudé d'Anisy, Rôles normands, p. 235.
[132] Jouvenel, p. 339.
[133] Le protocole donné par Rymer s'arrête brusquement après la reproduction des pouvoirs de Charles VI, et l'on y a ajouté un pouvoir de Henri V qui ne se rapporte point à cette négociation, et qui est du 24 octobre de la 7e année du règne, c'est-à-dire de 1419. Nous n'avons, pour nous renseigner d'une façon un peu précise sur l'issue de la conférence, que ce passage d'un historique, rédigé en août 1419, qui parait se rapporter aux conférences de Barneville. In quo revera tractatu in aliud pacis medium nolebat pars adversa declinare, nisi quod rex prædictus dimissis adversario suo prædicto omnibus in ducatu Normanniæ conquœsitis, contentaretur cœteris terris ab ipsa parte sibi oblatis ; quas teneret ab adversario prudicto tanquam Domino suo ligeo et supremo. Rymer, t. IV, part. III, p. 130.
[134] Sauf-conduit du 22 novembre pour des envoyés de la Reine de Sicile et de Louis son fils, valable jusqu'au 29 septembre 1418. Rymer, t. IV, part. III, p. 25. — Sauf-conduit pour des envoyés du duc de Bretagne. Même date, même durée, id., ibid. — Dès 1416, Yolande avait envoyé un de ses secrétaires à Henri V pendant qu'il se trouvait à Calais (ibid., part. II, p. 180).
[135] Ce sauf-conduit, indiqué dans Lechaudé d'Anisy, p. 249, était valable jusqu'au 1er janvier 1418.
[136] Sauf-conduit du 23 décembre. Rymer, t. IV, part. III, p. 33. — Voir sur ces incidents l'historique cité : id., p. 130.
[137] Voir Aschbach, t. II, p. 153-54.
[138] C'étaient Odon de Tournon, seigneur de Beauchastel et Guichard de Margé ou Marsy. — Mémoire publié dans Guichenon, Histoire généalogique de la maison de Savoie, t. II, p. 255.
[139] Mémoire cité.
[140] Voir chapitre IV.
[141] Voir l'Histoire de l'Église gallicane, t. XX, où le P. Berthier a fort bien résumé toute cette controverse, et l'Histoire du Concile de Constance, de Lenfant.
[142] Extrait des Registres du Parlement, dans les Preuves des libertés de l'Église gallicane, t. I, p. 126.
[143] La situation des ambassadeurs français au concile était telle, en effet, qu'ils purent craindre, à un moment donné, de se voir l'objet des rancunes des Bourguignons. Après le concile, Gerson n'osa pas revenir en France et se retira en Bavière, d'où il se rendit à Lyon un peu plus tard. Hist. de l'Église gallicane, t. XX, p. 125. Cf. Œuvres de Gerson, t. I, p. 457.
[144] Preuves des libertés, p. 128-131.
[145] Le texte est dans Raynaldi, année 1418, § XXIV des Annales.
[146] Ms. fr. 2707, f. 122. On a aussi des lettres du 15 des calendes d'avril (18 mars) au duc de Bourgogne et aux princes chrétiens (id., f. 123).
[147] Archives, X1a 8604, f. 23 v° (en copie du temps), et Brienne, 5, f. 40 (en copie moderne).
[148] Registres du Parlement, l. c., p. 136.
[149] 18 mars (XV Kal. apr.). Pouvoir du Pape à ses légats les cardinaux des Ursins et de Saint-Marc. Rymer, t. IV, part. III, p. 41. Cf. Regeste de Martin V : Archives, LL4a, f 57.
[150] Voir une lettre du 3 avril, adressée aux deux légats, relativement à l'attitude de l'empereur, qui se préparait à défier le roi de France. Rymer, t. IV, part. III, p. 45.
[151] Le 15 mars, Martin V écrivait au duc de Clarence, frère du roi, pour lui annoncer l'envoi de ses légats et l'exhorter à travailler à la paix (Rymer, p. 48) ; le 17, veille du jour où il signait ses pouvoirs, il s'adressait à Henri V (Rymer, p. 41).
[152] Voir Histoire de l'Église gallicane, t. XX, p. 61.
[153] ..... Audit cardinal de Saint-March, lequel il (le duc) savoit avoir esté et estre son adversaire et mortel anemy, et qui l'avoit grevé en toutes places et manières qu'il avoit peu. Chronique anonyme, dans Monstrelet, t. VI, p. 251-52.
[154] Lettre des cardinaux à Henri V, datée de Troyes, le 24 avril ; sauf-conduit du 14 mai, valable pour six mois, donné par le roi d'Angleterre. Rymer, t. IV, part. III, p. 49 et 52.
[155] Voir ci-dessus, au chapitre IV, ce que nous avons dit des négociations de septembre 1418 entre le Dauphin et la Cour.
[156] Le 24 juin, le cardinal des Ursins était à Louviers près de Henri V, qui ce jour-là délivra à sa demande des lettres en faveur du cardinal de Saint-Marc. Rymer, t. IV, part. III, p. 57. Cf. lettre de Henri V à la commune de Londres, en date du 21 juillet, dans Delpit, Collection générale de Documents français, etc., p. 222.
[157] Certificavit eos intractabiles reperisse, dit le Religieux, t. VI, p. 250.
[158] Ordre de paiement du Dauphin en date du 18 septembre. Clairambault, vol. 27, p. 2001.
[159] Sauf-conduit de Henri V pour Guillaume des Baus, en date du 3 octobre. Rymer, t. IV, part. III, p. 66.
[160] Il est à remarquer que, dans les lettres de sauf-conduit données le 14 octobre, Henri V, après avoir nommé les ambassadeurs que le Dauphin avait désignés, à savoir les archevêques de Tours et de Sens, le comte de Tonnerre, Rochefort, Torsay, Braquemont, Barbazan, Beauvau, Louvet, Vaily et Villebresme, n'accorde le sauf-conduit qu'à six d'entre eux : un archevêque, un comte, deux chevaliers, un clerc et un secrétaire (Lettres des Rois, etc., t. II, p. 348). Ce sont eux que nous retrouverons tout à l'heure à Alençon. — Le même jour un sauf-conduit fut délivré à l'archevêque de Reims, le négociateur de mai 1416 et de novembre 1417, qui pourtant ne devait pas prendre part aux conférences d'Alençon. Notons que d'autres sauf-conduits furent délivrés à l'évêque d'Évreux, à Henri de Chaumont, archidiacre d'Évreux, et à un secrétaire de la Reine de Sicile, Guiot de Pressy (Rymer, t. IV, part. III, p. 66 et 67).
[161] Rymer, t. IV, part. III, p. 67 et 68.
[162] Nous trouvons dans les Proceedings and ordinances of the privy council of England (t. II, p. 350), un curieux mémoire intitulé : The causes why that the king disposeth hym to trete with the Dauphin ayeinst the Duc of Bourgogne been theese that foloweth. — Ce mémoire se trouve à la Bibliothèque nationale dans la collection Bréquigny, vol. 80, f. 58. Il est cité par Thomas Goodwin dans son History of Henry the fifth (London, 1704, in-fol., p. 193-194), ouvrage qui, disons-le en passant, ne se trouve pas à la Bibliothèque nationale.
[163]
Esquelles (alliances et promesses) toutesfois il (le roi d'Angleterre)
ne se fioit pas trop, et il luy sembloit que son alliance n'estoit pas seure,
veu les manières qu'il tenoit contre le Roy son souverain seigneur. Jouvenel, p.,339.
[164] C'était la conviction des Anglais
que le Dauphin tendait à ce but : And it is to wite
that the thing that causeth the Dauphin oon most to falle to suche tretee is to
have help of the king ayenst the Duc of Bourgne, the which Duc bath in
lis gouvernante the king's adversaire and also his wyf and thaire doghter K.,
and is in Paris withowle any grete power of men of armes (p. 352).
[165] Also it is
to considere that in substance there is no man of astate commen ynto the king's
obeissance and b..... right
fewe gentelmen, the whiche is a thing that causeth the peuple to be ful
unstable and is no wonder (p. 351).
[166] It is
thoght that though the Dauphins partie wolde entre that tretee, it schuld not
be admetted finally but..... thai
wolke any thing prefere for pees..... and so by
alle the beste weyes that may be thought to bring yn the mater of a long treve
with whiche trewe shulde be stikked on the foloweth (p. 352-53).
[167] And it is
thoght that sith as much as the seurele of the Dauphin may not be of gret
effect finally til the Dauphin have bis fader out of the Dukes band (p. 353).
[168] First that the king is not lik to have any trete with that partie on lasse (unless) thanne he wol helpe hem ayeinst the fors [aid] Duc... (p. 350).
[169] Ailleurs on prévoyait le cas où le Dauphin demanderait un secours de trois, quatre ou cinq cents hommes d'armes pour un temps déterminé, et où le Roi d'Angleterre ne marcherait pas en personne contre le duc (voir p. 356).
[170] The king
setting Normandy in resonnable keping shulde drawe hym with bis power to suche
place as the duc were. And is supposed that the duc, wittyng the accord betwen
the king and the Dauphin, shal not dar abide in Paris, and the peuple of Paris
wol in nu wyse suffire hym to have ont the adversaire thai knowing the forsaid
accord betwen the king and the Dauphin, wherby the Dauphin withoute difliculte
may have his entent of Paris and his fader, moder and suster there ynne (p. 303).
[171] And yenne the accord that shal be now maad betwen the king and the Dauphin may be of neuve maad or confirmed alter as it is thought for the best (p. 303). — Une nouvelle ratification devait étre donnée par le Dauphin à la mort de son père (p. 35).
[172] And that
socour and helpe soo doon by the king to Hie Dauphin it semeth should suffice
at the kings cost. And if the Dauphin wolde have any more help of the kings
sougetts to serve the Dauphin at the Dauphins cost (id.).
[173] And if the king shulde make any ferther werre (war) to the duc as it is supposed that the Dauphin wol desiro, that thenne the king to make werre to the duc alwey in luis owen querell and for to have Flaundres for his labour and costage and for the good of rest and pees betwen hym and his adversarie, the king halding that as he dooth Normandy, etc. And that the Dauphin and al that part shal delivre to the king or to his (sic) alle the townes, castelles or forteresses that thai geten, if thai any wynne, without difficultee (id). — On avait pourtant, à l'égard du duc et de la conquête de la Flandre, quelques scrupules, et on se demandait ce que le roi ferait au cas où, pour prévenir le coup, le duc se déclarerait son homme-lige : voir p. 384.
[174] Le protocole de la conférence est dans Rymer, t. IV, part. III, p. 70.
[175] Par lettres du 2 novembre, le Dauphin ordonne de payer 300 livres à l'archevêque et autant à Braquemont. Clairambault, vol. 21, p. 6395, et 81, p. 1481.
[176] Magnas altercationes (p. 70).
[177] Voir l'article de M. Auguste Longnon, Les limites de la France, dans la Revue des questions historiques, t. XVIII, pages 497 et 541-44, et sa Carte du Royaume de France, jointe à la Jeanne d'Arc de M. Wallon éditée par la maison Didot.
[178] Illam reputabant ipsi omnino vacuam, inanem et quasi nullam (p. 71).
[179] Ils sont ainsi désignés dans le protocole : le seigneur de Séverac et Guitard. Le premier devait être Amaury, seigneur de Séverac, bientôt maréchal de France ; quant au second, c'était évidemment Guitard le Besordon, écuyer d'écurie du Dauphin, que nous avons vu plus haut figurer parmi les signataires du traité de Pouilly.
[180]
Voici quelles étaient ces combinaisons : 1° Tout ce qui fut cédé par le traité
de Brétigny, sauf les terres au nord de la Charente, l'Artois et la Flandre, moyennant
l'abandon des prétentions sur la Normandie ; — 2° Le duché de Guyenne, sauf ce
qui est au nord de la Charente, avec l'équivalent en Normandie, et en outre la
Flandre ; — 3° Le duché de Guyenne, dans les mêmes conditions, avec
compensation sur, la Somme, et les comtés d'Artois et de Flandre ; — 4° Le
duché de Guyenne, dans les mêmes conditions, avec tout ce qui a été conquis en
Normandie ; — 5° L'exécution pure et simple du traité de Brétigny. Rymer, p. 73.
[181] Whan thay have profred al that may be geten of hem. Instructions du 26 octobre. Rymer, l. c., p. 68.
[182] And whan thay have dryve thaim to the utmost profir that may be had of them in thes wise, tham be id axed of them how they mow make the king sure of suche a Pees. Instructions du 26 octobre. Rymer, l. c., p. 68.
[183] Christianissimam et piam intentionem. Protocole de la conférence, p. 74.
[184] Idemque princeps Christianissimus, super omnia abhorrens effusionem sanguinis christiani et diras guerras quæ multa et irreparabjlia mala inducunt. Protocole de la conférence, p. 74.
[185] Rymer, p. 75. — Il ne faut point oublier que Morgan, qui conduisit toute cette négociation, où l'on cherchait à faire acheter au Dauphin une assistance armée contre le duc de Bourgogne, avait été le grand artisan de l'alliance entre Henri V et Jean sans Peur.
[186] Elle était datée de son ost devant Sully, le 15 novembre.
[187] Rymer, t. IV, part. III, p. 76.
[188] Rymer, t. IV, part. III, p. 77.
[189] Voir lettre de Charles VI du 1er novembre. Rymer, t. IV, part. III, p. 69.
[190] Rymer, t. IV, part. III, p. 69.
[191] Rymer, t. IV, part. III, p. 78.
[192] Voir l'ouvrage déjà cité de lord Brougham.
[193] Religieux, t. VI, p. 314.
[194] Les mêmes difficultés qui s'étaient produites à Alençon se produisirent à Pont-de-l'Arche, et les exigences des Anglais ne furent pas moindres. Voir correspondance du cardinal des Ursins avec le roi d'Angleterre et avec les ambassadeurs de Charles VI, dans Rymer, p. 79-80, et l'historique qui se trouve à la p. 130 ; cf. Monstrelet, t. III, p. 295 ; Chron. anonyme, t. VI, p. 265. Nous ne voyons pas que, comme le prétend Rapin Thoyras, les conférences aient été rompues à l'occasion du différend sur la langue dont on devrait se servir officiellement, car, contrairement à ses assertions, les ambassadeurs adoptèrent le moyen terme proposé par le cardinal des Ursins.
[195] Il était en date du 1er janvier (Rymer, p. 81), et délivré à l'archevêque de Sens, Louis de Chalon, comte de Tonnerre, Jean de Vaily, Jean Tudert, Guillaume Seignet et Jean de Villebresme. — Le 26 décembre, le Dauphin avait fait faire des paiements à ses ambassadeurs (Clairambault, vol. 81, p. 6395, et 108, p. 8463).
[196] Pouvoirs de Henri V des 21 et 22 janvier (p. 84 et 85). Sauf-conduit du 31 janvier pour les ambassadeurs nommés ci-dessus, valable jusqu'au 15 février.
[197] 24 novembre 1418 : Pouvoirs de Henri V pour traiter de la paix avec Yolande (Rymer, p. 77). — 15 décembre : Sauf-conduit pour Guiot de Pressy, secrétaire de Yolande, p. 80).
[198] Sauf-conduit de Henri V, en date du 3 janvier, pour six ambassadeurs (Rymer, p. 81). Pierre de Brézé ne semble pas être venu à Rouen : le 26 janvier, un nouveau sauf-conduit fut donné à deux conseillers de la reine de Sicile ; c'étaient Tristan de La Jaille et Philippe de Coetquis. Le 15 février, Henri V commit Roland Leyntale pour les amener prés de lui (p. 92).
[199] Convention signée à Rouen, le 12 février, in ecclesia conventuali fratrum prœdicatorum Rothomagensi (p. 91). Le texte de cette convention était connu des Parisiens le 22 février. Registres du Parlement, dans Félibien, t. IV, p. 577.
[200] Voir les lettres de Henri V en date du 16 février, ordonnant à ses baillis et capitaines de publier la trêve (p 93).
[201] Rymer, t. IV, part. III, p. 139.
[202] Rymer, p. 91 Sur la conférence de Mantes, voyez Rymer, p. 105, et Lettres des Rois, t. II, p. 363.
[203] Rymer, p. 94, 95.
[204] La trêve, qui expirait le 25 décembre, fut renouvelée. Voir lettres du roi d'Angleterre, en date du 24 décembre 1418, dans Rymer, l. c., p. 81. Le 15 février 1419, Henri V faisait délivrer un sauf-conduit au comte d'Armagnac et au seigneur d'Albret, pour se rendre près de lui, et prolongeait jusqu'à Pâques la trêve conclue avec eux (id., p. 92 et 94).
[205] Voir Elmham, p. 206-207. — Dès le 12 janvier, il était question du voyage du duc (Rymer, p. 82). Le 12 février, Henri V donnait pour lui des lettres de sauf-conduit (id., p. 91). Le duc était encore à Dol le 23 février, et nous voyons qu'il était de retour le 28 mars (D. Morice, t. II, col. 978 et s.).
[206] Il avait été désigné par Charles VI, en date du 26 février, pour traiter avec le roi d'Angleterre, de concert avec divers ambassadeurs. Voir lettres de Charles VI du 28 mars, dans Rymer, p. 104.
[207] Jouvenel, p. 362.
[208] On voit par l'historique déjà cité (Lettres des Rois, t. II, p. 363-64), que les Anglais ne demandaient rien moins que tout ce que leur avait attribué le traité de Brétigny, plus le duché de Normandie en entier et toutes les récentes conquêtes ; c'est le 16 mars que cet ultimatum fut remis (lettres de Henri V, sans date ; ibid., p. 369).
[209] A Malo le héraut, envoyé vers le Dauphin à Montargis, quinze livres (D. Morice, t. II, col. 981) ; autre ambassade de Pierre Eder et Obvier de Champvallon, en quittant Rouen (id.) ; troisième ambassade, envoyée de Bayeux (id., col. 982).
[210] Lettres du 8 mars, dans Rymer, l. c., p. 97. — Le 9 mars, Henri V donnait pouvoir de délivrer des sauf-conduits aux gens du Dauphin (Id.).
[211] Ce sauf-conduit est délivré à Simon Vernis (p. 99) ; il faut sans doute lire Verjus. C'était le nom du premier queux (cuisinier) du Dauphin, Guillaume le Fèvre, dit Verjus.
[212] Ce traité se trouve dans Bréquigny, vol. 80, f. 81 ; il portait trêve du 19 mars 1419 à Noël suivant.
[213]
Licet prædictus rex ad civitatem Ebroicarum non
sine magnis laborum attediis (ut de sumptibus facemus) personaliter accedens
dictam conventionem in termino fuisset observare paratus, præfatus tamen
Delphinus (aliorum quorumdam, ut putatur, insalubri ductus consilio) ejusdem
conventionis observationi intendere non curavit. Exposé fait après
la prise de Pontoise. — Rymer, t. IV, part. III, p. 130. Cf. Elmham, Vita
Henrici quinti, p. 200-210.
[214] And made
the King a beau nient. L'éditeur met en note : This is in fact an italian phrase : he made the King a bello
niente. He made him a cypher, he stultified him. Sir Henri Ellis, Original
letters, second series, t. I, p. 77.
[215] More write y not at thys time ; bote y prey you ye prey for us that we may come sone, oute of thys unlusty soundyoucs lyf, yn to the lyf of Englond (p. 78). — Certes, disait-il encore, tous ces ambassadeurs sur lesquels nous traitons sont ycoengrue, c'est-à-dire, en vieux langage anglais, they ben double and fals (ils sont doubles et faux). Avec de telles sortes de gens, je prie Dieu qu'aucun homme loyal n'ait rien à voir.
[216] Les historiens, qui n'ont pas pris la peine de dépouiller attentivement le recueil de Rymer, ne se sont pas aperçu de ce fait capital. Il est consigné dans le pouvoir, en date du 28 mai, donné par Charles VI à ses ambassadeurs, d'abandonner toutes les choses desquelles concordé fu ou dit traictié de la paix finable faicte à Bretingny... avec toute la duchié de Normandie et toutes les terres, seigneuries, villes, chasteaulx et lieux qu'il tient de present on nostre royaume (Rymer, p. 105) ; et on a publié de nos jours (1847) le texte de la déclaration formelle qui fut faite dans ce sens à Mantes par les envoyés de Charles VI (Lettres des Rois, etc., t. II, p. 372-73, d'après Rymer, Suppl. à Henri V, t. III, n° 22, dans Bréquigny, vol. 80. Cf. l'historique fait en août 1419, dans Rymer, p. 130). Mais si l'on a pu négliger Rymer, il n'était point permis d'ignorer ce qu'on lit dans Jouvenel des Ursins, lequel rapporte en propres termes la teneur des instructions des ambassadeurs (p. 362).
[217] Rymer, t. IV, part. III, p. 102 et s.
[218] Quod etiam videtur expediens quod intersit illustris princeps duc Britanniæ. Rymer, p. 105. — Un sauf-conduit, valable jusqu'au 16 mai, fut délivré le 11 avril au duc de Bretagne. Rymer, l. c., p. 107.
[219] Ils y étaient le 11 avril (Gachard, p. 240 ; cf. Monstrelet, t. III, p. 313, et Chron. anonyme, t. VI, p. 267). Cette convention fut ratifiée par lettres de Charles VI, données à Provins le 18 avril (Rymer, p. 108-109), et par lettres de Henri V, données à Vernon le 22 avril. Le même jour, Henri donna des pouvoirs aux ambassadeurs qu'il envoyait à Charles VI (id., p. 109). — Le 6 mai, il donna d'autres pouvoirs pour proroger le jour de la convention, et le 8 mai un traité, signé également à Vernon, la fixa au 29 mai (p. 114-115). — Ce même jour, Henri V délivra de nouveaux pouvoirs à ses ambassadeurs (p. 115-116).
[220] Monseigneur le Regent de France et Daulphin, pour le bien de paix des deux royaumes et avoir amour et alliance avecques très hault et très puissant prince le Roy d'Angleterre, est prest de fère envers ledit très puissant prince des choses que il monstrera duement lui avoir esté passées et accordées par l'autre partie touchans les termes continues en le grant paix (sic) et du duchié de Normandie, tandis que le très hault et très puissant prince s'en tendra pour content, et que par ce ne demourra que lesdiz seigneurs n'aient bonne peax, amour et alliance ansemble. Rymer, Suppl. à Henri V, t. III, n° 51 dans Bréquigny, 80, f. 94, d'après Tiher. B. 6, f. 10 B. — On lit à la suite : Ista cedula fuit præsentata domino nostro Regi in castro suo de Vernon super Sayne per Guytardum scutiferum et quemdam clericum secretarium Dauphini, XII de maii.
[221] La reine de Sicile, après l'incident de l'entrevue Manquée du 26 mars, ne cessa pas ses rapports avec les Anglais. Nous voyons Henri V donner, le 10 avril, un sauf-conduit à deux envoyés de la reine Yolande (Rymer, p. 107) ; le 27 avril, il donnait pouvoir à Roland Leyntale et à Me Thomas Felde pour traiter de trêves avec ses envoyés (id., p. 111). Enfin, après l'issue des conférences de Meulan, le 2 juillet, un nouveau sauf-conduit fut donné à deux envoyés de la reine (p. 124).
[222] Rymer, t. IV, part. III, p. 119.
[223] Post cujus conventionis initia, singula a præfatis ambassiatoribus, ut præfertur, oblata, per prædictam serenissimam dominam et ducem, cum dicto rege convenientes, eorum propriæ vocis oraculo ratificata fuerunt, et per eosdem ultro prefato regi concessum et concordatum quod præmissa sihi sic, ut præmittitur, remansura, idem rex et hæredes sui in perpetuum tenerent non a Rege seu corona Franciæ vel a quoquam hominum, sed a solo Deo. Rymer, t. IV, part. III, p. 130.
[224] Propositions du roi d'Angleterre ; — Offres du gouvernement royal, avec les observations du roi d'Angleterre ; — Historique des négociations, fait par la chancellerie anglaise. Rymer, t. IV, part. III, p. 120-121 et 130-131.
[225] Historique des négociations, p. 130.
[226] Jouvenel, p. 366-68.
[227] Jouvenel, p. 366-68.
[228] Journal d'un bourgeois de Paris, p. 124.
[229] Nous n'ajoutons pas grande foi, après ce que nous révèlent les documents diplomatiques, au récit de Monstrelet (t. III, p. 321-22) et à l'altercation qui se serait produite entre le duc et le roi d'Angleterre. — Jean sans Peur, pendant la durée des conférences, traita avec Henri V de ses intérêts personnels, et l'on a quelques-uns des actes de cette négociation (Rymer, p. 122-23), qui se dénoua par la conclusion d'un traité signé à Gâtais le 14 juillet. D'ailleurs, l'attitude de Henri V à l'égard du duc, à la suite des conférences, la continuation des relations entre les deux princes indiquent qu'ils n'étaient rien moins que brouillés. Aussi bien, Jean sans Peur était un grand comédien : les paroles qu'on lui prête ont pu, malgré tout, être prononcées.
[230] Nous avons à ce sujet rayon d'Isabeau elle-même. Dans la lettre qu'elle adressa le 20 septembre 1419 au roi d'Angleterre, et qu'on a lu plus haut, elle constate que si elle et le duc avaient traité avec le roi d'Angleterre, tout le monde les aurait abandonnés.
[231] Voici ce qu'on lit à ce sujet dans
une lettre datée de Mantes, le 14 juillet, et signée R. PRIOUR : And whanne it (le
traité tel qu'il avait été accepté de part et d'autre) was broughte to the point for to
have ben engrossed, und fullyth to be maad an ende of, the saide frenssh partie
hath comen with diverses demandes and questions, in lettyng and taiygng of that
matere, so ferforthe that now at this tyme it is not knowen whethir we shall
have werre or pees.
Rymer, l. c., p. 126.