10 SEPTEMBRE 1419-22 MARS 1421 Attitude du Dauphin après le meurtre de Montereau : Ses lettres au nouveau duc. — Lettre de la reine Ysabeau au roi d'Angleterre. — Le Dauphin s'adresse en vain une dernière fuis aux Parisiens. — Son voyage triomphal dans le Midi, qui est entièrement soumis à son obéissance ; siège et prise de Nîmes et de Béziers. — Attentat du comte de Penthièvre contre le duc de Bretagne ; part de responsabilité du Dauphin et de son gouvernement dans cet événement. — A peine de retour, le Dauphin se remet en campagne ; la mort du comte de Vertus vient l'arrêter. — Le Dauphin à Mehun-sur-Yèvre ; ordonnance rendue en faveur du chancelier Le Maçon ; description du château de Mehun. Au lendemain du tragique événement de Montereau, une grave question se posait. La paix avait été solennellement jurée ; le serment de l'observer avait été prêté, non seulement par les deux parties, mais par les conseillers de chacun des princes, par les grands corps de l'État, et, dans tout le royaume, par les bonnes villes. La mort du duc Jean détruisait-elle l'effet du traité ? Allait-on demeurer fidèle aux engagements contractés ? Ou, au contraire, était-ce un nouveau serment de vengeance et de haine qui allait être prêté sur le cadavre de Jean sans Peur ? Personnellement, le Dauphin n'avait rien à se reprocher dans la catastrophe, accomplie d'une manière fortuite, et sans sa participation. Il crut qu'il pouvait se maintenir sûr le terrain où il s'était placé jusque-là, et dès le soir même, par les soins de son Conseil, un manifeste fut rédigé pour faire connaître au pays ses intentions. Il exposait que, par son consentement et sur son initiative[1], une paix avait été conclue et une abolition générale promulguée ; que, pour pourvoir aux affaires du Royaume, et résister aux Anglais, il s'était rendu de sa résidence du Berry à Montereau, où il avait séjourné dix-huit jours, attendant le duc de Bourgogne, qui devait se réunir à lui pour régler les points laissés en suspens ; que, dans l'entrevue, il lui avait d'abord remontré amiablement comment, malgré le traité signé entre eux, malgré l'engagement pris par le duc d'attaquer les Anglais dans le délai d'un mois (à partir du 11 juillet) et de faire évacuer ses garnisons, rien n'avait été fait ; que le duc lui avait alors répondu moult en oultrageuses paroles, et qu'en outre il avait tiré l'épée pour attenter à sa personne, voulant, comme on l'avait su plus tard, la mettre en sa subjection ; que le Dauphin, grâce à Dieu et au dévouement de ses serviteurs, avait été préservé, et que le duc, par son oultrage et entreprinse, était demeuré mort en la place ; que comme, en raison du cas advenu, on pouvait supposer que le Dauphin ne voulait pas maintenir la paix et abolition générale, il déclarait que son intention était de la maintenir, et promettait, en parole de fils de Roi, de l'observer entièrement[2]. Le même jour, et les jours suivants[3], des lettres missives furent adressées par le Dauphin au Parlement de Paris, à l'Université, aux prévôt des marchands, échevins, bourgeois et habitants de Paris, aux bonnes villes de son obéissance, pour leur faire connaître les faits et leur déclarer ses intentions[4]. Mais Charles ne se borna pas à ces démarches. Nous avons une lettre adressée par lui de Nemours, le 15 septembre, non plus aux bonnes villes ni aux corps constitués, mais au fils même de la victime, à Philippe, le nouveau duc de Bourgogne, qu'il avait connu enfant[5]. Il convient de donner ici ce curieux document, qui jette une vive lumière sur la situation : A nostre très chier et très amé frère le duc de Bourgongne, conte de Flandres, d'Artoys et de Bourgongne. DE PAR LE REGENT LE ROYAUME, DAULPHIN DE VIENNOIS, DUC DE BERRY, DE TOURAINE ET CONTE DE POICTOU. Très chier et très amie frère, pour ce que savons que bien desirez savoir à plain de nostre estai et sancté, nous vous certifiions que, à la façon de ces presentes, nous estions en bonne sancté de nostre personne, mercy Nostre Seigneur, qui le semblable vous vueille ottroier ; laquelle chose ouir de vous, ensemble de voz nouvelles en bien, nous sera singulière plaisance, toutes fois que escripre nous en vouldrez. Très chier et très amé frère, vous avez bien sceu comme nous tenons la paix qui a esté faicte et publiée en ce Royaume, par laquelle et par les amittiez et aliances contraictées entre nous et feu vostre père, nostre cousin, cui Dieu pardoint, devoit estre et demourer bonne union en ce Royaume, tant entre lui et nous comme entre les subgiez d'icellui. Et nous avoit promis vostre dit père de non avoir desoresmais aucunes parolles de traictié, aliance ou amittié avec l'adversaire d'Angleterre, ainçois renonçoit à ceuls que par avant y povoit avoir, jurant la foy de son corps que dedans uns moys après, il leur feroit ouverte guerre ; et par ainsi departismes d'ensemble, en bonne amour, et en accort de retourner à certain jour l'un avec l'autre, pour besoingner sus les affaires de ce Royaume, mésmement contre les ennemis. Mais pendant ledit temps, icenui nostre cousin, incontinent après, retourna à Pontoise, et canvinct avec ledit adversaire pour rejoindre et entretenir les traictiez qu'ils avoieint ensemble et qui à l'eure de son trespas encores duroient, s'alla et print nouveaux seremens des gens de Paris, à Saint-Denis et au Bois de Vincennes, en leur faisant promettre de non laissier entrer nous ne les nostres, à quelconques puissance ne en armes en ladicte ville, et fist empeschier les passages et ouverture des forteresses à çeuls que avyons envolez pour soy tirer en la frontière desdiz ennemis, sans leur faire aucune guerre comme promis avoit. Et neantmoins sommes retournés pour de rechief convenir avecques lui en la manière accordée, esperans que, en ladite convention, quant bien lui aurions remonstré comme ses dictes promesses il n'avoit pas entretenues, il feroit reparer ce que auroit esté fait au contraire, et s'aquicteroit loyaument au bien de ladicte paix et de ceste seigneurie. - Et combien que nous feussions advertis de plusieurs pars, ce que maintenant avons bien connu par l'effect et en sommes acertenez par gens qui bien ont sceu la conduicte de ceste chose, que il avoit conclus en son couraige et apoinctié et mis peine de induire plusieurs chevallieri, seigneurs et autres de ce Royaume, tant de nostre hostel que autres, que il avoit attrais à sa part, de prendre nostre personne pour en faire à son plaisir, neantmoins avons nous attendu sa venue dix-huit jours au lieu de Monstereau, et lui fait delivrer le chastel de ladicte ville, en nous deslojant, pensant que, quant il verrait nostre bonne entencion et que nous lui auryons remonstré ces choses, il se demouveroit de son propos, et continueroit en ladicte paix et amittié. Et ainsi le cuidasmes faire à l'eure que nous covenismes avec lui, et lui remonstramesamiablement, ainsi que il appartenoit, les faunes et choses devant dictes. Mais nous le trouvasmes en tel egreur que bien apparut qu'il avait en son cuer ladicte entencion de nous prendre. Et, pour la mettre à effect, tira le sire de Novailles, estant en sa compaignie, son espée, et lui s'efforça de attempter à nostre personne. Laquelle chose voyans, plusieurs noz serviteurs qui là estoient, advertis de sa dicte voulenté, et ayans en memoire les faiz passez advenus tant eu la personne de feux beaux oncles d'Orleans que autres, doubtans le semblable au regart de nous, s'esmeurent, en tant que noise se sourdi par entre noz gens et les siens. En laquelle noise et conflit il demoura mort sur la place, par son oultraige et de son entreprise. Et pour ce que bien savons que nature et la condition du cas, ainsi par son fait mesmes et par oultraige à lui advenu, vous induiront à estre de ce piteux, dolent et desplaisant, envoyons et escripvons prosentement devers vous, vous priant très acertes que, selon vostre bon sens et discreccion, vueillez vous donner en ce bon confort, et prendre en patience ledit cas ainsi advenu, sans en rien vous en esmouvoir pour quelzconques inductions qui vous soient faictes par plusieurs qui ont esté causes et induict vostre dit père de faire plusieurs choses dont tant de inconveniens sont advenus, et à lui finablement en est mal pris. Et quant à nous, nous vous amerons, chierirons, aiderons et conforterons comme nostre frère, non obstant les choses devant dictes et autres passées, et entretendrons envers vous ladicte paix, de point en point, et vers tous autres, icelle niesme paix et la generalle abolicion par nous acordée, et vous garderons vos droit et prerogatives, et pensés que en ce faisant nous delaissons et oublions plusieurs choses qui assez nous pourraient mouvoir et plusieurs autres semblablement, non sans cause, et ne peut pas entre sans grant desplaisance de nostre cuer l'entreprise ainsi faicte contre nostre personne, avec les autres choses passées par lesquelles vous povez savoir comme plusieurs du sang de Monseigneur, par le fait de vostre dit père, ont eu semblable douleur à la vostre ; laquelle leur a convenu prendre en gré, et après plusieurs essais de guerre, pertes et perilz, querir la paix, comme sur toutes ces choses avons plus à plain chargié nostre très chier et amé cousin le conte d'Aumalle parler à vous, et vous dire et declairer verité de ces choses, comme nous mesmes. Très chier et très amé frère, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Nemours[6], le XVe jour de septembre. CHARLES. ALAIN[7]. Le Dauphin écrivit dans les mêmes termes à sa sœur Michelle, femme du jeune duc. Dans sa lettre à Philippe, il annonçait, on l'a vu, l'envoi d'un ambassadeur : cet ambassadeur était Jean d'Harcourt, comte d'Aumale, le futur vainqueur de la Gravelle, celui qu'on surnomma le mal des Anglais, et qui périt glorieusement à la bataille de Verneuil, à l'âge de vingt-huit ans[8]. Le comte d'Aumale était porteur d'instructions étendues, dont l'original nous a été conservé[9], et qui contenaient un historique complet des négociations entre le Dauphin et le duc. Ainsi, par l'initiative du Dauphin, des pourparlers étaient entamés avec le nouveau duc de Bourgogne, et la déclaration qu'il lui faisait faire de vouloir tenir la pais jurée, promise et publiée ; et la garder vers mon dit seigneur son frère et les siens, et vers tous, et entretenir l'abolition generale par lui accordée par tout ce royaume[10], il l'avait immédiatement rendue publique, et envoyée dans tout le Royaume. Tandis que le Dauphin agissait de la sorte, que se passait-il dans les rangs du parti bourguignon ? Aussitôt après l'événement, le seigneur de Montagu, l'un des chevaliers désignés pour accompagner le feu duc, et qui, arrivé trop tard, était resté au dehors[11], fit partir[12] des messagers pour porter la nouvelle à la Reine à Troyes, à la duchesse de Bourgogne à Dijon, au comte de Charolais à Gand, au comte de Saint-Pol à Paris, enfin à plusieurs villes. La lettre adressée à la Reine portait que le duc, blessé grièvement, était prisonnier du Dauphin[13] ; les autres lettres annonçaient que le duc avait été traîtreusement assassiné. Puis, de concert avec Guy de la Trémoille, seigneur de Jonvelle, que Jean sans Peur avait préposé à la garde du château, Montagu s'occupa de faire disparaître les papiers qui pouvaient être compromettants pour son maître ; les deux chevaliers se firent apporter certain coffre plat dont le duc ne se séparait jamais, et qui contenait ses papiers les plus secrets : après l'avoir soigneusement visité, ils brûlèrent tout ce qu'il contenait, sauf cinq ou six pièces[14]. Pendant qu'à Troyes on Croyait encore le duc prisonnier et que des lettres partaient pour presser le comte, de Charolais et la duchesse de Bourgogne d'amener ou d'envoyer des secours armés au Roi et à la Reine, alors assez petitement accompagnez de chevalliers et escuiers [15], on apprenait à Paris la mort de Jean sans Peur. Une fureur vraiment diabolique[16] s'empara des Parisiens qui, oubliant leurs récents griefs, ne se souvinrent plus que de leur amour pour celui qu'ils avaient si longtemps idolâtré. On voulait égorger tous les partisans du Dauphin ; on vouait ceux qu'on appelait les assassins du duc au supplice du traître Judas et à la damnation éternelle[17]. Dès le lendemain 12 septembre, dans une assemblée tenue sous la présidence du comte de Saint-Pol, on jura de resister de corps et de toute puissance aux damnables propos et entreprinses des crimineurs sedicieux et infracteurs de la paix et union de ce Royaulme, conspirateurs, coupablés et consentans de la mort et homicide de feu le duc de Bourgongne, et poursuir de tout leur povoir la vengence et reparacion d'icelle, de vivre et mourir avec ledit de Saint-Pol en l'assistance et poursuite dessus dicte[18]. Copie de ce serment fut envoyée dans tout le Royaume. On commença aussitôt à sévir contre les Dauphinois : des femmes mêmes furent emprisonnées ; les exécutions judiciaires suivirent de près. L'autorité bourguignonne avait fait reprendre officiellement la croix de Saint-André et défendu aux gens de guerre, sous peine de mort, de suivre le parti du Dauphin : cinq arbalétriers espagnols ayant, peu de temps après, enfreint cette défense, furent exécutés à Saint-Denis[19]. On fit plus ; on décida qu'il fallait traiter avec les Anglais : c'était, disait-on, le seul moyen de résister à la puissance du Dauphin et de venger le meurtre du duc Jean. Le maréchal de Chastellux et le sire de Toulongeon partirent pour faire des ouvertures au roi d'Angleterre, qui envoya aussitôt (vers le 27 septembre) le comte de Warwick à Paris, avec mission d'assurer les Parisiens de ses bonnes dispositions[20]. L'initiative prise à Paris avait-elle été combinée avec le Conseil, dirigé par la Reine, qui siégeait à Troyes ? Il y a lieu de le croire, car, dès le 20 septembre, Isabeau adressait au roi d'Angleterre la lettre suivante, trop curieuse et trop significative pour ne pas être placée en entier sous les yeux du lecteur. A TRÈS HAULT ET PUISSANT PRINCE NOSTRE COUSIN HENRRY, PAR LA GRÂCE DE DIEU ROY D'ANGLETERRE, YSABEL, PAR ICELLE MEISME GRÂCE, ROYNE DE FRANCE, PAIX ET AFFECTION DE PARFAITE CONCORDE ET UNION. Très hault et excellent prince notre cousin, pour ce que souventes fois la verité des choses advenues, ainsi que Dieu le permet, mesmement en grant cas et haultes matières, est paliée et couverte de soubtivetées et parolles contraires et repugnantes à la verité, grans inconveniens s'en sont ensuis, ainsi que l'avons veu advenir derrenierement, et tant au regart du traitié secretement commandé par Monseigneur et vous[21], comme par le traitié commencié par beau filz le Daulphin et nostre cousin le due de Bourgongne, à qui Dieux soit propice ; èsquelx traictiez, mon dit seigneur, vous et nous et aussi nostre dit cousin, avons esté deceuz par voies obliques tenues de la partie de nostre dit filz, en très grant abaissement de gentillesse, oppression et destruction du peuple crestien, et contre la pure entencion de mondit seigneur, de nous et de nostre dit cousin, qui tous tendions à bonne fin[22]. Lesquelles choses, très hault et excellent prince, desirons très ardamment vous communiquiez, afin que nostre haulté excellence, que autres fois avons trouvée plaine de foy et de verité, soit des choses advenues au vray informée, et que clerement congneissiez par quelles gens la paix a esté perturbée de tous costez, et aussi que, comme prince et roy catholique, prouchain parent de mondit seigneur, vous emploies au bien de justice et utilité de la crestienté. Très hault et excellent prince nostre cousin, vous estes assez recors comme aultre fois à Pontoise signifiammez à vos solennes ambassateurs, lors estant par devers nous, la paix nouvellement jurée entre nostre dit filz et nostre dit cousin de Bourgongne, et comment nous requerions un mois de delay, pendant lequel nostre dit fils avoit promis et juré venir devers mondit seigneur et nous, car lui venu, nous avions entencion de parfaire ce qui estoit encommancié entre mondit seigneur et vous, par quoi nous esperions paix generale etre ferme et estable entre les royaumes de France et d'Angleterre, et mesmement entre les subgiés de ce royaume. Et combien que les offres que lors faisiez nous fussent assez agréables, toutes voies à les accepter et conclure avec velus y avoit grant difficulté, car pour lors chascun conseilloit que on attendist nostre dit fils, et se nous et nostre dit cousin les eussions acceptées et conclutes, tous barons, chevalliers et-les cités et bonnes villes de mondit seigneur nous eussent abandonnez et laissiez et soy joings avec nostre dit filz, dont plus grant guerre fust venue, se sembloit, que par avant le traictié ainsi laissié, fu mise toute diligence par nostre dit cousin à ce que nostre dit fils venist par devers nous, comme il avoit promis, de quoi il a esté delayant, disant tousjours que premièrement vouloit parler à nostre dit cousin de Bourgongne. Et après pluseurs ambassates envoiéez devers nostre dit fils, fut promise journée pour convenir ensemble ou dymenche Xe jour de septembre derrain passé, sur le pont de Montereau ou fault Yonne ; et ja soit ce que nosdiz fils et cousin et tous les chevaliers de leur compaignie eussent juré sur la vraie croix et sainctes evangilles de Dieu et se fussent soubzmis à toutes sentences du saint-siège de Rome et de l'Eglise, et aultrement, de tenir l'amour, paix et concorde qui autres fois à Corbueil avoit esté jurée entre eulz sans fraude ou mal engin, ainsi que par les lettres signées et seelléez des mains et seaulx de nostre dit fils et de ses chevalliers et clers, que avons par devers nous, appert bien clerement, toutes voies nostre dit cousin qui, lui XIe seulement, estoit alé au lieu de la convencion devers nostre dit filz, en grant confiance des sermens dessusdis, qui à icelle heure meisme furent renouvelez, en confiance aussi que nostre dit filz'ne fut semblablement que lui XIe, ainsi que promis et accordé avoit esté, aprez ce quo nostre dit cousin lui ot faicte doulce et humble reverence et offert corps, chevance et amis, saillirent d'une embusche secrète qui estoit faicte en une chambre pluseurs hommes armez, et incontinent tous ensemble ferirent soudainement de haches sur nostre dit cousin, qui estoit à genoulx devant nostre dit filz, et là le murdrirent inhumainement contre Dieu, justice, raison, foy et loy, et de fait prindrent les chevaliers qui l'avoient accompaignié en celle dolereuse convencion, c'est assavoir nostre très chier et très amé cousin Charles de Bourbon, le soigneur de Novailles, qui est navré à mort comme l'en dit, le frère au comte de Fribourch, le seigneur de Saint George, messire Anthoine de Vergy, le seigneur d'Autrey, messire Charles de Lens, messire Guy de de Pontalier et aultres, et avec ce tous les biens et joyaulx que nostre dit cousin avoit menez au lieu de la convencion, ont prins et osté de ceulz qui les avoient en garde, iceulx appliquiez à lent. profil.. Et cest horrible et detestable cas, très hault et excellent prince nostre cousin, mondit seigneur et nous avons entencion de signifier à nostre saint père le pape, à l'empereur et aux aultres roys catholiques qui, comme nous tenons, prendront pour la grant enormité dudit cas grant desplaisance, et donfront assistence à mondit seigneur et à beau filz de Bourgongne qui est à present, pour aidier à veugier la desraisonnable et cruelle mort de nostre dit cousin, et ad ce faire trouvons desja enclins tous les loyaulx barons, citez et bonnes villes de par deça : Mais pour ce que tousjours sommes desirans d'avoir paix, amour et concorde avec vous, et de faire icelle au bien et honneur de mondit seigneur et de vous, et des deux royammes, nous vous prions et requerons très instamment, pour la reverence et amour du prince de paix Nostre Sauveur, et pour aidier à vengier la doulereuse mort de nostre dit cousin, laquelle chose mondit seigneur et nous desirons faire sur toutes choses, eue paix avec vous, que pour cause des delays ja passez ne soies aucunement refroidies d'entendre à ladicte paix ; et pour entièrement et franchement besoingnier avec nous sur la conclusion et perfection d'icelle, sans faire long sejour, dissimulation ou subterfuge, vous plaise envoier par deça, par le porteur de cestes, sauf conduit pour quatre ou cinq personnes, de quelque estas ou condicion qu'elles soient, et pour eeulx de leur compaignie jusques au nombre de quarante personnes et quarante chevaulx, et nous vous affermons que vous trouverez Monseigneur et nous et ceulx de son sang et lignaige, et aultres grans et loyaulx barons et notables gens de cest royamme, très disposez en cest besongne, en telle manière que appercevrez la grant affection que mondit seigneur, nous, plusieurs ducs, contes, barons, nobles, bonnes villes et citez de ce royamme avons au bien de paix et amoureuse concorde qu'il redondera au bien de toute la crestienté. Très hault et excellent prince nostre cousin, nous prions à Nostre Seigneur qu'il vous ait en sa sainte garde et doint bonne vie et longue, au bien et fruit de paix et vraie concorde. Escript à Troyes, le XXe jour de septembre. Et afin que de nostre volenté soiez mieulx informez, nous avons signé ces presentes de nostre main, en grant confiance de vostre bonne volenté, laquelle nous avons aultres fois congneue, tant par vostre propre bouche comme aultrement. Depuis que ces presentes furent escriptes, nouvelles certaines nous sont venues que le sire de Novailles est mort, à l'occasion de ladicte trayson. YSABEL. RINEL[23]. Une telle lettre se passe de commentaires. L'éducation politique de la Reine avait été faite par Jean sans Peur : on peut juger s'il y avait réussi. Ainsi, c'est de Paris et de Troyes que part le mouvement. Trahir la cause nationale, livrer le royaume à l'ennemi, priver le Dauphin de son héritage, peu importe à la faction bourguignonne ! Il faut, avant tout, venger la mort du duc. Et le même cri éclate à la fois chez les plus intimes confidents de la pensée du défunt : Faisons alliance avec les Anglais ! Mais il ne suffisait pas de préparer de la sorte le triomphe de la politique de Jean sans Peur : il fallait ruiner dans le pays le Dauphin et ses conseillers en les dénonçant comme violateurs du traité, et comme coupables du meurtre du duc. Aussi, tandis que la duchesse de Bourgogne envoyait dans toutes les Cours un récit de la mort de son mari, plein de faits controuvés, mais de nature à soulever l'indignation contre la grande trahison perpetrée en la personne de feu monseigneur le duc[24], la chancellerie royale de Paris lançait, à la date du 30 septembre, des lettres patentes[25], où les conseillers du Dauphin étaient traités de perturbateurs pleins de toute iniquité et sans loy, où on les accusait d'avoir, au mépris de leurs serments, machiné la mort du duc, et de l'avoir occiz et meurtry de propos deliberé et à guet appensé, où enfin injonction était faite à tous les sujets du Roi d'abandonner le parti du Dauphin dans le délai d'un mois, sous peine d'être punis comme consentans, conspirateurs et coupables dudit meurtre et homicide, et infracteurs et violateurs de ladicte paix et abolicion. On comprend que, dans de telles circonstances, les ouvertures du Dauphin avaient peu de chance d'être accueillies par le nouveau duc de Bourgogne. Pourtant, la mission du comte d'Aulnaie n'échoua pas du premier coup, car le jeune Philippe fit partir à son tour un ambassadeur, Regnier Pot, personnage considérable qu'on trouve mêlé à toutes les négociations du temps[26]. Regnier Pot se trouvait encore à Loches, à la Cour du Dauphin, le 15 octobre. On a une lettre, en date de ce jour, écrite par Charles au duc de Bourgogne. Elle était conçue en ces termes : A nostre très chier et très amé frère le duc de Bourgongne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgongne. DE PAR LE REGENT LE ROYAUME, DAULPHIN DE VIENNOIS, DUC DE BERRY ET DE TOURAINE ET CONTE DE POICTOU. Très chier et très amé frère, pour ce que nous savons qu'estes desirant de savoir de nostre estat, nous vous certifiions que, à la façon de cestes, nous estions en bonne prosperité de nostre personne, grâces à Nostre Seigneur, qui ce vous octroit par son plaisir, desirans semblablement savoir du vostre qui soit tel comme vous le desirez et que nous mesme le vouldrions. Très chier et très aine frère, nous avons dit et declairé bien à plain nostre entencion sus plusieurs choses qui grandement touchent le bien de Monseigneur, de nous, de sa seigneurie et de vous, à nostre bien amé chevalier messire Renier Pot, lequel s'en va presentement pardevers vous, et ce mesme lui avons chargié vous dire et exposer. Si vous prions que ledit messire Renier vous vueillez oyr et croire, et à lui adjouster foy en ce qu'il vous dira de nostre part comme se nous mesmes le vous disions, et sur ce nous rescrire et faire savoir vostre entencion, pour tousjours faire ce que verrons convenir au bien de Monseigneur, de sa seigneurie et de vous mêmes, ainsi que nous y avons bien le vouloir. Très chier et très amé cousin, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript en nostre chastel de Loches, le XVe jour d'octobre. CHARLES. ALAIN[27]. En retournant près du duc, Regnier Pot était porteur d'un récit détaillé des faits, qui contenait les accusations les plus fortes contre Jean sans Peur, et se terminait par de pressantes exhortations adressées à Philippe de ne se point allier avec les Anglais et de rester bon Français[28]. Le duc de Bourgogne semble avoir hésité pendant quelque temps : on a la trace d'une consultation faite alors sur la question de savoir si le traité entre le Dauphin et le duc Jean était rompu par l'événement, si le Dauphin avait forfait à sa foi, et si Philippe était en droit de reprendre sa liberté ; enfin si le Roi, pouvait déshériter son fils le Dauphin. Mais ces hésitations cédèrent bien vite devant les menées de la faction qui poussait aux mesures violentes. La Reine fit partir deux ambassadeurs[29] ; les Parisiens députèrent le premier président du Parlement[30] ; la duchesse de Bourgogne envoya plusieurs messages à son fils pour lui exposer le grand droit qu'il avait en la poursuite de la vengeance de la mort de Monseigneur le duc Jean son père[31]. Dans le grand conseil de famille tenu à Malines le 7 octobre, et, dans l'assemblée solennelle qui eut lieu à Arras le 18, la question fut agitée, et tranchée définitivement en faveur de l'alliance anglaise : mieux valait, pensait-on, bailler au roi d'Angleterre une partie du royaume que de laisser tout perdre ![32] Les anciens serviteurs de Jean sans Peur n'étaient pas tous de cet avis. On avait beau leur dire — selon le langage employé par l'Université de Paris — que tout preudhomme se devoit employer, de tout son cœur et de toute sa puissance, à la réparation du très enorme et cruel meurtre, et résister à la mauvaise et damnable entreprise des cruels et déloyaux meurtriers[33], plusieurs ne se laissaient pas aisément persuader. La voix courageuse qui se fit entendre, du haut de la chaire, à Arras, le jour même du service solennel célébré pour le duc Jean, pour prêcher la concorde et combattre les pensées de vengeance[34], trouva de l'écho dans bien des cœurs où l'esprit de parti n'avait pas éteint tout sentiment de patriotisme. Plusieurs, désertant une cause qu'ils avaient soutenue loyalement, mais que leur conscience ne leur permettait plus de servir, se rangèrent du côté du Dauphin. Au premier rang nous rencontrons — le fait est digne de remarque — Charles de Bourbon, fils aîné du duc prisonnier en Angleterre, jeune prince qui, resté à Paris après l'entrée des Bourguignons, avait suivi la fortune de Jean sans Peur, et faisait partie des dix seigneurs qui se trouvaient avec lui sur le pont de Montereau ; dès le lendemain de l'événement dont il avait été témoin, et comme si ses yeux se fussent dessillés soudain, il embrassa le parti du Dauphin. La dame de Giac, l'inspiratrice du traité de Pouilly, et deux des plus intimes conseillers du duc, Philippe Jossequin et Pierre de Giac, en firent autant[35]. Et qu'on ne dise pas, avec certains auteurs bourguignons[36], pour atténuer la portée de cette adhésion et en dénaturer le caractère, qu'ayant conseillé à leur maître de se rendre à Montereau, ils n'osèrent revenir à la Cour de Bourgogne, où ils auraient été regardés comme traîtres : car, à ce compte, les ambassadeurs parisiens, qui eux aussi, avaient vivement pressé le duc d'accepter l'entrevue, et qui l'avaient accompagné jusqu'au château[37], auraient dû encourir le même reproche. Le Dauphin avait quitté Montereau le 20 septembre, pour reprendre le chemin du Berry. Il s'arrêta à Aubigny, puis à Loches, où il séjourna du 6 au f6 octobre, et d'où il entama des négociations avec le duc de Bretagne, qui paraît lui avoir fait à ce moment des promesses de concours, bientôt oubliées[38]. La reine Yolande n'était plus là pour empêcher ce prince de s'abandonner à ses sympathies bourguignonnes : elle avait, dès le 20 juin, à Mehun-sur-Yèvre, pris congé du jeune prince sur lequel elle veillait, depuis près de six ans, avec une si maternelle sollicitude, pour se rendre en Provence, où elle devait passer quatre année. Le 24 octobre, le Dauphin était à Bourges, où il avait donné rendez-vous à ses gens de guerre. Il était bien décidé, comme il l'avait écrit le 17 septembre aux habitants de Lyon, à lutter résolument contre les Anglais, avec toute sa puissance, laquelle, disait-il, la mercy de Nostre Seigneur, est grande et bonne, et à payer de sa personne[39]. Il ne songeait donc nullement, comme le prétend un auteur bourguignon[40], et comme on l'a dit encore de nos jours[41], à traiter avec les Anglais. La chaleur de jeunesse dont parlait, à ce moment même, le roi d'Angleterre[42], lui inspirait des pensées plus hautes et plus fières. Charles ne perdait point d'ailleurs tout espoir d'arrêter
le duc de Bourgogne sur la pente où celui-ci s'engageait : ne pouvant plus
agir près du duc, qui avait repoussé ses ouvertures, il agissait auprès de
ses partisans. Nous avons le texte d'un curieux document, portant la date du
mois de décembre 1419[43] : c'est une
lettre adressée aux habitants de Paris, plus acharnés que jamais contre lui,
dans laquelle il leur réitère son intention de tenir
et faire garder entièrement la paix et abolition generale ordonnée et publiée
en ce royaume, nonobstant quelconques choses advenues depuis icelle paix.
Ayant appris que ses lettres patentes, envoyées aux Parisiens, ont été derompues en l'Hôtel de Ville, il leur exprime à ce
sujet son étonnement, car elles ne contenaient rien qui ne tendît à la paix
et à la conservation du royaume, et elles auraient dû réjouir tous ceux
voulant le bien du Roi et le maintien de sa seigneurie, menacée de tomber aux
mains des ennemis ; toutefois, afin de leur prouver son désir de paix,
n'ayant rien plus à cœur que de poursuivre par tous les moyens possibles la bonne union du royaume, il leur envoie derechef ses
lettres patentes, en les assurant de sa volonté de persévérer dans son
propos. Et pour ce, ajoute-t-il, que avons entendu que aucuns mouvoient baffles et
parlemens pour vous aux anciens ennemis de mondit seigneur, nous vous prions
bien, acertes et requerons vos loyaultez que vous vueillés avoir en memoire
et souvenance la vertu de constance que ont tousjours eue vos predecesseurs
habitans de Paris, de demourer et vivre sous l'obeyssance de leur droicturier
et naturel seigneur, sans oncques avoir esté seduiz par menaces ou blandices
desdis anciens enneinis, en les ensuivant, et gardant en ce vos honneur et
loyaulté, ainsi que en avons en vous bien confiance ; et soiez certains que,
quelque chose que adviengne, tousjours treuve le subj et plus de benignie et
seurté en son naturel seigneur que jamais ne pourroit faire vers ses ennemis,
et en soy mettant en leur servitute. Après ce touchant appel et ces
considérations si persuasives, le prince ajoutait : D'autre
part, devez penser que, Monseigneur estant en l'estat que il plaist à Dieu le
souffrir, et nous son seul filz et heritier absent, il n'est à nul loisible
de soy donner l'auctorité de telz traictiés, et que en iceulx a peu de
esperance de fermeté. Il terminait en assurant les Parisiens de sa
bienveillance, s'ils voulaient observer le traité et rester loyaux sujets du
Roi et de lui. La réponse aux nouvelles démarches du Dauphin ne tarda point ; elle fut faite cette fois par la chancellerie royale, et rendue aussitôt publique : par lettres données à Troyes le 17 janvier 1420, et dont le texte s'écarte singulièrement du style habituel de ces documents[44], Charles VI défendait expressément aux habitants de Paris de tenir aucun compte des communications du Dauphin, qualifié de parricide, crimineur de lèze-majesté, destruiseur et ennemy de la chose publique, ennemy de Dieu et de justice, ni d'entretenir aucun rapport avec lui ; il leur enjoignait de lui refuser obéissance, comme s'étant rendu indigne de la succession au trône et de tout autre honneur ou dignité, pour avoir faussé son serment et sa parole dicte comme prince. En outre, le Roi annonçait hautement son intention de s'allier au roi d'Angleterre, qui, disait-il, pourra entre nostre filz par traictié de mariage de luy et de nostre dicte fille, par quoy esperons que ferme paix, bonne seurté, et generale transquillité sera entre les royaumes de France et d'Angleterre, et si demourrons entièrement eu nostre dicte seignourie, honneurs et prerogatives[45]. Telle était la politique qui inspirait le conseil royal, et qui allait mettre la France aux pieds du vainqueur d'Azincourt ! Le Dauphin, ayant pourvu à la défense des provinces et des places restées en son pouvoir, se prépara à partir pour le Midi, où le comte de Foix, investi à la fois par les deux gouvernements rivaux de la lieutenance générale de Languedoc, Iunait une conduite équivoque et songeait plus à ses intérêts personnels qu'aux intérêts de l'État. Le 6 décembre, il envoyait de Bourges une lettre aux Lyonnais, par un de ses écuyers d'écurie, Antoine de Varennes, chargé de préparer les logements, pour leur annoncer sa prochaine venue et son intention de s'arrêter quelque temps à Lyon, afin d'y besoigner et conclure sur les affaires du Royaume[46]. Il se mit en route le 21, et traversa le Bourbonnais. Il était le 31 décembre à La Palisse, où il distribua avec une grande libéralité des étrennes aux personnes de son entourage[47], et le 6 janvier à Perreux en Beaujolais, où il célébra joyeusement la fête des Rois[48]. Il avait écrit de Moulins, le 28 décembre, au duc de Savoie, pour lui faire part de là tenue à Lyon, le 15 janvier, d'une assemblée des princes du sang, afin d'avoir conseil et avis sur les Brans affaires du royaume, la conservation de cette seigneurie et le reboutement des Anglois, anciens ennemis d'icelle : en quoy sommes du tout délibéré, disait-il, d'exposer nostre propre personne, en la saison nouvelle, soit par bataille, à journées arrestez ou autrement, aiusy que serons conseillez de faire ; et il invitait le duc, aussitôt ses lettres reçues, à se disposer à le venir, joindre dedans ledit terme, ou le plus tost après, et au moins de delay que bonnement pourra, car à cause du grand nombre de gens qu'il menait, il ne devait point faire à Lyon un long séjour[49]. De Roanne, le 4 janvier, Charles envoya aux habitants de Martigny-les-Nonnains une sommation d'avoir à lui députer six ou quatre des plus notables d'entre eux, pour lui rendre obéissance[50]. Le 22, il fit son entrée à Lyon, où il apprit que l'amiral de Braquemont avait remporté une victoire navale sur les Anglais, et où son passage fut signalé par de nouvelles libéralités à certains de ses conseillers : son confesseur, Gérard Machet ; son médecin, Jean Cadart ; l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux ; Raymond Raguier, Guillaume de Lucé, Alexandre le Boursier, Regnier de Boulligny, et aussi l'illustre chancelier de l'Université de Paris, Gerson, alors fixé à Lyon[51]. Le prince agissait comme si son trésor eût été inépuisable. Plusieurs des dons faits à ce moment attestent son bon cœur : c'est ainsi qu'il donne à Ymbaut de Bleterens une somme de trois cents livres, tant pour le dédommager des pertes que sa fidélité lui a fait subir de la part des Bourguigons, qui lui ont pris, pillié et osté tous ses biens ; en la ville de Mascon, où il avoit la plus grande partie de sa chevance, que pour l'aider à vivre, lui, sa femme et ses enfants, et à maintenir son estat honorablement[52]. De Lyon, le Dauphin, passant par Saint-Symphorien, Vienne, Brioude, Saint-Flour, Rodez et Albi[53], se dirigea vers Toulouse, où dès le 2 février, il avait envoyé faire ses logements[54] ; il y fit son entrée le 4 mars. Partout sur son chemin les portes s'ouvraient : le grand nombre de ses gens d'armes, où déjà figuraient des troupes écossaises ; le brillant cortège qui l'accompagnait ; le luxe vraiment royal déployé dans son costume et dans son équipement, sans parler de sa jeunesse et de sa bonne grâce, tout se réunissait pour exercer sur les populations un prestige auquel elles ne pouvaient demeurer insensibles. Les comptes du temps nous ont conservé des détails circonstanciés, qui ont ici leur place, sur les armures complètes du Régent, dont la garniture est en vermeil[55] ; ses brigandines à, franges d'or et de soie vermeille[56] ; ses robes à armer, dont les manches sont couvertes d'ornements d'argent doré[57] ; ses huques, ou robes courtes : l'une de fin vert brun, à longues manches pendantes et découpées, dont les ornements d'argent doré pesaient dix marcs[58] ; une autre de velours vermeil, recouverte de drap de laine noire, ouvragée de besans et de feuilles branlans, et découppée en manière de Brans escailles pourfilées et nervées de fil d'or de Claypre[59] ; une troisième en velours pers (bleu) à grandes branches d'or[60], et deux autres dites italiennes. Il a des cottes d'armes de tiercelin bleu à ses armes[61], des salades garnies de satin vermeil, surmontées de plumes d'autruche[62]. Ses heaumes sont ceints d'une couronne d'or de fleurs de lis[63], avec des houppes d'orfèvrerie qui supportent des plumes. Son chapeau de parement est couvert de velours noir, orné de rubans de fin or, avec trois plumes d'autruche de ses couleurs, blanc, vermeil et azur[64]. Les panonceaux de ses lances, peintes aux trois couleurs, sont de cendal tiercelin, blanc, vermeil et azur, ornés de franges de même, et peints à sa devise d'un braz armé qui tient une espée nue[65] ; ses deux grands étendards sont en tiercelin des trois couleurs, à la devise et mot qu'il porte, savoir à ung saint Michiel tout armé qui tient une espée nue et fait manière de tuer ung serpent qui est devant lui, et le mot, en lettres d'or fin, parsemé de toutes parts[66]. Près de six cents panonceaux aux mêmes couleurs pendent aux lances des gens d'armes[67]. Enfin les harnais ou couvertures de ses chevaux sont aussi en drap blanc, bleu et rouge[68]. Son goût pour les chevaux apparaît dans le nombre de ses coursiers, dans les sommes considérables qu'il consacre sans cesse à de nouveaux achats[69] ; il achète à des marchands, il achète à ses familiers, dont les plus notables se livrent volontiers à ce trafic[70]. Tous ces chevaux, d'ailleurs, ne sont point à son usage personnel : il en donne volontiers, et un grand nombre de ses serviteurs ont part à ses libéralités[71]. Aussi, quelle suite brillante ! Le confesseur du Dauphin, à lui seul n'a pas moins de trois chevaux[72]. On a peine à comprendre une telle prodigalité, en présence de la pénurie du trésor, et des besoins si impérieux de la défense nationale. Charles fut très bien reçu à Toulouse : le juge-mage Bertrand de Nogaret et le viguier Pierre de Foucaud avaient préparé les voies[73]. Dès le jour même de son arrivée, il rétablit Jean de Bonnay dans la charge de sénéchal, qui lui avait été enlevée par les Bourguignons. Il destitua le comte de Foix, et prit en main le gouvernement du Languedoc[74]. Les États avaient été convoqués à Carcassonne pour le 17 mars : le Dauphin partit le 9 de Toulouse pour se rendre dans cette ville[75]. Il présida la réunion, et signa le 20 une ordonnance instituant un Parlement à Toulouse. De là, traversant Narbonne, Béziers et Montpellier, il arriva le 4 devant Nîmes, qui refusa de lui ouvrir ses portes. Le siège fut entrepris, et avec une telle vigueur, que la ville se rendit aussitôt à discrétion[76]. Le Dauphin supprima le consulat, fit abattre une partie des murailles, et n'accorda son pardon aux habitants qu'après avoir fait exécuter les plus mutins. Mais peu après (22 avril), écoutant comme toujours la voix de la clémence, il rétablit les consuls dans leurs charges[77]. A Nîmes, où il séjourna jusqu'au 11 avril, Charles n'était qu'à quelques lieues de la résidence de sa belle-mère Yolande, alors fixée à Tarascon, dans son comté de Provence. Il n'est pas douteux qu'il ne lui ait rendu visite, durant ce voyage, bien que l'histoire n'en offre pas la preuve formelle[78]. Après Nîmes, le Dauphin eut à réduire le Pont-Saint-Esprit, qu'occupaient encore les Bourguignons du prince d'Orange. Dès le commencement de mars, Guillaume de Meulhon et Louis de Culant avaient mis le siège devant la place[79]. Charles y arriva le 2 mai. De Nîmes, il avait envoyé un de ses maîtres d'hôtel chercher à Aix la grosse bombarde de cette ville[80], le 7 mai, l'assaut fut donné, et la garnison forcée de se rendre. Les autres forteresses environnantes se soumirent, et le Dauphin put prendre le chemin de l'Auvergne, ne laissant derrière lui que trois places, qui devaient être conquises l'année suivante. C'est en pèlerin, plus encore qu'en souverain, que Charles fit son entrée solennelle au Puy le 14 mai : il avait une grande dévotion à la Sainte Vierge, et il venait remercier Notre-Dame du Puy du succès de ses armes. Il assista le 15, revêtu du surplis et de l'aumusse, aux premières vêpres de l'Ascension, et se fit recevoir chanoine ; le lendemain, il communia à la grand'messe solennelle, célébrée par l'évêque du Puy, et arma ensuite chevalier Bernard d'Armagnac et plusieurs seigneurs[81]. Le 22 mai, il était à Clermont, où il passa six jours ; le 8 juin ; il faisait son entrée à Poitiers. Si d'un côté la situation du Régent s'était améliorée, par la pleine et entière soumission des populations méridionales qui devaient lui demeurer à jamais fidèles, d'un autre côté elle s'était aggravée, par les progrès incessants de l'ennemi et par la conclusion (21 mai 1420) du pacte qui livrait la France au roi d'Angleterre. En outre, le duc de Bretagne, qui jusqu'alors gardait une neutralité plutôt bienveillante et laissait ses sujets servir la cause dauphinoise, avait conclu un traité avec le duc de Bourgogne[82] et poursuivi ses négociations avec les Anglais[83]. Enfin un acte d'agression dont il venait d'être victime, allait le jeter plus encore dans le parti ennemi. Nous devons nous arrêter un instant sur cet épisode, car il a fourni la matière d'une grave accusation contre le Dauphin. Le 13 février 1420[84], le duc de Bretagne, cédant aux instances réitérées de son cousin Olivier de Blois, comte de Penthièvre, s'était mis en route pour le château de Chenonceaux, occupé par Marguerite de Clisson, mère du comte, où l'attendaient de belles dames et de joyeux ébattements. Il chevauchait en compagnie d'Olivier quand tout à coup, au sortir d'un pont qu'on venait de traverser, il se trouva séparé des siens. Le comte, mettant la main sur son épaule, lui dit : Monseigneur, vous êtes mon prisonnier[85], et vous ne m'échapperez pas avant de m'avoir rendu mon héritage. Toute résistance était impossible : les planches du pont, détachées à l'avance, avaient été jetées à la rivière ; des gens armés, sous les ordres de Charles de Blois, seigneur d'Avaugour — l'un des principaux seigneurs de la cour de Bretagne[86] — entourèrent aussitôt le duc et ses gens, parmi lesquels était son jeune frère Richard. Après cette scène de violence, où le sang coula, et où la vie du duc fut, paraît-il, menacée, on le lia sur son cheval, au cou duquel on avait passé un licol, et on le mena ainsi, voyageant jour et nuit entre deux grands ribauds à chevaucher, jusques à Chenonceaux, où l'attendait impatiemment Marguerite de Clisson, qui déjà s'était emparée de sa vaisselle d'or et d'argent[87]. Quel pouvait être le mobile d'un tel attentat ? Faut-il y voir un simple épisode de la vieille rivalité entre la maison de Blois et la maison de Montfort, querelle qui remontait à près d'un siècle, mais qui semblait alors assoupie, car le duc Jean venait justement de témoigner à Olivier et à Charles de Blois une vive amitié et de les combler d'honneurs ? Faut-il l'attribuer à des raisons d'État, et en faire remonter la responsabilité jusqu'au gouvernement du Dauphin ? Le comte de Penthièvre, et son frère Jean, seigneur de Laigle, apportèrent, dans leur conduite à l'égard du duc de Bretagne, un acharnement et une violence qui attestent combien étaient enracinés chez eux les sentiments de haine et de vengeance. Ils n'étaient pas seulement les descendants — bien indignes et bien dégénérés, il faut le dire, — de l'héroïque Charles de Blois ; ils étaient les fils de Marguerite de Clisson, fille du connétable de Clisson, qui jamais n'avait consenti à reconnaître le traité de Guérande par lequel la, maison de Blois avait renoncé au trône ducal, et qui n'avait point oublié les griefs de son père contre le duc Jean V. Marguerite avait, en 1406, fiancé son fils aîné, Olivier, à Isabeau de Bourgogne, fille de Jean sans Peur : l'un des motifs qui avaient porté le duc de Bretagne Jean VI à ménager si soigneusement le duc de Bourgogne avait été peut-être la crainte de voir se produire, à un moment donné, une revendication des droits d'Olivier, avec l'appui de son beau-père. La comtesse de Penthièvre était encore plus animée que ses fils contre la maison de Montfort, et c'est à son instigation que l'attentat avait été commis : cela est affirmé formellement par un auteur du temps[88]. Mais le même auteur nous dit aussi que le comte de Penthièvre traita tant devers le duc de Touraine, Dauphin, qu'il obtint de lui ung mandement scellé de son scel pour prendre et emprisonner le duc de Bretaigne[89]. Et l'arrêt du Parlement de Bretagne lions apprend que, dans un de ces entretiens où le duc se montra, par sa lâcheté et sa bassesse, sous un jour si peu favorable, Marguerite de Clisson, répondant à Jean VI qui la suppliait de lui sauver la vie et de lui donner des assurances à cet égard, lui dit qu'elle ne savoit comme il en iroit, et que ce que ses enfans en avoient fait, avoit esté par le commandement de monseigneur le Regent, et qu'ils en avoient bonnes et belles lettres, et qu'il falloit passer à son ordonnance[90]. Ce qui est plus grave, c'est que le fait est confirmé par des lettres, en date du 16 mars 1420, rendues à Carcassonne, où se trouvait alors le Dauphin. Dans ces lettres, adressées au comte de Penthièvre, à Jean, seigneur de Laigle, et à Charles, seigneur d'Avaugour, ses frères, on expose : que le comte de Penthièvre avait été naguère nommé lieutenant et capitaine général dans l'Anjou, le Maine et les marches de Bretagne, avec plein pouvoir de faire tout ce qu'il connaîtrait être au bien et profit du Roi et à la conservation de sa seigneurie ; que, usant de ladite commission, il est venu à la connaissance du comte que le duc de Bretagne favorisait le parti des Anglais, qu'il avait conclu des trêves avec eux, défendu qu'aucun de ses sujets ne vinssent au service du Dauphin sous peine de confiscation de leurs biens, et puni ceux qui avaient transgressé ses ordres ; qu'il était entré en relations personnelles avec le roi d'Angleterre, à Rouen et ailleurs, et avait fait avec lui plusieurs secrètes alliances et confédérations ; qu'en outre, en bien demonstrant la faveur et affection desordonnée, avec, les damnables promesses et convenances, qui le liait aux ennemis, il leur avait fourni harnais, chevaux, artillerie, vins et autres vivres, et donné toute faveur, en cela et autrement, au grand déplaisir des bons preudes hommes, barons et nobles du pays de Bretagne ; que, de plus, le duc, perseverant en sa mauvaise volonté, avait empesché et detourbé l'armée d'Espagne, dans la saison précédente, et présentement s'efforçait d'empêcher la descente de l'armée d'Écosse ; qu'enfin il avait favorisé le parti des sujets rebelles au Roi et au Dauphin ; — que le comte de Penthièvre, considérant que, sans en venir à des voies de fait, il ne pouvait être pourvu aux inconveniens inenarrables qui, par la damnable entreprinse du duc, estoient vraisemblablement taillés de ensuir, à la grande foule et par aventure totale destruction de ceste dicte seigneurie, avait naguère, en compagnie de son frère le seigneur d'Avaugour, pris et arrêté le duc de Bretagne et Richard, son frère, démontrant en cela leur grande loyauté et bon vouloir envers le Roi et le Dauphin et.la couronne de France. Le Dauphin déclarait prendre en sa main, comme ses prisonniers, le duc de Bretagne et son frère, ordonnant de garder leurs personnes avec la plus grande vigilance, afin qu'à son retour du Midi on pût lui en rendre bon compte et qu'appointement fût conclu[91]. L'attitude du Dauphin, lançant un tel réquisitoire contre le duc de Bretagne et avouant publiquement les auteurs de l'attentat, est d'autant plus singulière que, la veille même du jour où, cédant aux instances du comte de Penthièvre, le duc avait quitté Nantes en sa compagnie, il attendait une ambassade du Dauphin. Nous savons, en effet, que, par lettres du 1er février — données sans doute à Saint-Symphorien où Charles se trouvait alors — Martin Gouge, évêque de Clermont, un de ses principaux conseillers, avait été chargé d'une mission près du duc de Bretagne[92]. Le prélat se rendit-il en Bretagne ? Nous ne savons[93] ; mais nous le retrouvons près du Dauphin, à Carcassonne, le 14 mars, deux jours avant la date des fameuses lettres patentes[94]. Le 25 février, à la nouvelle de l'attentat commis contre le duc, le Conseil du Dauphin, resté à Bourges sous la présidence du chancelier Le Maçon, envoyait Robert Postel, bailli de Garancières, en Bretagne, par devers aucuns chevaliers et escuiers d'icellui pays, pour certaines choses secrètes, grandement touchans monseigneur le Regent4. A ce moment, un membre du Conseil, Adam de Cambray, était en mission en Bretagne, et son voyage n'était peut-être pas étranger à l'événement qui venait de se produire[95]. L'ordonnance du 16 mars devient encore plus inexplicable si nous considérons que le Dauphin, à la réception de la lettre que lui écrivit, sous le coup de la première émotion, sa sœur, la duchesse de Bretagne, envoya à celle-ci Prégent de Coëtivy, un de ses pannetiers, lequel était, le 8 mai, près de la duchesse, et prenait part aux mesures dirigées contre les Penthièvre[96] ; qu'à la fin de mai partit une ambassade, composée de l'évêque de Clermont, du comte Dauphin d'Auvergne et de Tanguy du Chastel, chargés d'assurer la duchesse de l'affection qu'il portait à la délivrance du duc[97] ; et qu'enfin, pendant la captivité de ce prince, le Dauphin lui fit compter, à titre de prêt, par son trésorier des guerres, une somme de mille livres[98]. Jeanne de France, se souvenant de l'héroïque conduite des deux Jeannes qui, au quatorzième siècle, avaient soutenu si vaillamment la cause de leurs époux prisonniers fit si bien, d'un côté près du Dauphin[99], de l'autre près du roi d'Angleterre[100], — lequel lui accorda la mise en liberté de son beau-frère le comte de Richemont, prisonnier depuis Azincourt, — que les Penthièvre se décidèrent à lâcher leur proie : le duc fut mis en liberté le 5 juillet 1420, et un document peu suspect nous fait savoir que cette délivrance fut due à l'intervention du chancelier Le Maçon et du Président de Provence. Et pourtant, tout porte à le croire, les lettres du 16 mars, données à Carcassonne, loin du Conseil de Bourges, pendant le voyage du Dauphin, avaient été l'œuvre de Louvet. N'ayant pu réussir à se faire livrer le chic de Bretagne par les Penthièvre[101], l'astucieux conseiller du Dauphin avait brusquement changé de politique. Jusqu'à quel point le Dauphin fut-il initié à l'acte du 16 mars ? C'est ce qu'il est impossible de dire. Il ne paraît pas du moins s'être associé aux vues de son ministre, car nous le voyons, presque aussitôt, agir dans un sens opposé, se mettre en relations avec la duchesse sa sœur, et travailler à la délivrance du duc. Quand celui-ci fut sorti de captivité, il ne tarda pas à renouer ses rapports avec lui. Lors des conférences de Sablé (mai 1421), le Dauphin, en se rapprochant de son beau-frère, lui promit d'éloigner du Conseil ceux qui lui avaient été désignés comme fauteurs de l'attentat, à savoir : le Président Louvet, le bâtard d'Orléans, Guillaume d'Avaugour et Pierre Frotier. Dans cette circonstance, comme dans beaucoup d'autres de la période qui va suivre, le Dauphin paraît avoir cédé à des influences funestes, auxquelles il était trop accessible, et qu'il subissait parfois avec une regrettable facilité. On avait pu remarquer, en effet, après le meurtre de Montereau, un changement dans l'entourage du prince : par lettres du 20 septembre 1419, Hugues de Noé avait été déchargé de son office de grand-maître de l'écurie et remplacé par Pierre Frotier[102]. Le 29 septembre suivant, par lettres rédigées dans un style emphatique, où la louange s'élevait jusqu'à l'hyperbole, Charles donnait au Président Louvet divers châteaux et châtellenies en Dauphiné, faisant partie de son domaine[103]. Ces deux personnages ne devaient pas tarder à avoir dans le Conseil une influence prépondérante qui se substituait d'une façon déplorable à l'ascendant exercé jusque-là par le chancelier Robert le Maçon et le premier chambellan Barbazan. Au lendemain de son voyage du Midi, malgré les succès
qu'il avait obtenus, le Dauphin se trouvait en présence d'une situation très
grave. Comme le remarque un auteur bourguignon, c'était assurément pour lui occasion assez de mirancolie et matière de grant souci
de se voir delinqui (abandonné) de son père, désavoué
comme bastard, et de savoir comment il pourrait résister à un si grant et si espouvantable effort commun de deux
princes qu'il avoit contre luy[104]. C'est la
remarque d'un auteur bourguignon, qui ajoute : Véoit
le duc bourguignon son beau-frère estre en grant effort et puissant devers le
Roy[105], et que par luy et à son appetit toutes les choses de ce royaume
se traitoient ; véoit à l'autre lez (côté) sa sœur estre accordée au roy anglois, avec
l'adheritement perpetuel de la couronne de France ; contre tout humain clioit
et divin, et que, par ceste alliance et amityé incompatible, il seroit
e.xpuls et dejeté de son heritage piteusement, et fraudé par les deux
puissances conjointes. Durement fast eshaby certes et non merveilles ! Et luy
sembloit chose bien penible et dangereuse moult à resister à tout et pourvoir
convenablement, combien que de necessité il falloit faire vertu et prendre
reconfort bien en austère fortune comme a.mye, là où git gloire et espreuve
des haux couraiges. Provisions toutes voies possibles pour lors, 'et la meilleure
qu'il pust, il y mit... attendant l'aventure
que Dieu luy voudroit envoyer[106]. A peine revenu de son expédition du Languedoc, Charles se remit en campagne. Le comte de Vertus, mandé par lui, était venu le joindre à Poitiers à la tête de ses gens de guerre[107]. Le Dauphin lui fit compter 2.000 livres et lui donna un cheval du prix de 925 livres[108]. Tandis que le duc d'Alençon et le comte d'Aumale, investis d'un commandement spécial[109], opéraient en Basse Normandie et dans le Maine[110] ; que les sires de Grolée et de Beauchastel groupaient des forces sur les frontières de la Bourgogne[111], et que Bernard d'Armagnac dirigeait, comme lieutenant général, les hostilités contre les Anglais sur les rives de la Dordogne, où l'on faisait le siège de Montberon[112], Charles quitta Poitiers, à la tête d'une nombreuse armée, pour résister aux Anglais. Le 24 juin, il avait ordonnancé une dépense de 16.960 livres, pour deux paires de harnais (armures de corps), deux estaliennes (robes), un jacques et une jacquette, des harnais et des couvertures pour ses chevaux, une douzaine de bannières de guerre, six cottes d'armes, six bannières de trompettes, trois étendards, dix mille panonceaux, deux grands chevaux pour porte-bannières et pennons, six sommiers, douze chevaux de charrois, etc.[113] Le 6 juillet, à Saumur, il donnait des mandements pour le paiement de plusieurs de ses gens de guerre[114]. Après avoir séjourné quelques jours au château de Chinon pour opérer la concentration de ses forces, qui devait se faire à Saumur[115], et recevoir l'argent dont il avait besoin[116], il s'ébranla le 24, à la tête de 15 à 16.000 combattants[117]. Tout était disposé pour marcher au secours de Melun, devant lequel les Anglais avaient mis le siège le 7 juillet. Les capitaines qui commandaient l'avant-garde se portèrent jusqu'à Yèvre et Château-Landon[118], d'où ils envoyèrent des espions pour examiner l'ost de l'ennemi. Le comte de Vertus, chargé de la garde des pays situés entre Seine et Loire[119], et qui, dès le mois de mai précédent, faisait inspecter la place[120], avait son quartier-général à Jargeau, où le Dauphin le rejoignit à la date du 6 août. La terreur était dans le camp anglo-bourguignon, et le jeune duc de Bourgogne, qui venait justement de subir un grave échec et de perdre une de ses bannières (28 juillet), parlait déjà de lever le siège[121]. Philippe redoutait encore la puissance du Dauphin, et semblait prendre ses précautions contre un retour possible de la fortune, car, peu auparavant, il était entré en négociations avec le comte de Vertus[122]. Peut-être quelque brillant succès, obtenu par ce prince, en l'arrêtant sur la pente fatale où il venait de s'engager, l'aurait-il ramené au sentiment du devoir. Mais le mouvement en avant ne s'opérait pas. L'armée du Dauphin restait stationnaire. Le 13 août, Charles se replie sir Gien, où il passe quatre jours. Revenu à Jargeau le 17 août, il se rend le 21 à Vienne-les-Jargeau ; le 26, il est à Saint-Mesmin, près Orléans ; le 28, à Meung-sur-Loire. Que se passe-t-il donc ? — Le comte de Vertus, sur lequel on comptait pour diriger les opérations, venait de tomber malade, et, impuissant à regagner sa résidence habituelle de Blois, il était resté à Beaugency, entre la vie et la mort ; malgré les soins empressés de ses médecins[123], le mal fit des progrès si rapides qu'il expira le 1er septembre. Toute la campagne avait été combinée par ce jeune et vaillant capitaine, qui mourait inopinément à l'âge de vingt-quatre ans. Le Dauphin dut abandonner son entreprise. Dès le 25 août, pendant la maladie du comte de Vertus, il avait rendu une ordonnance pour faire démolir les places du Poitou qui ne pouvaient être mises en état de défense, et faire réparer et ravitailler les autres[124]. Charles se replia sur le Berry. Il était le 4 septembre en son château de Mehun-sur-Yèvre, où il séjourna pendant le restant de l'année. La mort du comte de Vertus portait un coup fatal à la cause nationale. Par sa naissance, sa valeur, ses talents militaires, ce prince était désigné comme chef de l'armée destinée à opérer contre les Anglais, et c'est au moment même où les circonstances l'appelaient à jouer un rôle important qu'il disparaissait soudain, dans la fleur de l'âge, manquant à la fois au Dauphin, dont il était le meilleur soutien, et à son frère le duc d'Orléans, qui avait en lui un vigilant défenseur de ses intérêts[125]. Charles venait en même temps d'être privé du concours du duc d'Anjou ce jeune prince partait pour le Midi, poursuivant la conquête de ce royaume de Sicile où, à l'exemple de son père et de son aïeul, il ne devait rencontrer que des revers. Enfin l'issue du siège de Melun ménageait au Dauphin une perte bien sensible : le plus illustre de ses capitaines et sans contredit le meilleur de ses conseillers, Barbazan, allait être fait prisonnier, et devait rester pendant de longues années aux mains des Anglais. Déjà circonvenu par Louvel, qui faisait le vide autour de lui et ne négligeait aucune occasion de s'emparer de sa confiance[126], le Dauphin parut se retourner vers son chancelier, le plus ancien comme le plus fidèle de ses conseillers. Le 13 septembre, il faisait acheter à Guillaume d'Avaugour une mule du prix de 500 francs, pour la donner à Robert le Maçon[127], auquel il avait déjà fait présent d'un cheval[128]. Le 7 novembre, il rendait une ordonnance par laquelle il attribuait à la seigneurie de Trêves un droit de péage sur la Loire. Les considérants de cette ordonnance[129] méritent d'être cités : Comme chose convenable et loisible soit aux princes, à qui plus que à autres appartient monstrer amplement leur liberalité, icelle estendre et eslargir envers ceulx qui, pour la chose publique, travaillent plus vertueusement et diligemment, et qui, en ce faisant, veillent et labourent à la conservacion de la seigneurie et du bien commun qui est le bien d'un chascun, dont ilz deservent perpetuel memoire et louenge et remmunacion de honneurs, prorogatives et autres biens faitz comme en profiz sur la communité, ainsi que leurs ouvres sont en l'utilité commune, afin que par ce ils soient aux autres exemples de soy emploier en vertueuses ouvres et louables, qui est l'accroissement de la renommée et prosperité desdictes seigneuries, et entretenement d'icelles, et le bien universel desdiz subgiez, nous, voulans en ce suivir noz bons predecesseurs, qui de liberatité ont esté, entre autres princes, très renommez ; cognoissans et aians en memoire les notables, longs et grans services dignes de memoire que nostre amé et feal chancellier messire Robert le Maçon a faiz, en grant travail, soin et diligence, à Monseigneur, à Madame, à nous et à la chose publique de ce royaume, jà a plusieurs ans, premièrement en l'office de conseiller et maistre ordinaire des requestes de l'ostel de mondit seigneur, et en après en l'office de chancellier de ma dicte dame, et depuis a fait longuement à nous en l'office de nostre chancellier, auquel office il fut esleu et institué par deliberacion de plusieurs des seigneurs du sang de mon dit seigneur, nous estans duc de Touraine, et depuis nous a servi et sert de present, comme Regent, de l'eure de sa dicte institucion jusques à present, à grant et pesant charge continuele, mesmement veuz les haulx afaires, troubles, divisions et empeschement qui ont esté et sont donnez en ceste seigneurie par les anciens ennemis et rebelles d'icelles, esquelz affaires nostre chancellier nous a continuellement adreciez et conseilliez à son povoir, et, par ce a esté et est en gant, indignacion et malveillance desdiz ennemis et rebelles et en danger et peril de sa personne, et aussi que, pour sa confiance et industrie, avec aucuns autres noz conseillers, il fut cause que nous feusmes preservez et retrait des dangiers des perilleuses sedicions et murdres inhumains et rebellions advenues à Paris l'an mil IIIIe XVIII contre mon dit seigneur et nous, à l'encontre du feu duc de Bourgoigne, faictes traistreusement en icelle ville ; et luy, meu comme loyal serviteur du grant desir que il avoit au salut de nostre personne, en mettant arrière la seurté de sa vie, pour nous retraire descendi de son cheval, lequel il avoit prins pour sa salvacion, et icellui nous bailla pour nous partir, et en recouvra un autre pour son salut, car les nostres ne pouvions lors à tel besoing recouvrer, qui fut cause de nostre preservacion est ne (sic pour et ce) ne pourroit jamais partir de nostre soubvenance, à icelui nostre chancellier, en perpetuel memoire et aucune remuneracion de si Brans et louables services qui doivent et sont dignes d'estre recognus à tousjours mais, pour remonstrer vers lui et sa lignée nostre liberalité, et en signe de recognoissance d'iceuLx services, avons de l'auctorité royal dont nous usons, de nostre propre mouvement, plaine puissance, auctorité royale et grace especial, etc. Ces lettres, dont nous n'avons plus l'original, mais seulement une copie authentique contemporaine, étaient signées de la main du Dauphin, et le jeune prince y avait fait apposer, en même temps que son grand sceau, son seel de secret. On mentionne qu'elles ont été lues en grand Conseil, en présence du Dauphin, et qu'elles ont été scellées par son exprès commandement[130]. Tout concourt donc à donner un caractère particulier à l'ordonnance du 7 novembre 1420, et à y imprimer la marque Personnelle de Charles. Un acte d'une plus haute importance politique avait été accompli quelques jours avant le retour du Dauphin en Berry. On se rappelle que Charles de Bourbon avait abandonné le
parti bourguignon aussitôt après l'événement de Montereau. En le retenant de
son hôtel, le Dauphin lui avait donné une pension de six cents livres[131]. Le 21 août
1420, par lettres signées à Vienne-les-Jargeau, le Dauphin, considérant les grandes et continuelles occupations qu'il avait
chaque jour, pour resister, en personne et autrement,
pour la tuicion et deffense de ce royaume, à l'outrageuse entreprinse des
anciens ennemis d'icellui, et voulant protéger contre les entreprises
des Anglais le Languedoc et la Guyenne, qui sont
deux des plus grans et plus notables membres de ce royaume ; ayant
d'autre part pleine confiance en son cher et amé cousin Charles, fils aîné du
duc de Bourbon, lequel est ung des plus prochains de
son sang et lignage, le nommait capitaine général en Languedoc et
Guyenne au delà de la Dordogne, avec pleins pouvoirs[132]. Le château de Mehun-sur-Yèvre, où s'installait le Dauphin, et qui devait être pour lui un séjour de prédilection, était une véritable maison de plaisance, située à quatre lieues de Bourges ; ce n'était pas une de ces forteresses au sombre aspect, aux étroites meurtrières, faites uniquement pour se mettre à l'abri des attaques, mais, comme nous l'apprend Froissart, l'une des plus belles maisons du monde ; car, le duc de Berry excellentement y avoit fait ouvrer et jolyer et ediffier, et avoit bien cousté trois cens mille francs[133]. Les murs étaient percés de grandes baies ogivales, laissant pénétrer la lumière ; de nombreuses tours, sveltes et richement sculptées, étaient reliées entre elles par une galerie à mâchicoulis et à créneaux qui permettait de circuler tout autour de l'enceinte ; l'entrée était ornée de sculptures et de statues. L'eau de la Yèvre coulait autour des remparts crénelés qui défendaient la première enceinte ; à l'intérieur, le vieux duc avait déployé, dans les peintures, les tapisseries, les meubles précieux, tout ce que le luxe du temps offrait de plus magnifique[134]. Pendant son repos momentané au sein de cette splendide demeure, Charles ne renonce ni à ses desseins d'expéditions — il se fait faire en août, par son armurier Richard de Melle-vile, un harnois entier à armer, garni de tissus de soie, et dont les boucles et les mordants étaient en argent doré[135], — ni à ses habitudes somptueuses — nous avons la description de deux huques estaliennes confectionnées en octobre, dont l'une, en drap noir, était parsemée d'ornements en manière d'auvens et de rées de soleil passans parmy, et l'autre, en drap bleu, était bordée en manière de corbettes qui gectent manière de graine d'orfaverie[136]. En outre, son sellier Rennequin de Pierremont livre sept selles et sept harnais pour les chevaux de corps du prince[137], qui commande encore une selle de guerre[138]. Un de ses armuriers délivre pour lui une pièce à lames fermant à alerons par derrière, garnie de mailles par dessus, doublée de soie[139]. Enfin il se fait faire un étendard à ses couleurs et quatre trompilles de guerre[140]. Charles célébra la fête de Noël à Mehun. A cette occasion, il institua dans sa chapelle un roi d'armes de Berry : ce fut son premier héraut, Gilles le Bouvier, dit Berry. Ce personnage, chef du collège des hérauts de France, avait la prééminence sur tous les autres[141]. Il joua un certain rôle à la Cour, et nous lui devons une chronique qui est un des plus précieux monuments historiques de l'époque. |
[1] A nostre pourchaz.
[2] 10 septembre 1419. Archives, K 60, n. 15 ; X1a 8603, f. 55 ; Brienne, 197, f. 427 et 247. Cette lettre fut lue en la chambre du Parlement, à Paris, le 17 septembre. Une autre version, fort abrégée, et sans date, de cette lettre, adressée au bailli de Vermandois, se trouve dans un formulaire du temps, ms. fr. 5271, f. 160 ; elle ne contient pas le récit des faits, et se termine par cette déclaration : Savoir faisons que nous, qui ne voulons riens tant que veoir paix en ce royaume et entre les subgiez de mondit seigneur, pour resister aux anciens ennemis, voulons et est nostre entencion de garder et entretenir la paix et abolicion generale dessus dicte vers tous les subgiez de mondit seigneur, de quelque estat qu'ils soient, sans ce que, à cause des choses passées, ou aucune d'icelles, leur puisse aucune chose entre demandée, ains puissent lesdiz subgiez labourer et faire leurs mestiers et marchandises plainement et paisiblement, sans avoir empeschement en corps ne en biens à la cause devant dicte.
[3] Lettres des 10, 11, 12, 13, 16, 17, 27 septembre. Catalogue des actes Charles VII (en préparation).
[4] Voir le texte dans Monstrelet, t. III, p. 352, et dans La Barre, t. I, p. 296. Cf. Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 159, note 2. Il y a un texte beaucoup plus développé, en date du 27 septembre, dans Besse, p. 317.
[5] Voir Chastellain, t. I, p. 41.
[6] On a rempli le blanc du lieu ; le mot Nemours est de la même encre et peut-être de la même écriture que la signature du Dauphin.
[7] Original sur papier. Trace de cachet. Moreau, 1425, pièce 84. On lit sur le dos de la lettre : Le Daulphin. Lettres envoiées par le conte d'Aubmalle.
[8] Vallet de Viriville, art. AUMALE, dans la Nouvelle biographie générale.
[9] Moreau, 1425, pièce 93. Sceau plaqué en cire rouge.
[10] Instructions au comte d'Aumale.
[11] C'est ce que disent les deux relations bourguignonnes. D'autres versions le font assister au meurtre et sauter par dessus la barrière (Relation de la duchesse ; Monstrelet, p. 344 ; Chronique anonyme, p. 280). Il est possible que le duc l'ait laissé dehors, de propos délibéré : le fait est que la Nouvelle relation inédite mentionne à sa place, comme étant avec le duc, Jean de la Trémoille, seigneur de Jonvelle. Mais nous les retrouvons tous deux occupant le château après le meurtre.
[12] Ce ne fut pas, comme le dit Monstrelet, de Bray, où ils ne se rendirent qu'après la reddition du château, mais de Montereau, et le soir même.
[13] C'est ce qui résulte des lettres du Roi au comte de Charolais et à la duchesse de Bourgogne, et de la lettre de la reine à celle-ci, toutes trois datées du 11 septembre. Les deux seigneurs bourguignons feignaient d'ignorer que le duc était mort, mais ils en étaient informés, car le même jour, 11 septembre, après dîner, on recevait à Paris la nouvelle de la mort du duc.
[14] Nouvelle relation inédite, p. 7. Par quoy, ajoute la Relation, l'inventorieur n'en peut veoir nulles lettres préjudisiables au duc Jehan. — La Relation ne manque pas de prétendre qu'ils ne savaient pas que le duc fût mort ; mais s'ils n'avaient su à quoi s'en tenir à cet égard, auraient-ils agi de la sorte et avec une telle précipitation ? L'inventorieur envoyé par le Dauphin était un de ses écuyers d'écurie, Antoine de Varennes.
[15] Lettre de Roi. Ms. Moreau, 1425, pièce 83.
[16] Quasi furiis dyabolicis agitatus. Religieux, t. VI, p. 374.
[17] Religieux, t. VI, p. 374 ; Abrégé français, p. 229-30 ; Monstrelet, t. III, p. 355.
[18] La Barre, t. I, p 301. Cf. Registres du Parlement et Monstrelet, t. III, p. 355.
[19] Religieux, t. VI, p. 374-76 ; Monstrelet, p. 356.
[20] Religieux, t. VI, p. 378.
[21] Allusion aux conventions secrètes faites avant les conférences de Meulon. Voir plus loin, chapitre VIII.
[22] Dans les lettres du 11 septembre, adressées à la veuve du duc et à son fils, Charles VI, sous la dictée d'Isabeau, parlait du grant vouloir que nostre dit cousin a tousjours eu à la conservacion de nous et de nostre royaume, et au reboulement des Anglais nos anciens ennemis et adversaires (Original, Moreau, 1425, pièce 83, et La Barre, t. I, p. 276). On voit quelle était la sincérité de cette déclaration.
[23] Copie contemporaine, Moreau, 1425, pièce 86. — C'est de cette lettre que M. Kervyn de Lettenhove a cité un fragment dans son édition de Chastellain, t. I, p. 32 note, en la donnant à tort comme adressée au duc Philippe. — La réponse du roi d'Angleterre ne se lit pas attendre : le 24 septembre, il donnait pouvoir à des ambassadeurs pour traiter de la conclusion de trêves et d'une paix finale avec son cousin de France (Rymer, t. IV, part. III, p. 133), et pour entrer en négociations avec les Parisiens (id., ibid.).
[24] Lettres des 23 septembre et jours suivants. Voir La Barre, t. I, p. 226-27 ; t. II, 103 note h, 104 n. g, 107 n. b, 109 n. c, 137 n. c ; D. Plancher, t. III, p.531 ; Collection de Bourgogne, vol. 51, f. 244 et 244 v°, 120 v°.
[25] Ordonnances, t. XII, p. 268-73. — Chose digne d'être notée, ces lettres ne portent point de date de lieu, et ne sont contresignées par aucun conseiller de Charles VI. Elles se terminent ainsi : Ce fut fait ou mois de septembre, l'an de grâce mil CCCC et dix-neuf et de nostre règne le quarentiesme. Par le Roy à la relacion de son grant conseil Tenu en la court de Parlement. J. DE DROSAY. — C'était donc le Parlement, composé de créatures de Jean sans Peur, qui fulminait ainsi contre le Dauphin.
[26] Le choix de Regnier Pot s'explique d'autant mieux qu'il avait été, par lettres de Jean sans Peur du el juillet, choisi comme capitaine de Parthenay en Poitou pour le duc, qui avait le droit de désigner un capitaine, moyennant qu'il fût agréable au Dauphin et qu'il lui prêtât serment. Moreau, 1425, pièce 80.
[27] Cette lettre faisait partie des documents retrouvés en 1851 par M. Brun-Lavainne, secrétaire de la mairie de Roubaix, au village de Laincelles, et qui furent déposés aux archives de la préfecture du Nord. M. Brun-Lavainne a publié cette pièce en 1868, avec un fac-simile, dans le Bulletin de la commission historique du Nord (t. X, p. 293-96). Nous l'avions imprimée en juillet 1868 dans la Revue des questions historiques (t. V. p. 223), grâce à une obligeante communication de notre regretté collaborateur Desplanque, archiviste à Lille.
[28] Ce document est également imprimé dans la même Revue, pages 224 et suivantes, en note, d'après l'original : Collect. Moreau, 1425, pièce 94.
[29] Messire Gosquin, chevalier, et Le Moine de Neufville, écuyer. Instructions du duc en date du 1er octobre 1419. Gachard, Archives de Dijon, p. 109 et s. Il est établi par ces Instructions, dont M. Gachard nous donne le texte, que la Reine avait incité le duc à envoyer des ambassadeurs à Henri V, et que, suivant le conseil et advis de la Royne et du conseil, il avait ordonné envoler aucuns de ses conseillers, avec les ambaxateurs du Roy, par devers le Roy d'Engleterre, pour remettre sus le traictié commencé avec lui par la Rogne et feu Monseigneur.
[30] Accompagné de Pierre le Verrat (ou de Veirat), écuyer d'écurie du Roi. Id., ibid., p. 109. Voir sur cette ambassade, Chastellain, t. I, p. 68 ; Monstrelet, t. III, p. 359 ; Berry, p. 438.
[31] Lettre du 19 septembre. Collection de Bourgogne, 57, f. 359, et 25, f. 28 v° ; cf. La Barre, t. II, p. 126, note c.
[32] Instructions du 1er octobre 1419, l. c.
[33] Lettre de l'Université de Paris à la duchesse de Bourgogne, 16 octobre 1419. La Barre, t. I, p. 304.
[34] 13 octobre 1419, sermon de frère Pierre Flour, de l'ordre des Frères prêcheurs, docteur en théologie, inquisiteur de la Foi en la province de Reims. Monstrelet, t. III, p. 361 ; Chastellain, t. I, p. 79.
[35] Monstrelet, t. III, p. 350-51 ; Saint-Remy, t. I, p. 377.
[36] Monstrelet.
[37] Quatre ambassades (ambassadeurs) notables que ladicte ville de Paris avoit envoyé devers mondit seigneur pour rexorter d'aller audit lieu. Instruction de la duchesse de Bourgogne à Jean de Saint-Ylaire, envoyé à la duchesse de Bourbon. La Barre, t. I, p. 292.
[38] D. Taillandier, Histoire de Bretagne, t. I, p. 472. Nous avons trouvé des montres fournissant la preuve que, dès la fin de 1419, des gens d'armes bretons étaient au service du Dauphin.
[39] Archives de Lyon.
[40] Voir Chastellain, t. I, p. 59 et 72.
[41] M. Vallet de Viriville, t. I, p. 188. Les pièces qu'il vise sont de l'année 1418, bien que leur éditeur, fort peu exact, les ait placées en 1419 (Lettres des rois, reines, etc., t. II, p. 348). Elles se rattachent aux négociations entamées pendant le siège de Rouen, et dont il sera question plus loin.
[42] Ne vous esmerveillez pas, disait-il aux ambassadeurs français, se j'entreprends chose si grande et si haulte ; car combien que le Daulphin ne soit à present content de nostre accord, pour la chaleur de jeunesse et les flatteurs d'autour de lui qui le gouvernent et le font devier de raison, croyés que, quant ils seront hors d'avec lui et qu'il cognoistra son cas, il en sera bien joyeulx et moult content de vous. Abrégé français du Religieux, p. 231-32. Cf. Religieux, t. VI, p. 378.
[43] Elle est datée fautivement, par l'éditeur, de 1420. Lettres des rois, etc., t. II, p. 385, d'après Brequigny, 80, f. 199.
[44] Ô Dieu veritable, y lit-on, devant qui quelconque chose, tant soit secrette, n'est celée ! Cuident eulx, par leur ficcion mencongière, palliée d'impossibilité, tousjours ainsi seduire nostre loyal peuple, et donner faulx pour vrai, pouvoir pour non puissance, malignité pour benivolence, tirannie pour justice, guerre pour paix, et souverain travail pour repox.
[45] Ordonnances, t. XII, p. 273-71. — En outre, des lettres du 19 février déclarèrent criminels de lèse-majesté tous ceux qui continueraient à servir sous les ordres du Dauphin.
[46] Archives de Lyon.
[47] Les actes que nous possédons concernent l'archevêque de Bourges, Charles de Bourbon, Bernard d'Armagnac, le sire d'Albret, le président de Provence (Louvet), le seigneur de la Fayette, le vicomte de Narbonne, Jean Cadart et Guillaume d'Avaugour. Le Dauphin reçut à La Palisse les étrennes de la reine de Sicile.
[48] En présence de moy, Jehan de Villebresme... Jehan Frenier, demeurant à Perrens en Eteaujoloys, congnut et confessa avoir eu et receu de Guillaume Charrier, commis à la recepte generale de toutes finances tant en Languedoil comme en Languedoc, la somme de cinquante livres tournois, laquelle mondit seigneur, par ses lettres données le IXe de ce present mois, lui avoit donnée, et ycelle ordonnée à lui estre baillée et delivrée par le dit Charrier des deniers de sa recepte, pour les dommaiges qu'il a euz on desroy de son hostel ouquel mondit seigneur fut logiez la nuit des Roys derrenier passez (7 janvier 1420). Cabinet des titres : VILLEBRESME. — A Thizy, où le Dauphin séjourna ensuite, du 7 au 10 ou 11 janvier, il mena aussi joyeuse vie, ainsi qu'on en peut juger par une quittance du 13 février suivant, donnée par Jeanne de Chamberieu, demoiselle, demeurant à Tisy en Beaujolais, de la somme de 20 l. t., que le Dauphin lui a donnée de sa grâce, pour le desroy de son hostel, auquel il a logié, en la ville, et aussi pour plusieurs draps, napes, tenailles et autre linge qu'elle a perdu durant le temps que ledit seigneur y a esté logié. Pièces originales, 655 : CHAMBERIEU.
[49] Fr., nouv. acq., 1001, f. 12.
[50] Fr., nouv. acq., 1001, f. 13. Il est possible que cette sommation fût adressée à un certain nombre de villes.
[51] Lettres des 24 et 25 janvier 1420. — Autres dons en date des 30 et 31 janvier et 2 février.
[52] Quelques jours plus tard, le 2 février, le Dauphin donne 800 l. t. à Antoine Forez, dit Coupé, ancien maitre particulier de la Monnaie de Romans, pour le dédommager des pertes par lui faites dans la restitution de prêts en faible monnaie, et 300 l. t. à son secrétaire Jean Gosset, en considération des pertes que lui et ses frères ont faites par suite de la descente des Anglais en Normandie.
[53] Itinéraire : Saint-Symphorien, 27 janvier, 1er février ; — Vienne, 7, 8 février ; Rive-de-Gier, 9 ; — Saint-Chamont, 10 ; — Brioude, 14 ; — Massiac, 17 ; — Saint-Flour, 19 ; — Rodez, 22 ; — Albi. 27, etc. On voit par un registre de l'église de Ceignac que le Dauphin entra le 22 à Rodez, à fort grande suite. Bose, Mémoires pour servir à l'histoire du Rouergue, t. III, p. 253.
[54] Guillaume Martel reçut à cet effet, par lettres du 2 février, une somme de 500 livres. Clairambault, 71, n° 5509. Le 17 le Dauphin donne une gratification à un écuyer venu de Toulouse en récompense des bonnes nouvelles qu'il lui a apportées. Pièces originales, vol. 1025 : DOUSTANS.
[55] Pour un de ces harnais, en septembre 1419, qui employa deux marcs six onces d'urgent doré (KK 53, fol. 20 v°) ; un autre coûta 300 livres (id., f. 25).
[56] KK 53, f. 18 v° et 19 v°.
[57] KK 53, f. 19 et 20 v°.
[58] Environ 5 livres.
[59] Les ornements de cette robe pesaient 6 marcs 3 onces.
[60] KK 53, f. 22,22 v°, 23, 25 v°, 26, 28.
[61] KK 53, f. 19 v°, 27, 27 v° et 29 v°.
[62] KK 53, f. 21, 28.
[63] KK 53, f. 22.
[64] KK 53, f. 28 v°.
[65] KK 53, f. 20 v°, 21 v°, 27 v°, 28
v°.
[66] KK 53, f. 21 v°.
[67] KK 53, f. 18 v°, 20.
[68] KK 53, f. 27 et 27 v°. — M. Marius Sepet, dans son excellent travail sur Le drapeau de la France (Paris 1873, in-12), fait observer qu'il ne faut pas confondre la bannière de France, à la fois dynastique et nationale, avec l'étendard personnel de chaque Roi : Charles VI avait pour couleurs le blanc, le rouge et le noir, et Charles VII, on le voit, le blanc, le rouge et le bleu. La bannière de France était alors bleue, semée de fleurs de lis d'or ; c'est pendant la guerre de cent ans, et dès le milieu du XIVe siècle, que la couleur blanche apparaît comme signe national de ralliement : la croix blanche des Français est partout opposée à la croix rouge des Anglais.
[69] 17 octobre 1419 : mandat pour l'achat de cent vingt-huit chevaux ; 28 octobre : trois chevaux, 2.112 l. ; 9 février 1420 : six grands coursiers d'Espagne et de Pouille, 4.100 l. ; 6 mars : huit chevaux, 1.360 l. ; 11 mars : trois coursiers, 2.000 l., etc. KK 53, f. 2 v°-3.
[70] Achats faits à Louis de Braquemont, chambellan ; à Laurent de Redya, chambellan ; à Jean du Cygne, au Borgne Blosset ; à Jean Louvet, conseiller et chambellan ; à Jean de Villebresme, secrétaire ; à Pierre Castellain, pannetier ; à Thibaut de Lacroiz, maure de la chambre aux deniers ; à Jean Havait, écuyer tranchant, etc. KK 53, f. 5-7.
[71] Dons faits à Guillaume d'Avaugour, conseiller et chambellan ; au comte de Victon, Écossais ; à Jean Taveau, seigneur de Mortemer, chambellan ; à Thomas Ston, capitaine écossais ; au vicomte de Narbonne ; à Colinet de la Digne ; à Tanguy du Chastel ; à Pierre Castellain ; à Antoine de Varennes, écuyer d'écurie ; à Guillaume Claret, chambellan ; à Jacques de Villiers, écuyer tranchant ; à Adam de Champgiraut, écuyer tranchant ; à Guillaume Lefevre, dit Verjus, premier queux ; à Jean de Morsourbier, huissier d'armes, etc. KK 53, f. 5-7.
[72] KK 53, f. 19 v°.
[73] Le Dauphin donna au premier une pension et le fit maitre des requêtes de son hôtel. D. Vaissète, t. IV, p. 451.
[74] Jouvenel, p. 376 ; Berry, p. 439.
[75] D. Vaissète (l. c.) place ici un séjour au château de Buzet, qu'on avait réparé tout exprès ; ce séjour est antérieur à l'entrée à Toulouse, et eut lieu du 2 au 4 mars. KK 53, f. 50 v°.
[76] D. Vaissète (p. 453) et Menard (t. III, p. 152 et notes, p. 15) ne sont pas d'accord sur les dates. Le second se trompe en plaçant l'arrivée du Dauphin devant Nîmes avant le 4 (le Compte de l'écurie nous apprend qu'il était le 4 au matin à Bernis) ; le premier dit à tort que la reddition eut lieu le 6 et non le 4.
[77] Menard, t. III, p. 152, et preuves, p. 212 ; D. Vaissète, t. IV, p. 423. Cf. Jouvenel et Berry, ll. cc.
[78] M. Vallet l'affirme (t. I, p. 213), mais les autorités qu'il cite ne contiennent rien à l'appui de celle affirmation.
[79] Lettres du Dauphin du 6 mars.
[80] Lettres du 17 mai.
[81] Gallia Christiana, t. I, col. 732.
[82] A Vannes le 9 décembre 1419. L'original est à Rouen, dans la Collection Leber, 5688.
[83] Actes des 29 octobre et 31 décembre 1419. Voir Rymer, t. IV, part. III, p. 137 et 146. Cf. la lettre, en date de Corbeil, le 9 juillet 1420, où les ambassadeurs de Bretagne s'adressent au roi d'Angleterre, qu'ils qualifient de hoir et regent du royaume de Prince, et où ils lui rendent compte de tout ce qui touche aux intérêts de leur maître (id., ibid., p. 182).
[84] On n'est pas d'accord sur la date. Nous suivons les lettres du duc Jean, dans Godefroy, p. 687. Jouvenel dit le 10 (p. 375) ; le Religieux le 12 (t. VI, p. 403) ; la Chronique d'Alençon attribuée à Perceval de Cagny, le 12 également.
[85] Monstrelet met (t. IV, p. 30) : Je vous fais prisonnier de monseigneur le Dauphin. Nous suivons l'arrêt du Parlement.
[86] L'avions fait nostre mareschal et gouverneur de nostre chevalerie, nostre special et privé chambellan à la garde de nostre personne. Arrêt du Parlement de Bretagne, rendu le 16 février 1421. Godefroy, Historiens de Charles VI, p. 686.
[87] Ce récit est emprunté à l'arrêt du Parlement, l. c., p. 687-89.
[88] Monstrelet, t. IV, p. 29.
[89] Monstrelet, t. IV, p. 29.
[90] Arrêt du Parlement, l. c., p. 690.
[91] Nous n'avons qu'une copie moderne de cette pièce. Collection Doat, vol. 161, fol. 53.
[92] Quittance de 500 livres donnée par Martin Gouge le 2 février. Clairambault, 54, p. 4107.
[93] L'ambassade n'était pas arrivée le 10, comme on le voit par l'arrêt du Parlement de Bretagne déjà cité (p. 687).
[94] Lettres du Dauphin, portant don de deux cents livres pour avoir des fourrures, ms. fr. 20882 (Gaignières, 153), f. 65.
[95] Lettres du Dauphin du 5 mars, visées dans une quittance du 8. Le but ostensible du voyage était une information sur la valeur des terres de feu le seigneur de Pouzauges, qu'occupait le duc de Bretagne. Clairambault, 54, p. 1753.
[96] Le sire de Coëtivy figure parmi les membres du conseil qui prennent part aux délibérations du conseil de la duchesse Jeanne. Lettres du 8 mai 1420, données à Vannes. Orig., Archives, K 59, n° 26.
[97] Lesquels ont touché de l'affection qu'ils dient mondit seigneur Daulphin avoir à la delivrance de Mgr le duc ; et finablement ont dit que si on envoye ambaxade pour requerir la dicte delivrance, il sera delivré. Lettre des ambassadeurs bretons au roi d'Angleterre, datée de Corbeil, 9 juillet 1420. Rymer, t. IV, part. III, p. 182.
[98] Compte de Jean Mauléon, dans D. Morice, t. II, col. 1205.
[99] La duchesse, aussitôt après la réception de l'ambassade du Dauphin, envoya à son frère l'évêque de Dol, Henri du Parc et François de Lospital. Lettre citée, du 9 juillet.
[100] Voir la lettre de la duchesse au roi d'Angleterre, en date du 5 avril 1420. Rymer, l. c., p. 163.
[101] Le Religieux raconte que le Dauphin envoyait messages sur messages au comte de Penthièvre pour se faire livrer le duc, et que le comte refusa, de crainte qu'on ne le fit périr : ne ipsum vita privaret ! Cet auteur demande à être ici sévèrement contrôlé : il charge le Dauphin pour blanchir le comte de Penthièvre. — Notons que le comte fut, à partir de ce moment, en disgrâce à la cour du Dauphin, et qu'il passa ensuite dans les rangs du parti bourguignon.
[102] Le P. Anselme, Histoire généalogique, t. VI, p. 480 ; t. VIII, p. 412.
[103] Archives de Grenoble, B 3044, f. 22 v°.
[104] Chastellain, t. I, p. 150.
[105] Par lettres du 9 mai 1420, le duc de Bourgogne s'était fait donner par le Roi toutes les terres, tenues de lui en fief ou arrière-fief, appartenant à ceux qui tiennent le dampnable parti de Charles, qui se dit regent de nostre royaume, contre nos voulentez et plaisir. La Barre, t. I, p. 350.
[106] Chastellain, t. I. p. 120-21. — Cf. Monstrelet, t. III, p. 381 et 408, et Fenin, p. 139.
[107] Le 8 juin, le comte envoyait Pierre des Vignes, écuyer, préparer à Poitiers son logis et celui de ses gens (Clairambault, 52, p. 5325). En même temps il mandait des chevaliers et écuyers pour aler en sa compaignie en ce présent voiaige qu'il fait presentement devers Mgr le Regent le Royaulme à Poictiers. (Fr. 6212, n. 494.)
[108]
Lettres du 20 juin, indiquées dans une quittance du 26. Clairambault, 112, p. 8743 ; Archives, KK 53,
f. 10.
[109] Les lettres de provision les instituant lieutenants et capitaines généraux dans le duché de Normandie et dans toutes les terres du duc d'Alençon, portent la date du 23 juin 1420 ; elles ont été données par M. Siméon Luce dans les Pièces diverses accompagnant la Chronique du Mont-Saint-Michel, publiée pour la Société des anciens textes français, t. I (1879), p. 102.
[110] Voir la lettre de Jean de Asheton au roi d'Angleterre, datée de Coutances le 15 juin, dans Sir Henry Ellis, Original letters, second series, t. I, p. 72-74. Montres du 1er août, passées à Durtal (Maine-et-Loire).
[111] Nombreuses montres passées à Belleville en Beaujolais, le 1er juillet.
[112] Lettres du 22 mai 1422. Chartes Royales, XIV, n° 13.
[113] Archives, KK 53, f. 2 v°. Cf. f.
24, 24 v°, 25, 33, 33 v°, 34 v°.
[114] Lettres de ce jour. Catalogue des actes.
[115] Nombreuses montres des 20 juillet et jours suivants.
[116] Du 16 au 24 juillet, Jean Beloysel, garde de l'écurie et séjour du Dauphin, va à Loudun et Poitiers pour avoir appointement de la somme de 16.900 l. t., ordonnancée par le prince. Archives, KK 53, f. 33 v°.
[117] Ce chiffre est donné par Jouvenel, p. 379. Itinéraire : 24, Saint-More ; —25, Loches ; — 26, Montreuil.
[118] Jouvenel, p. 379. — Cet auteur nomme Château-Renard. Mais Château-Renard est bien plus bas, au sud-est de Montargis. Nous pensons qu'il faut lire Château-Landon. Dès le 22 juillet le vicomte de Narbonne était à Montargis (Clairambault, 80, p. 6268). Le 28, des montres sont passées à Neville, entre Orléans et Pithiviers.
[119] Lettres du comte, en date du 25 février 1420. Quittances, 52, n° 5494.
[120] Lettres du même, en date du 15 mai. Pièces originales, 565 : CABU.
[121] C'est, du moins, ce qui résulte du récit du chapelain de Henri V : Elmham, Vita Henrici V, p. 281. Cf. Deuxième compte de Guy Guilbault, dans Collection de Bourgogne, 65, f. 137 v°-138.
[122] Par lettres du 8 juillet, le comte ordonnait de payer à l'abbé de Saint-Jean d'Angély la somme de 31 l. t., pour un voyage fait, en avril, de Blois à Jargeau, en sa compagnie, cuidant que les ambassadeurs du duc de Bourgongne vensissent par devers nous. Fr. 6212, n° 136.
[123] Parmi eux figurait maître Pierre Bechebien, médecin de la Dauphine, puis de Charles VII. Voir extrait du compte des obsèques dans Laborde, Les ducs de Bourgogne, preuves, t. III, p. 281, et Catalogue Joursanvault, n° 865. Il est probable que le comte de Vertus mourut de la peste, qui sévissait alors. Extraits des Registres capitulaires de Saint-Martin de Tours, dans la collection de D. Housseau, t. XV, f. 274.
[124] Ordonnances, t. XII, p. 286.
[125] Pour le trespas duquel ledit de Touraine Daulphin fut moult affeldi d'aide et de conseil, et ses deux fréres aussi (le duc d'Orléans et le comte d'Angoulême), qui estoient prisonniers en Angleterre. Monstrelet, t. IV, p. 8.
[126] Dans un fragment de compte, conservé aux Archives de Lyon (CC 392, 37) nous avons trouvé un rapport d'un envoyé du Conseil, Jean Violet, qui avait mission de poursuivre près du Dauphin les affaires de la ville. Il partit de Lyon le 16 juillet 1420, et remit ses lettres au Dauphin à Vierzon, où celui-ci se trouvait le 3 août, se rendant à Jargeau. Lors, lit-on dans ce document, par Mgr le president de Provence fu remis à besonier à Jarguiox sur Lore, pour l'amour de ce qu'il n'avoit en ladicte companie nul du conseil, ne non seroyoient jusques il fusent ondit leu de Jarguiox où il estoyoien tous assignés. Sans attacher à ce passage plus d'importance qu'il ne convient, il prouve que, parmi les membres du Conseil, Louvet, accompagnait seul le jeune prince, dans son voyage de Chinon à Jargeau, du 23 juillet au 6 août.
[127] Lettre du Dauphin, visée dans une quittance du 1er octobre. Clairambaut, vol. 7, p. 333.
[128] Archives, KK 53, f. 13.
[129] Archives, X1a 8601, f. 72.
[130] Et après estoit escript : Leue en la presence de monseigneur le Regent Daulphin, en son Conseil, les archevesques de Reims et de Bourges, l'evesque de Valence, l'abbé de Sainte-Cornille de Compiègne, messire Tanneguy du Chastel le mareschal des guerres, le sire de Belleville, le president de Provence, le sire de Grolée, maistre Denis du Moulin, Robert de Rouvres, Guillaume de Martel, Pierre Frotier, et plusieurs autres presens, et scellée de son commandement. — MALLIÈRE.
[131] Lettres du 15 septembre 1419. Archives, P 13591, cote 630. — Cf. lettres du 27 novembre 1419. Id., ibid., cote 659.
[132] Archives, P. 13581, cote 601.
[133] Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. XIV, p. 196.
[134] Raynal, Histoire du Berry, t. II, p. 412-414.
[135] KK. 53, f. 85 v°.
[136] KK 53, f. 22 v°-23.
[137] KK 53, f. 87.
[138] KK 53, f. 83 v°.
[139] KK 53, f. 84.
[140] KK 53, f. 89 v°.
[141] Voir l'Armorial de Berry, édité par M. de Vallet de Viriville, p. 4 ; ms. fr. 4935, f. 13 v°.