Tome II
Au temps où le roi Jean était prisonnier des Anglais, les habitants de Paris, voyant les ennemis au cœur du royaume, craignirent que leur ville ne fût assiégée et se hâtèrent de la mettre en état de défense ; ils l’entourèrent de fossés et de contre-fossés. Les fossés, sur la rive gauche de la Seine, furent creusés au pied des murs de l’ancienne enceinte. De ce côté, qui était celui de l’université, les faubourgs restaient ainsi sans défense ; ils étaient petits et lointains : on les brûla. Mais sur la rive droite, les faubourgs, beaucoup plus gros, touchaient presque la cité. Les fossés qu’on creusa, en renfermèrent une partie. Quand la paix fut faite, Charles, régent du royaume, entreprit d’entourer le nord de la ville d’une muraille crénelée, flanquée de tours carrées, avec terrasses et créneaux, un chemin de ronde et des degrés pour les courtines. Le fossé était simple ou double suivant les endroits. L’ouvrage fut conduit par Hugues Aubriot, prévôt de Paris, qui fit aussi bâtir la Bastille Saint-Antoine, achevée sous le roi Charles VI[1]. Cette nouvelle enceinte commençait, au levant, sur la rivière, à la hauteur des Célestins ; elle enfermait dans son cercle le quartier Saint-Paul, la Culture Sainte-Catherine, le Temple, Saint-Martin, les Filles-Dieu, Saint-Sauveur, Saint-Honoré, les Quinze-Vingts, qui avaient été jusque-là dans les faubourgs, et découverts, et elle atteignait la rivière en aval du Louvre, qui se trouvait de la sorte réuni à la ville. La clôture était percée de six portes, savoir : en commençant par l’est, la porte Baudet ou Saint-Antoine, la porte Saint-Avoye ou du Temple, la porte des Peintres ou de Saint-Denis, la porte Saint-Martin ou de Montmartre, la porte Saint-Honoré et la porte de Seine[2]. Les Parisiens n’aimaient pas les Anglais et ils les enduraient à grand’peine. Quand, après les funérailles du feu roi Charles VI, le duc de Bedford fit porter devant lui l’épée du roi de France, le peuple murmura[3]. Mais il faut souffrir ce qu’on ne peut empêcher. Si les Parisiens n’aimaient pas les Anglais, ils admiraient le duc Philippe, seigneur de bonne mine et le plus riche prince de la chrétienté. Pour ce qui était du petit roi de Bourges, de triste figure et pauvre, véhémentement soupçonné de félonie à Montereau, il n’avait rien pour plaire ; on le méprisait et ses partisans inspiraient l’épouvante et l’horreur. Depuis dix ans ils faisaient des courses autour de la ville, rançonnant et pillant. Sans cloute, les Anglais et les Bourguignons n’en usaient pas d’une autre manière. Lorsqu’au mois d’août 1423 le duc Philippe vint à Paris, ses hommes d’armes ravagèrent toutes les cultures aux alentours, et c’étaient des amis et des alliés. Mais ils ne firent que passer[4] ; les Armagnacs battaient sans cesse les campagnes, ils volaient sempiternellement tout ce qu’ils trouvaient, incendiaient les granges et les églises, tuaient femmes et enfants, violaient pucelles et religieuses, pendaient les hommes par les pouces. En 1420, ils se jetèrent comme diables déchaînés sur le village de Champigny et brûlèrent à la fois avoine, blé, brebis, vaches, bœufs, enfants et femmes. Ils firent de même et pis encore à Croissy[5]. Un clerc disait que par eux plus de chrétiens avaient été martyrisés que par Maximien et Dioclétien[6]. On aurait pu toutefois, en 1429, découvrir dans la ville des partisans du dauphin, et même un assez grand nombre. Madame Christine de Pisan, très attachée à la maison de Valois, disait : Il y a dans Paris beaucoup de mauvais. Il y a aussi beaucoup de bons, fidèles à leur roi. Mais ils n’osent parler[7]. Il se trouvait dans le parlement, au su de tout le monde, et jusque dans le chapitre de Notre-Dame, des gens qui avaient des intelligences avec les Armagnacs[8]. Ces terribles Armagnacs, au lendemain de leur victoire de Patay, n’avaient qu’à marcher tout de suite sur la ville pour la prendre. On s’attendait à ce qu’ils y entrassent un jour ou l’autre. Le Régent la leur abandonnait d’avance. Il alla s’enfermer dans son château de Vincennes avec le peu d’hommes qui lui restaient[9]. Trois jours après la déconfiture des Anglais, le mardi devant la Saint-Jean, grand émoi dans la ville. On disait : Les Armagnacs entreront cette nuit. Pendant ce temps, les Armagnacs attendaient à Orléans l’ordre de se rassembler à Gien pour gagner ensuite Auxerre. A cette nouvelle le duc de Bedford dut pousser un grand soupir de soulagement ; et tout aussitôt il s’occupa de pourvoir à la défense de Paris et à la sûreté de la Normandie[10]. La première émotion passée, la grand’ville redevenait de cœur, sinon anglaise (elle ne l’avait jamais été), du moins bourguignonne. Son prévôt, messire Simon Morhier, qui avait fait une terrible occision de Français, le jour des Harengs, tenait ferme pour le Léopard[11]. Au contraire, on soupçonnait l’échevinage de tendre volontiers l’oreille aux propositions du roi Charles. Le 11 juillet, les Parisiens élurent un nouveau corps de ville composé des plus zélés Bourguignons qui se pussent trouver dans le négoce et le change. Ils désignèrent comme prévôt des marchands l’argentier Guillaume Sanguin, à qui le duc de Bourgogne devait plus de sept mille livres tournois et qui avait en garde les joyaux du Régent[12]. Ce changement s’opérait au plus grand dommage du roi Charles qui, pour reprendre ses bonnes villes, préférait la douceur à la violence et comptait beaucoup plus sur un accord avec les bourgeois que sur les pierres de ses canons. Très à point, le Régent céda la ville de Paris au duc Philippe, non sans regretter assurément de lui avoir refusé naguère la ville d’Orléans. Il sentait bien que la cité principale du royaume, redevenue ainsi française, se défendrait de meilleure volonté contre les dauphinois. Le magnifique duc y vint réchauffer la vieille amitié que lui gardaient les Parisiens et rallumer la haine qu’ils portaient au fils déshérité de madame Ysabeau. Il lut au Palais un récit de la mort de son père, entrecoupé de plaintes sur la paix enfreinte et la trahison des Armagnacs ; il fit crier le sang de Montereau[13] : les assistants jurèrent d’être bons et loyaux à lui et au Régent. Le même serment fut prêté, les jours suivants, par le clergé séculier et régulier[14]. Mais plus encore que l’amour du beau duc, le souvenir de la cruauté armagnaque affermissait les bourgeois dans la résistance. Ce bruit courait parmi eux et trouvait créance, que messire Charles de Valois avait abandonné à ses soudoyers la ville et les habitants grands et petits, de tous états, hommes et femmes, et qu’il se promettait de faire passer la charrue sur l’emplacement de Paris.. C’était le connaître très mal : il se montrait en toute occasion pitoyable et débonnaire ; son Conseil réduisait prudemment la campagne du Sacre à une promenade armée et pacifique. Mais les Parisiens ne pouvaient juger sainement des intentions du roi de France et ils ne savaient que trop que, leur ville une fois prise, rien n’empêcherait les Armagnacs de la mettre à feu et à sang[15]. Un fait accrut encore leur aversion et leur effroi. Quand ils surent que le frère Richard, dont naguère ils avaient entendu si pieusement les sermons, chevauchait avec les gens du dauphin et leur gagnait par sa langue bien pendue de bonnes villes comme Troyes en Champagne, ils appelèrent sur lui la malédiction de Dieu et des saints. Ils arrachèrent de leur chapeau les médailles d’étain au saint nom de Jésus, que le bon frère leur avait données et, en haine de lui, ils reprirent aussitôt dés, boules, dames, et tous les jeux auxquels ils avaient renoncé sur ses exhortations. La Pucelle ne leur inspirait pas moins d’horreur. On contait qu’elle faisait la prophétesse et parlait de cette sorte : Telle chose adviendra pour vrai. Ils disaient : Une créature en forme de femme est avec les Armagnacs. Ce que c’est, Dieu le sait ! On l’appelait ribaude[16]. Parmi ces ennemis, pires à leur sentiment que les païens et les Sarrazins, voilà ce qui leur paraissait le plus horrible : un moine et une jeune fille. Ils prirent tous la croix de Saint-André[17]. Pendant que le dauphin s’en allait à son sacre, une armée venait d’Angleterre en France. Le Régent la destina à couvrir la Normandie ; il la dirigea en personne sur Rouen, laissant la garde et la défense de Paris à Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne, chancelier de France pour les Anglais, au sire de l’Isle-Adam, maréchal de France, capitaine de Paris, à deux mille hommes d’armes et aux milices parisiennes qui avaient la garde des remparts et le gouvernement de l’artillerie et étaient commandées par vingt-quatre bourgeois, dits quarteniers, pour les vingt-quatre quartiers de la ville. Dès la fin de juillet la place se trouvait à l’abri d’une surprise[18]. Le 10 août, vigile de Saint-Laurent, tandis que les Armagnacs campaient à La Ferté-Milon, la porte Saint-Martin, flanquée de quatre tourelles avec un double pont-levis, fut fermée et défense faite à quiconque d’aller à Saint-Laurent en procession ou à la foire, comme les précédentes années[19]. Le 28 du même mois, l’armée royale vint occuper Saint-Denys. A partir de ce jour personne n’osa plus sortir pour vendanger, ni aller rien cueillir dans les potagers qui couvraient la plaine, au nord de la ville. Tout enchérit aussitôt[20]. Dans les premiers jours de septembre les quarteniers, chacun en son endroit, firent redresser les fossés et affûter les canons aux murailles, aux portes et aux tours. Les tailleurs de pierres pour l’artillerie, mandés par l’échevinage, firent des milliers de boulets[21]. Les magistrats reçurent de monseigneur le duc d’Alençon des lettres commençant ainsi : A vous, prévôt de Paris et prévôt des marchands et échevins... Il les nommait par leurs noms et les saluait en beau langage. Ces lettres furent considérées comme un artifice pour rendre les échevins suspects au peuple et exciter les habitants les uns contre les autres. Il fut répondu à ce seigneur de ne plus gâter son papier à de telles malices[22]. Le chapitre de Notre-Dame fit célébrer des messes pour le salut commun. Le 5 septembre, trois chanoines furent autorisés à prendre des dispositions pour la garde du cloître. Les fabriciens avisèrent à mettre les reliques et le trésor à l’abri des soldats armagnacs. Ils vendirent, pour le prix de deux cents saluts d’or, le corps de monseigneur saint Denys, mais on garda le pied, qui était d’argent, le chef et la couronne[23]. Le mercredi 7 septembre, vigile de la nativité de la Vierge, une procession fut faite à Sainte-Geneviève-du-Mont pour remédier à la malice des temps et calmer l’animosité des ennemis. Les chanoines du Palais y portèrent la Vraie Croix[24]. Ce même jour, l’armée du duc d’Alençon et de la Pucelle escarmoucha sous les murs. Elle se retira le soir, et les habitants s’endormirent tranquilles, car le lendemain, le peuple chrétien célébrait la Nativité de la Sainte-Vierge[25]. C’était une grande fête et très ancienne. Voici comment on en rapportait l’origine. Un jour, un saint homme, qui vivait dans la contemplation, se remémorant que depuis bien des années, à la date du 8 septembre, il entendait une merveilleuse musique d’anges dans les airs, pria Dieu de lui révéler l’occasion de ce concert d’instruments et de voix célestes. Il obtint pour réponse que c’était le jour anniversaire de la naissance de la glorieuse Vierge Marie, et il reçut l’ordre d’en instruire les fidèles, afin qu’ils s’unissent clans la solennité de ce jour aux chœurs des anges. La chose fut rapportée au Souverain Pontife et aux autres chefs de l’Église, qui, après avoir prié, jeûné et consulté les témoignages et les traditions de l’Église, décrétèrent que désormais le jour du 8 septembre serait universellement consacré à la naissance de la Vierge Marie[26]. En ce jour, on lisait à la messe les paroles du prophète Isaïe : Il sortira un rejeton de la tige de Jessé et une fleur naîtra de sa racine. Les habitants de Paris pensaient que les Armagnacs eux-mêmes ne feraient œuvre de leurs dix doigts pendant une si grande fête, et garderaient le troisième commandement de Dieu. Ce jeudi 8 septembre, vers huit heures du matin, la Pucelle, les ducs d’Alençon et de Bourbon, les maréchaux de Boussac et de Rais, le comte de Vendôme, les sires de Laval, d’Albret, de Gaucourt, qui s’étaient logés avec leurs gens au nombre de dix mille et plus, dans le village de la Chapelle, à mi-chemin sur la route de Saint-Denys à Paris, se mirent en marche et parvinrent à l’heure de la grand’messe, entre onze heures et midi, sur la butte des Moulins, au pied de laquelle se tenait le marché aux Pourceaux[27]. Il y avait là un gibet. Cinquante-six ans auparavant, une femme, de vie édifiante aux yeux du peuple, mais reconnue hérétique et turlupine par les saints inquisiteurs, avait été brûlée vive sur cette place du marché[28]. Pourquoi les gens du roi se présentaient-ils devant les murailles du nord, celles de Charles V, qui étaient les plus fortes ? On n’en sait rien. Quelques jours auparavant, ils avaient jeté un pont sur la rivière, en amont de Paris[29], ce qui donnerait à croire qu’ils voulaient assaillir la vieille enceinte et pénétrer par la rive universitaire. Se proposaient-ils d’opérer simultanément les deux attaques ? C’est probable. Y renoncèrent-ils d’eux-mêmes, ou contre leur gré ? On l’ignore. Ils amenaient sous les murs de Charles V une abondante artillerie, canons, couleuvrines, veuglaires et traînaient dans des charrettes à bras des bourrées pour combler les fossés, des claies pour les rendre praticables, et sept cents échelles ; matériel de siège fort copieux, bien qu’on eût, ainsi que nous l’allons voir, oublié le plus utile[30]. Ils ne venaient donc pas escarmoucher ni faire quelques vaillantises d’armes ; ils venaient tenter l’escalade en plein jour et donner l’assaut à la plus vaste, à la plus illustre, à la plus populeuse ville du royaume ; opération de très grande importance, proposée et décidée, sans aucun cloute, en conseil et à laquelle, par conséquent, le roi n’était ni contraire, ni étranger, ni indifférent[31]. Charles de Valois voulait reprendre Paris. Il reste à savoir s’il comptait pour cela sur les gens d’armes seulement et les échelles. La Pucelle n’était pas, à ce qu’il semble, informée des résolutions prises[32] ; on ne la consultait jamais, et on ne l’avertissait guère de ce qu’on avait décidé. Mais elle était aussi sûre d’entrer ce jour-là dans la ville que d’aller en Paradis après sa mort. Depuis plus de trois mois, ses Voix la tympanisaient avec l’assaut de Paris. Ce qui pourrait surprendre c’est que, toute sainte qu’elle était, elle eût consenti à s’armer et à guerroyer le jour de la Nativité, contrairement à ce qu’elle avait fait le 5 mai, jour de l’Ascension de Notre-Seigneur, et au mépris de ce qu’elle avait dit le 8 du même mois : Pour l’amour et honneur du saint dimanche, ne commencez point la bataille[33]. Il est vrai qu’ensuite elle avait escarmouché, à Montepilloy, le jour de l’Assomption, au grand scandale des maîtres de l’Université. Elle agissait sur le conseil de ses Voix et ses déterminations dépendaient du moindre bruit qui se faisait dans ses oreilles. Rien de plus inconstant et de plus contradictoire que les inspirations de ces visionnaires, jouets de leurs rêves. Ce qui est certain du moins, c’est que Jeanne, cette fois comme toujours, croyait bien faire et ne point pécher[34]. Rangés sur la butte des Moulins, devant Paris et sa ceinture grise, les Français avaient devant eux un premier fossé, étroit et sec, de seize ou dix-sept pieds environ de profondeur, qu’un dos d’âne séparait d’un second fossé large presque de cent pieds, profond et plein d’eau, qui baignait la muraille. Tout proche, à leur droite, le chemin du Roule finissait à la Porte Saint-Honoré, qu’on appelait aussi Porte des Aveugles, parce qu’elle était proche des Quinze-Vingts. Elle s’ouvrait sous un châtelet flanqué de tourelles et avait pour défenses avancées un boulevard clos de barrières de bois, semblable à ceux d’Orléans[35]. Les Parisiens ne s’attendaient pas à être attaqués en ce saint jour[36]. Pourtant les remparts n’étaient pas déserts, et l’on voyait sur les murs s’agiter des étendards et particulièrement une grande bannière blanche avec une croit de Saint-André vermeille[37]. Les Français s’établirent un peu en arrière de la butte des Moulins, à l’abri des plombées et des pierres que commençait à cracher l’artillerie des remparts. Là ils mirent en place leurs veuglaires, leurs couleuvrines et leurs canons, pour tirer sur les murs de la ville. Le gros de l’armée se tint sur cette position, observant la plus vaste étendue possible de murailles. Conduits par messire de Saint-Vallier, dauphinois, plusieurs capitaines et gens d’armes s’approchèrent de la porte Saint-Honoré et mirent le feu aux barrières. La garnison de cette porte s’étant retirée dans l’enceinte et nul ennemi ne sortant par quelque autre issue, la compagnie du maréchal de Rais s’avança avec les claies, les bourrées, les échelles, jusque sous les remparts. La Pucelle chevauchait à la tête de la compagnie. Ils nitrent pied à terre entre la porte Saint-Denys et la porte Saint-Honoré, plus près de cette dernière, et descendirent dans le premier fossé qu’il n’était pas difficile de franchir. Mais ils se trouvèrent ensuite exposés, sur le dos d’âne, aux flèches et aux viretons qui pleuvaient dru du haut des murs[38]. Jeanne, comme aux Tourelles d’Orléans, faisait tenir sa bannière par un vaillant homme. Quand elle fut sur le dos d’âne, elle cria à ceux de Paris — Rendez la ville au roi de France[39]. Les Bourguignons entendirent qu’elle disait aussi : — Rendez-vous de par Jésus à nous tôt. Car si vous ne vous rendez avant qu’il soit la nuit, nous y entrerons par force, que vous le veuillez ou non et tout sera mis à mort sans merci[40]. Elle restait sur le dos d’âne, sondant avec sa lance le grand fossé, qu’elle ne s’attendait pas à trouver si profond ni si plein. Il y avait pourtant onze jours qu’elle faisait arec les gens d’armes des reconnaissances sous les murs et cherchait arec eux l’endroit où donner l’assaut. Qu’elle ne s’entendit pas à préparer une attaque, rien de plus naturel. Mais que penser de ces hommes de guerre qui, pris au dépourvu, se tenaient là, sur le dos d’âne, aussi empêchés qu’elle, tout ébaubis de voir tant d’eau, si près de la Seine, qui était haute ? Reconnaître les défenses d’une place forte, c’était l’a à c du métier. Capitaines et routiers ne se risquaient jamais sous une muraille sans s’être assurés d’avance s’il y avait eau, bourbe ou ronces ; et ils se munissaient d’engins différents selon l’occurrence. Quand le fossé contenait beaucoup d’eau, ils y lançaient des bateaux de cuir transportés à dos de cheval[41]. Les gens d’armes du maréchal de Rais et de monseigneur d’Alençon en savaient moins que les plus chétifs coureurs d’aventures. Qu’eût pensé d’eux le bon La Hire ? Tant d’ineptie et de négligence parut incroyable et l’on supposa que ces hommes de guerre connaissaient la profondeur du fossé, mais qu’ils ne dirent rien à la Pucelle, souhaitant qu’il lui arrivât mal[42]. En ce cas, pour nuire à cette enfant ils se nuisaient à eux-mêmes et s’engeignaient croyant l’engeigner, car ils restaient là sans avancer ni reculer. Quelques-uns jetaient inutilement des bourrées dans le fossé. Cependant les défenseurs, assaillis par une multitude de traits, disparaissaient les uns après les autres[43]. Mais vers quatre heures du soir, les bourgeois arrivèrent en foule. Les canons de la porte Saint-Denys grondaient. On échangeait du haut en bas des flèches et des invectives. Les heures passaient, le soleil déclinait. La Pucelle ne cessait de tâter le fossé du bois de sa lance et de crier aux Parisiens qu’ils se rendissent. — Voire paillarde ! ribaude ! lui cria un Bourguignon. Et, d’un trait de son arbalète à hausse pied, il lui déchira son harnais de jambe et lui entailla la cuisse. Un autre Bourguignon tira sur l’homme d’armes qui portait l’étendard de la Pucelle et lui perça le pied d’un vireton. Le blessé souleva la visière de son heaume pour voir d’où venait le coup ; aussitôt un trait l’atteignit entre les deux yeux. La Pucelle et le duc d’Alençon eurent grand regret de cet homme d’armes[44]. Blessée, Jeanne criait plus fort que chacun approchât des murs et que la place serait prise. On la mit à l’abri des traits contre l’épaulement du petit fossé. De là, elle pressait les gens d’armes de jeter des bourrées dans l’eau pour se faire un pont. Vers dit ou onze heures du soir, le sire de la Trémouille enjoignit aux combattants de se retirer. La Pucelle ne voulait point quitter la place. Sans doute elle entendait ses Saintes et voyait autour d’elle des milices célestes. Le duc d’Alençon l’envoya chercher ; le vieux sire de Gaucourt[45] l’emporta avec l’aide d’un capitaine picard nommé Guichard Bournel, qui ne lui fit point plaisir ce jour-là et qui devait, six mois plus tard, lui causer, par sa félonie, un plus grand déplaisir[46]. Si elle n’avait pas été blessée, elle eût résisté davantage[47]. Elle céda à regret, disant — En nom Dieu ! la place eût été prise[48]. Ils la mirent à cheval ; elle put ainsi suivre l’armée. Le bruit courut qu’elle avait une cuisse et même les deux cuisses traversées, mais sa blessure était légère[49]. Les Français regagnèrent la Chapelle d’où ils étaient partis le matin. Ils emmenaient leurs blessés sur quelques-unes des charrettes qui leur avaient servi à transporter les bourrées et les échelles. Ils laissaient à l’ennemi trois cents charrettes à bras, six cent soixante échelles, quatre mille claies et les grandes bourrées dont ils n’avaient employé qu’une petite partie[50]. Leur retraite fut assez précipitée, car en passant devant la Grange des Mathurins, près des Porcherons, ils abandonnèrent leur bagage et y mirent le feu. On rapporta avec horreur qu’ils avaient jeté là dans les flammes, leurs morts, comme les païens de Rome[51]. Pourtant les Parisiens n’osèrent les poursuivre. A cette époque, les gens d’armes qui savaient leur métier ne se retiraient pas sans tendre un piège à l’adversaire. Ils plaçaient une grosse troupe en embuscade sur le chemin de leur retraite, prête à surprendre les coureurs lancés à leur poursuite[52]. Craignant une embûche de ce genre, ceux de Paris laissèrent les Armagnacs gagner tranquillement leur gîte à la Chapelle-Saint-Denys[53]. En somme, si l’on ne regarde qu’à l’action militaire, les Français avaient mal conduit les choses et ne les avaient pas poussées très énergiquement. Aussi bien n’était-ce pas sur l’action militaire que l’on comptait le plus. Ceux qui menaient la guerre, le roi et son Conseil, avaient bien l’idée qu’on entrerait ce jour-là dans Paris. Mais comment ? Comme on était entré à Châlons, comme on était entré à Reims, comme on était entré dans toutes les villes depuis Troyes jusqu’à Compiègne. Le roi Charles s’était montré résolu à reprendre ses bonnes villes par le moyen des habitants il se comportait envers Paris comme envers les autres villes. Durant le voyage du sacre, il avait des intelligences avec les évêques et les bourgeois des cités champenoises ; il avait de même des intelligences à Paris[54]. Il était en rapport avec des religieux, et notamment avec les carmes de Melun, dont le prieur, frère Pierre d’Allée, s’employait pour lui[55]. Des hommes stipendiés guettaient depuis quelque temps l’occasion de jeter le trouble par la ville et de faire entrer l’ennemi en un moment d’épouvante et de confusion. Pendant l’assaut, ils travaillèrent pour lui dans les rues. On ouït, l’après-midi, des deux côtés des ponts, les cris de Sauve qui peut ! les ennemis sont entrés ! tout est perdu ! Ceux des bourgeois qui entendaient le sermon coururent s’enfermer chez eux. Et d’autres qui étaient dehors, se réfugiaient dans les églises. Mais la commotion s’arrêta court. Des hommes sensés, comme le greffier au Parlement, eurent bien l’impression que ce n’était qu’un semblant d’assaut et que Charles de Valois, pour prendre la ville, comptait, non sur la force des armes, niais sur un mouvement du peuple[56]. Quelques-uns des religieux qui servaient à Paris d’espions au roi Charles l’allèrent trouver à Saint-Denys, et l’avisèrent que le coup était manqué. Selon eux, il s’en était fallu de peu qu’il ne réussit[57]. On rapporte que le sire de la Trémouille ordonna la retraite, par crainte des massacres, les Français étant capables, une fois dedans, de tout tuer et tout brûler[58]. Le lendemain vendredi 9, la Pucelle, debout dès l’aube, malgré sa blessure, demanda au duc d’Alençon de faire sonner la chevauchée, voulant à toutes forces retourner devant Paris et jurant de n’en partir tant qu’elle n’aurait la ville[59]. Cependant les capitaines français envoyèrent à Paris un héraut chargé de demander un sauf-conduit pour enlever les morts qu’ils avaient laissés en assez grand nombre[60]. En dépit d’un si cruel dommage, après une retraite tranquille, à la vérité, mais désastreuse, et la perte de tout le matériel de siège, plusieurs chefs de guerre étaient d’avis, comme la Pucelle, de tenter un nouvel assaut. D’autres n’en voulaient pas entendre parler. Tandis qu’ils en disputaient, ils virent venir à eux un seigneur accompagné de cinquante gentilshommes ; Ccétait le sire de Montmorency, premier baron chrétien de France, ce qui voulait dire le premier des anciens vassaux de la crosse de Paris. Il quittait la croix de Saint-André et s’offrait aux fleurs de Lis[61]. Sa venue donna aux gens du roi courage et bonne volonté de retourner devant la ville. L’armée s’y rendait, quand le comte de Clermont et le duc de Bar vinrent arrêter la marche, par ordre du roi, et ramener la Pucelle à Saint-Denys[62]. Le samedi 10, au petit jour, le duc d’Alençon se présenta avec un peu de chevalerie sur la berge, en amont de la ville, à l’endroit où, quelques jours auparavant, un pont avait été jeté sur la Seine. La Pucelle, toujours prompte au danger, accompagnait ces aventureux. Mais, prudemment, le roi avait, la nuit, fait démonter le pont, et la petite troupe dut rebrousser chemin[63]. Ce n’est pas que le roi renonçât à prendre Paris ; il songeait plus que jamais à ravoir sa grand’ville ; mais il la pensait ravoir sans assauts, avec la connivence de plusieurs bourgeois. Il advint à Jeanne, en ce même lieu de Saint-Denys, une mésaventure qui, ce semble, fit impression sur ses compagnons et diminua, peut-être, la confiance qu’ils avaient en son bonheur à la guerre. Des filles, en grand nombre, comme de coutume, suivaient l’armée ; chacun avait la sienne ; on les nommait les amiètes. Jeanne ne pouvait les souffrir parce qu’elles y causaient des désordres, et surtout parce qu’elle avait horreur de l’état de péché où elles vivaient. On en faisait sur le moment même des contes comme celui-ci qui courut jusque dans les Allemagnes : Il était au camp un homme qui avait sa mie près de lui, laquelle chevauchait en armes, pour n’être point reconnue. Or, la Pucelle dit aux seigneurs et capitaines : Il y a une femme parmi nos gens. Ils répondirent qu’ils n’en connaissaient point. Alors, la Pucelle fit assembler l’armée et s’étant approchée de la femme : La voici, dit-elle. Et parlant à cette ribaude : — Tu es de Gien et tu es grosse d’enfant. Et n’était cela, je te ferais mettre à mort. Tu as déjà laissé mourir un enfant, et n’en feras pas de même de celui-ci. Quand la Pucelle eut ainsi parlé, les valets prirent la ribaude, la ramenèrent chez elle et la tinrent en garde jusqu’à sa délivrance d’enfant. Et elle confessa que la Pucelle avait dit vrai. Après quoi, la Pucelle dit encore : Il y a des femmes dans le camp. Et deux ribaudes qui n’appartenaient pas à l’armée et qu’elle en avait déjà chassées, entendant ces paroles, décampèrent à cheval. Mais la Pucelle courut après elles en leur criant : Vous, folles filles, je vous ai interdit ma compagnie. Et elle tira son épée et frappa une des filles par la tête, si bien que celle-ci mourut[64]. Le conte disait vrai, Jeanne ne pouvait souffrir les ribaudes. Chaque fois qu’elle en rencontrait une, elle lui donnait la chasse. C’est ce qu’elle fit précisément à Gien, en voyant que de folles femmes retardaient les gens du roi[65]. A Château-Thierry, elle avisa une amiète, qu’un homme d’armes menait en croupe, et courut après elle, l’épée à la main, et, l’ayant atteinte, elle l’avertit, sans la frapper, de ne plus se trouver désormais en la société des hommes d’armes : — Sinon, ajouta-t-elle, je te ferai déplaisir[66]. A Saint-Denys, étant en compagnie du duc d’Alençon, elle poursuivit encore une de ces jouvencelles. Cette fois, elle ne se contenta pas de remontrances ni de menaces. Elle brisa sur elle son épée[67]. Était-ce l’épée de Sainte-Catherine ? On le crut et non, sans doute, à tort[68]. Dans ce temps-là les esprits étaient pleins de tout ce que les romans rapportent des Joyeuse et des Durandal. Il parut que Jeanne, en perdant son épée, perdait sa force. On conta, en changeant un peu les circonstances, que le roi, lorsqu’il apprit l’aventure de l’épée rompue, en eut déplaisir et dit à la Pucelle : Vous deviez prendre un bâton et frapper avec, sans risquer votre épée venue divinement[69] On contait aussi que l’épée avait été remise à l’armurier pour en rejoindre les morceaux et qu’il n’avait jamais pu y réussir, et l’on voyait là une preuve qu’elle était fée[70]. Avant de partir, le roi laissa dans le pays le comte de Clermont comme chef militaire, avec plusieurs lieutenants : les seigneurs de Culant, Boussac, Loré, Foucault. Il institua une lieutenance générale composée, conjointement avec les comtes de Clermont et de Vendôme, des seigneurs Regnault de Chartres, Christophe d’Harcourt et Jean Tudert. Regnault de Chartres demeura dans la ville de Senlis, siège de la lieutenance. Ces dispositions prises, le roi quitta Saint-Denys le 13 septembre[71]. La Pucelle le suivit à contrecœur ; pourtant elle avait congé de ses Voix[72]. Elle déposa son harnais de guerre devant l’image de Notre-Dame et le précieux corps de monseigneur saint Denys[73]. Ce harnais était blanc, c’est-à-dire sans armoiries[74]. Elle suivait ainsi la coutume des hommes d’armes, qui, après qu’ils étaient grevés d’une blessure, s’ils n’en mouraient point, offraient, en action de grâces, à Notre-Dame ou aux saints leur armure. Aussi voyait-on, en ces temps de guerres, des chapelles qui, comme celle de Notre-Dame de Fierbois, ressemblaient à des arsenaux. La Pucelle joignit à son harnais une épée qu’elle avait gagnée devant Paris[75]. |
[1] Le Roux de Lincy, Hugues Aubriot, prévôt de Paris sous Charles V, Paris, 1862, in-8°, passim. — Paris et ses historiens au XVe et XVIe siècle, par Le Roux de Lincy et Tisserand, Paris, in-fol. [Hist. générale de Paris].
[2] Delamare, Traité de la police, Paris, 1710, in-fol., t. I, p. 79. — A. Bonnardot, Dissertation archéologique sur les enceintes de Paris, suivie de recherches sur les portes fortifiées qui dépendaient des enceintes de Paris, 1851, in-4°, plan ; Études archéologiques sur les anciens plans de Paris, 1853, in-4° ; Appendice aux études archéologiques sur les anciens plans de Paris et aux dissertations sur les enceintes de Paris, Paris, 1877, in-4° ; Étude sur Gilles Corrozet, suivie d’une notice sur un manuscrit de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne, contenant une description de Paris en 1432, par Guillebert de Metz, Paris, 1846, in-8° de 56 p. — Kausler, Atlas des plus mémorables batailles, Carlsruhe, 1831, pl. 34. — H. Legrand, Paris en 1380, plan de restitution, Paris, in-fol., 1868, p. 58. — A. Guilaumot, Les portes de l’enceinte de Paris sous Charles V, Paris, 1879. — Rigaud, Chronique de la Pucelle, campagne de Paris, cartes et plans, Bergerac, 1886, in-8°.
[3] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 180.
[4] Ibid., p. 189.
[5] Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 136-137.
[6] Ibid., p. 107. — Document inédit relatif à l’état de Paris en 1430, dans Revue des Sociétés savantes, 1863, p. 203.
[7] Christine de Pisan, dans Procès, t. V, strophe 56, p. 20. — Le Roux de Lincy et Tisserand, Paris et ses historiens, p. 426.
[8] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 251. — A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436), documents extraits des registres de la chancellerie de France, Paris, 1877, in-8°, introduction, p. xiij. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 116, note 1.
[9] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 248. — Chronique de la Pucelle, p. 297. — Morosini, t. III, p. 79, note.
[10] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 257. — Fauquembergue dans Procès, t. IV, p. 453. — Morosini, t. III, p. 198.
[11] Journal du siège, p. 38. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 106-107. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 454.
[12] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 239, note 2. — Le Roux de Lincy et Tisserand, Paris et ses historiens, pp. 340 et suiv.
[13] 14 juillet 1429. Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 240-241. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 240. — Morosini, t. III, p. 186.
[14] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 241.
[15] Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 356.
[16] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 212.
[17] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 243.
[18] Rymer, Fœdera, mai. — Chronique de la Pucelle, p. 332. — Monstrelet, t. IV, p. 355. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 106-107. — Wallon, Jeanne d’Arc, t. I, p. 290, note 1. — G. Lefèvre-Pontalis, La panique anglaise, p. 9. — Morosini, t. III, p. 216, n. 5, t. IV, annexe XVIII.
[19] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 243.
[20] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 213. — Perceval de Cagny, p. 166. — Chronique des cordeliers, fol. 486 v°.
[21] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 243.
[22] Ibid., pp. 243-244.
[23] Registre des délibérations du Chapitre de Notre-Dame (Arch. Nat., LL 796, pp. 173-174) dans le Journal d’un bourgeois de Paris, loc. cit. — Le P. Ayroles, La vraie Jeanne d’Arc, t. III, pp. 530, 531, pièces justificatives, J. p. 639. — Le P. Denifle et Chatelain, Le procès de Jeanne d’Arc et l’Université de Paris, Nogent-le-Rotrou, 1898, in-8°.
[24] Registre des délibérations du Chapitre de Notre-Dame, dans Tuetey, notes du Journal d’un bourgeois de Paris, p. 241, note 1. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 456. — Le P. Ayroles, La vraie Jeanne d’Arc, t. III, pièces justificatives, p. 640.
[25] Registre des délibérations du Chapitre de Notre-Dame, loc. cit. — Chronique de la Pucelle, p. 332. — Journal d’un bourgeois de Paris, p. 244. — Monstrelet, t. IV, p. 354. — Martial d’Auvergne, Vigiles, éd. Coustelier, t. I, p. 113. — Perceval de Cagny, p. 166. — Chronique des cordeliers, fol. 486 v°. — Le P. Ayroles, La vraie Jeanne d’Arc, t. III, p. 531.
[26] Voragine, Legenda aurea. — Anquetil, La Nativité, miracle extrait de la Légende dorée dans Mém. Soc. Agr. de Bayeux, 1883, t. X, p. 286. — Douhet, Dictionnaire des Mystères, 1854, p. 545.
[27] Perceval de Cagny, pp. 166, 168. — Chronique de la Pucelle, pp. 333-334. —Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 107, 109. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, pp. 456, 458. — Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 244-245. — Chronique des cordeliers, fol. 486 v°. — P. Cochon, éd. de Beaurepaire, p. 307. — Morosini, t. III, p. 210.
[28] Gaguin, Hist. Francorum, Francfort, 1577, liv. VIII, chap. II, p. 158. — Tanon, Histoire des tribunaux de l’inquisition en France, p. 121. — Lea, Histoire de l’inquisition au moyen âge, trad. S. Reinach, t. II, p. 148.
[29] Perceval de Cagny, p. 161. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 120, n° 1. — G. Lefèvre-Pontalis, Un détail du siège de Paris, par Jeanne d’Arc, dans Bibliothèque de l’Ecole des Charles, t. XLVI, 1885, pp. 5 et suiv.
[30] Délibération du Chapitre de Notre-Dame, loc. cit. — Journal d’un bourgeois de Paris, p. 245. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 457.
[31] Procès, t. I, pp. 240, 246, 298 ; t. III, pp. 425, 427 ; t. V, pp. 97, 107, 130, 140.
[32] Ibid., t. I, pp. 57, 146, 168, 230.
[33] Journal du siège, p. 89.
[34] Procès, t. I, pp. 147-148.
[35] Le Roux de Lincy et Tisserand, Paris et ses historiens, pp. 205 et 231, note 4. — Adolphe Berty, Topographie historique du vieux Paris, région du Louvre et des Tuileries, p. 180 et app. VI, p. IX. — E. Eude, L’attaque de Jeanne d’Arc contre Paris, 1429, Cosmos, nouv. série, XXIX (1894), pp. 241-244.
[36] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 246.
[37] Chronique de la Pucelle, pp. 332, 333. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 108.
[38] Perceval de Cagny, p. 167.
[39] Procès, t. I, p. 148.
[40] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 245.
[41] Le Jouvencel, t. I, p. 67.
[42] Chronique de la Pucelle, p. 333. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 109. — Journal du siège, p. 127. — Martial d’Auvergne, Vigiles, éd. Coustelier, 1724, t. I, p. 113.
[43] Perceval de Cagny, p. 167. — Monstrelet, t. IV, pp. 355-356. — Morosini, t. III, note 3. — E. Eude, L’attaque de Jeanne d’Arc contre Paris, dans Cosmos, 22 sept. 1894, t. XXIX. — P. Marin, Le génie militaire de Jeanne d’Arc, dans Grande Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg, 2e année, t. I, 1889, p. 142.
[44] Procès, t. I, p. 57, 246. — Journal d’un bourgeois de Paris, p. 245. — Délibération du Chapitre de Notre-Dame, loc. cit. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 457. — Perceval de Cagny, Jean Chartier, Journal du siège, Monstrelet, Morosini, loc. cit.
[45] Procès, t. I, P. 293.
[46] Procès, t. I, p. 111, 273. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 50. — F. Brun, Jeanne d’Arc et le capitaine de Soissons, pp. 31 et suiv.
[47] Procès, t. I, p. 57.
[48] Le jurement Par mon martin est une invention du clerc qui rédigea la Chronique dite de Perceval de Cagny, p. 168.
[49] Chronique de la Pucelle, p. 334. — Journal du siège, p. 128. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 109. — Monstrelet, t. IV, pp. 355-356.
[50] Délibération du Chapitre de Notre-Dame, loc. cit.
[51] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 245.
[52] Le Jouvencel, t. I, p. 112.
[53] Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 245-246.
[54] Sur la situation des esprits dans Paris, voyez divers actes de Henri VI, des 18 et 25 sept. 1429. (Ms. Fontanieu, 115.) — Sauval, Antiquités de Paris, t. III, p. 586 et circ.
[55] A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise, p. 302.
[56] Fauquembergue, dans Procès, t. IV, pp. 456, 458.
[57] Relation du greffier de La Rochelle, p. 344.
[58] Chronique de Normandie, dans Procès, t. IV, pp. 342-343.
[59] Perceval de Cagny, p. 168.
[60] Perceval de Cagny, p. 168. — Chronique Normande dans la Chronique de la Pucelle, p. 465. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 120, note 1.
[61] Duchesne, Histoire de la maison de Montmorency, p. 232. — Perceval de Cagny, p. 168. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, pp. 118, 119.
[62] G. Lefèvre-Pontalis, Un détail du siège de Paris, dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. XLVI, 1885, p. 12.
[63] Perceval de Cagny, pp. 168-169. — Morosini, t. III, p. 219, note 4. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 120, note 1. — G. Lefèvre-Pontalis, Un détail du siège de Paris, loc. cit.
[64] Eberhard Windecke, pp. 184, 186.
[65] Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 90.
[66] Procès, t. III, p. 73.
[67] Ibid., t. III, p. 99.
[68] Ibid., t. I, p. 76.
[69] Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 90.
[70] Ibid., t. I, pp. 122-123.
[71] Perceval de Cagny, p. 169. — Chronique de la Pucelle, pp. 335 et suiv. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 112 et suiv. — Monstrelet, t. IV, p. 356. — Journal d’un bourgeois de Paris, p. 246. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 48. — Gilles de Roye, p. 208.
[72] Procès, t. I, p. 260.
[73] Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 109. — Perceval de Cagny, p. 170. Martial d’Auvergne, Vigiles, t. I, p. 114. — Jacques Doublet, Histoire de l’abbaye de Saint-Denys, pp. 13-14.
[74] La Curne, au mot : Blanc. Le harnais blanc était la marque des écuyers, le doré des chevaliers. — Bouteiller, dans sa Somme Rurale donne encore le harnaz doré aux chevaliers. Cf. Du Tillet, Recueil des Rois de France, ch. Des chevaliers, p. 431. — Du Cange, Observations sur les établissements de la France, p. 373.
[75] Procès, t. I, p. 179.