Tome I
Le lundi 9 juin, le roi logea à Saint-Aignan, près Selles-en-Berry[1]. Parmi les gentilshommes de sa compagnie se trouvaient les deux fils de cette darne Anne de Laval qui, dans son veuvage, avait eu le tort d’aimer un cadet sans terres. André, le plus jeune, venait d’essuyer, à vingt ans, une disgrâce commune à presque tous les seigneurs d’alors, et que le second mari de sa grand’mère, sire Bertrand Du Guesclin, avait lui-même plusieurs fois éprouvée. Fait prisonnier, dans le château de Laval, par sire John Talbot, il s’était beaucoup endetté pour fournir les seize mille écus d’or de sa rançon[2]. Ayant grand besoin de gagner, les deux jeunes seigneurs offraient leurs services au roi qui les reçut fort bien, ne leur donna pas un écu, mais leur dit qu’il leur ferait voir la Pucelle ; et comme il se rendait de Saint-Aignan à Selles avec eux, il manda la sainte[3], qui aussitôt, armée de toutes pièces sauf la tête, la lance à la main, chevaucha à la rencontre du roi. Elle fit bonne chère aux deux jeunes seigneurs et retourna avec eux à Selles. Elle reçut l’aîné, le seigneur Guy, clans la maison qu’elle habitait, devant l’église, et fit venir le vin. Ainsi en usaient les princes entre eux. On servait des tasses de vin et les convives y trempaient des tranches de pain, qu’on appelait des soupes[4]. En offrant, le vin, la Pucelle dit au seigneur Guy : — Je vous en ferai bientôt boire à Paris. Elle lui apprit que trois jours auparavant, elle avait. envoyé à la clame Jeanne de Laval un anneau d’or : — C’est bien petite chose, ajouta-t-elle avec grâce. Je lui aurais volontiers envoyé mieux, considéré sa recommandation[5]. Ce même jour, à l’heure de vêpres, elle partit de Selles pour Romorantin, avec une compagnie nombreuse de gens d’armes et de gens des communes, commandée par le maréchal de Boussac. Elle était entourée de moines mendiants et un de ses frères l’accompagnais. Armée de blanc, et coiffée d’un chaperon, on lui amena son cheval à la porte de sa maison. C’était un grand coursier noir qui ne voulait pas se laisser monter et se défendait très fort. Elle le fit mener à la croix qui s’élevait devant l’église au bord du chemin, et là, se mit en selle. De quoi le seigneur Guy fut assez émerveillé, voyant que le coursier ne se mouvait pas plus que s’il eût été lié. Elle tourna la tête de son cheval vers le porche et cria d’une voit qui sonnait clair comme une voix de femme : — Vous, les prêtres et gens d’église, faites processions et prières à Dieu. Puis, gagnant la route : — Tirez avant, dit-elle, tirez avant ! Elle tenait à la main une petite hache. Son page portait son étendard roulé[6]. On se réunit à Orléans. Le jeudi 9 au soir, Jeanne passa le pont qu’elle avait passé le 8 mai. Le samedi 11, l’armée partit pour Jargeau. Elle se composait des lances amenées par le duc d’Alençon, le comte de Vendôme, le Bâtard, le maréchal de Boussac, le capitaine La Hire, messire Florent d’Illiers, messire Jamet du Tillay, messire Thudal de Kermoisan de Bretagne, ainsi que des contingents fournis par les communes, en tout peut-être huit mille combattants, dont plusieurs portant guisarmes, haches, arbalètes et maillets de plomb[7]. Le commandement en fut donné au jeune duc d’Alençon qui n’était pas bien sensé[8]. Mais il se tenait à cheval, et c’était alors la seule science indispensable à un chef de guerre. Les habitants d’Orléans faisaient encore les frais de l’expédition. Ils donnèrent trois mille livres pour payer les gens d’armes, sept muids de blé pour les nourrir. Et, sur leur demande, le roi leur imposa une nouvelle taille de trois mille livres[9]. Ils envoyèrent des ouvriers de tous corps de métiers, maçons, charpentiers, maréchaux, à leurs gages. Ils prêtèrent leur artillerie. Des couleuvrines, des canons, la Bergère et la grosse bombarde traînée à quatre chevaux, partirent sous la conduite des canonniers Megret et Jean Boillève[10]. Ils fournirent des munitions et des engins, traits, échelles, pioches, pelles, pics, le tout poinçonné, car ils étaient gens d’ordre. Et c’est à la Pucelle qu’ils envoyèrent tout le matériel de siège. Ils ne connaissaient en cette affaire ni le duc d’Alençon, ni même le frère de leur seigneur, le noble Bâtard. Ils ne connaissaient que Jeanne, et c’est à Jeanne qu’ils dépêchèrent, sous la ville assiégée, deux des leurs, Jean Leclerc et François Joachim[11]. Après les citoyens d’Orléans, ce fut le sire de Rais qui contribua le plus aux dépenses du siège de Jargeau[12]. Ce malheureux seigneur dépensait sans compter, et de riches bourgeois gagnaient gros à lui prêter sur gages. Il devait bientôt se vouer au diable pour rétablir ses affaires. La ville de Jargeau, qu’on allait reprendre à grandes forces, s’était rendue aux Anglais sans nulle résistance, le 5 octobre de la précédente année[13]. Le pont conduisant de la ville sur la rive de Beauce était muni de deux châtelets[14]. La ville elle-même, entourée de murs et de tours, n’était pas très forte, mais les Anglais l’avaient mise en état de défense. Avertis que les gens du roi de France la venaient assiéger, le comte de Suffolk et ses deux frères s’y jetèrent avec cinq cents chevaliers, écuyers et autres gens d’armes, et deux cents archers d’élite[15]. Le duc d’Alençon prit les devants et chevaucha à la tête de six cents lances. La Pucelle se tenait en sa compagnie. La première nuit ils couchèrent dans les bois[16]. Le lendemain, à la pointe du jour, monseigneur le Bâtard, messire Florent d’Illiers et plusieurs autres capitaines les rejoignirent. Ils avaient grande hâte d’atteindre Jargeau. Soudain on apprend que sir John Falstolf, venant de Paris avec deux mille combattants, amène des vivres et de l’artillerie à Jargeau, et qu’il approche[17]. C’était cette même armée qui avait tant inquiété Jeanne, le 4 mai, parce que ses saintes ne lui avaient pas dit où était Falstolf. Les capitaines tinrent conseil. Plusieurs jugeaient qu’il fallait renoncer au siège et aller à la rencontre de Falstolf. Quelques-uns décampèrent sans attendre davantage. Jeanne exhorta les gens d’armes à continuer leur marche sur Jargeau. Elle ne savait pas mieux que les autres où était pour lors cette armée de sir John Falstolf ; ses raisons n’étaient point de ce monde. — Ne craignez quelque multitude que ce soit, dit-elle, et ne faites point difficulté de donner l’assaut. aux Anglais, car Messire conduit cet ouvrage. Et elle dit encore : — Si je n’étais certaine que Messire conduit cet ouvrage, j’aimerais mieux garder les brebis que de m’exposer à de si grands dangers. Elle se faisait écouter du duc d’Alençon mieux quelle n’avait fait d’aucun des chefs de l’armée d’Orléans[18]. On rappela ceux qui étaient partis et l’on poursuivit la marche sur Jargeau[19]. Les faubourgs de la ville étaient ouverts. Mais les gens du roi de France, quand ils s’en approchèrent, trouvèrent les Anglais qui, rangés en avant des masures, les contraignirent à reculer. Ce que voyant, la Pucelle prit son étendard et se jeta sur les ennemis en recommandant aux hommes d’armes d’avoir bon courage. Les gens du roi de France purent loger cette nuit-là dans les faubourgs[20]. Ils ne firent pour ainsi dire aucune garde et, de l’aveu du duc d’Alençon, ils étaient en grand danger, si les Anglais étaient sortis[21]. La Pucelle avait raison plus qu’elle ne croyait. Tout dans son armée allait, à la grâce de Dieu. Dès le lendemain matin les assiégeants firent avancer les machines et les bombardes. Les canons d’Orléans tirèrent sur la ville qui fut très endommagée. En trois coups la Bergère fit choir la plus grosse tour de l’enceinte[22]. Les gens des communes arrivèrent devant Jargeau, le samedi IL Aussitôt sans demander conseil, ils coururent aux fossés et donnèrent l’assaut. Ils y allèrent de trop bon cœur, s’y prirent mal, ne furent pas aidés par les gens d’armes et revinrent en mauvais état[23]. Dans la nuit du samedi, la Pucelle, qui avait coutume de sommer l’ennemi avant de le combattre, s’approcha du fossé et cria aux Anglais : — Rendez la place au Roi du ciel et au roi Charles, et vous en allez. Autrement il vous mescherra[24]. Les Anglais ne tinrent nul compte de cette sommation. Pourtant ils avaient grande envie d’entrer en accommodement. Le comte de Suffolk alla trouver monseigneur le Bâtard et lui dit de ne point donner l’assaut, et que la ville lui serait rendue. Les Anglais demandaient un délai de quinze jours, après quoi ils s’engageaient à se retirer sur l’heure, eux et leurs chevaux, à la condition, sans doute, de n’être pas secourus à cette date[25]. Ces capitulations conditionnelles étaient fréquentes dans les deux partis. Le sire de Baudricourt en avait signé une semblable à Vaucouleurs quand Jeanne y vint[26]. Dans ce cas, c’eut été une duperie de consentir à la demande du noble comte au moment où sir John Falstolf arrivait avec des vivres et des canons[27]. Que le Bâtard donnât dans le panneau, on l’a dit ; mais ce n’est pas croyable. Il était bien trop avisé pour cela. Toutefois, le lendemain dimanche, douzième du mois, le duc d’Alençon et les seigneurs, tenant conseil sur ce qu’il y avait à faire pour prendre la ville, apprirent que le capitaine La Hire conférait avec le comte de Suffolk. Ils en furent très mécontents[28]. Le capitaine La Hire, qui ne pouvait traiter en son propre nom, puisqu’il n’était pas chef de l’armée, avait sans doute les pouvoirs de monseigneur le Bâtard. Celui-ci commandait pour le duc, prisonnier des Anglais, tandis que le duc d’Alençon commandait pour le roi, et l’on conçoit qu’il y eût conflit. La Pucelle, toujours disposée à recevoir les ennemis à merci et toujours prête à combattre, disait : — Qu’ils s’en aillent de Jargeau en leurs petites cottes, la vie sauve, s’ils veulent ! Sinon ils seront pris d’assaut[29]. Le duc d’Alençon, sans seulement s’enquérir des clauses de la capitulation, fit rappeler le capitaine La Hire. II vint et aussitôt on apporta les échelles. Les hérauts sonnèrent la trompette et crièrent : A l’assaut ! La Pucelle déploya son étendard et, toute armée, la tête recouverte d’un de ces casques légers qu’on nommait chapelines[30], elle descendit clans le fossé avec les gens du roi et les gens des communes, sous les traits des arbalètes et les pierres des canons ; elle se tenait au côté du duc d’Alençon, lui disant : — En avant ! gentil duc, à l’assaut ! Le duc, qui n’avait pas le cœur aussi ferme qu’elle, trouvait qu’elle allait peut-être un peu vite en besogne. Il le lui laissa entendre. Alors elle l’encouragea : — Ne craignez point. L’heure est favorable quand il plaît à Dieu, et il est à propos d’ouvrer quand Dieu le veut. Ouvrez et Dieu ouvrera. Et le voyant mal assuré en cet assaut, elle lui rappela la promesse qu’elle avait faite naguère à son sujet dans l’abbaye de Saint-Florent-lès-Saumur. — Oh ! gentil duc, avez-vous peur ? Ne savez-vous pas que j’ai promis à votre femme de vous ramener sain et sauf[31] ? Au vif de l’attaque, elle observa sur la muraille une de ces bombardes très longues et minces, qui se chargeaient par la culasse et qu’on appelait veuglaires. Voyant que ce veuglaire crachait des pierres à l’endroit même où elle se trouvait avec le beau cousin du roi, elle sentit le danger, mais ne le sentit point pour elle. — Éloignez-vous, dit-elle vivement. Cette machine va vous tuer. Le duc ne s’était pas écarté de trois toises, qu’un gentilhomme d’Anjou, le sire Du Lude, ayant pris la place quittée, fut tué par une pierre du veuglaire[32]. Le duc d’Alençon admira cette prophétie. Sans cloute la Pucelle était venue pour le sauver, et elle n’était pas venue pour sauver le sire Du Lude. Les anges du Seigneur viennent pour le salut des uns et la perte des autres. Comme les gens du roi de France touchaient au mur, le comte de Suffolk fit crier qu’il voulait parler au duc d’Alençon. Il ne fut pas écouté et l’assaut continua[33]. Il y avait quatre heures qu’on s’efforçait[34], quand Jeanne, son étendard à la main, monta sur une échelle appuyée à la douve. Une pierre lancée sur sa chapeline l’abattit avec ses panonceaux. On la croyait écrasée, mais elle se releva vivement et cria aux hommes d’armes : — Amis, amis, sus, sus ! Messire a condamné les Anglais. A cette heure, ils sont nôtres. Ayez bon cœur[35]. Le mur fut escaladé et les gens du roi de France se répandirent dans la ville. Les Anglais s’enfuirent vers la Beauce, et les Français se lancèrent à leur poursuite. Guillaume Regnault, écuyer d’Auvergne, atteignit sur le pont le comte de Suffolk et le prit. — Êtes-vous gentilhomme ? demanda Suffolk. — Oui. — Êtes-vous chevalier ? — Non. Le comte de Suffolk le fit chevalier et se rendit à lui[36]. Bientôt le bruit courut que le comte de Suffolk s’était rendu à la Pucelle à genoux[37]. On publia même qu’il avait demandé à se rendre à elle comme à la plus vaillante dame qui fût au monde[38]. Mais il est croyable qu’il se serait rendu au dernier valet de l’armée plutôt qu’à une femme qu’il tenait pour endiablée sorcière. John Pole, frère de Suffolk, fut pris aussi sur le pont. Un troisième frère du duc, Alexander Pole, fut tué au même endroit ou se noya dans la Loire[39]. La garnison se rendit à merci. Il eu fut cette fois comme d’ordinaire. On ne se faisait pas grand mal pendant la bataille ; ensuite, les vainqueurs se rattrapaient. Cinq cents Anglais furent massacrés ; seuls leurs gentilshommes furent reçus à rançon. Et les Français se prirent de querelle à leur sujet. Les seigneurs les gardaient tous pour eux ; les gens des communes en réclamaient leur part, et, ne l’obtenant point, se mirent à tout assommer. Ce que les nobles purent sauver fut conduit par eau, de nuit, à Orléans. La ville fut entièrement saccagée ; la vieille église, qui avait servi de magasin aux Godons, toute pillée[40]. Tant tués que blessés, les Français n’avaient pas perdu vingt hommes[41] Sans désemparer la Pucelle, avec la chevalerie, retourna à Orléans. A l’occasion de la prise de Jargeau, les procureurs ordonnèrent une procession publique. Un beau sermon fut fait par frère Robert Baignart, Jacobin[42]. Les habitants d’Orléans firent présent au duc d’Alençon de six tonneaux de vin ; à la Pucelle de quatre ; au comte de Vendôme de deux[43]. En considération des bons et agréables services que la sainte fille avait rendus, les conseillers du duc Charles, prisonnier des Anglais, lui donnèrent une huque verte et une robe de drap cramoisi de Flandre ou fine Bruxelles vermeille. Jean Luillier, qui fournil l’étoffe, demanda : pour deux aunes de fine Bruxelles, à quatre écus l’aune, huit écus ; pour la doublure de la robe, deux écus ; pour une aune de vert perdu deux écus, ce qui faisait douze écus d’or[44]. Jean Luillier était un jeune marchand drapier qui aimait grandement la Pucelle et la regardait comme un ange de Dieu. Il avait bon cœur : mais la peur des Anglais lui donnait la berlue et il en voyait plus qu’il n’y en avait[45]. Un de ses parents faisait partie du conseil élu en 1429. Il devait lui-même être nommé procureur un peu plus tard[46]. Jean Bourgeois, tailleur, demanda, tant pour la façon de la robe et de la huque que pour fourniture de satin blanc, sandal et autres étoiles, un écu d’or[47]. Précédemment la ville avait donné à la Pucelle pour faire les orties de ses robes une demi-aune de deux verts, valant trente-cinq sols parisis[48]. Les orties étaient la devise du duc d’Orléans ; le vert et le vermeil ou cramoisi, ses couleurs[49]. Ce vert ne gardait pas sa claire nuance première ; il allait s’assombrissant avec la fortune de la maison. On avait vu le vert gai, puis le vert brun, et enfin le vert perdu, qui tirait sur le noir et signifiait deuil et douleur[50]. On donna à la Pucelle le vert perdu. Elle portait la livrée d’Orléans, ainsi que les officiers du duché et les miliciens de la ville, et de la sorte, on faisait d’elle un merveilleux héraut d’armes et comme un ange héraldique. La huque de vert perdu et la robe brodée d’orties, elle dut les porter volontiers et de bon cour pour l’amour du duc Charles à qui les Anglais avaient fait si grand déplaisir. Venue pour défendre l’héritage du prince prisonnier, elle disait que, de par Jésus, le bon duc d’Orléans était à sa charge, et comptait bien le délivrer. Son dessein était de sommer tout d’abord les Anglais de le rendre et, s’ils n’y consentaient point, de passer la mer et de l’aller chercher avec une armée en Angleterre. Au cas où ce moyen lui manquerait, elle en avait imaginé un autre, avec le congé de ses saintes. Elle aurait demandé à son roi qu’il la laissât faire des prisonniers, comptant en faire assez pour les échanger contre le duc Charles. Mesdames sainte Catherine et sainte Marguerite lui avaient promis que, de cette manière, elle le délivrerait dans un terme plus bref que celui de trois ans et plus long que le terme d’une année[51]. Rêves pieux d’une enfant endormie au son des cloches villageoises ! Trouvant juste de travailler et de souffrir pour Citer les princes de peine et d’ennui, elle disait, en bonne servante : — Je sais bien que Dieu aime mieux mon roi et le duc d’Orléans que moi, en ce qui regarde l’aise du corps, et je le sais par révélation. Et parlant du duc prisonnier, elle disait aussi : — Mes Voix m’ont fait beaucoup de révélations sur lui ; elles m’en ont fait sur le duc Charles plus lue sur homme vivant, excepté mon roi[52]. Dans le fait, madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite lui avaient seulement conté les malheurs tant connus du prince. Le fils de Valentine de Milan et la fille d’Isabelle Bornée étaient séparés par un abîme plus large et plus profond que l’océan qui s’étendait entre eux. Ils vivaient aux deux bouts du monde des âmes ; et toutes les saintes du paradis n’eussent pas réussi à les expliquer l’un à l’autre. C’était pourtant un bon prince que le duc Charles, un prince débonnaire, bienveillant et pitoyable. Plus qu’aucun autre il possédait le don de plaire : il charmait par sa grâce, encore que de pauvre mine et de faible complexion. Sa nature s’accordait si mal avec sa destinée, qu’on peut dire qu’il endurait sa vie et ne la vivait pas. Son père assassiné la nuit, rue Barbette, à Paris, par l’ordre du duc Jean ; sa mère morte de douer et de colère, parmi les cordelières, la chantepleure, les deux S de Soupirs et Souci, emblèmes et devises de son deuil, qui révélaient l’élégance d’un esprit ingénieux jusque dans le désespoir ; les Armagnacs, les Bourguignons, les Cabochiens s’entre égorgeant autour de lui, voilà ce qu’il avait vu presque enfant encore. Puis il avait été blessé et pris à la bataille d’Azincourt. Et depuis quatorze ans, mené de châteaux en châteaux, d’un bout à l’autre de l’Île brumeuse, enfermé dans des murs épais, étroitement gardé, recevant deux ou trois Français à longs intervalles et n’en pouvant entretenir aucun sans témoins, il se sentait vieux avant l’âge, flétri par le malheur. Il disait : Fruit abattu vert encore, je fus mis à mûrir sur la paille de la prison. Je suis un fruit d’hiver. Captif il souffrait sans espoir, sachant que le roi Henri V, en mourant, avait recommandé à son frère de ne le rendre à aucun prix[53]. Doux à autrui, doux à lui-même, il se réfugiait dans sa propre pensée, qui était aussi riante et claire que sa vie était triste et sombre. Au fond des durs châteaux de Windsor et de Bolingbroke, à la tour de Londres, aux côtés de ses geôliers, il vivait et respirait dans le monde ingénieux du Roman de la Rose. Vénus, Cupidon, Espoir, Bon-Accueil, Plaisance, Pitié, Danger, Tristesse, Soin, Mélancolie, Doux-Regard entouraient le pupitre, sur lequel, dans l’embrasure profonde d’une fenêtre, sans un rayon de soleil, il écrivait ses ballades fraîches et fines comme des enluminures. Ce qui vraiment existait pour lui c’était l’allégorie. Il errait dans la forêt de Longue-Attente ; il s’embarquait dans la nef de Bonne-Nouvelle. Il était poète et chantait sa dame Beauté avec courtoisie. A lire ses vers, on eût dit qu’il n’était captif que du seigneur Amour[54]. Dans l’ignorance où on le laissait des affaires de son duché, si quelque soin l’occupait encore, c’était de recueillir les livres du roi Charles Y, volés par le duc de Bedfort et vendus aux marchands de Londres, ou d’ordonner qu’on enlevât de Blois, à l’approche des Anglais, ses belles tapisseries, avec la librairie de son père, et de les faire porter à Saumur. Ce qu’il aimait le plus au monde, après Beauté, c’était les riches tentures et les manuscrits ornés de miniatures délicates[55]. Ce qu’il regrettait, c’était le beau soleil de France, le beau mois de mai, les danses et les darnes. Il était guéri de prouesse et de chevalerie. On a voulu croire que, lorsque vint la Pucelle, il reçut des nouvelles de son duché ; on a même supposé qu’un fidèle domestique lui fit tenir la chronique des événements heureux de mai et de juin 1428[56]. Mais rien n’est moins certain. Il est probable au contraire, que les Anglais ne laissèrent parvenir à lui aucun message et qu’il ignorait tout ce qui se passait dans les deux royaumes[57]. Et il n’était peut-être pas aussi curieux qu’on pourrait le croire des nouvelles de la guerre. Il n’espérait rien des gens d’armes, et ne comptait point sur ses beaux cousins de France pour le délivrer par faits d’armes et batailles. Il savait trop bien comment ils s’y prenaient. C’était de la paix qu’il attendait, pour son peuple et pour lui, la délivrance. Il pensait que, puisque les pères étaient morts, les fils pouvaient oublier et pardonner. Il gardait bon espoir en son cousin de Bourgogne et il n’avait pas tort, car enfin la fortune des Anglais en France dépendait du duc Philippe. Il était résigné, ou, du moins, il devait un peu plus tard se résigner à reconnaître la suzeraineté du roi d’Angleterre. Il faut moins considérer la faiblesse des hommes que la force des choses. Et le prisonnier ne croyait jamais trop faire pour obtenir la paix, vrai trésor de joie[58]. Non, en dépit de ses révélations, Jeanne ne se faisait pas un portrait ail vrai de son beau duc. Ils ne devaient jamais se voir ; mais s’ils avaient pu se rencontrer, ils se seraient bien mal entendus et seraient demeurés impénétrables l’un à l’autre. La pensée rustique et franche de Jeanne ne pouvait s’accorder avec la pensée d’un si haut seigneur et d’un poète si courtois. Ils ne pouvaient s’entendre parce qu’elle était simple et qu’il était subtil, parce qu’elle était prophétesse et qu’il était nourri de gai savoir et de bonnes lettres, parce qu’elle croyait et qu’il était comme ne croyant pas, parce qu’elle était une fille des communes, et une sainte rapportant toute souveraineté à Dieu, et qu’il concevait le droit selon les coutumes féodales, usages, alliances et traités[59] ; parce qu’ils ne se faisaient pas tous deux la même idée du monde et de la vie. Le bon duc n’aurait vu goutte au luit de la Pucelle envoyée par Messire pour recouvrer son duché, et Jeanne n’aurait jamais pu s’expliquer les façons du duc Charles envers ses cousins d’Angleterre et de Bourgogne. Il valait mieux qu’ils ne se vissent jamais. Depuis la prise de Jargeau, la Loire était libre amont. Pour que la ville d’Orléans fût en sûreté, il fallait aussi dégager le fleuve en aval, où les Anglais tenaient encore Meung, Beaugency et La Charité. Le mardi quatorzième de juin, à l’heure des vêpres, l’armée prit les champs[60]. On passa par la Sologne et l’on fut, le soir même, devant le pont de Meung, établi en amont de la ville et séparé des murs par une large prairie. Comme la plupart des ponts, il était défendu à chaque bout par un châtelet, et les Anglais l’avaient muni d’un boulevard de terre, ainsi qu’ils avaient fait aux Tourelles d’Orléans[61] Pourtant ils le gardèrent mal et les gens du roi de France en forcèrent aisément le passage avant la nuit. Ils y laissèrent garnison et allèrent gîter en Beauce, presque sous la ville. Le jeune duc d’Alençon se logea dans une église avec quelques hommes d’armes, sans se garder, selon sa coutume. Il y fut surpris et en grand péril[62]. La garnison, peu nombreuse, était commandée par lord Scales et par le jeune fils de Warwick. Le lendemain, de bonne heure, les gens du roi, passant à une portée de canon de la ville de Meung, s’en furent droit à Beaugency où ils arrivèrent dans la matinée[63]. La vieille petite ville, assise sur le penchant d’une colline et ceinte de vignes, de jardins, de champs de blé, penchait devant eux vers la verte vallée du Ru, et dressait à leur vue sa tour carrée, de mine assez fière, bien qu’accoutumée à se laisser prendre. Les faubourgs n’étaient pas fortifiés ; mais les Français, quand ils y pénétrèrent, furent criblés de carreaux, de flèches et de viretons par les archers embusqués dans les maisons et les masures. Il y eut, d’un parti et de l’autre, morts et blessés. Finalement les Anglais se retirèrent dans le château et dans les bastilles du pont[64]. Le duc d’Alençon mit des gardes devant le château, pour surveiller les Anglais. A ce moment, il vit venir à lui deux seigneurs bretons, les sires de Rostrenen et de Kermoisan, qui lui dirent — Le connétable demande logis à ceux du siège[65]. Arthur de Bretagne, sire de Richemont, connétable de France, ayant guerroyé tout l’hiver en Poitou contre les gens du sire de La Trémouille, venait, malgré la défense du roi, se joindre aux gens du roi[66]. Il avait passé la Loire à Amboise et arrivait devant Beaugency avec six cents gens d’armes et quatre cents hommes de trait[67]. Sa venue mit les capitaines dans l’embarras. Il y en avait qui le tenaient pour homme de grand vouloir et courage. Mais beaucoup vivaient du sire de La Trémouille, entre autres le pauvre écuyer Jean d’Aulon. Le duc d’Alençon voulait se retirer, alléguant l’ordre du roi de ne pas recevoir en sa société le connétable. — Si le connétable vient, je m’en irai, dit-il à Jeanne. Et il fit réponse aux deux gentilshommes bretons, qu’au cas où le connétable viendrait prendre logis, la Pucelle et ceux du siège le combattraient[68]. Il y était si décidé qu’il monta à cheval, pour courir sus aux Bretons. La Pucelle s’apprêtait à le suivre, par révérence pour lui et le roi. Mais plusieurs capitaines, jugeant que ce n’était pas l’heure de coucher la lance contre le connétable de France, retinrent le duc d’Alençon[69]. Le lendemain, une vive alerte agita le camp. Les hérauts criaient : A l’arme ! On apprit que les Anglais venaient en grand nombre. Le jeune duc voulait encore se retirer plutôt que d’accueillir le connétable. Jeanne, cette fois, l’en dissuada : — Il faut s’entraider, lui dit-elle[70]. Il écouta ce conseil et alla, suivi d’elle, de monseigneur le Bâtard, et des sires de Laval, au devant du connétable. Près de la maladrerie de Beaugency, ils rencontrèrent une belle chevauchée. A leur approche, un petit homme noir, renfrogné, lippu, descendit de cheval. C’était Arthur de Bretagne. La Pucelle le vint embrasser par les jambes, comme elle avait coutume de taire aux grands de la terre et du ciel, qu’elle fréquentait[71]. Ainsi en usait tout seigneur quand il rencontrait plus noble que lui[72]. Le connétable lui parla en bon catholique, dévot à Dieu et à l’église : — Jeanne, on m’a dit que vous me vouliez combattre. Je ne sais si vous êtes de par Dieu, ou non. Si vous êtes de par Dieu, je ne vous crains de rien. Car Dieu fuit mon bon vouloir. Si vous êtes de par le diable, je vous crains encore moins[73]. Il avait le droit de parler de la sorte, s’efforçant de ne jamais donner au diable puissance sur liai. II montrait à Dieu son bon vouloir en recherchant les sorciers et les sorcières plus curieusement que ne faisaient les évêques et les inquisiteurs du mal hérétique. Il en fit brûler en France, en Poitou et en Bretagne, plus qu’homme vivant[74]. Le duc d’Alençon n’osa ni le renvoyer ni lui accorder le logis pour la nuit. Les nouveaux venus, selon la coutume, devaient le guet. Le connétable, avec sa compagnie, fit le guet cette nuit devant le château[75] Le jeune duc d’Alençon chevauchait, sans plus. Ici encore les vrais faiseurs de la guerre et pourvoyeurs du siège étaient les bourgeois d’Orléans. Les procureurs de la ville avaient fait conduire par eau, il Meung et à Beaugency, les engins nécessaires, échelles, pics, pioches, et ces grands pavas dont les assiégeants se couvraient comme la tortue de son écaille. Ils avaient envoyé leurs canons et leurs bombardes. Le joyeux canonnier maître Jean de Montesclère était là[76]. Ils faisaient parvenir aux gens du roi des vivres qu’ils adressaient expressément à la Pucelle. Le procureur Jean Boillève vint apporter clans un chaland des pains et du vin[77]. Toute la journée du vendredi 17, les bombardes et les canons jetèrent des pierres sur les assiégés. L’attaque se poursuivait en même temps du côté de la vallée et, par le moyen des chalands, du côté de la rivière. Ce 17 juin, à minuit, sir Richard Guethin, bailli d’Évreux, qui commandait la garnison, offrit de capituler. Il fut accordé que les Anglais rendraient le château et le pont et qu’ils s’en iraient le lendemain, emmenant chevaux et harnais avec chacun son bien valant au plus un marc d’argent. Ils étaient requis en outre de jurer ne point reprendre les armes avant dix jours. A ces conditions, le lendemain, au soleil levant, ils passèrent, au nombre de cinq cents, sur le pont-levis et se retirèrent à Meung dont le château, mais non le pont, était resté aux Anglais[78] Prudemment, le connétable envoya quelques hommes renforcer la garnison du pont de Meung[79]. Sir Richard Guethin et le capitaine Math Goutte furent retenus comme otages[80]. La garnison de Beaugency s’était trop pressée de se fendre. A peine était-elle partie, qu’un homme d’armes de la compagnie du capitaine La Hire vint dire au duc d’Alençon : — Les Anglais marchent sur nous. Nous allons les avoir en face. Ils sont bien là-bas mille hommes d’armes. Jeanne, l’entendant parler sans saisir ses paroles, demanda : — Que dit cet homme d’armes ? Et quand elle le sut, se tournant vers Arthur de Bretagne, qui était près d’elle : — Ah ! beau connétable, vous n’êtes pas venu de par moi ; mais puisque vous êtes venu, vous serez le bien venu[81]. Ce que les Français avaient devant eux, c’était sir John Talbot et sir John Falstolf avec toute l’armée anglaise. |
[1] Lettre de Gui et André de Laval aux dames de Laval, dans Procès, t. V, p. 106. — L. Jeny et Lanéry d’Arc, Jeanne d’Arc en Berry, Paris, 1892, in-8°, p. 54.
[2] Bertrand de Broussillon, La maison de Laval, t. III, p. 21.
[3] Lettre de Gui et André de Laval, dans Procès, t. V, pp. 106 et suiv.
[4] N. Villiaumé, Histoire de Jeanne d’Arc, p. 88.
[5] C’est-à-dire, considéré la réputation, l’estime où on la tenait. Comparez Froissart, cité dans La Curne, Glossaire, ad. v. Six bourgeois de la ville de Calais et de plus grande recommandation.
[6] Lettre de Gui et d’André de Laval, dans Procès, t. V, pp. 106, 107.
[7] Mistère du siège, vers 15761. — Journal du siège, p. 95. — Chronique de la Pucelle, p. 299. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 81. — Monstrelet, t. III, p. 338.
[8] A. Duveau, Le jugement du duc d’Alençon, dans Bull. soc. archéol. du Vendômois (1874), VIII, pp. 132 et suiv.
[9] Loiseleur, Compte des dépenses faites par Charles VII pour secourir Orléans, p. 158.
[10] Journal du siège, p. 97.
[11] Extraits des livres de comptes, dans Procès, t. V, pp. 262, 263. — A. de Villaret, Campagnes de Jeanne d’Arc sur la Loire, pp. 77-80. — Loiseleur, Compte des dépenses, p. 149.
[12] Abbé Bossard, Gille de Rais, Paris, 1886, p. 32. — Lea, Histoire de l’Inquisition, trad. Reinach, t. III, pp. 566 et suiv.
[13] Chronique de la Pucelle, p. 258.
[14] Berry, dans Procès, t. IV, p. 45.
[15] Journal du siège, p. 96. — Chronique de la Pucelle, p. 299. — Chronique de la fête, dans Procès, t. V, p. 295. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 82. — Berry dans Procès, t. IV. p. 44. — Monstrelet, t. IV. p. 325.
[16] Procès, t. III, p. 94. — Perceval de Cagny, pp. 150, 151.
[17] Journal du siège, Chronique de la Pucelle, Berry, Jean Chartier, loc. cit. — Wavrin du Forestel, Anchiennes croniques, t. I, p. 284. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 452.
[18] Perceval de Cagny, p. 148 et passim. — Chronique de la Pucelle, p. 300.
[19] Procès, t. III, p. 95.
[20] La nuit du vendredi 10 au samedi 11.
[21] Procès, t. III, p. 93.
[22] Procès, ibid. — Journal du siège, p. 97.
[23] Perceval de Cagny, p. 150.
[24] Ibid., p. 150.
[25] Procès, t. I, pp. 19, 95.
[26] S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, p. CLXVIII.
[27] Journal du siège, Chronique de la Pucelle, J. Chartier, Monstrelet, loc. cit.
[28] Procès, t. III, p. 95.
[29] Ibid., t. I, pp. 79-80, 234.
[30] Procès, t. III, p. 97. — Perceval de Cagny, pp. 150-151.
[31] Ibid., t. III, pp. 95-96.
[32] Procès, t. III, pp. 96, 97. — Chronique de la Pucelle, p. 301. — Journal du siège, p. 97.
[33] Procès, t. III, p. 97.
[34] Journal du siège, p. 100.
[35] Procès, t. III, p. 97. — Journal du siège, p. 98. — Chronique de la Pucelle, pp. 301-302. — Perceval de Cagny, pp. 150-151.
[36] Journal du siège, p. 99. — Chronique de la Pucelle, p. 302. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 82. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 15.
[37] Fragment d’une lettre sur des prodiges advenus en Poitou, dans Procès, t. V, p. 122.
[38] Relation du greffier de La Rochelle, p. 340. — Morosini, t. III. p. 70. — Procès, t. V, pp. 121-122.
[39] Procès, t. III, p. 72. — Perceval de Cagny, p. 131. — Journal du siège, p. 99. — Monstrelet, t. IV, p. 328. — Morosini, t. III, pp. 128, 129.
[40] Journal du siège, p. 99.
[41] Perceval de Cagny, p. 151. — Chronique de la Pucelle, p. 302. — Jean Chartier, Chronique, t. I. pp. 82, 83. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 65.
[42] Comptes de la ville d’Orléans, à la suite du Journal du siège, édit. Charpentier et Cuissard, p. 229. — Le R. P. Chapotin, La guerre de cent ans, Jeanne d’Arc et les Dominicains, Paris, 1889, in-8°, p. 82.
[43] A. de Villaret, Campagne des Anglais... pièces justificatives, p. 51.
[44] Procès, t. V, pp. 112-113.
[45] Ibid., t. III, p. 23.
[46] Ibid., t. V, p. 306.
[47] Ibid., t. V, pp. 112, 114.
[48] Comptes de forteresse, dans Procès, t. V, p. 259.
[49] Procès, t. V, pp. 106, 259. — Catalogue des Arch. de Joursanvault, t. I, p. 129, n°’ 603, 607, 619, 643, 772. — Dambreville, Abrégé de l’histoire des ordres de chevalerie, p. 167. — P. Mantellier, Histoire du siège, p. 92.
[50] Vert perdu, feuille morte, dans La Curne.
[51] Procès, t. I, pp. 133, 254.
[52] Ibid., t. I, p. 55.
[53] A. Champollion-Figeac, Louis et Charles, ducs d’Orléans, leur influence sur les arts, la littérature et l’esprit de leur siècle, Paris, 1844, 1 vol. in-8° et atlas, pp. 300-337.
[54] Les poésies de Charles d’Orléans, éd. A. Champollion-Figeac, Paris, 1842, in-8°. — Pierre Champion, Le manuscrit autographe des poésies de Charles d’Orléans, Paris, 1907, in-8°.
[55] Le Roux de Lincy, La bibliothèque de Charles d’Orléans à son château de Blois, en 1427, Paris, 1843, in-8°. — Comte de Laborde, Les ducs de Bourgogne, études sur les lettres, les arts et l’industrie pendant le XVe siècle, Paris, 1852, t. III, pp. 235 et suiv. — Inventaires et documents relatifs aux joyaux et tapisseries des princes d’Orléans-Valois, Paris, 1891, in-8°.
[56] Chronique de la Pucelle, Introduction, par Vallet de Viriville, pp. 8, 19 et suiv.
[57] Cela est certain pour l’année 1433 (Poésies complètes de Charles d’Orléans, éd. Charles d’Héricault, Paris, 1874, 2 vol. in-8°, introduction).
[58] Poésies de Charles d’Orléans, éd. A. Champollion-Figeac, pp. 175-176.
[59] Toute paix était pour lui une bonne paix ; comme celle de 1420, celle du traité de Troyes (Pierre Champion, Le manuscrit autographe des poésies de Charles d’Orléans, Paris, 1907, in-8°, p. 32).
[60] Perceval de Cagny, p. 152 : Je veux demain, apris diner, aller voir ceux de Meung. Le tour de langage qui est attribué à Jeanne, dans cette chronique, appartient en propre au clerc qui la rédigea.
[61] Procès, t. III, pp. 71, 97, 110. — Chronique de la Pucelle, p. 305. — Journal du siège, p. 101. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 44. — Walter Bower, Scotichronicon, dans Procès, t. IV, p. 109. — Eberhard Windecke, p. 176.
[62] Procès, t. III, p. 97.
[63] Procès, t. III, pp. 97, 98.
[64] Journal du siège, p. 101. — Chronique de la Pucelle, p. 304. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 83.
[65] Procès, t. III, pp. 97, 98. — Gruel, Chronique de Richemont, p. 70.
[66] E. Cosneau, Le connétable de Richemont, pp. 93 et suiv.
[67] Procès, t. III, pp. 315, 316. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 84. — Journal du siège, pp. 101, 103. — Perceval de Cagny, p. 153.
[68] Procès, t. III, p. 98 — E. Cosneau, Le connétable de Richemont, p. 168.
[69] Gruel, Chronique de Richemont, pp. 70 et suiv.
[70] Procès, t. III, p. 98.
[71] Gruel, Chronique de Richemont, p. 71. — E. Cosneau, Le connétable de Richemont, p. 169.
[72] Lors le saluèrent et le vindrent accoller par les jambes. J. de Bueil, Le Jouvencel, t. I, p. 191.
[73] Gruel, Chronique de Richemont, pp. 71-72. — J’ai suivi Gruel, peu sûr d’ordinaire, mais très vraisemblable en cet endroit et qui, du moins, ne nous jette pas en pleine hagiographie.
[74] Gruel, Chronique de Richemont, p. 228.
[75] Ibid., p. 72. — E. Cosneau, Le connétable de Richemont, p. 170.
[76] Journal du siège, p. 97. — Chronique de la Pucelle, p. 301.
[77] A. de Villaret, Campagne des Anglais, pp. 87-88 et pièces justificatives, pp. 153, 158.
[78] Chronique de la Pucelle, p. 305. — Journal du siège, p. 102. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 84. — Wavrin du Forestel, Anchiennes croniques, t. I, pp. 279, 282. — Monstrelet, t. III, pp. 325 et suiv.
[79] Gruel, Chronique de Richemont, p. 72.
[80] Wavrin du Forestel, Anchiennes croniques, t. I, p. 279.
[81] Procès, t. III, p. 98.