Les Asiatiques, Assyriens, Hébreux, Phéniciens (de 4000 à 559 av. J.-C.)

 

CHAPITRE XXVII

 

 

DE 665 A 559 Av. J.-C. - Les Juifs à Babylone. - L’Égypte : XXVIe dynastie. - Ahmès (Amosis) s’allie aux Perses et appelle les Grecs. - Les Touraniens : Mongols, Scythes et Parthes. - Isolement de Babylone. - Nabuchodonosor et les Juifs. - Évilmérodach. - La Jérusalem d’Ézéchiel et d’Isaïe II. - Le Messie : Cyrus, roi des Perses. - Les Afghans. - Les Aryas de l’Inde. - Le Mahabharata et le Ramayana. - La grande guerre. - Le Bouddha Cakya-Mouni. - Perses, Mèdes et Grecs. - Asie et Europe.

 

VAINCUS et transportés en Basse-Mésopotamie, les Israélites de Judée s’y mélangèrent à leurs vainqueurs, les Assyriens faiseurs d’eunuques. Le joug leur parut moins lourd qu’ils ne l’avaient redouté ; la réaction de la peur adoucit considérablement leur vindicte. Ils se familiarisèrent vite avec le serpent monstrueux et gluant de Chaldée, et ne tardèrent pas, pour la plupart, à se considérer comme suffisamment chez eux à Babylone. Abominablement corrompue, la Babylonie avait cependant conservé, de ses emprunts à l’Égypte, un grand fond de tolérance, et son contact récent avec les Iraniens de la Perse et de la Médie, lui avait donné un goût de justice particulier.

Le grand œuvre d’Abraham, qui est dans l’histoire une manifestation des convoitises asiatiques, s’était donc terminé par la transportation, par la captivité du peuple de Dieu. Jérusalem et Samarie, les deux sœurs rivales, n’existent plus, et les Israélites de Judée, qui pour échapper au joug de Babylone se sont réfugiés en Égypte, apparaissent comme des étrangers sur cette terre brune qui leur avait été si hospitalière jadis.

C’est que l’Égypte, maintenant, éprouve pour les Juifs toute la haine que ceux-ci nourrissaient depuis longtemps, par jalousie, contre les Égyptiens du sud, ces Koushites abhorrés, et contre les Égyptiens du nord, c’est-à-dire du delta, qu’Ézéchiel vouait à la ruine : Je mettrai la terre d’Égypte au rang des terres désertes et ses cités au nombre des villes désolées.

L’Égypte vivait alors sous la XXVIe dynastie (665-527), délivrée des Assyriens, reconstituée par le pharaon Psamétik Ier, successeur de Néchao. C’est avec l’aide de mercenaires venus surtout de l’Ionie et de la Carie, que Psamétik s’était fait le maître du Nil, depuis la Méditerranée jusqu’à la première cataracte. Coiffés de leurs casques lourds, revêtus de leurs cuirasses de bronze, ces hommes d’airain épouvantèrent les compétiteurs du pharaon Psamétik, les petits rois du delta. Thèbes et Memphis renaissaient. Dans les temples, restaurés ou reconstruits, circulaient de nouveau les scribes, les prêtres, les dieux. Le culte du bœuf Apis resplendissait. Il y avait une nouvelle Égypte.

L’Égypte de Psamétik se trouvait cependant prise entre deux forces. Au sud du Nil, un empire Éthiopien s’était constitué, pendant qu’à l’ouest des hommes venus du nord, des Grecs (648-625), avaient transformé la Libye. Psamétik Ier fit une campagne en Éthiopie, une autre en Philistie, et mourut ensuite, laissant à Néchao II cette situation périlleuse d’une Égypte fermée au sud par les Éthiopiens, pressée au nord-est, à l’épanouissement du delta, par les Philistins d’origine crétoise, au nord-ouest par les Libyens nouveaux, d’origine ionienne et carienne, c’est-à-dire par des Aryas, ces Européens futurs.

Le pharaon Néchao II refit sa marine. Il substitua aux antiques vaisseaux phéniciens, un peu lourds, manquant d’élégance, les ingénieuses trirèmes que les Grecs construisaient. Il voulut ensuite mettre en communication directe la mer Rouge et le Nil, par le canal que Séti Ier avait tracé, afin de s’affranchir des exigences de l’Éthiopie ; niais il ne put achever ce travail. Un acte très glorieux marqua le règne de Néchao ; il eut la hardiesse de concevoir et de faire exécuter, par ses marins, un voyage autour de l’Afrique. Partie de la mer Rouge, la flotte de Néchao revint au Nil par l’Océan, Gibraltar et la Méditerranée. Néchao II se fit battre par les troupes de Nabuchodonosor, près de l’Euphrate. Son successeur, Psamétik II, ne régna que quatre années.

Apriès, qui succéda à Psamétik II, s’en fut guerroyer en Syrie, recevant l’hommage des Syriens de la côte, profitant avec habileté de l’impuissance des armées de Nabuchodonosor retenues en Assyrie. Cette gloire d’Apriès, inespérée, l’infatua ; il promit son concours aux vieux Libyens que les Grecs de Cyrène, ces Libyens nouveaux, tourmentaient. Les Égyptiens d’Apriès furent battus ; des troubles violents agitèrent l’Égypte ; l’armée révoltée proclama pharaon son général, Ahmès (Amosis), qui continua la XXVIe dynastie.

Ahmès II, dont les origines étaient obscures, légitima son pouvoir en épousant la fille d’un pharaon, et battit les mercenaires d’Apriès qui n’avaient pas voulu le reconnaître. Redoutant les Éthiopiens, se défiant des Égyptiens de Syène, de Thèbes et peut-être de Memphis, l’usurpateur eut l’idée de s’allier aux Perses qui, de l’autre côté de l’Euphrate et du Tigre, formaient une nation. Bientôt, cette alliance l’inquiétant, il appela des Grecs, pour les opposer, en Égypte même, aux Perses. Ainsi, sauf au sud, que les Éthiopiens occupent, l’Égypte de la XXVIe dynastie est entourée d’Aryas : Philistins, Grecs ou Perses. La race aryenne était venue en Égypte déjà, avec les premiers Libyens aux yeux bleus ; les Perses viendront à leur tour dans la vallée du Nil, donner un coup violent, mortel, aux Asiatiques.

Le retour des Hébreux en Chaldée, — car la captivité de Babylone ne fut en réalité que l’internement des Juifs dans leur patrie primitive, — acheva la ruine des Asiatiques de l’Euphrate. Incapables d’agir, tant il y avait en eux de corruptions de toutes sortes, les Assyriens n’eurent même pas la pensée de s’allier aux Touraniens, — les Scythes, — qui couvraient de grands espaces au nord de l’Iran, au nord de l’Oxus, et dont les bandes compactes descendaient jusqu’aux ruines de Ninive. De même que, revenus sur leur territoire, les Israélites y reconstituaient l’antique Chaldée, ainsi les Touraniens attirés en Mésopotamie y eussent peut-être recommencé l’Assyrie. Les Touraniens, cependant, très mélangés de Mongols, devaient avoir la conscience de leur valeur, et Ninive, relevée par eux, n’aurait peut-être pas été la ville capitale d’une Assyrie nouvelle. Il y avait en effet, alors, un grand grouillement de peuples dans les steppes de la Turkomanie, et l’esprit mongolique s’y accentuait, caractéristique. Déjà des groupes touraniens mécontents se détachaient de l’ensemble ; les Parthes commençaient à se distinguer, en plein Touran, par des allures plutôt iraniennes.

Babylone est isolée. Au sud, les Arabes très nobles, très chevaleresques, gouvernés par des reines souvent, et qui ont le dégoût des Asiatiques ; — au sud-ouest, la Syrie défiante, ruinée d’ailleurs, rendue aux sables ; et au delà, l’Égypte fermée, dont le delta est pris entre les Libyens blonds et les cavaliers Philistins, ces incirconcis ; — au nord-est l’Asie-Mineure, presque toute aux Grecs, aux premiers Grecs, robustes et grands mangeurs ;-au nord, l’Arménie que traversent depuis si longtemps les continuelles migrations aryennes, et qui se recueille, cherchant sa destinée ; — à l’est enfin, les Mèdes et les Perses, les Perses surtout, complètement Iraniens, absolument purs, imbus du Zend-Avesta, venant au nom de Zoroastre assainir le cloaque où l’humanité se débat.

Réduit à l’occupation de Babylone, l’Asiatique, — Assyrien de Chaldée, de Babylone et de Ninive, Syrien de Kadesh, de Damas et de Karkémish, Hébreu de Jérusalem et de Samarie,-l’Asiatique est cerné par l’Aryen, par l’Européen, — l’Aryen grec de Libye, d’Ionie et d’Asie-Mineure, l’Aryen du Caucase et l’Aryen de l’Iran tenant la Perse et la Médie. Refoulé au sud de la Mésopotamie, sur une terre plate, marécageuse, cet Asiatique menacé de toutes parts est la proie des devins, des sorciers et des prêtres, semi-nègres, semi-dravidiens, que l’on retrouve, exerçant leurs ignominies, sur toutes les côtes de la vaste mer Indienne, depuis Ceylan jusqu’à Madagascar.

Ramenés dans ce fond, dans ce bourbier, dans ce cloaque, battus par les Perses de Cyrus que les juifs vont appeler, les Asiatiques auraient disparu du monde, si le vainqueur, trop aryen en cela, bon à l’excès, ne s’était laissé attendrir, séduire, tromper. Si bien, que les Iraniens-Perses eux-mêmes, venus pour assainir ce coin du monde, s’y laisseront corrompre, y deviendront comme des Asiatiques, failliront à leur mandat. Qu’il eût été beau de voir l’Europe s’implanter à Babylone avec Cyrus, et combien de guerres épouvantables, combien de démoralisations, combien de hontes eussent été épargnées !

Aussitôt après la transportation des Juifs à Babylone, Nabuchodonosor les étonna par la douceur de ses volontés. Au bord des fleuves de Babel, les Hébreux pouvaient vivre selon leurs propres lois, mieux et plus que ceux qui étaient allés avec Jérémie vers la terre de Mizraïm, en Égypte. Ils cultivaient des champs où le blé poussait à foison sous les grands palmiers, et trafiquaient librement avec le dehors. Lorsque Évilmérodach devint roi, par la mort de Nabuchodonosor (561), non seulement les Israélites tenaient leur droit de cité, mais encore occupaient les principaux emplois à la cour du souverain. Dépassant, s’il était possible, l’abjection des souverains qui l’avaient précédé, Évilmérodach entendait ne vivre que de joies, n’avoir d’autre souci que la satisfaction prompte de ses caprices de toutes sortes. Les Juifs qui l’entouraient le captivèrent. Il eut pour eunuques principaux, des Hébreux de la famille de David, et lorsque, se donnant le spectacle de sa puissance, le roi de Babel faisait venir devant son trône, assemblait sous ses yeux les rois captifs, le roi de Juda obtenait un siège plus élevé que ceux des autres monarques. Évilmérodach mourut, assassiné par son frère Nergalsorossor (559) pendant qu’il était ivre, au milieu de ses plaisirs.

Les grands d’Israël gouvernaient presque cette Babylone agonisante, se montrant impérieux, rapaces et violents. Les petits d’Israël, groupés autour des prophètes, et que les grands dédaignaient, pleuraient la Jérusalem perdue, s’humiliant devant le Seigneur, se faisant une volupté de leurs larmes. Ils célébraient des fêtes funèbres, d’un charme délicieux ; ils devenaient comme des amants séparés de leurs amantes. Les psaumes de la pénitence étaient leur suprême consolation. C’est alors qu’un très grand poète improvisa le cantique fameux : Près des fleuves de Babel... nous étions assis et nous pleurions... aux saules des rivages nous suspendions nos harpes... nos ravisseurs nous demandaient des chansons !

Ezéchiel, lui, prophétisant, annonçait la Jérusalem nouvelle, refaite, splendide, avec ses douze portes, son temple merveilleux, ses rues larges, ses murailles sûres ; Isaïe II voyait cette Jérusalem toute de saphir. Le Messie qui devait réaliser ce grand rêve était né : Kourous (Cyrus) avance pour son œuvre, s’écrie Isaïe II. Le roi des Perses, Cyrus, approche en effet, appelé par les juifs. Les ruines de Yérouschalaïm seront rendues aux Israélites, et Babylone sera définitivement réduite au rang subalterne d’une satrapie. Par la faiblesse de Cyrus, les Asiatiques, les Hébreux, retourneront donc vers l’ouest, vers l’Europe, une seconde fois.

Les Iraniens de la Médie et de la Perse, venus en Assyrie avec Cyrus, y subiront l’inévitable corruption asiatique qui se répandra en Iran ; et ils deviendront de moins en moins nombreux, dans le temps, à l’est et à l’ouest de l’Euphrate, ceux qui garderont le pur esprit du Zend-Avesta. Et c’est dans l’Inde seulement, que les Aryas conserveront le précieux dépôt du génie aryen, pour le restituer à l’Europe, un jour, par l’intermédiaire du Bouddha et la grâce de Jésus.

Les Iraniens de la Médie et de la Perse perdirent la grande tradition mazdéenne, laissèrent s’éteindre le feu très pur de Zoroastre, ne participèrent pas à la grande réaction aryenne qui se préparait, à l’est de l’Indus, parce qu’il y avait entre l’Iran nouveau — Perse et Médie, — et l’Inde se révoltant contre l’immoralité des brahmanes, deux obstacles énormes, naturels : D’abord le désert de Khaver, nu, infranchissable, et ensuite l’Afghanistan tout plein d’Asiatiques, de Chaldéens, venus par les rives septentrionales de la mer Persique, antérieurement à l’exode des Hébreux.

Quelques-uns de ces Chaldéens de l’Afghanistan avaient osé franchir l’Indus, pénétrer en Sapta-Sindhou, et ce furent sans doute ces premiers prêtres, ces brahmanes, qui vinrent troubler les Aryas des sept rivières, si parfaitement heureux jusqu’alors.

Cette corruption des Aryas védiques du Sapta-Sindhou, par les brahmanes venus de Chaldée, avait livré les hommes blancs des bords de l’Indus aux hommes jaunes des bords du Gange, puis aux hommes noirs du sud indien, vers l’an 800 avant notre ère. Supplantant les poètes védiques, les brahmanes avaient promis les richesses du Gange aux Aryas de l’Aryavarta, comme Moïse avait promis aux Hébreux les richesses de la terre de Chanaan. En un siècle, la conquête vers le Gange s’était accomplie, et la terre promise aux Aryas, occupée, n’avait donné que des désespoirs. Mais les brahmanes s’étaient emparés du peuple, et les guerriers eux-mêmes avaient dû subir leur domination.

Cependant les Aryas de l’Inde avaient conservé en eux le grand esprit de leurs ancêtres, et la religion védique, toute naturelle, toute pure, était demeurée intacte dans les cœurs. Les guerriers (kchatriyas), unis au peuple (vaicyas), supportaient mal le joug des brahmanes. La centralisation asiatique, voulue par les prêtres, déplaisait à ces hommes, qui se révoltaient continuellement, et ce furent des batailles interminables où chaque chef de groupe combattait pour son indépendance ; luttes acharnées, merveilleuses, héroïques, dont le Mahabliarata et le Ramayana sont les récits.

Les chefs du peuple se prévalaient de leurs antiques origines, disant qu’ils descendaient des dieux ; les brahmanes les combattaient au nom des divinités asiatiques, dont ils se déclaraient les représentants. Deux dynasties principales se mesurèrent sur le terrain de la lutte, la dynastie Solaire (Souryavança) et la dynastie Lunaire (Tchandravança ou Ailavança), de forces égales semble-t-il. Une troisième dynastie apparut, avec ses prétentions, la dynastie des Kourous, la première grande puissance sur les bords du Gange, dont les héros furent de vrais maharadjas. La grande guerre contre les Kourous, pour la possession du trône d’Hastinapoura, est le sujet principal du Mahabharata, l’épopée nationale de l’Hindoustan.

La grande guerre, qui dura dix-huit jours, se termina par l’anéantissement des Kourous et la victoire des Pandavas, continuant la dynastie lunaire, aryenne. Les guerriers s’étaient prononcés contre les prêtres.

Le Mahabharata, qui disait ce heurt entre l’esprit aryen et l’esprit asiatique, comprenait huit mille çlokas ou distiques. Les brahmanes s’emparèrent de ce document, comme ils s’étaient emparés des hymnes védiques, et ils ne cessèrent plus de l’amender, de le corriger, en l’augmentant, selon leurs vues. Vers l’ère chrétienne, le poème se composait de plus de cent mille çlokas. Mais dans cet assemblage confus d’idées diverses, que la sagesse brahmanique compila, sans se lasser, mélange de poésies admirables et de récits incohérents, on découvre, on peut suivre la lutte morale, intellectuelle, qui succéda à la défaite par les armes des Kourous, et qui aboutit à la victoire des Aryas sur les brahmanes. On y voit d’abord le triomphe du brahmanisme, complet, puis l’effacement graduel du succès des prêtres, et enfin les efforts désespérés du corps sacerdotal qu’épouvante le retour des idées védiques. Les brahmanes corrupteurs, venus d’Asie, succombèrent ; le Bouddha Çakya-Mouni, qui était né en l’an 622, apporta le triomphe des Aryens.

C’est au moment même où l’Inde aryenne se délivrait ainsi, en plein Hindoustan, de l’influence asiatique, que les dépositaires de l’esprit aryen, les Iraniens de la Perse et de la Médie, victorieux des Asiatiques par les armes, à Babylone, s’abandonnaient moralement à leurs vaincus, retardant pour de longs et douloureux siècles l’avènement de l’Europe aryenne, civilisée.

A l’Occident les Grecs étaient debout, faisant face à ces Iraniens mélangés d’Asiatiques, et la lutte entre les deux génies allait éclater, splendide. Elle se serait terminée par la défaite, par le refoulement et la fin de l’Asie, si tous les Asiatiques s’étaient alors trouvés, réunis, dans le vaste espace qui va du Jourdain à l’Indus, et que l’Europe allait assainir. Mais les Phéniciens, Asiatiques eux aussi, malheureusement, étaient allés, après avoir infesté toute la mer européenne, — la mer Méditerranée, — jusqu’à l’Océan qui est au delà de Gibraltar, jusqu’aux îles Cassitérides, et plus haut, en Grande-Bretagne surtout, imprégnant de leur corruption indélébile presque tous les rivages des terres que l’Arya allait occuper.

Les Grecs devaient subir le premier choc de cette Asie détestable que les Perses de Cyrus laissaient sottement se reconstituer à Jérusalem, à Babylone, en Médie même, et que les Phéniciens avaient répandue partout en Occident, déjà.