DE Arcs la nomenclature ethnographique de Les causes du départ d’Abraham sont diversement exposées.
L’auteur de Le point de départ est net : Et
Abraham et Nacor (fils de Tharé) prirent des
femmes. Le nom de la femme d’Abraham était Sarah. Et Tharé prit son fils
Abraham, et son petit-fils Loth fils de Haran, et sa bru Sarah, la femme de
son fils Abraham, et ils quittèrent ensemble Our des Chaldéens pour aller au
pays de Chanaan. Les émigrants remontèrent au nord, entre l’Euphrate
et le Tigre, et quelques-uns d’entre eux s’installèrent en Mésopotamie pour y
demeurer. C’est ce qui a fait placer Our, un instant, près des sources du
Tigre, et donner aux Hébreux, pour pays d’origine, le nord de La première émigration vers le nord, vers Le groupe spécial dirigé par Abraham, qui s’était séparé de l’ensemble des émigrants chaldéens installés en Mésopotamie, fut désigné en Chanaan par cette appellation caractéristique : ceux d’au delà du fleuve, Ibris, Ibérim, Hébreux. Abraham se dessine fortement, dès le début, comme un type
original. Séparé de son groupe ethnique, il traversera C’est avec raison que le judaïsme a fait d’Abraham son premier patriarche, la pierre angulaire de son temple vaste, idéal. Abraham, dit Jéhovah, moi je suis ton bouclier. Le dieu d’Israël peut défendre son auteur. C’est l’idée monothéiste, c’est la formule d’une religion épurante que ce Chaldéen fuyant Our apporte à l’Occident, car c’est de l’Ormuzd de Zoroastre qu’il a communié, c’est le Zend-Avesta qu’il a entendu. Mais Abraham est Chaldéen, il n’a rien en lui de l’Arya, et la grandeur de sa conception première, comme la simplicité des dogmes qu’il a entrevus, il les exposera en mauvais langage, il les formulera sans énergie, sans précision. Ses successeurs immédiats, — Jacob, Joseph, Moïse, — et ses descendants, — les juges, les rois, les prophètes, les rabbins, — feront de sa divinité iranienne un despote asiatique, très violent, et de ses leçons de morale un code ombrageux, surchargé de légendes. En très peu de temps, comme de force, les Hébreux d’Abraham exaltant Élohim devinrent les serviteurs armés du Jéhovah d’Israël, cet Indra d’Asie. Et ce furent des Israélites. La race à laquelle appartenait Abraham était bien placée en Basse-Chaldée, entre les Touraniens du nord, les Aryas de l’est et les Arabes du sud. C’étaient les Asiatiques par excellence, faits aux rudes climats, aux lieux malsains, et tellement saturés de maladies, qu’une sorte d’immunité réelle en résulta pour leur chair. La lèpre semble être en eux comme un dérivatif perpétuel, un vaccin persistant, général, qui les tourmente, mais qui les protège, et avec lequel ils s’habituent à vivre. Cette surexcitation extérieure, superficielle, dégage bien le cerveau de l’Hébreu, qui conçoit rapidement les choses, en calcule avec soin les effets, et qui mûrirait bien sa pensée si sa passion n’était redoutable, parce qu’elle se manifeste par une chair chaude, impatiente, irritée. Générateur parfait niais instrument déplorable, l’Hébreu sait mal la mesure des choses ; ses manifestations dépassent, jusqu’à l’outrage souvent, la limite vraiment humaine des sensations. Maître, son commandement est une cruauté ; roi, son gouvernement est un despotisme ; prêtre, son autorité est une tyrannie ; prophète, son prêche est une vocifération ; guerrier, sa bravoure est un acte horrible ; philosophe, sa quiétude est une lâcheté ; commerçant, son négoce est une duperie. Sa famille n’est qu’une association ; ses amours ne sont que des jouissances. Cet Asiatique complet, il existe encore dans le
Bas-Euphrate, au Schat-et-Arab, tout le long de la côte Persique méridionale.
On le retrouve en nombre dans l’Afghanistan, jusque dans l’Inde, à Cochin
surtout, où il se groupe. L’antique Assyrie en était toute pleine, puisque
les prêtres chaldéens c’était eux. Aram en fut empestée ; Répandus en Europe après leur défaite, traqués, honnis, détestés, les Israélites s’isolèrent nécessairement, par groupes, et perdirent ainsi, peu à peu, le bénéfice des croisements jadis commencés. Ils conservèrent les immunités de leur chair, résistant aux épidémies de toute espèce, aux misères de toutes sortes, extraordinairement vivaces partout, mourant moins que les Aryas d’Europe, se multipliant sans cesse, dans tous les pays, sous tous les climats, incités à l’œuvre génératrice, excellente, et par les prescriptions générales de leur code, et par les exigences morbides de leur chair constamment en feu, mouvementée. Livrés à eux-mêmes, séparés du monde aryen dans l’Europe même, par d’injustes accusations d’abord et de sottes préventions ensuite, les Israélites s’éloignèrent de plus en plus des groupes ethniques auxquels ils s’étaient unis, — Africains d’Égypte à Gessen, Indo-Européens de Médie à Babylone, — et ils se distinguèrent bientôt, par le type et par les mœurs, des Européens auxquels ils devaient forcément se mêler. Or parmi les Israélites venus chez les Aryens, en Europe, deux types principaux se sont perpétués, qu’il importe d’aller surprendre à leurs souches et de suivre à travers les siècles, jusqu’à nous. Les Chananéens ayant d’abord tourmenté Abraham, le patriarche s’était dirigé vers l’Égypte où de nombreux Asiatiques vivaient, chanteurs, danseurs et devins. Les femmes d’Asie avaient déjà séduit les Égyptiens ; c’est au prix de leurs sœurs et de leurs filles que les immigrants venus d’Asie avaient coutume de payer l’hospitalité des gens du Nil. Abraham fit comme avaient fait ses prédécesseurs, et la beauté de Sarah permit au patriarche, devenu très riche en troupeaux, en argent et en or, de retourner en Chanaan, à Mambri, près d’Hébron. Il acheta des esclaves et s’en fut prêcher sa réforme aux Philistins d’Abimélek, plantant un tamaris sacré, invoquant le nom de Jéhovah, le dieu éternel. On le voit ensuite au milieu des Khétas, des Syriens, se qualifiant d’étranger, demandant un terrain pour y creuser le tombeau de Sarah, le payant au poids de quatre cents sicles d’argent. Le rédacteur du Pentateuque, avec une habileté tout orientale, constate que ce paiement constitua un droit de propriété à la descendance d’Abraham dans le pays des Khétas. Abraham avait connu, éprouvé les diverses races occupant
ce qui représentait le monde à ses
yeux, et il avait jugé que la terre de Chanaan, Enrichi, Abraham intervient dans une querelle ; il défie Chodorlahomor roi des Élamites qui s’est emparé du neveu de Loth ; il délivre le prisonnier et revient aux Chananéens, vainqueur, avec un butin considérable. Cette bataille pourrait n’être qu’une légende, mais elle témoigne de la réputation d’Abraham en Syrie, personnage politique, premier guerrier d’Israël. Abraham n’eut qu’un fils légitime, Isaac ; d’autres enfants lui furent donnés par des servantes, ou des esclaves, parmi lesquels Ismaël, fils de l’Égyptienne Agar. Isaac, le rieur, et Ismaël, le taciturne, représentent bien les deux races différentes qui sont en Syrie et en Arabie ; le Syrien plutôt gai, frivole, bavard ; l’Arabe digne, grave, silencieux. Jacob est le type par excellence de l’Oriental syrien, de
l’Asiatique affiné, plein de savoir-faire,
maître en l’art des ruses, sans scrupule, tout à la politique du succès : il
vole effrontément le droit d’aînesse d’Ésaü, son frère, par des subterfuges,
et il s’approprie les troupeaux de Laban, son beau-père, par les miracles d’une
trop ingénieuse habileté. Le rédacteur de Les gens d’Ismaël,
— les Ismaélites — s’étaient fait là une existence appropriée à leur
situation. Exactement placés entre La lutte entre Laban l’Araméen et l’Hébreu Jacob est curieuse, le second étant amoureux de Rachel fille de Laban, le premier exploitant l’amour de Jacob. C’est Jacob qui exploitera Laban. Les deux politiciens sont bien de la même race. Jacob aime Rachel et c’est Lia aux yeux ternes que Laban donne à Jacob, pour faire payer Rachel plus chèrement, ensuite. Jacob part enfin avec les deux filles de Laban. Plus
audacieuse que sa sœur Lia, Rachel, volant son père, emporte jusqu’aux dieux pénates du vieillard. Et Mais Jacob voulant une ville
centrale dans laquelle les Hébreux s’organiseraient, choisit
Sichem, Il ne conviendrait pas, certes, de prendre à la lettre tous les récits de la fondation d’Israël, depuis l’exode d’Abraham jusqu’à l’acte monstrueux de Jacob ; mais il est impossible de n’en pas souligner l’esprit. Le massacre des Sichémites domine l’histoire d’Israël ; il justifiera plus tard de semblables abominations ; il constitue une sorte de droit politique ; il est un système, un exemple, une instruction. Jacob agit en dominateur imbu de la volonté divine ; après lui, tout ce qui n’appartiendra pas à Israël ne méritera pas de pitié. Les fils de Jacob maîtres de Sichem se nomment Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon qu’il avait eus de Lia, avec Dinah, sa fille unique, Dan, Nephthali, Gad et Assur qu’il avait eus de deux servantes, Joseph et Benjamin, fils de Rachel. La destinée de Joseph, en Égypte, entraîne la destinée des fils de Jacob. D’abord simple scribe de l’Égyptien Putiphar à Tanis, ensuite scribe du pharaon, prenant le nom de Zaphnath-Panéah, le fils de Jacob épouse la fille d’un prêtre de On et ne tarde pas à prendre en mains, sous l’autorité du monarque, le gouvernement des Égyptiens. Sa politique fut extraordinaire. L’Égypte subissant une épouvantable famine, Joseph accapare tous les grains, ne les restituant ensuite aux affamés qu’en obtenant de chacun d’eux l’abandon de sa propriété personnelle. L’Égypte tout entière devint ainsi comme le domaine du souverain. Ceux qui ne possédaient rien, durent s’engager au paiement de lourds impôts dans l’avenir. Les terres sacerdotales seules demeurèrent hors du domaine pharaonique ; les prêtres seuls ne furent assujettis à aucune redevance. Ces prêtres étaient des Asiatiques, des compatriotes de Joseph, qu’il favorisait. Glorieux et infatué, l’Hébreu Joseph, ce rêveur, disposait de l’Égypte. Son droit, la parole de l’Éternel le légitima, dit Installés dans la terre de Gessen, les Israélites s’y
multiplièrent, assez mêlés aux Égyptiens pour qu’à première vue un étranger
pût les confondre, leur esprit seul demeurant réfractaire aux mœurs, aux
coutumes des bords du Nil. Leurs impatiences toutes remuantes contrastaient
avec la lente quiétude des Égyptiens ; ils se querellaient, s’organisaient
mal, dédaignant les soins corporels, se laissant envahir par la lèpre,
devenant des objets de dégoût. Le pharaon s’inquiétait parfois de leurs œuvres.
Ce qui n’est pas douteux, c’est le développement rapide, incroyable, du peuple d’Israël en Gessen. La multiplication des familles fut et demeura toujours l’étonnante faculté du groupe hébraïque. Quel héritage de Jéhovah que les enfants ! quel salaire que le fruit du ventre ! dit un psaume. Ce don de procréation incessante, les Israélites en jouiront partout, sous tous les climats, dans toutes les circonstances, groupés ou disséminés, supportés ou poursuivis, riches ou misérables ; en tous temps comme en tous lieux, les familles israélites prospéreront. Aucun autre groupe humain, au monde, ne saurait disputer aux Israélites cette indiscutable supériorité. Les Égyptiens qui avaient été jadis envahis par les Asiatiques Hyksos, qui détestaient les nomades, ces pâtres de brebis, accueillirent cependant bien les Israélites. De continuels croisements, même par mariages réguliers, mélangèrent les deux sangs. Les femmes israélites, vigoureuses, plaisaient aux Égyptiens, et les Israélites, — comme Ismaël et Joseph, — aimaient les égyptiennes, moins exigeantes, très saines. L’organisation sociale des Israélites de Gessen n’avait rien qui pût ombrager les pharaons. Les familles y demeuraient très distinctes, la réunion libre de quelques familles y formant des clans, des tribus, plutôt dirigées que commandées par un chef, un zaken, ou scheikh. Ces tribus étaient des maisons de pères. Aucune cohésion d’instinct, aucune tendance vers la constitution d’une nationalité, d’un groupe fort n’était menaçante ; au contraire, des querelles continuelles divisaient les tribus. Ne vous brouillez pas en route dit Joseph, dans ses adieux bienveillants à ses frères retournant vers Jacob. Les pharaons redoutaient si peu les Hébreux, — les
Obérions, — qu’ils les gouvernaient au moyen de scribes de race hébraïque, et
qu’ils abusèrent de leur facile autorité. Ramsès II avait exigé des hommes de Gessen
de grands labeurs, pénibles, humiliants ; le pharaon Méneplitah Ier, vainqueur des Libyens, voulant fortifier |