DE PENDANT que la vieille Égypte s’effondrait, que Avant Zoroastre, Les hasards de l’histoire, autant que les nécessités de la
vie, devaient jeter les Iraniens hors de Le législateur de L’œuvre de Zoroastre avait été parfaite, et s’il avait dû consentir à de regrettables concessions, au point de vue religieux, sa morale était demeurée sainte, sa création intacte. On ne combinera plus de religion, dans le sens élevé du mot, qui ne se rattache à la combinaison zoroastrienne. Il importe peu que la grande réforme de Zoroastre ait précédé ou suivi le grand exode des Aryas venus de Pamire et se divisant en trois tronçons, l’un allant vers l’Inde, l’autre vers l’Europe, le troisième descendant au sud, en Iran. L’essentiel c’est l’existence d’un groupe aryen en Bactriane, si puissamment endoctriné, que les plus grands déboires et les plus grands malheurs n’ébranleront ni sa morale, ni sa foi, ni les œuvres pratiquantes témoignant de sa croyance et de sa moralité. Il est également certain qu’une grande affinité de mœurs,
de goûts et de tendances existe, dès ces époques reculées, entre les Aryas de
l’Inde Védique cantonnés dans le Pendjab et les Aryas de l’Iran en Bactriane.
Mais les hautes montagnes de l’Hindou-Kousch, les stérilités de Le groupe iranien s’organisa d’abord en Bactriane, en Sogdiane et en Margiane, très accru, ou bien rejoint par d’autres groupes de même origine, errants, attirés vers ce pays nouveau. Constitués, les Iraniens civilisés subirent une nécessité d’extension. Ils ne pouvaient se diriger vers l’est, à cause de l’Hindou-Kousch et des monts Soliman qui se dressaient, énormes, jusqu’à la mer Persique, masquant l’Indus ; et retourner au nord ne put venir à l’esprit d’un seul d’entre eux, car les Touraniens tenaient le pays entre Pamire et la mer Caspienne, complètement. C’est donc vers l’ouest, ou vers le sud, que les Iraniens devaient fatalement s’étendre. Ils marchèrent au sud, ayant à leur droite le désert de Khaver qui les inquiétait, à leur gauche la longue ligne infranchissable de l’Hindou-Kousch. Ils suivirent probablement le cours de l’Helmend, traversèrent sans s’y arrêter le pays difficile que ce fleuve arrose, pour arriver en Carmanie, c’est-à-dire au delà de toute stérilité. L’émigration dut être très importante, car des groupes
iraniens s’échelonnèrent le long de la route d’exode, depuis l’Arie jusqu’à Une autre théorie veut que les Aryas-Iraniens, partis de En Perside et en Carmanie, les émigrants furent bien reçus. Sans doute de nombreux Iraniens, avant le grand exode, s’étaient déjà mélangés aux populations méridionales du grand Iran, groupes prêts à recevoir la parole zoroastrienne, ayant une civilisation propre, occupant un pays fertile, sain, mais dur de climat et très exigeant, donc favorable à l’homme de travail fouetté par les intempéries. Au nord de Le fait historique principal, c’est que les Touraniens
occupaient Il n’en fut pas de même en Perside où vivait une race spéciale, bien localisée, un ensemble de tribus occupant, avec la partie méridionale, maritime, du grand Iran, les îles du golfe Persique. Parmi ces tribus, celle des Pasargades se distinguait. Ce pays particulier, bien délimité, qui est l’Élam antique, ou Élymaïs, c’est le pays de Paras d’Esdras et de Daniel, le Fars des mahométans, le Farsistan actuel. Avec leurs montagnes neigeuses, leurs vallées fertiles, leurs plaines atrocement brûlées et le voisinage de la mer, ces premiers Perses étaient de vigoureux hommes, pasteurs, montagnards ou marins ; peu marins toutefois, l’exploitation des routes mouvantes appartenant aux Chaldéens, qui redoutaient les Persiens déjà. Les Persiens, ou Perses, accueillirent bien les Aryas venus de Bactriane, les Iraniens, satisfaits de recevoir une morale et une religion qui répondaient admirablement à leur caractère. Et tellement, qu’avec un grand nombre d’arguments positifs, les Perses ont été qualifiés d’Aryens. Les Aryas-Iraniens venus en Perside y demeurèrent donc, nombreux. Au nord de En résumé, les premiers Mèdes furent des Touraniens, et plus tard, lorsque les Aryas se mélangèrent aux premiers Mèdes, le nom de Mada, ou Madaï, devint un terme purement géographique englobant tous les habitants de la contrée. Et il se produisit ce fait singulier, que le qualificatif de Mède n’exprimant aucune nationalité, fut opposé au qualificatif de Perse désignant bien, lui, un groupe autonome composé de Persiens et d’Aryas-Iraniens, et que bientôt, historiquement, l’en-semble des groupes humains occupant l’Iran central, — Mèdes, Perses et Susiens, — fut qualifié de Mède, uniquement. Le groupe Mède comprendra donc des Aryas parfaits, moralisateurs excellents, véritables sages, des sectateurs de Zoroastre en un mot, puis des Perses, rudes, sains, braves, devenus de fidèles zoroastriens, et des Touraniens abjects, appartenant à cette race tatare, sorte de fléau naturel n’agissant que pour la destruction des œuvres d’autrui. Le Mède d’Eschyle, à la longue chevelure, sera le résumé de cet amalgame. Le Livre des Rois
de Firdousi raconte, fabuleusement, la longue lutte vraie entre le Touran et
l’Iran en Médie. Les Touraniens finirent par accepter la domination de l’aristocratie iranienne. La lutte persistera,
sourde, jusqu’au moment où, convoitant Les Assyriens de Belkatirassou (1000-900) voulurent conquérir L’organisation médique, sociale au moins, répondait aux vues zoroastriennes ; des classes, — et non des castes, — y existaient. Il y avait les Mages (Magus), magiciens, prêtres, devins, sorciers ; les Arizantes (Ariyazantus), de race aryenne, guerriers ; les Buses (Buzâ, Bhûdja), agriculteurs ; les Struchates (Tchatrauvat), pasteurs ; les Budiens (Bûdiyâ), ouvriers de la terre, tenus, serfs, et les Parétacéniens (Paraitaka), nomades. Il est remarquable que ces dénominations sont de langue assyrienne. On a essayé d’identifier chacun de ces groupes avec une race spéciale : les nomades et les serfs auraient été Bédouins, gens du désert, Arabes ; les pasteurs, Perses ; les agriculteurs, Autochtones ; les guerriers, Aryas ; les mages, Touraniens. Au point de vue du langage, il semblerait que les mages et les guerriers parlaient l’arya, et tous les autres groupes, le touranien ? Venus de Touranie ou de Chaldée, les magiciens devaient
avoir appris, devaient parler la langue des dominateurs, les guerriers Aryas. Il faut remarquer, en outre, l’absence
d’une classe trafiquante, dédain absolument
aryen. Pour l’Arya, et surtout pour l’Arya de l’Iran, le marchand était un être vil, ridicule ; ce
mépris, quelques Israélites le partageront lorsque, exilés à Babylone, ils
auront à souffrir du mercantilisme des Chaldéens. Et
tu multiplieras tes adultères avec Lorsque l’Assyrien Belkatirassou subjuguera les Mèdes, les Touraniens de Médie trouveront bien lourd le joug du dominateur, et ils se tourneront vers les Iraniens pour préparer leur délivrance. Arbace qui, le premier, provoqua l’envahisseur, était un pur Aryen. C’est là le grand triomphe de l’Iran sur le Touran, bien plus précieux que le gain d’une bataille : la prépondérance de l’élément aryen en Médie, désirable, y devint alors incontestée. La langue touranienne, — idiome ouralo-altaïque, tatare, —
demeura prédominante en Médie, mais elle se mélangea vite de locutions
aryennes, c’est-à-dire indo-européennes, et elle finit par former cette
langue spéciale qui est au milieu des inscriptions perses trilingues et que l’on
a qualifiée de langue de La religion zoroastrienne fut promptement acceptée par les Perses ; les Touraniens, eux, résistèrent à ce prosélytisme, mais sans passion. L’idée aryenne prévalut en Médie au point de vue de l’organisation gouvernementale. Le territoire était divisé en communes se suffisant à elles-mêmes, ayant chacune un chef indépendant, formant, ensemble, une féodalité sans pouvoir supérieur. Cependant le groupe persien, très influent, finit par imposer l’idée monarchique que les Touraniens préféraient, et que les mages surtout favorisèrent comme susceptible d’amener le peuple à la conception d’un dieu personnel, sorte de roi suzerain, unique, dont ils seraient les ministres auprès des hommes. L’influence morale des Aryas de Depuis le Haut-Oxus jusqu’en Chaldée, en passant par le
sud de la mer Caspienne, la vallée du Tigre et le Schat-et-Arab, tout le long
de la mer Persique, sur les côtes indiennes occidentales, — chez les Dravidiens,
— et au nord, au delà de l’Oxus, dans les plaines de Le peu de religion pure qui résultait du code zoroastrien,
les mages venus de L’édification de temples en Médie est un témoignage décisif. L’idée d’élever une maison aux dieux est exclusivement asiatique ; l’Aryen ne saurait concevoir cette singularité. Le temple aryen, c’est l’enclos en plein air, le bois sacré, a dit Renan. Il en est de même du culte et de la religion, que l’esprit aryen peut subir, mais qu’il n’imaginerait certainement pas. Ni les brahmanes védiques, ni les destours iraniens, ni les mages de Médie ne sont des Aryas. Les Égyptiens n’avaient que des tombeaux, tout le long du Nil, avant l’invasion des Asiatiques. L’Afrique et l’Europe doivent à l’Asie, les dieux, les temples, les cultes, les religions, et par conséquent les prêtres. |