MÉMOIRES POUR SERVIR À L’HISTOIRE DE LA GUERRE DE 1914-1918

LE VINGTIÈME CORPS.

Chapitre II — Le 20e corps dans l’offensive de Lorraine. La bataille de Morhange, 14-20 août 1914.

Considérations sur une offensive d’importance en Lorraine. – attaque de la droite du 20e corps à l’appui de l’offensive des 15e et 16e corps ; premiers engagements ; l’artillerie allemande, 14 août. – large repli allemand, 16 août. – redressement de la 2e armée et préparation de l’offensive face au nord, 17 et 18 août. – la bataille de Morhange, 19 et 20 août.

 

 

Une large offensive française en Lorraine pouvait se justifier comme une démonstration destinée à immobiliser dans cette région les importantes forces allemandes qui s’y trouvaient. L’invasion du Luxembourg et celle de la Belgique, aujourd’hui poursuivies, allaient entraîner et maintenir dans les régions du nord la partie de beaucoup la plus forte des armées ennemies. L’offensive en Lorraine ne pouvait aspirer à poursuivre, dans cette direction distincte et séparée du théâtre principal des opérations, des succès de nature à modifier les conséquences de la grande rencontre, qui allait mettre aux prises le gros de nos forces avec la principale masse ennemie, dans une région forcément éloignée.

Elle devait en outre présenter de sérieuses difficultés et de réels dangers. La Lorraine était, en effet, un théâtre d’opérations isolé, fermé sauf à l’entrée, d’une structure spéciale et que l’art avait particulièrement renforcé. Il se présentait sous la forme d’un triangle allongé, dont la base, qui formait la frontière commune, était ouverte, et dont les deux côtés étaient la Moselle à l’ouest et la Sarre à l’est, deux obstacles sérieux.

La Moselle le séparait du théâtre de la rencontre du gros des forces, et cette rivière était commandée par la place de Metz Thionville, qui en protégeait les rives à une grande distance. Par là était augmentée la valeur déjà considérable de la barrière existant entre la Lorraine et le théâtre d’opérations du nord. Cette rivière fournissait également, avec la fortification étendue qui l’appuyait, une magnifique base de contre-attaque pour les nombreuses réserves que l’ennemi pouvait à un moment donné prélever sur la masse de ses armées en opérations, et qu’il avait la facilité de transporter rapidement en utilisant les nombreux chemins de fer convergeant sur Metz et Thionville, comme aussi de réunir dans une région entièrement abritée sous le canon de ces places. De là il lui était facile de les lancer dans la bataille de Lorraine, s’il y avait un avantage.

La Sarre, à l’est et au nord, constituait de même une ligne d’arrêt de valeur, soutenue, en arrière et au sud, par la place de Strasbourg et la ligne de la Bruche avec la fortification de Molsheim. Elle pouvait recevoir facilement les réserves d’une grande partie de l’Allemagne dans des conditions d’indiscutable sûreté. Elle formait ainsi une autre ligne de manoeuvre pouvant servir de base de départ à des contre-offensives puissantes.

Entre les deux rivières, vers le centre du triangle, la ligne de la Rotte-Albe, prolongeant celle de la Nied allemande, était depuis plusieurs années organisée et rattachée par la fortification à Thionville. Elle fournissait une solide transversale, autre ligne d’arrêt et de manœuvre facilement et avantageusement utilisable en combinaison avec les deux premières.

De la côte de Delme, qui marquait l’extrémité des organisations avancées de Metz, jusqu’à la Sarre de Sarrebourg se présentait, sur une étendue de 45 kilomètres, le terrain disponible pour une offensive française. De ce terrain, une grande partie (Sarrebourg-Dieuze, 25 kilomètres) était, sans parler de vastes bois, fortement enchevêtrée de canaux et de grands étangs ; elle était par là d’une défense très facile à l’ennemi. Sur une autre partie (Dieuze-Delme, 20 kilomètres environ), relativement plus découverte, se montraient de nombreux pylônes, établis depuis quelques années, et répartis, depuis la frontière, sur plusieurs kilomètres de profondeur ; c’était là l’indice d’une préparation spéciale de la lutte d’artillerie sur ce terrain.

Comme on le voit, le théâtre d’opérations de Lorraine, étroit par lui-même et hérissé d’obstacles naturels, se montrait réduit par le développement de la fortification. Avec ses positions de flanc et ses lignes de défense transversales qu’appuyaient les vastes places de Strasbourg et de Metz-Thionville, disposant d’un puissant réseau ferré, il constituait, aux mains du commandement allemand, un champ de bataille admirablement préparé pour arrêter l’adversaire avec peu de forces, et au besoin pour lui infliger un échec retentissant par la combinaison d’arrêts de front et de contre-attaques de flanc. Il lui fournissait également et à bon compte un robuste pivot pour la manoeuvre beaucoup plus large de ses armées à la recherche de la grande bataille, dans les plaines relativement ouvertes du nord de la France. Il ne semblait pas indiqué pour le commandement d’en faire la base de départ d’une grosse offensive, car elle aurait à aborder une région particulièrement difficile, et sans chance d’atteindre un objectif décisif.

D’autre part, l’offensive française à la recherche d’une bataille en Lorraine ne pouvait qu’être pleine de réserve. Elle ne trouvait guère, comme terrain praticable à ses opérations, que l’intervalle Delme-Dieuze, d’une vingtaine de kilomètres ; encore fallait-il tenir compte de ses mystérieux pylônes. à l’est de Dieuze, c’étaient la forêt, les étangs, les canaux jusqu’à la Sarre. Elle avait par suite son flanc droit menacé par l’adversaire susceptible de déboucher de la haute-Sarre et de la Bruche. En continuant sa route dans le pays lorrain, elle avait son flanc gauche aux prises avec l’ennemi de la région de Metz et de la Moselle. Dans son étroite zone de marche, elle devait en outre s’attendre à rencontrer des barrières de nature à ralentir sa progression.

C’était une entreprise difficile à réussir, celle qui consistait à s’engager avec deux flancs constamment menacés, qui voyait grandir ce danger à mesure qu’elle progressait, et sans que l’on pût à l’avance prévoir où et quand le succès tactique pourrait mettre un terme au péril grandissant, et parvenir à retourner une situation stratégique allemande assez solidement nouée et assez profondément organisée pour pouvoir à chaque pas renverser nos premiers succès tactiques. En fait, la souricière allemande une fois tendue comme elle l’était en août 1914, pouvions-nous espérer dans un vigoureux élan l’enfoncer malgré sa profondeur de 60 kilomètres et passer au travers pour obtenir des résultats décisifs avant qu’elle ait eu le temps de jouer sur nous ? C’était plus que risqué. Mais il nous suffisait, par une offensive de démonstration à coups répétés, d’obliger l’adversaire à la maintenir tendue pour immobiliser les forces ennemies qu’elle renfermait, par là apporter notre aide à la grande bataille qui devait se livrer ailleurs.

Le 12 août, le général commandant la 2e armée fait parvenir ses ordres concernant les opérations qui doivent être entamées dans la journée du 14. La 2e armée, se couvrant face au nord, doit d’abord agir offensivement en s’étendant à l’est, vers la région d’Avricourt, pour se lier à la 1e armée, et attaquer ensuite en direction du nord-est à la gauche de cette armée. Cette action doit être exécutée par les 16e, 15e corps et le gros du 20e, dans un dispositif échelonné la droite en avant, le reste de la 2 e armée couvrant l’attaque.

En particulier, le 20e corps aura à marcher contre la crête Donnelay-Juvelize. À sa droite, le 15e corps marchera en direction d’Hellocourt, le 16e corps sur Avricourt, tandis qu’à sa gauche le 9e corps couvrira l’attaque depuis Moncel jusqu’à la Moselle. Enfin, en arrière, le 2e groupe de divisions de réserve (59e et 68e), en cours de débarquement, s’établira, au fur et à mesure de l’arrivée de ses éléments, sur la position préparée à l’est de Nancy.

En exécution de ces instructions, mon corps d’armée débouchera à 7 heures, la 11e division à droite, la 39e à gauche. Il sera couvert par un détachement placé sous les ordres du général Wirbel, et opérant de part et d’autre de la route de Moncel, en liaison avec le 9e corps. Les renseignements recueillis par l’aviation montrent que les allemands poussent activement leurs travaux défensifs aux abords immédiats de la frontière, le long de la route de Metz à Sarrebourg, entre Delme et Maizières.

En fait, les difficultés précédemment exposées de l’offensive entreprise dans cette région n’ont pas échappé au général commandant la 2e armée. Aussi appelle-t-il l’attention de ses commandants de corps d’armée sur la nécessité d’organiser méthodiquement les attaques en faisant préparer et soutenir chaque bond en avant de l’infanterie par une artillerie puissante. Il leur prescrit, en outre, une ligne à ne pas dépasser en fin de journée.

Le programme ordonné pour le 14 se réalise tout d’abord sans de réelles difficultés. Dans la matinée, les divisions du 20e corps occupent aisément les hauteurs qui dominent la crête frontière. Les avant-postes ennemis qui étaient sur ce front se sont repliés sans combattre. Autant le mouvement en avant du corps d’armée a été facile dans la matinée, autant il devient pénible dans l’après-midi. En se rapprochant de la crête, s’il ne rencontre qu’une infanterie très réservée, il se trouve soumis au feu d’une nombreuse artillerie comprenant beaucoup de pièces lourdes, dont le tir est parfaitement réglé sur les points principaux qui marquent la frontière. Ces pièces ont pu, grâce à leur portée, s’établir à une distance où nos canons de campagne sont impuissants à les atteindre.

Néanmoins, en dépit de ce feu et des pertes qui en résultent, le corps d’armée réussit à atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Les éléments de première ligne, quoique canonnés pendant toute la journée, se retranchent sur leurs positions de façon à en assurer la possession contre toute contre-attaque, et à être prêts à en déboucher dans la journée du lendemain. Le quartier général du 20e corps est établi à Serres.

Ici se révèlent déjà la supériorité de l’armement de l’ennemi comme les avantages de l’organisation du terrain qu’il a réalisée sur son territoire. Sans parler du nombre de canons qu’il met en ligne, ses pièces de gros calibre, par une portée supérieure à celle de notre artillerie, commencent et soutiennent la lutte à une distance où elle nous est interdite, et leur tir réglé à l’avance sur des objectifs repérés se montre d’une incontestable justesse. Dès à présent, il apparaît que l’artillerie conditionne l’entrée du champ de bataille avant que toute intervention y soit possible à l’infanterie. Celle-ci n’y peut faire circuler que de faibles détachements. Sa volonté de joindre la ligne ennemie pour l’écraser de ses feux et l’aborder dans l’assaut se trouve barrée, dès le début, par l’artillerie adverse. Il va falloir combattre cette artillerie avec la nôtre, avant de demander à celle-ci de préparer et d’appuyer l’attaque de notre infanterie. On pouvait s’étonner des révélations qu’allait apporter dans l’art de la guerre la rencontre de deux grandes armées après quarante ans de paix. Avec le temps, on redresserait et on compléterait notre tactique. Une première préoccupation de retenir des troupes par trop allantes et de leur faire préparer avec un grand soin leurs opérations ne pouvait dès à présent échapper au haut commandement. Le 15, l’offensive doit se poursuivre à partir de 4 heures.

Le 20e corps a plus particulièrement comme tâche de couvrir l’attaque du 15e sur Maizières, en maintenant inviolable le front face au nord, et en attaquant Donnelay avec ce qu’il lui restera de forces. Il doit attendre, pour déboucher, que le 15e corps soit parvenu à sa hauteur. Mais, en réalité, ce corps d’armée est immobilisé pour toute la journée. Très éprouvé la veille, obligé de faire relever sa division de première ligne, il rend compte, dans la matinée, qu’il ne sera en état de reprendre l’offensive que dans la journée du 16. C’est donc l’arrêt pour le 20e corps, immobilisation d’autant plus désagréable que l’artillerie allemande dirige sur lui un feu violent et bien réglé de gros calibre.

En dépit de la situation pénible qui résulte de cette attente et des pertes qu’elle entraîne, le 20e corps reste prêt à reprendre l’attaque le lendemain. Aux termes de l’ordre de la 2e armée, l’offensive doit continuer le 16 août sur tout son front.

D’autre part, les premiers enseignements tirés des combats des 14 et 15 août amènent le général commandant la 2e armée à adresser à ses commandants de corps d’armée une note au sujet de l’attitude à tenir pour attaquer des organisations défensives. Il s’agit en l’espèce de conduire méthodiquement la poussée en avant jusqu’au moment où la solide organisation du terrain conquis ainsi que la préparation minutieuse du tir de l’artillerie permettent de monter des attaques combinées d’infanterie et d’artillerie sur les points dont l’enlèvement a été décidé.

J’ai, de mon côté, signalé à mes troupes l’importance primordiale des actions d’artillerie et appelé là-dessus leur attention pour la journée du 16 août. Mais cette journée va avoir une allure toute différente de celle qui a caractérisé les journées précédentes.

Il est près de 7 heures quand la droite du 20e corps se porte en avant. Elle trouve le vide devant elle et s’avance sans recevoir ni un coup de fusil, ni un coup de canon. Les habitants rapportent que les allemands ont commencé à se replier, dès la matinée du 15, dans la direction de Dieuze et que leur mouvement de retraite s’est prolongé toute la nuit suivante. Les quelques prisonniers capturés reconnaissent unanimement les effets démoralisants de notre artillerie de 75. Fait plus étrange, on trouve par endroits des indices d’une retraite précipitée. C’est ainsi qu’une reconnaissance d’officier du 5e hussards signale de nombreux effets et obus abandonnés. Devant cette situation, je presse mes troupes de rechercher activement le contact sur tout le front et de mettre au plus tôt la main sur Donnelay-Juvelize. En fin de journée, le 20e corps est solidement installé sur ces points, sa gauche tenant la Seille dans la région de Château-Salins.

Le 17 août, la 2e armée entame un redressement face au nord en vue de l’offensive ultérieure dans cette direction. Le 20e corps d’armée n’a qu’à s’établir face au nord et à se resserrer sur sa gauche, la droite aux hauteurs sud de Marsal. Les mouvements résultant de ces directives s’exécutent durant la journée. La pluie, qui n’a cessé de tomber depuis le 16, persiste toute la journée du 17 et rend très pénibles les déplacements des troupes. à la nuit tombante, les têtes du 20e corps, qui a dû se resserrer sur sa gauche, se présentaient face au nord sur les hauteurs sud de la Seille, entre Marsal et Chambrey. Pendant la journée, le 5e hussards, après un engagement avec un parti allemand, a occupé Morville-Lès-Vic et Château-Salins. Dans la journée du 18, la 2e armée achève son redressement et prépare son débouché vers le nord.

Ces dispositions préparatoires réalisées, l’offensive doit être reprise à partir du 19 août, et elle doit être reprise vigoureusement, en manière de poursuite, car, aux termes de l’instruction numéro 3 de l’armée en date du 18 août :

L’ennemi cède devant nous ; en particulier il a abandonné Sarrebourg et Château-Salins. dans l’intérêt général il faut le poursuivre avec toute la vigueur et la rapidité possibles. le général commandant la 2e armée compte sur l’énergie, sur l’élan de tous pour atteindre ce résultat. Il invite les commandants de corps d’armée à inspirer à leurs troupes cet état d’âme différent de l’esprit de méthode qui s’impose vis-à-vis d’organisations défensives préparées. dans le même ordre d’idées, les éléments lourds, qui retardent la marche, seront rejetés en queue des colonnes, jusqu’au moment où leur entrée en action deviendra nécessaire.

L’exécution est réglée par l’ordre du même jour :

Demain 19, l’armée poursuivra son offensive en vue d’atteindre le front Sarrebrück, Pont-à-Mousson. Les têtes des gros franchiront à 8 heures la ligne Seille, canal des salines, et ne dépasseront pas, en fin de journée, la ligne marquée par l’Albe en aval de Lening prolongée par la ligne Virmingen, Morhange, Baronville. Le 16e corps d’armée, tout en couvrant l’armée vers l’est, se portera en direction générale de Lening, Saint-Avold. Le 15e corps d’armée attaquera en direction générale de Rodalbe, Pont-Pierre. Le 20e corps d’armée débouchera à l’ouest de Marsal inclus en direction générale de Château-Salins, Faulquemont. Le groupe des divisions de réserve couvrira le flanc gauche de l’armée dans la direction générale de Metz. Au fur et à mesure de sa progression, il s’établira face au nord-ouest pour être en état de résister à toute offensive débouchant de Metz. Le 18e corps d’armée a cessé, à la date du 17, de faire partie de la 2e armée. Le 9e corps d’armée est mis à la disposition du commandant en chef.

La disparition de ces deux corps d’armée réduisait considérablement les forces, et par suite les possibilités de la 2e armée. Pour protéger son flanc gauche en particulier, elle ne disposait plus que du groupe de divisions de réserve appelé à s’étirer sur plus de cinquante kilomètres, suivant la progression de l’armée. C’était là une protection plus que précaire, inexistante en quelque sorte. Le haut commandement devait certainement avoir des renseignements très sérieux pour entreprendre dans de telles conditions une marche en avant qu’il cherchait à hâter, et à laquelle il donnait des objectifs aussi lointains que la route de Pont-à-Mousson à Sarrebrück.

C’était la première réflexion que m’inspirait la lecture de ces instructions. Les événements auxquels la 2e armée avait pris part jusqu’à présent ne constituaient pas à mes yeux une importante rencontre avec l’ennemi, de nature à lui imposer une forte retraite, encore moins à entraîner sa désorganisation.

On n’avait eu que des engagements d’artillerie. Pour que la 2e armée, réduite comme elle venait de l’être, encore plus faiblement gardée vers Metz, entreprît, dans une région dont nous avons vu les dangers et sur des objectifs si lointains, la marche à vive allure recommandée le 18, il fallait évidemment, pensais-je, que l’on eût reçu en haut lieu des informations particulières de nature à justifier l’entreprise.

Quoi qu’il en soit, et conformément à ces instructions, je donne ordre au 20e corps de marcher contre le front Baronville, Morhange, la 11e division visant le front Morhange, signal de Baronville, la 39e division visant Baronville et le signal de Marthil. Le corps d’armée reste couvert à gauche par le détachement Wirbel assurant la liaison avec la 68e division de réserve.

Le 19, un peu après 8 heures, je suis installé à mon poste de commandement sur la route de Vic à Château-Salins. Dans la matinée, à droite, la 11e division ne rencontre d’autres difficultés que celles dues au terrain boisé qu’elle a devant elle, mais elle éprouve de ce fait un assez grand retard ; à gauche, la 39e division et le détachement Wirbel progressent beaucoup plus facilement. D’après les habitants, la région de Delme aurait été évacuée par l’ennemi, mais dans la région de Baronville il y aurait des forces plus importantes.

À 14 heures, au moment où la 11e division débouche de la petite-Seille, elle tombe sous un feu d’artillerie violent et bien réglé ainsi que sous des tirs de mitrailleuses ; elle subit des pertes assez sérieuses. Manoeuvrant alors par les fonds qui sont à sa gauche, elle réussit à pousser jusqu’à Pévange, où elle se retranche à la nuit tombante. Là s’arrêtent pour la journée ses progrès.

Pendant ce temps, la 39e division lance un régiment sur Baronville et un régiment sur Marthil et le signal de Marthil. Ces régiments ne tardent pas à être en butte à une très forte artillerie ennemie ; ils progressent néanmoins, et, à 16 h. 30, le 160 e est au sud du signal de Baronville, tandis que le 153e a enlevé Marthil et le signal de Marthil ; le détachement Wirbel a largement dépassé la forêt de Château-Salins.

Il ne semble pas possible que les objectifs assignés au 20e corps puissent être entièrement atteints dans la journée. Les troupes d’infanterie ont été éprouvées par l’artillerie ennemie ; il sera nécessaire de les remettre en main avant d’aborder la forte position de Morhange, Baronville, comme aussi de faire une sérieuse préparation d’artillerie, toutes choses qui nécessitent un délai dont on ne disposerait pas dans la soirée. D’autre part, la 11e division, à qui reviendrait l’effort principal, est obligée de distraire une partie de ses forces pour couvrir son flanc droit encore découvert. Le 15e corps, en effet, est loin d’avoir réalisé la même avance que le 20e ; sa gauche en particulier n’a pu déboucher de la forêt de Bride et Koking.

Aussi, dès 16 h. 30, ai-je donné à la 11e division l’ordre d’assurer son flanc droit par une occupation solide du haut de Koking. Cette disposition répond d’ailleurs à l’ordre particulier que le général commandant la 2e armée m’adresse à 17 h. 20 :

Le général commandant l’armée prescrit au général commandant le 20e corps d’armée de faire appuyer la fraction de la 30e division engagée sur les débouchés nord de la forêt de Bride et Koking. Le 20e corps d’armée fera garder cette nuit la route de Conthil à Dieuze.

La journée se termine dans ces conditions. Avant de quitter mon poste de commandement de Burlioncourt, je donne les instructions nécessaires pour le stationnement de la soirée et la conduite à tenir jusqu’au lendemain. Puis je regagne mon quartier général établi à Château-Salins, tandis que les troupes s’organisent sur le terrain conquis. En résumé, le corps d’armée, après avoir exécuté sans difficulté une grande partie de sa marche, est parvenu à une vingtaine de kilomètres de sa base de départ, la Seille. Arrivé devant les hauteurs de Marthil, Baronville, Morhange, il a été accueilli par des feux violents d’artillerie et de mitrailleuses qui lui ont fait éprouver des pertes sans briser son élan, et sans l’empêcher d’occuper Marthil et le signal de Marthil.

Établi comme il l’est en fin de journée, disposant encore de six bataillons réservés, il se trouve en bonne situation pour aborder le lendemain les hauteurs qu’il a à conquérir, à la condition d’y associer puissamment son artillerie. Encore faut-il qu’il ait sa droite assurée par des progrès du 15e corps analogues aux siens, et son flanc gauche soigneusement gardé. Cette dernière tâche a été assignée au groupe des divisions de réserve qui ne relève pas de mon commandement, et dont la division la plus avancée se trouve sensiblement en arrière de l’aile gauche du 20e corps. Dans la soirée du 19 au 20, je ne reçois aucune instruction ni information de la 2e armée, et, ne voyant rien venir, je me borne à rester dans l’esprit de ses ordres du 18. C’est ainsi que j’ordonne de Château-Salins, à une heure avancée de la nuit, de reprendre l’attaque à 6 heures. Mais, quand cette heure viendra, des événements nouveaux auront déjà modifié la situation au point que l’attaque ne sera pas entreprise.

En réalité, au lieu d’une simple marche en avant, c’était une bataille générale que la 2e armée avait, dans la journée du 19, engagée sur tout son front contre un ennemi soigneusement établi. Les progrès à sa droite avaient été moins sensibles qu’au 20e corps. Le 16e corps s’était trouvé dans l’impossibilité de déboucher au nord du canal des salines, et, comme on l’a vu, la gauche du 15e était arrêtée dans la partie sud de la forêt de Koking. Ces deux corps d’armée étaient donc bien loin d’approcher des points qui marquaient, dans l’ordre du 18, les terminus de leur marche pour la journée du 19.

Aussi le commandant de la 2e armée avait-il établi pour le 20 un nouvel ordre prescrivant aux 15e et 16e corps de combiner étroitement leur action à partir de 5 heures, en vue de rejeter l’ennemi à la voie ferrée Bensdorff-Sarrebourg, et au 20e corps de s’installer sur le terrain conquis, tandis que le groupe de divisions de réserve aurait à assurer sa résistance face à Metz. Cette dernière tâche était incontestablement lourde et difficile pour des troupes de formations et de moyens réduits, en artillerie notamment. Ici commencent à s’accentuer les dangers d’une marche à proximité de la place de Metz, sur un terrain méthodiquement organisé pour la défensive, abondamment pourvu de voies ferrées comme de quais de débarquement, et qui était d’un emploi familier à l’ennemi.

En tout cas, je rends compte, le 20 à 5 h. 15, au commandant de l’armée, que le 20e corps est resté dans la nuit sur ses emplacements, et qu’il compte reprendre ses attaques à 6 heures. Toujours soucieux de la sécurité de mon flanc droit et de l’aide à donner au 15e corps, je prescris à la 11e division, dès 6 heures, de renforcer l’occupation des hauteurs de Koking pour en assurer la possession indiscutable, ajoutant qu’une des missions essentielles du 20e corps est d’appuyer la gauche du 15e. Si dès maintenant ce détachement peut entrer en action, comme il est prescrit, il remplira efficacement sa mission en intervenant par son feu dans la direction de Bourgaltroff. Mais à ce moment déjà se fait sentir l’influence des actions entreprises par l’ennemi. En réalité, toute la nuit, un important mouvement de trains s’était fait entendre dans la région de Han-Sur-Nied, indice d’arrivée de gros renforts ennemis ; cela allait être bientôt de leur part une attaque générale de front et de flanc.

Dans la matinée du 20, avant le lever du jour, de nombreux groupes ennemis, ayant refoulé les avant-postes du détachement Wirbel, attaquent ses positions. Une forte artillerie allemande vient joindre son action à celle des hauteurs de Marthil et de Baronville pour frapper de flanc et de front sur la tête de la 39e division. Sous cette action, le détachement Wirbel est rejeté sur les lisières de la forêt de Château-Salins. L’offensive allemande, précédée d’un fort bombardement d’artillerie, ne tarde pas d’ailleurs à embrasser le front de la 39e division, qui, soumise à de puissantes attaques débouchant vers 5 h. 30, se voit arracher Marthil et le Signal. Deux groupes de son artillerie sont mis hors de combat. La division doit se replier sur Château Bréhain, Bréhain.

La 11e division est par là enrayée dans ses projets d’offensive sur Morhange. Elle a d’ailleurs subi, dès le jour, de fortes attaques, dans lesquelles elle a perdu Conthil. Mais nos troupes se maintiennent, notre artillerie arrêtant le débouché de l’infanterie ennemie. Plus à droite, le détachement de Haut De Koking est également attaqué, depuis 5 heures, par des forces de toutes armes venant de l’est comme des lisières nord de la forêt de Bride et Koking. Il perd un peu de terrain, mais tient ferme.

En résumé, vers 7 heures du matin, l’ennemi a repoussé la 39e division qui a dû se replier pour s’établir à nouveau ; il a été contenu sur l’ensemble du front de la 11e division, dont la droite est en état d’intervenir au profit du 15 e corps. Ce dernier, contre-attaqué sur tout son front, est en effet dans une situation critique, et le général commandant la 2e armée m’adresse à 7 h. 15 l’ordre suivant :

Une forte offensive ennemie débouche de la forêt de Bride et Koking dans le flanc de la 30e division. Attaquez immédiatement vers Lidrezing pour enrayer cette offensive et dégager le 15e corps d’armée.

Dans ces conditions générales et pour répondre en outre à cette demande, je prescris à mes troupes de se maintenir solidement sur la défensive en leurs emplacements actuels, et je fais organiser en arrière une ligne de résistance passant par Château Bréhain, Dalhain, bois d’Haboudange, Haut De Koking, sur laquelle mes réserves sont acheminées. En même temps, le détachement de Haut De Koking renforcé reçoit l’ordre d’attaquer immédiatement au profit du 15e corps.

Cependant des événements dignes de retenir l’attention se produisent sur mon flanc gauche. L’ennemi a débordé la gauche du détachement Wirbel et pénétré dans le bois de Viviers. Vers 10 heures, il contraint la 68e division de réserve à abandonner à son tour Faxe et Viviers, et à se replier sur Laneuveville-En-Saulnois. Bientôt son attaque s’étend jusqu’à la route de Delme à Château-Salins, marchant vers cette dernière localité. De ce côté, non seulement le flanc, mais aussi les communications du 20e corps peuvent être menacés.

Des événements d’une plus grande portée se sont en même temps produits sur le front des 15e et 16e corps, à la suite de l’attaque générale entreprise par l’ennemi. Ils ont déterminé le commandant de l’armée à faire reculer, dès 7 h. 15, la division de queue du 16e corps d’armée. La gauche du 15e corps, abordée par une forte offensive ennemie débouchant de la forêt de Bride et Koking, a été rejetée, entraînant dans son recul sa droite et la gauche du 16e corps très éprouvée. Dans ces conditions, le commandant de la 2e armée ordonne, à 10 h. 10, un mouvement de retraite générale prescrivant :

Au 15e corps de venir s’établir sur le front Marsal, Marimont ; au 16e corps de prendre comme direction de repli Maizières et Réchicourt-Le-Château ; au 20e corps de refuser son aile droite pour s’appuyer sur la Seille à Marsal, et tenir le front Marsal, Hampont, Amelécourt, Fresnes-En-Saulnois, Jallaucourt.

Cet ordre, en me parvenant, me procure une entière surprise, car, si j’ignore à ce moment l’étendue des difficultés qu’ont rencontrées à ma droite les 16e et 15e corps, comme aussi l’avance à ma gauche de l’attaque allemande à la route de Delme, je sais qu’à la fin de la matinée mon 20e corps est solidement amarré aux lisières nord de la forêt de Château-Salins, qu’il soutient la lutte avantageusement au nord de la ligne de résistance occupée par ses réserves, qu’à sa droite il organise une offensive de dégagement au profit du 15e corps d’armée. Sur l’ensemble de son front, le tir de l’artillerie allemande, lourde et de campagne, établie sur les hauteurs de Morhange, Baronville, Marthil, a perdu beaucoup de son efficacité et de sa puissance par l’accroissement de la distance ; il est difficile à cette artillerie de descendre de ses positions. L’attaque de l’ennemi ne fait plus de progrès. On ne peut douter de maintenir le corps d’armée sur les emplacements qu’il occupe en ce moment, malgré leur étendue de plus de 15 kilomètres.

Mon intention était tout d’abord de consolider mes troupes dans leur situation présente, d’arrêter l’ennemi sur les positions dont on poursuit l’organisation méthodique, et d’y reprendre ensuite la lutte, après avoir assuré la liaison avec le 15e corps à ma droite et la sécurité sur mon flanc gauche, quand survient l’ordre du commandement, daté de Maizières, bientôt suivi d’une autre instruction, datée d’Arracourt 11 h. 45, et portant que :

Dans le cas où la 2e armée serait obligée de céder, elle se retirerait sur les directions suivantes : le 16e corps en direction générale de Lunéville en s’appuyant sur le fort de Manonviller et la forêt de Parroy ; le 15e corps en direction générale de Dombasle ; le 20e corps en direction générale de Saint-Nicolas, Laneuveville, le groupe des divisions de réserve occuperait les ouvrages fortifiés du Couronné de Nancy. Tous les trains, parcs ou convois seraient poussés sur la rive gauche de la Meurthe.  les deux instructions sont évidemment inspirées d’une connaissance plus complète de la situation générale de l’armée, notamment des corps d’armée autres que le 20e.

Ces corps ont eu à subir de très fortes attaques, qui ont déterminé un repli marqué au sud de la région des étangs. Pour me conformer à l’ordre de l’armée de 10 h. 10, j’ordonne, à 11 h. 45, le mouvement de mes divisions vers le front fixé. Au moment où cet ordre leur parvient, je reçois une nouvelle instruction de l’armée, portant :

La mission générale du 20e corps d’armée est de couvrir la retraite de la 2e armée en se maintenant le plus longtemps possible sur la tête de pont de Château-Salins. La 68e division de réserve est mise sous ses ordres.

Rien n’est à changer aux prescriptions données antérieurement au 20e corps et qui sont en voie d’exécution. Je les complète seulement en adressant un ordre particulier à la 68e division de réserve.

Grâce aux mesures de détail prises par les commandants de division, le repli par échelon des 11e et 39e divisions s’exécute sans difficultés et en bon ordre, toujours couvert à gauche par le détachement Wirbel.

Quant à la 68e division de réserve, elle sera remise, à 16 h. 50, par le commandant de l’armée à la disposition du groupe de divisions de réserve, pour être employée à la défense de la position fortifiée de Nancy.

Vers 14 heures, je transporte mon poste de commandement sur la crête du bois de la Géline, où j’ai établi l’artillerie lourde du corps d’armée dont je dispose. Je reste en ce point jusqu’à l’entrée de la nuit et je me rends alors à mon quartier général de Moyenvic, après avoir adressé les instructions suivantes aux troupes :

i) le 20e corps d’armée doit tenir en fin de journée le front Marsal, Harraucourt-Sur-Seille, lisière nord du bois de la Géline, Château-Salins, Amelécourt, relié à droite avec le 15e corps d’armée qui tient Mulcey et à gauche avec la 68e division de réserve qui tient Fresnes-En-Saulnois et Jallaucourt.

ii) dès ce soir on se protégera sur la ligne ci-dessus indiquée, de manière à en assurer ce soir et demain la possession contre toute attaque.

Ces prescriptions sont à peine établies et envoyées à mes troupes que me parvient l’instruction de l’armée, datée d’Arracourt, 16 heures, et portant :

Sous la protection d’arrière-gardes établies sur la ligne générale : Maizières, Marimont, Donnelay, Juvelize, Marsal, Hampont, Fresnes-En-Saulnois, la 2e armée se dérobera pendant la nuit pour reconstituer ses éléments les plus éprouvés. Chaque corps d’armée s’établira dans la zone indiquée par l’ordre 28 et s’organisera, prêt à recueillir ses arrière-gardes, sur la ligne : Moussey, bois de la Garenne, bois du Haut-De-La-Croix, crête de Juvrecourt, lisière nord de la forêt de Bezange et cours de la Seille rive gauche. Le 20e corps d’armée fera sauter les ponts de la Seille dès que ses derniers éléments seront passés. Les gros reflueront : ceux du 16e corps d’armée dans la région du fort de Manonviller, Crion, Sionviller ; ceux du 15e corps, région de Harraucourt ; ceux du 20e corps sur la région de Cercueil, Pulnoy.

Rien ne fait prévoir au 20e corps d’armée la difficulté de maintenir les arrière-gardes et les avant-postes en place. La facilité même avec laquelle s’effectue le repli de nos troupes faiblement suivies témoigne que nous pourrions tenir toute la nuit et au besoin la journée du lendemain. Dans ces conditions, les troupes vont commencer leur établissement pour la nuit, en vue de rester dans la mission générale du 20e corps qui est de couvrir la retraite de la 2e armée, en se maintenant le plus longtemps possible sur la tête de pont de Château-Salins. Mais bientôt, de Nancy, où il a installé son quartier général, le commandant de la 2e armée me fait savoir, à 21 h. 45 :

Le 15e corps d’armée très éprouvé ne paraît pas en état de tenir à votre droite. En conséquence j’estime qu’il vaut mieux que vous profitiez de cette nuit pour vous dérober.

Comme on le voit, à mesure que le temps passe, le commandant de l’armée, mis au courant de la situation de certaines de ses troupes, accentue son idée de repliement général de l’armée. Les dangers et les difficultés que présentait une offensive française en Lorraine lui ont apparu dès la matinée du 20 août, quand il a vu la 2e armée incapable d’avancer et la 1ere armée arrêtée à Sarrebourg. Il a compris la nécessité de changer d’attitude, et d’envisager tout d’abord la défensive. Après avoir brusquement rompu l’action dans la matinée du 20, il va poursuivre l’idée d’établir son armée réorganisée derrière une solide ligne de défense. Il en repartira pour entreprendre une tâche dans ses moyens. Je prends alors mes dispositions pour ramener le 20e corps au sud de la Seille.

Les troupes du corps d’armée viennent à peine d’atteindre sur cette rivière les cantonnements qui leur ont été assignés dans l’après-midi du 20, quand ce dernier ordre les touche. Elles sont remises en mouvement aussitôt. Malgré une marche longue et pénible de nuit, succédant à deux journées de violente bataille, les gros parviennent au sud de la forêt de Bezange, au petit jour, le 21 vers 4 heures, et avant 5 heures les avant-postes sont de nouveau prêts à résister sur le front qui leur a été ordonné.

L’histoire écrite aujourd’hui du côté allemand établit que l’attaque du 2 août 1914 fut menée par : la garnison de Metz (33e division de réserve et 53e brigade de landwehr) en direction de Nomény ; la 10e division d’ersatz, marchant de Romilly sur la côte de Delme ; le IIIe corps d’armée bavarois, marchant de Han-Sur-Nied, Vatimont, Lesse (couvert par la 8e division de cavalerie et la division de cavalerie bavaroise), sur Hannocourt, Oron, Château-Bréhain ; le IIe corps d’armée bavarois, marchant de Baronville et Morhange, sur Hampont, Wuisse, qui avaient frappé sur le groupe de divisions de réserve et le 20e corps ; tandis que XXIe corps d’armée, marchant de Nesdorff sur Dieuze, Rohrbach, le Ier corps d’armée de réserve bavarois sur Bisping, le Ier corps d’armée bavarois sur Langatte, avaient frappé sur nos 15e et 16e corps d’armée.

La rencontre ne pouvait être que très rude pour la 2e armée lancée avec ses trois corps dans un pays difficile, fortement et défensivement organisé. Elle n’avait, face à Metz, qu’une simple flanc-garde empruntée à trois divisions de réserve, en partie immobilisées et déjà largement étendues. Dès la matinée du 20, le général commandant la 2e armée avait justement apprécié la situation, mesuré tout le danger. Il ne pouvait qu’arrêter l’offensive.