I Baudoin VI, comte de Flandre, était mort le 16 juillet 1070[1], laissant deux fils, Arnoul, âgé seulement de quinze ans, qui hérita de la Flandre, et Baudoin, qui eut pour sa part le Hainaut. Comme ils étaient tous deux très jeunes, leur mère Richilde gouverna en leur nom et trouva le moyen d'exaspérer les populations flamandes. Le mauvais gouvernement de Richilde rendit populaire en Flandre son beau-frère, Robert le Frison, fils de Baudoin V. Ayant appris la mort de son père et la tyrannie de Richilde, Robert s'avança jusqu'à Gand[2]. Quand il y fut arrivé[3], il manda Richilde et la pria de lui rendre le royaume de son père. Celle-ci, avec une fureur toute féminine, le somma de partir s'il ne voulait être fait prisonnier, car elle ne lui céderait ni la totalité ni la moindre partie du comté qu'elle saurait défendre. La chronique ne dit pas si Robert, à ce moment-là, voulait la Flandre pour lui[4] ou s'il prétendait simplement la gouverner au nom du jeune Arnoul, sur lequel Baudoin VI lui avait recommandé de veiller[5]. Ce qui semble prouver qu'il en était ainsi, c'est que, toujours d'après la Généalogie, il alla trouver Philippe Ier et lui raconta ce qui venait de se passer ; il ne l'aurait certainement pas fait, s'il s'était agi d'une usurpation pure et simple. Le roi s'indigna de l'injure faite à son neveu, lui ordonna de retourner aussitôt en Flandre et de s'y ménager des partisans ; il lui promit en même temps de lui prêter secours. Quand Richilde apprit quelles étaient les intentions de Philippe Ier, sachant que le roi n'était pas insensible à l'argent, elle lui offrit quatre mille livres d'or pour qu'il renonçât à ses desseins. Philippe Ier se laissa faire ; sur le conseil de son beau-père, Bernard, duc de Saxe, Robert retourna en Frise et II y passa une partie de l'hiver. Richilde avait donc pour elle l'appui du roi de France. Elle pouvait compter aussi sur celui de la Normandie. Elle n'avait pas craint de contracter un troisième mariage, et peu de temps après la mort de son mari, elle s'était fiancée à un seigneur normand, Guillaume, fils d'Osbern[6]. Si Richilde avait su gagner à sa cause le roi de France, Robert le Frison avait pour lui la plupart des seigneurs flamands. Pendant qu'il était en Frise, plusieurs satrapes de Flandre, voyant que l'Eglise et le peuple souffraient de plus en plus du rude gouvernement de Richilde, lui envoyèrent une ambassade pour le prier de revenir au plus vite[7]. Parmi ceux qui ont favorisé l'avènement de Robert, un des plus ardents semble avoir été Baudoin, comte de Guines. Lambert d'Ardres raconte[8] qu'il voulait empêcher Richilde de lever les taxes qu'elle prétendait exiger des Flamands. Richilde vint à Guines avec l'intention de les obtenir de lui. mais il tint bon et continua ses appels à Robert ; celui-ci apparut enfin, et Richilde jugea prudent de battre en retraite, en renonçant à ses taxes sur les habitants de Guines. Robert convoqua en secret les seigneurs flamands ; il leur fit de nombreuses promesses et entra en Flandre[9]. Le nombre de ses partisans augmenta rapidement et il put ainsi conquérir la Flandre sur son neveu Arnoul, avec l'assentiment de tous les Flamands[10]. Cela se passa sans doute au milieu de l'hiver, vraisemblablement en janvier 1071[11]. Richilde et Arnoul préparèrent aussitôt la résistance. La chronique de Saint-Hubert dit qu'ils firent appel à Geoffroy, duc de Basse Lorraine, à Albert, comte de Namur et à beaucoup d'autres princes de la Lorraine et de la France[12]. Bien que les autres chroniques ne parlent pas de cette intervention des princes du duché de Lorraine, elle est assez vraisemblable, et nous n'avons pas de raison de suspecter ce texte. Robert le Frison, déjà maître de la Frise, très ambitieux et valeureux guerrier, devait être pour eux un voisin plus dangereux que le jeune Arnoul ; ils avaient intérêt à l'écarter. Les princes lorrains ne pouvaient être d'un secours suffisant. Aussi Richilde comptait-elle surtout sur le roi de France. Gilbert de Mons raconte[13] que Richilde envoya le jeune Arnoul auprès de son oncle Henri (il faut lire Philippe), roi de France. Philippe l'arma chevalier, quoiqu'il fût encore très jeune, et en même temps il convoqua Robert le Frison pour juger la cause. Robert ne vint pas et Philippe Ier passa en Flandre avec une armée. Les autres chroniques ne donnent pas ces détails et mentionnent simplement la venue de Philippe Ier en Flandre. Selon les historiens normands Guillaume de Jumièges et Orderic Vital, tandis que Richilde s'appuyait sur la France, Robert le Frison faisait appel à l'Allemagne et une armée impériale serait venue à son aide[14]. La chose n'est pas impossible : la Flandre avait, comme nous l'avons dit, une situation mixte entre la France et l'Allemagne ; puisque le roi de France soutenait Arnoul, Robert a pu avoir l'idée d'opposer à cette intervention française une contre-intervention allemande. Cependant il faut se défier ici des chroniques normandes, hostiles au Frison. Guillaume, fils d'Osbern, chef du contingent normand, ayant été tué dans la bataille, les historiens normands ont cherché à exagérer la force de Robert le Frison et l Imprévoyance de Philippe Ier. Orderic Vital dit que Robert avait rassemblé une immense armée de Frisons et d'autres peuples[15] ; un peu plus loin, au contraire, il montre Guillaume Osbern venant à l’armée de Philippe Ier avec dix chevaliers et partant pour la Flandre comme pour un jeu[16]. L'armée de l'empereur Henri IV n'est donc là, semble-t-il, que pour expliquer la défaite franco-normande et le succès de Robert le Frison. En réalité, il est possible que Robert le Frison ait demandé des secours à son beau-père Bernard, duc de Saxe, qui l'avait conseillé l'année précédente, et que Bernard ait envoyé un contingent à son gendre. C'est ce contingent que les historiens normands ont transformé en une armée impériale. La Généalogie des comtes de Flandre donne des renseignements plus précis et plus intéressants sur la composition des deux armées belligérantes[17]. Richilde fit d'abord appel aux Flamands. Il lui vint des contingents d'Arras, du Brabant, de Valenciennes, Cambrai, Tournai, Nivelles, Mons, Saint-Omer, Boulogne, Ardres, Saint-Pol, Béthune, Hesdin, Aubigny, Guines, Tournehem (entre Saint-Omer et Ardres), Oudenarde, Ostervant, Choque[18] et d'autres encore[19]. C'est donc toute la Flandre Wallonne. A cette armée flamande vient se joindre le roi de France Philippe Ier, accompagné de Geoffroy, évêque de Paris, frère d'Eustache, comte de Boulogne, des évêques de Laon et d'Amiens. Son armée se compose de Normands, de Rochenois, d'hommes de Noyon, de la Champagne, de Senlis, de Torote, de Reims, de Châlons, de Chartres, d'Orléans, d'Etampes, de Coucy, de Saint-Quentin, de Corbie, de Péronne, de Nesle, de Montaigu, de Ribémont, de Soissons, de l'Anjou, du Poitou, du Barrois, de l'Auvergne, de Bourgogne et d'autres encore[20]. On pourrait croire que toute la France féodale est venue au secours d'Arnoul contre Robert. Mais il ne faut pas s'exagérer la portée de ces contingents ; nous avons vu que celui de Normandie comprenait dix chevaliers conduits par Guillaume Osbern. Il devait sans doute en être ainsi de ceux du Poitou, de la Bourgogne et des autres grands fiefs : c'est un souvenir de l'aide féodale que l'on doit porter au suzerain quand il fait la guerre. Tandis que la Flandre wallonne se groupe autour d'Arnoul et de Richilde, les populations de la Flandre flamayante forment en grande partie l'armée du Frison. D'après les Généalogies des comtes de Flandre, cette armée était beaucoup moins nombreuse, mais ses guerriers plus valeureux ; ils venaient de Gand, Viven, Coukelaer, Bergues, Furnes, Bruges, Ypres, Roulers[21], Aldenbourg, Harlebeke, Rodenbourg, Bourbourg, Courtrai, Cassel. Il n'est pas question de contingents allemands[22]. On a pu voir avec raison[23], dans cette rivalité de Richilde et de Robert le Frison, une lutte entre l'élément wallon favorable à Richilde, soutenue par Philippe Ier, et l'élément tudesque, sur lequel s'appuie Robert le Frison. Si nous connaissons la composition des deux armées, nous sommes moins fixés sur leur nombre et sur leur valeur. Les historiens normands célèbrent la nombreuse armée de Robert, tandis que la Généalogie des comtes de Flandre affirme qu'elle comptait beaucoup moins d'hommes que les troupes d'Arnoul et de Philippe Ier. Il est très difficile de se prononcer là-dessus. Il semble toutefois que la Généalogie est plus près de la vérité que Guillaume de Jumièges et Orderic Vital. Lambert de Hersfeld dit que Philippe Ier conduisait en Flandre une véritable cohue de soldats, qu'il comptait trop sur le grand nombre de ses troupes et sur la faiblesse présumée de ses ennemis ; mais Robert était d'autant plus attentif à la tactique à suivre qu'il disposait de moins de forces[24]. Ce qui prouve encore que l'armée de Robert devait être moins nombreuse, c'est qu'avant d'engager la bataille, son chef aurait beaucoup hésité et ne se serait décidé qu'au dernier moment à faire un coup d'audace : c'est du moins ce que rapporte une histoire de France anonyme qui paraît avoir été écrite assez peu de temps après la mort de Philippe Ier[25]. Si Robert n'avait pas pour lui l'avantage du nombre, il avait en revanche celui de la position. Grâce à l'appui que lui avait prêté le châtelain Boniface, il s'était solidement établi au château de Cassel, et c'était là que ses partisans s'étaient rassemblés[26]. Or Cassel est sur une butte sableuse et isolée qui domine la plaine de Flandre, butte difficile à escalader pour l'armée qui l'attaquerait, mais qui, au contraire, formait une base d'opérations très solide pour Robert le Frison. Lorsque Arnoul, Philippe Ier et leurs guerriers arrivèrent, ils furent tout naturellement obligés de s'établir dans la plaine au-dessous de la butte[27] ; ils n'étaient donc pas à l'abri d'une surprise, et leurs troupes, forcément déployées sur une vaste étendue, ne pouvaient combattre toutes à la fois contre celles de Robert massées autour du mont Cassel. Robert avait vu le point stratégique le plus important de la plaine ; c'est là ce qui a décidé de son succès. La bataille s'engagea le 22 février 1071[28]. Nous avons peu de détails sur elle. D'après Lambert de Hersfeld, Robert le Frison aurait d'abord simulé la terreur et la fuite, puis aurait brusquement attaqué les troupes royales et leur aurait inspiré une telle frayeur qu'elles jetèrent bas les armes et prirent la fuite[29]. Cette fuite simulée de Robert paraît peu vraisemblable, étant donnée la position qu'il occupait. S'il quittait la montagne de Cassel, il perdait l'avantage de sa situation et il était forcé de combattre en rase campagne ; ses troupes risquaient d'être enveloppées par celles beaucoup plus nombreuses de Philippe Ier et d'Arnoul et elles eussent été forcées de se rendre au bout d'un temps plus ou moins long. On ne voit pas, en outre, comment même il aurait pu matériellement simuler la fuite, car les troupes de Philippe Ier devaient entourer complètement le mont Cassel et par suite lui fermer toute issue Nous nous rangerons donc à l'avis d'Aubri de Trois-Fontaines et des chroniques normandes qui rapportent que, dès le matin, Robert fonça brusquement sur les troupes de ses adversaires alors qu'elles ne s'y attendaient pas encore[30]. La chronique de Saint-André de Cambrai, qui adopte cette version, y ajoute quelques détails : par cette vigoureuse attaque, Robert et ses compagnons jetèrent l'effroi dans les premiers rangs de l'armée royale, et aussitôt leur succès fut certain ; la mort d'Arnoul et le carnage que fit ensuite Robert l'achevèrent ; les Flamands prirent la fuite, et Philippe Ier avec eux[31]. Lambert d'Ardres et la chronique de Saint- Bertin racontent qu'avant la bataille, Richilde, d'une main sacrilège, jeta de la poussière dans la direction de Robert et de son armée ; mais le vent changea brusquement de côté et la poussière vint s'abattre sur Richilde elle-même[32]. Les contemporains ont vu là naturellement un présage et un signe de la volonté divine. Ce combat de Cassel fut en effet, pour Richilde comme pour Philippe Ier, une défaite sanglante. Le roi prit la fuite. Richilde fut faite prisonnière. Arnoul fut tué avec beaucoup de ses partisans, parmi lesquels Guillaume, fils d'Osbern[33]. Robert le Frison n'avait plus de compétiteur, car le jeune Baudoin n'aspirait qu'à conserverie Hainaut et ne pouvait songer à lui disputer la Flandre. II La guerre ne se termine pas à la bataille de Cassel. Selon Hériman, abbé de Saint-Martin, de Tournai, Robert l'aurait si bien compris, qu'après la bataille il aurait envoyé une ambassade à l'empereur, afin que Henri IV lui prêtât main-forte s'il était nécessaire[34]. Hériman est seul à narrer cette démarche ; il semble l'avoir imaginée pour justifier une prophétie qui aurait été faite à l'un des envoyés de Robert, Baudoin, avoué de Tournai, par une femme, aux environs de Cologne. Elle leur demanda qui ils étaient, d'où ils venaient et où ils allaient ; comme ils refusaient de lui répondre : Je sais, leur dit-elle, que vous êtes les envoyés de Robert, comte de Flandre. Et elle leur prédit que Robert et son fils régneraient tranquillement sur la Flandre, mais que le petit-fils de Robert mourrait sans enfants, et qu'un beau jeune homme venu de Danemark lui succéderait ; celui-là mourrait encore sans enfants, et il y aurait deux compétiteurs ; celui qui serait victorieux posséderait la Flandre jusqu'à la venue de l'Antéchrist. Il n'y a naturellement pas lieu d'ajouter foi à cette légende, bien qu'Hériman prétende la tenir de Baudoin lui-même. Elle permet de mettre en doute la véracité de l'ambassade. D'ailleurs, après la bataille, tandis que Baudoin fuyait vers le Hainaut[35], Robert le Frison fut fait prisonnier. Pendant que les siens poursuivaient les ennemis, il commit l'imprudence de s'éloigner d'eux : il fut pris et livré à Eustache, comte de Boulogne. Celui-ci, qui était frère de Geoffroy, évêque de Paris et conseiller de Philippe Ier, devait être naturellement hostile à Robert ; aussi le conduisit-il à Saint-Omer. Là, il le confia au châtelain de cette ville, un certain Wulric Rabel[36]. La Généalogie des comtes de Flandre prétend qu'un revirement se produisit à Saint-Omer en faveur du Frison. Quand les citoyens de cette ville le virent emprisonné, ils se soulevèrent, assiégèrent le château où il était enfermé et le délivrèrent par la force. De son côté, Robert le Frison aurait aussitôt rendu la liberté à Richilde, et ainsi la guerre se continua entre eux deux. Baudoin, frère d'Arnoul, sortit du Hainaut, mais fut battu et mis en fuite[37]. Il ne faut pas oublier que la Généalogie des comtes de Flandre est hostile à Richilde et très favorable à Robert le Frison. Or cette belle action de Robert paraît a priori peu vraisemblable : si réellement les habitants de Saint-Omer le délivrèrent par force, il eût été bien maladroit de sa part de rendre la liberté à une ennemie qui n'avait été pour rien dans cette délivrance. Richilde était impopulaire en Flandre ; mais le Hainaut, que son gouvernement avait favorisé, lui était resté fidèle ; elle pouvait en tirer de nouvelles ressources et créer ainsi des embarras au Frison. La chronique ajoute, pour opposer la perfidie de cette femme à la générosité de son rival, que son second fils, Baudoin, comte de Hainaut, attaqua aussitôt Robert, alors que la chronique de Saint-Berlin affirme que Baudoin ne sortit jamais de son comté. Ce sont là de fortes présomptions qui nous détermineraient à rejeter la version de la Généalogie des comtes de Flandre, même si d'autres textes ne venaient nous confirmer dans notre opinion : Baudoin de Ninove, Sigebert de Gembloux, la chronique de Saint-Bertin, suivis par la chronique de Saint-Martin de Tours, affirment que Robert le Frison fut remis en liberté en échange de Richilde[38], ce qui paraît beaucoup plus naturel. Pendant que Richilde et Robert étaient ainsi captifs, Philippe Ier avait battu en retraite sur Montreuil[39]. Il ne voulait pas s'avouer vaincu. La défaite de Cassel avait été due surtout à ce que son armée, mal exercée, s'était laissé surprendre et n'avait pu résister au choc impétueux des guerriers de Robert le Frison. En réorganisant ses troupes, plus nombreuses que celles de son adversaire, il pouvait espérer un résultat meilleur. Heureusement pour lui, sa base d'opérations n'était pas trop éloignée, puisqu'il possédait l'enclave de Montreuil et de la vallée de l'Authie. C'est là tout naturellement qu'il prépara sa seconde expédition. De Montreuil, Philippe Ier se dirige vers le nord ; il cherche à donner la main à ses alliés, Eustache, comte de Boulogne, et Wulric Rabel, châtelain de Saint-Omer. Celui-ci vit arriver le roi avec satisfaction, car les habitants de Saint-Omer, sans doute désireux d'avoir la paix, semblaient se retourner du côté du Frison. Il livra donc la ville au roi, qui y entra pendant la nuit[40] (6 mars 1071[41]). Les troupes royales pillèrent la ville ; elles ne se laissèrent attendrir ni par le sexe ni par l'âge, écrit la chronique de Saint-Bertin[42], et, ajoute la Généalogie des comtes de Flandre, les soldats de Philippe Ier dépouillèrent les églises, injurièrent les moines, fouettèrent les clercs, violèrent les femmes, si bien que ce fut dans toute la ville un deuil général[43]. La prise de Saint-Omer par le roi amena la conclusion de la paix. On ne sait qui en prit l'initiative. D'après la chronique de Saint-Bertin, ce serait Robert le Frison lui-même qui, après la prise de Saint-Omer par Philippe Ier, aurait négocié avec Eustache, comte de Boulogne, et son frère Geoffroy, évêque de Paris et chancelier de France ; il leur offrit le bois de Bethlo, et ainsi les gagna à sa cause ; ils lui promirent de faire partir le roi ; l'évêque de Paris écrivit à Philippe que, s'il ne se retirait, il s'exposait à une attaque subite du Frison et d'Eustache de Boulogne. A cette nouvelle, le roi quitta Saint-Omer la nuit, abandonnant une grande partie de ses bagages. La paix fut faite et Robert sut dédommager les habitants de Saint-Omer[44]. Le récit des Généalogies des comtes de Flandre ne diffère de celui-ci que sur un point : c'est Geoffroy, évêque de Paris, et non Robert, qui aurait le premier songé à la paix. Geoffroy convoitait pour son frère la forêt de Bethlo ; il la demanda au comte de Flandre, qui promit de l'accorder si Philippe Ier se retirait. Geoffroy, comme il est dit dans la chronique de Saint-Bertin, fit redouter au roi une surprise. Philippe Ier partit et Geoffroy put réconcilier son frère avec le comte de Flandre qui lui céda le bois qu'il lui avait promis[45]. De ces deux versions il est bien difficile de dire laquelle est la vraie. Ce qui est certain, c'est que Philippe Ier fit la paix avec Robert le Frison. Le gage de cette paix aurait été, d'après Aubri de Trois-Fontaines et Guillaume de Malmesbury, le mariage de Philippe Ier avec Berthe de Frise[46]. Les chroniques ne disent pas s'il y eut un traité formel entre Philippe Ier et Robert ni à quel moment il fut signé. Remarquons toutefois que, d'après la Vie de saint Gervin par Hariulf, le roi serait venu à Saint-Riquier à la fin d'octobre 1071, car, le 23 de ce mois, il aurait assisté à l'ordination comme abbé du second Gervin[47]. Le 2 novembre de la même année, Philippe Ier était à Paris, où il confirmait une charte de Bouchard, comte de Corbeil[48]. Entre le 25 avril, date à laquelle il est à Sens[49], et le 2 novembre, les diplômes royaux ne permettent pas de fixer son itinéraire. Il est donc fort possible que, étant à Saint-Riquier le 23 octobre, il revînt à ce moment de Flandre, où il avait conclu la paix avec Robert et célébré son mariage avec Berthe de Frise. Quant à Richilde, nous avons vu qu'elle s'était retirée dans le Hainaut et qu'elle rechercha la protection de l'évêque de Liège en le reconnaissant comme suzerain. D'après Lambert de Hersfeld, elle se serait acquis de la sorte la protection de l'empereur Henri IV, qui aurait recommandé au duc Geoffroy de Basse Lorraine et aux autres princes de Lorraine de veiller sur elle et de chasser Robert s'il venait l'attaquer. Ceux-ci auraient pénétré en Flandre ; mais, au moment où ils rentraient, ils apprirent que Robert avait signé la paix avec Philippe Ier. Dès lors ils jugèrent imprudent de lutter contre le comte et le roi réunis et ils retournèrent dans leur pays[50]. Aucune chronique ne permet de contrôler le récit de Lambert. Les chroniques flamandes représentent bien Richilde comme n'étant plus sortie du Hainaut, mais elles ne parlent pas des princes lorrains. En tout cas, ce qui résulte du récit de Lambert de Hersfeld, c'est qu'après la guerre de 1071, le Hainaut s'inféode de plus en plus à l'empire, tandis que la Flandre reprend avec la France ses vieux rapports d'amitié et d'alliance. Philippe Ier avait été sollicité par Arnoul d'intervenir ; il n'avait pu refuser son appui au petit-fils de son tuteur et il avait soutenu en somme l'héritier légitime. Mais, après la bataille de Cassel et la mort d'Arnoul, la situation change : le jeune Baudoin ne songe qu'à gouverner le Hainaut et ne revendique plus la Flandre ; dès lors, il n'y a plus de raison pour ne pas reconnaître Robert ; il peut être, à l'occasion, un allié utile dans la lutte contre la Normandie ; à défaut d'alliance, sa neutralité peut être précieuse. Voilà pourquoi, à partir de 1072, sauf au moment de la répudiation de Berthe, il n'y a pas le moindre nuage dans les rapports de Philippe Ier et de la Flandre. Orderic Vital remarque que, pendant tout le temps qu'il gouverna la Flandre, Robert le Frison fut l'ami du roi de France[51]. Nous avons vu qu'à plusieurs reprises Philippe Ier a confirmé les chartes de Robert le Frison et de son successeur Robert II[52]. Ce Robert II continua la politique de son père vis-à-vis de la France, et ses rapports avec le roi furent toujours empreints de la plus grande cordialité. En 1101, quand il revient de la croisade, il est magnifiquement reçu, dit la chronique de Saint-Bertin, par le roi et les princes de France[53]. Nous savons d'autre part par Suger[54] qu'à la fin du règne de Philippe Ier. Robert II vint aider Louis le Gros à poursuivre Bouchard, comte de Montmorency. On peut donc dire que la guerre de succession de Flandre n'est en quelque sorte qu'un accident dans la politique de Philippe Ier. L'alliance flamande, dictée par les nécessités de la lutte contre la Normandie, est un des traits de la politique royale, à partir de la fin de l'année 1071. III Cependant, avant d'entamer la lutte contre Guillaume le Conquérant, Philippe Ier eut, semble-t-il, une autre, guerre à soutenir. C'est ce qu'on peut appeler la guerre de Vitry. Les renseignements font complètement défaut, et il est impossible d'en déterminer l'origine, les caractères, ni même la date précise. Deux chroniques seulement font allusion à cette guerre. La chronique de Saint-Pierre de Châlons mentionne en 1062 : traditio Vitriaci et en 1075 : redditio Vitriaci[55]. Nous avons vu que cette dernière indication rappelait un épisode de la guerre qui suivit la succession de Raoul de Valois. Cet épisode est raconté par Aubri de Trois-Fontaines, qui commente ainsi la chronique de Châlons ; mais Aubri se borne à citer la première mention en la rapportant à 1061, sans dire à quoi elle fait allusion[56]. Faut-il conclure de là qu'il y eut une guerre autour de Vitry[57] en 1061 ou 1062 ? Nous ne le croyons pas. Il y a bien eu un siège de Vitry, mais ce siège est certainement postérieur à l'année 1065 et antérieur à l'année 1072. Une charte de Raoul de Valois, que renferme le cartulaire de Saint-Rémi de Reims, y fait allusion. Cette charte est une donation au monastère de Saint-Rémi faite par Raoul à la suite de la mort de son fils Gautier. Or Gautier a trouvé la mort dans une expédition entreprise par Philippe Ier pour recouvrer la ville de Vitry qu'il avait perdue ; et il a été tué non loin de Reims[58]. La charte dit en outre que cette donation a été faite en présence de plusieurs évêques, comtes et autres seigneurs attirés à Reims par la présence du roi[59], Hériman étant abbé de Saint-Rémi[60]. Avec ces renseignements, on peut conclure que la guerre de Vitry est certainement postérieure à 1065 et antérieure à 1072. En effet, Gautier était encore vivant en 1065, car il souscrit à cette date un diplôme de Philippe Ier[61]. D'autre part, Raoul de Valois est mort en 1073 et Hériman a cessé d'être abbé de Saint-Rémi de Reims en 1071[62]. Ajoutons enfin que, d'après la charte, c'est Philippe Ier qui semble conduire lui-même l'expédition et non pas Baudoin, dont il n'est pas question ; donc elle serait postérieure à la mort du régent, survenue en 1067. Il est vraisemblable que le siège de Vitry est contemporain de la guerre de Flandre, sans que rien ne nous autorise cependant à conclure avec Carlier[63] que la ville fut attaquée par Robert le Frison à la suite de sa victoire de Cassel. La charte de Raoul ne justifie pas cette hypothèse ; mais il est évident que la défaite de Philippe Ier put avoir un certain retentissement et provoquer quelques soulèvements de la part de ses vassaux ; le siège de Vitry en serait un épisode. La charte mentionne aux côtés de Philippe Ier la présence des principes regni. Or nous avons vu qu'un certain nombre d'entre eux figuraient dans la guerre de Flandre. Tout cela semble prouver que la guerre de Vitry doit se placer en 1071. Mais contre qui fut-elle dirigée et quel fut l'agresseur ? C'est ce qu'il est impossible de déterminer. Le silence des chroniques flamandes, si précises et si détaillées pour la guerre de succession de Flandre, semble indiquer toutefois que ce ne fut pas Robert le Frison. |
[1] Chronicon S. Amandi Elnonensis. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 345.)
[2] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XVII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 390 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 321.) — Aegidii Aureævallensis gesta episcoporum Leodiensium, l. III. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 80.)
[3] D’après les Gestes des évêques de Liège, Richilde aurait rassemblé une grande armée et repoussé Robert. Gesta episcoporum Leodiensium, l. III. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 80.) Cette version paraît absolument invraisemblable et nous adoptons celle des Généalogies.
[4] Genealogiæ comitum Flandrensium, loc. cit.
[5] Gilbert de Mons. (Rec. des histor. de France, t. XIII, p. 544 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXI, p. 491.)
[6] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XV. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 321 ; Rec. des histor. de France, t. XI, p. 390.) Guillaume de Malmesbury (l. III, c. CCLVI) et la chronique anglo-saxonne (année 1070) en ont conclu que Baudoin VI, avant de mourir, avait confié la tutelle de ses deux enfants à Philippe Ier et à ce Guillaume, fils d'Osbern. On lit, en effet, dans Guillaume de Malmesbury : Superstitibus duobus liberis, Arnulfo et Baldwino de Richilde uxore, quorum tutelam regi Francorum Philippo, cujus amitæ filius erat, et Willelmo, filio Osberni, commendaverat. Libens id munus suscepit Willelmus ut, fœderatis cum Richilde nuptiis, altius nomen sibi pararet. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 186 ; éd. Stubbs, t. II, p. 315.) — Henri de Huntington (l. VI, c. XXXII) a confondu ce Guillaume, fils d'Osbern, avec Guillaume le Conquérant et fait intervenir dans cette tutelle le roi d'Angleterre, qui paraît au contraire s'être désintéressé de cette querelle de succession. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 209 ; éd. Arnold, p. 205.) — Aubri de Trois-Fontaines (année 1072) parle aussi d'une tutelle de Philippe Ier. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 363 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXIII, p. 797.) — Malgré ces témoignages, devant le silence des chroniques flamandes, nous ne croyons pas qu'il en ait été ainsi ; Arnoul se borna simplement, pour conserver son comté en toute sécurité, à prêter hommage à Philippe Ier. C'est d'ailleurs la version d'Hériman, abbé de Saint-Martin de Tournai (c. XIII). (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 254 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XIV, p. 280.)
[7] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 390 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[8] Lambert d'Ardres, c. XXVII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 298.)
[9] Hériman, abbé de Saint-Martin de Tournai, c. XIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 254. Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XIV, p. 280.)
[10]
Sigebert de Gembloux, année 1072. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. VI, p. 362.) — Balduini
Ninovensis chronicon. (Ibid., t. XXV, p. 524,)
[11] Robert le Frison a passé en Frise une partie de l'hiver 1070-1071. D'autre part, la bataille de Cassel est du 22 février 1071. L'armée de secours n'a pas dû se faire attendre très longtemps, puisqu'Arnoul et Richilde prévoyaient l'attaque de Robert. Les deux dates extrêmes de l'occupation de la Flandre seraient donc la fin de décembre et le commencement de février.
[12] Chronicon S. Huberti
Andaginensis, c. XXIV. (Monumenta Germaniæ
historica, Scriptores, t. VIII, p 583.)
[13] Gilbert de Mons, Chronique de Hainaut. (Rec. des histor. de France, t. XIII, p. 543. Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXI, p. 492.)
[14] Guillaume de Jumièges, l. VIII, c. XIV. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 56). — Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed Leprévost, t. II, p. 235.)
[15] Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed. Leprévost, t. II, p. 235.)
[16] Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed. Leprévost., t. II, p. 235.)
[17] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XIX. (Rec. des histor. de France, t. XI, p 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[18] Il s'agit probablement de Choque, près Béthune.
[19] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XIX. (Loc. cit.)
[20] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XIX. (Loc. cit.)
[21] Entre Courtrai et Dixmude.
[22] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XIX. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[23] Dehaisnes, La domination française à Douai (Mémoires lus à la Sorbonne en 1867, Histoire, p. 279.)
[24] Lambert de Hersfeld, année 1071. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 64 : Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. V, p. 182).
[25] Historia Francorum usque ad annum MCX deducta. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 162).
[26] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[27] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XIX. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[28] C'est du moins la date donnée par la chronique de Lambert de Saint-Omer. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. V, p. 66.) Guillaume de Jumièges et Orderic Vital reportent la bataille au 23. — Guillaume de Jumièges, l. VII, c. XXV. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 47.) — Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed. Leprévost, t. II, p. 235.
[29] Lambert de Hersfeld, année 1071. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 64 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. V, p. 182).
[30] Aubri de Trois-Fontaines, année 1072. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 363 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXIII, p. 797.)
[31] Chronicon S. Andreæ castri Cameracensis, l. II, c. XXXIII. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t VII, p. 538.)
[32]
Lambert d'Ardres, c. XXVII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 298.)
— Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Ibid, t. XI, p. 384 ; Monumenta
Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 782.)
[33] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XXI. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.) — Simonis gesta abbatum Sithiensium, l. I, c. XXII. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XIII, p. 641.) — Annales Elnonenses majores. (Ibid., t. V, p. 13.) — Annales Marchianenses. (Ibid., t. XVI, p. 614.) — Balduini Ninovensis chronicon. (Ibid., t. XXV, p. 524.) — Même texte dans Sigebert de Gembloux. (Ibid., t. VI, p. 362.) — Historia Francorum usque ad annum MCX deducta. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 162.) — Guillaume de Jumièges, l. VIII, c. XIV. (Ibid,, t. XI, p. 55.) — Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed. Leprévost, t. II, p. 235.) — Chronicon Turonense. (Rec. des histor. de France, t. XII, p. 463.) — On remarquera que plusieurs de ces chroniques placent la bataille de Cassel en 1072. Or, d'après tout ce qui précède, il n'a pu s'écouler un an entre les deux expéditions de Robert le Frison. De plus, comme le fait observer Dom Bouquet (Recueil, t. XII, p. 463, n. a), une charte de Lambert, châtelain de Gand, datée de 1071, indiction 9 et du règne de Robert le Frison, prouve que Robert était comte avant septembre 1071, date à laquelle commence la neuvième indiction. Cette charte a été publiée par Duchesne, Hist. genealog. domus Ghisnensis. Probat., p. 61.
[34] Hériman, c. XIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 254 : Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XIV, p. 280.)
[35] Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t XI, p. 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 782.)
[36] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XXI. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.)
[37] Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XXI. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. IX, p. 322.) — Cf. aussi la vie de Charles le Bon, comte de Flandre, par Galbert (Rec. des histor. de France, t. XIII, p. 373), qui raconte aussi cette histoire en termes à peu près identiques.
[38] Balduini Ninovensis chronicon, anno MLXXI. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 524.) — Sigebert de Gembloux année 1072. (Ibid., t. VI, p. 362.) — Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 783.) — Chronicon Turonense, anno MLXXII. (Rec. des histor. de France, t. XII, p. 463.
[39] Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI. p. 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 782-783.) — Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XXII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 323.)
[40] Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXX, p. 783.) — Genealogiæ comitum Flandrensium, c. XXII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 391 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXIII, p. 323.)
[41] Martyrologe de Saint-Omer. (Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. V. p. 66.)
[42] Chronicon, S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 783.)
[43] Genealogiæ comitum Flandrensium, loc. cit.
[44] Chronicon S. Bertini Sithiensis, c. XXXVIII. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 384 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXV, p. 783.)
[45] Genealogiæ comitum
Flandrensium, loc. cit.
[46] Cf. supra, l. I, c. II.
[47] Hariulf, Vita S. Gervini, c. XXIX. (Acta Sanctorum ordinis S. Benedicti, sæc. VI, 2e part., p. 339.)
[48] Prou, Recueil des actes de Philippe Ier, n° LX, p. 155-160.
[49] Cf. Prou, Recueil des actes de Philippe Ier, n° LVII, p. 151-152 et n° LVIII, p. 153-154.
[50] Lambert de Hersfeld, année 1071. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 64 ; Monument Germaniæ historica, Scriptores, t. V, p. 182-183).
[51] Orderic Vital, l. IV, c. VIII. (Ed. Leprévost, t. II, p. 236.)
[52] Il y eut cependant une certaine tension au moment de la répudiation de Berthe de Frise.
[53] Chronicon S. Bertini, cap. XL. (Rec. des histor. de France, t. XIII, p. 460).
[54] Suger, Vita Ludovici, c. II. (Ed. Molinier, p. 10.)
[55] Chronicon S. Pétri Catalaunensis. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 344, et t. XII, p. 276.)
[56] Aubri de Trois-Fontaines, année 1061. (Rec. des histor. de France, t. XI, p. 358 ; Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. XXIII, p. 793.)
[57] Le Vitry dont il s'agit est évidemment en Champagne, puisque Gautier, mort dans l'expédition, a péri près de Reims.
[58] Cartularium S. Remigii Remensis (Bibl. Nat. Coll. de Picardie, t. CCXXXIII, fol. 214).
[59] Cartularium Remigii Remensis.
[60] Cartularium Remigii Remensis
[61] Prou, Recueil des actes de Philippe Ier, n° XXIII, p. 66, l. 11.
[62] Il sera question plus loin de cet abbé, à propos des rapports de Philippe Ier avec l'Eglise.
[63] Carlier, Histoire du duché de Valois. t. I, p. 295.