NAPOLÉON III ET LES FEMMES

LIVRE II. — LES MAÎTRESSES DE L'EMPEREUR

 

V. — IL AIMA LA FEMME...

 

 

Maîtresses faussement attribuées à Napoléon III. — Liaisons qui ont pour elles de plus sérieuses autorités. — Mme de Brimant. — Mlle Hamaekers et son suicide. — Mlle Alexandre. — La démission de Mme de Malaret. — Mme Greville et la scène de jalousie de Mme X... — La femme de lettres naïve et audacieuse. — La maîtresse belge et les faiblesses de l'Empereur. — Mme Kalergi ou la fausse héroïne du coup d'État. — Le roman scandaleux de Mme de Persigny. — Cancans sur son intimité avec Napoléon III. — Les galanteries de la duchesse. — Ruine du ménage malgré les enfants. — Apparition de Gramont, duc de Caderousse. — Vie galante et fastueuse de ce jeune seigneur. — Abandon dans lequel meurt Persigny. — Les trois mariages de sa femme. — La comtesse de la Bedoyère. — L'indignation de Viel-Castel. — Mme de Cadore. — La chute de l'Empire. — La dernière maîtresse de Napoléon III. — Le souverain déchu et les femmes. — Touchant et galant symbole de ses funérailles.

 

CERTES, oui, il aima la femme et les femmes, et qui y contredirait en feuilletant les pages de son roman multiple et divers ! Il aima la femme. Phrase qui résume l'essentiel de sa psychologie simple et sans complications. Il est l'éternel quêteur de plaisir et de volupté au long des jours de malheur, d'exil et de gloire que lui tisse la plus étonnante et la plus napoléonienne des destinées. En Suisse, c'est la mélancolie tendre, parée de fadeurs germaniques qu'il a trouvée parmi les amoureuses helvétiques ; en Angleterre, la passion contenue lui a glissé ses secrètes ardeurs aux lèvres de la fille du brasseur de Sussex ; à l'Italie il a demandé ces fougues électriques qui brûlent et corrodent les moelles, et sur la bouche de Margot, c'est la vieille France amoureuse, galante, amie de son plaisir et du plaisir des autres, qu'il a baisée, humide du champagne des noces et festins présidés par le cruel Éros. Il a goûté à toutes les voluptés, taraudé par ce désir de l'inconnu et de l'imprévu, rêveur d'une Cythère nouvelle au delà de chaque sentier parcouru et battu. Aucune des joies espérées et cherchées ne s'est dérobée à lui. C'était un Bonaparte ; quoi un Napoléon et l'Empereur, et puis, il a le don de se faire aimer[1]. De ce don il a usé avec abondance. Et pourtant, après toutes les biographies tentées déjà dans ce volume, la somme de sa vie sentimentale et amoureuse n'a point été donnée encore. A ces figures évoquées, bien d'autres demeurent à ajouter, moins grandes, moins lumineuses, moins puissantes par la passion ou la durée de la liai. son, passantes de passades par qui doit s'achever cette enquête.

Ici encore bien des légendes et bien des erreurs doivent être balayées. Le soin de la précision commande, tout d'abord, d'écarter ces prétendues maîtresses, héroïnes de roman[2], ou de pis. L'histoire n'a que faire de ces contes par lesquels on lui voudrait donner le change. Baliverne que la prétendue liaison de l'Empereur avec une Paulette de Lérignan, figure allégorique dont il est bien inutile de rechercher l'original, qui n'exista point[3]. Conte aussi que la prétendue liaison de l'Empereur avec Mme de Metternich. Cette assertion est fausse, dit, péremptoirement, l'ennemi personnel de Mme de Metternich[4]. Conte encore que celui des amours de Fanchette, la cabotine, autorisée, un jour, à venir en cachette aux Tuileries, et surprise par l'Impératrice dans le temps que l'Empereur lui pince les mollets[5]. Conte, enfin, que l'extraordinaire et invraisemblable odyssée de cette femme appelée, par un même auteur, de trois noms différents : lady Stuart[6], comtesse Ellen ou lady C... Chimère que cette maîtresse du sénateur Argentin, — Argentin, parfaitement ! — nommée Malaga, qui d'après de récentes chroniques aurait possédé pendant quelques jours les faveurs du Doux seigneur de Marguerite B...[7]. Et qu'est-ce que ce machiavélique projet par lequel on pousse l'Empereur à coucher avec une drôlesse jeune et merveilleusement belle, mais atteinte d'un mal terrible ? Napoléon III la vit, mais, il ne la souhaita point[8]. S'il l'admira, ce ne fut donc que platoniquement, comme cette jeune personne à laquelle, au bal de lady Cowley pour la paix de Crimée, il dit : Mademoiselle, l'Impératrice vous trouve trop belle ![9] Mais... Roman ! Roman ! Je fais bonne mesure et j'y ajoute, sans scrupules, cette jeune Anglaise amoureuse[10] et ces demoiselles de Montalan et Emma Livry[11], qui lui sont attribuées avec une facilité qui dispense de la recherche de la paternité de ces allégations scandaleuses.

Des autorités plus sérieuses permettent, toutefois, d'ajouter d'autres noms plus authentiques à la liste des maîtresses de Napoléon III. Ainsi Mme Drouyn de Lhuys, la femme du ministre, dont il s'était un peu occupé et qu'un conflit personnel avec l'Impératrice écarta systématiquement des honneurs des Tuileries[12]. De même pour Mme de Brimont, comtesse, paraît-il, et qui lui fut présentée par le prince Napoléon. Si Mme de Brimont connut l'intimité de Napoléon III, on ne peut considérer cette liaison comme l'une de celles qui marquèrent dans la vie du souverain. Mais, ne l'ai-je point dit que c'est des passades de l'Empereur que j'écris ici ? Mme de Brimont tint un salon, rue du Cirque, mais on le déserta bientôt, à cause de l'ennui qui y régnait. Sous M. Thiers et feu le Maréchal, elle faisait encore, mais en vain, de la politique inutile[13]. Maintenant qui donc est-elle cette petite dame dont, en 1870, on ne voulait pas dire le nom, et au bénéfice de laquelle l'Empereur avait pris une inscription de rente[14] ? Et qui était cette Mme Chanteaud dont Napoléon III eut une fille devenue la comtesse de Molen de la Vernède[15] ? Fort heureusement ces questions, sans réponse actuellement, ne sont pas à poser pour toutes les passades de l'Empereur. Il est de ces amoureuses d'une heure ou d'un moment, porte-monnaie ou sentiment, — dont l'état civil a plus de complaisances pour le curieux. Telle Caroline-Frédérique-Bernardine Hamaekers, la célèbre chanteuse. Celle-là, d'un père ancien soldat d'Austerlitz, aubergiste à Louvain[16], était née, en 1836, dans cette triste petite ville belge d'universités et de couvents. Dans l'estaminet paternel, dix jeunes sœurs traînaient leurs sabots. De cette médiocrité Eugène Scribe, par hasard, la tira et la fit entrer à l'Opéra. C'était en 1857. Le duc de Morny l'y remarqua et elle n'eut aucune raison valable pour lui être cruelle, de même qu'à Auber et à quelques autres. Elle fut une des chanteuses de la chapelle des Tuileries, — et de l'intimité de Napoléon III. De lui elle tint, et garda longtemps, une parure d'émeraudes. Vieille, égrenant ses souvenirs, et n'en livrant que ce que sa tardive pudeur autorisait, elle confessait : Il s'amusait de moi comme d'un enfant, mais rien de sérieux[17]. En effet, elle vint et passa. Jusqu'en 1870 le succès lui demeura fidèle. Puis elle se survécut, et l'âge vint et aussi la misère. Il y a quelques mois, Mlle Hamaekers se jetait par une des fenêtres de sa maison, n° 62, rue Franklin, à Bruxelles. Transportée à l'hôpital Saint-Jean, le 23 octobre 1912, elle renouvela sa tentative désespérée et se coupa la gorge avec les débris d'un verre[18]. Le lendemain elle était morte. Des amis accourus exaucèrent son suprême vœu de coquetterie, et, sous des chrysanthèmes elle fut couchée dans un cercueil doublé de satin blanc[19]. Ah ! l'émouvant roman qui demeure à écrire sur les maîtresses vieillies et misérables[20] !

Sur la rapide aventure de ces fugitives amoureuses, Viel-Castel et quelques autres mémorialistes nous renseignent quelquefois avec précision, et, grâce à eux, il est possible d'indiquer avec certitude l'heure des succès, sitôt suivie de celle de leur oubli. Un rapport de police du 7 février 1854, mentionne : Il est beaucoup question d'une demoiselle Alexandre qui serait, pour le moment, la rivale préférée par l'Empereur[21]. D'où vient cette demoiselle Alexandre ? Mystère. Mme de Malaret, dame de l'Impératrice, est mieux connue. En février 1835, le bruit circule au faubourg Saint-Germain qu'elle donne sa démission pour n'avoir pas à repousser les propositions de l'Empereur. J'ignore, dit Viel-Castel[22], en se faisant l'écho de cette nouvelle, j'ignore si Mme de Malaret donne sa démission, mais ce que je sais, c'est que la dame n'est pas femme à s'effrayer de telles propositions et que sa farouche vertu a été surprise, il n'y a pas longtemps, toute soumise aux entreprises amoureuses du colonel Fleury, auquel elle avait ouvert, je ne dirai pas seulement ses bras, mais la grande route du plaisir, si bien absorbée, qu'elle s'est laissée surprendre. Pour quatre autres maîtresses de passage nous avons à suivre Viel-Castel. C'est, tout d'abord, le 11 janvier 1858, une jeune et jolie Anglaise, Mlle Sniell[23] ; le 9 mars suivant, une Américaine, qui sort, on ne sait d'où[24] ; le 21 avril, la jolie Mme Gréville qu'à un bal de Mme Walewska, l'Empereur intrigue pendant une heure. Enfin, avant de soulever la barbe de son masque, à lui faire comprendre qu'il était l'Empereur, il lui a parlé de son portrait qui décore les salons du ministère, et, comme elle émettait des doutes, il lui a dit : Voyez ce petit salon de repos, il n'y a que l'Empereur et l'Impératrice qui puissent y entrer, et il y est entré[25]. Manœuvre, qui, sans doute, a dû convaincre Mme Greville. A un bal du 7 mars 1859, on la retrouve coquetant avec l'Empereur, ce qui attire à celui-ci une scène de jalousie de Mme X...[26]. Le 24 juin 1861, Viel-Castel nous reparle de la fille du peintre Pomeyrac, laquelle a eu l'honneur de coucher avec l'Empereur et de recevoir, dit-on, vingt-cinq mille francs. Aussi la petite Pomeyrac est recherchée[27]. C'est des miettes de la table des grands que se rassasient les petits. À ajouter à cette énumération une femme de lettres, non nommée, qui adresse ses livres à l'Empereur avec des dédicaces brûlantes[28]. Ne serait-ce point cette Mme de ***, auteur de Une saison à Paris, au sujet de laquelle, le 30 août 1863, Prosper Mérimée écrit à son inconnue : C'est une personne pleine de candeur, qui a éprouvé un très grand besoin de plaire à Sa Majesté, et qui, dans un bal, le lui a dit en termes catégoriques et si clairs, qu'il n'y a que vous au monde qui ne l'eussiez pas compris. Il en a été si stupéfait, qu'il n'a pas d'abord trouvé quelque chose à répondre, et ce n'est que trois jours après, dit-on, qu'il s'est laissé cosaquer[29]. Ces cosaquages ne sont pas toujours sans danger pour l'Empereur. De Viel-Castel, je cite une autre anecdote qui date de la même année, et qu'il enregistre le 7 octobre, en ces termes[30] :

L'Empereur a eu à Biarritz une nouvelle maîtresse ; c'est une femme jeune, élégante et très excellente écuyère, qui vit maritalement, m'a-t-on dit, avec un Belge qui prête les mains à ce commerce. Or, en revenant de chez M. Fould, l'Empereur a couché avec la dite dame et il y a pris tant de plaisir que le lendemain, à déjeuner, soit fatigue, soit toute autre cause, il s'est trouvé mal et qu'il a eu même quelques heures plus tard une seconde faiblesse.

 

Petit fait signalé à M. le docteur Cabanès, et qui relève de la clinique où il s'entend si bien à diagnostiquer les affections de cœur, et autres, des défunts souverains.

J'arrive maintenant à quelques femmes sur lesquelles il est possible de recueillir certains menus détails. Voici, par exemple, la très belle Mme Kalergi, fille de M. de Nesselrode, grand maître de la police à Varsovie, et nièce du fameux chancelier, très belle femme[31], excellente musicienne, à l'avis d'Alfred de Musset[32], mariée, en premières noces, à un banquier levantin, et, en secondes, au général Mouravieff. C'est pour elle cille Théophile Gautier écrivit les dix-huit strophes, si chaleureusement lyriques, de la Symphonie en blanc majeur :

Son sein, neige moulée en globe,

Contre les camélias blancs

Et le blanc satin de sa robe

Soutient des combats insolents.

De quel mica de neige vierge,

De quelles moelles de roseau,

De quelle hostie et de quel cierge

A-t-on fait le blanc de sa peau ?

Sous la glace où, calme, il repose,

Oh ! qui pourra fondre ce cœur !

Oh ! qui pourra mettre un ton rose

Dans cette implacable blancheur ?[33]

On a supposé que ce fut Mme Kalergi, qui, dans la nuit du 2 décembre 1851, porta à l'Imprimerie Nationale les proclamations et décrets du coup d'État[34]. A quoi il a été répliqué qu'elle était trop bavarde pour qu'on lui confiât aucun secret[35]. Je ne discuterai point la discrétion de la dame — de cette femelle éhontée dont Canrobert fut l'amant, dit un pamphlet[36] —, mais je note que les proclamations du coup d'État furent confiées à la diligence dévouée d'un aide-de-camp du Prince-Président, M. de Beville[37], qui, le 3 décembre 1852, fut nommé premier préfet du palais de S. M.[38].

Puis, voici un nom fameux, celui de Mme de Persigny. Elle était née Églé-Napoléone-Albine Ney, en 1832, de Joseph-Napoléon Ney, fils du Ney de la Moskowa et du rond-point de l'Observatoire, et de Marie-Étienne-Albine Laffitte, fille de ce Jacques Laffitte fameux par sa présidence du Conseil des Ministres sous la monarchie de Juillet. C'était une fort jolie et élégante personne[39], délicieusement blonde[40] et à laquelle un zézaiement naturel, donnait quelque chose d'enfantin[41]. Ce fut le 27 mai 1852 qu'elle épousa Persigny.

De Persigny, après ce que j'en ai dit à propos de Mme Gordon et du complot de Strasbourg, je n'ai plus grand'chose à écrire ici. Je rappelle qu'après le coup d'État de Boulogne il avait été condamné par la Cour des Pairs à vingt ans de détention. 1848 l'ayant libéré, le président de la République l'envoya, en 1849, comme ministre plénipotentiaire à Berlin, et, en 1852, l'Empire le créait sénateur et ministre de l'Intérieur. Son mariage fut favorisé par Napoléon III, qui, paraît-il, pour l'établir lui donna un million[42], et accorda à la fiancée 500.000 francs de dentelles et de diamants[43]. Cette union où l'humeur assez excentrique de Mme de Persigny, contrastait avec la gravité un peu sombre de son mari[44], fut, au début, assez heureuse. Le maréchal de Castellane, par deux notes de son journal intime, nous donne le degré de la passion des deux époux. C'est d'abord le 24 décembre 1852, qu'il écrit[45] :

Les chasses de Compiègne suivent leur cours. Le ministre de l'Intérieur, M. de Persigny, et sa femme, fille du prince de la Moskowa[46], sont toujours très amoureux l'un de l'autre. Arrivée à l'hallali, Mme de Persigny s'est mise à sangloter ; M. de Persigny l'a embrassée. Il paraît qu'ils ont continué cet exercice à cheval, d'un cheval à l'autre, en revenant, puis ils sont remontés dans leur chambre et ne sont pas descendus pour le dîner ; on a trouvé cela un peu léger pour l'Empereur.

 

Mais, pour ces manquements-là à l'étiquette, Napoléon III n'avait-il, et ne devait-il pas avoir des indulgences plénières ? Voici maintenant la seconde note de Castellane. Elle est du 31 janvier 1853 :

J'ai été au bal chez le ministre de l'Intérieur. Je ne connaissais pas Mme de Persigny, née de la Moskowa ; elle me paraît avoir dix-sept ans[47] ; elle est très agréable et spirituelle. Je la trouve tout bonnement charmante ; j'ai fait mon compliment à M. de Persigny sur sa femme ; il en est très amoureux et en a été enchanté[48].

 

Et, lord Malmesbury, quelques mois plus tard, n'y contredit point, car, à la date du 23 novembre 1853, il assure de Mme de Persigny qu'elle est jolie et gaie, et que, lui, le mari, se montra très tendre pour sa femme[49].

Plus tard, en 1855, lors de l'ambassade de Persigny à Londres, sa femme donna dans l'anglomanie. On l'appelait alors plaisamment lady Persington[50]. J'examine maintenant ses relations avec Napoléon III. Bien des cancans furent faits sur son intimité avec le chef de l'État, écrit un individu taré[51]. Mais à quelle date doit-on faire remonter ces cancans et peut-on croire qu'ils naquirent dès 1852 ? Je trouve, en effet, dans un libelle ceci : Fialin acceptait la maîtresse de son maître pour en faire sa femme[52]. C'est donc que Mme de Persigny aurait été la maîtresse de Louis-Napoléon du temps de sa présidence ? Cette hypothèse est peu vraisemblable, et, à la vérité, ce n'est qu'en 1853, à la date du 6 mars, que, dans un rapport de police je découvre le premier de ces cancans dont parle Griscelli. Voici le texte de la pièce : On continue à représenter M. de Persigny comme étant mal avec l'Empereur. Le ministre aurait eu, dit-on, à se plaindre de la galanterie excessive de l'Empereur vis-à-vis de sa jeune femme [53]. Pourtant, s'il faut en croire Viel-Castel, M. de Persigny n'aurait pas eu grand droit à se montrer trop jaloux, car, dès le 12 août 1852, il notait que, Persigny est convalescent d'une petite maladie gagnée, dit-on, avec Mme la princesse de B***, qui, si elle n'est pas la reine des jardins, est, à ce qu'il paraît, la plus fleurie de toutes les femmes[54]. C'est donc à l'année 1863 qu'il faut faire remonter la naissance de la publicité donnée à la liaison de Napoléon III avec la femme de son ancien complice. Quand, le 9 septembre 1863, celui-ci sera nommé duc, on fera malignement observer que ses infortunes conjugales ont reçu une douce consolation[55]. Et, quelques jours après, le 18 septembre, l'inévitable Viel-Castel reviendra à la charge et ricanera : L'Empereur est heureux en femme de ministre, il couche avec les plus agréables[56]. Mais ce n'est point seulement au souverain que la chronique scandaleuse du second Empire fait borner la libéralité des faveurs de Mme de Persigny. Discrètement, l'éditeur des mémoires du duc, a parlé des inconséquences de Mme de Persigny[57].

Elles étaient de notoriété publique, car elle se galvaudait dans la débauche, dit un contemporain[58], et sa névrose érotique, n'était un secret pour aucun de ses invités[59]. Le ménage était devenu un enfer, où, tour à tour dépensière à l'excès, et économe au ridicule[60], Mme de Persigny offrait l'exemple d'un scandale que les soins et la résignation du mari ne parvenaient plus à cacher au public amusé de voir glorieusement et magnifiquement cocu, un ambassadeur, ministre, membre du Conseil privé de l'Empereur et duc. Ni le fils né de ce mariage, Jean-Michel-Napoléon (mort à Paris le 19 novembre 1885), ni les quatre filles, qu'une délicieuse petite photographie effacée de ce temps, nous montre groupées autour du père au regard triste et navré[61], n'étaient parvenues à ramener, à défaut de paix, tout au moins la décence à ce foyer où siégeaient maintenant le scandale et l'impudeur. La femme la plus vulgaire, disait Persigny en 1852, est pour moi préférable au plus beau portrait de Raphaël, à la plus admirée de ses vierges[62]. On aimerait savoir s'il était demeuré de cet avis, dix ans plus tard.

La plus notoire des inconséquences de Mme de Persigny fut sa liaison avec Ludovic de Gramont, duc de Caderousse, dont le nom seul est représentatif d'une époque de fête aux voluptés cabrées menées en ronde par la musique de Jacques Offenbach. Caderousse, qui devait mourir ruiné et tué par sa vie de fête, à trente ans, le 23 septembre 1865, était né d'un père fieffé original en son temps, qui trouva le moyen de s'acheter pour 50.000 francs de cannes, fouets et cravaches, et pour 20.000 francs de chapeaux[63], ce qui ne l'empêcha point de laisser à l'orphelin qui demeurait après lui, 200.000 francs de rentes[64]. Il les dépensa avec une royale somptuosité, hardi, insolent, tuant, le 22 octobre 1862, pour un petit article pas méchant, M. Dillon dont le ton lui avait déplu[65], jouisseur, fêtard qui, à sa mort, laissait un domino, un costume breton, un costume de pierrot, un costume Louis XIII et un costume Henri IV, dans sa bibliothèque, ce qui, fort spirituellement, a fait dire que M. de Gramont-Caderousse lisait peu[66]. Sa liaison avec Mlle Hortense Schneider, la trépidante Grande Duchesse de Gerolstein, fut fameuse. Comme esprit, Mlle Schneider tombe sous le coup de la loi Gramont. Comme beauté, elle ne saurait être appréciée de quiconque fait cas des rousses, observait un malin[67]. M. de Caderousse la promenait avec ostentation, aux théâtres où il se plaisait à la caresser amoureusement et publiquement dans sa loge[68], dans sa seigneurie de Caderousse, où, fort cérémonieusement, il la fit marraine des cloches qu'il donna à l'église[69] ; aux boulevards, où un voyou reçut de lui 20 francs pour s'être écrié à la vue de Mlle Hortense Schneider : Oh ! les belles fesses ![70] Ces menus traits silhouettent le personnage. A propos de lui et de Mme de Persigny, Viel-Castel écrit le 22 mai 1863 : Mme de Persigny se galvaude avec Gramont-Caderousse ; elle est allée, il y a quatre jours, le chercher au Château des Fleurs ; elle est entrée seule dans ce bastringue et elle a fait une scène à son amant. Elle se montre publiquement avec lui, enfin, le scandale ne saurait être plus grand[71]. C'est ce même Caderousse, qui, à Persigny, qui se lamentait sur ses ennuis domestiques, eut un jour l'impertinence de dire devant témoins : Monsieur le duc, je ne vous permets pas de dire du mal de ma maîtresse[72]. Mot qui achève de peindre à la fois cette société, ces personnages, ce temps. Longtemps et toujours Persigny, d'un cœur chevaleresque, s'efforça de voiler à tous les yeux la honte de son ménage[73]. En 1863 il rêva, un instant, de divorcer, de se séparer, mais ce ne fut qu'un bruit dont on ne parla qu'un jour[74]. Tant de chagrins, tant de déboires accumulés, de hontes bues en silence et de scandales traversés avec résignation, ne furent pas sans influer sérieusement sur sa santé. La congestion cérébrale le menaçait. Vers la fin de 1871, il se réfugia à Nice, à l'Hôtel du Luxembourg, où, très rapidement, son état devint alarmant. Mme de Persigny faisait alors un voyage d'agrément en Égypte. On la pria de revenir d'urgence, une fois, deux fois, plusieurs fois, mais elle différait son retour sous mille prétextes[75]. Elle arriva, cependant, mais, déjà, le conspirateur de Strasbourg et de Boulogne, le véritable restaurateur du second Empire, n'était plus. Le 22 janvier 1872, Fialin, dit de Persigny, précédait d'un an son Empereur dans l'éternité.

Mme de Persigny ne demeura point veuve longtemps. Le 18 février 1873, elle épousa un sieur Lemoine (ou Lemoyne), beaucoup plus jeune qu'elle[76]. Elle avait dépassé la quarantaine. M. Hyacinthe-Hilaire Le Moyne mourut, au Caire, le 27 janvier 1879. Dix ans plus tard, à cinquante-sept ans, en octobre 1889, Mme de Persigny se remariait avec le comte Charles de Villemune-Sombreuil. L'année suivante, le 30 mai 1890, à Cannes, elle mourait. C'est là que je dois borner les détails recueillis sur cette figure du grand monde du second Empire.

Sur cette scène, celle de Mme Clotilde de la Bédoyère brille d'un éclat plus modéré. Elle était la femme d'un chambellan de la cour à qui Viel-Castel ne ménage pas les traits sanglants. Le plus sot, le plus sale, le plus gras et le plus bête des hommes, dit-il[77], et, encore : Le plus simple des hommes, le plus obtus, le plus incapable d'aucun service[78]. Mais la grâce ployée de Mme de la Bédoyère, d'excellence une fleur de bals et de soirées[79], était bien faite pour excuser tant de disgrâces. Au début de l'année 1858 elle jouissait de l'amoureuse faveur de Napoléon III[80], mais en octobre suivant, l'Empereur cherchait à s'en défaire[81]. En mars 1859, c'était, définitivement, une sultane en retraite[82]. Je veux ignorer, et. de fait, je confesse les ignorer, quels services l'Empereur avait à récompenser en M. de la Bédoyère — Georges-César-Raphaël Huchet —, quand, le 15 août 1859, il le nomma sénateur. Mais, ce que je sais, c'est qu'à cette occasion notre Viel-Castel habituel n'a pas manqué de vitupérer. Saluant cette nomination, il en donne comme motifs : Son père a été fusillé en 1815 ; sa femme a couché avec Napoléon III[83]. Ce ne lui suffit pas. Quelques jours plus tard, cette nomination lui tenant décidément au cœur, il ajoute : Sa femme en a fait un superbe cocu, puis ayant couché avec l'Empereur, son mari est devenu chevalier de la Légion d'honneur et sénateur.

Ah ! Monsieur le Sénateur,

Je suis votre humble serviteur ![84]

Mme de la Bédoyère, née Clotilde-Gabrielle-Joséphine de la Rochelambert, à Saint-Cloud, le 27 juillet 1829, avait épousé à Paris, le 31 mai 1849, le comte de la Bédoyère. C'est le 9 août 1867 qu'elle devint veuve. En 1869, le 16 janvier, elle se remariait avec le général prince de Moskowa, Napoléon-Henri-Edgar Ney, dont elle devint veuve le 13 octobre 1882. A cette époque l'hydropisie avait affreusement déformé cette jolie femme de naguère. Ce fut une ruine qui, le 22 juillet 1884, descendit au tombeau[85]. Son second mariage l'avait fait parente avec Mme de Persigny, et ce n'est pas à nous qu'est dû le hasard par lequel elle se trouve, à sa suite, dans une énumération où les noms les plus inattendus se rencontrent et se mêlent.

Avec circonspection il y faut ajouter celui de la duchesse de Cadore. Au début de janvier 1860, on remarque les attentions de l'Empereur pour elle, et on observe que M. de Cadore jouit de tous les avantages d'un mari de favorite[86]. On parle même de l'envoyer comme ministre à l'étranger[87]. Je n'ajoute rien à cela, sinon que sur les livres de Baring frères, banquiers de Napoléon III, à Londres, le nom de Mme de Cadore figure sur les comptes de l'Empereur, à côté de celui de Mme X...[88]. Constatation sans conclusion puisque le détail de ces comptes est ignoré.

***

Ce livre s'achève, car voici pour cet Empereur l'heure venue des infortunes et des catastrophes. Avant Sedan, il avait encore comme maîtresse, — et je donne ici ces détails comme curieux et non pour authentiques et certains, une dame nommée lady C..., qui, maîtresse d'un galant homme qui l'aimait et qu'elle avait outragé, abandonnée par lui, entra aux Tuileries, grâce à son nom et à certaines complaisances secrètes. Le maître la vit et la voulut ; comme elle n'était là que pour être voulue, elle ne fit pas traîner le marché qu'on lui proposait. Le roman impérial dura peu. La clameur de Sedan vaincu monta avec la fumée des bombardements au-dessus de la France en explosion. Pour lady C... le règne de l'ombre inconsolée commença. Elle fut l'une des dernières maîtresses de l'Empereur, et elle montre encore chez elle, en une vitrine, la tasse en laquelle Napoléon III, au camp de Châlons, but son café, comme aussi le collier de diamants qu'il avait enroulé à son cou, un soir, à Fontainebleau[89]. Si la liaison fut, après elle aucun roman ne fut recommencé. Ce n'était point des femmes de ses brèves tendresses et de ses passagères amours, que l'Empereur vaincu attendait les consolations de la défaite.

A Wilhelmshöhe, il reçut la visite de Mme de Castiglione. Il ne lui dit rien, et, silencieusement, lui serra la main[90]. Qu'eût-il pu lui dire, celui-là qui venait de perdre le trône et l'Empire ? Muré dans d'insondables rêveries, il gagna la terre de l'exil, le foyer étranger où commencent les Bonaparte et finissent les Napoléon. Le 20 mars 1871, il débarquait à Douvres et s'installait dans ce château de Camden-Place où, autrefois, il avait souri à une miss blonde, rêvée pour le foyer modeste et tranquille qu'il se voulait alors. Le regard des femmes, cependant, ne s'était pas détourné de lui, qui, déchu et vaincu, n'était plus rien que l'espérance impériale et la vivante théorie napoléonienne. Une jeune fille lui envoyait, anonymement, et à intervalles réguliers, des banknotes de cinq livres, qui firent un total de 12.500 francs, que le hasard seul permit de restituer. Et M. Georges H. Greenham, un des chefs-inspecteurs de la police chargé par le gouvernement anglais de veiller à la sécurité de l'Empereur exilé, qui conte cette anecdote, en ajoute une qui est révélatrice de ce qu'inspirait encore le souverain vieilli :

Une vieille excentrique, veuve, âgée de cinquante-cinq ans environ, se figurait que Napoléon III était amoureux d'elle. Elle venait, tous les matins, remettre au portier de Camden-House un bouquet de fleurs accompagné d'un billet doux. Cette femme portait des vêtements bizarres, formant un mélange singulier de couleurs claires. Elle avait des gants blancs, toujours trop grands, l'extrémité des doigts, trop longue, était tirebouchonnée. Le visage de cette vieille folle et sa chevelure embroussaillée marquaient une aversion profonde pour l'emploi de l'eau, du peigne et de la brosse. Le manège de cette veuve dura longtemps, mais, un jour, ordre fut donné au' portier de refuser les bouquets et les lettres de la folle, qui, à partir de ce moment, resta des journées entières à attendre son pseudo-amoureux. Dès qu'elle apercevait le vaincu de Sedan, elle se précipitait au-devant de lui et faisait tout ce qu'elle pouvait pour lui remettre lettre et bouquet. Lorsque Napoléon III mourut, le vieille continua son manège, mais tourna son insistance vers le prince impérial, qui paraissait beaucoup s'amuser de cette aventure et joua plus d'une bonne farce à la vieille femme. Peu après le départ du Prince pour le sud de l'Afrique, la veuve quitta Chislehurst, et M. Greenham n'entendit plus parler d'elle[91].

 

Misérable et risible aventure, mais qui touche en ce qu'elle représente ce que l'image de l'Empereur avait d'idéal pour celles qui ne l'approchèrent jamais. Peut-être ne comprit-il point, comme il nous apparaît au delà du temps et de sa vie, le symbole de cet amour de folle, Ophélie besogneuse et en cheveux blancs, cueillant d'inutiles bouquets dans des jardins étrangers pour l'exilé ayant abdiqué son amoureuse souveraineté.

Maintenant, autour de son château, il promenait ses dernières rêveries. Quelquefois il poussait jusqu'à la petite église de Chislehurst et entrait dans ce triste et étroit cimetière anglais qui précède la chapelle. Et remuant l'herbe déjà jaunie, du bout de sa canne, il disait à l'abbé Godard : Je cherche la place où vous pourrez me mettre[92]. Ce ne tarda guère. Le 9 janvier 1873 il retournait vers ses pères, celui qu'avaient salué les cloches du Paris impérial de 1808, que l'Empereur d'Austerlitz et Madame Mère avaient tenu sur les fonts du baptême. 9 janvier !... Soixante-six ans auparavant, ce jour-là, dedans la Pologne, Napoléon Ier souriait aux yeux humides de tendres larmes de Mme Walewska ; soixante-quatre ans passés, l'Empereur, à Valladolid, rassemblait dans sa main le tonnerre guerrier dont il allait frapper l'Espagne rebelle aux lois de la discipline. Anniversaires d'amour et de gloire à célébrer, maintenant, devant un cercueil couvert de drapeaux, — hélas ! vaincus. Une idée et les femmes tuèrent l'Empereur Napoléon III. Les femmes récompensèrent le mort qui les aima en couvrant de larmes sa tombe[93]. Ces femmes, ses amours et tout son passé, survivaient à l'amant emporté. Elles étaient debout encore, la Castiglione, et Mme X..., et Marguerite Bellanger. Les deux dernières vinrent au cercueil exilé, rendre l'hommage d'un souvenir fidèle[94]. Et un dernier symbole de galanterie chevaleresque vint décorer son tombeau. En 1856, lors de son voyage en Angleterre, il avait été nommé chevalier de l'ordre de la Jarretière, en un chapitre tenu à Windsor par la reine Victoria[95]. La reine, elle-même, avait voulu lui fermer la boucle allégorique sur la jambe gauche, lui passer le cordon et le reconduire au seuil de ses appartements[96]. Et, dans Windsor, au-dessus de sa stalle on avait suspendu sa bannière de chevalier[97]. Ce fut cet étendard sentimental et sans victoire, tandis que sa cour d'exil en deuil[98] le saluait pour la dernière fois, qui fut suspendu au-dessus du cercueil dans la cave de l'église de campagne. Symbole qui n'a pas été voulu, et qui remue fortement notre sensibilité. Ah ! être né, comme il le disait à Strasbourg, sous la neige d'octobre, être né comme moi au bruit du canon de Wagram, avoir eu sur son berceau le soleil de cent victoires, et, roulé dans le manteau de la dernière guerre et de la dernière défaite, s'en aller dormir, avec sur le front, l'ombre d'une bannière du temps de la chevalerie britannique...

 

FIN DE L'OUVRAGE

 

 

 



[1] IMBERT DE SAINT-AMAND, Les Femmes des Tuileries ; L'Apogée de Napoléon III (1860) ; Paris, s. d., in-18, p. VII.

[2] Cf. GASTON STIEGLER, Amours tragiques de Napoléon III ; Paris, s. d [1911] in-18.

[3] La marquise DE TAISEY-CHATENOY, A la cour de Napoléon III... ; p. 241.

[4] PIERRE DE LANO, La Cour de Napoléon ; p. 120.

[5] La marquise DE TAISEY-CRATENOY, A la cour de Napoléon ; p. 152.

[6] PIERRE DE LANO, Un drame aux Tuileries sous le second Empire... ; p. 3.

[7] Lemaire, avocat, secrétaire particulier du comte Alfred de la Guéronnière, La Maison des jolies filles ou les débauches d'un Sénateur de l'Empire ; Bruxelles, Parts, 1871, in-18, p. 21.

[8] PIERRE DE LANO, La Cour de Napoléon III... ; p. 113.

[9] Sir WILLIAM FRASER, My recollections... ; p. 171.

[10] Mémoires secrets du second Empire... ; p. 68.

[11] La Femme de César ; biographie d'Eugénie Kirpatrik Théba de Montijo, impératrice des Français, par l'auteur des Nuits de Saint-Cloud ; Londres et Genève, 1865, in-8°, pp. 23, 24.

[12] Comte DE REISET, Mes Souvenirs... ; t. II, pp. 219, 211.

[13] PIERRE DE LANO, Les Bals travestis et les Tableaux vivants sous le second Empire... ; p. 65.

[14] Lettre de Maxime Pol à M. Piétri ; Paris, 1er octobre 1870. — H. POULET-MALASSIS, Papiers secrets et correspondance du second Empire... ; p. 87.

[15] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 45.

[16] Le Soir (de Bruxelles), 26 octobre 1912.

[17] FRÉDÉRIC LOLIÉE, La Fêle impériale... ; p. 173.

[18] BRUXELLES, 24 octobre [1912]. — Mlle Hamaekers, la brillante chanteuse légère de l'Opéra de Paris et de la Monnaie de Bruxelles, agonise en ce moment sur un lit d'hôpital. Dans un accès de fièvre chaude, elle avait voulu, il y a quelques jours, se jeter par la fenêtre de son appartement, rue Franklin. On la soignait depuis dans le service du docteur aliéniste Debouck, à l'hôpital Saint-Jean. Hier, elle s'est coupé la gorge avec les débris d'un verre laissé imprudemment en sa possession. On s'attend à la voir expirer d'un moment à l'autre. Née en 1836, ce fut elle qui chanta à la messe du baptême du prince impérial. Elle fut longtemps l'amie de Napoléon III. Elle appartint ensuite pendant vingt ans, comme chanteuse légère de grand opéra et d'opéra cornique, à la troupe du théâtre royal de la Monnaie. — Excelsior, 24 octobre 1912.

[19] Elle n'est pas morte du tout dans l'isolement, loin de ses amis d'antan. Nous étions très nombreux prés d'elle. Et toutes ses volontés dernières, écrites par elle avant sa tentative de suicide, — notamment un cercueil de satin blanc et orné de chrysanthèmes blancs, — ont été respectées. Elle a eu aussi le service funèbre à l'église qu'elle avait désigné. — Le Soir (de Bruxelles), 29 octobre 1912.

[20] Voici l'acte de décès de Mlle Hamaekers :

VILLE DE BRUXELLES

Extrait du registre aux actes de décès, année 1912.

N° 2941. — Le vingt-cinq octobre mil neuf cent douze, à onze heures du matin, après constatation, nous Georges Maés, officier de l'état civil de la ville de Bruxelles, dressons l'acte de décès de Caroline-Frédérique-Bernardine Hamaekers, sans profession, décédée le vingt-quatre de ce mois, à trois heures et demie après-midi, rue Pachéco, n° 52, 4e Dion, domiciliée rue Franklin, n° 62, 5° Dion, âgée de septante six ans, quatre mois, douze jours, née à Louvain, fille de Guillaume Hamaekers et d'Anne-Catherine Vanderwalen, conjoints, décédés. Sur la déclaration de Charles Heusquin, directeur de l'hôpital Saint-Jean, âgé de trente-six ans, et de Victor Schotte, employé, âgé de vingt-huit ans, domiciliés à Bruxelles.

Ch. HEUSQUIN - V. SCHOTTE - G. MAES.

Les documents donnés ici sur Bernardine Hamaekers me sont communiqués par mon excellent ami Otto Friedrichs.

[21] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 133.

[22] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. III, p. 109.

[23] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, p. 224.

[24] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, p. 224.

[25] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, pp. 260, 261.

[26] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 32.

[27] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 133.

[28] PIERRE DE LANO, La Cour de Napoléon III... ; p. 112.

[29] PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue ; Paris, 1874, in-8°, t. II, p. 230.

[30] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 272.

[31] GUSTAVE KAHN, Le Siècle, 2 décembre 1906. — Intermédiaire des chercheurs et curieux, n° 1133, 20 décembre 1906, col. 894.

[32] A sa sœur Herminie, en 1850, Alfred de Musset écrivait : L'adresse de Mme Kalergis (sic) est rue d'Anjou, n° 8. Pourquoi n'as-tu pas joué devant elle quand elle a passé à Angers ? Elle est très bonne musicienne... LÉON SÉCHÉ, La Jeunesse dorée sous Louis-Philippe ; Paris, MCMX, in-8°, p. 345.

[33] THÉOPHILE GAUTIER, Émaux et Camées ; préface par MAXIME DU CAMP, de l'Académie française ; Paris, 1887, in-18, pp. 35 à 40.

[34] GUSTAVE KAHN, Le Siècle, 2 décembre 1906. — Intermédiaire des chercheurs et curieux, n° 1133, 20 décembre 1906, col. 894.

[35] Intermédiaire des chercheurs et curieux, n° 1136, 20 janvier 1907, col. 77.

[36] PIERRE VÉSINIER, Les Amours secrètes de Napoléon III... ; p. 308.

[37] EUGÈNE TÉNOT, Paris en décembre 1851 ; Étude historique sur le Coup d'État ; Paris, 1880, in-8°, pp. 107, 108.

[38] Vicomte DE BEAUMONT-VASSY, Les Salons de Paris... ; p. 230.

[39] Marquis PHILIPPE DE MASSA, Souvenirs et impressions... ; p. 143.

[40] MME CARRETTE, Souvenirs intimes de la cour des Tuileries... ; t. I, p. 40.

[41] MME CARRETTE, Souvenirs intimes de la cour des Tuileries... ; t. I, p. 40. — Lord Malmesbury, au contraire, dit qu'elle grasseyait. Cf. Mémoires d'un ancien ministre... ; p. 316.

[42] HIPPOLYTE CASTILLE, Portraits politiques et historiques du dix-neuvième siècle ; Le comte de Persigny ; Paris, 1857, in-32, pp. 36, 37.

[43] UN ANCIEN HOMME D'ÉTAT, Galerie photographique des hommes du second Empire ; Le duc de Persigny ; Bruxelles, Paris, 1864, p. 8.

[44] Marquis PHILIPPE DE MASSA, Souvenirs et impressions... ; p. 143.

[45] Journal du maréchal de Castellane... ; t. IV, pp. 419, 420.

[46] Le fils du Maréchal Ney, père de Mme de Persigny, né en 1803, marié en 1828, mourut en 1857.

[47] Elle avait, à la réalité, vingt et un ans.

[48] Journal du maréchal de Castellane... ; t. IV, p. 432.

[49] LORD MALMESBURY, Mémoires d'un ancien ministre... ; p. 191.

[50] Marquis PHILIPPE DE MASSA, Souvenirs et impressions... ; p. 144.

[51] Mémoires de Griscelli... ; p. 79.

[52] PIERRE VESINIER, Les Amours secrètes de Napoléon III... ; p. 319, et VICTOR VINDEX, L'Empereur s'amuse... ; p. 71.

[53] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 67.

[54] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 92.

[55] UN ANCIEN HOMME D'ÉTAT, Le duc de Persigny... ; p. 42.

[56] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, p. 258.

[57] Mémoire du duc de Persigny, publiés avec des documents inédits, un avant-propos et un épilogue par M. H. DE LAIRE, comte d'ESPAGNY, ancien secrétaire intime du duc ; Paris, 1896, in-8°, p. XI.

[58] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 258.

[59] FRÉDÉRIC LOLIÉE, Les Femmes du second Empire... ; p. 188.

[60] Par son humeur vindicative et son caractère capricieux, Mme de Persigny rendait la vie intolérable à son mari, en dépit du grand amour que celui-ci lui témoignait. Elle avait encore un autre défaut : s'agissait-il de sa toilette, elle faisait les dépenses les plus folles, et, sur le reste, qu'on me passe l'expression, elle économisait les bouts de chandelles. Enfin, c'était ce que les Français appellent une femme qui fait des scènes. Elle ne cessait de lésiner dans la tenue de sa maison. — [Sir RICHARD WALLACE], Un Anglais à Paris... ; t. II, pp. 53, 54. — Sur les caprices et le mauvais caractère de Mme de Persigny, cf. également LORD MALMESBURY, Mémoires d'un ancien ministre... ; p. 246, 272, 282.

[61] Sur les enfants du duc de Persigny, on ne trouve que des renseignements sommaires dans la généalogie de la famille Ney publiée en appendice au volume du comte de la Bédoyère, Le Maréchal Ney, avec un portrait et des documents historiques ; Paris, s. d., in-8°.

[62] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 60.

[63] Comtesse DASH, Mémoires des autres... ; t. V, p. 141.

[64] Comtesse DASH, Mémoires des autres... ; t. VI, p. 231.

[65] JAMES DE CHAMBRIER, La Cour et la Société du second Empire... ; t. II, p. 253.

[66] ROGER BOUTET DE MONVEL, Les Variétés... ; p. 68.

[67] ROGER BOUTET DE MONVEL, Les Variétés... ; p. 47.

[68] Mémoires de Cora Pearl ; Paris, 1886, in-18, p. 199.

[69] JAMES DE CHAMBRIER, La Cour et la Société du second Empire... ; t. II, p. 254.

[70] Petite revue, samedi 13 octobre 1865, p. 125.

[71] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 217.

[72] FRÉDÉRIC LOLIÉE, La Fête impériale... ; p. 96.

[73] Mémoires du duc de Persigny... ; p. 507.

[74] Persigny se sépare de sa femme ; tel est le racontar de ce matin ; il est vrai que sa femme en a fait assez pour motiver dix séparations. Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 233.

[75] Mémoires du duc de Persigny... ; p. 508.

[76] [Sir RICHARD WALLACE], Un Anglais à Paris... ; t. II, p. 56.

[77] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 181.

[78] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 152.

[79] FRÉDÉRIC LOLIÉE, Les Femmes du second Empire... ; p. 280.

[80] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, p. 225.

[81] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. IV, p. 337.

[82] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 32.

[83] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 152.

[84] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. V, p. 181.

[85] LÉONCE DE BROTONNE, Les Sénateurs du Consulat et de l'Empire... ; pp. 301, 302.

[86] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 10.

[87] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, p. 13.

[88] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. I, p. 141.

[89] PIERRE DE LANO, Les Bals travestis et les Tableaux vivants sous le second Empire... ; p. 77.

[90] Le Gaulois, 30 novembre 1899.

[91] Cité par WILL DARVILLÉ, Napoléon III en exil, dans Le Progrès de la Côte-d'Or, 14 février 1903.

[92] FERNAND GIRAUDEAU, La Mort et les Funérailles de Napoléon ; p. 18.

[93] PIERRE DE LANO, Les Bals travestis et les Tableaux vivants sous le second Empire... ; p. 98.

[94] Devant son cercueil, à Chislehurst, on se rappelle qu'une jeune femme en noir vint se prosterner et pleurer. Cette femme était Mlle Bellanger. PIERRE DE LANO, Les Bals travestis et les Tableaux vivants sous le second Empire... ; p. 97.

[95] Vicomte DE BEAUMONT-VASSY, Les Salons de Paris... ; p. 261.

[96] JAMES DE CHAMBRIER, La Cour et la Société du second Empire... ; t. p. 136.

[97] Mémoires du docteur Thomas W. Evans... ; p. 425.

[98] Sur le deuil ordonné pour la mort de Napoléon III, voici un petit document que je trouve à la Bibliothèque Mazarine, parmi les papiers du fonds. Lebrun, carton XIII. Il est bordé de deuil et du format in-4° :

SERVICE DU GRAND-MAITRE DES CÉRÉMONIES

Le dœuil (sic) à l'occasion de la mort de Sa Majesté l'Empereur Napoléon III sera de trois mois à partir du 16 janvier.

Le grand deuil sera porté pendant les six premières semaines.

Le petit deuil sera porté pendant les six semaines suivantes. Les hommes auront le crêpe au chapeau.

Camden-Place

16 janvier 1873.

CRISLEHURST,

Règlement de Convois el Transports Lamy et E. Trouvain,

8, rue d'Anjou-Saint-Honoré, Paris.