UNE MAÎTRESSE DE NAPOLÉON

LIVRE II. — LA FEMME QUI COUCHA AVEC L'EMPEREUR

 

III. — UN « LÂCHAGE » IMPÉRIAL.

 

 

— Comment Napoléon vous a-t-il quittée ? demandais-je un jour à George.

— Il m'a quittée pour se faire empereur, dit-elle[1].

Il se trouve qu'une fois, au moins, Alexandre Dumas se trouve d'accord avec George. C'est le sacre qu'elle accuse de sa rupture avec l'Empereur et un des fragments qu'on a de ses Mémoires s'y arrête complaisamment. La rupture avait, cependant, été précédée de quelques menus incidents que les contemporains ont pris à tâche de nous transmettre, aidés puissamment en cela par Joséphine elle-même. « Sans Joséphine, dit M. Masson, on ignorerait la plupart de ces anecdotes : c'est elle qui les découvre, qui les conte, qui les rabâche, au besoin les invente, car nulle n'est menteuse comme elle[2]. »

La liaison du Premier Consul avec George, généralement connue du public, était cependant entourée d'une certaine discrétion due surtout à Bonaparte[3]. George le venait visiter dans l'entresol qui, aux Tuileries, après avoir longtemps servi à Bourrienne, était devenu le petit appartement galant et secret du Maître. La tragédienne avait eu l'art de plaire à Bonaparte, de le distraire. Elle se faisait auprès de lui l'écho des scandaleuses anecdotes courant le foyer de la Comédie-Française, et lui qui ne fut jamais ennemi de ces brèves distractions, de ce régal épicé entre de grandes et hautes préoccupations, riait à gorge déployée. C'est Constant qui témoigne : « Sa conversation lui plaisait et l'égayait beaucoup, et je l'ai souvent entendu rire, mais rire à gorge déployée, des anecdotes dont Mlle George savait animer les entretiens qu'elle avait avec lui[4]. »

Sur l'intimité de cette liaison, George ne tarit pas en détails, et dans leur nombre on ne sait lesquels choisir, tant chacun d'eux est typique, curieux, plaisant et indicatif du caractère de l'amant. Notons cependant cette page alerte :

Pendant les quinze premiers jours, il a satisfait à ma scrupuleuse délicatesse, et j'ose dire à ma pudeur, en réparant le désordre des nuits, en ayant l'air de refaire le lit. H faisait ma toilette, me chaussait et même, comme j'avais des jarretières à boucles, ce qui l'impatientait, il me fit faire des jarretières fermées que l'on passait par le pied.

 

Et aussitôt, la pudeur presque en éveil, suit une longue note pour la chère Desbordes-Valmore qui se pourrait cabrer devant les intimités ainsi dévoilées :

Je vous donne crûment ces détails, parce que vous m'avez dit de tout mettre sur le papier, bien bonne madame Valmore. J'obéis. Comment pourrez-vous vous en tirer ? Vous seule êtes capable de faire passer des détails aussi épineux. Par exemple, pouvez-vous dire que le sommeil de l'Empereur était aussi calme que celui d'un enfant, sa respiration douce que son réveil était charmant et avait le sourire sur les lèvres qu'il reposait sa noble tête sur mon sein et dormait presque toujours ainsi, et que, toute jeune que j'étais, je faisais des réflexions presque philosophiques en voyant ainsi cet homme, qui commandait au monde, s'abandonner tout entier dans les bras d'une jeune fille ? Ah il savait bien que je me serais fait tuer pour lui. Tous ces détails pour vous, mon cher Valmore je serais confuse si votre cher fils les lisait. L'amour de l'Empereur était doux. Jamais le dévergondage dans les moments les plus intimes. Jamais de paroles obscènes. Des mots charmants : « M'aimes-tu, ma Georgina ? Es-tu heureuse d'être dans mes bras ? Moi, je vais dormir aussi. » Tout cela est vrai, mais comment le dire ? Vous avez le secret de, faire comprendre délicatement moi, je ne suis qu'une brute ; plus fortement encore quand je suis dominée par l'absence d'argent, ce qui m'arrive bien souvent et surtout en ce moment où je rage contre ceux qui en ont et qui le gardent.

 

Elle revient encore sur la question de la toilette et reprend le chapitre des jarretières, car pour l'Empereur il faut qu'une jarretière soit plutôt ouverte que fermée :

Un jour où ma toilette était un peu plus coquette, j'ai oublié de vous dire, je crois, que l'Empereur me déshabillait et me rhabillait lui-même il mettait tout en ordre comme une bonne femme de chambre, il me déchaussait, et comme mes jarretières étaient à boucles, cela l'impatientait, et il me dit de me faire faire de suite des jarretières rondes passant par le pied. Depuis cette époque, trop éloignée pour mes charmes, je n'en porte pas d'autres. Ces détails sont insignifiants pour les mémoires, mais je veux tout dire.

 

Et elle fait bien, la pauvre vieille femme, de tout dire et de tout raconter. C'est un peu d'histoire qu'elle écrit.

Au cours de ces pages, un Napoléon inconnu se révèle, un Napoléon plaisantant, ami des « ris et des jeux ».

Un jour, George est mandée aux Tuileries :

J'arrive. Constant me dit :

— Le Consul est monté, il vous attend.

J'entre. Personne. Je cherche dans toutes les chambres. J'appelle. Rien. Personne. Je sonne.

— Constant, le Consul est redescendu ?

— Non, madame cherchez bien.

Il me fait signe et me montre la porte du boudoir, où je n'avais pas eu l'idée d'entrer. Le Consul était là, caché sous les coussins, et riant comme un écolier.

 

Et cela à la veille de quel Austerlitz ?

Puis encore, un autre jour, — ou une autre nuit :

J'avais une jolie couronne de roses blanches. L'Empereur qui, ce soir-là, était d'une gaieté charmante, se coiffa avec ma couronne, et, en se regardant dans ta glace, me dit

— Hein Georgina, comme je suis joli avec ta couronne J'ai l'air d'une mouche dans du lait (Ce sont ses enfantines paroles.)

Puis il se mit à chanter et me força à chanter avec lui le duo de la Fausse Magie :

Vous souvient-il de cette fête où l'on voulut nous voir danser ?

Voilà ce qu'était l'Empereur avec moi.

 

Qui l'eût cru ?

Quel fut le nombre de ces visites ? Stendhal dit qu'elles furent au nombre de seize[5]. Suivant l'intéressée elles seraient plus nombreuses « Je voyais l'Empereur presque toujours deux fois par semaine, quelquefois trois »[6]. Quoiqu'il en soit, ces visites, à la fin de ventôse, furent marquées d'un incident assez piquant qui, au dire de ceux qui le citent, fut la véritable cause de « lâchage ». Un soir, après une journée particulièrement nerveuse, Bonaparte avait fait demander George. Elle vint et passa aux Tuileries la nuit. Mais au milieu de la nuit, vers deux heures du matin, le Premier Consul qui savait diriger, paraît-il, « à son gré les mouvements orageux de la volupté[7] », le Premier Consul perdit connaissance, s'évanouit. Là-dessus, grande frayeur de George et épouvante. Nue elle se précipite du lit, court à la sonnette, l'agite fébrilement et bientôt tout le palais est sur pied. On court chercher médecin et chirurgien, la rumeur parvient jusqu'à Joséphine, l'éveille, elle passe un peignoir, court chez Bonaparte et le trouve, toujours évanoui, soutenu par George nue. Enfin elle-même s'empresse et quand le malade reprend ses sens, il voit, l'entourant, la maîtresse et l'épouse. « Il se mit dans une fureur qui manqua de le faire retomber dans l'état d'où il venait de sortir. On fit disparaître l'actrice tremblante et jamais il ne lui pardonna l'esclandre qu'elle avait occasionné. » C'est, là une des versions. L'autre prétend que le « lendemain elle eut ordre de quitter Paris, et partit pour Pétersbourg où elle est encore[8]. Bonaparte fit dire par les journaux français qu'elle avait décampé de Paria, déguisée en homme[9]. »

Nous verrons plus tard que ce n'est point à cet incident-là qu'il faut attribuer le départ de George pour la Russie. ` A cette anecdote on ajoute celle du jour où, George ayant demandé à Bonaparte son portrait, celui-ci aurait répondu, en lui tendant un napoléon « Le voilà, on dit qu'il me ressemble[10] », suivant les uns, ou « Tu peux l'avoir pour deux sous sur les boulevards[11], » suivant les autres. De cette dernière, George se défend énergiquement : « Il ne me fit pas la proposition de me donner une pièce d'or à son effigie, comme on a bien voulu le dire ». Croyons-la, par amour pour l'Empereur. Ces deux anecdotes[12] sont à peu près les seules qu’on connaisse sur la liaison du Premier Consul et de la tragédienne. Elles précèdent de peu la rupture qui, à la date du 9 mars 1803, semble accomplie, si on s'en rapporte à un rapport d'un agent secret de Louis XVIII, déclarant : « Puisque nous sommes ramenés à Mlle George, nous dirons que cette actrice commence à perdre de sa faveur. Le Premier Consul s'est déclaré pour sa rivale (Duchesnois) en ordonnant de lui laisser jouer non seulement le rôle de Phèdre, mais tous les rôles qu'elle voudra[13]. » Mais tandis que, même avec ces éléments, nous n'en sommes réduits qu'aux suppositions, nous trouvons en le manuscrit de George des détails nouveaux et qui peuvent fixer définitivement les incidents du « lâchage » impérial à la veille du sacre. Ici encore, comme dans le récit des quatre nuits de Saint-Cloud, il convient de faire des réserves. La tragédienne se rend compte qu’il lui est difficile de faire croire que c'est elle qui a planté là l'Empereur. La lassitude est venue de lui, cela est incontestable et tout est là pour le démontrer, jusqu'au témoignage de George elle-même.

Ici encore, Clytemnestre, l'héroïne tragique et cornélienne, Émilie, la tragédie vivante et consentante, n'a été qu'une passade.

Voyons maintenant comment George tente de sauver les apparences.

J'avais été plus de quinze jours sans revoir le Consul, je ne lui fis rien dire. J'attendais, mais cette fois sans impatience, et presque résolue à refuser ma visite si l'on venait me la demander, ce qui ne tarda pas à arriver. Constant vint me prier de la part du Consul de venir ce soir aux Tuileries.

— Impossible, mon cher depuis quinze jours, je me suis bien portée aujourd'hui je suis indisposée et, pour rien au monde, je ne voudrais sortir.

Constant insista :

— Le Consul se fâchera.

— J'en suis désolée, mais je ne veux pas sortir.

Étais-je donc une esclave ? Non, en visite, j'avais aussi mes caprices.

Le lendemain, j'étais aux Français, dans ma petite loge d'avant-scène, donnant sur le théâtre, juste en face de celle du Consul, qui, ce soir-là, était aux Français. On y jouait les Femmes savantes, et je ne sais plus quelle petite pièce. Je ne regardais pas une seule fois cette loge, je m'en serais bien gardée. J'étais trop blessée pour cela. On frappa à ma loge, je vis le beau et bon Murat.

— Qui me procure l'honneur de votre visite ?

— Rien, ma chère Georgina ; le plaisir de causer un instant avec vous, voilà tout. Vous êtes bien dans cette petite loge, elle est charmante, on est tout à fait chez soi, puis juste en face du Consul.

— J'ai toujours eu cette loge, je n'aime pas à me montrer. Ici à peine si je suis aperçue, et je vois tout le monde, puis on peut causer à son aise.

— Jetez donc les yeux sur la loge du Consul, il vous regarde beaucoup, tout en ayant l'air d'écouter les Femmes savantes.

— Ah ! j'en suis très flattée, je vous assure, mais dans le fait, cela m'est assez indifférent.

— Il y a donc de la brouille ?

— Ah ! vous vous moquez, on n'a pas le droit de se brouiller avec le Consul mais on a celui de rester chez soi, c'est ce que je fais.

— Allons, mauvaise tête, vous avez refusé hier, n'est-ce pas ? vous consentirez demain.

— Pas plus qu'hier. Tenez, soyez bon, ne me parlez plus de cela. Voyez comme je suis rouge. Eh bien, c'est que je suis en colère. Il fait ici une chaleur ! J'étouffe.

— Voulez-vous, ma chère Georgina, venir faire une petite promenade ?

— Ah ! très volontiers. Je serai charmée de sortir.

— Donnez-moi une place dans votre voiture, Georgina, où se tient-elle ?

— Là, dans la rue Montpensier.

— J'y vais.

Nous voilà installés : il était excellent, le prince Murat, et certes il ne faisait pas l'aimable.

— Allons au Bois de Boulogne.

— Allons.

J'étais enchantée d'avoir quitté ma loge avant le départ du Consul. Petit amour-propre satisfait, et cœur blessé. Ah ! les pauvres femmes !

— Voyons, général, que me voulez-vous ? Vous voyez bien que c'est fini, le Consul est resté quinze jours sans me voir.

— Eh bien, qu'est-ce que cela prouve. Vous croyez donc, ma chère, que c'est un homme comme un autre, folle que vous êtes ?

— Vous dites folle, dites donc sotte. Vous dites que ce n'est pas un homme comme les autres. Vous avez raison, c'est un bien grand homme au-dessus de tout, mais pour les femmes c'est un homme comme les autres.

— Vous vous valez toutes. Malgré votre charmante colère, il ne faut pas être entêtée, il faut y aller demain, il le désire. Je vous le dis pour vous. Vous feriez mal, très mal de tenir rigueur ; soyez heureuse qu'il désire vous voir. Ah ! ma chère, d'autres femmes se conduiraient avec plus d'habileté. Si vous écoutez votre tête, elle vous fera faire bien des folies, et plus tard vous vous en repentirez.

— Vous me parlez comme un sage, c'est beau, vous m'édifiez vraiment, et vous me faites rire, vous le beau et brillant Murat merci mille fois de vos sévères conseils, je tâcherai d'en profiter si je puis mais alors je deviendrai fausse. Est-ce cela ? ai-je bien compris ? Je ferai ce que vous me conseillez. Je reverrai le Consul, mais avec un masque si je ne me déguise pas, je suis tout à fait disgraciée.

— Soit, mettez le masque, mais qu'il soit d'une couleur bien tendre.

— Changeante, voulez-vous dire ? Tenez, général, vous êtes tous des monstres.

Le lendemain je fus aux Tuileries, mais sans joie je ne sais pas pourquoi, mais il semblait qu'un malheur m'attendait. Le Consul fut le même, toujours bon, toujours aimant ; moi, je faisais une contenance qui n'était que de la manière, je ne souriais pas, j'étais froide et sérieuse. Le Consul se mit à rire.

— Ah ! voilà que vous vous faites un visage. Quittez-le vite, il vous va fort mal, ne me gâtez pas Georgina : cette bouderie est sans charme. Revenez vite à votre nature. Soyez comme vous étiez hier dans votre loge, un enfant gâté et mai élevé, qui ne veut pas qu'on le contrarie.

— Et vous, Monsieur, ne soyez pas si longtemps éloigné de moi, ce qui me déplaît et m'ennuie horriblement.

— On ne fait pas tout ce que l'on veut, ma chère Georgina : mais quoi qu'il arrive, soyez assurée que j'aurai toujours un tendre attachement pour vous et que je ne vous perdrai pas de vue.

— Mais, c'est fort triste ce que vous me dites là ; je ne vous verrai donc plus ?

— Si, ma chère, toujours, je vous le promets. Soyez sans crainte. En voilà assez, plus de questions aujourd'hui. Soyez bonne et naturelle et comptez sur moi.

Je rentrai triste chez moi. Malgré toutes les tendresses du Consul je sentais qu'il allait se passer quelque chose de sombre pour moi ; c'est alors que je me répétais :

— Je partirai.

Je revis le Consul peu de jours après en entrant il me prit les mains avec une bonté inouïe, me fit asseoir.

— Ma chère Georgina, il faut que je te dise une chose qui va t'affliger ; mais pendant quelque temps je cesserai de te voir. Eh bien ! tu ne dis rien.

— Non, je m'y attendais. J'aurais été trop insensée de croire que moi, qui ne suis rien au monde, j'aurais pu occuper une place, je ne dis pas dans votre cœur, mais dans votre pensée. J'ai été une simple distraction, voilà tout.

— Tu es une enfant et tu es charmante en me disant cela, tu me prouves ton attachement et je t'aime de m'aimer. On nous aime si peu, nous ! Mais je te reverrai, je te le promets.

— Merci de vos bienveillantes paroles, mais je ne profiterai pas de vos bontés je partirai.

— Je ne crois pas cela, tu ne feras pas cette faute, tu perdrais ton avenir.

— Mon avenir, je n'en ai plus. D'ailleurs, peu m'importe, je partirai.

Le Consul fut plus excellent qu'il ne l'avait jamais été ; je fus profondément touchée de tout ce qu'il daigna me faire entendre de paroles douces et consolantes il était si bon. Il me retint fort tard.

— Allons, ma bonne Georgina, au revoir !

— Ah non pas au revoir, adieu !

Tout disparut devant moi : il me semblait que tout était mort, que rien ne s'animerait plus. Ah ! c'est quand on se sépare que l'on sent le bonheur que l'on perd. J’étais une autre femme bien affaissée par la douleur.

— Eh bien, Clémentine, vous ne passerez plus des nuits à m'attendre ; il parait que je ne verrai plus le Consul.

— Est-il possible ?

— C'est possible, pour quelque temps, m'a-t-il dit.

— Il faut le croire, Mademoiselle. Un homme comme lui ne se gêne pas, et si c'était rompu tout à fait, il vous l'aurait dit.

Nous passions le reste de la nuit à faire mille conjonctures. Il était près de six heures quand je revins des Tuileries.

A dix heures, je fis chercher mon bon Talma et il arriva tout essoufflé.

— Eh bon Dieu ! qu'est-il arrivé ? ma chère amie, pour me faire chercher si matin ?

— Il arrive que je ne verrai plus le Consul.

— Comment donc cela n'est pas possible

— Oh ! d'abord, tout est possible, bon ami. Quand on s'est jetée dans une position trop élevée, l'avenir n'existe pas. Pourtant le Consul a été d'une tendresse et d'une bonté angéliques. II m'a dit : « Ma chère Georgina, pendant quelque temps je ne vous verrat plus. Il va se passer un grand événement qui prendra tous mes instants ; mais je vous reverrai, je vous le promets[14]. »

— Eh bien, ma chère, il faut le croire. Mais le grand événement ? Voilà, j'y suis, tu ne sais donc pas. On parle du couronnement du Consul qui sera proclamé empereur on dit même que le Pape viendra le sacrer à Notre-Dame ; ce sont tes bruits qui courent, mais il n'y a rien d'officiel là-dessus.

— Eh bien, cher ami, quand cela serait, ce n'est pas parce que je verrais le Consul que le Pape ne viendrait pas et que je ferais manquer le couronnement.

— Non, il a besoin lui-même de faire cesser les bavardages.

—Dites, mon cher, que sa fantaisie est passée ou bien veut-il faire ses dévotions avec humilité et ne pas en être distrait par la tentation. à là bonne heure. Voyez ce qui arrive devait arriver, je vous l'ai. dit cent fois. Je n'ai pas à me plaindre. Je suis la seule fautive ! A la grâce de Dieu ! Je souffre, c'est bien fait. Oui, cher ami, je souffre ; mon cœur n'est pas un capital placé à gros intérêt. Je l'ai donné loyalement, sans calcul. Je n'ai pas songé un moment à la fortune, il le sait bien lui : je n'ai jamais rien demandé, rien désiré. J'étais heureuse du bonheur de le voir. Croyez bien, cher ami, que je dois souffrir beaucoup.

— Tu te montes la tête, tu vas, tu vas, et tu n'as pas le sens commun. Pouvais-tu t'imaginer qu'un homme comme lui se transformerait en amoureux des fables de Florian ? Quand on a le bonheur de fixer les regards d'un homme aussi immense, il faut, ma chérie, se faire grande et laisser de côté toutes ces idées d'amourettes enfantines.

— Vous avez raison. Je ne dirai plus rien et je ne me plaindrai pas d'un mal qui doit céder devant les grandeurs. Je redeviendrai Georgina comme devant, et reprendrai ma gaieté et ma chère indifférence. Déjeunons, Talma, puis, si vous vouliez être bien gentil, nous irions nous promener a la campagne.

— Mais il fait un froid de loup, ma chère.

— Bah ! le froid fait du bien, il calme ; la glace est bonne quand on a la fièvre. Puis vous irez prévenir chez vous que vous dinerez avec moi. D'abord je ne vous laisse pas aller, je veux passer toute la journée avec vous, nous irons ce soir entendre notre naïf Brunet. Vous savez, grand tragique, comme il vous fait rire, rire à faire événement.

— Mais tu disposes de moi ; j'avais à faire, j'avais des visites à rendre.

— Bah ! vous ferez tout cela demain. Demain j'aurai pris mon parti et vous rendrai votre liberté. C'est dit.

— Allons, fais de moi ce que tu voudras, folle je suis ton esclave, jusqu'à ce soir.

Le bruit du couronnement s'accréditait de jour en jour, et devint enfin officiel. Un mois après il eut lieu[15].

J'étais d'une tristesse accablante. Pourquoi ? Je devais être joyeuse de voir le grand Napoléon élevé au rang qui lui appartenait et qu'il avait conquis : mais l'égoïsme est toujours là. Il me semblait qu'une fois sur le trône, jamais l'Empereur ne reverrait la pauvre Georgina. Je ne désirais pas voir cette cérémonie, j'avais des places pour Notre-Dame. Rien ne m'aurait décidée à y aller. D'ailleurs, je n'ai jamais eu la moindre curiosité pour les fêtes publiques. Mais ma famille voulait voir. Je fis louer des croisées dans une maison qui faisait face au Pont-Neuf[16] ; pour 300 francs nous en fûmes quittes mais il fallait aller à pied, j'eus bien de la peine à m'y décider ; de la rue Saint-Honoré la course était bonne, et au mois de décembre Nous fîmes nos toilettes à la lumière et quand nous partîmes, à peine s'il faisait jour. Les rues étaient encombrées, sablées, on ne pouvait marcher qu'au pas, tant il y avait du monde ! Au bout de deux heures, nous étions en possession de nos chères fenêtres. Mon valet de chambre ayant été à l'avance commander un bon feu et le déjeuner, nous étions à l'abri du froid et de la faim. L'argent est bon quelquefois. Nous avions quatre fenêtres, deux sur la place et deux sur le quai. Le salon était bien très bonnes bergères, très bons fauteuils, c'est-à-dire tous très-durs, tes meubles de cette époque étaient atroces.

Au moindre mouvement on se jetait aux fenêtres.

— Viens, ma sœur, viens voir le cortège.

— C'est bien, j'aurai le temps. Vous ouvrez les fenêtres à chaque instant, je suis gelée, laisse-moi au feu, il faudra peut-être jouer demain je n'ai pas envie de m'enrhumer Puis j'étais d'un ennui assommant.

— Je dors. Vous m'éveillerez, quand vous verrez les chevaux.

— Ah ! Ah ! le cortège !

Cette fois, c'était bien lui[17].

Les voitures à glace, toute la famille, les sœurs de l'Empereur, cette belle et suave Hortense. (Je ne me rappelle pas, si elle y était mais elle devait y être)[18]. La voiture du Pape Pie VII[19] le porte-croix monté sur sa mute et que les mauvais petit gamins tourmentaient[20] les pièces de monnaie que l'on jetait dans la foule[21].

Enfin la voiture de l'Empereur, chargée d'or tous les pages sur les marchepieds, derrière, partout, étaient admirables à voir. Nous étions au premier étage et rien ne nous échappait nos regards plongeaient dans les voitures. L'Empereur, calme, souriant ; l'Impératrice Joséphine était merveilleuse toujours un goût parfait dans sa toilette, mais elle était toujours noble toujours le regard bienveillant, qui vous attirait vers elle. Elle était, sous ses habits impériaux, la plus simple et la plus ravissante. Le diadème[22] était porté sans qu'il put lui paraitre lourd. Elle saluait son peuple avec tant de bonté et d'encouragement que toutes les sympathies lui appartenaient. Elle était imposante pourtant, mais son sourire vous attirait à elle et l'on serait arrivé sous son regard sans crainte, persuadé qu'elle ne vous repousserait pas. Ah c'est qu'elle était bien bonne, cette adorable femme Les grandeurs ne l'avaient pas changée : c'était une femme d'esprit et de cœur. Quel malheur pour la France, pour l'Empereur, que ce divorce

Le brillant cortège fini, je rentrai chez moi, le cœur triste, en me disant :

— Allons, tout est fini !

Je n'entendis point parler de l'Empereur et ne cherchai pas à l'interroger. J'avais l'habitude de lui écrire un petit billet, quand je ne le voyais pas mais je trouvais que je devais me tenir à l'écart, ce que je fis. Les fêtes, les illuminations et les feux d'artifice ne manquèrent pas[23]. Je n'avais certes pas l'envie de courir pour voir le spectacle. Mars vint avec Armand[24], Thénard[25], Bourgoin ; ils me forcèrent à venir avec eux aux Tuileries. J'aurais eu mauvaise grâce à ne pas leur céder, mais ma sœur[26] brûlait d'envie de courir, et comme la fille de Mars était la petite amie de ma sœur, il fallut bien se résigner. Nous voilà aux Tuileries. Au milieu d'une foule compacte qui s'étouffait, t'Empereur, l'Impératrice et toute la Cour étaient sur le balcon, venant saluer cette foule remplie d'enthousiasme. Il y eut un moment vraiment dangereux. Les femmes criant : « J'étouffe ! » mes deux pauvres petites criant plus fort que' tout le monde.

— Ah ! ma fille criait Mars tout épouvantée

— Ah ! ma sœur, sauvez ma sœur, Armand.

Et nous voilà bissant nos deux enfants sur les épaules de ce pauvre Armand.

— Mes amis, sortons d'ici, s'il est possible, ou nous serons foulés sous les pieds.

Nous vîmes alors Lafon, Talma et Fleury, qui vinrent à nous heureusement, mon Dieu, ils nous firent un passage et grâce à eux nous gagnâmes la rue.

— Voilà une jolie soirée, nous sommes presque déshabillées et toute déchirées ; mon cachemire est joli, en vérité, il ne tient plus ; je le garderai comme souvenir de la distraction que nous nous sommes donnée.

Bourgoin était furieuse.

— Tenez, ma fille, mon beau voile d'Angleterre a le même sort que votre cachemire.

— Que le bon Dieu te bénisse Armand, tu en es la cause. Pourquoi es-tu venu me chercher ?

Nous finîmes par rire de tout ce désordre de toilette. Cette bonne Thénard nous dit

— La soirée ne peut finir ainsi, venez tous à la maison, nous danserons, nous souperons, puis, mes enfants, chacun chez soi.

— Soit, dit Fleury, allons danser.

J'étais plus rieuse et plus entrain qu'eux tous, c'était la fièvre. Nous dansâmes comme des perdus, nous valsâmes, j'avais pris Lafon.

— Ah ! ma chère, ne va pas si vite. Eh ! mon Dieu, la tête me tourne, arrête donc !

— Et bien, ami, tournons plus vite.

— Je te dis, ma bonne, que je n'en puis plus, je vais me laisser tomber.

Effectivement il se lit tomber exprès.

— A présent, ma bonne, tu me laisseras en repos.

On se moquait de lui, on le mit en pénitence.

— Très bien, mes amis ; allez, je me trouve à merveille dans ce petit coin où vous me placez. Seulement, donnez-moi de quoi me rafraîchir.

— Thénard, un grand verre d'eau. Lafon a soif.

— Ne vous dérangez pas, mes amis, je vais me servir moi-même, je sais où est la fontaine.

Il passa dans la salle à manger, et là il se servit lui-même de très bon vin.

— Ah ! Voyez-vous le Gascon, comme il se joue de nous Vite à table, il ferait tout disparaitre pour se venger[27].

Nous nous retirâmes à six heures du matin. Bourgoin dormait dans tous les coins.

— Ah ! ma fille, je n'en puis plus, je n'aurai jamais le courage de rentrer chez moi.

— Je vous reconduirai, soyez tranquille.

— Et moi, George, dit Mars, il faut me reconduire aussi.

— Et nous de même.

— Mais, où voulez-vous que je vous mette tous ? C’est impossible.

— Et cette chère Mezeray, je la garde ici ; on lui fera un lit sur un canapé.

— Venez donc et arrangez-vous comme vous pourrez.

Mars, Bourgoin et moi dans la voiture, les deux enfants avec nous et sauve qui peut ! Armand sur le siège, Talma aussi, Fleury et Lafon derrière.

— Bourgoin, ma fille, chasse Talma rue de Seine[28]. C'est une jolie promenade qu'on nous fait faire, les pauvres chevaux en ont leur charge.

Armand, Mars[29], rue de Richelieu, le beau Lafon rue Villedo, Fleury, rue Traversière[30].

— Bonjour, mes chers camarades, nous serons tous bien frais aujourd'hui, mais nous nous serons bien amusés et bien fatigués. Courage à vous autres de la Comédie ; je ne désespère pas que le public de ce soir vous siffle, vous dormirez debout[31].

Dix jours après le couronnement, l'Empereur fit demander Cinna. Son apparition avec l'Impératrice fit éclater un enthousiasme que rien ne peut décrire. Toutes les dames debout agitant leur mouchoir, les cris de : « Vive l'Empereur Vive l'Impératrice ! » étaient à vous fendre le crâne. C'était juste et beau, hommage d'enthousiasme bien mérite. Chose étrange, je restai froide et insensible comme une statue de marbre, il s'élevait une barrière infranchissable mes yeux entre un Empereur et moi. Le passé si charmant devait s'effacer de ma mémoire. Le pouvait-il de mon cœur ? il fallait l'essayer le combat était bien douloureux. Soyons artiste, simplement, oublions. J'entrai en scène avec la ferme volonté de n'être qu'Émilie et rien de plus. Je ne tournai pas une seule fois les yeux du côté de cette loge qui naguère me causait tant de joie. Je jouai de mon mieux, encouragée par Talma qui me répétait sans cesse :

— Ne te laisse pas aller, au moins. Vois cette salle comble et composée de toutes les illustrations ma chère amie, songe à ton avenir, ne laisse pas prise à la critique, par orgueil même, à cause de la présence de l'Empereur. Tu dois te surpasser.

Cher ami, c'était bien vrai ce qu'il me disait : aussi mon imagination assez vive se monta et véritablement j'oubliais tout et je tâchais de me mettre à la hauteur de mon personnage. Mon Talma était heureux de mon succès. Dans mes scènes avec lui, il me disait tout bas :

— C'est cela, tu vas bien, continue ne force pas ta voix.

Pourtant, il y avait de quoi me troubler : l'Empereur m'applaudissait beaucoup et la bonne et bienveillante Joséphine approuvait par des signes de sa gracieuse tête les applaudissements que l'on me donnait. Au cinquième acte, au fameux vers :

Si j'ai séduit Cinna, j'en séduirai bien d'autres

je dis ce vers tout bas, je sentais combien l'application serait inconvenante. Le public le sentit aussi, ce fin et délicat public parisien M se fit un grand silence, je respirai librement et relevai la tête. L'Empereur et l'impératrice nous firent complimenter...

Au milieu de tout cela, je n'entendais pas parler de l'Empereur, depuis le sacre. le faisais mille projets, je commençais un peu moins m'isoler, je recevais plus de monde je recherchais, non les plaisirs, mais la distraction du bruit qui m'empêchait de penser c'était tout ce que je pouvais souhaiter.

Enfin, après plus de cinq semaines, Constant arriva.

— Quel hasard vous mène ici après une si longue absence ? que voulez-vous ?

— L'Empereur vous prie de venir ce soir.

— Ah ! il se souvient de moi. Dites à l'Empereur que je me rendrai à ses ordres. Quelle heure ?

— Huit heures.

— Je serai prête.

Ah ! cette fois, j'étais impatiente, je ne tenais pas en place j'ai mon pauvre cœur froissé, mon Dieu !

J'avais fait une toilette éblouissante. L'Empereur me reçut avec la même bonté.

— Que vous êtes belle Georgina, quelle parure !

— Peut-on être trop bien, Sire, quand on a l'honneur d'être admise auprès de Votre Majesté ?

— Ah ! ma chère, quelle tenue et quel langage maniérés ! Allons, Georgina, les manières guindées vous vont mal. Soyez ce que vous étiez, une excellente personne franche et simple.

— Sire, en cinq semaines on change ; vous m'avez donné le temps de réfléchir et de me déshabituer Non, je ne suis plus la même, je le sens Je serai toujours honorée quand Votre Majesté daignera me recevoir. Voilà tout. Je ne suis plus gaie ! Que voulez-vous ? Je suis découragée, il faut que je change d'air.

Que vous dirai-je ? H fut très indulgent, il fut parfait, se donnant la peine de me désabuser sur mes craintes. Je recevais ses bonnes paroles, mais je n'y croyais pas. Je rentrai avec des pensées très mauvaises, presque paralysée. Dois-je croire ? Dois-je douter ? Oui, je l'ai retrouvé, comme par le passé, mais je ne sais pourquoi l'Empereur a chassé mon Premier Consul. Tout est plus grand, plus imposant, le bonheur ne doit plus être là. Cherchons-le ailleurs, si le bonheur existe.

 

Ce roman finit comme une aventure de grisette, mais ici, les héros sont d'une autre qualité.

Tandis que l'une, déchue d'un si haut rêve, proie amoureuse tombée des puissantes serres de l'Aigle, retourne, un peu blessée, un peu meurtrie, mais orgueilleuse encore, à la bataille dramatique l'autre, plus libre ? non, car jamais il ne fut pris, ayant secoué l'ennui de la lassitude, se tourne vers son avenir, et dans cet avenir, monte déjà l'orbe lumineux, froid et triomphal, du futur soleil d'Austerlitz.

 

 

 



[1] ALEXANDRE DUMAS, Mes Mémoires, t. IV, chap. LXXXVII, p. 1.

[2] FRÉDÉRIC MASSON, vol. cit., p. 121.

[3] « Mlle George passait pour être richement protégée par le Premier Consul, il n'affichait point cette protection, mais on en parlait en haut lieu. » TH. IUNG, Lucien Bonaparte et ses Mémoires, t. II, p. 366.

[4] CONSTANT, Mémoires.

[5] STENDHAL, Napoléon, Paris, 1898, p. 28.

[6] Manuscrit de Mlle George.

[7] COUSIN D'AVALON, vol. cit., p. 289.

[8] Ceci était écrit en 1810.

[9] L'anecdote, contée par COUSIN D'AVALON, dans son recueil Bonapartiana, en 1829, p. 284, et reproduite en 1834 dans l'Histoire des Amours de Napoléon Bonaparte, avait été primitivement publiée par LEWIS GOLDSMITH en 1810 dans l'Histoire secrète du Cabinet de Napoléon Bonaparte et de la Cour de Saint-Cloud, par Lewis Goldsmith, notaire, ex-interprète près les Cours de Justice et le Conseil des Prises de Paris imprimé à Londres et vendu il Paris chez les marchands de nouveautés, in-8°, pp. 99, 100.

[10] FRÉDÉRIC MASSON, vol. cit., p. 136.

[11] COUSIN D'AVALON, vol. cit., p. 289. — Celui-ci ajoute : « Quelques personnes prétendent qu'il lui donna avec ironie une pièce de cinq francs, sur laquelle est son effigie. »

[12] « Deux anecdotes aussi insolentes qu'absurdes. » E. DE MIRECOURT, vol. cit., p. 40, note.

[13] Comte REMACLE, vol. cit.

[14] « Ce sont, ses propres paroles, chère Madame Valmore. » Note du manuscrit de Mlle George.

[15] Une note de George indique : « Décembre, la date, jour, l'année. » Elle ne se souvient ni de l'un ni de l'autre On sait que le couronnement et le sacre eurent lieu 11 frimaire an XIII.

[16] « Le cortège, parti des Tuileries à dix heures moins cinq, avait pris par le Carrousel et la rue Saint-Nicaise, mais ce ne fut que rue Saint-Honoré et rue du Roule qu'il put déployer toute la magnificence dont l'Empereur voulait éblouir son peuple. On a dépassé la rue Saint-Louis, la rue du Marché-Neuf et on débouche place du Parvis. Il est onze heures vingt-cinq. Les tambours battent leur ban grondant et tumultueux. » HECTOR FLEISCHMANN, l'Épopée du Sacre (1804-1805), 1908, pp. 159, 162.

[17] « Si Valmore voulait, se charger de faire la description de ce magnifique cortège, ce serait fait de main de maitre et moi je n'y entends rien du tout, et cette description est bien essentielle elle fera diversion aux petits détails insignifiants. » Note du manuscrit de Mlle George.

[18] Hortense de Beauharnais, devenue Mme Louis Bonaparte, assistait au couronnement. On trouve son nom, avec celui des autres princesses, p. 22 du Procès-verbal de la cérémonie du Sacre et du Couronnement de L. L. MM. l'Empereur Napoléon et l'Impératrice Joséphine, rédigé par le grand maître des cérémonies, L.-P. Ségur, et imprimé par l'Imprimerie Impériale an XIII.

[19] Les souvenirs de George manquent ici de précision. Ce cortège du Pape avait précédé de près d'une heure celui de l'Empereur. Le procès-verbal indique le départ du premier à neuf heures (p. 14) et celui du second à dix heures (p. 19).

[20] C'était Mgr Sporoni. Il avait failli perdre sa croix lors du passage du Mont-Cenis.

[21] « A toi, Valmore, tous ces détails. » Note du manuscrit de Mlle George.

[22] Le joailler Marguerite, Au Vase d'Or, rue Saint-Honoré, réclama 15.000 francs pour la « façon seule du diadème de l'Impératrice ».

[23] Leur dépense s'éleva à 177.971 fr. 22.

[24] Armand-Benoit Roussel, dit Armand, né à Versailles, le 20 novembre 1773, joua d'abord sur la scène du théâtre Feydeau. Il appartint à la Comédie-Française jusqu'au 1er avril 1830 et mourut, le 19 juin 1852.

[25] Marie-Magdelaine-Claudine Chevalier-Perrin, dite Thénard, née à Voiron (Dauphiné), le 11 décembre 1757, débuta à la Comédie, pour la première fois le 1er octobre 1777, et pour la seconde fois, le 26 mai 1781. Elle se retira le 1er avril 1819 et mourut ù Paris, le 20 décembre 1849.

[26] George cadette avait, à cette époque, huit ans.

[27] « Tous ces détails sont très enfantins, mais comme ils sont vrais, vous en ferez ce que vous voudrez. » Note du manuscrit de Mlle George.

[28] Il habitait au n° 6 de la rue de Seine.

[29] C'est au n° 8 de la rue de Richelieu, alors rue de la Loi, que logeait Mars.

[30] Au n° 25 de la rue Traversière.

[31] « Votre esprit si gai et si enfant trouvera quelques drôleries dans cet affreux récit ! Que voulez-vous ! chère belle, c'était bête comme je vous le raconte et deviendra spirituel et amusant sous votre plume. » Note du manuscrit de Mlle George.