UNE MAÎTRESSE DE NAPOLÉON

LIVRE II. — LA FEMME QUI COUCHA AVEC L'EMPEREUR

 

I. — BORGIA OU DON JUAN ?

 

 

Les incidents des amours de Napoléon, ces amours elles-mêmes, sont aujourd'hui à peu près connues dans leurs moindres détails. Ce qui demeure obscur davantage, c'est la psychologie amoureuse de l'Empereur. Il y a là en soi quelque chose de déconcertant, tant lui-même s'est applique à dérouter l'opinion publique et la postérité. Jeune, alors qu'il connaît la tristesse des exils, en des écoles militaires provinciales, il estime que « sans la femme il n'est ni santé ni bonheur[1] ». De quelle femme entend-il parler ? De l'épouse, assurément. Sa présence au foyer régularise les passions, apporte la collaboration au bien-être. Mais le rôle que ce Bonaparte de 1789 et de 179l voit pour la femme, c'est un rôle purement physique. Le mot « santé n'est point une image littéraire pour lui. Partant de ce principe, il ne peut que proscrire l'amour. Quand, à Auxonne, il en parle avec son camarade Des Mazis, c'est pour le condamner de toutes ses forces « Je fais plus que nier son existence, lui dit-il, je le crois nuisible à la société, au bonheur individuel des hommes. Enfin, je-crois que l'amour fait plus de mal que de bien, et que ce serait un bienfait d'une divinité protectrice que de nous en défaire et d'en délivrer les hommes[2]. » Pourquoi parle-t-il ainsi 'r Quelle désillusion lui met ces mots cruels à la bouche A-t-il eu des amours contrariées et s'en venge-t-il en déclamant contre l'amour ? Non, mais dans son métier où l'honneur est au-dessus de tout, il sait ce que fait faire l'amour, il sait quel ferment de destruction et de trahison il apporte dans les âmes les mieux trempées. « Quoi, chevalier, écrit-il dans son Dialogue sur l'amour, vous croyez que l'amour est le chemin de la vertu ?... Depuis que cette passion fatale a troublé votre repos, avez-vous envisagé d'autre jouissance que celle de l'amour ? )) Or, un gentilhomme ne saurait honorablement porter l'épée qu'en ayant le respect de la vertu. N'entendez point là qu'il prétend imposer et s'imposer la règle de la continence. « N'ayez que des passades et point des maîtresses, » lui fait écrire, dans une lettre apocryphe, un pamphlet de 1814[3]. Et, chose curieuse, que toute sa vie amoureuse démontre, le pamphlet a raison contre l'Empereur. La femme, si elle n'est point l'épouse, c'est-à-dire celle en qui repose l'honneur du foyer et le destin de la race, ne saurait être qu'un instrument de plaisir méprisable. Ce sentiment il l'appliquera avec toutes les maîtresses que le hasard ou le caprice mettront sur sa route. Une seule en sera exceptée, Mme Walewska. Pourquoi ? Parce qu'elle lui a donné un fils et qu'il songe à l'hérédité[4]. Instruments d'amour, les femmes sont, comme l'amour, nuisibles. « Un peuple livré à la galanterie a même perdu le degré d'énergie nécessaire pour concevoir qu'un patriote puisse exister,’ écrit-il dans un de ses manuscrits[5]. Or, pour qui conçoit rien de plus haut, rien de plus digne du plus large effort que l'amour de la patrie, tout ce qui pourrait l'entraver est condamnable. Un peuple per verti et débauché perd la notion du patriotisme Voilà sa théorie.

Ce mépris de la femme ne va pas sans quelque brutalité. Lieutenant en second d'artillerie, avec 71 livres et 5 sols de solde par mois, il se pro mène par un soir de novembre, en 1787, au Palais Royal. Alors, comme sous la Terreur, c'étai l'énorme lupanar où plus de six mille filles bat talent l'estrade, racolant le client. Bonaparte J vient, pour une expérience philosophique, dit-il[6]. On va voir laquelle. Il aborde une Me, lie conversation avec elle, et entre eux s'engage ce dialogue :

— Vous aurez bien froid, comment pouvez-vous vous résoudre à passer dans les allées ?

— Ah ! monsieur, l'espoir m'anime. Il faut terminer ma soirée.

— Vous avez l'air d'une constitution bien faible. Je suis étonné que vous ne soyez pas fatiguée du métier.

— Ah ! dame ! monsieur, il faut bien faire quelque chose.

— Cela peut-être, mais n'y a-t-il pas de métier plus propre à votre santé ?

— Non, monsieur, il faut vivre.

— Il faut que vous soyez de quelques pays septentrionaux, car vous bravez le froid.

— Je suis de Nantes, en Bretagne.

— Je connais ce pays-là... Il faut, Mademoiselle, que vous me fassiez le plaisir de me raconter la perte de votre p.....

— C'est un officier qui me l'a pris.

— En êtes-vous fâchée ?

— Oh ! oui, je vous en réponds[7].

 

L'expérience, si expérience il y a, est une de celles familières à Jean-Jacques, le Jean-Jacques des Confessions. En ce moment Rousseau est le grand homme de Bonaparte. C'est de lui qu'il s'inspire. C'est lui qu'il suit. C'est, sans doute, en songeant à la brutalité de ce dialogue, que M. Frédéric Masson, qui le commente de la manière la plus profonde et la plus perspicace, dit : « Surtout il est timide et cela le rend brutal[8]. » Voyons donc si cette excuse de la timidité peut toujours avoir la même valeur[9]. On connaît le fameux dialogue entre lui et Mme de Staël, rapporté par Arnault.

— Quelle femme aimeriez-vous le plus, général ? demande Corinne.

— La mienne, dit-il laconiquement.

— C'est tout simple, mais- laquelle aimeriez-vous le plus ?

— Celle qui saurait le mieux conduire son ménage.

— Cela, je le conçois aussi, mais laquelle regarderiez-vous comme la première des femmes ?

— Celle qui ferait le plus d'enfants, madame.

Et il lui tourne le dos.

D'amour il n'est point question ici. C'est encore la théorie de l'épouse primant la maîtresse. Plus tard, quand on lui présente, revenue de l'émigration, la duchesse de Fleury, dont on connaît les galanteries, il lui demande à brûle-pourpoint :

— Aimez-vous toujours les hommes ?

Et, elle de répondre :

— Oui, Sire, quand ils sont polis[10].

La brutalité de la question masque-t-elle ici la timidité ? N'est-elle point posée par l'homme qui a prié la fille perdue du Palais-Royal, de lui conter les péripéties de :la perte de sa virginité ? N'est-ce point toujours le même mépris qui lui fait dire ! « Il faut que les femmes ne soient rien à ma cour elles ne m'aimeront point, mais j'y gagnerai du repos ?[11] » Il a pour elles qui ne sont point à ses yeux des épouses parfaites ; par conséquent dignes de tous les respects, des mots de corps de garde. Un jour, alors qu'un domino a conté à un bal chez la reine de Naples, les fredaines de la femme d'un général, le général court se plaindre véhémentement à l'Empereur. Et lui de dire « Hé, je n'aurais pas le temps de m'occuper des affaires de l'Europe, si je me' chargeais de venger tous les cocus de ma cour[12]. » C'est là tout ce qui reste de l'ancien lieutenant d'artillerie. Cependant s'il en a conservé les principes en amour, il ne s'applique plus, avec la même' persévérance, à les mettre en pratique. Alors qu'il a dit « Sans femme il n'est ni santé ni bonheur, » il a cherché à se marier, convaincu de la-stricte et rigoureuse vérité de sa théorie. Après diverses tentatives infructueuses il est parvenu à réaliser son désir. Peu importe que la femme choisie prenne à cœur de faire mentir ses principes et de se rendre indigne de sa confiance. Il est marié, cela suffit. Donc santé et bonheur. Mais alors, brusquement semble-t-il, l'amoureux, l'amant, qu'il n'a pas voulu être en dehors de la légalité de la volupté, brusquement, cet amant se réveille en lui. Il s'est lassé de vivre très retiré, comme au lendemain de Campo-Formio[13] ; le sénatus-consulte du 16 thermidor an X l'a nommé consul à vie, et les événements lui ont appris, depuis l'Égypte, qu'il vaut mieux que l'indifférence amusée de Joséphine. C'est le temps où son cœur battait vivement sous le regard d'une femme, M dit l'épouse de Junot c'est le temps où son mot « L'amour doit être un plaisir, non pas un tourment, » est confirmé par son ordre du jour à l'armée « Le Premier Consul ordonne qu'un soldat doit vaincre la douleur et la mélancolie de ses passions » c'est le temps encore où on recueille chez lui quantité de maximes « En amour comme en guerre, pour conclure il faut se voir de près, » et aussi « Qui ne sait que la seule victoire contre l'amour c'est la fuite ? » Pourtant, à quoi bon ? Ne s'ingénie-t-il pas, par contre, à démontrer la véracité de Chaptal, déclarant « Jamais l'amour n'est entré dans ses liaisons[14]. »

Il en sera ainsi jusqu'au jour où il tiendra, abandonnée, ployée, et gémissante, Mme Walewska dans ses bras, mais nous savons alors quelle puissante raison fait violence à son cœur rebelle. Pour lui la femme est demeurée jusqu'alors plus désir que caprice. Désir d'une peau blanche et rose dans l'exil égyptien et c'est Pauline Fourès, la modiste ; désir d'une ardeur qu'il imagine passionnée, au lendemain de Marengo et c'est la Grassini, chanteuse. Mais, par une contradiction qui fera toujours le charme et le piquant de cette vie extraordinaire et orageuse, le désir n'est que caprice. Cela dure un an, trois mois, huit jours. Ce ne sont pour lui que des passantes, ces maîtresses toujours consentantes, et une fois encore nous pouvons rappeler le pamphlet et sa phrase « N'ayez que des passades et point de maîtresses. » On lui en connaît trois à l'époque de la liaison avec George. C'est la Grassini, ramenée d'Italie ; la petite Fourès, laissée en Égypte ; et Mme Branchu, la cantatrice, ravie pour une nuit à l'Opéra. Le reste, si toutefois reste il y a, n'est que menu fretin, en tous points indigne de mention. Comme ce menu fretin, les trois maîtresses ont passé. Aucune d'elles n'a pu se flatter d'avoir été plus qu'une servante d'amour. Aucune n'a eu quelque influence. Déjà il était le Maître. « Né obscur, a-t-on écrit avec raison, il conserva assez le respect du pouvoir suprême pour ne pas l'avilir. On ne vit pas sous son règne les concubines avoir une action, si minime fût-elle, dans les conseils de la politique, pas même avoir une influence quelconque dans la répartition des privilèges ou emplois, dont disposait le monarque[15]. » Tel, il ne tolère ni ingérence, ni irrespect. Il est déjà celui qui, le 24 mai 1808, écrira à Talleyrand, prince de Bénévent, vice-grand électeur, à Valençay : « Mon cousin, le prince Ferdinand en m'écrivant m'appelle mon cousin. Tâchez de faire comprendre à M. de San-Carlos que cela est ridicule et qu'il doit m'appeler simplement Sire. ». Qui traite ainsi les princes, ne saurait mieux traiter les femmes, surtout quand on n'ignore pas ce pour quoi il les considère.

Il les veut souples, dociles à son plaisir, discrètes, elles ne le sont guère toujours et intimement convaincues qu'elles sont aimées que pour cela et les agréments de leurs corps[16]. Tant pis pour elles si elles ne trouvent point la part assez large. On le verra pour George.

Ces considérations établies, on peut se demander quelle était exactement la mentalité amoureuse de Napoléon. Était-ce « l'Italien du quinzième siècle, un contemporain des Borgia et des Machiavel » que Taine se refusait à juger pour ce, « d'après les règles de la morale contemporaine » ? Était-ce, au contraire, un Don Juan de corps-de-garde, brutal en amour, soumettant les femmes à ..son caprice, par le prestige de sa dignité ? On ne saurait raisonnablement se contraindre à partager cette opinion. A considérer la vie amoureuse de l'Empereur dans son ensemble, il faut confesser que nul plus que lui, n'eut le respect du foyer et de l'épouse. A quoi sert-il d'opposer les noms de la Grassini, de Pauline Fourès, de Mme Branchu, de George, d'Eléonore Denuelle de la Plaigne, de Mlle de Vaudey, de Mlle Mathis, de Mlle Lacoste, de Mme Gazzani, de Mlle Guillebeau, de Mme Walewska, d'autres encore ? Toutes ces liaisons, ces passades, se placent entre 1799 et 1809. Dès la campagne d'Égypte, Bonaparte a su à quoi s'en tenir à l'égard de Joséphine. Il n'a rien ignoré de ses parties fines, en compagnie du joli M. Charles, à la Malmaison et dans les loges grillées des petits théâtres de la capitale. Le bruit de ce qui court les salons, les ruelles et les cafés, lui est -arrivé aux rives du Nil, où aujourd'hui le général Menou bat en retraite et achève la perte de l'Egypte. Les Bonaparte, toujours ligués contre les Beauharnais, ne lui ont rien laissé ignorer des incartades de Joséphine. Un moment il parle de divorce et sa colère épouvante Junot. Puis il tente d'oublier, et c'est le règne de Pauline Fourès qui commence. Désormais la voie est ouverte, grâce à la trahison de la créole, à la trahison conjugale de Bonaparte. Il sait maintenant ce qu'il a épousé une femme galante du Directoire, amie de la fille Cabarrus avec qui elle a roulé, de lit en lit, jusqu'à celui de Barras. L'honneur du foyer aboli, pourquoi Bonaparte lui devrait-il encore quelque respect ? Du moins met-il à l'adultère une certaine pudeur, ce que Joséphine se garde bien d'imiter. Il en sera ainsi jusqu'au divorce. Alors, quand une fille d'Autriche, de sang impérial, gardée par ses dames et défendue par le cérémonial, attestera aux yeux de l'Europe l'honneur du foyer de Napoléon et des Napoléonides, alors, c'en sera fini des passades. Plus de comédiennes, plus de lectrices, plus de filles. Ayant trouvé — du moins il le pense ! — la femme digne de perpétuer sa race, l'Empereur se fera un devoir de respecter la foi conjugale. Et ce sera le triomphe des théories qu'il rédigeait à Auxonne.

De 1799 à 1809, il a des circonstances atténuantes. Il en rejettera le bénéfice en 1810 et jusqu'à Sainte-Hélène il démontrera son respect pour le foyer et l'épouse. Du moins, dans cette période de dix ans, a-t-on pu le considérer comme un libertin ? Non, sans doute. « Il n'avait rien d'un débauché et s'il acceptait les occasions qui s'offraient, on ne saurait dire qu'il les recherchât[17]. » Cependant, pour avoir, comme chez George, recherché ces occasions, on ne saurait lui en tenir rigueur. Nous avons dit pourquoi. C'était déjà l'époque où la créole se fanait, où ses quarante et un ans la rendaient jalouse, acariâtre. Lui, a trente-trois ans. La force de l'âge lui fait battre au cœur un sang doublement violent et chaleureux d'être jeune et d'être Corse. Puis, il sait que sa « vieille femme n'a pas besoin de lui pour s'amuser[18]. » M. Les remords de celle qui, le dédaignant général[19], s'accroche à lui désespérément lorsqu'il a ceint le laurier césarien, ces regrets, ces larmes d'un repentir où il y a peut-être encore de la comédie, tout cela lui semble tardif et désormais inutile. La chair parle en lui, et la chair est impérieuse. Pourquoi, au corps merveilleux de George dévêtue et offerte à son désir, préférerait-il la peau déjà ridée, fanée et jaune, de celle qui a été la fille à plaisir de M. Charles ? Il n'hésite pas. Il a choisi. S'il méprise le jouet, il ne méprise pas la volupté.

Borgia ou Don Juan, pour cela ?

Non.

Homme, simplement, et Corse.

 

 

 



[1] NAPOLÉON BONAPARTE, Discours présenté à l'Académie de Lyon (1791).

[2] TH. IUNG, Bonaparte et son temps, t. I, p. 75.

[3] Rêve ou vision de Bonaparte, le lendemain de l'accouchement de l'impératrice Marie-Louise ; confidence qu'il en a faite à D*** (Duroc) et à S*** (Savary), suivi de sa correspondance avec son frère Jérôme, remplie de détails curieux e/ restés secrets jusqu'à ce jour. [Anonyme]. Londres et Paris, chez les marchands de nouveautés ; 1814, in-8°, 37 pages.

[4] « Il eut des maitresses et les aima rapidement et sans phrases. Il ne se laissa jamais dominer par elles. Il ne leur consacra pas trop de temps. » HENRI D'ALMÉDAS, Une amoureuse : Pauline Bonaparte, p. 351. « On a prétendu qu'il traitait, toujours les femmes en despote ; que, si belles, si attrayantes qu'aient été ses maîtresses, il n'avait jamais été l'esclave d'aucune d'elles. » COMTE D'HÉRISSON, le Cabinet noir, Paris, 1887, p. 127. — « Devant lui la femme n'était qu'une machine privée de la faculté de vouloir. » Les femmes galantes de Napoléon ; secrets de cour et de palais. Londres et Genève, 1863 ; imprimé chez Falle, place Royale à Jersey, t. II, p. 27.

[5] FRÉDËRIC MASSON et GUIDO BIAGI, Napoléon inconnu ; papiers inédits (1786-1793) accompagné de notes sur la jeunesse de Napoléon (1769-1793) Paris, 1895, t. I, p. 185.

[6] FRÉDËRIC MASSON et GUIDO BIAGI, Napoléon inconnu ; papiers inédits (1786-1793), t. I, p. 179.

[7] FRÉDËRIC MASSON et GUIDO BIAGI, Napoléon inconnu ; papiers inédits (1786-1793), t. I, p. 182. Ce manuscrit de Bonaparte porte en tête cette mention : « Jeudi, 22 novembre 1787, à Paris, Hôtel de Cherbourg, rue du Four-Saint-Honoré. Il a été publié pour la première fois par M. FRÉDËRIC MASSON dans la revus les Lettres et les Arts, réédité dans Napoléon et les Femmes l'Amour, pp. 3 à 6, et, republié enfin dans Napoléon inconnu, t. I, pp. 181-183.

[8] FRÉDÉRIC MASSON, Napoléon el les Femmes, conférence prononcée à la société des Conférences, le 28 février 1908.

[9] George cependant nie, quant à elle, cette brutalité en amour. Un a fait à l'Empereur une réputation de brusquerie, dit-elle. Calomnie jointe à tant d'autres, à tant de mensonges, qui faisaient hausser les épaules aussi en lisant ces souvenirs, que de gens diront : « Bah ! tout ceci n'est pas croyable, elle brode. Croyez ou ne croyez pas, chers lecteurs, à vous permis. J'écris la vérité vraie. Je ne l'embellis point et n'invente point. Je raconte ce que l'Empereur était, pour moi du moins, doux, gai, et même enfant. Les heures près de lui passaient sans les compter, le jour venait nous étonner. Je m'éloignais et désirais revenir. Mon retour ne tardait guère. Les jours me paraissaient longs et mortels. Tout le monde savait ce que je désirais tant cacher. » Manuscrit de Mlle George.

[10] MME LEBRUN, Mémoires, t. I, p. 177.

[11] MME DE RÈMUSAT, Mémoires.

[12] COUSIN D'AVALON, Bonapartania. Paris, 1829, pp. 88, 59.

[13] Lettre inédite du général Leclerc à Joseph Bonaparte ; Quartier général de Milan, 1er nivôse an VI ; 1 page in-4°. Catalogue d'autographes Eugène Charavay, avril 1894.

[14] COMTE CHAPTAL, Mes Souvenirs sur Napoléon, pp. 351.

[15] ARTHUR LÉYY, Napoléon intime, 1897, p. 175.

[16] À l'Impératrice,

« Berlin, 6 novembre 1806, 9 heures du soir.

« J'ai reçu ta lettre on tu me parais fâchée du mal que je dis des femmes. Il est vrai que je hais les femmes intrigantes au delà de tout. Je suis accoutumé à des femmes bonnes, douces, conciliantes, ce sont celles que j'aime, si elles m'ont gâté, ce n'est pas ma faute, mais la tienne. » Correspondance de Napoléon, t. XVI, p. 600.

[17] FRÉDÉRIC MASSON, vol. cit.

[18] Lettre de Napoléon au prince Eugène, Saint-Cloud, 14 avril 1806. Correspondance de Napoléon Ier, t. XII, p. 285.

[19] Annonçant son mariage à une amie, Joséphine écrivait : « Voilà le plus beau de mes rêves évanouis, on m'avait prédit que je serais reine de France. Comment cela serait-il possible, puisque j'épouse le dernier des généraux de la République ? » Cité par THÉODORE GOSSELIN, Histoire anecdotique des salons de peinture depuis 1673, Paris, 1881, p. 111.