GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME V. — LA RÉPUBLIQUE D'AUGUSTE

CHAPITRE VI. — « ARMENIA CAPTA, SIGNIS RECEPTIS ».

 

 

C'était une mission magnifique que l'Orient offrait à Auguste ; mais pouvait-il l'accepter ? Un homme seul pourrait-il personnifier en Italie la vieille république latine et en Asie Mineure la monarchie hellénisante ? S'il avait des temples en Asie Mineure, Auguste n'avait plus ce gigantesque patrimoine des rois de Pergame qui avait été la base solide de leur puissance : les forêts immenses, les grandes possessions, les innombrables fabriques de tapis, de brocarts d'or, de pergamène, la multitude des βασιλικοί ou esclaves royaux[1]. L'annexion du royaume avait dispersé ce gigantesque patrimoine : les esclaves royaux une fois mis en liberté, les grandes usines s'étaient morcelées en un nombre infini de petits ateliers privés, qui dans leur ensemble avaient probablement beaucoup plus d'activité que les anciennes fabriques immenses ; les terres étaient devenues la propriété de la république romaine qui en avait fait le partage que l'on sait. Il est malaisé de dire ce qui n'avait pas encore été dilapidé ; en tout cas, ce qui restait de cette grande fortune appartenait à Rome et non à Auguste[2]. Son patrimoine était considérable, il est vrai, et il avait aussi un grand nombre d'esclaves, mais il n'y avait pas de comparaison à faire avec les anciens rois de Pergame. Très riche pour son temps, Auguste ne possédait cependant qu'une modeste aisance, à côté des richesses infinies des anciens souverains d'Asie ; et c'est en Italie qu'il lui fallait dépenser la plus grande partie de ce qu'il possédait. Il était donc en Asie comme un dieu sans argent et sans tonnerre ; et les hommages qui lui étaient prodigués traduisaient plutôt les espérances démesurées que fondaient sur lui les Asiatiques, qu'un sentiment véritable de respect et de crainte, dont ils auraient été saisis en sa présence. Si Auguste avait eu des illusions là-dessus, deux faits lui auraient dessillé les yeux. Peu après son arrivée à Samos, c'est-à-dire sous les yeux du nouveau dieu, les habitants de Cyzique, à l'occasion de certains tumultes, avaient fait encore un de ces petits massacres de citoyens romains que depuis les grands carnages des temps de Mithridate, les villes d'Asie, tantôt l'une et tantôt l'autre, répétaient périodiquement[3]. Peu auparavant, Auguste, sur le conseil de son maitre, Athénodore de Tarse, avait voulu mettre fin à certains vols commis dans l'administration du gymnase de Tarse par une coterie de politiciens qui s'était formée là dès l'époque d'Antoine ; et il avait envoyé Athénodore lui-même pour chasser ces voleurs. Mais malgré son âge vénérable, l'appui des honnêtes gens, la renommée et la protection d'Auguste, Athénodore se trouva, dans sa ville même, exposé aux railleries et aux menaces du parti persécuté, qui était allé jusqu'à envoyer une nuit des gens qui avaient la diarrhée se soulager sur le seuil de sa maison. Et le philosophe avait dd châtier cette insulte par des jeux de mots, réunir le peuple, lui faire un discours et lui dire que l'on pouvait voir aux déjections de la ville combien elle était malade[4]. Homme ou dieu, l'autorité d'Auguste en Asie lui venait de Rome, comme la lumière de la lune lui vient du soleil : il lui fallait donc avant tout, et même pour des raisons de politique asiatique, s'efforcer de conclure un accord avec les Parthes, accord dont la nouvelle frapperait l'Asie d'étonnement et augmenterait le prestige de Rome. Cette fois encore la fortune lui vint en aide. Les choses en Arménie se précipitèrent d'elles-mêmes et plus rapidement qu'il ne pensait là où il s'efforçait de les pousser lui-même. En effet, pendant l'hiver de l'an 21 à l'an 20, tandis que les forces romaines et les contingents de Cappadoce se réunissaient sur les confins de l'Arménie, pour l'envahir au printemps, une révolution éclatait dans le royaume, renversait le roi et se déclarait prête à accepter la suprématie romaine[5]. Il n'y avait en Asie que deux grands États, Rome et l'empire des Parthes ; les petites monarchies intermédiaires, le Pont, la Cappadoce, la Comagène, l'Arménie, étaient des ombres négligeables plutôt que des réalités ; Rome et la Perse, quand l'une ne serait plus empêchée par l'autre, pourraient faire d'elles ce qui leur plairait. Auguste cependant n'annexa pas l'Arménie à l'empire, et abandonnant la politique de son père, il revint, à cette occasion, à la vieille politique du parti aristocratique[6]. D'Éphèse le proconsul ou le propréteur romains gouvernaient facilement l'ancien royaume de Pergame, c'est-à-dire l'Asie grecque, industrielle et républicaine ; car ils avaient en effet sous la main les villes grecques entre lesquelles tout le territoire était réparti. Pour gouverner tant bien que mal, et, si l'on veut, plus mal que bien, tout ce territoire, il n'y avait qu'à maintenir les institutions de ces villes. Au contraire, sur le plateau, les monarchies une fois abolies, le proconsul aurait eu à gouverner une population disséminée dans de vastes régions, sans armée, sans l'appui des institutions indigènes, sans fonctionnaires qui connussent le pays, sans autre aide enfin que le respect et la terreur qu'inspirait le nom de Rome, respect et terreur qui diminuaient à mesure que l'on s'éloignait de la mer. Comme ces contrées avaient été depuis un temps immémorial habituées à n'obéir qu'à des prêtres et à des souverains dynastiques, il était plus sage pour les dominer, de s'emparer de leurs souverains, de gouverner avec leur bras et par leur bouche, en se cachant derrière leur trône. Auguste prit donc le parti de donner à l'Arménie un nouveau roi, Tigrane, frère du roi mort, qui, pris par lui à Alexandrie après Actium, avait été élevé à Rome ; et, ne pouvant se rendre personnellement en Arménie, il lui fit placer sur la tête le diadème royal par son beau-fils Tibère, dans une cérémonie solennelle qui eut lieu dans le camp romain[7].

Le protectorat avait un autre avantage sur l'annexion : il inquiéterait moins les Parthes, qui consentiraient plus facilement à le tolérer ; tandis que pour l'Orient, si les Parthes reconnaissaient le changement survenu en Arménie, cela signifierait toujours un agrandissement considérable de la puissance et du prestige de Rome. Mais les Parthes se résigneraient-ils à faire ce pas en arrière ? Bien des gens en doutaient, et craignaient que la lutte entre Rome et la Perse ne recommençât ; toute l'Asie fut dans l'inquiétude ; le commerce fut paralysé dans les villes maritimes, telles que Byzance, où le prix du blé augmenta[8]. Mais il semble qu'Auguste avait déjà de bonnes raisons de croire que Phraatès céderait ; car, tranquille au milieu de toute cette agitation, il commença à s'occuper des affaires d'Asie. Sans jouer ouvertement le rôle d'un véritable roi, successeur des Diadoques, il essaya de concilier, sur certains points du moins, les intérêts des villes d'Asie. La question la plus grave était celle des dettes. Si les métiers des tisserands recommençaient à marcher, si les vaisseaux remettaient à la voile, la pénurie d'argent était grande ; les particuliers, les villes, les marchands, les propriétaires étaient couverts de dettes ; Rhodes elle-même, qui était la ville la plus riche, avait subi de très grandes pertes dans les guerres civiles[9] ; les autres villes se trouvaient dans des conditions encore plus malheureuses. Nous avons déjà vu que beaucoup de villes éprouvées par le tremblement de terre avaient eu recours à Rome pour leur venir en aide ; Chio laissait tomber en ruine son merveilleux portique[10] ; dans toutes les villes on voyait des décombres, des demeures abandonnées. Le mal se serait peut-être guéri de lui-même, mais avec quelle lenteur ! Il semble qu'Auguste ait compris qu'il était nécessaire de prendre une mesure radicale et qu'il ait autorisé les villes à annuler purement et simplement leurs dettes[11]. On ne manqua pas de profiter de cette faculté en beaucoup d'endroits. bien que nous sachions que Rhodes s'y refusa. Auguste s'occupa ensuite de mieux proportionner à leurs forces les tributs que payaient les villes, en diminuant ceux des villes qui s'étaient appauvries, et en grossissant ceux des villes plus riches[12] ; il introduisit aussi certaines réformes constitutionnelles dans quelques-unes de ces villes qui probablement les demandaient[13] ; il fit expier à Cyzique le massacre des citoyens romains, en enlevant à cette ville sa liberté[14]. Il rétablit enfin un peu d'ordre dans les régions des hauts plateaux. Il reconstitua, dans la partie orientale qui comprend la chaîne de l'Amanos, l'ancien royaume de ce Tarcondimète qui était mort pendant la guerre d'Actium sous les ordres d'Antoine, en rappelant sur le trône et dans les biens du père son fils qui portait le même nom[15]. Artavasde, roi de la petite Arménie, étant mort depuis peu, il fit encore don de ce pays à Archélaüs, roi de Cappadoce[16]. A la frontière septentrionale de la Syrie, le petit royaume de Comagène était comme une sentinelle avancée surveillant la Perse ; son trône, abandonné à la fois par la Perse et par Rome, était vacant depuis dix ans. Auguste profita de l'occasion pour y rétablir la dynastie nationale, dans la personne d'un enfant qui portait le nom de Mithridate[17]. Cependant le 12 mai, à ce qu'il semble[18], arrivaient au camp romain les prisonniers et les enseignes restitués par Phraatès, en même temps que les ambassadeurs chargés de conclure le traité de paix définitif avec Rome.

L'Asie stupéfaite admira le grand triomphe de la politique romaine. Personne ne s'attendait à ce que l'empire des Parthes reculât ainsi après trois guerres victorieuses. Auguste était donc un dieu véritable et sa venue avait tout changé. La Perse elle-même cédait, et Rome faisait un grand pas en avant, puisqu'elle acquérait une suprématie indiscutable dans toute l'Asie Mineure. L'Italie aussi fut dans l'admiration, sans se rendre compte que le protectorat de l'Arménie était une petite chose en comparaison de la conquête de la Perse, qui avait été promise et sur laquelle on comptait. Auguste, prévoyant que bien des gens le blâmeraient de n'avoir même pas annexé l'Arménie et continué la politique de son père, avait prudemment inséré dans les lettres qu'il écrivait au sénat, pour demander l'approbation de ce qu'il avait fait, une dissertation sur la politique extérieure dans laquelle il renouvelait les vieilles doctrines de Scipion et de l'aristocratie, en démontrant que Rome ne devait plus annexer de nouvelles provinces à l'empire[19]. Mais la précaution était superflue ; ses amis, en effet, s'étaient hâtés d'étendre sur le tableau véritable des événements d'Orient, qui était une œuvre sévère de style archaïque, une toile de légende peinte dans l'élégant style césarien, et dans laquelle on représentait l'Arménie comme conquise et le roi des Parthes agenouillé devant Rome, demandant pardon des anciennes offenses, restituant les enseignes et implorant la paix. Si le sénat considéra la lettre d'Auguste comme un prodige de sagesse, le peuple admira Auguste, comme s'il avait conquis l'Arménie et la Perse. et fait justement l'opposé de ce qu'il avait déclaré utile et sage dans ses lettres.

... Jus imperiumque Phraates

Cæsaris accepit genibus minor...

écrivait cette année-là Horace[20], qui abusait un peu du privilège accordé aux poètes de dire des mensonges. On frappa des monnaies avec la légende : Armenia capta[21], et sur lesquelles un Parthe à genoux tend les enseignes[22] ; la même scène fut divulguée dans des peintures dont l'une semble avoir été retrouvée sur le mont Palatin[23]. L'Italie d'ailleurs, tout en se représentant si faussement les événements, avait plus de raisons qu'elle ne le pensait de se réjouir : en effet, ce traité rétablit pour un siècle la paix en Orient, grâce à un compromis raisonnable entre deux grands empires rivaux. Les Parthes se désintéressaient définitivement par ce traité de la politique méditerranéenne ; ils abandonnaient à Rome l'Asie Mineure et la Syrie ; ils renonçaient à descendre, en traversant les hauts plateaux, vers ces beaux rivages de la mer si ardemment convoités par la politique des Achéménides. Rome, de son côté, abandonnait le programme d'Alexandre le Grand et s'engageait à ne pas pénétrer dans l'Asie centrale. Nous connaissons assez bien les raisons qui amenèrent Rome à ce grand acte de sagesse ; nous ne savons guère. au contraire, pourquoi les Parthes abandonnèrent l'ancienne politique de l'empire persan, au moment même où Rome était si faible. Quoi qu'il en soit, c'est dans l'histoire une heure solennelle ; car c'est au moment où cette paix se conclut que naît l'Europe dans laquelle nous vivons encore. Grâce à cette paix Rome recouvre sa pleine liberté d'action en Europe ; et grâce à cette paix, elle pourra bientôt commencer en Gaule cette politique d'où naîtra la civilisation européenne. Si Rome avait continué à être occupée dans des guerres continuelles avec les Parthes sur les bords de l'Euphrate, le Rhin, frontière sauvage et inconnue de la barbarie lointaine, aurait attendu en vain les légions et les lois romaines.

Après avoir reçu les enseignes et les prisonniers, Auguste était allé en Syrie[24], ce pays des pantomimes que l'on aimait tant à Rome, à cette époque. Il voulait réorganiser le recouvrement des tributs syriaques[25] et trancher certaines difficultés que la politique d'Hérode avait fait naître en Judée. Bien que la conquête macédonienne eût porté les institutions de la polis grecque, et répandu l'hellénisme jusqu'en Syrie, cette nation sémitique, sensuelle, mystique, indifférente à la politique, à la guerre, à la philosophie, aux arts sévères, avide seulement d'argent et de plaisirs, ne travaillait, avant comme après la conquête macédonienne, avant comme après la conquête romaine, que pour entretenir dans le monde ce qu'on pourrait appeler l'empire syriaque de la volupté, et conserver le premier rang dans tous les commerces, les industries et les professions du plaisir. En se servant de paysans à demi esclaves, une classe de petits propriétaires très intelligents avaient su cultiver dans leurs jardins fameux[26] les fruits les plus exquis et les légumes les plus succulents ; fabriquer surtout dans les territoires de Laodicée un vin qu'on envoyait jusqu'aux Indes[27] ; exporter partout leurs figues fameuses[28], leurs prunes sèches[29] et leurs pistaches[30]. Les artisans n'étaient pas moins habiles que les ouvriers. Tyr et Sidon, à travers tant de guerres et de bouleversements politiques, avaient conservé leur ancien renom pour leurs industries du tissage, de la teinture et du verre. Il n'y avait pas de pourpre plus appréciée que la leur[31]. Tyr surtout, dans l'affreuse saleté de ses petites rues populeuses, pleines d'ateliers de teinturiers, demeurait la capitale pestilentielle mais richissime de la pourpre. Dans tous ces ateliers quelques ouvriers (souvent il n'y en avait qu'un) teignaient la pourpre la plus fameuse du monde, et les marchands syriaques allaient ensuite la vendre partout en en tirant un grand profit. II n'y avait guère dans l'antiquité de marchands plus habiles et plus actifs. Non contents d'exporter les produits du pays, les marchands syriaques avaient réussi à faire passer par la Syrie une partie du commerce que la Perse, la Chine et l'Inde faisaient avec les régions méditerranéennes[32] ; et ils allaient aussi fonder des maisons et des bureaux de commerce dans tout le bassin méditerranéen. Dans presque toutes les villes maritimes se trouvaient à cette époque de petites colonies sémitiques de négociants syriaques, comme à une époque plus ancienne les établissements des Phéniciens[33]. En même temps que ses marchands la Syrie envoyait dans toutes les villes riches des danseurs, des domestiques, des funambules, des musiciens, des mimes ; la plupart des musiciens, hommes ou femmes, épars dans l'empire étaient syriaques ; et syriaques aussi étaient un grand nombre de courtisanes, surtout à Rome où les gracieuses ambubaiæ plaisaient tant aux jeunes gens, et non pas seulement parce qu'elles jouaient bien de la flûte[34]. C'est ainsi que de mille façons les sémites de Syrie, souples, ingénieux et rusés, sur tous les points de l'empire, tiraient de l'or et de l'argent en échange des plaisirs et du luxe, pour les engloutir de nouveau dans le luxe et les plaisirs en Syrie ; mais dans cette perpétuelle et fatigante recherche du plaisir que les hommes sont disposés à payer au poids de l'or, dans ce contact continuel avec la volupté dont on jouit ou dont on fait jouir, cette société avait fini par subir une espèce de dégénérescence morale. Ce pays de marchands et d'armateurs n'avait jamais été capable de s'assimiler une des grandes conceptions philosophiques, une des grandes idées politiques, une des grandes aspirations artistiques ou littéraires de l'hellénisme, qui aurait pu le conduire vers de plus hauts destins. Sa littérature ne se composait que de mauvais romans grecs, pleins d'histoires de brigands, de magie et d'amour, et que l'on pourrait comparer à nos plus grossiers feuilletons ; on négligeait en Syrie les grands arts intellectuels, tels que la sculpture et l'architecture qui n'exigent pas seulement de l'ingéniosité et de l'habileté, mais de la vigueur d'esprit et de la volonté[35]. Il n'y avait plus guère que ces cultes érotiques que nous avons déjà vus répandus en Asie Mineure, et ils perdaient dans de grossières pratiques superstitieuses, dans des orgies et des fêtes fastueuses, tout l'esprit philosophique qui peut mettre les hommes en contact avec l'infini[36].

Partout la vie était facile et peu sérieuse. Au son des crotales et des sistres on avait pour ainsi dire laissé s'endormir les institutions républicaines de la polis grecque qui exigeaient de la vigueur et de l'énergie. II n'y avait plus ni luttes, ni factions, dans les villes syriaques ; l'abondance, les divertissements, les cultes voluptueux, la facilité des rapports avec les classes riches, plutôt que les menaces de la loi, maintenaient l'ordre ; les paysans eux-mêmes se résignaient docilement à leur demi servage qui, du reste, n'était pas pénible. Si l'esprit remuant des Syriaques amenait parfois des désordres, surtout dans les villes pleines d'ouvriers, ils s'apaisaient d'eux-mêmes et sans peine. Habitué à des gains faciles, tout le pays payait son tribut, c'est-à-dire la plus grande partie des sommes nécessaires à entretenir l'armée romaine, et sans murmurer, avec une indifférence docile. Il ne se plaignait pas de l'impôt, et cependant il ne se rendait pas compte que, grâce à cette armée qui gardait les frontières et assurait la paix, il pouvait envahir l'empire avec ses marchands, ses domestiques, ses joueuses de crotale et ses courtisanes.

En Syrie, pour la Syrie elle-même, Auguste eut peu à faire. Il se contenta d'enlever à Tyr et à Sidon leur liberté, à cause de certains tumultes qui avaient, quelque temps auparavant. éclaté dans ces deux villes[37]. La Judée au contraire lui donna de grands soucis. La politique d'Hérode, si sage qu'elle fût, était fort mal accueillie par cet étrange peuple juif, aussi difficile à gouverner que les Syriaques l'étaient peu. Conservateurs fanatiques de la tradition, pleins d'un orgueil national disproportionné avec leur puissance, toujours mécontents, toujours remuants, toujours favorables à une politique opposée à celle qui était en vigueur, les Juifs détestaient Hérode. A cet Iduméen converti depuis peu, à ce fils d'un ministre qui avait usurpé le trône de ses maitres, on reprochait sa politique romanophile, comme une trahison, et ses sentiments hellénophiles, comme une impiété. C'était en vain qu'Hérode s'efforçait de triompher de son impopularité en recourant aux expédients les plus ingénieux : les partisans de la famille dépossédée, les survivants de cette famille qu'il avait amenés dans son palais en épousant Marianne, nièce des deux derniers Asmonéens, avec le vain espoir de légitimer ainsi son usurpation, ne cessaient de raviver la haine du peuple. Détesté comme usurpateur, impopulaire précisément à cause de ce qu'il y avait de plus intelligent et de plus profitable dans sa politique, peu sûr même de ses intimes, cet Arabe violent, sensuel et soupçonneux, avait établi un gouvernement d'espionnage et de terreur, et, sur des soupçons injustes, il avait fait tuer Marianne. Il avait ainsi accru encore la haine populaire. Des villes et des particuliers dénonçaient continuellement à Auguste les cruautés d'Hérode ; et à ce moment même, les habitants de la ville de Gadara avaient recours à lui et lui demandaient à être compris dans la province de Syrie[38]. Auguste pouvait donc se demander si, en continuant à appuyer Hérode, il ne finirait pas par provoquer en Judée un mouvement grave et profond, dont Rome aurait la responsabilité[39]. La situation était difficile : Rome pouvait compter sur Hérode, mais son impopularité n'était-elle pas devenue si grande qu'elle ne pouvait, sans courir de gros risques, continuer à se servir de ce fidèle mais dangereux vassal ?

En Syrie, Auguste vit Hérode, donna audience aux habitants de Gadara, considéra la situation sous toutes ses faces et demeura convaincu que, malgré ses fautes et ses erreurs, Hérode travaillait à la fois pour le bien de Rome, des provinces orientales et des Juifs. Hérode, lui aussi, dans son petit royaume, comme Auguste dans son immense empire, se trouvait dans une situation pleine de contradictions, et il était obligé d'avoir recours à des moyens dangereux pour réaliser les idées les plus sages. Auguste repoussa donc la demande des habitants de Gadara ; il continua à se montrer favorable à Hérode ; et considérant que c'était un homme intelligent, actif et sûr, il fit de lui son procurateur général pour la Syrie, en le chargeant de surveiller et de diriger les différents procurateurs disséminés dans cette riche province. Et même, le petit roi d'Abila dans l'Antiliban, Zénodore, étant mort, Auguste donna ses États à Hérode[40]. Puis, l'hiver approchant, Auguste revint dans sa chère Samos[41], tandis que Tibère allait à Rhodes pour y passer l'hiver[42]. A Rome cependant la confusion était de plus en plus grande. L'accord avec les Parthes n'avait pas arrêté cet âcre ferment d'esprit puritain, avec lequel les classes moyennes, les écrivains, la partie la plus sérieuse de l'aristocratie, continuaient à protester contre l'incomplète restauration aristocratique de l'an 27 ; et le public, de plus en plus irrité, déversait sa mauvaise humeur sur tout le monde, sur l'aristocratie dont les mœurs corrompues l'indignaient plus que jamais, sur les derniers restes du parti démocratique, qui s'efforçaient en vain de regagner la faveur populaire, et sur Horace qui avait fini par publier ses odes. Après tant d'années laborieuses passées dans la solitude et où il s'était efforcé de transplanter et d'acclimater en Italie les plus beaux mètres, les formes les plus gracieuses, les plus merveilleux motifs de la poésie lyrique grecque, il avait enfin reparu, tout content de son travail, le montrant au public dont il attendait les éloges. Mais il avait été accueilli avec froideur et presque avec hostilité par les critiques et par le public lui-même. Les odes avaient plu beaucoup à quelques gens qui étaient capables de les comprendre, surtout à Auguste qui les avait traitées d' œuvre éternelle[43] ; mais les lettrés, les critiques de profession et le public avaient trouvé mille reproches à faire au petit volume. Rome l'avait lu, Horace étant devenu un écrivain si célèbre qu'on ne pouvait plus ignorer ses œuvres, mais elle n'avait pas compris cette œuvre capitale de sa littérature, et, au lieu de l'admirer, elle avait préféré répandre jusque sur son éternelle beauté le mécontentement confus du moment[44]. Les puritains furent effarouchés par les poésies érotiques et accusèrent l'œuvre d'immoralité[45] ; les critiques se vengèrent du dédain qu'il avait montré pour les petits cercles littéraires, en vivant à l'écart ; le public engourdi qui voulait trouver toutes les choses modernes pires que les choses anciennes, et qui était habitué depuis des siècles à la solennité monotone de l'hexamètre et à la simple cadence du dystique, ne sut pas apprécier la variété des mètres que le poète lui offrait à l'improviste, ni non plus sa langue si raffinée et ses descriptions merveilleuses ; et il reprocha un manque d'originalité à cette œuvre qui ne lui plaisait pas, justement parce qu'elle était trop originale. Oui, disait-on, ces poésies étaient gracieuses et se laissaient lire, mais elles étaient toutes des imitations d'Archiloque, d'Alcée et de Sapho[46]. L'Italie avait pour ainsi dire peur de reconnaître sa propre image dans ce miroir de ses contradictions insolubles ; elle préférait, en considérant les détails et la forme, s'imaginer qu'il n'y avait là que des imitations d'œuvres grecques. Cependant un grand et terrible désordre avait de nouveau éclaté à Rome, quand Egnatius Rufus, l'édile et le pompier si fameux et si détesté de l'aristocratie, avait posé sa candidature au consulat.

L'aristocratie, habituée depuis plusieurs années, comme au bon temps d'autrefois, à occuper les deux postes de consul, ne voulait à aucun prix qu'un homme d'origine aussi obscure, qui se targuait lui-même de son indépendance vis-à-vis de la noblesse, fût élu au consulat. Mais Egnatius était peut-être le seul candidat qui pût maintenant espérer réussir à Rome, même sans l'aide de la petite oligarchie dominatrice, et malgré l'aversion croissante que l'on avait pour les hommes nouveaux. Cela donnait lieu à une guerre acharnée. On opposa à Egnatius deux candidats très puissants, Caïus Sentius Saturninus, noble d'ancienne famille, et Auguste lui-même, malgré son éloignement et ses refus répétés. Egnatius dut se retirer ; Auguste et Sentius furent élus, et Auguste, ayant refusé, on différa longtemps l'élection supplémentaire, si bien que, le 1er janvier de l'an 19, Sentius fut seul à prendre possession du consulat[47]. Plein de l'esprit d'archaïsme et de puritanisme qui dominait alors, il voulut être un consul du vieux temps ; et on le vit soudain distribuer des coups de fouet à droite et à gauche sur la meute de chiens maigres et faméliques qui rongeaient l'os des finances publiques, sur les voleurs qui prenaient dans le trésor public quelques milliers de sesterces et qui n'avaient plus les liaisons, les amitiés, l'autorité, la fortune qu'il fallait pour arrêter cet accès de rage si violent et si imprévu. Aux petits fermiers de l'État, habitués à être traités avec bonhomie, il imposa l'exécution rigoureuse de leurs contrats ; il fit vérifier les comptes jusqu'au dernier sesterce ; il exigea avec une sévérité implacable les créances que l'État n'avait pas réclamées[48] ; il tourmenta ainsi beaucoup de pauvres gens pour faire à l'État l'économie de quelques milliers de sesterces ; et il se fit admirer de tous les sots et de tous les valets de l'aristocratie, qui le considérèrent comme le sauveur de la morale et de la république. C'était là pensait-on, un homme vraiment digne de l'ancien temps. Sentius en conçut un très grand orgueil, et quand il fallut procéder à l'élection d'un collègue, il se crut assez fort pour pouvoir faire le consul ancien style avec Egnatius Rufus, comme avec les petits fermiers de Rome ; et il déclara que si Egnatius Rufus présentait sa candidature, il refuserait de l'inscrire au nombre des candidats. Mais Egnatius Rufus avait de la popularité, de l'audace et de l'ambition ; il ne fut pas intimidé, et il posa sa candidature contre celle de Lucretius Vespillon, noble qui avait été du nombre des proscrits de l'an 42, et qui avait combattu à Philippes ; et quand Sentius eut rayé son nom de la liste des candidats, il ne s'en tint pas là : il se mit à rechercher les suffrages, en défiant le consul et tous ceux qui appuyaient celui-ci de leurs applaudissements et de leurs éloges[49]. Les conservateurs et le parti populaire firent encore une fois appel à toutes leurs forces, pour combattre ou pour défendre Rufus ; Sentius, furieux, déclara que, même si Rufus était élu, il ne le proclamerait pas[50] ; de part et d'autre on eut recours d'abord à l'argent, puis aux coups de bâton. Des troubles commencèrent ; le sang coula[51] ; la coterie aristocratique, si vieille pourtant, retrouva toute la fougue de la jeunesse ; elle voulut donner une leçon et demanda que Sentius fit une levée et des massacres. Mais quand on en fut là le courage manqua au terrible consul, qui, ne voulant pas devenir l'émule d'Opimius et de Nasica, refusa. Les deux partis en furent réduits à lutter l'un contre l'autre en se faisant un obstructionnisme mutuel, aussi violent que ridicule, et qui remplit Rome de troubles ; cela dura si longtemps qu'au mois de juin le second consul n'était pas encore élu[52]. A la fin la coterie aristocratique comprit qu'à elle seule, elle n'aurait jamais raison de l'indomptable pompier ; et de nouveau elle se tourna vers Auguste pour lui demander de lui venir en aide.

Au milieu de ces tumultes on inaugura l'aqueduc de l'Aqua Virgo, construit par Agrippa[53] : c'était une œuvre remarquable dans ce perfectionnement des services publics que tout le monde réclamait à Rome. Sur ce point personne ne regrettait le vieux temps. Quant à Auguste, bien que le sénat et les particuliers lui demandassent de revenir à Rome, il s'arrêtait en chemin à Athènes[54], où il se trouvait en même temps que Virgile. Celui-ci avait entrepris un long voyage en Orient pour visiter les lieux où se passait son poème, avant d'y mettre la dernière main, et il s'était rencontré dans la métropole attique avec son illustre ami. Auguste temporisait, et probablement pour les mêmes raisons qu'avaient les autres de lui demander de rentrer, si ce n'est qu'il songeait aux dangers qui résulteraient pour lui de sa présence à Rome, tandis que les autres en voyaient les avantages pour eux ; et il attendait, espérant que les deux partis termineraient entre eux leur discorde, et qu'il pourrait attendre que la tranquillité filt rétablie pour rentrer à Rome. Mais comme tout allait de mal en pis à Rome, il lui fallut se résoudre à y revenir. Il partit donc au mois d'août pour l'Italie, ramenant avec lui Virgile dont la santé était ébranlée et qui renonçait à son voyage à peine commencé. Le poète et le président revinrent donc ensemble ; mais à Brindes, se sentant malade, le poète dit adieu pour toujours à son grand ami, au protecteur à qui il devait d'avoir pu composer son œuvre. Auguste continua son voyage vers la Campanie, où une députation des hommes les plus éminents de Rome venaient à sa rencontre. Ils étaient accompagnés d'une partie des préteurs et des tribuns, et ils avaient à leur tête Q. Lucretius Vespillon, le candidat qui disputait en vain la place à Egnatius[55]. Le prétexte était de rendre honneur à Auguste au nom de toute la ville, et de l'informer de l'état misérable dans lequel se trouvait Rome ; mais ce que voulait en réalité la coterie aristocratique, c'était gagner son appui. Les principes viri venaient demander au président l'échec de la candidature d'Egnatius ; et ils surent si bien agir et si bien dire, qu'ils lui persuadèrent que le seul remède à apporter, c'était d'avoir recours à ses pouvoirs discrétionnaires, et d'élire lui-même le consul, en se substituant aux comices. Auguste céda : il donna encore une fois gain de cause aux conservateurs, en élisant Lucretius, l'ancien proscrit[56]. Le parti aristocratique s'apprêtait à recevoir Auguste en grande pompe à Rome, en prenant pour prétexte la victoire sur les Parthes que l'on exagérait, la question orientale enfin réglée, l'Orient ramené à une docile obéissance ; mais c'était en réalité surtout pour le remercier d'avoir abandonné Egnatius. L'échec infligé au pompier trop zélé avait à leurs yeux plus d'importance que la mission en Orient. Mais le prudent Auguste, qui ne voulait jamais exaspérer ceux qu'il était obligé de blesser, ne se prêta pas à cette manifestation triomphale ; il s'approcha sans bruit de Rome, et à l'improviste, dans la nuit du 11 au 12 octobre, il entra sans qu'on sen aperçût, comme un simple particulier[57]. Le matin, le parti qui se préparait à insulter les vaincus, par des fêtes en l'honneur d'Auguste, sut qu'il était déjà dans sa demeure du Palatin, et que tous ces beaux préparatifs étaient inutiles.

 

 

 



[1] FOUCART, La formation de la province romaine d'Asie, dans les Mémoires de l'Institut national de France, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, XXXVII, 1re part., Paris, 1904, p. 305 et suiv.

[2] Les empereurs avaient en Asie Mineure de vastes domaines : Voy. CHAPOT, la Province romaine proconsulaire d'Asie, Paris, 1901, p. 373 et suiv. Mais en dehors de l'allusion à l'arca Liviana, les inscriptions et les renseignements que nous avons sont très postérieurs ; et, d'autre part, il n'est pas bien sûr que l'arca Liviana désigne des biens possédés par la femme d'Auguste. De toute façon les biens des rois de Pergame devinrent la propriété de la république ; et ils devaient être la propriété de la république à l'époque d'Auguste, bien que, moyennant le payement d'un petit vectigal, ils aient été concédés à des membres de l'aristocratie au lieu d'être loués à des publicains. Rien ne nous indique qu'Auguste se les soit appropriés, et la preuve manquant, nous ne pouvons supposer une chose peu vraisemblable en elle-même, étant donné le caractère constitutionnel de sa réforme.

[3] DION, LIV, 7.

[4] STRABON, XIV, X, 14 : l'époque cependant n'est pas certaine. Strabon dit que la chose arriva quand Athénodore revint vieux dans sa patrie.

[5] DION, LIV, 9, et VELLEIUS, II, 94, qui contient toutefois beaucoup d'inexactitudes.

[6] MON. ANC., V, 21-28 : Armeniam majorem... cum possem facere provinciam, malui majorum nostrorum exemplo regnum id... Tigrani tradere. Auguste oppose donc la politique récente de César et de Lucullus à celle des anciens, c'est-à-dire à la politique aristocratique des cinquante années qui suivirent la seconde guerre punique, en avouant que c'est cette dernière qu'il a suivie.

[7] MON. ANC., V, 24-28 ; SUÉTONE, Tibère, 9 ; VELLEIUS PATERCULUS, II, 94.

[8] Le passage de VALÈRE-MAXIME, VII, VI, 6, semble se rapporter à cette époque.

[9] Voy. JOSÈPHE, A. J., XIV, XIV, 3.

[10] Voy. JOSÈPHE, A. J., XVI, II, 2.

[11] DION CHRYSOSTOME, Orat., 31, § 66 (édit. Arnim., Berl., 1893). — Voy. SUÉTONE, Auguste, 47 ... alias (urbes) ære alieno levavit : Voy. DION, LIV, 7.

[12] DION, LIV, 7.

[13] Si toutefois c'est pendant ce voyage que furent promulgués les édits dont parle Pline, Epist. ad. Trajan., 79 et 84 (Keil.)

[14] DION, LIV, 7.

[15] DION, LIV, 9.

[16] DION, LIV, 9.

[17] DION, LIV, 9.

[18] GARDTHAUSEN, Augustus…, II, p. 476, n. 23.

[19] DION (LIV, 9) nous dit qu'Auguste justifia sa politique asiatique dans une lettre au sénat, où il traitait en général de la politique extérieure de Rome, en se déclarant opposé à de nouvelles conquêtes. Cela nous prouve : a) qu'Auguste redoutait que l'on fit des critiques et des objections à sa politique ; b) que par suite il voulait la faire ratifier par une approbation du sénat. Ce renseignement que nous donne Dion, nous autorise à croire, bien que Dion ne le dise pas, qu'Auguste demanda au sénat d'approuver les actes qu'il avait accomplis en vertu de ses pouvoirs extraordinaires, comme le fit Pompée, après son grand proconsulat d'Asie.

[20] HORACE, Épîtres, I, XII, 27.

[21] COHEN, I, n° 8-9 ; 11-12 ; 56.

[22] COHEN, I, 54 et 358.

[23] BERNOUILLI, Römische Ikonographie, t. I, p. 24.

[24] Après l'équinoxe de printemps, JOSÈPHE, B. J., I, XX, 4 ; A. J., XV, X, 3 ; voy. GARDTHAUSEN, Augustus und seine Zeit, II, p. 469, n. 25.

[25] JOSÈPHE, B. J., I, XX, 4 ; A. J., XV, X, 5, dit qu'Auguste mit tous ses procureurs sous la direction d'Hérode : cela nous montre qu'Auguste n'était pas satisfait de la façon dont ses procureurs remplissaient leurs charges et qu'il jugeait qu'une réorganisation était nécessaire. De là cette supposition que c'était là un des buts de son voyage.

[26] PLINE, N. H., XX, V, 33 ; Syria in hortis operossisima.

[27] Peripl. maris Erythræi, 49.

[28] PLINE, XV, 83.

[29] PLINE, XV, 91.

[30] HERN., Piante coltivate e animali domestici, Florence, 1892, p. 373.

[31] STRABON, XVI, II, 23.

[32] MOMMSEN, le Provincie romane da Cesare a Diocleziano, Rome, 1890, vol. II, p. 460.

[33] Par exemple à Pouzzoles, C. I. G., 5853 (d'une époque postérieure) ; C. I. L., X, 1576-1579, 1601 ; 1634, à Ostie : C. I. G., 5892 ; C. I. L., 14, p. 5 ; à Ravenne : C. I. L., II, 198, a ; à Aquilée : C. I. L., V, 1142 ; à Trieste : C. I. L., V, 1633, 1679, Il s'en trouve dans la vallée du Danube : à Sarmizegetusa, C. I. L., 3 (suppl.) 7954 ; à Apulum : C. I. L., 3 (suppl.) 7761 ; à Sirmium : C. I. L., III, 6443 ; à Céléia : C. I. L., 3 (suppl.) 11701.

[34] MOMMSEN, le Provincie romane da Cesare a Diocleziano, Rome, 1890, P. II, p. 456.

[35] MOMMSEN, le Provincie romane da Cesare a Diocleziano, Rome, 1890, P. II, p. 453 et suiv.

[36] Voy. LUCULLUS, De Dea Syria, tableau des mœurs religieuses en Syrie au second siècle et qui peut s'appliquer aussi à l'époque d'Auguste.

[37] DION, LIV, 7.

[38] JOSÈPHE, A. J., XV, X, 3.

[39] JOSÈPHE, A. J., XV, X, 3.

[40] JOSÈPHE, A. J., XV, X, 3.

[41] DION, LIV, 9.

[42] SUÉTONE, Tibère, 11.

[43] SUÉTONE, Vita Hor. : Scripta... ejus... mansura perpetuo opinatus est, ut non modo sæculare carmen componendum injunxerit, sed et Vindelicam victoriam Tiberii Drusique. Le jugement porté sur l'éternité de l'œuvre semble donc concerner spécialement les odes.

[44] HORACE, Epist., I, XIX, 35.

[45] La première épître du premier livre me parait bien prouver que ce reproche fut adressé à Horace. Il dit qu'il ne veut plus écrire de poésies légères mais s'occuper de poésie morale : V, 10-11.

Nunc itaque et versus et cetera ludicra pono ;

Quid verum atque decens, curo et rogo, et ornais in hoc sum.

Ces vers montrent bien qu'il n'avait pas été satisfait de l'accueil fait à ses odes, et comme nous sommes à l'époque où se préparent les fameuses lois sociales de l'an 18, il me parait probable qu'Horace était conduit à ces études de philosophie morale par l'opinion publique, à qui les odes ne plaisaient ni pour le fond ni pour la forme. Bien des gens disaient apparemment que ce n'était pas de poètes frivoles que Rome avait besoin, mais d'écrivains austères et capables d'enseigner à bien vivre.

[46] HORACE, Epist., I, XIX, 19.

[47] DION, LIV, 10 ; VELLEIUS PATERCULUS, II, 92 : [Saturninus] forte solus et absente Cæsare consul...

[48] VELLEIUS PATERCULUS, II, XCII.

[49] VELLEIUS PATERCULUS, II, XCII, 4.

[50] VELLEIUS PATERCULUS, II, XCII, 4.

[51] DION, LIV, 10 ; il me parait vraisemblable que les tumultes dont parle Dion éclatèrent pendant cette dernière partie de la lutte, qui dut être la plus violente.

[52] DION, LIV, 10.

[53] C. I. L., XI, 861. L'inscription nous prouve qu'en juin Sentius était encore seul consul ; C. I. L., 2255 ; vers le milieu du mois d'août la nomination de son collègue n'était pas encore connue en Espagne.

[54] FRONTIN, De Aquæduc, 10.

[55] DION, LIV, 11 ; MON. ANC., II, 34.

[56] DION, LIV, 10.

[57] DION, LIV, 10.