GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME III. — LA FIN D'UNE ARISTOCRATIE

CHAPITRE V. — LA LOI AGRAIRE DE LUCIUS ANTONIUS.

 

 

Encouragé par le premier succès de la lex de provinciis, Antoine se décida à reconstituer le parti césarien que les Ides de mars avaient désorganisé, et à présenter, en bon élève de César, une série de lois populaires pour préparer l'approbation de la loi sur les Gaules. Ces deux tentatives étaient une conséquence nécessaire de la nouvelle politique vers laquelle Antoine s'était tourné après le 15 avril. Pour rassurer et flatter les colons et les vétérans, et pour montrer que, dans les choses importantes, les décrets du sénat ne suffisaient pas, il ferait convertir en deux lois par les comices le sénatus-consulte du 17 mars sur les actes de César et la partie qui maintenait les colonies. En même temps, pour démentir les conservateurs qui l'accusaient de vouloir être dictateur lui-même, il proposerait de convertir en loi le sénatus-consulte du mois d'avril qui abolissait la dictature. D'autre part, Lucius Antonius allait proposer, comme avaient fait tous les chefs du parti populaire depuis Tiberius Gracchus, une grande loi agraire. Malheureusement, en ce qui concerne les dispositions de la loi agraire, nous n'avons que les détails épars et les invectives de Cicéron ; il n'est donc pas possible d'en reconstituer le texte avec ces fragments ; et nous devons nous borner à dire que, pour hâter la distribution des terres aux vétérans, elle ordonnait le desséchement des marais pontins dont César avait déjà eu l'idée[1], et qu'elle instituait une commission de sept membres[2] chargée du partage des terres publiques et de l'achat de terres privées en Italie[3].

Dans la première moitié du mois de juin, ces lois furent promulguées par Marcus et Lucius Antonius. Mais à la grande agitation que réclamait le succès de ces lois, à l'effort qu'il fallait pour dominer avec vigueur toute la république, Antoine ne pouvait suffire, n'ayant avec lui que ses deux frères et les vétérans : il lui fallait des aides plus puissants, des agents plus nombreux et de nouveaux collaborateurs. Pour les trouver, il vit que son seul recours était de reconstituer non pas tout le parti de César, mais son aile de gauche, celle qui contenait les éléments populaires et révolutionnaires. Antoine ne pouvait compter sur les césariens célèbres, rassasiés jusqu'à la satiété, tels que Hirtius, Pansa, Balbus, Pison, Salluste, Calénus, qui ne voulaient plus se compromettre ni rien risquer ; il ne pouvait pas non plus espérer trouver des partisans dans les classes supérieures, d'où, vers l'année 70, après la mort de Sylla, étaient sortis tant d'illustres champions du parti populaire. Les temps étaient trop changés ; les hautes classes, usées par les grandes luttes qu'avaient endurées les générations précédentes, décimées par les guerres civiles et par la stérilité, énervées par la richesse, par le plaisir et par le pouvoir, effrayées par les malheurs qui venaient de les accabler, divisées, orgueilleuses, malveillantes, n'avaient plus la force de combattre même pour se défendre ; elles ne donnaient plus d'hommes nouveaux au parti conservateur, et elles laissaient les derniers contemporains de César livrer seuls ce combat suprême. Les fils mêmes des grands hommes qui avaient été au premier rang du parti conservateur pendant la génération précédente, tels que le fils d'Hortensius, le fils de Lucullus, le fils de Caton, se tenaient à l'écart, et tandis que l'imminente catastrophe de leur classe se préparait, étaient tout à leurs plaisirs, à leurs jeux ou à leurs études. Ces classes pouvaient encore moins donner des hommes au parti populaire, qui était devenu nettement révolutionnaire. Antoine, en somme, était obligé de se tourner vers ce qu'il y avait de moins riche et de plus mécontent dans le parti de César ; vers ces hommes obscurs et ces artisans, ces petits propriétaires et ces marchands, ces soldats et ces centurions, ces Italiens et ces étrangers parmi lesquels César, pendant les dernières années, avait cherché de préférence des officiers, des magistrats et des sénateurs. Ceux-ci étaient naturellement opposés aux conjurés, presque tous nobles, qui les considéraient comme des intrus et comme les usurpateurs des dignités qui leur étaient dues ; ils redoutaient de se voir enlever les grades ou les biens qu'ils avaient acquis, ou du moins de voir se briser leurs espérances et leurs ambitions. Il était donc plus facile de s'entendre avec eux ; et si des difficultés restaient encore, Antoine avait en main deux moyens puissants pour les vaincre : les papiers de César et le trésor de l'État où il continuait à puiser largement. Aussi, par les flatteries, les promesses, et, au moyen de fausses délibérations attribuées à César, par des distributions d'argent, de magistratures et des nominations de sénateurs, il s'efforça de réunir autour de lui les plus intelligents des césariens qui étaient encore trop peu satisfaits pour se ranger avec les conservateurs : Ventidius Bassus, l'ancien muletier entrepreneur de transports ; Décidius Sacsa, un Espagnol que César avait fait citoyen, metator castrorum — le chef des sapeurs de l'époque — et tribun du peuple cette année-là[4] ; Tullus Hostilius et un certain Instéius, tous les deux désignés comme tribuns du peuple pour l'année suivante, et dont on disait que le second avait été baigneur dans des thermes de Pesaro[5] ; un ancien acteur du nom de Nucula ; Césennius Lento, officier de César qui s'était signalé dans la dernière guerre d'Espagne, mais d'humble origine — Cicéron prétend qu'il avait été mime[6] ; — Cassius Barba, Marcus Barbatius Philippus[7], Lucius Marcius Censorinus[8], Titus Munatius Plancus Bursa. Ce dernier avait été exilé après les funérailles de Clodius, puis il était revenu au milieu des guerres civiles, et par suite il redoutait fort d'être chassé de nouveau[9]. A ces hommes, Antoine joignait bon nombre de ses amis et de ses compagnons de plaisirs. C'était un sybarite, et à ce moment même, entre une affaire et une autre — Cicéron le raconte et on peut le croire bien qu'il exagère un peu — il employait l'argent de César et celui du trésor public à mener la vie joyeuse, à jouer, à donner des fêtes et des banquets, à entretenir une cour de parasites[10], parmi lesquels il trouva aussi des collaborateurs ; entre autres Séius Mustéla et Numisius Tiron, à qui il fit partager avec Cassius Barba le commandement de sa petite garde de vétérans[11] ; un certain Pétusius d'Urbin, qui avait dissipé tout son bien[12], Publius Volumnius Eutrapélus, le patron de cette Cithéride qui avait été la maîtresse d'Antoine jusqu'à son mariage avec Fulvie et qui était alors une des courtisanes les plus à la mode ; l'Athénien Lysias, fils de Phèdre[13].

Cependant la promulgation des lois avait donné lieu à une nouvelle agitation populaire, qui entraîna dans son courant les restes de l'agitation d'Érophile. Le petit peuple et les vétérans, qui auparavant allaient en foule assiéger les maisons des conjurés, accouraient aux réunions où l'on discutait la loi agraire ; ces réunions, où l'on faisait naturellement de grands éloges de César et où l'on invectivait ses meurtriers, prirent bientôt un caractère très violent ; de nouveau, les classes riches, les conservateurs, les conjurés s'alarmèrent, et l'alarme augmenta à mesure qu'ils comprirent mieux la portée de la loi agraire, des autres lois proposées et de la nouvelle agitation du parti populaire. Cette nouvelle agitation ne cherchait pas seulement à porter les derniers coups à l'amnistie ; elle visait à une véritable mainmise du parti césarien sur le budget de la république. La situation était grave. Pendant trois mois, les conservateurs s'étaient flattés secrètement de mettre la main sur les sommes accumulées par César dans le trésor public pour indemniser — puisqu'on ne pouvait rendre les terres les familles qui avaient perdu des biens dans la guerre civile[14].

Au contraire, le parti de César, le prétendu parti des pauvres, non seulement détenait ces biens, non seulement puisait déjà à pleines mains, par l'intermédiaire du consul, dans le trésor public ; mais bientôt, quand la loi agraire serait approuvée, il disposerait légalement du trésor, au moment où le manque d'argent mettait les conservateurs dans un embarras de plus en plus grand. Par une contradiction singulière, le parti des riches allait manquer d'argent au moment décisif de la lutte, si la caisse de l'État tombait au pouvoir des adversaires. Les ressources privées étaient presqu'épuisées, et de nombreux conservateurs se réfugiaient à la campagne, non seulement par peur, mais parce que l'amitié des conjurés menaçait de ruiner ceux qui n'avaient pas la fortune d'Atticus ; car non seulement Brutus et Cassius, mais beaucoup d'autres conjurés pressuraient leurs amis et leurs admirateurs pour la défense de la bonne cause. Les ressources publiques aussi manquaient. Decimus Brutus était poussé par ses amis, qui lui dénonçaient les menées d'Antoine, à grossir son armée et à recueillir de l'argent dans la Cisalpine[15]. Et au contraire il lui fallait désormais payer ses soldats avec son argent à lui, et demander du secours à tous ses amis[16]. Il eût été dangereux de pressurer la Gaule cisalpine, parce qu'elle n'était plus une province. Le malaise et le découragement étaient donc grands dans les classes supérieures. A Rome, dans la haute société, on disait que c'en était fait de la république[17]. Pansa et Hirtius, en voyant le parti césarien se reformer autour d'Antoine, recommencèrent à tergiverser ; Cicéron, fatigué et dégoûté[18], se décidait définitivement à partir pour la Grèce et il pria Dolabella de lui donner une mission pro forma[19] ; Atticus désespérait de recouvrer ses terres de Bath rote. Alors que le parti populaire triomphant promettait de fonder tant de colonies, comment lui enlever ce territoire sur lequel il avait déjà mis la main[20] ? On savait déjà que Lucius Antonius était opposé à sa demande[21]. Nous sommes à la veille d'un massacre, écrivait Cicéron[22]. Là-dessus, le bruit courut que Cartéia, importante ville d'Espagne sur le golfe de Gibraltar, s'était rendue à Sextus Pompée. Le fils de Pompée avait donc un port à lui ; il allait certainement embarquer aussitôt son armée pour venir en Italie et commencer la guerre. Mais cette nouvelle, au lien de remonter les esprits, fit craindre à tous qu'Antoine brusquât les choses. Cicéron se disposa à partir d'autant plus vite[23] ; le bruit courut que Brutus lui-même était sur le point de partir pour l'Asie afin de remplir sa mission annonaire[24] ; d'autres conjurés aussi, tels que Domitius Ænobarbus, fils de l'ancien consul mort à Pharsale, préparaient des vaisseaux auprès de Pouzzoles, pour être prêts à quitter l'Italie, comme ils avaient quitté Rome, si l'amnistie était abolie[25]. Cicéron demanda à Atticus s'il devait s'embarquer à Pouzzoles ou à Brindes ; et Atticus, qui semble avoir été très irrité contre Antoine à cause de ses terres de Buthrote, le supplia de ne pas aller à Brindes : le consul avait arrêté sur la voie Appienne une légion, la cinquième, celle de l'alouette, qui était en route pour la Macédoine[26], et avec tant de bandes de vétérans farouches, les routes ne semblaient pas dires[27]. Mais les journées passaient ; le trinum nundinum allait finir ; les conservateurs se lamentaient et ne faisaient rien.

Dans cette obscurité, un seul rayon d'espoir subsistait encore, mais bien faible ! Quelques-uns commençaient à se demander si en excitant Octave contre Antoine on ne pourrait pas mettre la division dans le parti de César. Octave continuait sa campagne contre Antoine, en faisant partout des discours, en cherchant à démontrer au peuple qu'il ne fallait pas se fier à lui, parce que sa conduite avait été très contradictoire pendant les derniers mois ; en lui reprochant d'avoir jusque-là favorisé secrètement les conservateurs et les meurtriers de César, alors qu'il osait maintenant se mettre à la tête du parti césarien. Cependant, comme il était apparenté avec les plus nobles familles de Rome, Octave, tous les soirs, après avoir fait au dehors le démagogue toute la journée, rentrait dans son milieu aristocratique, retrouvait chez lui les amis de sa famille, qui étaient tous des amis des conjurés. Or, ceux-ci lui tenaient des propos bien singuliers : oui, Antoine était un aventurier dangereux ; tous avaient intérêt à le perdre ; si Octave voulait bien ne pas se défier des conservateurs et des conjurés, il trouverait parmi eux des aides sûrs et loyaux contre l'ennemi commun. Parmi ces conseillers, le plus zélé semble avoir été Caïus Claudius Marcellus, l'aristocrate intransigeant qui, consul de l'année 50, avait provoqué la guerre civile et qui était ou allait devenir son beau-frère, en épousant sa sœur Octavie[28]. Marcellus croyait voir que le jeune homme prêtait volontiers l'oreille à ses conseils[29]. Cependant, bien qu'Antoine Mt ennuyé par ces intrigues, le temps légal pour la promulgation étant écoulé, la loi agraire et les autres lois furent approuvées, probablement en plusieurs jours, dans la seconde moitié de juin, sans opposition et par suite sans violence ; la commission fut aussi choisie, mais Marc Antoine, Lucius Antonius, Caïus Antonius et Dolabella en composaient la majorité, ayant pour collègues Nucula, Césennius Lento et un septième dont le nom est inconnu[30]. Ce puissant instrument de domination et de lucre était entre les mains de la famille d'Antoine.

Par l'approbation de ces lois, Antoine avait pris une grande avance sur Octave et sur le parti des conjurés, qui désormais allait à la débandade. Ainsi l'impression générale, une fois les lois approuvées, fut qu'Antoine était le maître de la situation ; qu'Octave ne pouvait plus être considéré que comme un brouillon peu sérieux ; qu'il n'y avait plus rien à faire pour personne. Cicéron, à qui Dolabella avait donné sa mission, pouvait partir. Mais des hésitations et des scrupules le prenaient[31]. Il aurait voulu s'en aller ; mais il était retenu par le souci de sa gloire, par la crainte de perdre l'occasion de quelque action magnifique analogue à la répression de la conjuration de Catilina, par quelque remords et quelque honte. Son départ ne serait-il pas considéré comme une fuite ? Il s'était mis à prendre les avis de différentes personnes, à examiner les choses en conscience, à se demander s'il ne pourrait partir pour revenir au 1er janvier, quand Angine ne serait plus consul et que le sénat pourrait délibérer librement[32]. Il était encore retenu par ses affaires privées[33], toujours embrouillées. Peu auparavant, il avait envoyé son fidèle Tiron pour essayer de tirer au clair les comptes d'Érotès[34] ; et il demandait à Atticus de l'aider à sortir de cet embarras, bien qu'il n'osât plus lui demander de nouveaux prêts d'argent. Atticus avait les épaules solides, mais tant d'autres avaient recours à lui ! C'était encore lui qui avait à pourvoir pour la plus grosse part à la dépense des jeux apollinaires de Brutus[35]. Il est vrai que tant de dépenses et une générosité si inépuisable allaient recevoir en ce moment une récompense éclatante : la commission sénatoriale chargée d'examiner les papiers de César vers la fin de juin, au moment même où Atticus se désespérait, déclarait sa réclamation fondée et donnait l'ordre à Cnéius Plancus de respecter le territoire de Buthrote[36]. Atticus devait cette agréable surprise à l'intervention de Marc-Antoine, qu'il avait si maltraité dans ses lettres du commencement du mois. Lucius, plus téméraire et plus violent, avait proposé de partager entre les pauvres les grands domaines que le riche chevalier avait en Épire ; mais Marc était plus prudent, et s'il continuait avec succès à réunir autour de lui les anciens césariens et à se faire partout des amis, grâce à la concussion et aux promesses, il s'appliquait à rassurer les conservateurs, à empêcher que les esprits les plus échauffés ne fissent tenter un coup de main par Décimas. On fut bien aise dans les hautes classes de la bienveillance que le consul témoignait à Atticus ; d'ailleurs, après l'approbation des lois, une détente s'était produite ; il n'était survenu ni le massacre ni les autres violences que les conservateurs avaient prédites. Rome était devenue plus tranquille ; juillet approchait, mois de fêtes, où l'on devait célébrer d'abord les jeux apollinaires et puis les jeux de la victoire de César. Des souffles de paix passèrent sur le forum. Tandis qu'au milieu du mois on croyait que Sextus Pompée s'attaquerait à l'Italie, on disait vers la fin du mois qu'il voulait déposer les armes, et cela causait maintenant quelque ennui à Cicéron, qui aurait souhaité que Sextus conservât son armée pour le parti conservateur[37]. Bien des gens se prenaient même à espérer que la loi agraire ne serait qu'un leurre pour le peuple et qu'Antoine ne la prenait pas au sérieux. En somme, un grand apaisement survint rapidement. Cassius seul continuait à s'agiter. Plus énergique et plus intelligent que Brutus, fatigué et énervé par l'inertie et par l'attente, il ne se procurait pas seulement des navires pour aller acheter du grain en Sicile ; mais il tramait patiemment de plus grands desseins et en tourmentait en secret son ami. Il fallait, sans attendre, penser à se préparer dans les provinces des refuges et des armées pour l'attaque peut-être imminente et en tout cas inévitable qu'Antoine dirigerait contre eux à la tête du parti démagogique. En Italie on ne pouvait plus rien faire ; il n'y avait pas à espérer reconquérir le pouvoir avec les consuls nominés pour l'année suivante. Ils avaient au contraire dans la Gaule cisalpine Decimus Brutus, qui, s'il était à court d'argent, était du moins un ami sûr, et qui, ayant recruté une troisième légion, se disposait à tenter une expédition dans certaines vallées des Alpes pour entraîner ses soldats et faire du butin. On pouvait aussi peut-être compter sur Plancus[38]. En Orient, les amis étaient encore plus nombreux et il serait facile de s'entendre avec eux. Trébonius gouvernait l'Asie et y amassait de l'argent ; Tullius Cimber commandait des légions en Bithynie et réunissait une flotte. Quatre légions étaient cantonnées en Égypte ; les anciens soldats de Pompée y étaient nombreux et ils n'avaient pour ainsi dire pas pris part aux guerres civiles. En Syrie il avait lui-même laissé une bonne renommée, et Cæcilius Bassus disposait encore d'une légion à Apamée, où on l'assiégeait en vain. Si l'on entamait en secret des d'Orient le danger où leur parti pouvait se trouver, ils auraient un jour

une armée à opposer à la révolution populaire. Mais Brutus hésitait, en songeant à la difficulté qu'il y avait à envoyer des messagers fidèles ; il se disait aussi que si Antoine venait à connaître ou même à soupçonner ces intrigues, il pourrait précipiter les choses ; enfin il n'espérait plus que le parti conservateur pût amener une armée à défendre la cause des meurtriers de César. Tous les soldats étaient trop pleins de l'esprit césarien. C'était là une impression pessimiste, mais qui était générale dans le parti des grands[39].

 

 

 



[1] DION, XLV, 9.

[2] CICÉRON, Phil., VI, V, 14 ; VIII, IX, 26.

[3] Cela est prouvé par le passage de CICÉRON, Phil., VIII, IX, 26.

[4] CICÉRON, Phil., XI, V, 12 ; XIII, XIII, 27.

[5] CICÉRON, Phil., XIII, XIII, 26.

[6] CICÉRON, Phil., XI, VI, 13 ; DION, XLIII, 40 ; OROSE, VI, XVI, 9.

[7] CICÉRON, Phil., XIII, II, 3.

[8] CICÉRON, Phil., XI, V, 11.

[9] CICÉRON, Phil., XIII, XII, 27.

[10] CICÉRON, Phil., XIII, II, 3.

[11] CICÉRON, Phil., V, VI, 18.

[12] CICÉRON, Phil., XII, VIII, 19.

[13] CICÉRON, Phil., V, V, 13.

[14] Voy. CICÉRON, Phil., I, VII, 17.

[15] APPIEN, B. C., III, 27.

[16] Voy. CICÉRON, F., XI, X, 5.

[17] CICÉRON, A., XV, XX, 4.

[18] CICÉRON, XV, 22.

[19] CICÉRON, A., XV, XIV, 2.

[20] Voy. CICÉRON, XV, XIX, 1.

[21] CICÉRON, A., XV, XV, 1 ; XV, XVII, 1.

[22] CICÉRON, A., XV, XVIII, 2 ; XV, XIV, 1 ; XV, XX, 4.

[23] CICÉRON, XV, XX, 3.

[24] CICÉRON, XV, XX, 3. Brutus quidem subito (sous-entendu partira).

[25] CICÉRON, A., XVI, IV, 4.

[26] C'est là une supposition de DOMASZEWSKI, Neue Heidelberger Jahrb., vol. IV, p. 176, qui me parait nécessaire, car on ne peut pas expliquer autrement la présence de cette légion pendant la guerre de 48.

[27] CICÉRON, A., XV, XX, 3 ; A., XV, XXI, 3 ; F., XVI, XXIII, 2.

[28] Je déduis cela du fait que leur fils Marcellus naquit en 43 cependant, le 20 décembre, quand Cicéron prononça la troisième philippique, le mariage avait déjà eu lieu. Voy. Phil., III, VI, 17.

[29] Voy. CICÉRON, A., XV, XII, 2. Je suis la leçon : Si præcipit nostro et nostris : c'est-à-dire si præcipit deditum esse nostro Bruto, nostris heroibus. Elle n'est cependant pas certaine. De toute façon ces allusions aux conseils que Marcellus et les autres donnaient à Octave sont importantes, parce qu'elles indiquent l'origine de l'intrigue qui lit qu'à la fin de l'année Octave se rangea du côté du parti conservateur. Voy. NICOLAS DE DAMAS, XXVIII.

[30] LANGE, Römische Alterthümer, Berlin, 1871, III, 493 ; DRUMANN, G. R., I2, 82 et suiv.

[31] CICÉRON, A., XV, 25.

[32] CICÉRON, A., XV, 25.

[33] CICÉRON, A., XV, XX, 4.

[34] CICÉRON, A., XV, XV, 3 ; XV, XVIII, 1 ; XV, XX, 4.

[35] CICÉRON, A., XV, XVIII, 2.

[36] CICÉRON, A., XVI, XVI C, 11 ; A., XV, 14. Cette lettre, comme l'a démontré GRUBER, Q. C., p. 31, n'est pas à sa place et elle a été écrite le 26 ou le 27 juin. Elle nous aide à déterminer la date de délibération.

[37] CICÉRON, A., XV, XXIX, 1.

[38] Voy. CICÉRON, F., XI, IV, 1. CICÉRON, A., XV, XXIX, I : de Planco et Decimo, sane velim, fait peut-être allusion aux pourparlers secrets avec Decimus Brutus et Plancus.

[39] A l'exception des vagues allusions, déjà citées, de Cicéron dans ses lettres, il n'est resté aucune trace des pourparlers et des négociations qui ont précédé le départ de Cassius pour la Syrie. Toutefois — et nous le verrons dans la suite de ce récit — il est évident que Cassius est parti pour la Syrie avec le plan bien arrêté de s'en emparer. Il est donc vraisemblable que pendant ce temps, Cassius et les hommes les plus énergiques du parti des conjurés aient cherché à nouer des relations avec les gouverneurs, qu'ils pouvaient supposer plus favorables à leur cause. C'est seulement ainsi que le départ de Cassius devient explicable autrement que comme un coup de tête soudain et extravagant.